Le Giallo

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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hellrick
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LA CONTROFIGURA
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Réalisé en 1971 par Romolo Guerrieri, LA CONTROFIGURA s’est rapidement vu rattaché au giallo ne serait-ce que par son casting d’habitué, son thème et, bien sûr, sa nationalité. Pourtant il s’agit essentiellement d’un drame timidement érotique ponctué de quelques éléments de thriller.
Dans un parking souterrain, un homme, Frank, s’apprête à regagner son véhicule lorsqu’il est abattu par un inconnu. A l’agonie, le blessé se souvient des derniers mois de son existence et reconstitue le puzzle qui l’a mené à son triste destin.

Quelques mois plus tôt…Frank (Jean Sorel) est un architecte menant une existence oisive en compagnie de son épouse, la belle mais franchement stupide Lucia (Ewa Aulin). L’arrivée de la mère de Lucia, la toujours désirable Nora (Lucia Bosè) ravive le désir de Frank qui tombe rapidement amoureux de sa belle-mère. Ensuite, Eddie, un Américain, tendance communiste hippie, surgit de nulle part et vient encore compliquer la donne tant les deux femmes semblent sensibles à ses charmes…Obsédé par Nora, avec qui il a une intense relation sexuelle, Frank la suit jusque Rome où il découvre le cadavre d’Eddie. Persuadé que sa maîtresse et belle-sœur a tué le jeune homme, Frank décide de cacher le corps. Mais il apprend par la suite que Nora n’était pas présente lors du meurtre de l’Américain… alors qui l’a tué et pourquoi ?

Romolo Guerrieri est un des nombreux artisans méconnus du cinéma populaire à l’italienne qui, à l’instar de la plupart de ses collègues, suivit les modes, passant de la comédie (BEAUTY ON THE BEACH) au western (LES 7 COLTS DU TONNERRE, JOHNNY YUMA) et au polar (UN DETECTIVE). Il se devait, forcément, de toucher au giallo, ce qu’il fit avec L’ADORABLE CORPS DE DEBORAH, un précurseur du thriller sexy tourné en 1968. Avec LA CONTROFIGURA, le cinéaste nage dans les mêmes eaux (machination, érotisme soft,…) et rassemble un casting solide composé d’habitués du genre.

Le Marseillais Jean Sorel, tout d’abord, incarne un personnage comme il les aime, celui d’un séducteur bourgeois embarqué dans une intrigue complexe. Révélé par BELLE DE JOUR, Sorel joua dans une petite dizaine de giallo, comme PERVERSION STORY ou l’atypique JE SUIS VIVANT. Difficile d’ailleurs de ne pas évoquer les similitudes criantes entre ce-dernier et LA CONTROFIGURA puisque, dans les deux cas, Sorel est abattu au début du film et passe ses derniers instants (mais l’entièreté du temps de projection) à se souvenir des événements l’ayant conduit à sa fin tragique.

A ses côtés, LA CONTROFIGURA nous permet d’admirer la plastique d’Ewa Aulin et de Lucia Bosè. La première est apparue dans deux thrillers expérimentaux (LA MORT A PONDU UN ŒUF de Giulio Questi et EN CINQUIEME VITESSE de Tinto Brass) tandis que la seconde, ancienne Miss Italie à la quarantaine resplendissante, a été vue dans l’étrange giallo gothique SOMETHING IS CRAWLING IN THE DARK. Silvano Tranquilli (LA TARANTULE AU VENTRE NOIR) et Giacomo Rossi Stuart (L’APPEL DE LA CHAIR) complète cette intéressante distribution.

Hélas, en dépit de comédiens chevronnés et de prémices intrigantes, LA CONTROFIGURA s’avère incapable d’intéresser le spectateur. Son intrigue, bien trop légère et creuse, se limite à de timide coucheries, plus proches d’un soap-opéra de fin d’après-midi que d’un authentique giallo.
Une bonne moitié de LA CONTROFIGURA se déroule au Maroc et la chaleur exacerbe les désirs, ce qui nous vaut quelques scènes gentiment sexy comme un câlin aquatique entre Sorel et Aulin. Mais cela ne suffit pas à sauver une intrigue qui s’embourbe rapidement dans une lenteur rédhibitoire.

Durant les trois quarts du long-métrage, il ne se passe, en réalité, pratiquement rien et cette collection de vignettes érotico-exotiques, bien trop bavardes et languissantes, finit par endormir les plus indulgents. Etant donné le nombre très restreint de protagonistes (le héros, les deux femmes, l’Américain et le mystérieux inconnu), le spectateur n’éprouve aucune difficulté à dresser une très courte liste de suspects et les révélations finales ne sont guère surprenantes, du moins en ce qui concerne l’identité du coupable puisque son mobile est, pour sa part, plus original.

Peu soucieux de révolutionner les codes du sexy giallo, Romolo Guerrieri dépeint donc quelques personnages pas vraiment sympathiques. Le héros est ainsi un architecte raté qui dilapide la fortune familiale, trompe sa pourtant magnifique épouse dans les draps de sa belle-mère et développe une jalousie machiste quasi obsessionnelle. Début des années ’70 oblige, le cinéaste se permet les habituelles remarques concernant les hippies et la liberté sexuelle, un mode de vie qui parait à la fois fascinant et mal considéré. Le scénario mêle d’ailleurs, plutôt maladroitement, une pensée libertaire à des considérations réactionnaires sans jamais choisir son camp. Une démarche proche de celle d’Umberto Lenzi à la même époque.

Dénué de suspense et interminable, LA CONTROFIGURA s’appuie uniquement sur une interprétation solide et une agréable musique easy listening pour maintenir l’intérêt défaillant du spectateur, lequel risque cependant l’assoupissement devant ce pseudo sexy giallo soporifique. Peut-être un des titres les plus ennuyeux que le genre ait livré.
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LES DEUX VISAGES DE LA PEUR
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Classé dans le giallo en raison d’une affiche suggestive, d’un titre référentiel et de sa nationalité, LES DEUX VISAGES DE LA PEUR n’en retient pourtant que de rares éléments constitutifs. Mou, sans passion, nanti d’un body count ridiculement bas et aussi palpitant qu’un soap vaguement policier de fin d’après midi, cette coproduction italo-espagnole datant de 1972 constitue, par conséquent, un bien piètre thriller à l’intrigue plus souvent soporifique que palpitante.

Deux médecins de réputation internationale, l’ancien alcoolique Roberto et son ami Michele, travaillent dans la clinique d’Elena. Celle-ci, épouse de Roberto, a hérité de l’établissement de son père et le dirige à présent en compagnie de Luisi. Or, Michele envisage de quitter son poste car il est jaloux de Roberto, lequel est l’ancien amant de sa fiancée actuelle, Paola. Tous ces tracas fatiguent Elena, de santé fragile et passible d’une crise cardiaque en cas de choc trop violent. Elle propose d’augmenter les parts de Michele afin de retenir celui-ci, ce qui déplait fortement, bien sûr, à Luisi qui, pour ne rien simplifier, aime Paola…La situation se complique lorsque Michele est abattu par un inconnu, ce qui justifie l’intervention de l’inspecteur Nardi, lequel aura fort à faire pour démêler cet inextricable sac de nœuds !

L’Argentin Tulio Demichelli, précédemment auteur d’une cinquantaine de long-métrages (dont le très folklorique DRACULA CONTRE FRANKENSTEIN avec Paul Naschy), emballe sans réelle implication cette histoire feuilletonnesque dans laquelle domine les relations sexuelles entre les divers protagonistes. La clinique où se déroule l’action ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à un de ses établissements hospitaliers de la télévision puisque tout le monde s’y drague et s’y trompe copieusement. Difficile de s’y retrouver dans cette imbroglio qui donne l’impression de prendre en marche un feuilleton sentimental interminable et rarement passionnant.

Le meurtre d’un sémillant docteur mettra un terme brutal à toutes ces coucheries et entrainera l’arrivée d’un pauvre inspecteur, joué par le vétéran Fernando Rey, qui aura bien du mérite à démêler le vrai du faux. D’autres familiers du giallo complètent le casting, à commencer par George Hilton (LA QUEUE DU SCORPION, FOLIE MEURTRIERE), bien entouré par Anita Strindberg, beauté suédoise souvent vue dans le bis des seventies (QUI L’A VUE MOURIR ?, L’ANTECHRIST) et Luciana Paluzzi (une « Bond girl » d’OPERATION TONNERRE revue par la suite dans le très efficace …A TUTTE LE AUTO DELLA POLIZIA). Bref, un casting solide au service d’une intrigue hélas routinière et bien trop proche d’un téléfilm policier mâtiné de soap-opéra (ou vice versa) pour satisfaire les amateurs de thrillers à l’italienne. Une longue séquence de poursuite et quelques moments d’angoisse élèvent toutefois le projet mais ne suffisent pas à lui conférer la moyenne.

Une interminable opération médicale, d’une durée de près de quinze minutes, emmène le long-métrage sur les terres nauséeuse du « mondo » puisqu’il s’agit d’une scène authentique, exécutée par un véritable chirurgien, et incluse pour d’évidentes raisons de publicité « choc » a peu de frais.

En dépit d’une référence mensongère à Mario Bava et à ses TROIS VISAGES DE LA PEUR, l’œuvre de Demichelli constitue une fameuse déception, un mélange sans imagination de policier, de giallo et de romance aussi fade que peu inspiré. Un titre aujourd’hui oublié et qui ne mérite guère d’être tiré de l’obscurité dans laquelle il a sombré. Sans intérêt.
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Une grosse rareté qui flirte joyeusement avec le genre...à découvrir!

UNA IENA IN CASSAFORTE

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Le cinéaste milanais Cesare Canevari n’est surement pas le plus prolifique des artisans du bis italien puisqu’il n’a mis en scène que 9 long-métrages. Il débute sa carrière en 1964 avec un western comique, PER UN DOLLARO A TUCSON SI MUORE, puis livre la première adaptation, aujourd’hui oubliée, du roman d’Emmanuelle Arsan, MOI EMMANUELLE en 1969. On lui doit aussi un très curieux western spaghetti, MATALO, et une nauséeuse naziexploitation, LA DERNIERE ORGIE DU TROISIEME REICH, restée fameuse pour ses excès vomitifs. Comme la plupart de ses collègues, Canevari touche à deux reprises au giallo, de manière plus ou moins franche, d’abord avec UNA IENA IN CASSAFORTE puis, bien plus tard, avec le très osé DELITTO CARNALE, réalisé en 1983, qui resta son dernier film.

Mélangeant divers genres, UNA IENA IN CASSAFORTE entremêle polar, « film de casse » et giallo dans un ensemble ludique et ouvertement psychédélique qui rappelle, également, les adaptations « pop » de fumetti comme DANGER DIABOLIK ou KRIMINAL. Le résultat, forcément inclassable, constitue donc un incroyable patchwork d’influences dans lequel l’intrigue, classique, s’efface au profit de l’inventivité de la réalisation, laquelle abuse des plans saugrenus et des idées visuelles les plus folles.

Un nommé Boris est mort en laissant une fortune en diamant à l’abri dans un coffre-fort. Six personnes, rassemblées dans une maison isolées, en possède chacun une clé et doivent donc collaborer pour s’emparer du pactole. Cependant, un des invités ne peut trouver sa clé et, suite à diverses menaces, finit par se défénestrer. Un suicide apparent…à moins qu’il ne s’agisse d’un meurtre camouflé ? La tension grimpe entre les survivants, lesquels soupçonnent une des demoiselles, Janine, de posséder la clé manquante. Cependant, celle-ci est assassinée à son tour. Cette fois, nul doute n’est permis : un assassin frappe chacun des protagonistes afin d’augmenter sa part du butin.

Brodant sur le thème, très classique dans le polar, de la poignée d’individus qui s’entretuent pour s’approprier la plus large part d’un énorme pactole, UNA IENA IN CASSAFORTE se teinte également de thriller façon « whodunit » et évoque fréquemment une version sous acide des « Dix petits nègres ». L’ensemble possède en outre un fort parfum sixties dans sa mise en scène, volontiers « pop », qui met parfaitement en valeur une architecture parfois surprenante, voire futuriste (en particuliers l’étrange piscine). Lors des dernières minutes de projection surgit une nouvelle bizarrerie puisqu’un rectangle jaunâtre commence à pulser dans le coin gauche de l’image et se transforme, au final, pour former les lettres du mot « Fin ». La réalisation va, elle, privilégier les cadrages saugrenus et la recherche formelle, Canevari s’amusant manifestement à concocter des plans improbables et mémorables.

Pour accentuer la curiosité, le casting place en vedette le chanteur d’opéra Dimitri Nabokov, fils unique de l’auteur de « Lolita », dont ce fut l’unique participation à un long-métrage. Les autres comédiens ne connurent pas, eux non plus, de véritable carrière cinématographique, à l’exception de Cristina Gaioni (LA VIE SEXUELLE DANS LES PRISONS DE FEMMES, CHAIR POUR FRANKENSTEIN,…). Pourtant, ces interprètes amateurs sont crédibles et leurs personnages, quoique schématiquement croqués, fonctionnent agréablement jusqu’au climax, ironique et réussi.

La musique choisie s’avère, elle-aussi, surprenante, et délaisse les sonorités jazzy lounge habituellement de mise dans ce type de production pour verser dans une outrance joyeuse et un tempo élevé, empreint d’un parfum prononcé de comédie. Un joli sens du décalage qui, là encore, augmente la singularité du long-métrage.

Sans être un giallo pur et dur, UNA IENA IN CASSAFORTE s’en rapproche néanmoins grandement par son mélange de machination et de crimes successifs qui se terminent par une rafale de retournements de situations plus ou moins surprenants ou convaincants. Un humour satirique efficace et quelques touches d’érotisme suggestif raviront eux aussi les amateurs de thrillers à l’italienne pour autant qu’ils apprécient une bonne dose d’étrangeté.

Divertissement plaisant et enjoué, UNA IEAN IN CASSAFORTE constitue une jolie surprise dans un genre souvent balisé. Un ton ludique et une mise en scène pleine de panache rendent sa vision agréable tandis que sa courte durée assure un rythme correct. En dépit de quelques faiblesses et d’une poignée de longueurs, bien excusables, l’œuvre de Canevari procure au spectateur une bonne dose de plaisir pur et mérite la découverte pour les amateurs de bizarreries cinématographiques.
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Re: Le Giallo

Message par CC Baxter »

Je viens de regarder la bande annonce sur youtube et je vais commander de suite cette perle rare.

Grazie!!!

P.S. Vu les noms absolument "impossibles" des interprètes, visiblement tous ou preque italiens, je me demande si Marie Luise Greisberger n'est pas en realité un pseudonyme de la très jolie Gaia Germani.
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Ah je ne peux pas t'aider à ce sujet, je ne suis pas très physionomiste, sorry...mais Maria Luisa Geisberger n'a aucun autre crédit selon IMDB donc il est très possible qu'il s'agisse d'un pseudo :wink:
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

GIOCHI EROTICI DI UNA FAMIGLIA PER BENE

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Après son peu réputé western LES RAVAGEURS DE L’OUEST, Francesco Degli Espinosa propose pour son second (et dernier) long-métrage un giallo très classique. Seule véritable surprise : le cinéaste embrasse le courant « sexy giallo de machination » à une époque où le thriller à l’italienne se complaisait davantage dans les hécatombes sanglantes inspirées de Dario Argento.

Le professeur Riccardo Rossi rentre chez lui à l’improviste et découvre son épouse, Elisa, dans les bras de son amant. Ce-dernier parvient toutefois à s’enfuir sans que Riccardo ne puisse l’identifier. Blessé dans son orgueil et incapable de demander le divorce en regard de ses convictions politiques et morales (il milite d’ailleurs pour son interdiction !), Riccardo n’a d’autre choix que de supprimer son épouse. Pour ce faire, il l’emmène en voiture en vue d’une ballade romantique réconciliatrice au bord d’un lac mais, sur place, la drogue et jette son corps, enveloppée d’un sac, dans l’eau. Cependant, les jours suivants, Riccardo voit le spectre de sa femme décédée lui apparaitre tandis qu’un mystérieux barbu, vêtu d’un imperméable, l’épie. Incapable de rester seul, le meurtrier, brisé par la culpabilité, engage une prostituée, Eva, qu’il supplie de rester à ses côtés en échange d’une grosse rémunération…Mais les visions fantomatiques continuent et le poussent, peu à peu, vers la folie et le suicide.

Ecrit par le scénariste et metteur en scène Renato Polselli, bien connu des « bisseux » pour de sympathiques aberrations pelliculaires comme BLACK MAGIC RITES ou AU-DELA DU DESIR, ce petit thriller teinté d’érotisme trahit, une nouvelle fois, les emprunts effectués par les concepteurs de giallo aux œuvres de Boileau et Narcejac. En effet, GIOCHI EROTICI DI UNA FAMIGLIA PER BENE constitue un énième décalque des DIABOLIQUES et son scénario ménage donc peu de surprises pour les connaisseurs du genre.

Dès le départ, le spectateur réfute la thèse surnaturelle présentée à gros traits et flaire le coup classique de la machination visant à entrainer le principal protagoniste vers la folie et la mort. Difficile, dès lors, de ne pas rapidement deviner qui espionne notre assassin et, par conséquent, qui est l’instigateur de ce plan à la fois retors et invraisemblable pour le conduire au suicide. Pourtant, GIOCHI EROTICI DI UNA FAMIGLIA PER BENE maintient l’attention et propose une suite de rebondissements en roue libre franchement réjouissants à condition de ne pas s’attarder sur leur manque de crédibilité. Quoique souvent brouillon et maladroit dans sa mise en scène, Francesco Degli Espinosa multiplie les fausses-pistes et parvient, peu à peu, à embrouiller un spectateur rarement dupe de ses ruses et astuces mais cependant agréablement diverti par cette intrigue biscornue à souhait.

Au rayon du casting, le cinéaste convoque quelques familiers du cinéma populaire de la Péninsule. La belle Erika Blanc (première incarnation d’Emmanuelle en 1969) a déjà fréquenté à maintes reprises le giallo, notamment via PLUS VENIMEUX QUE LE COBRA, SI DOUCES SI PERVERSE ou L’APPEL DE LA CHAIR. Pas de surprise, par conséquent, à la voir se dénuder dans un rôle de prostituée au grand cœur mais peut-être pas si innocente qu’elle n’y parait. A ses côtés, Malissa Longo dévoile, elle aussi, ses charmes de starlette du bis aperçue dans des perles de cinémathèque comme PRENEZ LA QUEUE COMME TOUT LE MONDE ou LA VIE SEXUELLE DE ROBINSON CRUSOE avant sa reconversion dans les naziexploitations made in Eurociné comme ELSA FRAULEIN SS et HELGA, LA LOUVE DE STILBERG. A leurs côtés, outre la charmante mais peu connue Maria D'Incoronato, nous retrouvons une gueule familière du western spaghetti, Donald O’Brien (LE COLT ETAIT SON DIEU, KEOMA,…) ici reconverti en bourgeois aimant folâtrer avec sa désirable nièce. Le comédien fait, hélas, pâle figure comparé aux trois beautés précitées et manque de crédibilité et de tonus pour convaincre. Toutefois, cela n’empêche pas de prendre plaisir aux divers rebondissements distillés à intervalles réguliers. En dépit d’un titre aguicheur, GIOCHI EROTICI DI UNA FAMIGLIA PER BENE reste malheureusement timoré au niveau de l’érotisme même s’il touche, de manière plus suggestive que frontale, au tabou de l’inceste ou aux amours saphiques.

La durée restreinte (80 minutes !) permet, en outre, de garder un rythme soutenu qui évite de s’ennuyer et, surtout, de trop réfléchir aux situations improbables développées par le cinéaste. Si le climax s’avère prévisible, tout comme l’habituelle conclusion cynique et moralisatrice déjà vue et revue dans d’innombrables « giallo » (où, on le sait à présent, le crime ne paie pas !), le long-métrage fonctionne efficacement et sans temps morts.

Quoique très classique, GIOCHI EROTICI DI UNA FAMIGLIA PER BENE ne manque finalement pas d’attraits et se suit avec beaucoup de plaisirs. A condition d’accepter les invraisemblances de son intrigue, le film se révèle divertissant, bien rythmé, sympathique, gentiment sexy et, en définitive, plaisant. Sans être un chef d’œuvre, on n’en attendait honnêtement pas autant de ce petit « sexy giallo » aujourd’hui oublié que les aficionados redécouvriront avec nostalgie.
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Re: Le Giallo

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AMORE E MORTE NEL GIARDINO DEGLI DEI
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Frère du plus connu Romano Scavolini (auquel on doit le slasher CAUCHEMAR A DAYTONA BEACH et le piètre giallo EXORCISME TRAGIQUE), Sauro Scavolini est essentiellement un scénariste (il a travaillé sur une trentaine de long-métrages dont LA QUEUE DU SCORPION de Sergio Martino) même s’il est passé à cinq reprises derrière la caméra. Outre trois téléfilms, il a livré deux longs-métrages destinés aux salles obscures, à commencer par ce très curieux et méconnu AMORE E MORTE NEL GIARDINO DEGLI DEI. Pars sa nationalité, son année de réalisation (1972), son casting et l’implication de Romano Scavolini (ici directeur de la photographie), il fut, bien sûr, catégorisé comme « giallo ». Pourtant, il n’en reprend que certains éléments et s’apparente surtout à un thriller psychologique au rythme fort lent sous l’influence manifeste de BLOW UP.

L’intrigue, tortueuse, débute par la location d’une villa laissée à l’abandon. Le nouvel arrivant, un ornithologue allemand, espère y étudier une espèce rare d’oiseau. Lors d’une promenade dans le parc, le scientifique tombe par hasard sur de vieux enregistrements qu’il s’empresse d’écouter sur son magnétophone. Ces bandes sont, en fait, les comptes rendus de séances psychanalytiques et l’expert en volatiles plonge donc avec fascination dans l’intimité d’une jeune femme, Azzura. Celle-ci a longtemps vécu en compagnie de son frère, Manfredi, qui entretient avec elle un rapport très possessif aux limites de l’inceste. Lorsqu’Azzura épouse un pianiste, Timothy, son frangin supporte mal la séparation : il feint de partir pour l’Inde mais se cloitre en réalité dans un petit appartement. Manfredi entame également une relation passionnée avec une certaine Viola. Quelques temps plus tard, Azzura (décrite comme un « serpent venimeux ! ») apprend que son supposé frère a, en réalité, était adopté et que rien ne l’empêche donc de courtiser celle qu’il pensait être sa sœur. En pleine dépression, Azzura tente de se suicider en se tranchant les veines dans sa baignoire. Sauvée de justesse, elle devient très intime avec Viola.

Loin d’un thriller au suspense insoutenable, AMORE E MORTE NEL GIARDINO DEGLI DEI s’apparente davantage à une œuvre difficile d’accès et au rythme souvent languissant, ponctué de quelques images bizarres qui lui confèrent un côté légèrement « auteurisant », expérimental ou même prétentieux. On note ainsi des scènes saugrenues comme ce cadavre dévoré par un loup ou ce rêve bucolique de diner « hippie » dans un jardin. Cependant, les conventions du giallo apparaissent au fil de ce récit fragmenté : nudité féminine, tabous sexuels (l’inceste est évoqué puisque l’héroïne révèle qu’elle dormait avec son « frère » et « jouait à être sa femme »), séduction saphique, prédominance de la psychanalyse, chantage, enquêteur improvisé, etc. Les dernières minutes font définitivement basculer l’entreprise dans une sorte de machination assez tordue, toutefois bien différentes des manigances criminelles habituellement rencontrées dans le « sexy giallo ».

En dépit de son climat poisseux parfois fascinant, AMORE E MORTE NEL GIARDINO DEGLI DEI prend tout son temps pour réellement démarrer et demande une bonne dose de patience au spectateur. Ce-denier, en effet, peut facilement décrocher de cette histoire certes tortueuse mais pas toujours passionnante, racontée en une suite de flashbacks induits par l’écoute des bandes magnétiques découvertes par l’ornithologue, lequel reconstitue, peu à peu, le puzzle criminel.

Toutefois, après une première heure essentiellement construite sur l’atmosphère morbide et les relations troubles entre les différents protagonistes, AMORE E MORTE NEL GIARDINO DEGLI DEI change de registre et embrasse plus volontiers sa dimension « giallesque ». Seul dans une vaste demeure, le vieux professeur reçoit de nouveaux enregistrements menaçants qui lui annoncent sa fin prochaine et lui révèlent la fin de l’histoire entre Azzura et son frère poussé vers la folie. Plusieurs meurtres à l’épée s’ensuivent, le long-métrage anticipant, dans son dernier tiers, sur les futurs slashers en évitant néanmoins de se complaire dans le gore gratuit.

Le casting de AMORE E MORTE NEL GIARDINO DEGLI DEI rassemble, pour sa part, quelques visages familiers du cinéma bis italien, à commencer par Peter Lee Lawrence, acteur allemand de westerns (PISTOLETS POUR UN MASSACRE, GARRINGO) ayant tourné vingt-neuf longs-métrages en une dizaine d’années avant de décéder, à trente ans, d’un cancer. A ses côtés, deux comédiennes bien connues sont de la partie pour assurer le quota de charmes : Erika Blanc (OPERATION PEUR, LA PLUS LONGUE NUIT DU DIABLE) et Orchidea de Santis (LE DOSSIER ROSE DE LA PROSTITUTION, LE DIABLE DANS LA TÊTE).

Oublié des cinéphiles, AMORE E MORTE NEL GIARDINO DEGLI DEI constitue une curiosité intéressante qui emprunte à de nombreux genres (une louche de giallo, une pincée de slasher, un soupçon d’érotisme) tout en restant essentiellement un drame psychologique fort lent mâtiné de thriller. Le tout se laisse voir avec intérêt pour les plus aventureux mais manque cependant de mordant ou de réels frissons pour réellement emporter l’adhésion et s’élever au-dessus d’une honnête moyenne.
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L’ASSASSIN FANTOME
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Coproduction italo-ibérique de 1969, cet ASSASSIN FANTÔME aujourd’hui bien oublié s’inscrit dans la veine « giallo machination » qui domina le thriller européen à la charnière des années ’60 et ’70. Nous y retrouvons par conséquent une tortueuse et improbable combine criminelle qui doit beaucoup aux films d’Umberto Lenzi (UNE FOLLE ENVIE D’AIMER et SI DOUCES SI PERVERSES), au PERVERSION STORY de Lucio Fulci et, bien sûr, aux DIABOLIQUES. L’intrigue, pas franchement originale, se révèle cependant intéressantes par ses nombreux twists souvent surprenants.

John, un homme riche souffrant d’épilepsie, vit mal sa relation avec sa belle épouse, Denise, et réécrit son testament afin qu’elle n’hérite pas sa fortune au cas où il viendrait à décéder. Denise, par ailleurs, le trompe avec son frère jumeau, Peter, et envisage de s’emparer de sa fortune. L’arrivée d’un inconnu, Gert, perturbe leur plan : connaissant le passé frivole de Denise, notre apprenti maître chanteur réclame une forte somme à la jeune femme en échange de son silence. Mais Peter débarque à l’improviste et chasse Gert en se faisant passer pour John ! Plus tard, le maître chanteur est supprimé par Peter. Décidé à exploiter cette nouvelle donne, les deux amants envisagent de pousser John à la folie et, après l’avoir drogué, l’accusent du crime commis par Peter…
Très peu connu, L’ASSASSIN FANTÔME n’en est pas pour autant un ratage, loin de là. Si les bases du scénario sont déjà balisées (deux amants tentent d’interner le mari afin de toucher un héritage), l’adjonction du thème, finalement peu fréquenté, de la gémellité apporte au long-métrage tout son sel. L’Américain Larry Ward se montre par ailleurs très convaincant dans son double rôle, incarnant alternativement le pauvre malade John et le diabolique Peter. Bien sûr, le cinéaste ne tarde pas à brouiller les pistes et rend difficile l’identification: est-on en présence de l’un ou l’autre des frères ? Ce petit jeu, adroitement négocié, entretient un plaisant suspense bien servi par la prestation de Larry Ward, précédemment vu dans de nombreuses séries télévisées et quelques films prestigieux comme LA CHARGE DE LA HUITIEME BRIGADE et HOMBRE, ainsi que des « spaghetti » oubliés comme DIEU NE PRIE PAS LE SAMEDI. Pour l’anecdote, le dernier «rôle » de l’acteur se trouve dans LE RETOUR DU JEDI dans lequel il personnifie vocalement Jabba le Hutt.

La belle et cupide Denise est, de son côté, jouée par Teresa Gimpera, beauté espagnole qui avait débuté, quatre ans plus tôt, dans le très psychédélique et bordélique FATA/ MORGANA. Silvana Venturelli, elle aussi, est de la partie, dans un petit rôle, juste avant de batifoler sous la caméra de l’esthète pornocrate Radley Metzger avec CAMILLE 2000 et THE LICKERING QUARTET. Enfin, Giacomo Rossi Stuart, bien connu des bisseux pour avoir fréquenté les giallo L’APPEL DE LA CHAIR, CRIMES OF THE BLACK CAT ou LA CONTROFIGURA complète la distribution en incarnant un maître chanteur. Tout de noir vêtu, portant gant de cuir, chapeau et imperméable, ce sinistre personnage affublé d’une balafre se conforme aux standards de l’assassin du giallo.

Toutefois, aussi sympathique qu’il soit, L’ASSASSIN FANTOME ne peut prétendre au titre d’incontournable du giallo machination : l’intrigue possède de nombreuses faiblesses et s’avère globalement peu crédible, y compris selon les standards du genre. Le film manque également d’attrait et reste visuellement assez terne et pauvre. Une décision sans doute en partie motivée pour lui conférer un climat sinistre entretenu par une grisaille pluvieuse, loin de la photographie ensoleillée des œuvres italiennes comme celles de Lenzi. Epoque oblige, le long-métrage se montre malheureusement timoré et limite l’érotisme, ici réduit à quelques demoiselles en sous-vêtements et à une brève scène « sexy » (absente de la version espagnole si on croit le brusque passage de la version originale à une version doublée en anglais) dans laquelle une poitrine est fugitivement dévoilée. Maigre.

Malgré ces défauts, L’ASSASSIN FANTÔME reste une oeuvrette plaisante et divertissante qui fonctionne sur un rythme correct, régulièrement relancé par des twists successifs jusqu’au retournement de situation final, certes un brin prévisible mais habilement amené. Dans le genre « giallo de machination », L’ASSASSIN FANTÔME se suit donc sans déplaisir et se situe un peu au-dessus de la moyenne du genre.
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WEEK END POUR ELENA
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Petit thriller franco-ibérique sorti en 1970 et aujourd’hui complètement oublié, WEEK END POUR ELENA se rapproche, bien sûr, des « giallo de machination » alors en vogue. A la mise en scène nous découvrons le très méconnu scénariste et réalisateur Julio Diamante, responsable de sept longs-métrages entre le début des années ’60 et le milieu des années ’70. Egalement auteur de l’intrigue de ce WEEK END POUR ELENA, Julio Diamante ne s’est guère foulé puisqu’il s’agit, une nouvelle fois, d’un décalque des DIABOLIQUES.

Carlos vit une relation difficile avec son épouse Elena. N’ayant pratiquement plus de relations sexuelles avec elle, il fait régulièrement des rêves étranges dont il se confie à son psychanalyste. L’arrivée de la cousine de sa femme, Fernanda, complique encore la donne, surtout que Carlos en tombe amoureux et qu’ils deviennent amant. Un soir, après une dispute, Carlos frappe son épouse et la tue accidentellement. Décidé à se livrer à la police, il en est dissuadé par sa maîtresse, laquelle lui propose de se débarrasser du cadavre puis d’endosser le rôle de la décédée afin de donner le change. Tout se déroule au mieux mais, au fil du temps, Carlos semble au bord de la folie, rongé par la culpabilité. D’autant qu’il lui semble apercevoir Elena bien vivante…

Thriller très classique et prévisible, WEEK END POUR ELENA ne surprendra guère les adeptes des giallo de machination ou les spectateurs familiers avec le chef d’œuvre d’Henry George Clouzot déjà plagié un nombre incalculable de fois. Le déroulement du scénario manque par conséquent de véritable surprise et, malheureusement, le réalisateur prend beaucoup de temps pour présenter son trio de protagonistes. Regrettable car le spectateur semble toujours posséder une longueur d’avance sur le développement de l’intrigue et ce jusqu’au très attendu retournement de situation final.

Le casting, assez surprenant, place en vedette Gérard Barray, un Toulousain né en 1931 à la carrière hétéroclite. Barray prend, tout d’abord, la succession de Jean Marais dans le « cape et d’épée », ayant d’ailleurs l’occasion de jouer avec lui dans le sympathique CAPITAINE FRACASSE de 1961. Par la suite, Barray reprend le rôle de D’Artagnan dans le diptyque LES TROIS MOUSQUETAIRES signé Bernard Borderie. Ce-dernier propose, l’année suivante, LE CHEVALIER DE PARDAILLAN dans lequel Barray incarne ce héros qu’il retrouve en 1964 pour la séquelle HARDI PARDAILLAN ! L’acteur va ensuite jouer la plupart des « grandes figures » du cinéma de cape et d’épée puisqu’il sera successivement Scaramouche et le corsaire Surcouf. Dans la seconde moitié des sixties, Barray se reconvertit dans l’espionite (BARAKA SUR X13), le polar rigolo (SALE TEMPS POUR LES MOUCHES et BERU POUR LES DAMES dans lesquels il est le célèbre commissaire San Antonio). Après une absence des écrans de près de dix ans, on le retrouve, quasiment septuagénaire, dans OUVRE LES YEUX et SEXY BEAST.

A ses côtés, Teresa Gimpera incarne l’épouse tuée accidentellement. Cette ancienne top model a été vue dans quelques films proches du giallo, de l’expérimental FATA / MORGANA à LA CASA DE LAS MUERTAS VIVIENTES en passant par L’ASSASSIN FANTÔME. Enfin, WEEK END POUR ELENA nous présente également Valérie Lagrange, chanteuse et actrice apparue, entre autre, dans LES TRIBULATIONS D’UN CHINOIS EN CHINE ou UN HOMME ET UNE FEMME.

Difficile d’en dire davantage sur WEEK END POUR ELENA, sous peine d’éventer les rares surprises d’un scénario balisé. Mais, l’ensemble n’en reste pas moins correct. Si nous sommes loin d’un incontournable du thriller / giallo de machination, ce petit film demeure une curiosité potable et pas désagréable à suivre. Si l’ensemble, un poil longuet (100 minutes) et timorée pour convaincre, peine à convaincre vraiment (l’absence de frissons ou d’érotisme étant, dans pareil contexte, un sérieux bémol) WEEK END POUR ELENA demeure cependant dans la bonne moyenne des (trop) nombreuses imitations des DIABOLIQUES.
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Message par hellrick »

THE CRIMES OF PETIOT
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Rareté complètement oubliée (ce qui en fait certes une curiosité pour l’amateur insatiable de bis mais non un bon film pour autant), THE CRIMES OF PETIOT rappelle grandement un autre pseudo giallo espagnol, SEVEN MURDERS FOR SCOTLAND YARD. Comme pour le titre précité, le réalisateur José Luis Madrid s’inspire vaguement d’une affaire criminelle célèbre (après Jack l’éventreur il s’attaque ici au docteur Petiot) qu’il réactualise et traite sur le mode du thriller horrifique, quelque part entre le slasher, le krimi et le giallo. Dans les deux cas, le metteur en scène offre le rôle principal à Paul Naschy, lequel parait, hélas, fort peu concerné par cette intrigue sans grand intérêt dans laquelle il se ballade avec un air détaché confinant à l’ennui complet.

L’intrigue, très classique, traite d’un tueur en série qui s’en prend à divers couples aimant folâtrer dans un parc berlinois. Notre maniaque tout de noir vêtu les piège et les abat d’une balle tirée à l’aide d’un Luger, un révolver datant de la Seconde Guerre Mondiale. Vera, une journaliste en quête de gloire, décide d’arrêter le meurtrier et demande l’aide d’un de ses amis antiquaires, Boris (Paul Naschy). En compagnie de deux autres personnes, le couple tend un piège au tueur dans son parc favori mais ce-dernier les agresse et les laisse inconscient, promettant de les supprimer plus tard et selon ses envies…Comme le tueur n’a, apparemment, pu s’échapper du parc bien gardé le nombre de suspects se réduit drastiquement et la police tente de stopper le maniaque.

Premier sacrilège pour les aficionados du giallo, le sadique délaisse les armes blanches pour un banal pistolet, ce qui rend les meurtres complètement ratés et les prive de l’esthétique sanglante et outrancière habituellement associée au genre. Le look de l’assassin, heureusement, se conforme aux standards du thriller à l’italienne (ou, comme ici, à l’espagnol) et l’intrigue, linéaire et sans surprise, suit les conventions du giallo. Malheureusement, le scénario échoue à générer le moindre suspense et se contente de présenter une petite galerie de personnages pouvant, bien sûr, être coupables des crimes.

Si le cadre berlinois enneigé apporte un contrepoids intéressants aux cités italiennes baignées de soleil, José Luis Madrid se révèle malheureusement incapable de l’exploiter efficacement et se contente d’une mise en scène désespérément plate. THE CRIMES OF PETIOT s’apparente ainsi à un banal téléfilm policier tant il est dénué de style. Même les éléments coutumiers du cinéma d’exploitation brillent par leur absence et le tout parait, dès lors, complètement timoré. Si SEVEN MURDERS FOR SCOTLAND YARD se révélait complaisant en dépit de sa médiocrité, cette nouvelle tentative de José Luis Madrid manque par conséquent de nerfs, de sexe et de sang pour passionner les amateurs de giallo.

L’ensemble sombre dès lors très rapidement dans la banalité et l’ennui, d’autant qu’en dépit d’une durée réduite (environ 80 minutes), toutes les scènes paraissent longuettes et dénuée du moindre souffle. Dommage car le scénario incluait quelques idées malsaines rarement vues dans le giallo qui pouvait l’élever au rang d’intéressantes curiosités, notamment les références au nazisme et l’inclusion de snuff movies envoyés par l’assassin à la police. Hélas, rien de tout cela n’est véritablement développé et le film manque de nerfs, de rythme ou d’implication, y compris de la part des comédiens dont les prestations sont, dans l’ensemble, tout juste passables, Paul Naschy inclus.

La bande originale, absolument atroce, joue, pour sa part, la carte des sonorités dissonantes, des bruitages bizarres et de l’expérimental criard, rendant franchement pénible la vision du film. Une véritable torture auditive.
L’identité de l’assassin, de son côté, ne surprendra pas grand monde, la plupart des chroniques disponibles, ayant de toutes façons, vendu la mèche sans remords de conscience. Seules les motivations du meurtrier, liées à un traumatisme survenu durant la Seconde Guerre Mondiale, se révèlent originales. Cela ne suffit pas, toutefois, à sauver du naufrage un titre bien décevant.

Pseudo giallo languissant et réalisé sans la moindre passion, THE CRIMES OF PETIOT se révèle un spectacle terne et linéaire dont la vision sera réservée aux « complétistes » acharnés ou aux inconditionnels de Paul Naschy.
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

DARK BAR
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Unique mise en scène de l’inconnu Stelio Fiorenza, également scénariste (il fut assistant réalisateur sur le « giallo porno » PLAY MOTEL en 1979), DARK BAR tente, à la fin des années ’80, de marier le polar « neo noir » au giallo alors grandement délaissé. Pour cela, le cinéaste concocte une intrigue tarabiscotée dont la construction emprunte l’idée de base de PSYCHOSE : une demoiselle dont on suppose qu’elle sera l’héroïne du métrage est tuée au bout d’une petite demi-heure pour laisser place à sa frangine.
Anna et Elizabeth sont deux sœurs que tout oppose. La première est une saxophoniste talentueuse tandis que la seconde trempe dans divers affaires louches. Après un mystérieux coup de téléphone, Elizabeth se rend dans un club « new wave », le Dark Bar, où elle a rendez-vous avec un inconnu. Malheureusement, la jeune femme est assassinée dans les toilettes de l’établissement. Sa sœur, inquiète de sa disparition, entame dès lors une enquête pour la retrouver en compagnie d’un certain Marco.
Si Stelio Fiorenza essaie manifestement de créer une atmosphère et propose un travail de mise en scène relativement soigné qui passe par des angles de prise de vue intéressants et des détails incongrus, le film tourne, hélas, rapidement court. Le climat d’étrangeté développé manque ainsi de consistance et parait n’avoir d’autre but que d’instaurer un univers visuellement accrocheur mais dénué de réelle incidence sur l’histoire. Cette esthétique très « new wave » s’avère, en outre, aujourd’hui fort datée, entre perruque rouge flamboyante, maquillages outranciers et décors sans doute très branchés à l’époque mais à présent incongrus, comme par exemple un téléphone en forme d’escarpin.
Préoccupé par ce stylisme recherché, Fiorenza en oublie son intrigue et échoue à entretenir le moindre suspense. En dépit d’une silhouette menaçante portant gants de cuir noir et imperméable, les liens avec le giallo s’effilochent au fur et à mesure de la projection et le film se transforme, peu à peu, en un polar mollasson agrémenté d’une prévisible romance. La résolution de l’enquête, banale et attendue, ne surprendra guère les habitués, d’autant que le cinéaste s’en désintéresse rapidement pour se perdre dans des prétentions « arty » et « auteurisantes » mal à propos. Les dialogues rarement inspirés et l’inévitable bande originale jazzy qui use et abuse d’un saxophone plaintifs sont d’autres bémols à imputer à ce long-métrage certainement plus prometteur sur le papier qu’effectif à l’écran.
Le casting, composé essentiellement d’acteurs de télévision comme Marina Suma et Richard Hatch, n’est guère plus palpitant mais l’amateur pointera cependant la présence de Barbara Cupisti, précédemment aperçue dans L’EVENTREUR DE NEW YORK ou BLOODY BIRD.
Sans être un complet ratage, DARK BAR constitue une véritable déception et confirme tout le mal qu’on peut généralement penser du « neo giallo » des années ’80.
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Re: Le Giallo

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CRIMES OF THE BLACK CAT

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Giallo routinier à maints égards, CRIMES OF THE BLACK CAT emprunte énormément à la fructueuse « trilogie animalière » de Dario Argento. Meurtres mystérieux stratégiquement disséminés à intervalles réguliers, personnages louches qui, tous, constitueraient des coupables idéaux, suspect aveugle forcé de mener sa propre enquête,…Rien de novateur dans cette exploitation crasse du « filone » excepté le modus operandi du tueur, particulièrement saugrenu. En effet, notre sadique a imaginé un moyen délirant de supprimer ses ennemis : il utilise un chat noir, caché dans un panier d’osier, dont les griffes sont enduites de curare ! Pour désigner au félidé ses victimes, l’assassin se sert d’un foulard maculé d’un parfum répulsif capable de rendre fou furieux l’inoffensif animal. Cette méthode criminelle incroyable (qui rappelle toutefois un épisode de « Chapeau melon et bottes de cuir » intitulé « Le Tigre caché ») confère tout son sel (et son originalité) à ce titre sinon trop classique pour passionner l’aficionado du giallo.

Plusieurs jeunes filles sont assassinées mystérieusement. Ces décès d’abord considérés comme naturels finissent par être requalifiés en meurtres et un compositeur aveugle dont la petite amie figure parmi les victimes mène l’enquête pour suppléer aux carences d’une police inefficace. Il finit par découvrir l’incroyable arme utilisée par le criminel : un chat noir aux griffes empoisonnées rendu fou furieux par un parfum spécifique !
Situé dans la droite ligne de SIX FEMMES POUR L’ASSASSIN et des trois premières réalisations d’Argento (en particulier LE CHAT A NEUF QUEUES), CRIMES OF THE BLACK CAT s’en distingue par le côté saugrenu des meurtres, perpétrés par un félin d’apparence anodine. Une trouvaille scénaristique aussi risible que mémorable qui place le produit au-dessus des dizaines de giallo sortis en Italie au cours des années 1970 à 1973. Le reste, par contre, navigue dans des eaux plus convenues avec ce témoin involontaire (un aveugle) essayant de coincer le criminel qui, de son côté, multiplie les meurtres. Ces derniers manquent d’ailleurs de mordant et restent fort sobres, seul le dernier, situé sous la douche, se permet davantage de férocité. Le « body count », lui, se montre toutefois élevé (sept mises à mort) et offre une scène choc toutes les dix minutes.

Malheureusement, la réalisation de Luigi Pastore s’avère désespérément plate et échoue à générer le moindre suspense. L’abus de zoom inesthétique est, également, rédhibitoire et donne à l’ensemble une impression de bâclage antipathique. L’enquête, de son côté, avance de manière erratique : l’apprenti détective rassemble au petit bonheur les pièces éparses du puzzle et le cinéaste oublie toutes notions de progression dramatique ou de suspense. L’explication finale, balancée précipitamment dans les dernières secondes, se montre, elle aussi, très générique et l’identité du coupable, une fois dévoilée, ne provoque aucun sentiment chez le spectateur si ce n’est un « Ah bon. Okay, c’est fini » teinté de soulagement.
Heureusement, le casting rassemble une belle brochette de familiers du cinoche populaire italien, à commencer par Anthony Steffen, familier du western vu dans de nombreux « Django » illégitimes (UNE LONGUE FILE DE CROIX, DJANGO LE BATARD, W DJANGO) et une poignée de giallo d’intérêt variable (du gothique L’APPEL DE LA CHAIR au porno PLAY MOTEL). A ses côtés, notons la présence de l’incontournable et sexy Silva Koscina qui porte excellemment la quarantaine. Ancienne égérie du péplum fantastique (HERCULE ET LA REINE DE LYDIE, LES TRAVAUX D’HERCULE), la Koscina s’est reconvertie dans le giallo à l’orée des seventies et fréquenta des œuvres diverses comme LA PEUR AU VENTRE, LISA ET LE DIABLE ou DELITTO D’AUTORE. Enfin, citons la participation de l’inévitable Giacomo Rossi-Stuart dans un rôle secondaire.

Cinéaste méconnu pour ne pas dire oublié, crédité d’une douzaine de mise en scène en vingt ans de carrière, Sergio Pastore souhaitait manifestement prendre en marche le train commercialement rentable du giallo avec ce CRIMES OF THE BLACK CAT. Peine perdue tant le résultat s’apparente surtout à un hommage qui frise la parodie involontaire, une sorte de compilation hâtivement conçue de tous les clichés du genre. Dans la limite de ses très modestes ambitions, le long-métrage n’est pourtant pas désagréable à suivre et reste plus mémorable et enthousiaste que bien des titres plus traditionnels. Les inconditionnels du giallo « argentesque » pourraient donc y trouver un minimum de plaisir, fut-il coupable.
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Re: Le Giallo

Message par mannhunter »

Demain sur TF1 à 14h55 un giallo signé Lamberto Bava:

http://programme-tv.nouvelobs.com/telef ... te-315245/
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hellrick
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Re: Le Giallo

Message par hellrick »

Merci de l'info, c'est un des 6 téléfilms réalisés par Lamberto Bava et Edoardo Margheriti pour la série télé 6 passi nel giallo...je doute de la qualité de la chose mais par curiosité.
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Re: Le Giallo

Message par julien »

Dans les années 60, un giallo co-signé Bava-Margheriti ça aurait était sans doute très alléchant. Aujourd'hui c'est vrai qu'on bave un peu moins. (Moi c'est surtout l'horaire de diffusion qui me fait le plus flipper. Généralement on trouve habituellement des séries assez ringardes à cette heure là.)
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"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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