Jack Arnold (1916-1992)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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james
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Jack Arnold (1916-1992)

Message par james »

la chaine du sat et du cable lui consacre un hommage en diffusant que 3 films :cry: et meme pas de western puisque du fantastique uniquement,mais j'y jetterais un oeil, aller les deux :roll: les film diffusés seront:
:arrow: la météore de la nuit...1953
:arrow: l'homme qui retrécit....1957
:arrow: tarantula....1955

vala, :wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

3 très bons films. Mais je conseille particulièrement Le météore de la nuit, un petit film plutôt intelligent.
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NUTELLA

Message par NUTELLA »

les trois sont exellents,dommage qu'il ne passe pas aussi L'étrange créature du lac noir :?
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Crépuscule sanglant (Red Sundown - 1956) de Jack Arnold
UNIVERSAL


Avec Rory Calhoun, Dean Jagger, James Millican, Martha Hyer, Grant Williams, Leo Gordon
Scénario : Martin Berkeley
Musique : Hans J. Salter
Photographie : William E. Snyder (Technicolor 2.00)
Un film produit par Albert Zugsmith pour la Universal


Sortie USA : Mars 1956


Jack Arnold, qui fut tout d’abord l'assistant de Robert Flaherty au Service Cinématographique de l'Armée, une fois embauché au studio Universal, devint sous la tutelle du producteur William Alland l’un des plus grands spécialistes du film fantastique et de science fiction. En tant que cinéaste, il réalisera donc l’excellent Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space) en 1953, puis les agréables et attachants L’Etrange créature du lac noir (Creature from the Black Lagoon) en 1954 et Tarantula en 1955. Il ne s’arrêtera d’ailleurs pas en si bon chemin puisqu’en 1957, il signera son chef-d’œuvre, toujours à l’intérieur de ce genre, L’Homme qui rétrécit (The Incredible Shrinking Man), dont l’acteur principal sera Grant Williams qui interprétait déjà dans Red Sundown le personnage le plus mémorable du film, le tueur sadique au visage d’ange dont le cynisme fait froid dans le dos ; mais nous y reviendrons juste après. Avant Crépuscule sanglant, Arnold avait déjà réalisé un western, pas plus tard que l’année précédente, le très médiocre Tornade sur la Ville (The Man from Bitter Ridge) que je décrivais à peu près ainsi : "Nous nous trouvons donc devant une série B médiocre et indigente à presque tous les niveaux […] J’avoue avoir aussi quelques difficultés à suivre Bertrand Tavernier quand il s’extasie sur la mise en scène de Jack Arnold qui m’a semblé au contraire, à deux ou trois séquence près, d’une platitude et d’une mollesse incroyables…" Ce ne sera heureusement pas le cas pour ce deuxième essai, bien plus convaincant.

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Alec Longmire (Rory Calhoun) sauve la vie de Buck Purvis (James Millican) qu’il a trouvé assoiffé en plein désert. Buck connait Alec de réputation : un tueur à gages qu’il admire pour sa rapidité et son efficacité dans le maniement des armes à feu. Ils se prennent d’amitié mais, dès leur arrivée en ville, sont pris à partie par des cow-boys à sang chaud ; après avoir été obligés de tuer en état de légitime défense un des provocateurs, ils doivent s’enfuit à bride abattue et trouvent refuge dans une cabane abandonnée où ils décident de passer la nuit. Ils sont malheureusement retrouvés par le groupe commandé par Rod Zellman (Leo Gordon) qui n’a qu’une idée en tête, mettre fin à leurs jours. Buck est mortellement blessé ; il trouve une solution rocambolesque pour sauver à son tour son partenaire de fortune. En se sacrifiant, Buck fait promettre à Alec que s’il s’en sort indemne, il arrêtera de vivre de ses armes. Alec, s'étant tiré de la situation sain et sauf, décide de suivre les conseils de son défunt ami. Quelques jours plus tard, sans armes à sa ceinture, il fait son entrée à Durango où, pour fuir son passé, il décide de trouver un travail plus honnête. Mais, le shérif Jade Murphy (Dean Jagger), le connaissant lui aussi de renom et étant persuadé qu’un homme peut changer, lui demande de devenir son assistant. En effet, il a beaucoup de mal à faire respecter la loi dans une ville ou les éleveurs se font la guerre à cause du barbelé, le plus influent d’entre tous, le cauteleux Rufus Hershaw (Robert Middleton) ayant même loué les services d’un tueur pour résoudre ses problèmes. Jade l’ayant convaincu que l’usage d’une arme pour faire respecter la loi était tout autre que celui de tuer pour de l’argent, Alec accepte de porter l’étoile d’homme de loi d’autant qu’il trouve charmante la fille de son nouvel employeur (Martha Hyer)…

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Un tueur à gage qui veut fuir son passé et retrouver ainsi un certain sens de l’honneur ; l’affrontement d’as de la gâchette ; des ranchers se disputant des parcelles de terrains à coups de fusils et de poses de fil de fer barbelé ; l’embauche d’un tueur à gages pour effrayer les fermiers réticents à quitter le pays pour pouvoir s’approprier leurs terres… Rien de bien nouveau sous le soleil du western concernant l’intrigue proprement dite. Sur la forme non plus d’ailleurs, rien de bien original ou novateur. Seulement cette fois, le scénario s’avère bien écrit et la mise en scène de Jack Arnold plutôt efficace. C’est donc une bonne série B que nous offre Universal en ce début d’année 1956 avec notamment et principalement un excellent casting. Rory Calhoun trouve probablement ici un de ses meilleurs rôles ; jusqu’à présent il n’avait encore jamais été aussi convaincant. Nous le connaissions surtout pour avoir été le ‘Bad Guy’ face à Robert Mitchum et Marilyn Monroe dans Rivière sans retour (River of no Return) d'Otto Preminger et nous l’avions vu quelques mois auparavant dans le très moyen Le Trésor de Pancho Villa de George Sherman, puis encore plus récemment dans la dernière version de The Spoilers mollement mise en scène par Jesse Hibbs, et où il n’arrivait pas à nous faire oublier Randolph Scott dans le même rôle en 1942 sous la direction de Ray Enright. Dans le western de Jack Arnold il nous dévoile un talent certain que nous ne soupçonnions pas ; il est tout à fait crédible en ex-tueur à gages qui cherche à tout prix la rédemption en se trouvant une situation plus respectable.

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Aux deux jeunes enfants qui l’idolâtrent pour sa réputation de tireur d’élite et qui n’ont pas de plus beaux rêves que de savoir manier un jour le pistolet aussi bien que lui, Alec leur fait la leçon en leur disant "Il y a de braves gens qui ne savent pas tirer et des crapules qui ne loupent jamais leurs coups." Pour en rester à ces deux jeunes garçons, une première bonne idée de la part du scénariste qui s’en sert un peu comme des chœurs dans la tragédie grecque ; à savoir qu’ils commentent l’action, donnent leurs sentiments sur ce qui se déroule sous leurs yeux et présentent les habitants de leurs villes avec un peu d’humour mais jamais ni lourdeur ni de naïveté. Pour en revenir au personnage principal, on le voit aussi se remémorer avec tristesse son passé de tueur et les hommes qu’il a dû descendre pour de l’argent, au sein de surimpressions de flashs-back en noir et blanc tout droits tirés d’un autre western interprété par le comédien, Vengeance à l'aube (Dawn at Socorro) de George Sherman. Malgré un ensemble très conventionnel, on trouve donc quelques jolies trouvailles dues au scénariste Martin Berkeley (surtout tristement connu d’après Bertrand Tavernier pour avoir balancé le plus grand nombre de noms lors de la chasse aux sorcières : plus de 150) , surtout dévolues au personnage d'Alec comme le fait qu'il se serve d’un fusil une fois passé du côté de la loi même si ce n’est pas très Fair-play pour ses adversaires qui ne peuvent lutter contre lui avec un simple revolver. Le duel final, très court, est d’ailleurs pensé sur le même modèle ; ce n’est pas un héros qui se débarrasse du tueur mais un homme qui souhaite s’en défaire coute que coute et au plus vite même si la manière de le faire n’est pas des plus glorieuses. Tout cela nous amène, en arrière fond néanmoins, à une certaine intéressante réflexion sur l’héroïsme, le statut de tueur à gages et (ou) de tireur d’élite.

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Outre un Rory Calhoun très convainquant, la comédienne Martha Hyer possède un joli minois et n'est pas dénuée de talent, mais l'importance de son personnage dans l'intrigue est minimaliste tout comme l'autre protagoniste féminin interprété par Lita Baron, Mme Calhoun à la ville à cette époque. Sinon, James Millican confirme tout le bien que j'en pensais ; dommage que son personnage de 'gunsliger' fatigué passe l'arme à gauche à la fin du premier quart d'heure. Reste un Dean Jagger égal à lui même dans le rôle de l'honnête homme de loi et surtout un Grant Williams tout à fait mémorable : c'est lui qui, pour son premier rôle au cinéma, est chargé de personnifier Chet Swann, l'inquiétant tueur à gages embauché par l'ombrageux Robert Middleton. S'il ne fallait qu'une seule raison pour visionner ce western de série B, ce serait sa présence qu'il aura fallu néanmoins attendre pendant presque les ¾ du film. La séquence de torture psychologique qu'il inflige à un couple de vieux fermiers pour les effrayer est absolument géniale, d'une extrême tension ; si on veut faire une comparaison avec un futur western d'une toute autre notoriété, on pourrait penser que Sergio Leone, 10 ans plus tard, s'en est inspiré pour les premières séquences du Bon, la brute et le truand lorsque Sentenza (Lee Van Cleef) entre en scène. Le comédien, beau gosse et tout sourire, accomplit une prestation tout à fait réjouissante, rendant son personnage d'autant plus vicieux et effrayant que son visage n'est jamais crispé et qu'il semble sadiquement s'amuser. D'ailleurs, Le producteur Albert Zugsmith et le cinéaste furent tellement impressionnés par son travail qu'ils firent rajouter quelques séquences le mettant en scène. Heureux également d'avoir retrouvé Leo Gordon et ses petits yeux bleus électriques lors de la première partie, celle qui a lieu avant l'arrivée d'Alec à Durango et qui se termine avec cette idée de 'serial' qui détonne un peu avec le sérieux de l'ensemble, Rory Calhoun, pour ne pas se faire tuer par les assiégeants de la cabane où il s'est réfugié, se faisant enterrer vivant par son acolyte sur le point de mourir qui lui installe un tuyau de poêle de cheminée à ses côtés pour pouvoir respirer.

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Si Jack Arnold n'accomplit rien d'inoubliable, son travail ne manque ni d'intensité ni de solidité. Il nous octroie quelques séquences formidablement efficaces comme la sortie du saloon à reculons par Rory Calhoun et James Millican qui rappelle beaucoup celle similaire dans Bend of the River (Les Affameurs) d'Anthony Mann. Le duel final, quoique très ramassé et anti-héroïque, est lui aussi parfaitement monté et cadré. Dans l'ensemble pas grand chose à redire sur la forme d'autant que la photo en Technicolor de William E. Snyder dans un format large de 2.00 est assez belle et que Hans J, Salter nous gratifie à nouveau d'une partition réussie avec pour commencer la très belle ballade du générique chantée par Terry Gilkyson et qui deviendra le thème principal du film. Quant aux décors, Bertrand Tavernier a beau dire que ceux de la petite ville de Durango ont été maintes fois vus et revus, il ne me souvient pas avoir vu un saloon en angle de rue comme c'est le cas ici. Un film aussitôt vu aussitôt oublié mais jamais ennuyeux, assez dense et constamment plaisant.
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Message par Breezy »

J'adore l'homme qui retrecit,les effets speciaux sont tout a fait exeptionnels pour l'epoque et puis quelle fin :shock:

A noter la courte apparition de Clint Eastwood dans Tarantula :wink:
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Message par Swan »

breezy a écrit :A noter la courte apparition de Clint Eastwood dans Tarantula :wink:
Il faut vraiment le savoir :wink: . Il avait déjà tenu un rôle de laborantin dans Return of the Creature. Sinon, je confirme que ce sont trois des meilleurs films d'Arnold, à ne pas manquer si on ne les a pas encore vus.
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Message par Majordome »

Swan a écrit :
breezy a écrit :A noter la courte apparition de Clint Eastwood dans Tarantula :wink:
Il faut vraiment le savoir :wink: . Il avait déjà tenu un rôle de laborantin dans le 2ème opus de Creature of the Black Lagon. Sinon, je confirme que ce sont trois des meilleurs films d'Arnold, à ne pas manquer si on ne les a pas encore vus.
Que 3 films mais quelle sélection ! Les 3 sont la preuve qu'on peut faire du fantastique intelligent et sans énorme moyen au cinéma.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Tornade sur la Ville (The Man from Bitter Ridge - 1955) de Jack Arnold
UNIVERSAL


Avec Lex Barker, Mara Corday, Stephen McNally, John Dehner, Trevor Bardette, Ray Teal, Warren Stevens
Scénario : Lawrence Roman & Teddi Sherman
Musique : Joseph Gershenson
Photographie : Russell Metty (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Howard Pine pour la Universal


Sortie USA : 12 Avril 1955


Comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises à propos de divers westerns (et ce début d’année 1955 vient le confirmer), du succès grandissant du studio Universal et de la multiplication des producteurs en son sein semble en avoir résulté une moins grande rigueur de la part des dirigeants dans le suivi du choix des castings, un intérêt moindre porté sur la qualité d’écriture des scénarios ainsi que sur les moyens mis en œuvre afin d’augmenter l’efficacité des mises en scène… Alors qu’entre 1948 et 1952, aller voir un western Universal signifiait que dans 90% des cas nous allions ‘au pire’ grandement nous divertir, il n’en est plus de même au milieu de cette décennie 50 et, après le catastrophique Chief Crazy Horse (Le Grand Chef) de George Sherman sorti quelques semaines plus tôt, Tornade sur la ville, le premier western de Jack Arnold, est à nouveau un parfait exemple de ce que j’avance. Bref, si bien évidemment de très bons (voire de très grands) westerns sortent encore du studio, un Western Universal n’est désormais plus nécessairement gage de qualité à coup presque sûr. Howard Pine, ancien assistant réalisateur, n’a pas réussi son entrée dans la production, pas plus que Jack Arnold dans le western, le réalisateur s’étant révélé bien plus à son aise dans le film fantastique et la science-fiction, déjà auteur du captivant Le Météore de la Nuit (It Cames from Outer Space) ainsi que de l’attachant L’Etrange Créature du Lac Noir (Creature from the Black Lagoon).

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Après plusieurs violentes attaques de diligence aux environs de Tomahawk avec meurtres à la clé, la compagnie de transport décide d’envoyer un détective incognito dans la petite ville afin de découvrir les coupables. Les spectateurs sont en avance sur l’enquêteur Jeff Carr (Lex Barker) puisqu’ils savent déjà très bien de qui il s’agit : du gang dirigé par les frères Jackman dont l’aîné se présente aux nouvelles élections qui doivent avoir lieu dans les jours qui viennent pour savoir qui sera le prochain shérif. Après avoir failli être lynché (les habitants de la ville le prenant pour l’auteur des hold-up), le détective est conduit directement en prison jusqu’à ce que son innocence soit démontrée. Une fois lavé de tout soupçon, Jeff peut enfin circuler librement dans les rues mais il est immédiatement agressé, les bandits ayant entre temps appris sa véritable profession et ne souhaitant pas être appréhendés. Il est sauvé in-extremis par la jeune Holly (Mara Corday) qui se trouvait sur les lieux à ce moment là. Ranse Jackman (John Dehner), la véritable tête pensante de la bande de hors-la-loi, envoie Jeff sur la piste d’éleveurs de moutons, pensant profiter de l’occasion pour se débarrasser une fois pour toutes du détective encombrant ainsi que des 'Sheepmen'. Après avoir passé un court séjour chez les bergers, Jeff se rend vite compte s’être trompé de cible. Durant ce laps de temps, il est tombé amoureux d’Holly que le régisseur Alec Black (Stephen McNally) comptait demander en mariage. Malgré la jalousie qui règne entre Jeff et Alec pour les beaux yeux d'Holly, ils s’uniront pour faire éclater la vérité après qu’ils aient réussi à capturer un témoin repenti ayant participé à la dernière attaque…

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Une attaque de diligence tourmentée ; le dynamitage d’un arbre afin de le faire tomber en travers du chemin ; un meurtre de sang froid ; une tentative de lynchage sur le personnage principal ; l’arrivée dans la ville en effervescence en attente des élections prochaines… Si tout le début du film laissait à présager un western mouvementé et agréablement rythmé, s’il aurait pu faire illusion grâce aussi à une très belle photographie signée Russell Metty (même si le procédé EastmanColor est moins rutilant que le Technicolor) ainsi qu’à quelques petits détails assez sympathiques (la banderole trouée d’un des candidats, le toit en pente de la séquence de fusillade finale, la malchance du détective constamment mis à mal, un stampede de moutons…), au fur et à mesure de son avancée, on déchante sacrément tellement le scénario s’avère non seulement conventionnel et prévisible mais surtout excessivement mauvais, les dialogues affligeants n’étant pas là pour relever le niveau. Nous nous trouvons donc devant une série B médiocre et indigente à presque tous les niveaux, pas même spécialement plaisante à regarder tellement l’ensemble s’avère fade ni d'ailleurs à écouter, Joseph Gershenson ayant l'air d'avoir été lui aussi moins concerné que d'habitude dans son travail de superviseur de la musique ! J’avoue avoir aussi quelques difficultés à suivre Bertrand Tavernier quand il s’extasie sur la mise en scène de Jack Arnold qui m’a semblé au contraire, à deux ou trois séquence près, d’une platitude et d’une mollesse incroyables.

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On trouve effectivement quelques très beaux plans grâce surtout aux superbes éclairages nocturnes (la scène de pugilat derrière le saloon dans cette lumière bleue/jaune ou alors ce plan d’ensemble en plongée sur le domaine des bergers) ainsi que quelques séquences plutôt efficaces (la poursuite de la diligence assez enlevée qui ouvre le film ainsi que la fusillade finale bien nerveuse) mais entre ces deux fois cinq minutes encadrant le film, le reste est sans intérêt d'autant que l'interprétation est loin d'être convaincante. Lex Barker porte très bien les classieuses chemises que la costumière a mise à sa disposition mais se révèle un héros bien insipide. Stephen McNally n’arrive pas lui non plus à rehausser l’ensemble malgré la faiblesse des Bad Guy qu’il a en face de lui. Des ‘méchants’ risibles par leur maladresse et leur idiotie sans je pense qu’il ait été dans les intentions des auteurs d’en faire les personnages parodiques qu’ils nous semblent pourtant être. John Dehner a du mal à se démarquer lui aussi tandis que Mara Corday fait un peu potiche. Si l’interprétation est aussi faible, c’est aussi de la faute aux deux scénaristes qui ne leur ont pas offert de personnages dignes de se décarcasser pour les rendre plus attachants ou charismatiques. Mais n’accablons pas plus ce premier western de Jack Arnold ; on a déjà vu bien pire ! Ce n’est cependant pas une raison pour recommander ce film de série sans intérêt.
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Message par Martin Brody »

Jeremy Fox a écrit :En deux mots, quel est le pitch du Météore de la nuit ?
Me souviens plus ... :?
Vu y'a très longtemps, ceci dit, mais ça m'a pas marqué.

Sinon, c'est pas dans Tarantula que Clint Eastwood a un tout petit rôle ?
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Message par Swan »

Jeremy Fox a écrit :En deux mots, quel est le pitch du Météore de la nuit ?
Une météorite s'écrase sur Terre. Peu à peu des habitants de la ville la plus proche diparaissent, puis réapparaissent comme hypnotisés. On découvre alors que le météore est en réalité un vaisseau extra-terrestre...
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Message par NUTELLA »

Jeremy Fox a écrit :En deux mots, quel est le pitch du Météore de la nuit ?
c'est un spitch très classique:des extraterrestres,dont le vaisseau est en panne,prennent la forme humaine en attendant de le réparer,et de repartir dans l'espace.
ce sont le climat et l'ambiance qui sont exellents,comme je les aime dans les films de sf des années 50 8)
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Le sujet du Météore de la nuit est certes classique, mais le traitement humaniste du propos est vraiment bien amené.
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Message par Alex Blackwell »

L'Homme qui rétrécit m'a laissé un souvenir fabuleux: une fin qui frôle le mysticisme m'avait notamment cloué sur place (à mon avis cette fin n'a rien à voir avec le pessimisme dont la critique parle souvent).
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Night of the hunter forever


Caramba, encore raté.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Une Balle signée X (No Name on the Bullet- 1959) de Jack Arnold
UNIVERSAL



Avec Audie Murphy, Charles Drake, Joan Evans, Virginia Grey, Warren Stevens, R.G. Armstrong, Willis Bouchey
Scénario : Gene L. Coon & Howard Amacker
Musique : Herman Stein
Photographie : Harold Lipstein (Eastmancolor 2.35)
Un film produit par Jack Arnold & Howard Christie pour la Universal


Sortie USA : Février 1959


John Gant (Audie Murphy), cavalier mystérieux et peu loquace, arrive à Lordsburg. Les habitants ne l’ont jamais vu mais dès qu’ils apprennent son nom, ils se mettent tous à paniquer. En effet, il s’agit d’un tueur à gages notoire ayant déjà une trentaine d’assassinats à son actif. Sa manière d’opérer est toujours la même : il arrive dans une ville, fait une halte à l’hôtel, observe les habitants et attend que la future victime, par peur, craque et le provoque ; pour remplir son ‘contrat’, il n’agit plus désormais qu’en état de légitime défense et ne se trouve ainsi jamais hors-la-loi. Encore une fois à Lordsburg, il n’y a ‘No Name on the Bullet’ et beaucoup d’habitants se sentent visés car ayant tous quelque chose à se reprocher. La paranoïa commence à se répandre, les morts s’accumulent, mais un homme va tenter de s’interposer pour ne pas que la folie meurtrière s’empare plus longuement de ses concitoyens, le docteur Luke Canfield (Charles Drake). Il essaye de convaincre John Gant de quitter la ville mais ce dernier, impassible et indéboulonnable, décide de n’écouter personne et de poursuivre son ‘travail’ jusqu’au bout. Mais qui peut bien être le X que recherche cette fois-ci ‘l’ange exterminateur’ qu’est John Gant ? Le suspense sera maintenu jusqu’à la fin.

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Nous ne reviendrons plus ensuite sur Jack Arnold puisque No Name on the Bullet est son ultime western. Résumons sa carrière une dernière fois très rapidement. Il fut tout d’abord l'assistant de Robert Flaherty au Service Cinématographique de l'Armée puis, une fois embauché au studio Universal, devint sous la tutelle du producteur William Alland l’un des plus grands spécialistes du film fantastique et de science-fiction. En tant que cinéaste, il réalisera donc l’excellent Le Météore de la nuit (It Came from Outer Space) en 1953, puis les agréables et attachants L’Etrange créature du lac noir (Creature from the Black Lagoon) en 1954 et Tarantula en 1955. Il ne s’arrêtera d’ailleurs pas en si bon chemin puisqu’en 1957 il signera son chef-d’œuvre, toujours à l’intérieur de ce genre, L’Homme qui rétrécit (The Incredible Shrinking Man), dont l’acteur principal sera Grant Williams qui interprétait déjà dans Red Sundown (Crépuscule sanglant) le personnage le plus mémorable de ce western, un tueur sadique au visage d’ange dont le cynisme fait froid dans le dos. Avant donc Crépuscule sanglant, Arnold avait déjà réalisé un western, pas plus tard que l’année précédente, le très médiocre Tornade sur la Ville (The Man from Bitter Ridge) que je décrivais à peu près ainsi : "Nous nous trouvons donc devant une série B médiocre et indigente à presque tous les niveaux […] J’avoue avoir aussi quelques difficultés à suivre Bertrand Tavernier quand il s’extasie sur la mise en scène de Jack Arnold qui m’a semblé au contraire, à deux ou trois séquence près, d’une platitude et d’une mollesse incroyables…" Ce ne sera heureusement pas le cas pour son deuxième essai dans le genre, Red Sundown, bien plus convaincant, ni pour Une Balle signée X qui possède à peu près les mêmes qualités et défauts que son prédécesseur.

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Mais pour quelles raisons ce petit film de série B fauché a-t-il pu acquérir une aussi flatteuse réputation tant en France qu’aux Etats-Unis ? Loin de moi l’envie d’affirmer qu’elle est usurpée vu le très grand nombre d’aficionados qui ont certainement leurs raisons de l’apprécier autant, mais disons que j’ai du mal à adhérer et à comprendre cet enthousiasme pour un western que je considère comme se situant juste dans une honnête moyenne. Certes Audie Murphy sortait de ses sempiternels rôles de cow-boy durs au cœur pur ou de ces outlaws bien aimés pour interpréter ce coup-ci un tueur plutôt antipathique ; certes Jack Arnold s’était établi une certaine notoriété dans le domaine de la science-fiction et du fantastique ; certes le propos pouvait passer pour plutôt original même si ce n'était pas le premier à l'aborder… Pourtant tout cela ne peut être suffisant pour faire de No Name on the Bullet un chef-d’œuvre du genre, loin s’en faut. Attention, il ne s’agit pas non plus d’un mauvais film mais il est légitime d’éprouver une certaine frustration après avoir lu autant de dithyrambes à son sujet. Une honnête série B de la compagnie spécialiste du genre, ce n'est déjà pas mal !

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Le scénariste Gene L.Coon avait déjà écrit quelques épisodes de séries TV aussi célèbres que Zorro (avec Guy Williams) et Rawhide qui révéla Clint Eastwood. Par la suite, il se spécialisera dans la télévision et le nombre de séries cultes auquel il participa est assez impressionnant : Les mystères de l’Ouest, Bonanza, Star Trek, Kung Fu. Son script pour le film de Jack Arnold est plutôt bien construit, menant son suspense jusqu’au bout avec une certaine tenue et abordant des thèmes intéressants : "l’ange exterminateur" qui représente la mauvaise conscience des citoyens respectables et qui met à jour des culpabilités oubliées, la paranoïa provoquée par la peur et la folie meurtrière qui s’ensuit… mais il est en partie plombé par des dialogues trop abondants et qui plus est, ampoulés ou sentencieux. Ce qui nous donne une espèce de "sur-western" psychologique un peu pesant, se prenant très (trop) au sérieux (exceptés les échanges dialogués entre deux vieillards, pas le moindre humour ; ce qui n'est dans l'absolu pas un mal mais qui en l'occurrence rend ce film un peu trop solennel !) Si le budget avait été plus conséquent, Jack Arnold aurait pu nous offrir entre-temps quelques scènes d’action dignes d’intérêt ; il n’en est rien d’autant plus que la mise en scène s’avère bien trop sage pour un tel sujet, une mise en images manquant singulièrement d’imagination et de souffle. Elle n’en est pas pour autant déshonorante car nous pouvons y piocher quelques belles idées et beaux plans (l’arrivée de John Gant lors de la scène initiale), mais sans assez d’éclat pour arriver à nous passionner plus avant pour cette intrigue mélangeant les éléments du thriller et du western.

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Et Audie Murphy me direz-vous, après avoir été à l'affiche de tant d'autres westerns très plaisants ? Il s’agit peut-être de son rôle le plus célèbre avec ceux qu’il tenait dans La charge victorieuse (The Red Badge of Courage - 1951) et Le vent de la plaine (The Unforgiven - 1960), tous deux de John Huston. Les admirateurs de l’acteur (également héros militaire le plus décoré de l’histoire des Etats-Unis) parleront ici de "underplaying" et de sobriété. En effet, il pourrait bien en être question, ce qui nous donne au final une interprétation qui convient parfaitement bien au personnage, le comédien se révélant aussi convaincant dans la peau de ce personnage antipathique que dans la majorité de ses précédents rôles. John Gant est un personnage assez inhabituel : antipathique, froid, calculateur et assez réactionnaire ; ce qui permet d’offrir au scénariste de biens captivants développements. Le calme et l’assurance de John Gant ne sont jamais pris en défaut et provoquent la peur. Ce sont alors les autres qui deviennent suspicieux, provocateurs et se mettent à assassiner pour ne pas être tués à leur tour. Les habitants de Lordsburg ont l’air, pour la plupart , d’avoir tous un cadavre caché dans leurs placards. De quel côté notre sympathie doit-elle alors se tourner ? Vers le tueur impassible et sans problème de conscience ou vers les citoyens dont le scénariste nous montre les défauts et actions inavouables ? L’ambiguïté du propos est bel et bien présente, ce qui est un élément non négligeable pour que le film ne retombe pas dans l’anonymat le plus total ; le "non-jeu" voulu de Audie Murphy y contribue aussi, apportant une touche d’originalité supplémentaire, le seul fait de ne le voir jamais décocher un sourire arrivant à nous le rendre inquiétant.

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Le reste du casting n’est pas inoubliable mais néanmoins tout à fait honorable. Signalons l’excellent Willis Bouchey, déjà très bien dans Le port de la drogue de Samuel Fuller et que l’on retrouvera souvent dans les films de fin de carrière de John Ford tels La dernière fanfare, Les cavaliers, Le sergent noir, Deux cavaliers, L’homme qui tua Liberty Valance, et qui interprète ici avec conviction le rôle du shérif ne possédant pas assez de pouvoir ni de raisons valables pour arrêter le tueur. Charles Drake, dans la peau du médecin allant, pour une raison de "santé publique", s’interposer face à John Gant, se débrouille assez bien lui aussi. Il est celui qui représente la bonne conscience et les idées les plus humanistes sur la justice et la société. Mais ses phrases un peu didactiques et solennelles le rendent parfois un peu agaçant, ce qui n’était sûrement pas l’image de lui que voulait nous transmettre le cinéaste. En effet , il semble clair que les auteurs partagent les idées du médecin : il ne faut pas que ce genre de justice (celle du tueur) règne au risque de détruire la société ; même s’il y a trop de coupables, on ne peut pas tous les punir et surtout pas de cette manière ; une foule et un lynchage ne sont pas non plus une solution pour faire entendre raison… Les intentions sont évidemment fort louables mais n’atteignent que partiellement leur but par le fait d’être assénées sans trop de finesse et par l’intermédiaire d’un bavardage intempestif. Une honnête série B cependant qui devrait vous faire passer un bon moment mais qui peut se révéler décevante au regard de sa réputation. L’excellent final, que je vous laisse découvrir, nous montre le niveau qu’aurait pu atteindre ce western s’il avait été mené avec plus de conviction dans la mise en scène et plus de simplicité dans les dialogues. En l'état, ça reste cependant tout à fait estimable.
Swan
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Message par Swan »

Martin Brody a écrit :Sinon, c'est pas dans Tarantula que Clint Eastwood a un tout petit rôle ?
Tarentula et Return of the Creature.
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