L'enfer blanc du Piz Palü (G.W. Pabst - Arnold Fanck - 1929)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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phylute
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Message par phylute »

Allez, un bémol dans ce concert de louanges...
Je me suis profondemment ennuyé tout au long de ce film. Vraiment 2h10 interminables. Dans le refuge, lors du sauvetage, rien ne m'a interpellé. Je n'ai pas ressenti la majesté de la montagne évoquée plus haut, je n'ai pas été touché par le destin des personnages. il y a bien sûr une photo de toute bôté, des scènes admirables (celle dans la caverne de glace), mais vraiment (et je dis ça en toute subjectivité) je ne suis rentré à aucun moment dans ce film. Et j'en suis le premier déçu.
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Julien Lepers
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Message par Julien Lepers »

:shock:

Pabst: un pédé qui faisait pas des films de pédé.
bruce randylan
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Message par bruce randylan »

:lol:
Je l'aurais pas dit comme ça mais y-a de l'idée.

J'avais trouvé pour ma part la montagne incroyablement fascinante ( un personnage à part entière ). Les images vraiment spectaculaires sont d'une beauté incroyable et l'aventure fonctionne véritablement.
Uné véritable révélation lors de sa diffusion.
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Message par JaimzHatefield »

Désirant revoir le film, j'ai commandé le nouveau zone 1 après avoir hésité avec l'édition Arte. Je laisserai à l'occasion quelques mots au sujet de la qualité du transfert quand je l'aurai reçu.
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Message par JaimzHatefield »

Le transfert du Kino Video (zone 1) est pas mal du tout, on voit qu'il a été restauré, mais j'ai quand même décelé la présence de "ghosting" (la source doit donc probablement être en PAL)... Rien de catastrophique pour autant, néanmoins ça peut déranger les plus maniaques. Les intertitres sont en anglais.

Peut-être devrait-on préférer l'édition PAL zone 2 d'Arte, mais je ne sais pas ce qu'il en est de la langue des intertitres (des sous-titres français ou anglais seraient bienvenus pour les non-germanophones).
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Demi-Lune
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Re: L'Enfer blanc de Piz Palu

Message par Demi-Lune »

Attention chef-d’œuvre. G. W. Pabst se charge de la réalisation des scènes de studio tandis qu'Arnold Fanck, spécialiste allemand de l'époque des films d'alpinisme, signe toutes les séquences de montagne, qui resteront dans les mémoires pour leur beauté spectaculaire. C'est une véritable collection de plans à couper le souffle !! Un des plus grands films muets que j'aie vus, au langage toujours très moderne grâce à l'aboutissement du montage et de la narration visuelle, qui s'impose en outre comme un projet plastique d'une splendeur olympienne. Sa réalisation impressionne d'autant plus si l'on songe que les équipes de tournage ne bénéficiaient pas en 1929 du confort technique qu'on peut avoir aujourd'hui. Les images de Fanck magnifient les Alpes suisses en leur restituant une puissance immaculée, quasi mythologique ; le réalisateur ne se contente pas d'investir un décor majestueux, il en capte l'âme immortelle, sacrée, inviolée. Cela fait toute la valeur de ce film, à la fois prototype (ouverture dramatique à la Cliffhanger par exemple) et sommet dans un genre certes pas très bien loti. Des gouttes s'écoulant sur des stalactites comme une circulation sanguine, le ventre de la montagne creusé de tréfonds abyssaux, des frémissements produisant des avalanches régulières, le souffle sur les crêtes enneigées, sont autant de motifs qui dessinent la silhouette d'un lieu doué de vie et qui menace à tout moment les alpinistes les plus aguerris d'être leur tombeau éternel. L'enfer blanc du Piz Palü exalte une noblesse et un respect vis-à-vis de cet empire géologique qu'est la montagne, qui fascinent considérablement et qui, personnellement, m'ont foudroyés dans leur justesse, leur pureté régénératrice... je pense par exemple à ces exceptionnelles séquences où la chaîne de secouristes, petit cordon de fourmis courageuses prises dans l'immensité du relief, brave les éléments, plonge dans des cavernes insondables avec tous ces fumigènes : dans ces instants inoubliables, le film se fait le témoin d'une rencontre superbe entre l'Homme, humble et brave, et des mondes de glace inexplorés. Ce qui est par ailleurs remarquable, c'est l'équilibre que trouve le film entre l'ode lyrique à la montagne millénaire et le récit d'aventures et de sauvetage : la grandeur de la Nature n'écrase pas les personnages, le trio principal fonctionne extrêmement bien grâce à des acteurs convaincants et des ressorts éprouvés. L'histoire, simple, se révèle d'une redoutable efficacité : c'est simple, je trouve le film absolument parfait en son genre, je crois qu'on ne pouvait mieux faire. L'enfer blanc du Piz Palü est à découvrir de toute urgence !
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Demi-Lune
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Re: L'Enfer blanc (Piz Palu - 1929)

Message par Demi-Lune »

Lol, c'est pas Piz Palu le réalisateur. :mrgreen:
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AtCloseRange
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Re: L'Enfer blanc (Piz Palu - 1929)

Message par AtCloseRange »

Ah, à l'époque, on savait s'amuser sur Classik...
Wagner
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Re: L'Enfer blanc (Piz Palu - 1929)

Message par Wagner »

C'est beaucoup mieux que Vertical limit et Cliffhanger réunis.
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Demi-Lune
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Re: L'enfer blanc du Piz Palü (G.W. Pabst - Arnold Fanck - 1929)

Message par Demi-Lune »

Sur le topic consacré à Pabst, nous avions eu cette discussion :
Demi-Lune a écrit :Thaddeus, Pabst n'a tourné que quelques scènes d'intérieur (celles dans le chalet) pour L'enfer blanc du Piz Palü. Tout le reste, on le doit à Arnold Fanck, spécialiste des films d'alpinisme - et ça se voit.
Même si les deux cinéastes sont co-crédités à la réalisation, je trouve que c'est malaisé de le considérer comme "un film de Georg Wilhelm Pabst".
Alexandre Angel a écrit :C'est la faute à Tarantino! :mrgreen:
Demi-Lune a écrit :Oui voilà, même dans Inglourious basterds, c'est Pabst qui est finalement mis en avant grâce aux monographies du personnage de Fassbender. Thaddeus n'est donc pas le premier à commettre cette (petite) injustice. Disons que ça aide peut-être au prestige et à la mise en lumière de ce film (encore trop méconnu malheureusement, malgré la désormais célèbre séquence de la taverne dans le Tarantino où Fassbender brode autour du film) que de faire pencher la balance du côté de la paternité de Pabst, qui est un cinéaste important de cette époque, "noble". Arnold Fanck, comparativement, est un cinéaste plus confidentiel, et dont la spécialisation dans ce sous-genre du film alpin, avec la sulfureuse Leni Riefenstahl pour vedette récurrente, condamne peut-être à une image ingrate. Mais c'est vraiment lui le génie visuel qui est à l’œuvre derrière L'enfer blanc du Piz Palü.
Le mec a eu une trajectoire intéressante: il ne s'est encarté au parti nazi que par impératif de survie économique. Mais les Alliés ne lui pardonneront pas les commandes qu'il a honorées pour le régime, et il est interdit de tournage. Il a dû se reconvertir comme ouvrier forestier...
Thaddeus a écrit :Oui, je savais que cette entreprise avait été signée à deux mains mais j'ignorais dans quelles proportions. Parce que le film est bardé d'idées poétiques et formelles, je m'étais bêtement imaginé que l'apport de Fanck n'était que d'ordre strictement technique. C'est vrai que le cadre et le genre tranchent assez radicalement avec les mélos naturalistes troubles et sulfureux pour lesquels Pabst reste le plus célèbre - ceci expliquant sans doute cela.

Edit : merci, c'est encore plus clair avec tes explications intermédiaires.
Arte vient de diffuser un très intéressant documentaire sur cette page méconnue (vue de chez nous) du cinéma muet allemand : le couple Fanck/Riefensthal, avec pour fil rouge, le tournage épique de SOS Iceberg. L'occasion de remettre en lumière un cinéaste baroudeur et pionnier (dans l'usage du ralenti, notamment) dont l'esthétique aurait plus influencé Leni Riefensthal qu'elle ne souhaitait l'admettre.

https://www.arte.tv/fr/videos/064450-00 ... on-mentor/

Retour sur le périlleux tournage du film "SOS Iceberg", qui réunit en 1932 le réalisateur Arnold Fanck et son actrice fétiche Leni Riefenstahl, qui deviendra la réalisatrice de films de propagande du régime nazi ("Le triomphe de la volonté", "Les dieux du stade").

Née à Berlin en 1902, Leni Riefenstahl est l’une des artistes allemandes les plus controversées du XXe siècle. D’abord danseuse, elle est découverte dans les années 1920 par le précurseur du cinéma de montagne Arnold Fanck, qui la prend sous son aile. Ils tourneront ensemble de nombreux films, comme La montagne sacrée (1926), L’enfer blanc du Piz Palü (1929) et Tempête sur le mont Blanc (1930). Mai 1932 marque le début d’un tournage de cinq mois au Groenland pour SOS Iceberg, une coproduction germano-américaine qui constitue à l’époque le projet cinématographique le plus cher et le plus risqué de l’histoire. Ce documentaire revient sur les conditions très difficiles du tournage, ainsi que sur les tournants totalement différents qu’ont pris les carrières de Leni Riefenstahl et d’Arnold Fanck après l’accession au pouvoir des nazis : alors que la première est devenue réalisatrice de films de propagande restés dans les annales (Le triomphe de la volonté, qui relate le congrès du parti nazi de 1934, et Les dieux du stade, sur les Jeux olympiques de 1936), le second a sombré dans l’oubli suite à sa collaboration avec le régime hitlérien.
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