Les mousquetaires de l'air / Flight (1929)
Un footballer américain, un peu tête en l'air, a la mauvaise idée de marquer sans le vouloir contre camp. Devenu la risée de la ville, il est réconforté par un pilote de l'armée. Le sportif disgracié décide alors de s'engager mais il manque toujours de confiance en lui.
La renommé de Charles Lindbergh et de sa traversée de l'Atlantique a dû passionner l'Amérique et les producteurs de cinéma au point d'avoir conçu quantité de films autour de l'aviation de la fin des années 20 au début des années 30. En même temps que Ford, Wellman, Hawks, Garnett (et sans beaucoup d'autres), Capra a donc lui aussi pris la piste d'envol avec
Flight, son deuxième parlant qui semble justement un parfait prétexte pour s'échapper des studios qui avaient fortement plombé
L'affaire Donovan. Ce nouveau film se déroule donc en majeure partie en extérieur avec plusieurs mouvements de caméra encore un peu hésitant et timide mais qui permettent de prendre un bol d'air revigorant. Capra semble même en faire un réel parti pris puisque que pour une grande majorité des plans aérien, les acteurs se trouvaient bel et bien dans les avions, captés par des caméra embarquées. Si on oublie quelques transparences qui se devinent (notamment au début), on est parfois impressionné par les plans à l'intérieur des avions qui offre un sentiment de vitesse assez impressionnant, surtout lors du raid lors des plongées sur la plaine grouillante de révolutionnaires mexicains. De plus, les comédiens n'ont pas été doublés, ce qui augmente la réussite de ses séquences aériennes.
Pour le reste, rien de nouveau, Capra réunit pour la seconde fois (sur trois) Jack Holt et Ralph Graves (qui est à l'original du scénario) via une intrigue qui décline un peu trop facilement celle de
Submarine (et
Way of the strong) : l'amitié entre deux hommes aux métiers dangereux avec l'intrusion d'une femme comme objet de la discorde. Les acteurs reprennent ainsi exactement les mêmes rôles (Holt en officier dépité qui refuse de secourir son copain suite à la "trahison" de ce dernier qui lui a piqué la fille de ses rêves).
Capra sauve un peu les meubles grâce à l'humanité de ses personnages dont la psychologie évite le pré-fabriqué mais peine tout de même à se renouveler.
L'intérêt n'est donc qu'épisodique, quelques scènes sortant du lot et on sent les acteurs un peu guindés par la prise de son qui semble contraindre leur dynamisme.
C'est surtout lorsque que Holt demande à Graves d'intervenir en sa faveur auprès de la belle que le film décolle véritablement, enchaînant rapidement avec la grosse scènes d'attaque assez réussi pour le coup. Pas de quoi rivaliser en tout cas avec
Submarine et
Dirigible qui encadre cet opus mineur.
Dans le genre raretés, la cinémathèque a aussi diffusé ses deux premiers courts-métrages
The italian warship Lybia (1921) est un documentaire sur la venue d'un navire de guerre italien qui fait la joie des compatriotes exilés aux USA.
Si les 32 minutes sont bien longues pour un tel évènement (au final bien maigre), on peut s'amuser de constater que l'apprenti cinéaste préfère déjà filmer des gens simples plutôt que les officieux et les responsables politiques qui sont à peine survoler. Capra s'attarde donc plus longtemps sur les marins, les habitants mais aussi sur les cuisiniers, serveurs et convives qui s'attablent avec joie à un repas copieux, arrosé et festif.
Passé ce regard (à valeur rétroactive), force est de constater que ça reste un documentaire plutôt médiocre et bien trop étiré.
Fultah Fisher's boarding house (1922) est un court métrage de fiction de 17 minutes plus proche du pessimisme naturaliste du
Fièvre de Delluc (dont l'intrigue et le climat sont très proches) que de ses futures comédies. C'est là encore avant tout une curiosité puisqu'on est clairement devant un premier film amateur (tant devant que derrière la caméra) assez maladroit et dont la trop courte durée empêche au drame de fonctionner. Cependant on devine que le cinéaste croit en son histoire dont les derniers plans possèdent malgré tout une force indéniable.
Le film appartient à Lobster donc possible qu'on voit ça un jour en France même s'il se trouve déjà en bonus de l'édition criterion de
New-York - Miami