Le Giallo

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

DELIRIUM


Au départ prévu, parait-il, pour Dario Argento, qui s’en désintéressa (on le comprend un peu au vu du scénario) et laissa les rennes de la mise en scène à Lamberto Bava, DELIRIUM constitue un petit giallo plutôt quelconque mais, dans l’ensemble, plaisant et divertissant.

Gloria (Serena Grandi) dirige le magasine de charmes Pussycat dont elle a hérité à la mort de son époux. La belle est régulièrement observée par Marc, son voisin voyeur, un jeune homme cloué sur une chaise roulante qui la harcèle au téléphone. Un soir, Gloria reçoit un appel téléphonique du jeune homme qui vient d’assister à l’assassinat dans la piscine d’une jeune modèle, Kim. Ce meurtre est, hélas, le premier d’une longue série et, rapidement, toutes les starlettes du magasine sont retrouvées mortes, victimes d’un mystérieux tueur qui a une dent contre Gloria. Or, cette dernière semble avoir de nombreux ennemis…

Si DELIRIUM n’est guère mémorable, Lamberto Bava ménage heureusement quelques séquences intéressantes qui parviennent à compenser, du moins en partie, un rythme plutôt déficient.
Au niveau de l’érotisme, par exemple, DELIRIUM ne manque pas d’une certaine audace quoique Bava reste relativement timoré et se permet peu de scènes véritablement perverses, préférant un aspect « sexy » aux tendances glamour. Le seul moment malsain intervient lors d’un cauchemar de l’héroïne qui s’imagine violée par son voisin paralytique, lequel brandit un tube lumineux avant de le lui enfoncer entre les cuisses. Les autres scènes sexy se conforment, pour leur part, à un esthétisme « papier glacé » proche des téléfilms « chauds » de seconde partie de soirée : jeunes mannequins en lingerie fine, séances photos de charmes, gros câlin dans la baignoire, passage sous la douche, etc.
Les meurtres, eux, se révèlent relativement originaux, allant d’un sympathique éventrement à la fourche à une surprenante séquence au cours de laquelle le maniaque, vêtu d’une combinaison d’apiculteur, lâche dans la maison de sa future victime des milliers d’abeilles avant d’enduire le corps dénudé de la demoiselle d’un parfum spécifique qui attirent les insectes. Autre originalité, les crimes sont visualisés par les yeux du tueur, lequel souffre alors d’hallucinations délirantes et voit ses victimes comme des créatures grotesques, affublées d’un immense œil unique ou d’une tête d’abeille géante. Les mises en scènes macabres qui succèdent aux assassinats lorsque le criminel dispose les cadavres dans des poses étudiées et devant une grande photo de Serena Grandi sont, elles aussi, plutôt réussies.
Si le sexe et le sang restent les préoccupations principales de DELIRIUM, l’aspect policier de l’enquête n’est pas, pour autant, négligé et les suspects ne manquent pas. De manière très classique Lamberto Bava brouille les pistes et présente une poignée de coupables potentiels.
Roberto, le photographe homosexuel, nourrit une haine farouche des femmes (?) et a gardé les négatifs de la photo utilisée par l’assassin lors de ses mises en scènes morbides. Ensuite, nous trouvons Marc, le voisin voyeur cloué dans un fauteuil roulant qui donne des coups de fil audacieux, voire obscènes à Gloria. Sa paralysie l’empêche théoriquement de commettre les meurtres mais son médecin précise qu’elle est purement psychosomatique et le spectateur se prépare, logiquement, à une révélation surprenante.
Flora (jouée par Capucine !), la rivale lesbienne de l’héroïne a, elle-aussi, des raisons de se venger de Gloria (dont elle est amoureuse). Le propre frère de Gloria est un autre suspect qui aime coucher avec les mannequins mais souffre aujourd’hui d’impuissance. Enfin, Alex (George Eastman), un acteur et ancien amant de Gloria, apparaît et disparaît alors que les crimes se multiplient.
Bref, beaucoup de candidats possible pour la révélation finale qui, comme souvent dans le giallo, n’est de toutes manières pas franchement crédible. L’identité de l’assassin demeure, en effet, un peu « aléatoire » car chacun des suspects disposait d’un mobile et aurait pu commettre les crimes. Comme toujours, la police, dépassée et incompétente, ne parviendra pas à stopper le criminel et c’est l’héroïne qui devra l’affronter lors du climax. Une autre constance du giallo.
Bénéficiant d’un casting correct, DELIRIUM met en vedette la belle Serena Grandi (ANTROPOPHAGEOUS, MIRANDA) aux côté de l’ex femme de Dario Argento, Daria Nicolodi (SHOCK, INFERNO). Signalons aussi l’apparition furtive mais remarquée (et médiatisée) de la très « poumonnée » star du top 50 Sabrina « Boys » Salerno, bien sûr dénudée, dont le talent d’interprète s’avère inversement proportionnel à son tour de poitrine. La compétition pour déterminer qui possède les plus gros nichons est donc lancée entre les actrices et Lamberto Bava, en fin spécialiste du cinéma populaire, ne se prive pas d’étaler les arguments de chacune. De manière plus étonnante, DELIRIUM permet également de retrouver Capucine (SOLEIL ROUGE, LA PANTHERE ROSE) dans une de ses dernières apparitions sur les grands écrans, l’actrice s’étant suicidée trois ans plus tard.
Du côté masculin, DELIRIUM rassemble David Brandon (CALIGULA 2, ATOR L’INVINCIBLE 2, AU DELA DES TENEBRES), Karl Zinny (DEMONS) et l’indispensable George Eastman, un des visages les plus célèbres du bis italien des années 70 et 80 (BLASTFIGHTER, 2019 APRES LA CHUTE DE NEW YORK, HORRIBLE, LES BARBARIANS, etc.). Ce brave Eastman s’octroie même une inévitable scène chaude dans un jacuzzi en compagnie de Grandi, laquelle voit ses impressionnant avantages mammaires révélés à la moindre occasion par la caméra voyeuse de Bava.

Avec son scénario alambiqué et son tueur aux motivations improbables (mais guère davantage que dans de nombreux giallo plus réputés), DELIRIUM ne prétend pas être un incontournable du thriller italien mais reste un amusant divertissement qui joue largement la carte de l’érotisme et de la violence sadique. Si le film de Lamberto Bava ne s’élève pas vraiment au-dessus de la moyenne, le spectacle s’avère plaisant pour les inconditionnels du giallo érotique et permet de passer une soirée distrayante et sans prise de tête.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

CRIME AU CIMETIERE ETRUSQUE


el asesino del cementerio etrusco
Real: Sergio Martino


A l’origine prévu pour la télévision sous forme d’une mini-série d’environ 3 heures, CRIME AU CIMETIERE ETRUSQUE fut, au dernier moment, remonté en un unique long-métrage de 97 minutes destiné aux salles obscures. Le résultat, hélas, souffre terriblement de cette décision, laquelle rend le produit fini confus, difficilement compréhensible et, surtout, profondément ennuyeux.

Une jeune femme, Joan, reçoit les visions du meurtre de son mari, un archéologue venant de découvrir une tombe étrusque très ancienne. En Europe, la demoiselle mène son enquête mais de nombreux crimes déciment son entourage et une sombre affaire de trafic de drogue est mise à jour.

Confié à un vétéran du giallo ayant signé, au début des années ’70, quelques unes des plus belles réussites du genre (L’ETRANGE VICE DE MADAME WARDTH, LA QUEUE DU SCORPION, etc.), ce pataud mélange de thriller, d’horreur et de fantastique accuse tous les défauts possibles d’une production télévisuelle. Le scénario, élaboré, entre autre, par les spécialistes Ernesto Gastadli et Dardano Sacchetti souffre d’une redoutable confusion et d’un aspect brouillon fort pénible, au point que le spectateur se voit condamné à suivre, d’un œil distrait, une intrigue abracadabrante et ennuyeuse. Les rebondissements tombent cependant à intervalles réguliers pour relancer un intérêt défaillant mais rien n’y fait et le mélange, au départ prometteur, de giallo et de fantastique échoue à susciter l’intérêt. Quelques références aux grandes heures du cinéma gothique, un curieux mix de science-fiction et de légende étrusques mal digéré et une poignée de meurtres bien trop soft ne peuvent sauver les meubles et l’ensemble, apparemment fort inspiré de L'ETRUSCO UCCIDE ANCORA, tourné 10 ans pus tôt, fatigue les plus indulgents.
Si certains giallo au scénario routinier sont sauvés par une réalisation inspirée, CRIME AU CIMETIERE ETRUSQUE ne peut, hélas, pas compter sur le talent de Sergio Martino, caché sous le pseudonyme de Christian Plummer, qui se contente ici d’une illustration plate et sans la moindre saveur. La grande paresse de la mise en scène, accentuée par le remontage haché de la série télévisée initiale et le manque de moyens dont a bénéficié le cinéaste explique, en grande partie, la pauvreté du long-métrage et sa photographie terne, loin des flamboyances prisées jadis par les maîtres italiens du thriller.
La partition musicale de Fabio Frizzi recycle, pour sa part, des mélodies antérieures déjà utilisées par le musicien pour illustrer les films de Lucio Fulci (FRAYEURS). Reste une distribution définitivement ancrée dans le bis qui compte, par exemple, la débutante sexy Elvire Audray (AMAZONIA L’ESCLAVE BLONDE, IRON MASTER), Paolo Malco (LA MAISON PRES DU CIMETIERE, L’EVENTREUR DE NEW YORK), le bien connu John Saxon (OPERATION DRAGON, LES GRIFFES DE LA NUIT) dans un rôle très secondaire et, enfin, le vétéran Van Johnson (BRIGADOON, OURAGAN SUR LE « CAINE »).
Timoré, CRIME AU CIMETIERE ETRUSQUE refuse tout érotisme et limite l’horreur à quelques meurtres mal ficelés entrecoupés de vues répétitives sur des vers de terre grouillant. Les légendes étrusques, évoquées maladroitement, voisinent avec une bouille fantastique et science-fictionnelle de bas étage impliquant une vague philosophie new âge qui convoque la réincarnation et les vies antérieures. A cette mixture déjà indigeste, Martino ajoute encore les éléments signifiants du giallo (un tueur mystérieux et ganté de noir) mais ne parvient pas à lier tous ces éléments en un tout cohérent ou même, simplement, plaisant.


Oublié – à juste titre – des admirateurs de Sergio Martino qui préfèrent se concentrer sur la poignée d’excellents giallos tournés par le cinéaste au début des années ’70, CRIME AU CIMETIERE ETRUSQUE constitue un ratage quasi complet et ne mérite qu’une vision distraire pour les curieux complétistes du giallo. Les autres s’abstiendront avec raison et s’éviteront une heure et trente minutes d’ennui profond à la vision de ce pénible naufrage.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
El Dadal
Producteur Exécutif
Messages : 7301
Inscription : 13 mars 10, 01:34
Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020

Re: Le Giallo

Message par El Dadal »

Enfin découvert La Baie sanglante, que je voulais voir depuis des années. Je dois dire que si visuellement je n'ai pas été déçu, c'est surtout le procédé scénaristique qui m'a plu. Le film est constamment sur la corde, entre shocker et humour à froid, atmosphère glacée et ironie de tous les instants. Le twist final est vraiment poilant et surtout donne pour une fois (contrairement à la majorité des films de petits malins des 90's qui s'appuient sur le twist comme d'une révélation cruciale à l'intrigue) un éclairage sur la nature même du film (mais pas sur son intrigue donc). Ce joyeux carnaval des dégénérés (on se croirait par moment dans Texas Chainsaw ou Last House on the Left avant l'heure!) m'a tout de même surpris, de par sa nature frontale, un peu aux antipodes des Bava que j'ai vu précédemment. Du tout bon.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Et le fait que chaque personnage soit à la fois l'enquêteur et le criminel ravive régulièrement l'énergie du film, et laisse de côté les enquêtes poussiéreuses (ce qui me plait le moins en général dans le giallo, s'apparentant souvent à du remplissage entre deux meurtres croustillants).
mannhunter
Laspalès
Messages : 17392
Inscription : 13 avr. 03, 11:05
Localisation : Haute Normandie et Ile de France!
Contact :

Re: Le Giallo

Message par mannhunter »

Orange Ciné Choc fête le giallo en Octobre:

http://www.lafilledurock.com/mois-de-la ... cine-choc/
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

OVERTIME
aka The Etruscan Kills Again!
Image

Réalisateur italien né en 1924 et décédé en 2003, Armando Crispino demeure essentiellement connu des cinéphiles bis pour un étrange giallo fantastique, FRISSONS D’HORREUR, sorti en 1975. Cependant, deux ans auparavant, le cinéaste avait déjà tâté au thriller fantastico-horrifique via OVERTIME, une production aux prémices intéressantes mais, hélas, fort médiocrement confectionnée.
Un archéologue nommé Jason Porter part en Italie explorer un site antique et, avec ses assistants, découvre une tombe dédiée à Tuchulcha, le dieu étrusque de la mort. Sur les lieux, le professeur met également à jour une série de fresques sinistres décrivant des crimes et autres sacrifices rituels perpétrés en l’honneur de Tuchulcha. Peu après, deux jeunes gens en quête de frissons pénètrent sur le site étrusque pour faire l’amour dans l’antique chambre funéraire. Malheureusement, un inconnu les massacre à coups de barres de fer avant de disposer leurs cadavres à la manière des cérémonies étrusques ancestrales.
L’enquête est confiée à l’inspecteur Guirianna, lequel fouille le passé des membres de l’expédition archéologique et de leurs amis, révélant les secrets de chacun. De Porter, ancien alcoolique ayant jadis failli tuer sa fiancée, à Stephen, un homosexuel insupportable, en passant par Nikos, un riche chef d’orchestre vieillissant et Myra, compagne du précité et ancienne petite amie de Porter, tous sont suspects aux yeux de Guirianna. L’ex-femme de Nikos, défigurée par son mari, s’ajoute bientôt à la liste des coupables potentiels et la situation se complique davantage après un nouveau meurtre.

Si l’intrigue, inspirée par une nouvelle de Bryan Edgar Wallace, se révèle, au départ, originale (Sergio Martino s’en inspira d’ailleurs de manière lointaine pour son désastreux CRIMES AU CIMETIERE ETRUSQUE, sorti en 1982), le long-métrage manque, hélas, totalement d’intérêt et se montre particulièrement confus et ennuyeux. Crispino souhaitait, apparemment, développer davantage les aspects fantastiques de l’intrigue mais ceux-ci seront, au final, quasiment ignorés, une volonté des producteurs désireux, eux, de se rapprocher des giallos à la Argento, alors en vogue. Malheureusement, si le premier quart d’heure s’avère intriguant et plein de promesses, offrant, par exemple, un double meurtre brutal et efficace, le long-métrage s’embourbe ensuite dans des considérations vaseuses et multiplie les fausses pistes et les rebondissements au risque de perdre le spectateur, échaudé par l’inutile complexité d’une intrigue sinon peu passionnante. Le rythme, assez lent, constitue, en outre, un obstacle supplémentaire et OVERTIME s’enfonce rapidement dans l’ennui, une impression durable à peine atténuée par un climax plus réussi et palpitant même si ce-dernier ne s’éloigne jamais des conventions routinières du giallo. Le gore, de son côté, reste minimal, tout comme le nombre de meurtres, et l’érotisme demeure carrément aux abonnés absents. Surprenant et frustrant.

Cependant, tout n’est pas (totalement) noir. Au rayon des interprètes, OVERTIME donne ainsi la vedette à quelques familiers du cinéma fantastique, ce qui permit d’ailleurs à Mad Movies de titrer, en son temps, « Casting d’enfer pour nanar de première ». Un jugement lapidaire mais globalement exact puisque seule la présence de personnalités comme Samantha Eggar (SHERLOCK HOLMES ATTAQUE L’ORIENT EXPRESS, CHROMOSOME 3), Horst Frank (LE CHAT A NEUF QUEUES, SI DOUCES SI PERVERSES), John Marley (LOVE STORY, LE PARRAIN) ou Christina Von Blanc (LA CLOCHE DE L’ENFER, UNE VIERGE CHEZ LES MORTS VIVANTS) confère une relative valeur à un film terriblement décevant en dépit de sa réputation plutôt flatteuse. La seule vraie réussite à l’actif du long-métrage réside, finalement, dans les personnages, tous très clichés et stéréotypés. Du chef d’orchestre colérique vivant avec une demoiselle nettement plus jeune à l’homosexuel insupportablement maniéré en passant par un archéologue violent et alcoolique, OVERTIME offre une galerie de portraits gratinés relativement réjouissante. C’est bien peu mais il faudra s’en contenter, d’autant que les acteurs ne sont pas toujours pleinement convaincants, certains semblant se ficher de leur performance tandis que d’autres surjouent et cabotinent effrontément.

Coproduction internationale typique de la grande époque du cinéma bis (les fonds viennent d’Italie, d’Allemagne et de Yougoslavie ; les acteurs principaux sont anglais et américains), OVERTIME est, en résumé, un giallo raté et ennuyeux, complètement noyé dans la masse des titres similaires sortis au début des années ’70. Excepté son casting intéressant, rien, au final, ne sauve ce long-métrage de la médiocrité et sa vision doit, par conséquent, être réservée aux inconditionnels du giallo.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

LE COUTEAU SOUS LA GORGE

De Claude Mulot
Avec: Florence Guérin, Brigitte Lahaie, Alexandre Sterling, Pierre Londiche, Jean-Pierre Maurin

Comment vendre le film???
est ce un giallo: Image
un film érotique : Image, Image
ou un peu des deux: Image
:fiou:


Au départ spécifiquement italien (quoique souvent influencé par le krimi allemand), le giallo connu pourtant, au cours des années 70 et 80, de nombreuses variations géographiques. Plusieurs pays d’Europe succombèrent à la fièvre du thriller horrifique mâtiné d’érotisme, avec plus ou moins de bonheur. Si l’Espagne livra de très honnêtes réussites, l’Angleterre suivit également le mouvement (avec, par exemple, SCHIZO ou THE COMEBACK), tout comme l’Allemagne (JE COUCHE AVEC MON ASSASSIN), la Belgique (MEURTRES AU CRAYON) ou même les Etats-Unis comme le prouve LES YEUX DE LAURA MARS. La France, peu sensible au cinéma de genre, ne produisit, pour sa part, guère d’œuvres de ce style, excepté le grand succès de Belmondo, PEUR SUR LA VILLE, qui s’en rapproche par bien des aspects. Réalisé en 1986, LE COUTEAU SOUS LA GORGE constitue donc une des très rares tentatives françaises d’apprivoiser les codes mis en place par les Italiens, le film reprenant un schéma largement usité depuis le classique SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN de Mario Bava, celui d’une série de crimes parmi des jeunes mannequins.

L’intrigue concerne une jeune demoiselle, Catherine, qui pose pour une revue érotique dirigée par la belle Valérie. Mythomane, Catherine s’imagine régulièrement poursuivie par de mystérieux individus qui cherchent à la violer. Néanmoins, personne ne la croit, même pas les flics du commissariat de quartier où elle débarque à moitié nue (enfin juste avec des bottes et un manteau ouvert) en pleine nuit. Catherine, en effet, s’est déjà plainte à plusieurs reprises d’agressions imaginaires et les pandores ne prêtent plus attention à ses allégations. Pourtant, cette fois, un inconnu semble réellement vouloir attenter à sa vie et celle de son amie Florence. En effet, ces dernières ont, dernièrement, participé à un shooting photo dans un cimetière qui eut le don de fouetter le sang du gardien des lieux, lequel, chaud bouillant, s’en prend à une demoiselle qu’il tue avant de se suicider. A partir de ce moment, l’entourage de Catherine est décimé par un tueur sadique qui la harcèle de coups de téléphone obscènes.
Réalisateur parisien né en 1942 (et décédé par noyade à Saint-Tropez en 1986), Claude Mulot se fait connaître des amateurs de bis avec une des rares tentatives d’épouvante à la française, LA ROSE ECORCHEE, sorti en 1970. Au milieu des seventies, Mulot se reconverti, comme beaucoup, dans le porno et signe, sous le pseudonyme de Frédéric Lansac, une poignée de petits « classiques » du genre, souvent humoristiques et emprunts d’un fantastique délirant, comme SHOCKING, le diptyque LE SEXE QUI PARLE (un des plus grands succès du X français !) et, surtout, le très réussi et science-fictionnel LA FEMME OBJET. Egalement scénariste de comédies franchouillardes pour Max Pecas (ON SE CALME ET ON BOIT FRAIS A SAINT TROPEZ), Claude Mulot apporte, en 1986, sa très modeste contribution au giallo « sexy » via ce COUTEAU SOUS LA GORGE sans grand intérêt qui restera sa dernière mise en scène.
Plein de bonne volonté, Claude Mulot reprend les éléments constitutifs du genre et situe l’intrigue dans le milieu du mannequinat, propice à diverses rivalités, commérages, crêpages de chignons, coups de pute et autres intermèdes érotiques. Exploré avec plus ou moins de bonheur par SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN, NUE POUR L’ASSASSIN, OU EST PASSEE JESSICA ? ou DELIRIUM, ce petit monde « superficiel et léger » permet au cinéaste de brosser le portrait, souvent peu reluisant, d’une série de personnages louches qui peuvent tous être, potentiellement, coupables des meurtres perpétrés par l’inévitable maniaque ganté de cuir.
Aux côtés de la belle héroïne en détresse (jouée par Florence Guérin, vue dans quelques comédies avant de passer à l’érotisme avec LE DECLIC ou BLACK VENUS et que l’on retrouvera dans un autre giallo en 1988, SOTTO IL VESTITO NIENTE 2), le long-métrage met en vedette Brigitte Lahaie (faut-il encore présenter la porn-star emblématique des années ’70 ou, simplement, conseiller de revoir sa plus belle performance dans JE SUIS A PRENDRE, un des rares vrais chefs d’oeuves du cinéma X ?) et le revenant Alexandre Sterling. Celui-ci fut le jeune héros de LA BOUM, LA BOUM 2 ou L’ETE DE NOS 15 ANS avant de se reconvertir dans la chanson, sans grand succès d’ailleurs. Enfin, dans le rôle d’un photographe alcoolique, boiteux et pervers, nous retrouvons Jean-Pierre Maurin, le grand frère de Patrick Dewaere qui, durant les années ’80, accompagna Maigret dans ses enquêtes télévisuels.
Tout ce petit monde, malheureusement, joue plutôt mal et seul Brigitte Lahaie tire son épingle du jeu, prouvant qu’elle aurait pu sortir plus souvent de l’ornière du porno pour figurer au générique de films traditionnels. Si la belle blonde est convaincante, certains seconds rôles, par contre, livrent des performances pitoyables, en particulier Pierre Londiche qui surjoue de manière épouvantable et risible, au point d’orienter le film vers la parodie involontaire !
Etonnamment, même si ses deux vedettes féminines sont surtout réputées pour leurs rôles dénudés, LE COUTEAU SOUS LA GORGE demeure plutôt timoré au niveau de l’érotisme. Claude Mulot se permet, bien sûr, de déshabiller fréquemment les demoiselles (enfin, surtout Florence Guérin puisque Brigitte Lahaie n’ôtera ses vêtements que pour une brève scène de bain) mais le tout manque de piment et ne va jamais plus loin qu’un téléfilm vaguement osé de seconde partie de soirée. Téléfilm est d’ailleurs le mot qui vient immédiatement à l’esprit à la vue du produit fini, lequel se distingue par la laideur de sa photographie (en dépit d’essais plutôt ratés de proposer des éclairages contrastés à la Mario Bava), son manque de moyen (le décor du commissariat fait pitié et n’eut pas dépareillé chez Ed Wood) et sa mise en scène paresseuse. Le suspense, pour sa part, est inexistant et le gore se limite à quelques coups de couteaux ponctués d’éclaboussures écarlates.
Néanmoins, si LE COUTEAU SOUS LA GORGE se suit sans passion, il faut avouer que sa vision, du moins durant la première heure, reste vaguement plaisante, l’insistance du cinéaste à donner dans le sordide de pacotille aidant le spectateur à supporter le manque de rythme général. Une durée extrêmement courte (75 minutes !) permet toutefois de ne pas trop s’ennuyer.
Hélas, le peu de crédit que l’on pouvait accorder au long-métrage se voit totalement sabordé par un climax ridicule et honteux, un des plus ringards de l’histoire du giallo. Après une récapitulation de l’intrigue sous forme de flashbacks, probablement destinées aux assoupis du fond de la salle, Claude Mulot ruine son film en supprimant l’assassin avec une désinvolture qui laisse pantois, tout comme d’ailleurs le mobile des crimes, absolument grotesque.

Tentative complètement ratée de giallo à la française, LE COUTEAU SOUS LA GORGE n’est, au final, ni effrayant, ni érotique, ni sanglant, ni réussi. Bref, un beau ratage à réserver aux « completistes » du genre ou aux fans inconditionnels de Brigitte Lahaie. Les autre s’abstiendront et iront prudemment revoir une nouvelle fois SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN…

qui a dit que ce film n'a aucun intéret? :fiou:
Image
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

je continue, quasi tout seul, l'exploration du giallo :D

SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR


Image

Souvent présenté comme un giallo, probablement de par la présence, derrière la caméra, du spécialiste Sergio Martino, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR se rapproche, en réalité, bien davantage des poliziotteschi, ces polars « musclés » populaires en Italie durant la seconde moitié des années 70.

Un policier, Paolo Germi, rencontre par hasard une jeune demoiselle, Marisa, qui ne tarde pas à s’enfuir, poursuivie par un mystérieux personnage. Le lendemain, la police découvre le corps mutilé de Marisa et Germi décide de mener sa propre enquête. Préférant agir de son côté et sans trop se préoccuper des contraintes légales, Germi, incognito, remonte, avec l’aide d’un jeune pickpocket, la piste d’un réseau clandestin de prostitution.

Etrange hybride entre le giallo (qui, malheureusement, droit se contenter de la portion congrue du mélange) et le thriller d’action influencé par le succès de L’INSPECTEUR HARRY et ses succédanés, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR débute de fort belle manière par les vaines tentatives d’une jolie fille en détresse d’échapper à un maniaque dont le visage est, en partie, dissimulé par de larges lunettes aux verres miroirs. Une introduction proche des codes coutumiers du giallo, le criminel rattrapant finalement sa proie avant de lui trancher la gorge et d’abandonner son cadaver ensanglanté. Un inspecteur de police aux méthodes radicales, après avoir découvert que la demoiselle appartenait à un réseau de prostitution, se lance aux trousses de l’assassin. Pour celà, il dissimule son identité et s’adjoint les services d’un petit voleur à la tire, decidé à désembrouiller un complexe réseau aux ramifications nombreuses.
A partir de là, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR délaisse le giallo et joue pleinement la carte du polar burné en plaçant à l’avant plan un inspecteur de police incorruptible adepte de la justice expéditive.
Hélas, probablement pour détendre l’atmosphère qui traite de sujets grâves (la prostitution forcée de mineures, l’implication des financiers et du politique dans les affaires criminelles italiennes), Martino se perd dans une accumulation saugrenue de scenes humoristiques pas toujours bienvenues. Si le “running gag” des lunettes du flic, brisées à intervalles réguliers, se révèle une trouvaille amusante, la comédie s’impose parfois, malheureusement, de manière bien lourde. Une poursuite en voiture rondement menée se transforme, ainsi, en suite de gags burlesques complètement inappropriés et même carrément grotesques. Dommage car la scène, ruinée par cette volonté incomprehensible de sombrer dans la parodie, aurait pu constituer un bon moment d’action et de tension. Heureusement, Martino se rattrappe par un passage original et convaincant qui débute par la tentative d’assassinat du héros sur une montagne russe avant de se poursuivre par la traque du meurtrier jusque dans le métro.

En dépit des faiblesses manifestes d’un film mal équilibré et pataud, la mise en scène de Sergio Martino reste, cependant, au-dessus de la moyenne et solidement charpentée. Le cineaste, parfois inspire, compose ains quelques sequences efficaces comme, par exemple, une suite de meurtres, situés aux deux tiers du film, qui renouent brièvement mais brillamment avec les clichés attendus du giallo. La musique utilisée, parfaitement appropriée, leur confère d’ailleurs un bel impact et reprend les codes mélodiques et rythmiques élaborés par les Goblins sur les oeuvres antérieures de Dario Argento. Rien de novateur mais une composition solide et efficace quoique frisant parfois la lounge d’ascenseur. De manière plus ludique, Sergio Martino joue beaucoup sur les miroirs et les reflets afin de donner un certain style au long-métrage.

Dans le rôle principal de l’inspecteur opiniâtre, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR met en vedette Claudio Cassinelli, vu précédemment dans le similaire LA LAME INFERNALE, qui inaugurait là une collaboration fructueuse avec Sergio Martino, laquelle, connut, hélas, une fin tragique puisque Cassinelli mourut dans un accident d’hélicoptère en juillet 1985, sur le tournage d’ATOMIC CYBORG. L’acteur s’avère un bon choix, à la fois dynamique, jeune (il a alors 35 ans) et énergique, combinant une rude virilité machiste avec un côté gaffeur amusant. Aux côtés de Cassinelli, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR convie l’éclectique Mel Ferrer qui, après une longue carrière dans les superproductions prestigieuses (GUERRE ET PAIX, LE JOUR LE PLUS LONG, LA CHUTE DE L’EMPIRE ROMAIN,…), se reconvertit sur le tard dans le bis (LA SECTE DES CANNIBALES, LE GRAND ALLIGATOR,…).
Souvent ignoré des fans du cinéaste et oublié des analystes qui évoquent ses giallos, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR opère pourtant, à l’image de titres comme LA LAME INFERNALE, la jonction entre le giallo et le polar burné, mâtiné de considérations socio politiques, qui allait dominer le cinéma de genre italien durant la seconde moitié des seventies. Dommage que le mélange ne prenne, hélas, que par intermittence et que le scénario, signé du prolifique et habituellement talentueux Ernesto Gastaldi, ne soit pas plus réussi ou original.
En dépit de ses défauts et d’un humour intrusif incongru et peu convaincant, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR demeure malgré tout un spectacle divertissant et plaisant. S’il reste, malheureusement, bien en deçà des thrillers antérieurs du cinéaste, SUSPICIOUS DEATH OF A MINOR se regarde, toutefois, avec un certain plaisir pour les curieux.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
manuma
Décorateur
Messages : 3688
Inscription : 31 déc. 07, 21:01

Re: Le Giallo

Message par manuma »

Le film manque trop d’unité dans le ton pour compter parmi les meilleurs travaux de Martino – les passages comiques plombent tout de même pas mal l’ensemble – mais si l’on s’en tient uniquement à la mise en scène, c’est du très bon boulot. A ce seul niveau, Morte sospetta di una minorenne me semble d’ailleurs être le dernier « grand » Martino. Non pas que ses films suivants soient tous négligeables – il en a encore signé quelques uns de très divertissants par la suite – mais ses réalisations ont nettement moins de panache. Bien entendu, je ne parle même pas de la période, disons post-85, de sa filmo où, là, il n'y a plus grand chose à sauver.

Morte sospetta di una minorenne et La città gioca d’azzardo, également réalisé en 75 par Martino, je leur trouve un petit côté Verneuil à l’italienne (celui du Casse et de Peur sur la ville, pas celui de La Vache et le prisonnier, hein …)
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

manuma a écrit : Bien entendu, je ne parle même pas de la période, disons post-85, de sa filmo où, là, il n'y a plus grand chose à sauver.
Rien vu de sa filmo post ATOMIC CYBORG (sauf le médiocre Désir Meurtrier)...je me demande si l'accident d'hélico sur le tournage d'ATOMIC CYBORG ne l'a pas complètement "démoli" car apparemment, ensuite, il a rien fait de bon et s'est spécialisé dans le téléfilm... :(
Dommage parce que de 1970 à 1985 c'était peut-être le meilleur artisan du bis italien (je place Argento et Fulci au-dessus) :wink:
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
manuma
Décorateur
Messages : 3688
Inscription : 31 déc. 07, 21:01

Re: Le Giallo

Message par manuma »

hellrick a écrit :
manuma a écrit : Bien entendu, je ne parle même pas de la période, disons post-85, de sa filmo où, là, il n'y a plus grand chose à sauver.
Rien vu de sa filmo post ATOMIC CYBORG (sauf le médiocre Désir Meurtrier)...je me demande si l'accident d'hélico sur le tournage d'ATOMIC CYBORG ne l'a pas complètement "démoli" car apparemment, ensuite, il a rien fait de bon et s'est spécialisé dans le téléfilm... :(


Je n’avais jamais fait le lien avec l’accident de Cassinelli, mais effectivement, il se trouve qu’Atomic Cyborg est la dernière bisserie vraiment sympa de Martino, possédant un peu de mordant. Après, mis à part Casablanca express, un peu mou mais qui se laisse néanmoins bien regarder, c’est la cata (son téléfilm avec Nicole Kidman, coproduit par Antenne 2 :mrgreen:, mon dieu ... quelle horreur !)

En fait, je crois que la reconversion de Martino à la télé au milieu des années 80 est surtout « conjoncturelle », liée à l’agonie du cinéma de genre italien.
hellrick a écrit :Dommage parce que de 1970 à 1985 c'était peut-être le meilleur artisan du bis italien (je place Argento et Fulci au-dessus) :wink:
Je serais tenté de dire que, sur la période 70-75, il était presque leur égal.
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

VOYEUR PERVERS
De Giuliano Petrelli

Image

Unique réalisation de Guiliano Petrelli, ce curieux film italien mélange drame psychologique, thriller et érotisme dans une ambiance vénéneuse et prenante qui rappelle également, lors de certaines scènes, les meilleurs giallos.

L’intrigue concerne un écrivain d’une cinquantaine d’années, Ivano, paralysé et impuissant depuis un accident de voiture l’ayant laissé cloué sur un fauteuil roulant. Pour trouver l’inspiration et assouvir ses pulsions voyeuristes, Ivano a placé dans sa demeure un attirail sophistiqué, qui comprend des périscopes dissimulés et des microphones lui permettant d’espionner ses locataires. Ivano et son épouse, Olga, accueillent ainsi un jeune homme, Arturo, étrange personnage solitaire et cultivé qui vient de violer et tuer une demoiselle rencontrée dans un train. Personnage ambigu, Arturo recherche les relations homosexuelles masochistes et pratiquement contraintes et reste à l’écart d’Olga que, pourtant, Ivano, par jeu pervers, jette dans ses bras. Arturo finit cependant par succomber aux pressentes avances de la « desperate housewife » sous les regards jaloux de leur valet de chambre, Ottavio, amoureux de sa patronne et abuseur de gamines à ses heures perdues.

Sous couvert d’un film d’exploitation, Guiliano Petrelli construit une intéressante étude sur le voyeurisme et les jeux érotiques, lesquels finissent, inévitablement, par déraper et, au final, échapper au contrôle d’Ivano, leur instigateur. Celui-ci, un riche écrivain dissimulant un lourd secret, vit à présent reclus dans sa demeure et trompe son ennui en vivant, par procuration, la vie de ses locataires. Pour incarner ce personnage à la fois détestable et pathétique, Petrelli convie un étonnant Fernando Rey, dont la pléthorique carrière (plus de 200 titres) va de Luis Buñuel à FRENCH CONNECTION. Rey joue ici un voyeur frustré, paralysé et impuissant depuis un accident de voiture tragique dans lequel son fils perdit la vie. Son unique plaisir consiste à espionner l’intimité de ses locataires, allant jusqu’à s’interroger sur leurs lectures ou leur goût en matière de musique.
A ses côtés nous découvrons Olga Bisera, belle Yougoslave d’une trentaine d’années qui fréquenta aussi bien les pénitenciers féminins (LA VIE SEXUELLE DANS LES PRISONS DE FEMMES) que James Bond dans L’ESPION QUI M’AIMAIT. Sexuellement frustrée, Olga, après avoir entretenu une relation adultère avec son beau-fils, se console dans les bras du jeune et athlétique Arturo. John Philillp Law (LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD, BARBARELLA) incarne cet être complexe, violeur de jeunes filles et assassin occasionnel. Ce complet misanthrope aux tendances nihilistes et suicidaires ne dédaigne pas, à l’occasion, une sodomie sauvage de la part d’un grand Black musclé rencontré dans une boite disco. Il succombe toutefois aux charmes vénéneux d’Olga sous les yeux jaloux d’Ottavio, son majordome, lequel apprécie, de son côté, les très jeunes filles. Au voyeurisme d’Ivano répond également la perversion de ce valet énamouré : il se masturbe sur une photo grandeur nature, décorée de sa lingerie, de sa maîtresse et va jusqu’à collecter ses poils pubiens. Amoureux sans espoir d’Olga, le pauvre Ivano développe une misogynie grandissante qui, au final, le pousse à abuser de jeunes demoiselles séquestrées dans une cabane.
En ramassant son intrigue, confinée dans le décor bien utilisé d’une grande demeure bourgeoise, Petrelli provoque une sensation d’étouffement et de malaise, accentuée par les caractères pervers de chacun des protagonistes qui, tous, cachent une déviance sexuelle. Bien sûr, ce triangle amoureux déviant (et même ce carré pervers si on y ajoute le majordome) se termine, forcément, très mal.
La mise en scène de Petrelli, de son côté, s’avère efficace en dépit des coupes sévères de la censure qui amputa près d’un quart d’heure du long-métrage. Difficile de savoir jusqu’où le cinéaste allait dans la perversion et l’érotisme, la version visionnée étant fortement coupée même si elle possède encore quelques images osées, comme le surprenant nu intégral de John Phillip Law ou une séquence de strip-tease sympathique et purement gratuite dans une discothèque.
Production atypique, VOYEURS PERVERS camoufle ses aspects « exploitation » sous un vernis vaguement « auteurisant » saupoudré de références psychanalytiques et mêle à l’érotisme malsain de son récit une étude de personnages convaincante et soignée.
Davantage un drame érotique inspiré du thriller qu’un authentique giallo, VOYEUR PERVERS n’en reste pas moins un film intéressant et relativement original qui se suit sans ennui et même avec intérêt. S’il n’est pas pleinement réussi, l’unique réalisation de Guiliano Petrelli constitue, en résumé, une agréable découverte pour les curieux du cinéma bis italien des années ’70.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
CC Baxter
Machino
Messages : 1115
Inscription : 13 juin 03, 14:05
Liste DVD
Localisation : Dans sa garçonnière, avec Fran et les enfants

Re: Le Giallo

Message par CC Baxter »

L'occhio dietro la parete...
Mais ou t'arrive à trouver ces petits films oublié?!
J'ai grandi exactement dans cette période, à deux pas de 2 cinémas de quartier, à Naples, et je n'avais jamais entendu parler de celui-là. :)
Ici la bande annonce, pour completer ta critique:
http://fascinationcinema.blog.tiscali.i ... ng_wp_cron
You... bastard!
Yes, sir... In my case it was an accident of birth.... But you are a self-made man.


The Vault!

Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Encore un film qui pourrait rentrer dans ma catégorie personnelle dite du "giallo...mais pas trop", à savoir des titres inclassables qui part leur origine temporelle et spatiale furent catégorisés, faute de mieux, dans le giallo sans en avoir, loin de là, toutes les caractéristiques...aujourd'hui:

LE ORME
Image
En 1971, Luigi Bazzoni adapte, pour son giallo JOURNEE NOIRE POUR LE BELIER, un roman de l’écrivain, scénariste et réalisateur italien Mario Fanelli. Cinq ans plus tard, les deux hommes collaborent à nouveau sur LE ORME que Bazzoni réalise sur base d’un scénario de Fanelli, adapté de son propre roman.

Ce curieux mélange entre cinéma populaire (le film emprunte au thriller et à la science-fiction) et cinéma expérimental se révèle déstabilisant tant le résultat échappe, de prime abord, à toute tentative d’explication ou de rationalisation. LE ORME oscille, par conséquent, entre le drame psychologique labyrinthique et le giallo onirique à prétentions « auteurisantes » au fil d’un scénario complexe et obscur.

Non linéaire, fragmentée, parcellaire, l’intrigue de LE ORME s’avère difficile à aborder et suit les pas d’Alice, demoiselle déboussolée qui franchit le miroir non pour se retrouver au pays des merveilles mais bien dans le territoire terrifiant de ses craintes juvéniles.
Le début du film plonge directement le spectateur dans le questionnement : Alice est renvoyée par ses employeurs pour un retard de trois jours dans son travail de traductrice. La demoiselle ne comprend rien à la situation et proteste de sa bonne foi mais ses patrons lui apprennent la date du jour : jeudi, alors qu’Alice, elle, est persuadée d’être lundi. Bientôt, la jeune femme doit se rendre à l’évidence et accepter ce mystère: trois journées manquent dans son emploi du temps ! Essayant de rassembler ses souvenirs, Alice découvre parmi ses affaires des éléments étranges comme une boucle d’oreille et une robe qui, pourtant, ne lui appartiennent pas. Une carte postale, envoyée depuis l’île turque de Garma, complique encore la situation car Alice ne se souvient pas de s’y être rendu. Pour dissiper son amnésie et expliquer les cauchemars qui l’assaillent régulièrement, Alice part pour Garma où chacun affirme l’avoir vu trois jours plus tôt, sous l’identité de Nicole…

Ce court résumé témoigne, déjà, de l’aspect novateur et déstructuré du long-métrage, lequel refuse les figures imposées du thriller italien pour privilégier une quête existentielle menée par une jeune femme déboussolée. Le spectateur doit, par conséquent, accepter de ne rien comprendre au scénario avant le générique de fin et de reconstituer, a posteriori, le puzzle encore nébuleux. Selon diverses interprétations, une possible explication de LE ORME serait celle-ci :

Alice, une traductrice, participe à une conférence d’astronomie dont un des exposés s’intéresse aux capacités de l’homme à survivre dans un environnement très hostile. Ce sujet lui rappelle un film de science-fiction entrevu dans sa jeunesse. Dans celui-ci un scientifique nommé Blackman abandonne sur la lune des astronautes et les observe agoniser. Aujourd’hui, la jeune femme craint par-dessus tout d’être abandonnée et, dans ses cauchemars, s’imagine poursuivie par Blackman, en quête d’un nouveau cobaye pour ses expériences. Cette peur entraine, au final, une sorte de dépression qui pousse d’abord Alice à se réfugier dans le monde rassurant de l’enfance puis à s’inventer une nouvelle personnalité, celle de Nicole. Désireuse de laisser derrière elle son existence actuelle, Alice / Nicole retourne à Grama, là où, des années plus tôt, elle vécut son premier amour en compagnie d’un dénommé Harry. Sur place, la demoiselle brûle ses vêtements et papiers, détruisant complètement sa vie en tant qu’Alice avant d’assumer une nouvelle personnalité, celle de Nicole. Ensuite, la jeune femme retrouve par hasard Harry, lequel est toujours amoureux d’elle. Au cours d’une crise, Alice / Nicole poignarde Harry et, complètement déboussolée, retourne dans son appartement où elle se réveille, amnésique, sous l’identité d’Alice. Le film commence à ce moment et Alice va, par la suite, tenter d’assembler les pièces éparses de son existence, chamboulée durant ses trois jours.

Cinéaste rare, Bazzoni n’a signé, en tout et pour tout, que cinq long-métrages, dont le curieux western spaghetti L’HOMME, L’ORGUEIL ET LA VENGEANCE. Avec LE ORME, il livre un titre étrange, roublard, parfois passionnant, parfois ennuyeux, dans lequel le spectateur doit s’immerger complètement et se perdre, au risque de ne jamais trouver l’issue de ce dédale fantasmé où se combinent rêves, hallucinations et, peut-être, expériences paranormales. Dans un bizarre patchwork aux influences surréalistes, Bazzoni rassemble divers éléments épars, dont certains eurent leur heure de gloire durant les années ’70, comme les théories conspirationistes et les prétendues expériences parapsychologiques menées par des agences gouvernementales secrètes. A cet ensemble vaguement ésotérique, le cinéaste ajoute une large dose de théories freudiennes avant de broder une ambiance d’errance onirique et de paranoïa qui s’inscrit dans la lignée de giallo atypiques comme THE PERFUME OF THE LADY IN BLACK.

Deux habituées du giallo figurent, d’ailleurs, au générique de LE ORME: l’excellente Florinda Bolkan (LE VENIN DE LA PEUR, LA LONGUE NUIT DE L’EXORCISME) dans un double rôle complexe, sur lequel repose l’entièreté de intrigue et dont la composition traduit adéquatement la peur de son personnage, toujours à deux doigts de basculer dans la folie. A ses côtés apparaît Ida Galli, alias Evelyn Stewart, vue dans MANIAC MANSION et L’EMMUREE VIVANTE, et la petite Nicoletta Elmi, laquelle joue, une fois de plus (après LES FRISSONS DE L’ANGOISSE et QUI LA VUE MOURIR?), une gamine un comportement étrange. Enfin, dans un rôle plus anecdotique qui tient quasiment du caméo amical, celui du médecin adepte des expériences sadiques, LE ORME convie l’inévitable Klaus Kinski, ici, hélas, grandement sous-employé et réduit à une simple silhouette menaçante.

Si LE ORME est généralement considéré comme un giallo, cette classification se révèle cependant réductrice tant l’oeuvre de Bazzoni s’affranchit des principales caractéristiques du genre. Ici, pas d’assassin ganté de noir, pas de meurtres sanglants et peu d’érotisme, autant de « manquements » aux traditions qui éloignent ce long-métrage de la plupart des giallo. Seules quelques caractéristiques le rapprochent, finalement, du cinéma popularisé par Mario Bava ou Dario Argento. Tout d’abord une ambiance pesante, développant un climat trouble d’angoisse larvée, puis une photographie travaillée, qui multiplie les références artistiques, met en valeur l’architecture et joue sur les teintes contrastées, ici surtout les jaunes et bleus, le rouge étant, curieusement, quasi absent de la gamme chromatique choisie. Enfin, la bande constitue une indéniable réussite avec ses mélodies envoûtantes signées par Nicola Piovani, un compositeur aussi doué qu’éclectique à qui nous devons plus de cent cinquante compositions, de GINGER ET FRED à JE VAIS BIEN NE T’EN FAIT PAS.

Malheureusement, en dépit de ces réelles qualités et d’un scénario intrigant, LE ORME se révèle, également, difficile à suivre et un peu ennuyeux durant sa partie centrale, située sur l’île de Grama. L’intrigue avance alors lentement et l’action patine au point que le rythme devient lénifiant, probablement afin de générer, chez le spectateur, une impression d’étouffement entretenue par les visions bizarres d’un astronaute agonisant sur la lune.

Déroutant, fascinant (ou hermétique), LE ORME possède suffisamment de points positifs et d’attraits pour intéresser les curieux, amateur d’un cinéma axé davantage sur les non-dits et le ressenti que sur la représentation effective de la peur. Hélas, l’ensemble reste, également, frustrant et longuet jusqu’à une conclusion ouverte permettant diverses interprétation en dépit d’un bref texte censé éclairer le spectateur sur les tenants et aboutissants du long-métrage. Une fin qui tient, selon les sensibilités, du génie ou du foutage de gueule, symptomatique d’un film à la fois intelligent et diablement roublard. Bref, une découverte intéressante mais pour laquelle il vaut mieux, toutefois, savoir à quoi s’attendre.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Julien Léonard
Duke forever
Messages : 11824
Inscription : 29 nov. 03, 21:18
Localisation : Hollywood

Re: Le Giallo

Message par Julien Léonard »

Toutes les couleurs du vice (Tutti i colori del buio) - Réalisé par Sergio Martino / 1972 :
Image
J'ai découvert il y a peu ce giallo assez spécial de Martino. Bon, je ne suis pas trop fan du genre, mais comme j'ai acheté quelques stocks de chez Neo Publishing (à un prix dérisoire... avant qu'il n'y en ait plus), je me suis dit que c'était l'occasion de s'y mettre. Giallo spécial, car teinté d'ésotérisme et pas toujours calé sur ce que l'on attend d'un film de ce genre. Mais que l'on se rassure, l'érotisme, les meurtres, l'enquête et le sadisme y sont toujours... Pas de doute, on reste tout de même en terrain conquis ! Le scénario est tortueux à souhait, le rythme plutôt bien entretenu et, excepté deux scènes de cérémonies complètement barrées et trop longues, l'ensemble est d'un niveau carrément excellent. La première séquence met dans l'ambiance tout de suite, par son décalage grand-guignolesque, son malaise et sa frénésie. Un prologue original et fort réussi (il faut accepter la violence de la chose, bien sûr).
Image
De fait, c'est au niveau de la mise en scène que j'ai vraiment été épaté ! Sergio Martino n'est pas un manche, et il le prouve dans chaque scène. Alors, s'il cède volontiers à un maniérisme de bon aloi (mais typique du giallo, il faut l'accepter), il le fait en tout cas merveilleusement. La gestion toujours subtile du cadre et des couleurs concoctent un festival visuel détonnant et toujours renouvelé. Londres est superbement filmé et les angles de caméra les plus divers donnent à l'histoire une enveloppe exagérément poétique. Je n'ai rien contre, d'autant que c'est en règle générale un plaisir au sein de ce film. Les scène de suspense sont régulièrement brillantes (le métro, les cages d'escaliers, une poursuite sur les toits...). Martino est très inventif et nous offre quelques moments de mise en scène inattendus et une esthétique stylisée. Bref, un véritable festival comme je l'ai dit, où les panoramiques, la caméra à l'épaule, les travellings et la photographie très soignée font tour à tour merveille. Chapeau pour le travail accompli sur l'atmosphère et la narration !
Image
Enfin, c'est un régal de voir Edwige Fenech, parcourant le film dans des tenues soulignant toujours plus sa classe et sa beauté. On ne peut pas dire qu'elle soit une actrice extraordinaire, mais enfin ici elle se débrouille terriblement bien. On y croit et elle sait donner une épaisseur presque schizophrène à son personnage. Une jolie interprétation qui évite bien des clichés et sert le film à la perfection. A noter que l'érotisme est ici assez soft en ce sens qu'il est parcimonieux pour un giallo (mais bien là, il n'y a qu'à voir les séquences de messes...). Bonne interprétation générale de toute évidence, y compris de George Hilton, d'abord un brin transparent, puis plus solide à mesure que le récit avance. En deux mots, voilà un film symptomatique de son époque (libération des moeurs, arrivée de la violence délurée au cinéma depuis quelques années...), un thriller transalpin euphorisant et diabolique, bien réglé et, pourvu qu'on soit intéressé par le genre, à consommer sans hésitation.
Image
A noter que le DVD de Neo Publishing est très bon, présentant un scope respecté relativement bien décrassé et assez lumineux. Un très bon travail éditorial (comme toujours avec eux -cf le coffret Fulci, limité à 500 exemplaires-). Le reste de la collection ayant très bonne presse quant à sa qualité technique (éditoriale s'entend), il me tarde d’enchaîner avec quelques titres savoureux. Dommage, vraiment, que cet éditeur ait dû mettre la clé sous la porte voilà maintenant un an et demi...
Image
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Belle réussite en effet que ce film même si il n'est pas, du moins selon moi, le meilleur giallo de Martino (ma chronique ici http://bis.cinemaland.net/html/movies/a ... e-dark.htm), je t'invite à découvrir ses autres giallos des années '70, tous très efficaces et joliment réalisés.

Et en effet quel dommage que Néo ait sombré (suite, justement, aux ventes catastrophiques de ces 2 derniers giallos :( ), j'essaie de prendre la plupart de leurs films pour ma collection, même si quelques choix étaient "curieux" (zombie 4...sérieux :fiou: ) ils faisaient un super boulot et celà risque de dissuader d'autres éditeurs de tenter la voie du giallo alors qu'il reste tant de films à éditer :(
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Répondre