Le film qui a déclenché votre cinéphilie

[The Eye Of Doom]

Cela s'est déroulé en deux temps.

J'allais au ciné comme tout le monde je pense, jusqu'au jour où vers mes 19 ans j'ai vu par hasard 11 séances de films (longs, moyens, courts) de Buster Keaton sur 7 jours dans le cadre d'un cycle "exceptionnel".
J'ai compris en voyant ces films ce qu'était la mise en scène et comment cette mise en scène traduisait un regard sur le monde.
Ceci m'avait complément échappé dans les films que j'avais pu voir avant, même lorsque ceux ci m'avaient beaucoup plu (Duel de Spielberg par exemple) voire bouleversé (La Fureur de Vivre de Ray). J'etais resté à la surface de ces films.
Le regard de Keaton sur le monde et la place de l'homme dans celui-ci ma fasciné. Je n’avais jamais reçu un message de ce type et de cette puissance sous quelque forme que ce soit (Télé, Livres, BD, …)

Deuxième temps quelques mois plus tard lors d’une séance de ciné club de la 3, que je m’étais mis à regarder de plus en plus souvent.
Un cycle Gene Tierney avec comme premier film Laura. Je pensais que Gene Tierney était un acteur (comme Gene Kelly quoi !) et avait vaguement lu quelque part que Laura était un film connu… Le choc a été violent et a laissé des traces durables… Mais c’est la semaine suivante qu’à eu lieu la véritable révélation avec la vision de Shanghai Gesture : un metteur en scène me dévoilait quelque chose de ma personnalité la plus intime que je ne soupçonnais pas. Comment cet homme avait’il pu mettre dans un film certaines de mes visions les plus inexprimées ?

A partir de ce jour j’ai cherché à voir toute l’œuvre de Sternberg bien sur mais aussi a tout découvrir du Cinéma, sans a priori ni de sujet, ni de style, ni d’époque. Je pense que c’est une définition du cinéphile.

[angel with dirty face]

Je pensais que Gene Tierney était un acteur (comme Gene Kelly quoi !) et avait vaguement lu quelque part que Laura était un film connu…

C'est marrant! Il y a la même chose dans Radio Days (1987) de Woody Allen, mais c'est Dana Andrews qui est pris pour une actrice...

[Hitchcock]

J'ai vu Le Crime était presque parfait à 12 ans ce qui a fait que je me suis intéressé aux films d'Hitchcock. Ensuite, après le visionnage de La Mort aux Trousses en 1984 j'ai commencé à m'intéresser au cinéma, en particulier des années 1950. Enfin, c'est Le Brigand Bien-Aimé puis Le Passage du Canyon, vus avec mon père en 1985, qui sont à l'origine de ma passion pour les westerns.

[francesco]

Quand j'étais adolescent je passais de longs séjours chez mes grands-parents en Espagne. La culture du cinéma hollywoodien était très importante là bas (l'est toujours d'une certaine manière). Du coup je voyais l'été Autant en emporte le vent, African Queen, My Fair Lady etc... sans me poser de questions et sans trop différencier ça du reste. Je me rappelle aussi avoir enregistré de moi même certains films (Le Prisonnier de Zenda, Robin des Bois, Anna Karénine ...) soit parce que j'avais lu le roman, soit parce que je voulais voir une actrice d'un des films que je connaissais dans autre chose. Bref, ça germait sans vraiment de film "phare".
Quand je suis arrivé en terminal, Brion a passé un cycle "Hitchcock" et adolescent encore j'avais dévoré pas mal de romans de Daphné du Maurier parce que ça faisait partie des livres qu'on lisait chez moi. Ma grand-mère me répétait tellement qu'il fallait voir Rebecca que je me suis interrogé et j'ai visionné et adoré le film. A partir de là j'ai suivi le cycle, avec le sentiment que de toute manière, il était indispensable d'avoir vu ces films ne serait-ce que pour une question de culture générale. Après le cycle Hitch' est venu un cycle comédie américaine (Sérénade à trois, cette sacrée vérité, L'extravagant Mr Deed, L'impossible Mr.Bébé, Sylvia Scarlett ...) qui m'a donné des bases et des références avec lesquelles je suis arrivé à la médiathèque de ma ville pour changer mon abonnement (et passer, si vous suivez cette passionnante histoire en forfait video ). Plutôt branché film en costumes j'ai emprunté presque immédiatement L'Insoumise de Wyler, deuxième coup de foudre (j'ai vu le film littéralement deux fois de suite ...)

Bref, comme souvent chez moi c'est encore plus lié à ce que je lisais ou entendait qu'à un goût spontané pour une oeuvre incontournable ..

[Commissaire Juve]

J'aurais pour ma part bien du mal à isoler un film précis, surtout que pendant longtemps, je n'avais pas conscience d'être cinéphile...

Idem. Je sais que j'avais cinq ans et un mois pour mon premier film en salle (Mary Poppins). Dans les années qui ont suivi nous sommes allés très régulièrement au cinéma, j'ai passé d'innombrables moments à examiner les affiches et les photos d'exploitation du cinéma de quartier, j'ai vu une foule de films à la télé ; mais de là à parler de cinéphilie, euh...

Si la cinéphilie démarre au moment où l'on prend la décision d'aller revoir un film... c'était donc pendant les vacances de la Toussaint 1978, à Marseille (cinéma Paris 3), pour Molière d'Ariane Mnouchkine. J'y suis d'abord allé en famille puis j'y suis retourné tout seul. A partir du lycée, j'ai continué à aller voir des films tout seul. Mi-juin 81, il y a eu la journée "24 heures de cinéma non-stop" sur Antenne 2 ; j'ai regardé tout ce que j'ai pu. Enfin, au milieu des années 80, en voyant certains films sur magnétoscope chez des copains (nous n'en avons jamais eu à la maison), j'ai souvent pensé que si j'avais eu une de ces machines, je me serais fait une super collec de films en noir & blanc. En noir & blanc, hein... pas en couleur !

A partir de là, je pense pouvoir dire que j'avais la fibre "cinéphile".


EDIT : et quand on se met à garder les tickets de cinéma... ça compte ? (parce que... j'en ai des vieux... qui remontent à 80 / 81 !)

[Supfiction]

EDIT : et quand on se met à garder les tickets de cinéma... ça compte ? (parce que... j'en ai des vieux... qui remontent à 80 / 81 !)

J'ai gardé tous mes tickets de cinéma depuis Le grand bleu en 1988. (ça prend moins de place que les bouchons de bouteilles de vin!)
Mon souvenir le plus fort reste la vision de La guerre des étoiles. J'ai mis des heures à m'en remettre.. en fait je ne m'en suis toujours pas remis.

En revanche je suis incapable de dater mon intérêt pour le cinéma naphta. Je crois que c'est venu petit à petit quand j'ai commencé à vouloir revoir des films que je n'avais pas vu depuis les séances de Mr Eddy (c'est finalement ses séances du mardi soir qui m'ont marquées à vie sans que je ne m'en rende compte vraiment.. ah cette fameuse séance 3D !). Et puis il y a eu la claque de la découverte des Franck Capra..

A l'époque il n'était pas si aisé que ça de découvrir ces films si l'on était pas dans un environnement propice (pas de magnetoscope, pas de Canal+, pas de médiathèque, pas d'initiateur si ce n'est quelques copains mieux équipés à la maison).

Pour le plaisir ..

[Gentleman Jim]

Ce n'est pas un film, c'est La dernière séance d'Eddy Mitchell.
Si, je devais cependant citer un film, je dirais Frenzy d'Hitchcock.

[Federico]

Je ne pourrai pas citer un titre en particulier. Ça doit être vers 16-17 ans que j'ai vraiment commencé à chercher à en savoir plus sur tel ou tel réalisateur ou acteur (et de fil en aiguille sur les chef op', les musiciens...). Bien sûr, des passeurs comme Claude-Jean Philippe et Patrick Brion (mais aussi Schmoll) y furent pour beaucoup... ainsi que l'écoute quasi rituelle du Masque et la plume (époque Charensol) le dimanche soir. Et, comme The Eye Of Doom un peu plus haut, le cycle Gene Tierney du CDM (en 1981 ou 82) fut un des moments décisifs, de même que ses nombreux cycles Films Noirs.

[kiemavel]

Les demoiselles de Rochefort...qui est lui-même le film d'un cinéphile. Un film découvert tout gamin, avant l'âge de 10 ans et en apparence oublié. Pendant des années, ce film ne m'est plus revenu que par flash et bizarrement ado je n'ai plus été été attiré par la comédie musicale si bien que je suis passé à coté de ce film et des autres Demy à part Les parapluies mais je n'avais pas fait le rapprochement avec ce vague souvenir. Ironiquement, je suis par contre parfois tombé à la radio sur la chanson des jumelles en me disant "J'adore…çà pourrait être çà ?"…puis on passe à autre chose. Et enfin vers la vingtaine, à la suite de la vision de plusieurs grands musicals américains, j'ai allumé la TV pour une diffusion tardive des demoiselles et j'ai gardé un souvenir très précis de l'éblouissement que j'ai ressenti dès les séquences d'ouverture sur le pont transbordeur. C'était ÇÀ !!! Depuis, j'ai fait le pèlerinage à Rochefort et ce film est toujours l'un de mes préférés.

[Shrek83]

Tiens je me pose la question depuis que je suis tombé sur ce sujet et cette question et comme beaucoup ce n'est pas un film particulier qui me vient à l'esprit, bien sûr beaucoup de titres mais pas forcement un en particulier. Par contre oui un environnement, les séances avec mes parents, mais aussi et surtout des émissions, et plus particulierement "Les dossiers de l’écran" d'Armand Jammot, je crois vraiment que ce rendez vous hebdomadaire époque Alain Jérôme, film plus débat ensuite, reste ancré comme le départ d'une passion....et ce générique...

[Supfiction]

Tiens je me pose la question depuis que je suis tombé sur ce sujet et cette question et comme beaucoup ce n'est pas un film particulier qui me vient à l'esprit, bien sûr beaucoup de titres mais pas forcement un en particulier. Par contre oui un environnement, les séances avec mes parents, mais aussi et surtout des émissions, et plus particulierement "Les dossiers de l’écran" d'Armand Jammot, je crois vraiment que ce rendez vous hebdomadaire époque Alain Jérôme, film plus débat ensuite, reste ancré comme le départ d'une passion....et ce générique...

On se rejoint là dessus. Vraiment difficile d'identifier 1 film précis. Pour toi c'est "Les dossiers de l’écran", pour moi c'est "La dernière séance" et cette fascination pour le "savoir" de Mr Eddy lorsqu'il présentait les séances..

[Shrek83]

Attention j'ai une grande admiration pour Mr Eddie et sa dernière séance (et toute ses carrières), mais qui arrive temporellement après "mes" dossiers de l’écran....
Eddie Mitchell est plus dans un cinéma américain année 50/60 et Western, que j'aime aussi, les dossiers pouvaient aborder tous les styles du moment que cela illustrait le sujet du débat.....
Mais, en fait, c'est effectivement je pense lié à une époque où la culture cinématographique était encore présente gratuitement et en quelque sorte promue à la télévision.....même si j'ai conscience que ce discours fait un peu passéiste...

[Barry Egan]

A 17 ans, "Un Chien Andalou" de Buñuel, que j'ai voulu voir parce que j'écoutais ça en boucle :

[Mangus]

Ce n'est pas un film mais la collection de films.

[Chip]

" Man without a star" (l'homme qui n'a pas d'étoile) de King Vidor, vu à sa sortie française en 1955, et revu une quinzaine de fois depuis.