Le Giallo

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
manuma
Décorateur
Messages : 3688
Inscription : 31 déc. 07, 21:01

Re: Le Giallo

Message par manuma »

hellrick a écrit :
Major Tom a écrit : Sinon deux très bon giallo vont sortir avant la fin de l'année chez Exctasy of Films: La lame infernale et Torso...achat obligatoire pour les amateurs (surtout le premier!) :D
Super nouvelle pour le Dallamano, que je ne possédais jusqu'alors qu'en VHS (sous le titre L’âme infernale !). Tu en sais un peu plus sur le contenu de cette édition ...
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Quelques mots d'Exctasy of films

"Alors "La Lame Infernale" le 29 octobre, "La Guerre des Gangs" le 26 Novembre et "Torso" le 20 décembre !!! Attention : les dates ne sont pas définitives. Une annonce sera faite d'ici une semaine !!!"

Ils annoncent de gros suppléments pour Torso, dont une itw de Luc Merenda :wink:

Image
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
manuma
Décorateur
Messages : 3688
Inscription : 31 déc. 07, 21:01

Re: Le Giallo

Message par manuma »

Merci pour l'info. Trois titres incontournables pour l'amateur de bis transalpin, en tout cas ...
Avatar de l’utilisateur
locktal
Assistant opérateur
Messages : 2474
Inscription : 19 mars 11, 01:03
Liste DVD
Localisation : Dijon

Re: Le Giallo

Message par locktal »

Même si ce n'est pas vraiment un giallo, je poste un avis rapide sur le fascinant Le orme !

Le orme (Luigi Bazzoni, 1975)
Image

Sorte de thriller mystérieux (bien qu'il soit classé dans les giallos, le film n'en a pas vraiment les caractéristiques) et atypique, Le orme développe un suspense déroutant et troublant dans une ambiance onirique et presque mortifère, magnifiée par l'impressionnante photographie de Vittorio Storaro. Bazzoni offre une oeuvre pleine de zones d'ombre, conçue comme un puzzle dans lequel le spectateur découvre au fur et à mesure les pièces, en même temps que l'héroïne superbement interprétée par Florinda Balkan, débouchant sur le portrait poignant d'une jeune femme à la recherche de ses souvenirs et peut-être en proie à la schizophrénie ou la paranoïa, comme un voyage intérieur où la protagoniste serait passée de l'autre côté du miroir (elle s'appelle Alice, d'ailleurs). La fin est vraiment magnifique d'ambiguïté...

Je remercie hellrick pour la découverte de ce joyau méconnu... Espérons une sortie en DVD dans nos contrées, car ce film le mérite amplement...
"Vouloir le bonheur, c’est déjà un peu le bonheur"
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

SPIDER LABYRINTH

Image

En 1988, le cinéma de genre italien est, malheureusement, à l’agonie. Excepté Dario Argento et Michele Soavi, les ténors du fantastique ont désertés les grands écrans pour se consacrer à la plus lucrative petite lucarne. Quelques nostalgiques tentent, pourtant, de maintenir en vie le giallo via des oeuvrettes abâtardies et américanisées comme le FOU A LIER de Umberto Lenzi ou le BODY COUNT de Ruggero Deodato, lesquels tiennent, en réalité, essentiellement du slasher.

Pourtant, un débutant, Gianfranco Giagni, dont ce sera d’ailleurs l’unique long-métrage pour le cinéma, va ramener sur le devant de la scène ce sous-genre typiquement italien. SPIDER LABYRINTH s’inscrit, en effet, dans la lignée des œuvres de Dario Argento et Mario Bava (on pense surtout à OPERATION PEUR), tout en reprenant le principe déstabilisant des thrillers horrifiques des seventies comme LA MAISON AUX FENETRES QUI RIENT, JE SUIS VIVANT ! ou THE PERFUME OF THE LADY IN BLACK. Si le résultat, très influencé par les écrits d’Howard Philip Lovecraft et sa mythologie des « Anciens dieux », n’est pas exempt de défauts, il se révèle une plaisante surprise conduite à un rythme trépidant.

Un spécialiste des langues anciennes, Alan Whitmore, se rend à Budapest pour rencontrer le professeur Roth, lequel travaille à la traduction d’une tablette religieuse millénaire. Dès son arrivée, Whitmore se sent menacé par de mystérieux individus tandis que Roth est découvert pendu. Une étrange secte vouant un culte à un antique dieu-araignée pourrait être responsable de cette mort et, peu à peu, Whitmore se perd dans cette toile macabre en compagnie d’une trop belle et mystérieuse demoiselle.
Sur un scénario devant beaucoup à INFERNO et à la trilogie (alors inachevée) des Trois Mères, Gianfranco Giagni construit une œuvre intéressante qui élabore une intrigue labyrinthique et cauchemardesque, sans jamais renier ses divers emprunts. Outre Dario Argento et Mario Bava, le climat putride de décrépitudes rappelle les poèmes morbides de Lucio Fulci et rend le long-métrage angoissant lors de scènes d’horreur organiques et sexualisées.

Filmé à Budapest avec un budget correct et un casting hétéroclite qui comprend, entre autre, Stéphane Audran et le vétéran William Berger, SPIDER LABYRINTH se présente donc comme un habile melting-pot d’influences dans lequel le style se révèle supérieur à la substance. Difficile, en effet, de réellement comprendre toutes les implications d’un scénario volontairement nébuleux dans lequel se débat un « étranger en terre étrangère » aux prises avec un culte maléfique vieux de cinquante siècles. Par conséquent, l’atmosphère prédomine dans cette quête entreprise par le héros pour découvrir une sombre vérité (dans l’esprit de THE WICKER MAN) tandis que, dans la tradition du giallo, divers protagonistes meurent assassinés à l’arme blanche. Des mises en scènes sadiques et inventives même si Gianfranco Giagni se contente souvent de reprendre les idées visuelles développées par ses maitres à penser. Une touche discrète d’érotisme ponctue, bien naturellement, cette péloche à la violence stylisée.

Les révélations successives du climax paraissent d’ailleurs quelque peu précipitées et le long-métrage se conclut de façon abrupte même si le cinéaste propose une séquence finale impressionnante, confectionnée par le maquilleur Sergio Stivaletti. Si les effets spéciaux trahissent leur âge et ne sont pas pleinement convaincant, l’imagerie macabre développée par le cinéaste se montre, pour sa part, effective et réussie, rappelant, toutes proportions gardées, les incroyables mutations de THE THING.

A la croisée de l’horreur gothique, du giallo de conspiration et du fantastique mythologique de Lovecraft, SPIDER LABYRINTH constitue une réalisation imparfaite mais surprenante et agréable à visionner. Son pouvoir de fascination garder l’attention du spectateur en éveil jusqu’à la répugnante scène finale qui devrait donner des cauchemars aux arachnophobes. Dans la masse des sous-produits italiens des années ’80, SPIDER LABYRINTH s’élève largement au-dessus de la moyenne et mérite d’être redécouvert par les amateurs!
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

FRISSONS D'HORREUR
Image

Réalisé par Armando Crispino un an après son étrange OVERTIME, ce giallo atypique mêle divers éléments (fantastique, horreur, drame) sur une intrigue mystérieuse dont de nombreux éléments ne seront, au final, jamais élucidé.

A Rome, une jeune femme qui prépare une thèse sur le suicide, Simona, constate que l’augmentation récente des décès violents pourrait être liée à une activité solaire inhabituelle. Dans ce climat, la mort d’une demoiselle sur une plage passe pour un suicide supplémentaire mais le frère de la victime, Paul Lennox, ne croit pas en cette version. Hanté par un passé tragique, Lennox, devenu prêtre, mène sa propre enquête en compagnie de Simona, laquelle ressent à son égard une étrange attirance tandis qu’elle repousse son compagnon, Edgar. Après la mort de son père et plusieurs événements inhabituels, Simona, victime d’hallucinations malsaines, se sent de plus en plus menacée.

Se démarquant des giallo de Dario Argento, alors en vogue, Armando Crispano accouche d’un récit bizarre, volontiers morbide, qui débute de fort belle manière mais s’égare ensuite dans les méandres d’une enquête inutilement complexe et peu crédible. La première demi-heure se révèle pourtant très intrigante : le film suit les pas de Mimsy Farmer (familière du genre vue dans QUATRE MOUCHES DE VELOURS GRIS et THE PERFUME OF THE LADY IN BLACK), belle étudiante en médecine perturbée par ses recherches au point de souffrir d’hallucinations et de frigidité. Ce qui nous vaut d’appréciables séquences décrivant la résurrection de corps à-demi autopsiés. Dans ces passages angoissants, FRISSONS D’HORREUR se rapproche même du cinéma putride de Lucio Fulci et embrasse complètement sa volonté horrifique. Malheureusement, la suite tient davantage du « simple » thriller et peine à maintenir l’intérêt. Pourtant, FRISSONS D’HORREUR multiplie les sous-intrigues : l’une traite d’une Bible de grande valeur sauvée des inondations de Florence, une autre s’intéresse à l’influence du soleil sur le comportement humain et une dernière brosse le portrait ambigu de la principale protagoniste et de ses difficiles relations de couple.

Si les coupables potentiels ne sont pas très nombreux, le cinéaste prend toutefois soin de les caractériser avec attention. L’héroïne, tout d’abord, semble une candidate de choix : dépressive, frigide, capable de brusque sursauts de violence, elle voit son entourage décimé par une main inconnue et se trouve souvent opportunément sur les lieux des meurtres. Le prêtre, ensuite, est un coupable tout désigné dans le giallo, surtout qu’il s’agit ici d’un ancien pilote de course traumatisé par un accident de voiture ayant couté la vie à plusieurs personnes. Le représentant de Dieu a, par ailleurs, effectué un séjour en hôpital psychiatrique et, comme le souligne le dialogue, gentiment anticlérical, « la frontière est mince entre la camisole et la soutane ». L’attirance trouble de l’héroïne pour ce curé trop tenté par la chair renforce la suspicion du spectateur tandis que le compagnon de Mimsy Farmer, pour sa part, voit d’un mauvais œil cette attirance réprouvée. Enfin, notons un dernier personnage trouble : un assistant médical trop entreprenant qui tente même de violer la jeune femme sur une table d’opération.

Par la nature même des meurtres, camouflés en suicides (à moins que ces derniers ne soient authentiques ?), FRISSONS D’HORREUR se prive des mises à morts imaginatives du giallo et, par conséquent, d’un réel suspense. L’absence de meurtrier ganté de noir et de crimes spectaculaires se voit cependant en partie compensée par un souci du macabre, illustré notamment par de nombreuses photographies de cadavres à divers stade de putréfaction. La nudité, elle aussi, est prononcée, ce qui confère à ce long-métrage singulier la dose requise de pure exploitation.

La musique d’Ennio Morricone se révèle évidemment un atout non négligeable à la fascination parfois exercée par le film mais, hélas, ce-dernier manque grandement de rythme et accuse un sérieux ventre mou durant près d’une heure. Languissant, FRISSONS D’HORREUR ressemble alors à un (honnête) téléfilm policier, toutefois épicé de sexe et de violence.

La scène finale, heureusement, rattrape en partie les faiblesses précédentes et apporte un peu de tension à un ensemble qui manque de suspense et de scènes chocs pour convaincre. Néanmoins, l’originalité de l’intrigue, quelques passages macabres réussis et l’une ou l’autre scènes fascinantes rendent FRISSONS D’HORREUR agréable, à condition de ne pas en attendre un incontournable du giallo.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

THE WASHING MACHINE

Image


Solide artisan du cinéma bis italien ayant œuvré dans de nombreux sous-genres comme le polar musclé (LIVE LIKE A COP, DIE LIKE A MAN), le film catastrophe ( SOS CONCORDE), le rape and revenge (LA MAISON AU FOND DU PARC) et, surtout, le film de cannibales (entre autre via son chef d’œuvre CANNIBAL HOLOCAUST), Ruggero Deodato sombre dès la seconde moitié des années ’80 dans la routine et se reconverti, bon gré mal gré, à la télévision, victime (comme nombre de ses confrères) de la désaffection du public pour le cinéma de genre à petit budget.

En 1992, Deodato tente un comeback sur les grands écrans avec THE WASHING MACHINE, un modeste thriller érotique rattaché au giallo essentiellement par sa nationalité et quelques scènes d’angoisse. Le cinéaste n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai dans le domaine puisqu’il a précédemment tâté du giallo machination avec l’obscur WAVES OF LUST, voire avec LA MAISON AU FOND DU PARC qui en reprend certains éléments. Dans les années ’80, Deodato revient au genre de manière détournée avec LE TUEUR DE LA PLEINE LUNE et le médiocre BODY COUNT, nettement plus proche des slashers forestiers à l’américaine que de ses glorieux ancêtres italiens.

L’intrigue de THE WASHING MACHINE, sur le papier, promet un récit intéressant, sombre, sexualisé et même quelque peu vicieux. Hélas, à l’écran, l’ensemble est surtout confus et barbant. Une jeune femme, Vida, signale la mort de son amant, Youri, dont le corps démembré a été découvert dans une machine à laver. Cependant, le cadavre disparaît et l’inspecteur chargé de l’enquête, Alexander Stacev, ne possède aucune preuve et doute même que le meurtre ait réellement eu lieu. Il interroge Vida, ainsi que ses deux sœurs, Ludmilla et Maria. Toutes les trois vivent ensembles et semblent cacher quelque chose. Stacev soupçonne de sombres rancoeurs et des jalousies mal vécues d’empoisonner l’existence des très libérées frangines qui n’ont froid ni aux yeux ni surtout ailleurs. L’inspecteur, en vrai professionnel, commence à travailler au corps les belles demoiselles…quitte à prendre de gros risques.

THE WASHING MACHINE joue la carte de l’érotisme trouble et suit les pas d’un inspecteur pervers tombant dans les bras de trois suspectes sexuellement agressives. L’intrigue orchestre, dès lors, un piteux jeu du chat et de la souris qui rappelle vaguement le BASIC INSTINCT de Paul Verhoeven, lequel venait – étrange coïncidence – de triompher au box-office et de relancer le « sexy thriller de machination » dont les Italiens s’étaient fait les spécialistes vingt ans plus tôt.

Le scénario, inutilement complexe et mal ficelé, enchaine donc les scènes sans parvenir à passionner, une sous-intrigue à base de trafic de drogue venant encore embrouiller un film qui entremêle, de manière peu claire, rêves, fantasmes, hallucinations et réalités. La construction apprêtée reprend, à plusieurs reprises, les événements ayant mené à la mort du dénommé Youri, racontés sous différentes perspectives, chacune des sœurs ayant une explication différente à fournir. A la manière de RASHOMOON, mais avec beaucoup moins de conviction, THE WASHING MACHINE élabore plusieurs hypothèses et finit par perdre le spectateur dans les différentes pistes envisagées, au point que la révélation finale arrive, en définitive, comme un véritable soulagement.

Heureusement, Deodato ne perd jamais la moindre occasion de dénuder ses actrices avec une bonne volonté réjouissante qui confine souvent à l’humour involontaire. Ainsi, découvrant un cadavre, une demoiselle retire prestement sa robe pour nettoyer le sang en petite culotte et les seins à l’air. Sympathique mais complètement idiot. Le long-métrage est, d’ailleurs, un véritable festival de lingeries fines, de dessous sexy et de tenues fétichistes. Proche des téléfilms érotiques de seconde partie de soirée, THE WASHING MACHINE permet d’assister à un véritable défilé de porte-jarretelles, de bas noirs et de culottes rouges affriolantes. Un régal pour les yeux mais l’intrigue policière passe, forcément, au second plan et manque d’intérêt. Le cinéaste ménage cependant une série de scènes chaudes plutôt osées et souvent teintées de voyeurisme malsain entre les trois sœurs toutes joyeusement nymphomanes. Des passages érotiques filmés, pour la plupart, sous une avalanche de filtres bleutés, très prisés à l’époque mais, aujourd’hui, franchement datés.

Excepté un démembrement bien gore lors du dernier tiers, THE WASHING MACHINE se montre par contre timoré au niveau de la violence, Deodato préférant se concentrer sur la plastique de ses sublimes comédiennes, exposées sous toutes les coutures. Les trois demoiselles (Kashia Figura, Barbara Ricci et Ilaria Borrelli) sont véritablement sublimes et compensent, par leur physique attrayant, leur relatif manque de conviction. De son côté, le Parisien Philippe Caroit, plus connu pour ses rôles à la télévision, s’ennuie totalement et livre une composition léthargique qui échoue à communiquer l’aspect pervers et trouble de son personnage. N’est pas Michael Douglas qui veut !

D’une rare banalité, THE WASHING MACHINE sabote un script pourtant prometteur et n’a d’autre attraits, pour tenir éveiller le spectateur assoupi, que l’anatomie de ces actrices, lesquelles ne ménagent pas leurs efforts lors des nombreuses scènes « hot ». C’est peu mais il faudra s’en contenter pour apprécier ce pseudo giallo bien mollasson qui plaira sans doute davantage aux amateurs d’érotisme que de thrillers.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

JE SUIS VIVANT !
Image

Tourné en 1971, JE SUIS VIVANT ! constitue la première mise en scène d’Aldo Lado, lequel s’illustra, par la suite, avec une quinzaine de titres dont les très réussis QUI L’A VUE MOURIR ? et LE DERNIER TRAIN DE LA NUIT. Avec JE SUIS VIVANT !, Aldo Lado se lance dans la vague du giallo, alors en plein essor dans la Péninsule. Pourtant, le film prend immédiatement ses distances avec les machinations complexes chères à Umberto Lenzi ou les hécatombes meurtrières prisées par Dario Argento. Dans un filon balisé, JE SUIS VIVANT ! trouve, en effet, son originalité et développe une atmosphère paranoïaque et oppressante par le biais d’une intrigue touffue, racontée en flashbacks par un homme considéré comme mort par son entourage.

Gregory Moore, un journaliste travaillant à Prague, reprend conscience sur une table d’hôpital. Son entourage ne se rend pas compte qu’il a été drogué et le considère comme décédé. Dans l’attente d’être autopsié durant un cours d’anatomie, Moore rassemble ses souvenirs à propos de sa dernière enquête, laquelle visait à retrouver sa petite amie, Mira, mystérieusement disparue. Moore, qui devait rentrer prochainement sur Londres, ne croit pas que Mira ait pu le quitter sans avertissement, d’autant que la jeune femme s’apprêtait à fuir l’oppression communiste en sa compagnie. Jessica, une ancienne maîtresse de Moore et Jack, un de ses amis, lui-aussi journaliste, semblent, de leur côté, avoir des idées très différentes concernant la disparition de Mira. Décidé à mener ses propres investigations et peu confiant dans la police officielle, Moore remonte une piste qui mène tout droit à un étrange nightclub, le « 99 », apparemment fréquenté par des satanistes.

A l’image de BOULEVARD DU CREPUSCULE, le premier film d’Aldo Lado transforme un mort (ou plutôt, dans le cas présent, un homme supposé décédé), le narrateur privilégié d’une intrigue labyrinthique située dans la très atmosphérique ville de Prague. Le cinéaste exploite donc de belle manière l’environnement de la capitale tchèque durant les temps troublés du communisme, pointant du doigt la corruption généralisée, l’inefficacité des forces de l’ordre, la peur du peuple, les disparitions inexpliquées et irrésolues, le besoin de distractions des nantis, souvent adeptes de plaisirs interdits,…Tous ces éléments nourrissent le mystère principal : la disparition d’une jeune fille (la belle Barbara Bach), et l’enquête menée par son amant (le Français Jean Soreil, familier du genre pour avoir participé, entre autre, à PERVERSION STORY et au VENIN DE LA PEUR) pour la retrouver.

Finaud, Aldo Lado se sert du thriller pour livrer d’intéressantes considérations sociopolitiques, notamment via la parabole des papillons incapables de s’envoler, lesquels représentent une jeunesse aux idéaux brisés. Débarrassé des figures imposées du « filone » (pas de sadique aux gants noirs, pas d’érotisme agressif ni de gore gratuit), JE SUIS VIVANT ! se positionne en véritable curiosité, empruntant non seulement au giallo mais également au film politique, au drame et au fantastique pour accoucher d’un hybride pas toujours pleinement convaincant mais suffisamment fascinant pour emporter l’adhésion.

Certes, l’enquête policière manque de nerf et le long-métrage accuse un ventre mou préjudiciable mais sa première demi-heure, très efficace, et son final, peu crédible mais inoubliable, permettent de rester sur une impression largement favorable. Prague est, pour sa part, remarquablement photographiée sans verser dans le cliché touristique et la distribution se montre à la hauteur du sujet. De son côté, la mise en scène du débutant Aldo Lado, très professionnelle, se focalise sur divers éléments (en particulier les papillons) et fait oublier les quelques errances de l’intrigue, pas toujours très vraisemblable mais globalement solide et bien construite.

A l’exception d’une chanson hippie très datée, la bande originale s’appuie, elle, sur la science du maestro Ennio Morricone qui accentue, par ses mélodies, la mélancolie dépressive de ce long-métrage très particulier, parfois handicapé par des dialogues médiocres, accentué, hélas, un doublage piteux.

Le climax, certes attendu, demeure d’une froideur sidérante et termine sur une note de cruel désespoir ce giallo atypique et plaisant qui s’élève largement au-dessus de la moyenne malgré ses indéniables faiblesses. Une vision conseillée aux amateurs de thrillers originaux.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
julien
Oustachi partout
Messages : 9039
Inscription : 8 mai 06, 23:41

Re: Le Giallo

Message par julien »

Oui celui là il est pas mal du tout. De même que la partition bien angoissante de Morricone, qui intègre des battements de coeurs et des soupirs féminins.
Image
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

L’IGUANE A LA LANGUE DE FEU

Image

Sous ce titre référentiel (inspiré de la « trilogie animalière » de Dario Argento) se cache un giallo trop classique et finalement peu convaincant réalisé sans conviction par un Riccardo Freda essoufflé.

Une femme est agressée, à Dublin, par un maniaque qui lui jette de l’acide au visage avant de l’égorger. Son cadavre est, par la suite, découvert dans le coffre d’une limousine, propriété de l’ambassadeur suisse Sobiesky. Ce-dernier s’avère, en réalité, l’amant de la défunte mais il refuse de collaborer avec la police, protégé par son immunité diplomatique. Chargé de l’enquête, John Norton rencontre la belle-fille de l’ambassadeur, Helen, avec qui il entame une liaison. De nouveaux crimes surviennent…

Noyé dans la masse, L’IGUANE A LA LANGUE DE FEU constitue un giallo routinier à la photographie terne et à la mise en scène sans inspiration. Dommage étant donné la présence, derrière la caméra, du célèbre Ricardo Freda. Ce-dernier, en effet, a livré au cours de sa riche carrière (débutée en 1942) de beaux exemples de cinéma populaire, tant dans le « cape et épée » (DON CESAR DE BAZAN, SEPT EPEES POUR LE ROI), que dans le péplum (THEODORA IMPERATRICE DE BYZANCE, SPARTACUS, MACISTE EN ENFER) avant de s’imposer comme un maître de l’épouvante gothique. Dans ce domaine, Freda a réalisé de belles réussites comme LES VAMPIRES ou le diptyque consacré au « docteur Hichcock » mais, à partir des années ’70, son activité se raréfie (il tourne 5 films en 10 ans contre une quarantaine aux cours des trois précédentes décennies) et perd son inspiration. Si son premier giallo, LIZ & HELEN (adapté d’Edgar Wallace), se laisse regarder, cet IGUANE A LA LANGUE DE FEU manque de nerfs et échoue à passionner. Les suspects sont pourtant nombreux…trop sans doute puisque même l’inspecteur au passé trouble ferait un bon coupable potentiel. Mais la quantité nuit en tout et les fausses-pistes, proposées puis explorées succinctement avant d’être abandonnées, finissent par lasser au point que la solution, forcément révélée dans les dernières minutes, laisse le public froid…pour ne pas dire perplexe.

L’intrigue, labyrinthique, traine hélas en longueur et perd rapidement son intérêt, devenant un simple prétexte à aligner des séquences de meurtres. Ceux-ci sont nombreux et raisonnablement gore pour un film du début des seventies mais manquent de l’ampleur théâtrale vue chez Dario Argento, Mario Bava ou même Sergio Martino. Ils permettent cependant quelques passages spectaculaires : acide projeté sur une victime, égorgement bien saignant, cervelle éclaboussant les murs lors d’un flashback traumatisant…La bonne volonté du cinéaste excuse la platitude des maquillages, peu crédibles et parfois même franchement grossiers, mais tout ce sang versé dénote le souhait de provoquer, de manière facile, afin d’épicer un plat bien fade. L’érotisme participe à cette même envie et semble utilisé pour différencier le produit fini d’un quelconque téléfilm policier tant l’ensemble reste confondant de platitude. Ces deux ingrédients se combinent d’ailleurs lors du climax outrancier qui voit le tueur s’en prendre violemment à la fille adolescente (et à demi-nue) de l’inspecteur. Une séquence efficace mais rien qui ne puisse sauver cette entreprise en perdition.

Heureusement, un casting de spécialistes du bis composé de Luigi Pistilli (BAIE SANGLANTE, LA QUEUE DU SCORPION), Dagmar Lassender (LA LOUVE SE DECHAINE, BLACK EMANUELLE 2) et Anton Diffring (LES DIABLESSES, LE CIRQUE DES HORREURS) compense, en partie, la mollesse générale et les extérieurs brumeux de Dublin, joliment photogéniques, changent agréablement de l’Italie, vue et revue dans la majorité des giallo. C’est toutefois bien peu pour justifier la vision de cet IGUANE A LA LANGUE DE FEU, souvent léthargique et inintéressant en dépit de rares moments bien ficelés.

Moins maitrisé que LIZ & HELEN et moins déjanté que MURDER OBESSION (le dernier long-métrage du cinéaste, mélange amusant mais inabouti de giallo, de gore et d’horreur gothique), cet IGUANE A LA LANGUE DE FEU constitue une sévère déception de la part de Freda. Comme la plupart des thrillers italiens de son époque, le film se regarde néanmoins d’un œil distrait, essentiellement grâce au « whodunit » et aux mises à mort bien sanglantes qui ponctuent l’intrigue. Le film, globalement raté, ne mérite cependant une vision que pour les inconditionnels du genre. Les autres se tourneront vers de plus évidents classiques et laisseront de côté cette insipide production, sitôt vue et sitôt oubliée.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
tindersticks
Régisseur
Messages : 3259
Inscription : 2 oct. 12, 07:13

Re: Le Giallo

Message par tindersticks »

hellrick a écrit :Quelques mots d'Exctasy of films

"Alors "La Lame Infernale" le 29 octobre, "La Guerre des Gangs" le 26 Novembre et "Torso" le 20 décembre !!! Attention : les dates ne sont pas définitives. Une annonce sera faite d'ici une semaine !!!"

Ils annoncent de gros suppléments pour Torso, dont une itw de Luc Merenda :wink:

Image
La Lame Infernale est disponible pour les amateurs depuis hier soir sur E-bay:

http://dvd-cinema.shop.ebay.fr/i.html?_ ... itleDesc=0
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Le Giallo

Message par Demi-Lune »

Je suis vivant! - La corta notte delle bambole di vetro (Aldo Lado, 1971)

Un macchabée trouvé un matin dans un parc est amené à la morgue, qui ne peut que constater le décès mais aussi l'absence totale de rigidité cadavérique et de refroidissement corporel... et de fait, le type n'est mort qu'extérieurement, son cerveau continue à cogiter.
Ça fait pas mal de temps que le pitch de ce giallo m'intriguait. Et quand un film a un aussi bon pitch et qu'il n'en fait pas grand-chose, la déception n'en est que plus grande. En effet, loin de tenir ses promesses initiales, cette première réalisation d'Aldo Lado s'avère particulièrement chiante à suivre, malgré la progression scénaristique qui ménage l'énigme en alternant régulièrement action présente et flash-back mentaux. Déjà, le héros est rédhibitoire : avec sa moustache sémillante, Jean Sorel a l'air aussi tarte que le protagoniste tendance baba cool marxiste de Mais qu'avez-vous fait à Solange. On sort de notre léthargie à une ou deux reprises (l'identification du cadavre repêché, la scène du frigo, l'orgie grand-guignolesque) mais, en dépit d'une conclusion inspirée et des codes typiques de ce genre (esthétique, actrices européennes canons, look 70's, etc), c'est un sentiment de gâchis qui prédomine. Gâchis car Barbara Bach. Gâchis car décors de Prague trop peu exploités. Gâchis car ambiance parano et fantastique posée dès le générique, avec la caméra qui fonce à travers les ruelles de Prague sur fond de sonorités glaçantes de Morricone. Avec une entrée en matière pareille, on s'attend quand même à ce que le reste suive. Beh non. Gâchis car exceptionnelle B.O. de Morricone, donc... que j'avais déjà avant de voir le film, et qui reste toujours aussi inécoutable seule. :lol: A part le doucement inquiétant Valzer, c'est un concentré d'épouvante/thriller avec cordes stridentes (le lot habituel quand tonton Ennio est à la baguette sur un giallo), mais en plus, cette fois-ci, de l'expérimental vraiment acide, où les plages se réduisent parfois à un motif de basse à deux notes façon battement de cœur (Morricone l'a repris pour The Thing) sur fond de couinements de violons et d'inspiration/expiration lascive et flippante de sa muse Edda dell'Orso. Et ça, en boucle. :mrgreen: C'est un truc de malade, impossible à écouter chez soi, mais imparable en termes dramatiques. Peut-être ce que Morricone a composé de plus angoissant avec Peur sur la ville. Petite sélection en spoiler :


Photos interdites d'une bourgeoise - Le foto proibite di una signora per bene (Luciano Ercoli, 1970)

Mouais ben bof. Giallo anecdotique, à la lisière du genre car il s'agit plus ici d'un suspense psychologique que de classiques histoires de meurtres d'ados diaphanes par un zinzin ganté et mystérieux. De Palma l'aurait-il vu ? :mrgreen: En tout cas on retrouve dix ans avant Pulsions le piège de la chaussure qui dépasse. On est content de retrouver l'éventail visuel et spirituel caractéristique - l'érotisme ambiant quoique bien prude ici, les couleurs saturées, les jolies filles, la musique de Morricone... - mais moins d'avoir à subir le rythme emmerdifiant. Le personnage féminin principal n'inspire guère d'intérêt à la différence de sa copine lubrique (Nieves Navarro :oops: ). La photo est soignée, à tel point que l'esthétisme du film ne fait que mieux ressortir la petitesse de son scénario laborieux et sans inspiration, qui se traîne et se conclue sur un twist des plus banals. Franchement pas de quoi casser trois pattes à un canard, ces Photos interdites. En revanche, encore une fois, saluons la brillance de la B.O. de Morricone, une de mes favorites dans le genre, qui décline pas mal de thèmes easy-listening du plus bel effet.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Le Giallo

Message par Demi-Lune »

La Queue du scorpion - La coda dello scorpione (Sergio Martino, 1971)

C'est déjà d'un autre niveau que les deux gialli évoqués précédemment. Pourtant, le début fait craindre le pire : zooms foireux, maquette d'avion qui explose 100% nanar... et la musique de Bruno Nicolai n'égale malheureusement pas les plus grandes réussites de Morricone dans le genre. Si l'on met de côté cette introduction, c'est néanmoins à un giallo de bonne tenue que nous avons affaire. S'il n'a pas la brillance technique survoltée des films d'Argento de la même époque, Martino parvient cependant à ménager une mise en scène efficace, aidée par une intrigue astucieuse menée tambour battant. C'est un des bons points de ce film : on ne s'y ennuie pas une seule seconde. Relativement classique (on y retrouve les grands codes imposés par L'Oiseau au plumage de cristal: assassin ganté au couteau, belles Européennes menacées, fausses pistes, suspects patibulaires, titre énigmatique en forme d'indice matériel...), l'histoire n'en demeure pas moins riche en rebondissements et le suspense est maintenu jusqu'à la conclusion. Un ou deux maquillages gore et pas mal d'invraisemblances inhérentes au genre... la conclusion sur le bateau fait un peu sourire à ce titre. Mais globalement, c'est vraiment pas mal. A noter que c'est avec un certain plaisir que j'ai retrouvé Anita Grindberg et ses beaux yeux bleus, déjà sculpturale dans Le Venin de la peur.


La Tarentule au ventre noir - La tarantola dal ventro nero (Paolo Cavara, 1971)

Là encore, un titre assez réussi, loin des délires baroques ultérieurs. L'absence du Scope prive sans doute la réalisation d'une véritable ampleur plastique mais, comme sur La Queue du scorpion, si l'on garde en tête qu'il s'agit d'un produit d'exploitation (ceci dit sans condescendance aucune, hein), cela reste un travail honnête de la part de Cavara. Les points positifs sont plutôt à rechercher du côté du scénario et de la musique.
Commençons pour une fois par la musique. Signée Morricone, elle permet de mesurer à quel point il booste véritablement les images sur lesquelles il appose ses compositions glaçantes. Car ce qui fait a priori l'intérêt d'un giallo (les scènes de suspense et de meurtres, voire d'érotisme) est ici quelconque, ça n'a pas la virtuosité formelle et l'inventivité technique d'Argento ; pourtant, la sauce continue de prendre grâce, à mon avis, à cette sublimation musicale particulière. Aucune des partitions de giallo de Morricone ne sont tout à fait similaires malgré un même style évident, ce qui fait que chaque film auquel il a participé devient pour moi d'abord intéressant en vertu de son travail : on guette le thème entêtant, le truc sonore cherché au fin fond de son inspiration... j'ai l'impression que c'est lui qui définit avant toute chose l'identité et la postérité de ces films qui se ressemblent quand même parfois un peu tous entre eux. Ici, il définit l'ambiance étrangement mélancolique et désabusée par un thème, Un Uomo si e' dimesso, mi-inquiétant, mi-entêtant, à base de motif répété à la trompette accompagné des soupirs suggestifs d'Edda dell'Orso. Mais le must reste le thème de l'assassin (Spirale Misteriosa), où Morricone suggère l'effroi d'une araignée, sa manière de se déplacer, par un tempo glaçant et une orchestration minimaliste de laquelle surgit un couinement désaccordé de cordes allant dans les aigus. Imparable.
Le scénario de ce film s'avère également plaisant à suivre grâce à une gestion correcte du rythme et des pistes. Tout en se conformant aux règles du genre, l'histoire ménage une trame policière relativement soignée et prenante malgré des scories habituelles. Notable est le soin accordé à l'écriture du personnage campé par Giancarlo Giannini, flic découragé, las. Cavara prend régulièrement le temps d'entrecouper l'enquête de scènes intimistes avec son épouse qui jouent en faveur du film, en lui conférant une touche d'humanité et d'incarnation. Il est rare que le giallo permette de bonnes prestations d'acteur, mais c'est le cas ici pour Giannini. Le casting est d'ailleurs un point fort : on trouve par exemple Stefania Sandrelli, ou encore deux Bond Girls en la personne de Claudine Auger et Barbara Bach.




Avatar de l’utilisateur
Major Tom
Petit ourson de Chine
Messages : 22225
Inscription : 24 août 05, 14:28
Contact :

Re: Le Giallo

Message par Major Tom »

On se doute quand même que tu as vu ces films-là uniquement pour Morricone, quand même. :)
Moi c'est aussi pour ça que je l'avais fait. Je n'aime pas écouter des musiques de films sans connaître les images qui vont avec, ça m'agace terriblement. N'importe quel compositeur de B.O., s'il est bon, nous dira qu'on n'écoute pas les musiques de films sans les films. Philippe Sarde ne voulait même pas qu'on publie ses compositions dans le commerce, ça l'emmerdait... Sinon, tu oublies de dire pas mal de choses sur ces films-là, quand même. Même si je n'aime pas le giallo que je trouve être un sous-genre surestimé, il y a souvent des scènes à "étudier" (j'insiste sur les guillemets) et connaissant ton goût pour l'esthétique, tu pouvais aller plus loin, parler du voyeurisme dans La Tarentule... avec l'assassin qui filme le policier baisant avec sa copine à travers la fenêtre, ça fait également penser à du De Palma, ou bien parler de la fin hyper trainante de ce même film. Je veux dire, tout le monde savait que
Spoiler (cliquez pour afficher)
la femme n'était pas morte, et le réalisateur insiste longuement sur le héros qui se venge d'abord, puis pleure pendant longtemps jusqu'à ce que... ho! incroyable... elle est en vit, je ne l'ai absolument pas vu venir... :lol:
Tu me déçois. :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Le Giallo

Message par Demi-Lune »

Major Tom a écrit :On se doute quand même que tu as vu ces films-là uniquement pour Morricone, quand même. :)
Notamment... mais ce n'est pas l'argument exclusif. J'aime bien l'ambiance de ces films, leur côté ludique, de même que leur patine 70's et les superbes femmes qui les peuplent. Parmi les gialli que j'ai pu voir, Argento reste pour moi le seul réalisateur qui ait réellement su faire de ce registre du très bon cinéma (allez, j'inclue quand même Six femmes pour l'assassin), mais chaque fois, même dans les titres les plus faiblards, j'y trouve toujours quelque chose à sauver.
Major Tom a écrit :Tu oublies de dire pas mal de choses quand même.
Bah si j'en fais des tartines on va encore me le mettre dans la gueule. :mrgreen:
Major Tom a écrit :parler du voyeurisme dans La Tarentule... avec l'assassin qui filme le policier baisant avec sa copine à travers la fenêtre, ça fait également penser à du De Palma
Marrant, c'est typiquement le genre de scène de giallo qui me fait doucement rigoler. D'abord parce que ça fait cahier des charges niveau coucherie (et hop, je te glisse une petite partie de jambes en l'air, mais attention, faut que l'actrice reste bien avec les bras pliés hein, comme ça on ne montre surtout pas ses seins), ensuite parce que ce n'est pas très bien réalisé. En outre, faut vraiment avaler le fait que l'assassin soit sur le toit d'en face pile au moment où Giannini a envie de passer du bon temps avec sa femme, tous stores ouverts, limite s'ils ne feraient pas leurs galipettes directement sur la terrasse que ça ne changerait rien... ou alors ça veut dire que l'autre barjo fan d'acuponcture est planté en face depuis des heures à guetter LE moment de baise. Dans les deux cas, c'est quand même gros, quoi. :lol: Grosse ficelle qui n'a d'intérêt que de mettre mal à l'aise le personnage au milieu de ses collègues quand ils se matent tous le film dans le cadre de l'enquête.
Major Tom a écrit :ou bien parler de la fin hyper trainante de ce même film. Je veux dire, tout le monde savait que
Spoiler (cliquez pour afficher)
la femme n'était pas morte, et le réalisateur insiste longuement sur le héros qui se venge d'abord, puis pleure pendant longtemps jusqu'à ce que... ho! incroyable... elle est en vit, je ne l'ai absolument pas vu venir... :lol:
Tu me déçois. :mrgreen:
Là par contre, j'avoue être resté suspendu à la scène jusqu'au bout. Pourtant en y faisant plus attention, l'assassin laisse tomber son couteau immaculé, ce qui veut bien dire qu'il n'a eu le temps de rien faire. Le suspense était mort-né mais pris dans l'action, puis par la réaction désespérée de l'acteur face à l'immobilité du corps, je suis resté captivé par cette chute, et par la noirceur apparente qu'elle revêt. C'est effectivement regrettable que la suite casse tout.
Répondre