Raoul Walsh (1887-1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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homerwell
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par homerwell »

Pour ceux qui comme moi ne s'en souviendraient pas, Along The Great Divide est le titre américain de Une Corde Pour Te Pendre, avec Kirk Douglas, le film bénéficie d'un très beau noir et blanc mais il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.
villag
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par villag »

homerwell a écrit :Pour ceux qui comme moi ne s'en souviendraient pas, Along The Great Divide est le titre américain de Une Corde Pour Te Pendre, avec Kirk Douglas, le film bénéficie d'un très beau noir et blanc mais il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.

Je ne connaissais pas ce western et ai été complétement séduit: belle photo,récit à la concision quasi Boettichèrienne et surtout une Virginia Mayo rarement aussi délicieuse ....!
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

homerwell a écrit :Pour ceux qui comme moi ne s'en souviendraient pas, Along The Great Divide est le titre américain de Une Corde Pour Te Pendre, avec Kirk Douglas, le film bénéficie d'un très beau noir et blanc mais il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.

Un des westerns les moins satisfaisants de Walsh pour ma part.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par O'Malley »

Intrigues en Orient (1943)
Un film walshien en diable. Ca file à 100 à l'heure, on est presque à un plan/un rebondissement, des premières secondes au "The End".
Certes, l'intrigue d'espionnage ne tient pas la route mais peu importe! Walsh donne une vrai leçon de mise en scène et Don Siegel, de montage!
George Raft, dans le rôle principal, est vraiment falot mais peu importe! Sidney Greenstreet et Peter Lorre sont extraordinaires respectivement en agent nazi et en espion russe!
Cette production Warner de propagande se laisse donc agréablement voir.
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Raoul Walsh (1887-1980)

Message par bruce randylan »

O'Malley a écrit :Intrigues en Orient (1943)
Walsh donne une vrai leçon de mise en scène et Don Siegel, de montage!
J'avais écrit la même chose lors de sa découverte avant de réaliser que "montage" est un faux ami dans les génériques anglais. Le "montage" tel qu'on le conçoit se dit bien "editing". "Montage" aux USA désignent des sortes de séquences de transition (ses fameuses séquences très elliptiques pleine de fondues enchaînés sur des foules en mouvements, des trains à toute vitesse, de travelling sur des gros plans de visages, des couvertures de journaux, de policiers courant vers leurs voitures...). Ces séquences étaient réalisés avec une équipe à part (et souvent indépendantes du tournage principale). Don Siegel était à prioro l'un des grands spécialistes avec Slavko Vorkapić (qui a réalisé quelques courts-métrages passionnants)

https://en.wikipedia.org/wiki/Montage_(filmmaking)


A lion is the streets (1953)

Plus ou moins inspiré par le fameux politicien Huey Long, ce film de Raoul Walsh est loin de se hisser parmi ses références. La faute en incombe surtout à un scénario mal construit, notamment durant le premier tiers où on a l'impression qu'il manque 20-30 minutes tant les trous sont énormes et que certains personnages sont à la limite du compréhensible comme l'ami commun de James Cagney et son rival. Le plus décevant provient des personnages féminins (un comble pour le cinéaste) entre une épouse effacée et une blonde dont on ne comprend jamais les motivations (la scène avec les alligators ! :? ).
Ca s'arrange un peu par la suite une fois que les ambitions de Cagney se dévoile véritablement et que le film peut ainsi passer la seconde vitesse. On retrouve alors la vitesse et l'énergie de Walsh avec un Cagney (également producteur) toujours autant dynamique et intense. La scène du tribunal possède une réelle intensité même si là encore, le scénario possède toujours un goût d'inachevé qui empêche tout envol. C'est assez flagrant pour la conclusion qui semble arriver bien trop brutalement, comme si les auteurs se rappeler qu'il leur restait 10 minutes pour conclure leur intrigues.
Pas un ratage car Walsh assure toujours un minimum (ce qui suffit à le hisser au dessus de la moyenne) avec une chouette photo couleur, mais un titre assez frustrant surtout comparé à celui que Robert Rossen a tiré du même modèle (All King's men) 3 ans auparavant.


Par contre The enforcer, découvert il y a quelques semaines, n'a pas volé sa réputation. Malgré le témoin au début dont la paranoïa est un peu bêtement hystérique, le film est mené tambour battant via un scénario très carrée avec une tension quasi permanente et une réalisation haletante qui culmine dans la dernière séquence, modèle de suspens, de découpage et d'appréhension de l'espace sans jamais tomber dans l'exercice de style.
Dernière modification par bruce randylan le 13 avr. 18, 00:27, modifié 1 fois.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Profondo Rosso »

La Fille du désert (1949)

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Wes McQueen, un hors-la-loi, s'évade de prison et s'enfuit en direction du Territoire du Colorado. En chemin, il s'arrête dans la ferme familiale, où il découvre que ceux qui lui sont chers sont, soit morts, soit partis. Il prend place dans une diligence, où il rencontre Fred Winslow et sa fille Julie Ann. Lorsque des bandits les attaquent, les deux conducteurs sont tués, mais Wes les repousse et conduit la diligence en ville. Wes veut en fait aller à Todos Santos, une ville fantôme, où Duke Harris et Reno Blake l'attendent pour organiser une attaque de train. Wes est troublé par la présence inattendue d'une métisse, Colorado Carson.

En 1941 Raoul Walsh signe un classique du film noir avec La Grande évasion qui contribua à installer Humphrey Bogart en premier rôle et renforça la crédibilité d'un John Huston encore scénariste mais qui devait passer à la mise en scène cette même année pour Le Faucon Maltais. Huit ans plus tard Walsh s'attaque au remake de son propre film cette fois transposé dans le western. L'histoire est identique, le souffle du western se mêlant harmonieusement à la fatalité du film noir. Le ton du film alterne constamment entre les deux, l'audace et la nature ludique de l'évasion d'ouverture relève du polar, tout comme le leitmotiv du "dernier coup" et de l'aspiration impossible du malfrat à une autre existence à travers Wes McQueen (Joel McCrea). La manière tortueuse de retrouver le monde criminel évoque ainsi toujours le genre policier dans son déroulement tout en convoquant une imagerie de western avec cette ville déserte servant de planque. C'est aussi une manière d'introduire les deux personnages féminins pour lesquels le cœur de notre héros balance : la fille perdue Colorado (Virginia Mayo remarquable dans un personnage voisin de la Jennifer Jones de Duel au soleil) apparaît comme une sorte de femme fatale (Walsh la fait tourner cette même année dans le fameux L'Enfer est à lui) revisitée à l'aune du western tandis que l'innocente Julie Ann (Dorothy Malone) fait figure de demoiselle en détresse lors d'un mémorable sauvetage durant une attaque de diligence. La dualité est même poussée plus loin puisque la blonde et sensuelle Colorado se cache isolée du monde dans les hauteurs fantômes et désolées alors que la pure et brune Julie Ann vit modestement en bas des travaux de la ferme avec son père.

Walsh trouble pourtant peu à peu ces repères trop attendus, notamment en dépeignant la lassitude d'un excellent Joel McCrea. Il aspire tellement à autre chose qu'il se berce d'illusions face à une Juliet Ann dont les yeux brillent un peu trop au moindre de ses cadeaux tandis que Colorado partage sa mélancolie, elle aussi enfermée par la vie dans une existence de fange qu'elle ne peut quitter. L'environnement n'éveille pas obligatoirement les mauvais penchants semble nous suggérer Walsh, la douceur de Colorado contrastant avec les deux sinistres acolytes Reno (John Archer) et Duke (James Mitchell) alors qu'à l'inverse la bonhomie attachante de Winslow (Henry Hull) ne saura endiguer les travers de sa fille Julie Ann. Cette idée s'instaure subtilement et tout comme Wes McQueen, le regard du spectateur devra voir les traits aimants et sincères de Colorado au-delà sa silhouette lascive et à l'inverse deviner le regard avide de Julie Ann sous la modestie de façade. Si le cadre de western autorise cette évolution des sentiments, la structure de film noir marque le parcours des personnages courant à leur perte par une destinée capricieuse. Walsh fait passer tout cela avec un sens du rythme exemplaire et notamment de faramineuse scènes d'actions. L'évasion et l'attaque de diligence déjà remarquables n'étaient que des mises en bouche face au hold-up du train ou avec une économie narrative idéale Walsh nous fait comprendre la duplicité de l'informateur, la réorganisation improvisée du plan d'assaut et l'intelligence de McQueen désarçonnant le guet-apens qui l'attendait. La fluidité du découpage lorsque McQueen traverse les toits du train fait merveille, le style sec du réalisateur donnant le ton percutant adéquat à la séquence.

Le lyrisme s'installe enfin dans la dernière partie dans un tour à la fois chaotique et apaisée. La photo de Sidney Hickox donne une douceur crépusculaire au décor de l'église déserte et aux nuits désertiques traversés par Wes et Colorado fugitifs mais enfin aimant. Ce même environnement désertique en plein jour est brûlé par le soleil et agités par la course poursuite et le siège qui conclut le film. La douceur et l'incandescence des sentiments s'expriment ainsi d'une même force, saluant les liens du couple mais aussi l'inéluctabilité que tout ceci se termine dans la violence. La tragédie et la furie du final annonce tout simplement le Bonnie and Clyde (1967) d'Arthur Penn presque vingt ans plus tôt. Un grand western, tout aussi bon si ce n'est meilleur que l'original. 5/6
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Profondo Rosso
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Profondo Rosso »

L'Entraîneuse fatale (1941)

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Johnny Marshall et Hank McHenry sont deux amis réparateurs de lignes électriques à haute tension qui jouent chaque jour avec le feu face aux dangers de leur métier. Un soir, ils font la connaissance de Fay, une chanteuse de cabaret, qui va semer le trouble dans leur amitié.

L'Entraîneuse fatale est un remake du Harpon Rouge d'Howard Hawks (1932) qui reprend donc ce récit de triangle amoureux dans le cadre ouvrier. Edward G. Robinson retrouve le rôle qu'il tenait dans le film original tandis qu'au fil des réécritures le milieu des pêcheurs devient celui des réparateurs de lignes électriques. La production du film fut particulièrement mouvementée en raison de la relation exécrable entre Edward G. Robinson et George Raft. Au départ Victor McLaglen devait être le personnage principal (et tenir le rôle de Robinson du film original tandis que celui-ci serait simplement un second rôle) mais son départ du projet allait entraîner un jeu de chaises musicales. George Raft est engagé en pensant être la star mais les producteurs changent le rôle de Robinson et obligent donc les deux acteurs à partager le lead. La pilule sera d'autant plus amère à postériori pour Raft puisqu'il refusera Le Faucon Maltais pour ce film, faisant le bonheur d'un Humphrey Bogart qui y gagnera ses galons de star. La tension sera donc palpable sur le plateau où les deux acteurs s'invectivent et finiront même par en venir aux mains. Tout cela nourrit idéalement le tourbillon de sentiments orchestré par Raoul Walsh.

Le film est une sorte de variante positive (mais pas moins dramatique) d'Une femme dangereuse (1940) du même Raoul Walsh (et déjà avec George Raft) où le désir d'une femme malfaisante venait mettre à mal l'amitié d'un duo de routiers. Walsh nous dépeint tout d'abord le quotidien de ses réparateurs de lignes, partagés entre une camaraderie masculine potache et bruyante et les dangers d'un métier à haut risque. Le début du film l'illustre bien, l'ambiance rigolarde basculant dans la tension extrême lorsque nos ouvriers affrontent la pluie, le vent et la foudre pour réparer une ligne et manquent d'y passer. Pour supporter cette vie, le choix alterne entre le détachement de Johnny (George Raft) et la quête d'affection et d'un foyer de Hank (Edward G. Robinson). Le ton comique et viril masque le vrai malaise, la drague insistante et les colères de Hank masquant un vrai mal-être quand la galerie de seconds rôles truculents (dont un Alan Hale qui en fait des tonnes) paraît bien plus insouciante. C'est précisément le contact un peu trop rapproché avec les risques du métier qui rendra les personnages plus vulnérables. Hank tombe ainsi sous le charme de Fay (Marlene Dietrich), fille d'un collègue tragiquement disparu, après avoir lui-même subit un dangereux accident. Cette mort approchée de près renforce son maladif besoin d'amour et le laisse aveugle face au passé tumultueux de Fay, entraîneuse de club et sortant de prison pour vol de portefeuille. Tout ce qu'il souhaite, c'est une présence à aimer et protéger même sans réel amour en retour. Edward G. Robinson parait bien loin de ses rôles de dur à cuir, leur tension ne ressurgissant que lorsque ses affaires de cœur sont raillées ou menacées. Autrement il témoigne d'une sensibilité touchante, notamment sur l'émerveillement quasi enfantin dont il fait preuve pour Fay. On pense à cette scène de réveil de jeune marié où il cherche craintif Fay pour constater avec candeur qu'elle lui a préparé un petit-déjeuner et savourer enfin lui aussi son foyer, son cocon conjugal.

Ces failles s'expriment autrement chez Fay et Johnny. George Raft joue au contraire de son image de mauvais garçon, réservant sa douceur aux témoignages d'amitié masculine (envers Hank bien sûr mais aussi envers Pop (Egon Brecher) le père de Fay) tandis que le reste du monde n'aura droit qu'à ses poings et son cynisme. Ce sera le cas de Fay qui aura droit à son lot de remarques acerbes sur son passé et sa morale. Là encore Walsh malmène la personnalité filmique de son interprète, la désinvolture séductrice de Marlène Dietrich masquant un personnage cabossé par la vie. Le drame naîtra en détachant justement de leur image, le rapprochement et les sentiments à vifs mettant à mal l'attitude qu'ils veulent afficher. Le scénario et l'interprétation subtile nous y amènent intelligemment. L'acharnement de Johnny à éloigner puis forcer Fay à rester auprès de Hank relève autant de l'amitié que d'une façon de fuir son propre désir pour elle - avec ce moment ambigu où il la brutalise en apprenant qu'elle voulait le quitter et qu'elle était retourné à son club douteux. On a rarement vu une Marlène Dietrich aussi ouvertement vulnérable dans la dernière partie du film, ce que capture magnifiquement Raoul Walsh dans ce gros plan sur son visage défait, sans maquillage et trempé par la pluie dans une vraie mise à nu formelle. Le suspense des scènes de réparation magistralement filmées par Walsh (celle ayant lieu près d'un aéroport embrumé est même incroyablement spectaculaires) trouvent leur équivalent dans les séquences intimes tout aussi périlleuses où les personnages réfrènent leurs sentiments. Tout culmine et s'entremêle donc dans un climax final la rage d'un cœur bafoué et/ou repoussé se confond avec la fureur des éléments pour une issue tragique. Une belle réussite de plus pour Walsh et pour l'anecdote George Raft et Edward G. Robinson se retrouveront sur un plateau treize ans plus tard dans le film noir A Bullet for Joey. 5/6

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Thomas Archer
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Thomas Archer »

Revu récemment Les Aventures du Capitaine Wyatt, dans une copie HD superbe.
Certes, le film concentre un grand nombre de défauts : les transparences sont médiocres; Gary Cooper est complètement figé - il paraît, au mieux, s'amuser avec une bande de scouts. Les trucages sont ridicules : des fils visibles contrôlent un crocodile et un serpent (que Cooper agite avec le coude...). Les personnages n'ont aucune épaisseur psychologique. Les invraisemblances sont à peine acceptables : Cooper provoque un indien dans un duel en rivière. L'indien très athlétique, traverse les 3/4 de la distance, tandis que Cooper patauge avec ses rhumatismes... mais remporte le combat au couteau.
Malgré le ridicule de certaines situations, le film reste quand même un livre d'images au charme certain, du niveau d'une bande-dessinée pour enfant, pas plus, pas moins; et vu sous cet angle Les Aventures du Capitaine Wyatt reste encore regardable. Ah! Gary Cooper qui rentre de la chasse, et jette son morceau de gibier à un aigle... On veut y croire quand on a 5 ou 6 ans.

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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Supfiction »

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La remontée de ce topic me donne l'occasion de dire deux mots sur Le cri de la victoire (1955) vu ce week-end et qui s'avère une probable faible tentative de surfer sur le succès de Tant qu'il y aura des hommes sorti deux trois ans auparavant. Le casting n'est évidemment pas du même niveau (Tab Hunter, Aldo Ray, Van Heflin et le sympathique James "Brooks was here" Whitmore). Très peu de scènes de guerre en fait dans ce film de Walsh qui s'intéresse surtout aux histoires d'amour de ses jeunes américains souvent en permission entre deux batailles dans le pacifique en guerre contre le Japon. Cela se laisse regarder sans déplaisir néanmoins, en particulier Dorothy Malone (tellement plus belle en brune) dans une scène particulièrement sexy et immorale pour l'époque.
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

Thomas Archer a écrit :Revu récemment Les Aventures du Capitaine Wyatt, dans une copie HD superbe.
Certes, le film concentre un grand nombre de défauts : les transparences sont médiocres; Gary Cooper est complètement figé - il paraît, au mieux, s'amuser avec une bande de scouts. Les trucages sont ridicules : des fils visibles contrôlent un crocodile et un serpent (que Cooper agite avec le coude...). Les personnages n'ont aucune épaisseur psychologique. Les invraisemblances sont à peine acceptables : Cooper provoque un indien dans un duel en rivière. L'indien très athlétique, traverse les 3/4 de la distance, tandis que Cooper patauge avec ses rhumatismes... mais remporte le combat au couteau.
Malgré le ridicule de certaines situations, le film reste quand même un livre d'images au charme certain, du niveau d'une bande-dessinée pour enfant, pas plus, pas moins; et vu sous cet angle Les Aventures du Capitaine Wyatt reste encore regardable. Ah! Gary Cooper qui rentre de la chasse, et jette son morceau de gibier à un aigle... On veut y croire quand on a 5 ou 6 ans.
Tout ce que tu décris très justement m'empêche pour ma part tant d'indulgence. J'ai du coup toujours trouvé ce film sans charme et ennuyeux à mourir.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Thomas Archer »

Je reconnais qu'il faut de l'indulgence, et surtout ne pas trop aimer le gâchis pour lui trouver des qualités... même mineures :mrgreen: Je ne crie vraiment pas au chef d'oeuvre.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par bruce randylan »

Under Pressure (1935)

Deux amis bourrus et grande-gueules travaillent dans la construction de tunnels sous-marin. Ils ne tardent pas à tomber amoureux de la même femme, ce qui crée quelques tensions, exacerbé par l'approche de la fin de leur mission où ils sont en compétition avec une équipe adverse.

Le Walsh des années 30 est loin d'être la période la plus marquante du cinéaste. Alors un film où Victor McLaglen et un acolyte nous font une énième version de What Price Glory inquiète quelque peu. A tort ! :D
On est bien loin de l'exécrable Women of all nation pour se rapprocher plutôt de sa veine On the bowery avec une dimension sociale assez présente.
Le premier tiers est à ce titre excellent, alerte, dynamique avec de nombreux mouvements de grues qui captent avec nervosité l'effervescence du quotidien de ces ouvriers. Les scènes de foules sont très bien gérées et la photographie fait ressortir la chaleur et la sueur au fond du tunnel. On retrouve là plutôt un style Warner du début des années 30.
La suite du film n'est pas aussi marquante à cause des formules un peu trop classiques ou prévisibles dans la progression du récit et l'évolution du trio de personnage mais la narration file tellement vite qu'on même pas de quoi s'en rendre vraiment compte. A peine 1h10 au compteur et Walsh saute les vitesses paires pour tracer pied au plancher avec quelques séquences spectaculaires et intenses (le sauvetage d'Edmund Lowe ; la course contre la montre finale) sans négliger les moments de pauses pour rendre vivant son personnage féminin (encore qu'il s'agit vraisemblablement de reshoots d'Irvin Cummings), quelques intermèdes plus légers typiquement irlandais et trouver le temps d'émouvoir comme lorsque McLagen essaye de cacher son infirmité.
Il s'agit du premier scénario écrit par Borden Chase pour le cinéma et son contenu a sans aucun doute plu au cinéaste qui s'est plus investi que d'habitude, peut-être motivé aussi par un retour derrière les caméra après une année d’inactivité.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par bruce randylan »

Je reste en 1935 !

Baby Face Harrington

Le modeste employé Willie Harrington manque tellement d'assurance et de caractère qu'il devient littéralement transparent au yeux de ceux qui l'approche. Seule sa femme essaye de le soutenir tout en regrettant son manque de poigne. Suite au passage d'un criminel en cavale, la police le prend pour un complice et la presse s'empare du sujet.

Objectivement, le film est assez médiocre avec une réalisation sans la moindre saveur de Walsh, un rythme bancal, une narration maladroite et un casting pas folichon.
Pourtant je m'y suis assez amusé en grande partie grâce au méconnu Willie Harrington et au scénario qui ne manque pas d'attrait.
Charles Butterworth possède un flegme tout en candeur assez savoureux qui tranche avec l'abattage cabotin d'autresacteurs de comédies de la même période. Tout en étant conscient de ses limites, je l'ai trouvé idéal pour ce rôle d'un homme à qui arrive les pires malheurs et qui continue pourtant de s'excuser d'être une victime avec une courtoisie inappropriée et qui donne quelques moments savoureux. De plus le scénario est loin d'être si anodin que ça et s'amuse déjà avec ingéniosité des clichés des films de gangsters et autres policiers aux innocents accusés à tort.
Si le premier tiers met un peu trop de temps à présenter ses personnages et la situation, le reste s'enchaîne très bien et possède une dimension absurde assez plaisante dans son accumulation de péripéties. Le scénario s'amuse là aussi à dépeindre (déjà) une presse et des autorités qui préfèrent l'emballement médiatique et la déformation sensationnaliste à une simple recherche des faits. Il y a bien-sûr quelques facilités prévisibles mais la satire décoche quelques très bonnes flèches.
De plus, et même si ce n'était pas intentionnel, je trouve que le "relâchement" de Walsh à la caméra est finalement en adéquation avec le propos et l'esprit du film. Mais c'est sûr qu'avec un peu plus d'implication (et de budget), on aurait pu avoir un film autrement plus réussi.
Un remake avec Alberto Sordi aurait pu donner quelques de sensationnelle par exemple. En l'état, j'ai passé un bien meilleur moment que je ne le pensais, en partie parce que le film ne dure que 62 minutes.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Profondo Rosso »

Au service de Sa Majesté (1937)

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Accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, Jimmy Tracy, un mauvais garçon new-yorkais, fuit en Angleterre en empruntant l'identité de sa victime présumée, un Canadien. Sur place, il se retrouve presque malgré lui enrôlé dans l'armée britannique. Il rencontre Bert Dawson, militaire de carrière. Tous deux aimeraient conquérir le cœur de Sally Briggs, la fille du sergent-major. Mais lorsque les combats font rage, l'amitié et la solidarité prennent le dessus.

O.H.M.S. constitue pour Walsh un diptyque anglais avec Les Deux aventuriers tourné la même année. C'est un opus mineur mais plutôt attachant qui annonce certaines œuvres à venir, le final guerrier et exotique préfigure ainsi un peu Aventures en Birmanie (1945) et surtout la formation guerrière et sentimentale du héros fait penser à ce que sera Le Cri de la victoire (1955). On y suivra les aventures d'une petite frappe accusée de meurtre à tort et forcée de fuir en empruntant l'identité d'un canadien engagé dans l'armée britannique. Le film doit grandement à l'abattage de Wallace Ford trimballant sa gouaille new yorkaise des espaces urbains malfamés à la rigueur de l'armée anglaise et des mœurs britanniques pondérées. La discipline militaire alterne ainsi avec l'assiduité amoureuse dans un beau contraste entre l'ouverture montrant notre héros en véritable goujat infréquentable et l'exil qui le transforme en être plus respectable. Le triangle amoureux complice et rieur entre Ford, Anna Lee et John Mills offre quelques moments amusants, Walsh s'amusant dans les registres de la comédie romantique et de régiment. Cela reste néanmoins grandement cousu de fil blanc dans le déroulement et pour retrouver l'énergie de Walsh il faut compter les morceaux de bravoures épars du récit. L'ouverture dans une salle de jeu lugubre virant à la violence sèche (et un relent de racisme asiatique) démontre toute l'efficacité du réalisateur et surtout la bataille finale avec son armée chinoise anonyme et son siège épique amène enfin l'ampleur et l'émotion attendue pour une belle rédemption de Wallace Ford. Un petit Walsh mais pas déplaisant. 4/6
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par villag »

Thomas Archer a écrit :Je reconnais qu'il faut de l'indulgence, et surtout ne pas trop aimer le gâchis pour lui trouver des qualités... même mineures :mrgreen: Je ne crie vraiment pas au chef d'oeuvre.
Ce qui m'a toujours amusé dans ce film : les soldats avancent péniblement dans les marécages, les indiens, qui eux courent toujours n'arrivent pas à les rattraper ....!
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