Raoul Walsh (1887-1980)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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villag
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par villag »

Lord Henry a écrit :A moins qu'il ne s'agisse du documentaire de la même série consacré à Howard Hawks, et que TCM programme aussi ces jours-ci.

Tout juste, erreur de ma part; c'etait bien le docu consacré à Hawks!!!!
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

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Le Monde lui appartient (The World in his Arms, 1952)

Avec en arrière fond un épisode de la ‘conquête’ de l’Alaska par les américains, l’histoire rocambolesque de Jonathan Clark, capitaine d’un schooner destiné à la chasse aux phoques, qui un beau jour a justement cette idée farfelue d’acheter cette région pour lui même. Dans le même temps, il est en perpétuel conflit avec son rival, le pittoresque capitaine surnommé ‘Le Portugais’, et il doit gérer une nouvelle histoire d’amour avec une comtesse russe qu’il prend tout d’abord pour une simple dame de compagnie, cette dernière cherchant à échapper à l’homme que le Tsar lui destine pour mari. Elle compte bien se faire épouser par celui qu’on surnomme aussi ‘The Boston Man’ avant qu’il n’apprenne qu’elle est d’origine russe (peuple que Clark considère comme son pire ennemi) et souhaite qu’il la conduise à Sitka, port de l’Alaska, où elle obtiendrait la protection de son oncle…


Un an après l’excellent Capitaine sans peur (Captain Horatio Hornblower), Raoul Walsh remet le couvert, tournant à nouveau un film d’aventure avec l’acteur Gregory Peck ; ce seront leurs deux seules collaborations. Pour surfer sur le succès du film précédent et lui faire référence, son premier titre de distribution fut d’ailleurs pour la France Capitaine téméraire. Mais alors que l’adaptation des romans de C.S. Forester avait accouché d’une fort belle réussite, il n’en est malheureusement pas de même pour Le Monde lui appartient malgré son statut de film culte. Car, il faut le savoir pour contrebalancer ma critique négative, beaucoup lui vouaient, et lui vouent encore, une admiration sans bornes ; outre les ‘mac-mahoniens’, on trouve également au nombre de ses fans, non moins que Jacques Lourcelles mais aussi Bertrand Tavernier qui en fait un des sommets du cinéaste ou Noël Simsolo. Les laudateurs du film ont beau mettre en avant sa vigueur, ‘sa perpétuelle effervescence dionysiaque, sa légèreté géniale’ *, je dois avouer ne rien avoir trouvé de tout ceci dans ce qui me parait au contraire être un des films de Walsh les plus ternes. Pourtant l’atmosphère enfiévrée de San Francisco au milieu du 19ème siècle semblait devoir lui aller comme un gant.

Si au vu de l’intrigue et de ses innombrables péripéties se déroulant de la Barbary Coast à l’Alaska, on aurait pu s’attendre à quelque chose de passionnant et de remuant à l’égal de n’importe lequel des films de Michael Curtiz avec Errol Flynn, il faut malheureusement vite déchanter. Le scénario de Borden Chase et Horace McCoy se révèle assez mal écrit et parfois inutilement complexe ; le résultat donne un film mal rythmé, fade et au manque flagrant d’énergie. Car Raoul Walsh n’arrive pas non plus à gérer le trop petit budget qu’il a eu à sa disposition, témoin les disgracieuses toiles peintes de San Francisco et de Sitka ainsi que les hideuses transparences notamment dans les trop longues séquences de Pribiloff, l’île aux phoques. Alors que la Warner lui avait allongé de quoi faire ce qu’il voulait sur Capitaine sans peur, avec tournage en décors naturels sur les lieux mêmes de l’action, reconstitutions fastueuses d’étonnantes batailles navales, etc., Universal ne lui octroie qu’à peine plus que pour un film de série B. Si certains s’en seraient contentés et auraient pallié à ce manque par un regain d’imagination et de dynamisme, Walsh semble ici se résigner et son film s’en ressent ; son récit n’est que très rarement enthousiasmant, ne possédant ni le souffle, ni l’ampleur ni le lyrisme de son prédécesseur. L’ennui gagne donc assez vite faute d’une intrigue cohérente et passionnante, faute d’idées de mise en scène mais aussi faute à une grossière erreur de casting. Si Gregory Peck, comédien excellent au demeurant, se coulait à merveille dans la peau d’Hornblower, officier militaire élégant et cultivé, il n’est absolument pas convaincant en aventurier ‘pirate’ ; son manque de charisme pour le rôle est tellement évident que les scénaristes se sont sentis dans l’obligation d’insister pour faire dire aux autres protagonistes à quel point ‘The Boston Man’ est un homme à craindre. Anthony Quinn en revanche, nous octroie une excellente performance dans le rôle du fougueux portugais ; c’est grâce à lui qu’un semblant d’énergie est insufflé au film et on se prend à rêver de la tournure que ce dernier aurait pu prendre si l’acteur avait pu se trouver dans la peau de Jonathan Clark. D’autres points positifs sont également à signaler : de superbes costumes surtout portés par la ravissante Ann Blyth, un beau Technicolor, une pointe d’écologisme avant l’heure et surtout une impressionnante scène de course de voiliers au cours de laquelle Walsh retrouve son sens épique que l’on aurait préféré voir durer tout du long.
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par O'Malley »

Jeremy Fox a écrit :Le Monde lui appartient (The World in his Arms, 1952)

Avec en arrière fond un épisode de la ‘conquête’ de l’Alaska par les américains, l’histoire rocambolesque de Jonathan Clark, capitaine d’un schooner destiné à la chasse aux phoques, qui un beau jour a justement cette idée farfelue d’acheter cette région pour lui même. Dans le même temps, il est en perpétuel conflit avec son rival, le pittoresque capitaine surnommé ‘Le Portugais’, et il doit gérer une nouvelle histoire d’amour avec une comtesse russe qu’il prend tout d’abord pour une simple dame de compagnie, cette dernière cherchant à échapper à l’homme que le Tsar lui destine pour mari. Elle compte bien se faire épouser par celui qu’on surnomme aussi ‘The Boston Man’ avant qu’il n’apprenne qu’elle est d’origine russe (peuple que Clark considère comme son pire ennemi) et souhaite qu’il la conduise à Sitka, port de l’Alaska, où elle obtiendrait la protection de son oncle…


Un an après l’excellent Capitaine sans peur (Captain Horatio Hornblower), Raoul Walsh remet le couvert, tournant à nouveau un film d’aventure avec l’acteur Gregory Peck ; ce seront leurs deux seules collaborations. Pour surfer sur le succès du film précédent et lui faire référence, son premier titre de distribution fut d’ailleurs pour la France Capitaine téméraire. Mais alors que l’adaptation des romans de C.S. Forester avait accouché d’une fort belle réussite, il n’en est malheureusement pas de même pour Le Monde lui appartient malgré son statut de film culte. Car, il faut le savoir pour contrebalancer ma critique négative, beaucoup lui vouaient, et lui vouent encore, une admiration sans bornes ; outre les ‘mac-mahoniens’, on trouve également au nombre de ses fans, non moins que Jacques Lourcelles mais aussi Bertrand Tavernier qui en fait un des sommets du cinéaste ou Noël Simsolo. Les laudateurs du film ont beau mettre en avant sa vigueur, ‘sa perpétuelle effervescence dionysiaque, sa légèreté géniale’ *, je dois avouer ne rien avoir trouvé de tout ceci dans ce qui me parait au contraire être un des films de Walsh les plus ternes. Pourtant l’atmosphère enfiévrée de San Francisco au milieu du 19ème siècle semblait devoir lui aller comme un gant.

Si au vu de l’intrigue et de ses innombrables péripéties se déroulant de la Barbary Coast à l’Alaska, on aurait pu s’attendre à quelque chose de passionnant et de remuant à l’égal de n’importe lequel des films de Michael Curtiz avec Errol Flynn, il faut malheureusement vite déchanter. Le scénario de Borden Chase et Horace McCoy se révèle assez mal écrit et parfois inutilement complexe ; le résultat donne un film mal rythmé, fade et au manque flagrant d’énergie. Car Raoul Walsh n’arrive pas non plus à gérer le trop petit budget qu’il a eu à sa disposition, témoin les disgracieuses toiles peintes de San Francisco et de Sitka ainsi que les hideuses transparences notamment dans les trop longues séquences de Pribiloff, l’île aux phoques. Alors que la Warner lui avait allongé de quoi faire ce qu’il voulait sur Capitaine sans peur, avec tournage en décors naturels sur les lieux mêmes de l’action, reconstitutions fastueuses d’étonnantes batailles navales, etc., Universal ne lui octroie qu’à peine plus que pour un film de série B. Si certains s’en seraient contentés et auraient pallié à ce manque par un regain d’imagination et de dynamisme, Walsh semble ici se résigner et son film s’en ressent ; son récit n’est que très rarement enthousiasmant, ne possédant ni le souffle, ni l’ampleur ni le lyrisme de son prédécesseur. L’ennui gagne donc assez vite faute d’une intrigue cohérente et passionnante, faute d’idées de mise en scène mais aussi faute à une grossière erreur de casting. Si Gregory Peck, comédien excellent au demeurant, se coulait à merveille dans la peau d’Hornblower, officier militaire élégant et cultivé, il n’est absolument pas convaincant en aventurier ‘pirate’ ; son manque de charisme pour le rôle est tellement évident que les scénaristes se sont sentis dans l’obligation d’insister pour faire dire aux autres protagonistes à quel point ‘The Boston Man’ est un homme à craindre. Anthony Quinn en revanche, nous octroie une excellente performance dans le rôle du fougueux portugais ; c’est grâce à lui qu’un semblant d’énergie est insufflé au film et on se prend à rêver de la tournure que ce dernier aurait pu prendre si l’acteur avait pu se trouver dans la peau de Jonathan Clark. D’autres points positifs sont également à signaler : de superbes costumes surtout portés par la ravissante Ann Blyth, un beau Technicolor, une pointe d’écologisme avant l’heure et surtout une impressionnante scène de course de voiliers au cours de laquelle Walsh retrouve son sens épique que l’on aurait préféré voir durer tout du long.
Je reprends une grande partie de tes critiques (un Gregory Peck pas toujours convaincant, un manque de rythme et de moyens...). Cependant, Le monde lui appartient reste, selon moi, un très agréable film d'aventures maritimes pour son côté chatoyant mais surtout parcequ'il reste ponctué de nombreuses séquences très réussies: la beuverie à San Francisco avec un Anthony Quinn pittoresque qui a elle seule justifie l'effervescense dionyisiaque et la légèreté bouffone citées par Tavernier et Coursodon, la course entre schooner, la séquence écologique sur l'île aux phoques, le bondissant final ...

Par contre, 100% d'accord avec ton avis sur La brigade héroiqe , un peu plus haut, qui me donne très envie de le revoir...
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Roy Neary
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Roy Neary »

Parce que la présentation est plus jolie et qu'elle est aussi technique, voici la mini-chronique du DVD du Monde lui appartient :

:arrow: Le Monde lui appartient
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Tancrède
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Tancrède »

Jérémy, tu penses quoi de la belle espionne ?
la distance que tu trouves entre les folles dithyrambes qu'a suscitées Le monde nous appartient et la qualité intrinsèque du film, je l'ai constatée quant à moi pour La belle espionne. sauf que j'ai trouvé La belle espionne très bien écrit (même scénaristes il me semble)
du coup, après avoir lu ta critique, je vais peut etre pas me ruer sur le DVD
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

Tancrède a écrit :Jérémy, tu penses quoi de la belle espionne ?
Je t'avoue n'en avoir aucun souvenir. Peu de films de Walsh des années 50 m'ont d'ailleurs marqué à l'exception de Capitaine sans peur et La femme à abattre
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Cathy
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Cathy »

Juste une précision par rapport à la chronique de Le Monde lui appartient, le zone 1 possède bien des stf, contrairement à ce qui est écrit, je viens de vérifier sur mon édition :) !
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit :Juste une précision par rapport à la chronique de Le Monde lui appartient, le zone 1 possède bien des stf, contrairement à ce qui est écrit, je viens de vérifier sur mon édition :) !
:o Je croyais vraiment que cette salve Warner en était dépourvu. Merci pour l'info
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Tancrède »

Jeremy Fox a écrit :
Tancrède a écrit :Jérémy, tu penses quoi de la belle espionne ?
Je t'avoue n'en avoir aucun souvenir. Peu de films de Walsh des années 50 m'ont d'ailleurs marqué à l'exception de Capitaine sans peur et La femme à abattre
mince, et Les nus et les morts ????????????
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Watkinssien »

Tancrède a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
Je t'avoue n'en avoir aucun souvenir. Peu de films de Walsh des années 50 m'ont d'ailleurs marqué à l'exception de Capitaine sans peur et La femme à abattre
mince, et Les nus et les morts ????????????
Et L'esclave libre, qui est une merveille !
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Tancrède »

Watkinssien a écrit :
Tancrède a écrit :
mince, et Les nus et les morts ????????????
Et L'esclave libre, qui est une merveille !
et Les implacables !
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

Tancrède a écrit :
Watkinssien a écrit :
Et L'esclave libre, qui est une merveille !
et Les implacables !
Ben euh...pas vraiment :oops: même s'il me faudrait revoir les deux premiers.
Julien Léonard
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Julien Léonard »

Les implacables, c'est quand même du lourd !! Même si ça me fait toujours drôle de voir Gable dans un western (je m'y fais pas trop...), le film est un petit chef-d'œuvre (en plus d'avoir été un grand succès commercial à son époque).
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Jeremy Fox
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Jeremy Fox »

Julien Léonard a écrit : Même si ça me fait toujours drôle de voir Gable dans un western (je m'y fais pas trop...).
Mets Au-delà du Missouri dans ta wishlist :wink:
Julien Léonard
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Re: Raoul Walsh (1887-1980)

Message par Julien Léonard »

Jeremy Fox a écrit :
Julien Léonard a écrit : Même si ça me fait toujours drôle de voir Gable dans un western (je m'y fais pas trop...).
Mets Au-delà du Missouri dans ta wishlist :wink:
J'ai noté, c'est fait. Je vais me renseigner, merci Jeremy ! :)

J'en ai un paquet dans ma liste...
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