L'enjeu (State of Union - 1948)
Tout à fait estimable mais ça n'a plus grand chose de vraiment nouveau à proposer, surtout après Meet John Doe où l'on retrouve une journaliste cynique qui cherche à pousser un homme à faire carrière dans la politique. C'est très prévisible et on connaît déjà la structure d'avance (surtout le dernier acte où le manque de renouvellement de Capra se fait sentir). Ca passe par quelques raccourcis et facilités psychologiques un peu trop accommodantes. Moyennement convaincu par Hepburn dans une registre comique dans la dernière scène (quand elle dit ses 4 vérités alors qu'elle est déjà bien avinée).
Malgré tout le film a tout de même ses bons moments comme la description assez touchante des relations compliquées du couple Hepburn/Tracy (très jolie séquence où ils doivent dormir dans la même chambre d'hôtel). Sur ce point, et les évocations d'adultères, le scénario va tout de même très loin en bravant la censure.
Il y a aussi quelques passages très amusants avec Tracy qui décide de faire la casse-cou en avion avant de sauter en parachute (pas super crédible mais bon). Et il y a d'autres scènes stupéfiantes sur les coulisses du pouvoir avec les tractations et les négociations autour des votes par communauté ou syndicats. J'aurais préféré que le film approfondisse cette dimension là plutôt que d'esquiver pendant longtemps la pure dimension politique. C'est intéressant d'être dans une approche plus intime et personnelle de la course au pouvoir mais au bout d'un moment, on a quand même envie d'entendre les discours de Tracy plutôt que d'entendre de rapides compte-rendus.
La course de Broadway Bill (1934) est une petite comédie assez inoffensive et plaisante. Les personnages sont plutôt attachant et l'écriture personnelle, ce qui n'empêche pas le film de tomber dans une certaine routine où il n'est nul besoin d'être devin pour anticiper les rebondissements.
Cela dit, il y a tout de même un moment plus sombre qui surprend agréablement au milieu de tout ça.
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Je m'attendais à pire à la lecture du scénario (et connaissant sa réputation) et ça passe pas si mal au final.
C'est bien-sur totalement mineur (voire dispensable) ; pour autant, plus le film avance, plus Capra semble gagner en confiance et trouver ses marques. Après un début lénifiant (avec chanson au milieu d'orphelins les yeux humides) et un déroulement plus que basique, la dernière partie se révèle assez drôle et enlevée une fois que Alexis Smith commence à effectuer sa mue, sous l'impulsion de Crosby. Le répétition du mariage est à ce titre irrésistible. Et j'avoue que Franchot Tone vole la vedettes à chaque fois face à Bing Crosby (dont je ne suis pas un grand fan).
A noter quand même dans la première partie, la séquence originale avec la lecture de l'enregistrement en vinyle où Jane Wyman apparaît en hologramme sur la platine (avec plein de gags sur les rayures & cie).
Par contre, je ne sais pas où 50 ans de cinéma américain a vu un plan-séquence (et encore plus fluide) sur la chanson In the cool, cool...