Frank Capra (1897-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Jeremy Fox »

feb a écrit :Une erreur à corriger au plus vite M. Fox :wink: rien que pour la miss Parker...
Ca va de soi :mrgreen:
Federico
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Federico »

La Grande Dame d'un jour (Lady for a day - 1933)

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Je n'avais plus revu depuis des lustres ce grand classique... que je ne placerai pas parmi les plus immortels joyaux de Capra.

Si la fable est belle et émouvante, l'abus de bisounourseries devient limite insupportable. La faute en grande partie à May Robson, bien meilleure et plus touchante sous sa première forme d'Apple Annie...
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...qu'ensuite où je ne vois plus qu'une vieille dame l'oeil perpétuellement embué et la voix aussi chevrotante que Margaret Dumont. Ajouté à cela l'improbabilité flagrante qu'elle soit mère d'une aussi jeune femme. L'actrice avait 75 ans et les fait largement. Jean Parker qui joue sa fille n'en avait que 18 et n'en fait guère davantage.
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Si ce gentil conte reste malgré tout fort plaisant, il le doit à sa galerie de personnages pittoresques car il faut encore plus vite oublier les deux tourtereaux, aussi fadasses et transparents que ceux qui font tapisserie dans les Marx Brothers ou les Laurel & Hardy, ainsi que le père du fiancé qui n'a pas grand chose à faire sinon parler avec l'accent espagnol.

Warren William, toujours bon lorsqu'il s'agit de jouer les élégantes canailles mais plutôt en mode sobre, presque en retrait, comme si son personnage n'intéressait pas vraiment Capra qui semble clairement lui préférer ses pittoresques acolytes : Ned Sparks et sa dégaine de Bussières des bas-fonds new-yorkais ; Guy Kibbee épatant en vieil arnaqueur du billard qui sait rester classieux et - même si c'est une figure archi-classique du genre - un Nat Pendleton bien marrant en gorille bas-de-plafond prénommé... Shakespeare !
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A noter le gag de fin de pre-Code du couturier gominé et l'oeil peint* qui va avec le groupe des filles transformer la clocharde en grande dame :
(Warren William qui interpelle sa copine) - Hey ! Wait a minute ! He can't go in there !
(Elle) - It's all right, Dude. It's all right...
(Le petit moustachu jette un regard méprisant à WW)
(WW les yeux en l'air) - Oh !... Pi-erre...
:uhuh:

Deux futurs grands character actors font une courte apparition mais sont immédiatement reconnaissables : d'abord Ward Bond en flic à cheval et plus loin, parmi la foule des truands déguisés en invités de la haute, le tavelé Marc Lawrence tout jeunot et encore plus émacié qu'il le sera dans les décennies suivantes.

Reste LA question en suspens : que deviendra... ou plutôt re-deviendra la pauvre Annie une fois sa fille chérie repartie sur son beau paquebot vers le Vieux Continent ?...
Le sur-optimiste Capra a préféré laisser les spectateurs de l'Amérique en crise sur une fin heureuse.

Conclusion : un Capra moyen mais cela équivaudra toujours à mieux que la moyenne.

(*) Joué par Leo White, second couteau habitué aux rôles de Français raffinés, notamment chez Chaplin.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par ed »

Jeremy Fox a écrit :
Frances a écrit :
Je l'ai découvert il y a quelques années sur Orange ciné série quand j'étais encore abonnée. J'en garde un souvenir ému. A voir sans aucun doute. :wink:
Je viens de mettre le DVD dans mon panier Amazon 8)
Quelques mois après avoir écrit la chronique pour Classik, je viens de découvrir que la chanson High Hopes, que Sinatra chantait dans Un trou dans la tête, avait été réutilisée l'année suivante, en 1960, avec des paroles modifiées comme chanson officielle de la campagne de Kennedy !
La chanson du film

La chanson de la campagne
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Jeremy Fox
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Jeremy Fox »

Cette chanson sera également un des plus grands tubes de Doris Day. Quant au film découvert depuis et pas franchement convaincu :(
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Flavia
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Flavia »

Pas convaincu par Un trou dans la tête :evil: Je ne t'en veux pas Jeremy. :mrgreen:
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Jeremy Fox »

Flavia a écrit :Pas convaincu par Un trou dans la tête :evil: Je ne t'en veux pas Jeremy. :mrgreen:
Le film ne m'a pas touché ; et pourtant ce n'est pas faute d'être admirateur de Sinatra et de ce genre d'histoires.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Flavia »

Le point positif du film pour toi c'est Eleanor Parker. :wink:
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Jeremy Fox »

Flavia a écrit :Le point positif du film pour toi c'est Eleanor Parker. :wink:
Même pas !! A cette minute même, j'avais déjà oublié qu'elle jouait dedans :o :shock: :oops:

Comme quoi, le film ne m'a pas marqué (vu cet été pourtant)
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Flavia »

J'ai l'impression, comment oublier Eleanor Parker. :mrgreen:
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Arion »

Avec mon avatar et ma signature, difficile de cacher qu'il s'agit d'un de mes réalisateurs fétiches.
Capra, c'est une figure artistique qui m'a toujours fasciné, par ce mélange d'admiration, de révérance et de médisance qu'elle semble avoir toujours suscité. Des gens s'extasient à la fois sur sa mise en scène, son tempo, son énergie, l'authenticité et la vitalité de ses personnages, le message humaniste et universel... D'autres déplorent son populisme (essence de son cinéma, il est vrai, mais c'est sa marque de fabrique et c'est ce qui fait que j'aime ces films dans ce cadre précis), les happy-end "tarte à la crème", les scénarios supposée simplistes et/ou gentillets... Tout ce qu'englobe le qualificatif condescendant "Capra-corn" qui a encore la vie dure de nos jours.

Mon petit top 15 perso, dans un semblant d'ordre de préférence (sachant qu'il y a quelques films que je n'ai pas encore vu - ils sont encore sous blister, faut que je trouve le temps... - et que pour la plupart, ça se joue à la lecture de la photo finish tout de même) :

1. La vie est belle
2. Mr Smith au Sénat
3. L'homme de la rue
4. New York-Miami
5. L'extravagant Mr Deeds
6. Horizons perdus
7. Arsenic et vieilles dentelles
8. Vous ne l'emporterez pas avec vous
9. La grande muraille
10. La ruée
11. La grande dame d'un jour
12. L'enjeu
13. La femme aux miracles
14. La course de Broadway
15. Le dirigeable
Interviewer : "What Brought you to Hollywood?"
John Ford : "A train".
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Supfiction »

Arion a écrit :Avec mon avatar et ma signature, difficile de cacher qu'il s'agit d'un de mes réalisateurs fétiches.
Capra, c'est une figure artistique qui m'a toujours fasciné, par ce mélange d'admiration, de révérance et de médisance qu'elle semble avoir toujours suscité. Des gens s'extasient à la fois sur sa mise en scène, son tempo, son énergie, l'authenticité et la vitalité de ses personnages, le message humaniste et universel... D'autres déplorent son populisme (essence de son cinéma, il est vrai, mais c'est sa marque de fabrique et c'est ce qui fait que j'aime ces films dans ce cadre précis), les happy-end "tarte à la crème", les scénarios supposée simplistes et/ou gentillets... Tout ce qu'englobe le qualificatif condescendant "Capra-corn" qui a encore la vie dure de nos jours.

Mon petit top 15 perso, dans un semblant d'ordre de préférence (sachant qu'il y a quelques films que je n'ai pas encore vu - ils sont encore sous blister, faut que je trouve le temps... - et que pour la plupart, ça se joue à la lecture de la photo finish tout de même) :

1. La vie est belle
2. Mr Smith au Sénat
3. L'homme de la rue
4. New York-Miami
5. L'extravagant Mr Deeds
6. Horizons perdus
7. Arsenic et vieilles dentelles
8. Vous ne l'emporterez pas avec vous
9. La grande muraille
10. La ruée
11. La grande dame d'un jour
12. L'enjeu
13. La femme aux miracles
14. La course de Broadway
15. Le dirigeable
Un fan de Capra, on est fait pour s'entendre..

Moi qui râle parfois gentiment quand certains mettent systématiquement les titres anglais, j'ai du aller vérifier ce qu'était La course de Broadway, avant de vérifier qu'il s'agit de l'un de mes Capra préférés, le film qui m'avait fait connaitre l'une de mes actrices favorite, Myrna Loy (absolument adorable dans ce petit film au charme fou), et que j'ai toujours connu sous le nom de Broadway Bill. Film dont Capra n'était pas satisfait, notamment parce que Warner Baxter lui avait fait croire qu'il connaissait bien les chevaux alors qu'en réalité il en avait un peur bleue. Pour cette raison, il le refit plus tard avec Bing Crosby, tout en gardant les scènes de course par soucis d'économie (!). Pourtant le remake n'a pas le charme de l'original, et ce même si Crosby était plus à l'aise avec les chevaux.
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Mon Top Capra

(les cinq premiers sont dans mon Top 100, un record!) :



1. La vie est belle
2. L'homme de la rue
3. New York-Miami
4. Broadway Bill "La course de Broadway"
5. Blonde Platine


6. L'extravagant Mr Deeds
7. Mr Smith au Sénat
8. Un trou dans la tête
9. Vous ne l'emporterez pas avec vous
10. Ladies of Leisure
Le reste :
La grande muraille "The Bitter Tea of General Yen", Arsenic et vieilles dentelles, La grande dame d'un jour "Lady for a Day", La Femme aux miracles "The Miracle Woman", La ruée, L'enjeu, Here Comes the Groom, Horizons perdus. Je n'ai pas vu Le dirigeable de ta liste.
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Profondo Rosso
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Profondo Rosso »

L'Homme de la rue (1941)

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Pour retrouver son poste, la journaliste Ann Mitchell invente un personnage nommé John Doe qu'elle fait passer pour réel dans une lettre de suicide dénonçant le malaise social ambiant. Elle engage alors un dénommé John Willoughby pour se faire passer pour ce fameux John Doe. Mais, celui-ci se prend au jeu.

Son cinéma s'étant de plus en plus politisé depuis le milieu des années 30 et L'Extravagant Mr. Deeds (1936), Meet John doe constituait une forme d'aboutissement de cette tendance pour Frank Capra. Le réalisateur établit en effet à cette époque son indépendance artistique en fondant Productions Frank Capra sa société de production où il pourrait sans entrave dresser le portrait de l'Amérique contemporaine. Le virulent premier film de cet ère serait L'Homme de la rue, à l'origine un sujet de 1939 de Richard Connell et Robert Presnell nommé The Life and Death of John Doe adapté d'une nouvelle de Connell parue en 1922 dans le Century Magazine sous le titre A Reputation. Captivé par le postulat de cette histoire, Capra se la réapproprie avec son scénariste Robert Riskin pour ce qui sera leur dernière collaboration. Le script s'avère si virulent qu'aucun studio ne souhaitera le financer hormis Jack Warner se proposant de le distribuer en lui laissant les bénéfices tandis que Barbara Stanwyck (après les défections de Ann Sheridan et Olivia de Havilland), Gary Cooper (très satisfait de sa collaboration avec Capra sur L'Extravagant Mr. Deeds) et Walter Brennan acceptent de tourner dans le film sans avoir lu le scénario. Fort de ces garanties Capra s'endettera auprès des banques afin de financer le film lui-même.

C'est l'effervescence au journal The Bulletin récemment racheté par l'ambitieux homme d'affaires D. B. Norton (Edward Arnold) et les têtes tombent dans une hilarante et glaçante scène d'ouverture où on vous signale votre congé d'un simple geste de la main. Parmi les congédiés la journaliste Ann Mitchell (Barbara Stanwyck) mise à la porte car sa rubrique est trop gentille et ne fait pas assez polémique. Qu'à cela ne tienne, avant de partir elle signera un ultime article explosif avec la fausse lettre d'un lecteur nommé John Doe menaçant de se suicider à noël car n'en pouvant plus de son existence miséreuse, de l'indifférence et de la corruption ambiante qui ne changera rien à sa situation. Cette blague où l'auteur exprime son aigreur a un impact inattendu une fois l'article paru, le public comme les politique souhaitant rencontrer le mystérieux John Doe. Revenue en grâce, Ann Mitchell en fabrique un de toute pièce avec le hobos et joueur de baseball déchu John Willoughby (Gary Cooper) qui va endosser le costume de "l'homme de la rue" moyennant finance. Cette entreprise purement cynique destinée à relancer les ventes du journal va pourtant éveiller la bonne conscience de l'Amérique, à commencer par celle des instigateurs de la supercherie. La bienveillance et le désintéressement de son père médecin se rappelle ainsi au souvenir de Ann lorsqu'elle doit rédiger les discours de John Doe, et le rustre John Willoughby, touché par le réel élan de solidarité que son alias provoque va progressivement être gagné par la cause et devenir John Doe. Il l'a d'ailleurs toujours été sans le savoir, anonyme parmi tant d'autres ayant du mal à joindre les deux bouts et va ainsi sincèrement suggérer à ses semblables de s'entraider pour mieux avancer. Gary Cooper est formidable, rustre un peu gauche et indifférent peu à peu touché par la grâce, les discours maladroit et lu comme un automate faisant bientôt place à une éloquence simple et sincère lorsqu'il fustige les politiques dont il a deviné les desseins lors du final.

Malgré les conséquences positives cet élan repose en effet sur un mensonge et Capra distille tout au long du film les éléments propre à retourner cette base viciée contre la sincérité des protagonistes. L'égoïsme et la misanthropie ordinaire du personnage de Walter Brennan l'exprime bien, ce dernier préférant tourner le dos à la civilisation, les obligations et besoin superficiels qu'elle engendre et les "vautours" qu'elle attire. De l'autre côté nous avons le glacial D.B. Norton (fabuleux Edward Arnold véritable masque calculateur et inhumain) prêt à faire un usage de ces John Doe, pressurer le mouvement pour s'en faire un marchepied vers le pouvoir et plus précisément la Maison Blanche. Entre ces deux extrêmes Capra dépeint une opinion publique malléable et dont l'attitude ne peut être spontanée mais forcément téléguidée par un gourou bienveillant (John Doe) ou manipulateur (D.B. Norton). L'attitude sincère et intéressée de Stanwyck et Cooper réduit à l'icône publicitaire montre ainsi bien les limites de l'entreprise. La dernière partie du film, très sombre, symbolise les interrogations de Capra sur cette société. John Doe endosse véritablement le costume de martyrs par une opinion à la volonté bien faible et par les puissants qui n'en ont plus d'utilité. Le réalisateur aura ainsi tourné plusieurs fins dont une où le héros/symbole accompli son destin et se suicide. Peu satisfait lors des projections-test, un spectateur anonyme lui donnera alors la clé.Seuls d'autres John Doe, d'autres bougres anonyme ayant décidé de se soucier un jour de leur voisin, peuvent sauver notre héros, établissant ainsi le mouvement au-delà des frêles épaules d'un seul homme pour en faire un vrai idéal collectif et dépolitisé. Une utopie ou une possible réalité mais en tout cas un final magnifique et puissant. 6/6
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Supfiction »

Profondo Rosso a écrit :De l'autre côté nous avons le glacial D.B. Norton (fabuleux Edward Arnold véritable masque calculateur et inhumain) prêt à faire un usage de ces John Doe, pressurer le mouvement pour s'en faire un marchepied vers le pouvoir et plus précisément la Maison Blanche. Entre ces deux extrêmes Capra dépeint une opinion publique malléable et dont l'attitude ne peut être spontanée mais forcément téléguidée par un gourou bienveillant (John Doe) ou manipulateur (D.B. Norton). L'attitude sincère et intéressée de Stanwyck et Cooper réduit à l'icône publicitaire montre ainsi bien les limites de l'entreprise. La dernière partie du film, très sombre, symbolise les interrogations de Capra sur cette société. John Doe endosse véritablement le costume de martyrs par une opinion à la volonté bien faible et par les puissants qui n'en ont plus d'utilité. Le réalisateur aura ainsi tourné plusieurs fins dont une où le héros/symbole accompli son destin et se suicide. Peu satisfait lors des projections-test, un spectateur anonyme lui donnera alors la clé.Seuls d'autres John Doe, d'autres bougres anonyme ayant décidé de se soucier un jour de leur voisin, peuvent sauver notre héros, établissant ainsi le mouvement au-delà des frêles épaules d'un seul homme pour en faire un vrai idéal collectif et dépolitisé. Une utopie ou une possible réalité mais en tout cas un final magnifique et puissant. 6/6
10/10 ! (pour le film et le texte)
L'idée géniale du mouvement d'anonymes est véritablement à deux faces (la face Edward Arnold et la face Barbara Stanwyck) et j'ai toujours eu l'impression que Capra lui-même, pour une fois, n'était pas totalement sûr du sens exact de son film. Espoir d'un grand mouvement généreux façon front populaire ou bien alerte face aux dangers du fachisme et de médias surpuissants en démocratie.
En cela, le film n'est-il pas l'un des premiers films hollywoodiens anti-nazi ? 60 ans plus tard, David Fincher côtoyait ce sujet d'un mouvement incontrôlable d'anonymes en en donnant un message bien plus ambigu.

A noter que l'astuce scénaristique de la manipulation journalistique avait déjà été utilisé notamment en 1937 dans La joyeuse suicidée avec Carole Lombard.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Profondo Rosso »

Supfiction a écrit : L'idée géniale du mouvement d'anonymes est véritablement à deux faces (la face Edward Arnold et la face Barbara Stanwyck) et j'ai toujours eu l'impression que Capra lui-même, pour une fois, n'était pas totalement sûr du sens exact de son film. Espoir d'un grand mouvement généreux façon front populaire ou bien alerte face aux dangers du fachisme et de médias surpuissants en démocratie.
En cela, le film n'est-il pas l'un des premiers films hollywoodiens anti-nazi ? 60 ans plus tard, David Fincher côtoyait ce sujet d'un mouvement incontrôlable d'anonymes en en donnant un message bien plus ambigu.
Oui en plus de ça j'ai vraiment l'impression que ça fustige le côté mouton de l'opinion publique, tout les plans sur la foule assombris anonymes dévouées puis dans la minute haineuse sont assez lourd de sens, il n'y a que le final où on met un visage sur les "John Doe" venant au secours de Cooper qu'on retrouve le côté bienveillant car on revient à échelle humaine et à l'initiative individuelle sans suivre un leader. Et effectivement Capra était hésitant là dessus puisque même s'il a finit par opter pour cette fin il n'en était pas satisfait non plus. Sinon ça peut autant être vu comme anti-nazi (on suis aveuglément un leader qui à des objectifs de pouvoir) que anti-coco (une idée de solidarité qui débouche sur une dictature). Pour le Fincher (tu parles de Fight Club j'imagine !) à la revoyure ce n'est pas si ambigu que ça, quand on le voit ado on ne retient que le côté anarchique et limite fasciste mais au contraire le film se moque et tourne en ridicule ce type de mouvement, c'est une grosse farce noire. Et merci pour le texte :wink:
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Supfiction »

Effectivement, Fight Club c'est un peu comme Wall Street (ou même Scarface), des films qui véhiculent des idées et des envies qui vont à l'encontre de leur message initial. D'ailleurs je réalise que Wall Street, c'est presque du Capra!
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