Frank Capra (1897-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par bruce randylan »

Plus ou moins rapidement

L'enjeu (State of Union - 1948)

Tout à fait estimable mais ça n'a plus grand chose de vraiment nouveau à proposer, surtout après Meet John Doe où l'on retrouve une journaliste cynique qui cherche à pousser un homme à faire carrière dans la politique. C'est très prévisible et on connaît déjà la structure d'avance (surtout le dernier acte où le manque de renouvellement de Capra se fait sentir). Ca passe par quelques raccourcis et facilités psychologiques un peu trop accommodantes. Moyennement convaincu par Hepburn dans une registre comique dans la dernière scène (quand elle dit ses 4 vérités alors qu'elle est déjà bien avinée).

Malgré tout le film a tout de même ses bons moments comme la description assez touchante des relations compliquées du couple Hepburn/Tracy (très jolie séquence où ils doivent dormir dans la même chambre d'hôtel). Sur ce point, et les évocations d'adultères, le scénario va tout de même très loin en bravant la censure.
Il y a aussi quelques passages très amusants avec Tracy qui décide de faire la casse-cou en avion avant de sauter en parachute (pas super crédible mais bon). Et il y a d'autres scènes stupéfiantes sur les coulisses du pouvoir avec les tractations et les négociations autour des votes par communauté ou syndicats. J'aurais préféré que le film approfondisse cette dimension là plutôt que d'esquiver pendant longtemps la pure dimension politique. C'est intéressant d'être dans une approche plus intime et personnelle de la course au pouvoir mais au bout d'un moment, on a quand même envie d'entendre les discours de Tracy plutôt que d'entendre de rapides compte-rendus.

La course de Broadway Bill (1934) est une petite comédie assez inoffensive et plaisante. Les personnages sont plutôt attachant et l'écriture personnelle, ce qui n'empêche pas le film de tomber dans une certaine routine où il n'est nul besoin d'être devin pour anticiper les rebondissements.
Cela dit, il y a tout de même un moment plus sombre qui surprend agréablement au milieu de tout ça.
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la mort du cheval à la fin de la course ! :o
Si l'on mariait papa (Here comes the groom - 1951)
Je m'attendais à pire à la lecture du scénario (et connaissant sa réputation) et ça passe pas si mal au final.
C'est bien-sur totalement mineur (voire dispensable) ; pour autant, plus le film avance, plus Capra semble gagner en confiance et trouver ses marques. Après un début lénifiant (avec chanson au milieu d'orphelins les yeux humides) et un déroulement plus que basique, la dernière partie se révèle assez drôle et enlevée une fois que Alexis Smith commence à effectuer sa mue, sous l'impulsion de Crosby. Le répétition du mariage est à ce titre irrésistible. Et j'avoue que Franchot Tone vole la vedettes à chaque fois face à Bing Crosby (dont je ne suis pas un grand fan).
A noter quand même dans la première partie, la séquence originale avec la lecture de l'enregistrement en vinyle où Jane Wyman apparaît en hologramme sur la platine (avec plein de gags sur les rayures & cie).
Par contre, je ne sais pas où 50 ans de cinéma américain a vu un plan-séquence (et encore plus fluide) sur la chanson In the cool, cool... :mrgreen:
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Message par Supfiction »

bruce randylan a écrit : La course de Broadway Bill (1934) est une petite comédie assez inoffensive et plaisante. Les personnages sont plutôt attachant et l'écriture personnelle, ce qui n'empêche pas le film de tomber dans une certaine routine où il n'est nul besoin d'être devin pour anticiper les rebondissements.
Cela dit, il y a tout de même un moment plus sombre qui surprend agréablement au milieu de tout ça.
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L'un de mes films favoris. J'étais tombé amoureux de Myrna Loy à sa découverte. Oui, vu de 2017 c'est une comédie romantique sans originalité et pourtant ça fonctionne totalement à chaque vision tellement c'est plein de charme et de chaleur humaine. Capra dénonce une nouvelle fois la culture de l'argent et de la réussite matérielle comme dans Vous ne l'emporterez pas avec vous mais avec davantage de mélancolie. Moins drôle que New-York Miami ou Shop around the corner mais tout autant réconfortant quand on a besoin d'un petit remontant.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par bruce randylan »

Supfiction a écrit :
bruce randylan a écrit : La course de Broadway Bill (1934) est une petite comédie assez inoffensive et plaisante. Les personnages sont plutôt attachant et l'écriture personnelle, ce qui n'empêche pas le film de tomber dans une certaine routine où il n'est nul besoin d'être devin pour anticiper les rebondissements.
Cela dit, il y a tout de même un moment plus sombre qui surprend agréablement au milieu de tout ça.
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L'un de mes films favoris. J'étais tombé amoureux de Myrna Loy à sa découverte. Oui, vu de 2017 c'est une comédie romantique sans originalité et pourtant ça fonctionne totalement à chaque vision tellement c'est plein de charme et de chaleur humaine. Capra dénonce une nouvelle fois la culture de l'argent et de la réussite matérielle comme dans Vous ne l'emporterez pas avec vous mais avec davantage de mélancolie. Moins drôle que New-York Miami ou Shop around the corner mais tout autant réconfortant quand on a besoin d'un petit remontant.
En tout cas le film est chef d'oeuvre comparé à son triste remake de 1950 Un jour de chance (Riding High). :?

Non seulement, c'est un remake sans la moindre variation par rapport à la version de 1934 (à part que les gens regarde la télé au lieu d'écouter la radio) avec des dialogues à l'identique, un découpage et une direction d'acteurs qui virent au mimétisme sans atteindre la fluidité, l'enthousiasme et la fraîcheur de l'original mais en plus les nouveaux comédiens sont bien moins talentueux, surtout le couple vedette. Je dis nouveaux car Capra ré-engage de nombreux comédiens pour reprendre leurs rôles 16 ans plus tard (pourquoi pas quand il s'agit de Raymond Walburn). Mais pour des raison économiques, Capra ré-utilise plusieurs séquences de la première version, et pas seulement des stocks shots de la course mais des séquences secondaires. Du coup, d'une scène à l'autre, certains acteurs prennent chers et sont à peine reconnaissable (le chef des bootleggers).
De plus, pour faire de la place aux chansons, Capra a taillé à plusieurs reprises dans plusieurs dialogues ce qui déséquilibre grandement son film. On a du mal à comprendre pourquoi le bootleggers cherche à aider Crosby durant le dernier acte par exemple et on ne comprend pas pourquoi ce dernier l'appelle l'homme à la moustache puisque le dialogue qui ouvrait le film de 1934 à sauté dans la version de 1950. Intelligent ça.

Seul élément positivement surprenant, le caméo d'Oliver Hardy.

Bref, le même film mais considérablement affaibli (la scène de l'orage perd toute sa tension) avec des acteurs autrement moins charismatiques et un script boiteux. :(
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par bruce randylan »

Et voilà, c'est la fin des longs-métrages de Capra pour moi ! 8)

La grande muraille (The bitter tea of General Yen - 1932)
Il n'a pas volé sa réputation celui-là !
Le début me faisait un peu peur pourtant avec son exotisme un brin colonialiste avec les sempiternels acteurs occidents jouant les asiatiques avec notamment un méchant perfide et sardonique. Et à mi-parcours, tout dérape et on sort des sentiers confortables pour traiter d'une histoire d'amour incroyablement moderne et qui n'aurait pas été possible autrement que durant la période pré-code. Plus que l'amour/fascination interracial, ce qui m'a surpris c'est la dimension quasi psychanalytique de la sexualité et des fantasmes féminins (avec l'audacieuse scène du rêve avec le héros masqué). A partir de là, plus le film avance, plus il devient passionnant en cultivant une ambiguïté et une psychologie complexe, y compris dans les seconds rôles.
Capra excelle une nouvelle fois dans les scènes de foule particulièrement intense avant de basculer vers une photographie incroyablement stylisée pour des décors très sophistiqués (presque trop).
Une sacrée réussite.


Amour défendu (Forbidden - 1932) est malheureusement bien moins satisfaisant malgré une réalisation très dynamique avec des mouvements de caméra très élaborés et presque avant-gardiste (le plan séquence d'ouverture avant Stanwick arrivant dans l'arrière-plan) . Le problème vient du scénario de la seconde moitié qui n'est guère crédible et qui finit par se perdre dans péripéties maladroites et mal agencés qui ne reposent sur pas grand chose (le journaliste amoureux plusieurs décennies de Stanwick et qui voue une haine pratiquement inexplicable à Adolphe Menjou). Quant à Stanwick, j'ai eu du mal à croire à son personnage qui abandonne son bébé un peu trop facilement.
Dommage car la première moitié était excellente et bien plus intelligence et touchante avec de jolie idée (pas non toujours subtil) comme le dîner avec les masques.
Par contre, il faut vraiment souligner l'interprétation de Stanwick, vivante qui empêche au film d'accuser le poids des années.
Forbidden ne tient en tout cas pas la comparaison avec Back Streets de John Stahl sur un sujet très proche et qui sortit quelques mois plus tard. Stahl y corrigeait tous les défauts de Capra et ne restait centré que sur le duo principal.


Milliardaire pour un jour (Pockfull of miracle - 1961) est donc le second auto-remake de Capra, moins catastrophique et gênant qu'un jour de chance sans pour autant être capable de vraiment concurrencer l'original de 1933 à cause d'une durée de 2h13...soit 40 minutes de plus. On va dire qu'il y a 5 minutes de rajouts sympathiques (quelques blagues et mots d'esprits bienvenues) mais dans l'ensemble ce sont surtout de longues minutes où Capra peinent à trouver un rythme et un tempo digne de ce nom. On dirait vraiment l'impression que le scope alourdit son découpage qui est par moment d'une pauvreté assommante avec des tunnels de dialogues sans la moindre saveur (la rencontre avec le mafieux dans la camion aménagé). Il y a tout de même quelques plans larges où le scope permet de multiplier les figurants et donc les actions à l'image mais ça reste trop rares. Par contre, la couleur est plutôt géré je trouve et Capra soigne l'aspect visuel et décoratif de son film.
Au niveau des acteurs, il y a du bon et du moins bon. Peter Falk et Edward Everett Horton assurent le show tandis que Bette Davis aimerait bien pervertir un peu un rôle trop lisse pour elle tandis que Glenn Ford se démêle comme un diable pour imprimer son personnage avec un succès mitigé mais il a une certaine conviction qui donne envie d'être indulgent.

Ce qui est regrettable, c'est que Capra foire un peu le final avec un narration bancale, loin du brio de 1933 où l'agencement des séquences étaient bien plus pertinents.

Il y a des films de fin de carrière bien pires et ça pourrait même être une honorable comédie touchante... Mais il y a Grande dame d'un jour à oublier...


Bon, si j'ai fini avec les long-métrages de Capra, je n'en ai pas fini avec sa carrière puisqu'il me reste encore à regarder ses 3 documentaires scientifiques produits pour la télévision. La cinémathèque ne les a pas diffusés mais ils sont visibles facilement. :)
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Message par Kevin95 »

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YOU CAN'T TAKE IT WITH YOU - Frank Capra (1938) révision

Ode pure et simple à la légèreté, au délire, à la gentillesse Capra-esque. Le film ne s'embarrasse pas d'une intrigue complexe ou tragique, et décrit la romance impossible de deux êtres et les contrastes de leurs familles (en une brique, Shakespeare... vous l'avez ?). Le réalisateur oppose deux visions du monde : capitaliste (traduction, j'ai de l'argent et j'écrase tout le reste) et l'humanisme (traduction, on s'en fout). Simpliste, cela va sans dire, mais Frank Capra s'en cogne voir revendique ce trait grossier pour mieux enchanter son petit monde, qu'il souhaite le plus réaliste possible à l'heure où un nouveau conflit mondial est sur le point d'éclater. You Can't Take It with You est frais, doux-dingue, généreux, pas péteux pour un sou, libre à chacun de trouver sa place dans la maison de fous dirigée par Lionel Barrymore. Si l’on est hermétique au cinéma de Capra, le film relève de la torture (car tout y est), pour les autres c'est deux heures de bonheur, deux heures à faire des pétards, des peintures ridicules, des pièces pas terribles, à faire de l'harmonica ou des jouets chelous. On a connu pire.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Kevin95 »

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POCKETFUL OF MIRACLES - Frank Capra (1961) découverte

Le plus dur lorsqu'on (re)découvre Pocketful of Miracles lors d'une rétrospective Frank Capra, c'est qu'on se sent obligé de le comparer à l'original du même auteur tout comme on est obligé de reconnaitre que Franky a pris un coup de vieux entre-temps. Plus long, moins jouissif, plus mécanique, moins touchant, ce film testament tente laborieusement de ressusciter Lady for a Day sans se rendre compte que 30 ans ont passé (ouf !) et que les gags d’antan mis en scène avec innocence pour une petite comédie, paraissent poussifs dans les mains d'un vieux matou au service d’une grosse machinerie hollywoodienne. Pourtant c'est les mêmes, pas de grandes différences entre les deux films, la durée plus longue n'est justifiée que pas une mise en place plus longue, donc plus laborieuse. Le scope et les comédiens font bien passer la pilule, je pense même qu'un spectateur n'ayant pas vu ou ne se rappelant plus de l'original peut prendre un réel plaisir, mais au jeu des sept différences, Pocketful of Miracles parait plus anodin et (paradoxalement) plus vieillot que Lady for a Day. Après, rien que pour le numéro de Peter Falk, le film vaut tout de même le détour.
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PLATINUM BLONDE - Frank Capra (1931) révision

Alors que Frank Capra fait ses premiers pas dans le parlant et la même année que l’impressionnant Dirigible, le réalisateur signe avec Platinum Blonde sa première perle comique. Un journaliste débonnaire, s'entiche d'une riche héritière sans se rendre compte de l'amour que lui porte sa meilleure amie. A partir de ce postulat, Capra dézingue la famille de richards pour mieux sublimer la nonchalance de son personnage issus de la classe populaire, à coups de répliques qui tuent et d'une cool attitude ravageuse. Dès son introduction (jouant aux billes au boulot), le personnage est présenté comme hors des clous et terriblement attachant. Le voir se foutre de la tronche de sa belle-mère est un plaisir qui peut durer des heures et sa lente mais certaine révélation (le milieu tuné n'est pas pour lui) à des airs de Mr. Deeds Goes to Town cinq ans avant. Sinon, Loretta Young est comme d'hab excellente.
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Supfiction
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Message par Supfiction »

Kevin95 a écrit :Image

PLATINUM BLONDE - Frank Capra (1931) révision

Alors que Frank Capra fait ses premiers pas dans le parlant et la même année que l’impressionnant Dirigible, le réalisateur signe avec Platinum Blonde sa première perle comique. Un journaliste débonnaire, s'entiche d'une riche héritière sans se rendre compte de l'amour que lui porte sa meilleure amie. A partir de ce postulat, Capra dézingue la famille de richards pour mieux sublimer la nonchalance de son personnage issus de la classe populaire, à coups de répliques qui tuent et d'une cool attitude ravageuse. Dès son introduction (jouant aux billes au boulot), le personnage est présenté comme hors des clous et terriblement attachant. Le voir se foutre de la tronche de sa belle-mère est un plaisir qui peut durer des heures et sa lente mais certaine révélation (le milieu tuné n'est pas pour lui) à des airs de Mr. Deeds Goes to Town cinq ans avant. Sinon, Loretta Young est comme d'hab excellente.
Classique mais extrêmement savoureux. Et évidemment Loretta Toung est irrésistible. Mais Robert Williams est pas mal non plus, il est décèdé avant la sortie du film ce qui explique qu'il soit inconnu aujourd'hui, une belle carrière tardive dans les 30's s'offrait à lui.

Pour l'anecdote pas intéressante, j'ai cette affiche dans mes toilettes :

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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Alexandre Angel »

Kevin95 a écrit :Image

PLATINUM BLONDE - Frank Capra (1931) révision

Alors que Frank Capra fait ses premiers pas dans le parlant et la même année que l’impressionnant Dirigible, le réalisateur signe avec Platinum Blonde sa première perle comique. Un journaliste débonnaire, s'entiche d'une riche héritière sans se rendre compte de l'amour que lui porte sa meilleure amie. A partir de ce postulat, Capra dézingue la famille de richards pour mieux sublimer la nonchalance de son personnage issus de la classe populaire, à coups de répliques qui tuent et d'une cool attitude ravageuse. Dès son introduction (jouant aux billes au boulot), le personnage est présenté comme hors des clous et terriblement attachant. Le voir se foutre de la tronche de sa belle-mère est un plaisir qui peut durer des heures et sa lente mais certaine révélation (le milieu tuné n'est pas pour lui) à des airs de Mr. Deeds Goes to Town cinq ans avant. Sinon, Loretta Young est comme d'hab excellente.
Je viens de le voir (pour la première fois) et j'ai trouvé ça vraiment bon. Ces moments où certains dialogues se transforment en chansons sans qu'il n'y ait un quelconque rapport avec le musical ont quelque chose de merveilleux (la scène où Jean Harlow essaie de convaincre Robert Williams qu'il doit mettre les portes-chaussettes qu'elle vient de lui offrir!). Je ne connaissais pas Robert Williams qui, semble-t-il, décède peu de temps après la sortie du film et je l'ai trouvé remarquablement moderne, avec des airs à Jeremy Renner. Quant à Loretta Young, je la veux pour mon anniversaire..
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Thaddeus »

Alexandre Angel a écrit :Je ne connaissais pas Robert Williams qui, semble-t-il, décède peu de temps après la sortie du film et je l'ai trouvé remarquablement moderne, avec des airs à Jeremy Renner. Quant à Loretta Young, je la veux pour mon anniversaire..
Thaddeus a écrit :Reste une question parcourant toute la comédie jusqu’à la jolie prise de conscience finale : comment ce héros cynique et prêt au compromis, brillamment interprété par un sosie de Jeremy Renner, qui lutte contre le capitalisme corrupteur mais que l’on sent à chaque instant prêt de glisser vers l’arrangement social, peut-il préférer Jean Harlow au rayonnement nacré de la ravissante et sensible Loretta Young ?
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Alexandre Angel
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Alexandre Angel »

Ah oui, là, pas un pli :mrgreen: Sinon, Williams a un petit quelque chose d'Alan Alda aussi
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Supfiction »

Je n'avais pas vu La ruée encore, seul Capra post-1930 qui me restait à voir. Je m'attendais à enfin voir un Capra mineur (ce pourquoi le dvd trainait dans mon panier depuis des années) et bien non. Presque tout Capra est déjà là et il est étonnant de constater à quel point ce American Madness contient les germes d'It's a wonderfull life. Tom Dickson est un peu le papa de Georges Bayley et La ruée est un peu une version hypertrophiée de la séquence "1929" et de l'épilogue de La vie est belle. Sauf que la fameuse ruée est ici mise en scène avec des moyens bien plus importants (décor gigantesque, figuration) alors que le film de 1949 ne représentait qu'une toute petite banque et une ruée à taille humaine et à hauteur d'homme. Walter Huston m'a vraiment impressionné, un acteur auquel je n'avais jamais prêté attention jusqu'ici, alors que je l'ai vu dans de nombreux films en fait..
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Alexandre Angel
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :Walter Huston m'a vraiment impressionné, un acteur auquel je n'avais jamais prêté attention jusqu'ici, alors que je l'ai vu dans de nombreux films en fait..
Je rêve de voir Law and Order, d'Edward L.Cahn, dont il est la vedette.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Supfiction »

Vu Rain or Shine (1930), peut-être mon premier Capra décevant alors que le sujet était fait pour lui. La vie d'un cirque et les difficultés pour sa jeune gestionnaire d'éviter la banqueroute alors que les puissances d'argent sont à l'afut pour en prendre la possession. Le film aurait pu être un Sous le plus grand chapiteau du monde avant l'heure mais Capra ne développe pas son intrigue et se perd dans les tribulations et les gesticulations, tombant dans la farce bruyante et brouillonne.
Dommage parce que l'actrice principale, Joan Peers était très bien.

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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Rashomon »

Vous ne l'emporterez pas avec vous (1938)

Les Américains aiment de temps à autre dresser des listes des pires lauréats de l'Oscar du meilleur film, listes la plupart du temps complètement débiles ("Qu'elle était verte ma vallée"? Vraiment?) You Can't Take it With You ne figure à ma connaissance dans aucun de ces anti-palmarès, probablement parce qu'il s'agit d'un film de Capra - figure intouchable outre-Atlantique - et sans doute aussi parce que c'est l'un de ses moins connus, donc les moins commentés malgré la récompense suprême qui lui échut on ne sait trop pourquoi. Aucune intrigue en vue dans cette suite de scènes disjointes et pour certaines visiblement et lourdement improvisées, une morale exaspérante de naïveté et des personnages principaux insupportables mais que Capra semble trouver admirables. Quelques séquences surnagent, comme la très belle scène où Lionel Barrymore évoque son épouse disparue, mais le reste a horriblement mal vieilli et les acteurs n'y peuvent rien. D'ailleurs, autant le dire tout de suite, je n'ai pas tenu jusqu'au bout. 2/10
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