Robert Mitchum (1917-1997)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Alex Blackwell
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Robert Mitchum (1917-1997)

Message par Alex Blackwell »

Bonsoir,

Sans s'enferrer dans le western, pourriez-vous énumérer les qualité prinicipales que vous associez à cet acteur mythique décédé en 1997? Autrement dit, et au-delà de la nonchalance, quels qualificatifs s'appliquent à son style de jeu? Enfin quels sont selon vous ses contributions fondamentales apportées au cinéma?

Merci :wink:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Une carcasse qu'il trimballe avec nonchalance certes, un air fatigué et blasé, une espèce de caractère frustre, un humour toujours présent par derrière, et un grand acteur en même temps que tout ça.

Pour moi cà restera surtout ce personnage qui se laisse entrainer dans une spirale infernale dans Angel face, évidemment le pasteur de tu sais quoi, le prêtre émouvant et frustre de Heaven know Mr Allison (chef d'oeuvre), le patriarche puant de Celui par qui le scandale arrive dans sa pièce rouge sang de Minnelli, très drôle dans El Dorado de Hawks...

Mais si je ne devais retenir qu'une seule de ses prestations, ce serait son rôle de tueur blasé et fatigué dans l'admirable western de Robert Parrish : L'aventurier deu Rio Grande

Avec John Wayne, Marlon Brando et James Stewart, peut-être mon acteur préféré de cette époque.
Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

Jeremy Fox a écrit :Une carcasse qu'il trimballe avec nonchalance certes, un air fatigué et blasé, une espèce de caractère frustre, un humour toujours présent par derrière, et un grand acteur en même temps que tout ça.

Pour moi cà restera surtout ce personnage qui se laisse entrainer dans une spirale infernale dans Angel face, évidemment le pasteur de tu sais quoi, le prêtre émouvant et frustre de Heaven know Mr Allison (chef d'oeuvre), le patriarche puant de Celui par qui le scandale arrive dans sa pièce rouge sang de Minnelli, très drôle dans El Dorado de Hawks...

Mais si je ne devais retenir qu'une seule de ses prestations, ce serait son rôle de tueur blasé et fatigué dans l'admirable western de Robert Parrish : L'aventurier deu Rio Grande

Avec John Wayne, Marlon Brando et James Stewart, peut-être mon acteur préféré de cette époque.
Ah, cette petite synthèse personnelle est enrichissante :) et confirme ce que je pensais, à savoir mon manque de recul par rapport à une carrière très vaste :oops:

Jeremy, penses-tu que Mitchum n'affichait qu'une façade dans sa vie en répétant sans cesse que sa carrière ne lui importait guère et qu'elle se résumait quelque part à une activité alimentaire?
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Alex Blackwell a écrit :Jeremy, penses-tu que Mitchum n'affichait qu'une façade dans sa vie en répétant sans cesse que sa carrière ne lui importait guère et qu'elle se résumait quelque part à une activité alimentaire?
C'était juste une synthèse mais il tourna aussi dans de nombreux autres films qu'il a marqué de son flegme.

C'est bizarre mais vu son jeu, j'ai toujours eu l'impression qu'il s'en foutait un peu effectivement mais bon les déclarations de ce style, on connait, une trop grande modestie peut-être aussi.

Mais j'adore ce flegme et cet humour sur soi.
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Message par L'étranger... »

Jeremy Fox a écrit :Une carcasse qu'il trimballe avec nonchalance certes, un air fatigué et blasé, une espèce de caractère frustre, un humour toujours présent par derrière, et un grand acteur en même temps que tout ça.

...El Dorado de Hawks...

...ce serait son rôle de tueur blasé et fatigué dans l'admirable western de Robert Parrish : L'aventurier deu Rio Grande
+ 1... :lol: euh, enfin tout pareil que Jeremy quoi...pour l'acteur et les deux films cités ci-dessus, mais moi je retiendrai surtout sa formidable prestation dans le non moins formidable La nuit du chasseur... comment ne pas parler de ce film là et de ce rôle là en parlant de Mitchum!!!

PS: je rajouterai le polar Ca commence à Vera Cruz (The big steal), vhs G.Firmin, que j'ai découvert il y a peu, petit film naphtaliné, ma foi fort sympathique. :D
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Message par Kurwenal »

Jeremy Fox a écrit : le prêtre émouvant et frustre de Heaven know Mr Allison
Très joli et très psychanalytique lapsus scriptae :lol:

:wink:
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Message par Lord Henry »

Ce qui m'a toujours fasciné chez Mitchum, c'est qu'il est pour moi une illustration rarement égalée de ce que je caractériserais comme le "jeu invisible". On a l'impression qu'il ne fait rien. Et c'est dans ce mystère, ce qui nous échappe, qu'il fait exister le personnage.

Trois interprétations à mes yeux particulièrement marquantes, pour trois grands films:

Out of the Past
The Night of the Hunter
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Joshua Baskin
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Message par Joshua Baskin »

Kurwenal a écrit :
Jeremy Fox a écrit : le prêtre émouvant et frustre de Heaven know Mr Allison
Très joli et très psychanalytique lapsus scriptae :lol:

:wink:
Alors celui-là, je l'attend de pied ferme en dvd (zone 2) !
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Message par james »

cet acteur est très etrange je dirais meme mieux personnalité très etrange et complexe qui se dissimule derrière une carrure aussi imposante.Une jeunesse d'ecxité,du vagabondage,de la prison,divers petit metier qui nous laisserons entrevoire chez lui une certaine naiveté fausse et cet air très nonchalant qui la aussi ne faisait croire a quelqu'un de frustré.J'apprecie ses debut ,qu'il debuta dans des western de series"Z" des petite bandes signé pour la plupart "archaimbaud ou bretherton", a noter aussi que ses debut il les fit avec william boyd alias "hopalong cassidy".De lui je retiendrais que certain film que je trouve inegalable(les forcats de la gloire,l'aventurier du rio grande,dieu seul le sait,la nuit du chasseur,l'homme au fusil et la rivière sans retour).Personnage desabusé voire cynique ou encore bagarreur je dirais qu'il nous a bien bloffé dans ses manières et cela j'apprecie,voila ma synthèse sur ce grand monsieur du cinoche americain,so long .........
:wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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L’Homme au Fusil (Man with a Gun - 1955) de Richard Wilson
UNITED ARTISTS


Avec Robert Mitchum, Jan Sterling, Ted de Corsia, Karen Sharpe, Henry Hull, Emile Meyer
Scénario : Richard Wilson & N.B. Stone Jr
Musique : Alex North
Photographie : Lee Garmes (Noir et blanc 1.37)
Un film produit par Samuel Goldwin Jr. pour la United Artists


Sortie USA : 05 Novembre 1955


Dans le domaine du western, Robert Mitchum venait de tourner coup sur coup dans des films de réalisateurs très réputés : pour William Wellman dans Track of the Cat puis pour Otto Preminger dans Rivière sans Retour. Et juste quelques mois plus tôt le film qui nous concerne ici, nous pouvions l’admirer dans son rôle le plus marquant, celui de l’étrange pasteur de La Nuit du Chasseur (Night of the Hunter) de Charles Laughton. La notoriété de Man with a Gun est évidemment bien inférieure ; cependant, Mitchum a accepté de le faire en refusant deux autres propositions et non des moindres : tout d’abord le rôle de Jett Rink (écrit spécialement pour lui) dans Géant de George Stevens ainsi que le tournage de ce qui devait être le deuxième film de Charles Laughton, une adaptation des Nus et des Morts de Norman Mailer (plus tard réalisé par Raoul Walsh). Autant dire que le comédien dût s’en mordre les doigts même si L'Homme au Fusil est une jolie réussite. Il s’agissait du premier film produit par Samuel Godwin Jr (le fils de son célèbre homonyme) dont la dernière production aura été le splendide Master and Commander de Peter Weir, ainsi que le premier film réalisé par un des protégés d’Orson Welles, Richard Wilson. Avant cette première expérience derrière la caméra, Wilson fut donc aux côtés de Welles régisseur du fameux Mercury Theatre, acteur radiophonique notamment dans l’adaptation de la guerre des mondes qui fit couler tant d’encre, et enfin producteur délégué sur deux de ses films, La Dame de Shangaï et Macbeth. Son western, avec un faible budget, relate la traditionnelle histoire d’un tireur d’élite dont les services sont loués par les citoyens d’une petite ville afin de la ‘pacifier’.

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Clint Tolliger (Robert Mitchum) arrive dans la petite ville de Sheridan où il sait que vit son ex-épouse Nelly (Jan Sterling). Elle s’est enfuie voici quelques années ne pouvant plus supporter d'avoir pour mari un homme qui mettait quotidiennement sa vie en danger ; en effet, ce dernier, grâce à son habileté dans le maniement des armes, s’était spécialisé dans le ‘nettoyage’ des petites villes. A Sheridan, Clint vient juste prendre des nouvelles de Nelly et de leur petite fille de 5 ans qu’il n’a quasiment jamais vue. Il espère dans le même temps se réconcilier et recommencer une vie commune avec sa femme qui travaille désormais comme Saloon Gal dans l’établissement tenu par Frenchy Lescaux (Ted De Corsia). Mais Nelly semble ne pas vouloir reprendre leur ancienne relation ; Clint décide néanmoins de rester dans la ville, s’étant immédiatement rendu compte qu’elle aurait besoin de son aide. En effet, sa réputation de ‘Town Tamer’ l’ayant suivi, le conseil municipal dirigé par le maréchal ferrant (Emile Meyer) décide de l’embaucher pour mettre un terme au diktat du potentat local, l’intouchable Dade Holman qui ne sort d’ailleurs jamais de chez lui, laissant son ‘armée privée’ imposer sa propre loi. Clint accepte à la condition que personne ne vienne entraver son travail, décidant seul des méthodes à employer. Le jeune Jeff Castle (John Lupton) résiste actuellement seul contre les sbires d’Holman ; il vient d’ailleurs de les chasser de sa future propriété à coups de fusil. Sa vie ne tient désormais qu’à un fil mais il refuse de céder malgré les réprimandes de sa fiancée (Karen Sharpe), la fille du maréchal-ferrant, qui ne supporte pas la violence. Quant à Clint, il ne perd pas de temps et, pour 500 dollars, commence son ‘ménage’ sans aucun scrupule, épaulé par le shérif (Henry Hull) qui jusqu’ici n’avait jamais osé lever le petit doigt. Les notables, eux, commencent à se les mordre d’avoir embauché un homme encore plus violent que ceux qu’il doit combattre...

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Après un sobre générique sur fond de trame grise, accompagné d’un thème assez grave mais immédiatement entêtant signé Alex North (qui fait d’ailleurs penser à un de ceux qu’il écrira plus tard pour Spartacus de Stanley Kubrick), la musique se tait et fait place à l’arrivée d’un cavalier dans la rue principale en pente d’une petite ville de l’Ouest qui ressemble à tant d’autres. Il s’agit du comédien Leo Gordon, habitué des rôles de ‘bad guys’ dans d’innombrables westerns ou films noirs, et dont les petits yeux inquiétants (d’un bleu électrique dans les films en Technicolor) glacent le sang. Le chien d’un tout jeune garçon vient lui aboyer dessus alors qu’il avance doucement sur sa monture ; ni une ni deux, il sort son revolver et lui tire dessus, le tuant sur le coup. Le garçon vient s'effondrer et pleurer sur le cadavre de la bête tandis que l’homme continue son chemin sans se retourner. Aucun habitant ne semble pressé de venir voir ce qui s’est passé ; apeurés ou habitués ? Un autre homme seul arrive à son tour sur un thème musical tout aussi magnifique que celui du début mais bien plus mélancolique, plus doux, presque nostalgique. Il s’agit du personnage joué par Robert Mitchum dont, à cause du thème musical qui lui est attribué d’emblée, on peut penser au départ qu'il est un homme d’une grande douceur et d’une honnêteté à toute épreuve ; l’impassible héros pur et dur de nos rêves d’enfance. Au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire on se rendra compte que ce n’est pas vraiment le cas, que des parts d’ombres se dévoileront au sein de sa personnalité, et on apprendra qu’il eut un passé trouble et troublé qui l’ont quelque peu déstabilisé. S’ensuivent les rencontres de Mitchum avec les habitants de la ville et en à peine cinq minutes, les bases de l’histoire, ses tenants et ses aboutissants, sont posées. Tout le début du film est superbe, d’une formidable concision, d’une violence inattendue (un homme qui tue le chien d’un enfant, nous n’avions encore jamais vu ça) et d’une précision remarquable, l’austère mais splendide noir et blanc de Lee Garmes achevant de nous combler, la description des rues de la ville faisant montre également d’une belle appréhension de l’espace.

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La suite ne déméritera pas même si dans l’ensemble la mise en scène manque par trop de personnalité, les scènes d’action de punch et le scénario d’intensité pour en faire un grand western. De plus, on peut regretter l’apparition à mi-film du personnage du marchand de whisky dont on ne comprend pas d’emblée l’intérêt, de témoin des évènements se révélant d'un coup un rouage très important de l’intrigue, à l’origine d’un coup de théâtre et d’un retournement de situation qui n’étaient pas nécessaires et qui cassent un peu l’austérité de ton et le réalisme de l’ensemble. Après la fabuleuse séquence paroxystique de l’incendie du saloon par un Robert Mitchum complètement perturbé suite à l’annonce d’une mauvaise nouvelle et qui pète littéralement les plombs, le dernier quart d’heure qui s’ensuit s’avère du coup assez décevant en comparaison, aussi par la faute de cette astuce du scénario consistant à nous révéler un guet-apens qui n’avait pas lieu d’être à mon avis et qui ne colle donc pas très bien avec une intrigue qui ne semblait pas devoir se transformer en histoire à suspense. Néanmoins, l’apparition du despote dont on a entendu parler pendant tout le film sans jamais le voir, est aussi forte qu’on pouvait s’y attendre, l’imposant comédien, sans une seule parole, s'avérant aussi terrifiant que nous avions pu l’imaginer, pure incarnation du mal ! Même si le film de Richard Wilson ne peut prétendre rivaliser avec d’autres westerns plus célèbres décrivant les petitesses, les mesquineries et le manque de courage d’une population laissant ainsi la peur et la dictature de la violence s’installer dans leur ville, il n’en demeure pas pour autant moins passionnant la plupart du temps grâce surtout à de superbes dialogues très incisifs, à une interprétation de premier ordre de la plupart des comédiens d'un imposant casting, et à une mise en scène qui ne cherche jamais à être virtuose mais qui s'avère très précise et qui ne rechigne cependant pas devant quelques superbes plans comme celui voyant Mitchum en haut de la grange tenant en joue des hommes cherchant à le liquider, cet autre de la réunion du conseil municipal se terminant sur l'apparition sur le devant de la scène du même Mitchum que l’on éclaire en pleine face alors qu’il était resté jusqu'à présent dans l’ombre, ou encore celui de l'imposant lustre posé au milieu du saloon…

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Et puis aucun manichéisme comme on pouvait s'en douter au vu de ces premiers éléments de description : les méthodes du ‘nettoyeur’ ne s’avèrent guère plus recommandables que celles de ses ennemis, n’hésitant pas lui non plus à appuyer un peu vite sur la gâchette. Il fallait tout le talent de Robert Mitchum pour interpréter ce personnage sans pitié qui manie l’ironie avec jubilation tout en montrant des signes de lassitude ; protagoniste ambigu et violent, psychiquement pas très équilibré malgré son impassibilité de facade, ne croyant qu’au pouvoir des armes et capable de coups de folie. Quand il se rend compte que son ex-femme non seulement ne l’aime plus mais lui apprend dans la foulée une nouvelle qui le terrasse, afin de l’évacuer et ne plus y penser, il manque de peu de détruire la ville entière ; en effet, suite à son emportement démesuré, l’incendie qu'il déclenche expressément dans le saloon n'est pas loin de se propager sur les habitations alentours. Tout en étant inquiétant, on le prend en pitié lorsqu’on voit son regard décontenancé suite à ce geste totalement disproportionné. Les méthodes qu'il emploie vont faire prendre conscience aux citoyens qu’elles pourraient se retourner contre eux (risquant par la même occasion de faire péricliter leurs commerces) et qu’ils ont peut-être fait une erreur en embauchant le ‘Town Tamer’ dont ils veulent désormais se débarrasser. A un moment, ils se demandent même si la ‘dictature’ imposée par Hollman n’est pas un moindre mal, arrivant égoïstement à continuer leurs activités malgré une moins grande liberté de mouvement leur étant accordée. Une réflexion vraiment intéressante sur la lâcheté et l’appât du gain qui font parfois s’accorder avec les régimes totalitaires dans un soucis de relative tranquillité pour les mieux placés. Pour écrire son scénario, Richard Wilson s’est associé à N.B. Stone Jr dont ce sera l’un des seuls travaux pour le cinéma, s’étant par la suite dirigé vers la télévision où il signa d’innombrables épisodes de séries presque exclusivement westerniennes.

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Un thème principal pas forcément nouveau ni très original (que le cinéaste reprendra la décennie suivante dans son deuxième western, Le Mercenaire de Minuit avec Yul Brynner) mais auquel on lui adjoint ici quelques intéressantes variations ; un sujet en tout cas toujours source de tensions, de riches portraits psychologiques en même temps que d’une réflexion sociale et politique sur la domination d’une communauté par un seul homme et sur les méthodes à employer ou non pour lutter contre celui qu’encore personne n’a osé braver jusqu'ici. Pour nous interpréter ce western psychologique urbain au milieu de ces décors assez austères (mais qui nous permettent justement de mieux nous concentrer sur les personnages), des comédiens hors pair pour entourer l’impassible Robert Mitchum, à commencer par Jan Sterling dans le rôle de son épouse devenue glaciale à son égard, un Henry Hull (c’était le journaliste du dytique Jesse/Franck James avec Henry Fonda) plus sobre qu’à l’accoutumée dans celui du shérif, et encore plein de trognes bien connues des amateurs du genre comme Emile Meyer (le shérif dans Stranger on Horseback de Jacques Tourneur ou Silver Lode d’Allan Dwan) mais aussi Ted de Corsia, John Lupton, la charmante Karen Sharpe (épouse du producteur Stanley Kramer), Leo Gordon et même, presque dans leurs premiers rôles à l'écran, Claude Akins et Angie Dickinson.

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Sans fioritures, ce western austère et très sombre n’en oublie cependant pas l’humour, témoin la séquence se déroulant à la fête de charité. Sinon, les dialogues acérés n’en sont pas avares non plus ; le docteur à propos de Clint Hollister pour le décrire au chef du conseil municipal lui présente ainsi : "Might call him a town doctor, too. Ponca was a mighty sick town. Clint operated on it. Patient lost a lot of blood - but lived." Sinon le film se fait surtout remarquer par un réalisme assez minutieux dans la manière de montrer les gens au travail, à travers l’attention portée aux costumes et aux décors (même minimalistes) ainsi que, même si la plupart des protagonistes manquent un peu d’épaisseur, par une psychologie des personnages assez recherchée à travers l’observation de leurs comportements seuls et en groupe. Un western dépouillé et assez froid en fin de compte mais une très belle réussite à l’instar de sa musique, entre classicisme et modernisme (certains passages accompagnés seulement d’accords à la guitare sèche), signée par le grand Alex North qui avait déjà composé auparavant quelques scores remarquables pour des films d’Elia Kazan tels Un Tramway nommé Desir ou encore Viva Zapata ! Un western qui pourrait plaire au plus grand nombre et même à ceux que le genre rebute à priori !

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Je n’ai pas pu voir le Sidonis avec VF et VSTF mais le zone 1 (sans stf mais avec une VF) est présenté au sein d’une copie très propre.

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james
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Message par james »

Jeremy Fox a écrit :
Kurwenal a écrit : Très joli et très psychanalytique lapsus scriptae :lol:

:wink:
Bon sang qu'est ce que je dis moi ??? Oops
le pretre humm je croyais qu'il etait soldat des marines euh vais revoir le dvd :wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

james a écrit :le pretre humm je croyais qu'il etait soldat des marines euh vais revoir le dvd :wink:
Oui j'ai confondu
DannyBiker
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Message par DannyBiker »

Comment oublier sa prestation dans La fille de Ryan. Le plan où on le voit près de l'eau en robe de chambre m'a profondément marqué; ce corps robuste semblait porter le monde sur ses épaules et ses yeux renvoyaient une tristesse apparemment indélébile.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Edward Bloom a écrit :Comment oublier sa prestation dans La fille de Ryan. Le plan où on le voit près de l'eau en robe de chambre m'a profondément marqué; ce corps robuste semblait porter le monde sur ses épaules et ses yeux renvoyaient une tristesse apparemment indélébile.
Bon sang, comment ai-je pu oublier l'un de ses plus beau rôles :shock:

Merci Edward
O'Malley
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Message par O'Malley »

d'acc avec ce qui a été dit; je rajouterai: un physique extraordinaire, à la fois dur et tendre, un regard que l'on oublie pas...

Mon rôle fétiche: La fille de Ryan de David Lean mais aussi bien sûr La nuit du chasseur ou Dieu seul le sait ou il est d'une justesse incroyable, jouant en virtuose de ce mélange de dureté et de tendresse qui le caractérise...
...de même, dans Lame de fond de Minnelli, il n'apparaît que trois fois mais il vampire tout le film par la dimension poétique de son personnage, qu'il restitue admirablement...
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