Frank Capra (1897-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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sebamas
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Re: Frank Capra (1897-1991)

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Cycle Frank Capra à la Cinémathèque (Paris) du 4 janvier au 27 février.

Au programme:

LES FILMS
Affaire Donovan (L') Frank Capra / Etats-Unis / 1929 Me 1 fév 21h15 Je 9 fév 21h45
Amour défendu Frank Capra / Etats-Unis / 1931 Sa 7 jan 21h30 Sa 18 fév 19h30
Arsenic et vieilles dentelles Frank Capra / Etats-Unis / 1943 Sa 21 jan 19h00 Lu 6 fév 14h30 Me 15 fév 21h30
Athlète incomplet (L') Frank Capra / Etats-Unis / 1926 8 Ve 27 jan 17h00 Me 8 fév 15h00
Bessie à Broadway Frank Capra / Etats-Unis / 1928 Ve 6 jan 19h00 Di 19 fév 19h30 Sa 25 fév 16h30
Blonde platine (La) Frank Capra / Etats-Unis / 1931 Sa 7 jan 19h30 Di 12 fév 21h45 Je 23 fév 21h45
Course de Broadway Bill (La) Frank Capra / Etats-Unis / 1934 Me 11 jan 19h30 Sa 4 fév 15h00 Sa 11 fév 19h00
Dirigeable (Le) Frank Capra / Etats-Unis / 1931 Di 15 jan 21h45 Sa 18 fév 17h00
Enjeu (L') Frank Capra / Etats-Unis / 1948 Ve 13 jan 21h30 Je 2 fév 19h00 Lu 6 fév 19h30
Epave vivante (L') Frank Capra / Etats-Unis / 1928 Sa 28 jan 19h30 Ve 3 fév 17h00
Extravagant M. Deeds (L') Frank Capra / Etats-Unis / 1935 Sa 14 jan 19h00 Di 12 fév 19h00 Me 22 fév 14h30
Femme aux miracles (La) Frank Capra / Etats-Unis / 1931 Je 5 jan 21h30 Me 11 jan 21h45 Lu 6 fév 22h00
Femmes de luxe Frank Capra / Etats-Unis / 1930 Me 25 jan 17h00 Ve 3 fév 21h30
Fultah Fisher's Boarding House Frank Capra / Etats-Unis / 1922 CM Sa 4 fév 17h30 Lu 13 fév 21h00
Grande dame d'un jour Frank Capra / Etats-Unis / 1933 Di 8 jan 19h30 Di 22 jan 21h45
Grande muraille (La) Frank Capra / Etats-Unis / 1932 Me 4 jan 20h00 Sa 4 fév 19h30 Di 12 fév 21h30
Homme de la rue (L') Frank Capra / Etats-Unis / 1940 Ve 6 jan 21h30 Sa 21 jan 21h30 Me 22 fév 19h00
Horizons perdus Frank Capra / Etats-Unis / 1936 Sa 14 jan 21h30 Ve 17 fév 21h45
Italian Warship Libia (The) Frank Capra / Etats-Unis / 1921 CM Sa 4 fév 17h30 Lu 13 fév 21h00
Jour de chance Frank Capra / Etats-Unis / 1949 Me 8 fév 21h15 Di 19 fév 21h30
Loin du ghetto Frank Capra / Etats-Unis / 1929 Sa 28 jan 16h30 Ve 3 fév 14h30
Milliardaire pour un jour Frank Capra / Etats-Unis / 1961 10 Je 9 fév 19h00 Ve 17 fév 15h00 Je 23 fév 19h00
Mousquetaires de l'air (Les) Frank Capra / Etats-Unis / 1929 Je 2 fév 21h30 Lu 27 fév 16h30
Mr Smith au Sénat Frank Capra / Etats-Unis / 1939 9 Ve 13 jan 19h00 Sa 11 fév 21h15 Me 15 fév 14h30
New York-Miami Frank Capra / Etats-Unis / 1934 Me 11 jan 17h00 Di 22 jan 19h30 Di 12 fév 19h30
Power of the Press (The) Frank Capra / Etats-Unis / 1928 Me 25 jan 20h30 Lu 13 fév 19h00
Ruée (La) Frank Capra / Etats-Unis / 1932 Di 8 jan 21h45 Lu 27 fév 14h30
Sa dernière culotte Frank Capra / Etats-Unis / 1927 8 Sa 28 jan 15h00 Di 5 fév 15h00
Sauve qui peut Frank Capra / Etats-Unis / 1930 Me 1 fév 19h00 Ve 3 fév 19h30
Say It with Sables Frank Capra / Etats-Unis / 1928 CM 8 Sa 28 jan 15h00 Di 5 fév 15h00
Si l'on mariait papa Frank Capra / Etats-Unis / 1951 Me 8 fév 19h00 Sa 18 fév 21h30
So This Is Love Frank Capra / Etats-Unis / 1928 Ve 27 jan 19h00 Sa 4 fév 21h30
That Certain Thing Frank Capra / Etats-Unis / 1928 Di 29 jan 21h00 Di 5 fév 19h30
Un trou dans la tête Frank Capra / Etats-Unis / 1959 Di 12 fév 14h30 Me 15 fév 19h00 Me 22 fév 21h30
Vie est belle (La) Frank Capra / Etats-Unis / 1946 10 Sa 14 jan 16h30 Je 19 jan 21h30 Di 19 fév 15h00
Vous ne l'emporterez pas avec vous Frank Capra / Etats-Unis / 1938 Di 15 jan 19h00 Lu 13 fév 15h00 Ve 17 fév 19h00
Way of the Strong (The) Frank Capra / Etats-Unis / 1928 Di 29 jan 19h00 Di 5 fév 21h15

POURQUOI NOUS COMBATTONS (WHY WE FIGHT)
Pourquoi nous combattons, série de sept films de propagande commandés par le gouvernement américain, destinés à sensibiliser les soldats et l'opinion publique sur le sens de l'engagement des États-Unis dans la Seconde Guerre Mondiale.

Bataille d'Angleterre (La) Frank Capra, Anthony Veiller / Etats-Unis / 1943 Lu 23 jan 21h00 Je 9 fév 17h00
Bataille de France (La) Frank Capra, Anatole Litvak / Etats-Unis / 1943 Lu 23 jan 21h00 Je 9 fév 17h00
Etats-Unis entrent en guerre (Les) Anonyme / Etats-Unis / 1945 Di 29 jan 19h00 Sa 11 fév 17h00
Nazis attaquent (Les) Frank Capra et Anatole Litvak / Etats-Unis / 1942 CM Lu 23 jan 19h00 Me 8 fév 17h00
Pourquoi nous combattons : La Bataille de Russie Anatole Litvak / Etats-Unis / 1943 Ve 27 jan 21h00 Ve 10 fév 17h00
Prélude à la guerre Frank Capra et Anatole Litvak / Etats-Unis / 1942 Lu 23 jan 19h00 Me 8 fév 17h00
Why We Fight : The Battle of China Frank Capra et Anatole Litvak / Etats-Unis / 1944 Ve 27 jan 21h00 Ve 10 fév 17h00

KNOW YOUR ALLY / KNOW YOUR ENEMY
À la suite de la série Pourquoi nous combattons, Frank Capra se vit confier une seconde commande par le Ministère des Armées : Know Your Ally / Know Your Enemy (1943-45).

Know Your Ally : Britain Frank Capra / Etats-Unis / 1943 CM Me 18 jan 21h15 Di 12 fév 17h00
Know Your Enemy : Here Is Germany Ernst Lubitsch / Etats-Unis / 1945 Ve 20 jan 19h00 Lu 13 fév 17h00
Know Your Ennemy : Japan Frank Capra et Joris Ivens / Etats-Unis / 1945 Me 18 jan 21h15 Di 12 fév 17h00
Negro Soldier (The) Stuart Heisler / Etats-Unis / 1944 CM Ve 20 jan 21h45 Me 15 fév 17h00
Two Down and One to Go Frank Capra / Etats-Unis / 1945 CM Ve 20 jan 21h45 Me 15 fév 17h00
Victoire de Tunisie (La) Frank Capra, John Huston et George Stevens / Grande-Bretagne-Etats-Unis / 1943 Ve 20 jan 19h00 Lu 13 fév 17h00

RENCONTRES ET CONFÉRENCES
La Vie est belle : conte cruel de Noël. Conférence de Jean-François Rauger Je 19 jan 19h00
Qui êtes-vous Frank Capra ? Conférence de Serge Chauvin Je 5 jan 19h00
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par bruce randylan »

Yeah :D
Je commence à profiter de cette retro avec pas mal de séance de rattrapage qui m'évite de passer par la case DVD

Bessie à Broadway (The Matinee Idol - 1928) est un très sympathique Capra muet. C'est solidement racontée, sans gras ni détour... et sans grande surprise également. On sait très rapidement comment tout cela va évoluer et se conclure, encore plus quand on connaît le cinéma du Mr. Ce qui n'empêche pas de prendre du plaisir car la mécanique est parfaitement huilée et dosée. Tout s'enchaîne comme du papier à musique, les acteurs sont toujours dans le bon timing, on trouve plein de petits détails amusants. Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est que même lors de la seconde représentation, Capra évite de trop jouer la carte du pathos et de la dénonciation des élites snobs en rajoutant de nombreux gags qui n'étaient pas présents au préalable. On est donc partagé entre compassion et fou-rires qu'on ne peut maîtriser. Plutôt intelligent et honnête comme parti pris.

L'homme de la rue (Meet John Doe - 1941) que je n'avais jamais vu est en effet un sacré morceau. Un scénario d'une rare ambition, un peu trop par moment, car on sent la volonté de faire "the" chef d'oeuvre. Ca a cependant l'avantage d'offrir un scénario avec plus de lucidité et de recul qu'un certain nombres titres du réalisateur. Ici, la candeur de Cooper (et donc du spectateur) est souvent contrebalancée par la méfiance sarcastique de son compagnon de route (au risque de paraître mécanique). Le dernier tiers demeure cependant toujours problématique et on devine que les auteurs sentent un peu coincés par leur idée géniale et peinent à trouver une conclusion satisfaisante. J'ai d'ailleurs lu que Capra avait filmé 4 conclusions différentes avant d'en tourner une 5ème, suggérée lors d'une projection test ! :o
Quoiqu'il en soit, les coutures deviennent alors gênantes avec des monologues démonstratifs, longs et manquant cruellement de souplesse (le rêve avec la fessée, la leçon de morale du rédacteur en chef alcoolisé, le banquet avec les commanditaires, la fin dans la tour de la mairie).
Un peu décevant car la première moitié est une vraie merveille d'intelligence, de pertinence, de rythme, d'invention où l'on sent un réel plaisir derrière la caméra avec une formidable progression dramatique d'une logique imparable, mené tambour battant.
Les défauts du (long) dernier acte empêchent d'être totalement enthousiaste mais ça reste un film sensationnel et toujours d'actualité dans ses nombreux thèmes abordés.

La copie projetée à la cinémathèque est une (nouvelle ?) restauration Lobster. Pas de miracle à attendre par contre, ca a l'air mieux que ce qu'on trouve pour le moment sur le marché mais c'est pas mirobolant avec l'impression d'être devant une bonne copie 16mm. :cry:

Grande dame d'un jour (1933) est forcément plus mineur en comparaison tout en demeurant personnel et original, avec là aussi une idée simple qui se déploie dans une logique d'une grande fluidité (ça m'a rappeler certains Preston Sturges). Par contre, j'ai trouvé que le rythme manquait un peu d'entrain et la locomotive n'a jamais la chaudière en surchauffe. C'est d'ailleurs étonnant de constater à quel point le personnage centrale (Apple Annie) est absente du récit. Ca déséquilibre le récit pour lui donner sans doute ce côté "entre deux chaises" qui empêche au film de trouver son unité et donc son ton. Heureusement, on peut compter sur les seconds rôles savoureux, quelques séquences brillantes (la dot jouée autour du billard :mrgreen: ) et plusieurs répliques inestimables ("Si j'avais le choix des armes, je choisirai la grammaire" est bien partie pour être ma réplique de l'année ! ).
J'avoue avoir une préférence pour le remake de Jackie Chan (en attendant de découvrir Milliardaire pour un jour)

Sinon j'ai aussi montré en blu-ray La vie est belle à Brucette qui ne connaissait pas et qui est complétement tombée amoureuse du film : "Le plus beau film que j'ai jamais vu en noir blanc. Je pourrais le voir tous les trois mois".
Et contrairement à l'homme de la rue, la restauration du Blu-ray US est une merveille. Ca fait plaisir de le re-re-re-redécouvrir dans d'aussi sublimes conditions.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par sebamas »

(re)Vu aussi L'Homme de la Rue vendredi soir dernier. Ce sont surtout les 5/10 dernières minutes qui me gênent dans le film (le passage sur le toit de la mairie le soir de Noël)

La copie était pas mauvaise comparée aux différentes éditions sur le marché. Une version restaurée il y a 1 an environ existerait et serait passée sur la chaine TCM. Il y a un montage sur Youtube. Ça semble plus net que ce que j'ai pu voir vendredi mais bon, là c'est sur un petit écran et ce ne sont que 6 minutes d'images.



J'aime vraiment beaucoup ce film, très actuel en effet et d'une grande force.
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Message par Kevin95 »

LADY FOR A DAY - Frank Capra (1933) révision

Le succès du film permettra à Frank Capra d'en imposer à Hollywood (avant que celui d'It Happened One Night ne lui donne une totale liberté d'action) et c'est largement mérité. J'avais souvenir d'un film sympathique mais un tantinet gnangnan or à la révision il en est rien. Capra s'adonne quelques fois au sentimentalisme, notamment autour du jeune couple, mais Lady for a Day est moins une fable pleurnicharde sur le sort de la mendiante Apple Annie, qu'un conte souriant sur les gangsters à la petite semaine qui vont l'aider à passer pour une reine auprès de son rejeton. Que la gamine mérite ou non une telle mise en scène est une autre question - perso, je la ferai bosser au lieu de lui raconter des bobards pour pisseuse m'enfin… - la solidarité (grand thème Capra-ien) des malfrats a quelque chose de touchant, d'autant plus que le réalisateur les aime profondément. Ils ne passent certes pas pour des lumières, mais chacun dans leur style (le chef qui ne veut pas passer pour un bleu, le bras droit cynique, l'homme de main bête comme ses pieds), ils deviennent vite indispensables au film et à son énergie. Capra se fait la main avec style avant la série de chefs d'œuvre de la deuxième moitié des 30's.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Kevin95 »

AMERICAN MADNESS - Frank Capra (1932) découverte

Petite pépite d'un Frank Capra qui n'est pourtant pas totalement Frank Capra auprès de l'industrie mais qui l'est déjà en termes de cinéma. Une heure quinze pour raconter trois récits, se liant entre eux de manière magistrale sans qu'on sente les jointures, American Madness est autant la radioscopie d'une économie américain alitée, que le portrait d'un homme fort et humaniste (Walter Huston impeccable) qui va voir sa banque comme sa vie privée se faire malmener. Des gangsters alléchés par le butin, une femme délaissée et des associés assoiffés vont faire chuter notre homme avant qu'une solidarité à la Capra ne lui sauve les miches. Les trois intrigues se regardent sur près d'une demi-heure avant de se répondent lors d'une dernière partie chaotique où se mêlent drame sentimental, film noir et film économico-catastrophique. La ruée des clients pour vider leurs comptes a quelque chose d'hystérique et vertigineux, sentiment accentué par des plans réellement puissants. Grand film assez méconnu, American Madness est sans doute dans le pic de la filmo de Frank Capra.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Kevin95 »

MR. SMITH GOES TO WASHINGTON - Frank Capra (1939) révision

Frank Capra à son meilleur, à la fois tendre et terriblement enragé lorsqu'il faut défendre la démocratie américaine et les idéaux des Pères fondateurs alors que l'Europe est sur le point de basculer dans un conflit humain comme idéologique. Ça sent le roussi et Capra, aidé d'un James Stewart l'œil humide, va descendre en flèche les usurpateurs politiques et sublimer l'innocence, la fraicheur, l'humanisme de l'Amérique de Lincoln ou de Roosevelt. Jefferson Smith (on notera le prénom) va s'engager dans un combat au corps pour hurler à pleins poumons son amour de la liberté, sa fierté de vivre dans un pays dont c'est (à priori) le sacerdos et son rêve de voir une nouvelle génération unie par ce même amour et non divisée par intérêt économico-politique. Long combat, passant d'une naïveté charmante au drame le plus touchant avant un affrontement final éprouvant, encore aujourd'hui morceau de bravoure à vous faire déchainer une salle de cinéma. Stewart qui chiale devant la statue de Lincolm et on renifle comme un hystérique, le voir à bout de souffle défendre ses idées devant le regard amoureux de Jean Arthur et on se lève du siège. C'est toujours bête à dire mais bon... chef d'œuvre.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Kevin95 »

MR. DEEDS GOES TO TOWN - Frank Capra (1936) révision

Après le carton d'It Happened One Night, Frank Capra a les coudées franches pour entamer une série de grands films autours des thématiques qui l'obsèdent. Mr. Deeds Goes to Town, le premier d’entre eux, porte totalement la marque de son auteur : défense des petits, dégout de la corruption, ode à la naïveté... Plusieurs films futurs du cinéaste partent de ce film-ci, que ce soit la figure simple de James Steward (sorte de version presque féminine de celle de Garry Cooper dans Mr. Deeds), celle plus cynique de la femme amoureuse (Jean Arthur - Barbara Stanwyck, même combat), les personnages secondaires hauts en couleur ou encore le combat final pour imposer sa vision du monde (le procès de Deeds est un avant-goût du monologue de Mr. Smith Goes to Washington). On est donc dans un âge d'or Capra-esque, dans un sentiment de bonheur, dans une empathie extrême vis à vis du personnage principal (les auteurs de Forrest Gump ont dû user la VHS du film), dans une perfection de la narration et dans la gestion comédie-drame. Cooper est comme d'hab un roi, son personnage ne cherche pas midi à quatorze heure vu qu'il n'a pas de montre et qu'il se fout de tout ce qui complique la vie. Le plan où Deeds se cache après avoir compris que Arthur jouait un double jeu est à accrocher au-dessus de la cheminé. Boulot de pro.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Kevin95 »

LOST HORIZON - Frank Capra (1937) découverte

La première demi-heure, entre le sauvetage dans une Chine à feu et à sang, le détournement de l'avion et le crash, est exceptionnelle, vive, trépidante, visuellement et narrativement au cordeau. C'est après que le bât blesse, une fois l'équipage arrivé à Shangri-La. Le temps se fait plus long, le rythme incertain, Les personnages papillonnent et le propos de Frank Capra (pour qui Lost Horizon restera un de ses films fétiches) s'appesantit. Si les images sont superbes, certaines séquences sublimes et l'imaginaire mis en scène captivant, on sent bien que le réalisateur sur joue la contemplation, comme si Capra, d'ordinaire obsédé par la rapidité, pensait naïvement que lenteur et émerveillement allaient de pair. En même temps, ce jeu à deux vitesses, ces balancements entre léger ennui et flottement halluciné, entre lourdeur du discours et puissance des images, donne à Lost Horizon un statut étrange, comme le fruit d'un sommeil agité, entre gêne et confort. Même le monde de Shangri-La reste flou, merveilleux sans doute mais cauchemardesque aussi. What a night...
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Kevin95 »

DIRIGIBLE - Frank Capra (1931) découverte

En 1931, Frank Capra n'a pas encore le nom au-dessus du titre mais ce n'est pas faute d'essayer. Dirigible est une grosse production d'une Columbia qui essaya de se mesurer aux gros poissons du milieu avec un métrage tout en grands sentiments, séquences spectaculaires et dépaysement. Des potes casse-cou, un poil kékés, ne cessent de comparer leur b... bravoure en frimant via des défis pas possibles avant que l'un trahisse l'autre puis que l'autre se lance dans une expédition dangereuse juste pour foutre la honte à son comparse. A ce niveau, rien de bien exceptionnel. Les deux gus fanfaronnent à défaut d'avoir du charisme, leurs défis ont beau être foufous, on ne voit pas d'autre intérêt de que flatter l'ego masculin sans pour autant faire palpiter le film. Or arrive sur la pointe des pieds une certaine Fay Wray (deux ans avant de s'enticher d'un fameux gorille géant), amoureuse des deux gars (et réciproquement) et désireuse de pimenter l'intrigue en menaçant son régulier de le quitter avec l'autre s'il n’arrête pas trois secondes ses loopings. Le film vire au drame sentimental gentiment tendu, une lettre de rupture va servir d'objet de suspense, quand d'un coup d'un seul, Dirigible vire au survival impressionnant puisque le plus con-con des deux se retrouve bloqué au Pôle Nord avec son équipage. Capra expérimente ce qui va faire le début de Lost Horizon, photographie superbe, dangers tous les trois secondes et un parfum de mort étonnant. Accroche toi Mimile, car le film vire au stressant et au palpitant. Bon succès à la clé mais ce ne sera pas assez pour un Capra capable, mais pas encore dans un style Capra-esque. T'inquiète Franky, ça arrive.
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Message par Supfiction »

Kevin95 a écrit :DIRIGIBLE - Frank Capra (1931) découverte

En 1931, Frank Capra n'a pas encore le nom au-dessus du titre mais ce n'est pas faute d'essayer. Dirigible est une grosse production d'une Columbia qui essaya de se mesurer aux gros poissons du milieu avec un métrage tout en grands sentiments, séquences spectaculaires et dépaysement. Des potes casse-cou, un poil kékés, ne cessent de comparer leur b... bravoure en frimant via des défis pas possibles avant que l'un trahisse l'autre puis que l'autre se lance dans une expédition dangereuse juste pour foutre la honte à son comparse. A ce niveau, rien de bien exceptionnel. Les deux gus fanfaronnent à défaut d'avoir du charisme, leurs défis ont beau être foufous, on ne voit pas d'autre intérêt de que flatter l'ego masculin sans pour autant faire palpiter le film. Or arrive sur la pointe des pieds une certaine Fay Wray (deux ans avant de s'enticher d'un fameux gorille géant), amoureuse des deux gars (et réciproquement) et désireuse de pimenter l'intrigue en menaçant son régulier de le quitter avec l'autre s'il n’arrête pas trois secondes ses loopings. Le film vire au drame sentimental gentiment tendu, une lettre de rupture va servir d'objet de suspense, quand d'un coup d'un seul, Dirigible vire au survival impressionnant puisque le plus con-con des deux se retrouve bloqué au Pôle Nord avec son équipage. Capra expérimente ce qui va faire le début de Lost Horizon, photographie superbe, dangers tous les trois secondes et un parfum de mort étonnant. Accroche toi Mimile, car le film vire au stressant et au palpitant. Bon succès à la clé mais ce ne sera pas assez pour un Capra capable, mais pas encore dans un style Capra-esque. T'inquiète Franky, ça arrive.
Dommage, pas de dvd.
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Kevin95 »

Supfiction a écrit :
Kevin95 a écrit :DIRIGIBLE - Frank Capra (1931) découverte
Dommage, pas de dvd.
La Tek a étonnamment diffusé un DCP impeccable. Sortie future ?
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par bruce randylan »

Kevin95 a écrit :DIRIGIBLE - Frank Capra (1931) Dirigible vire au survival impressionnant puisque le plus con-con des deux se retrouve bloqué au Pôle Nord avec son équipage. Capra expérimente ce qui va faire le début de Lost Horizon, photographie superbe, dangers tous les trois secondes et un parfum de mort étonnant. Accroche toi Mimile, car le film vire au stressant et au palpitant. Bon succès à la clé mais ce ne sera pas assez pour un Capra capable, mais pas encore dans un style Capra-esque. T'inquiète Franky, ça arrive.
Faudrait que je me le refasse car j'ai plus beaucoup de souvenirs :?

Et je prends le relais avec ses deux réalisations pour Harry Langdon (la cinémathèque n'a pas jugé bon de diffuser Tramp, tramp, tramp)

L'athlète incomplet / The strong man (1926)
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Un soldat belge est devenu l'assistant d'un culturiste allemand qui l'avait fait prisonnier durant la première guerre mondiale. Une tournée aux USA est peut-être l'occasion pour le timide belge de rencontrer sa correspondante américaine.

Moyennement convaincu par cette comédie dont mes griefs reposent surtout sur la figure (sens propre comme figurée) de Harry Langdon, artiste qui me laisse pour le moins perplexe. Ici, il abuse lourdement de son air de pompon ahuri qui ne semble pas comprendre ce qui se passe autour de lui. Car ces moments d'hébétudes sont longs, terriblement longs et finissent par totalement casser le rythme du film d'autant que ses mimiques répétitives lassent tout autant rapidement.
Non seulement l'étirement des séquences n'apportent rien mais en plus elle desservent plusieurs gags ou comiques de situation qui sont pourtant bien là sur le papier. Capra et son comédien oublient que le principale dans une comédie (et à fortiori dans un burlesque) est le timing et le tempo. La redondance des actions-réactions des interlocuteurs face à Langdon (ou l'inverse) finit par tomber dans une routine bien plate. Par exemple la longue scène dans le bus où Langdon se tartine de fromage par mégarde pourrait être drôle mais la mise en place est tellement laborieuse qu'on est un peu gêné de voir le temps se figer aussi longtemps. Et je suis pas sûr que cette gêne était le ressort humoristique voulu.

Pourtant la réalisation de Capra a ses bons moments entre une criminelle qui cherche à tout prix à se faire porter dans sa chambre, la guerre de tranchée au début du film (avec l'oignon remplaçant le gaz moutarde :mrgreen: ) ou le final où Langdon doit faire face à une foule hargneuse (et qui possède quelques placements de caméra audacieux).
C'est peut-être dans le registre romantique que The strong man surprend le plus positivement avec la rencontre entre le héros et sa correspondante aveugle (ce que Langdon ignore) et qui possède un formidable découpage dont Chaplin s'est forcément rappelé pour les lumières de la ville.

Long Pants / sa dernière culotte (1927)
Image

Un garçon timide et romantique pense qu'un pantalon (à la place de ses culottes courtes) lui permettra de rencontrer l'amour. Il croise à ce moment une criminelle en fuite.


Autrement plus enthousiaste pour ce titre où justement Langdon ne fait pas du Langdon (du moins seulement durant le premier tiers). Son jeu est plus varié et l'absence de pause pour mettre en avant son regard perdu et perpétuellement surpris permet une cadence plus soutenu. Et comme le comédien sort d'un registre plus enfantin, l'humour peut aussi devenir plus grinçant comme lors de l'irrésistible et géniale séquence où il conduit sa fiancée dans la forêt avec le désir de l'abattre d'un coup de revolver. C'est clairement dans les séquences les plus longues que le film est le plus drôle, avec toute une mécanique parfaitement huilée pour faire durer la situation avec un certain bonheur et toujours un découpage très précis et rigoureux. Le deuxième morceau de bravoure est donc Langdon face à la fugitive enfermée dans une caisse en bois où de nombreux éléments extérieurs viennent ralentir leur fuite : circulation, ampoules en verre, marionnette d'un policier et même un alligator :mrgreen:
La conclusion est en revanche un brin laborieuse pour montrer que la femme que Langdon aime n'est celle qu'il imaginait. Mais le film évite malgré tout un discours moralisant (qui plombait aussi un peu the strong man).
Très étonnée aussi par la fluidité des mouvements de caméra entre l'ouverture dans la librairie avec les livres en gros plans, les longs mouvements de grue dans la fôret ou encore les plongées à la verticale sur Langdon cherchant à attirer l'attention d'une passagère à l'arrière voiture en panne.
On sent vraiment que Capra expérimente dans la réalisation avec un certain bonheur.

La séance était également accompagnée de la bande-annonce de Say it with sables (1928), seul élément survivant du film. Avec moins d'une minute, difficile de se faire une idée de cette comédie (dramatique ?) où l'on devine qu'une femme d'origine modeste vas venir semer la zizanie dans un environnement mondain et vraisemblablement hypocrite. Les quelques plans donnent le sentiment d'un film spirituel et sophistiquée. Mais c'est vraiment de la pure spéculation.
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Alexandre Angel
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Alexandre Angel »

bruce randylan a écrit :L'athlète incomplet / The strong man (1926)
bruce randylan a écrit :Long Pants / sa dernière culotte (1927)
Est-ce que c'est dans un des deux que Langdon, attablé avec un mec qui le toise, ne sait plus où se mettre, tout intimidé, tout accablé, avant qu'il ne décoche un coup de poing fulgurant dans la gueule du facheux?
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par bruce randylan »

Pas d'après ma mémoire défaillante
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Re: Frank Capra (1897-1991)

Message par Alexandre Angel »

Merci :wink: Ce que je t'ai décrit m'avait fait hurler de rire (et là aussi, il jouait beaucoup sur l'attente) et c'était un extrait.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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