Robert Bresson (1901-1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Anorya
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Anorya »

Je remet mon avis sur Au hasard Balthazar...

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"Ne me l'enlevez pas, c'est un saint."

Une veuve à propos de l'âne Balthazar.


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Dans un petit village en campagne, on suit toutes les étapes de la vie de l'âne Balthazar, de son enfance jusqu'a la mort ainsi que le chemin de ses différents maîtres que l'on croise et recroise successivement...

Plus qu'une parabole sur la vie, le petit âne est au centre du destin de tous les personnages (il en est même l'exutoire du personnage de Gérard qui très souvent passe ses nerfs sur le dos de la pauvre bête en le rouant de coups, rejoint en celà par Arnold le vagabond ou l'avare marchand) et plus précisément du personnage de Marie (Anne Wiazemski) qui, comme lui, passera par toutes les souffrances. Tous deux sont des prisonniers, incapable d'échapper vraiment semble-t-il à leur destinée ici-bas.

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Balthazar, prisonnier de sa propre condition animale et subissant (très --trop ?-- souvent) avec douleur son statut. Le film, quand il ne renvoie pas à ce qui arrive à Marie (l'autre personnage pivot du film) montre très clairement la pauvre bête battue, poussant une carriole, attelée à moudre le grain, servant "d'appât" (le terme est sans doute mal choisi mais toujours est-il qu'en le voyant, Marie se précipite pour le voir sans se douter que derrière, on monte dans sa voiture) à Gérard pour attirer Marie... Il y a d'ailleurs une séquence sans ambiguïté qui marque durablement où le regard de l'âne croise celui d'autres animaux du cirque, en zoo, en prison comme lui. A cet instant, même le tigre se tait et le regarde, lui comme l'ours, le singe ou l'éléphant d'yeux muets où semblent se lire toute la détresse possible. Instant improbable, comme coupé de tout, intemporel (Bresson supprime tout son à ce moment là).

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Marie est une autre figure d'enfermement mais contrairement à Balthazar, c'est de sa propre volonté quasi inexistante qu'elle est prisonnière. Incapable de résister à ses pulsions et son désir (la scène où Gérard lentement dans la voiture lui passe la main sur la taille, puis autour du cou --seconde capture d'écran-- tandis que cette dernière lui lance un regard où sans bruit ni sanglots coulent des larmes de résignation est fabuleuse aussi :shock: ), elle ira même s'aliéner par amour pour Gérard en croyant la réciproque vraie (alors qu'un dialogue lors du bal au village annonce douloureusement son statut d'objet --qui sera traité comme tel et déshabillé et battu par les mauvais garçons à la fin du film-- : Quand l'avare tente de raisonner Marie, un des garçons lui lance alors : "Tu veux l'avoir ? Alors paye." :shock: Bien sûr, la remarque est liée au personnage même, mais il n'est pas interdit déjà de voir en Marie un simple bibelot qu'on s'échange et revend. Et c'est terrible.). Le pire c'est qu'on ne peut nullement mépriser les personnages bons ou mauvais car, le cinéma de Bresson n'est jamais manichéen, ils sont tous en eux ce qui leur donne de l'humanité et même Gérard par petites touches peut parfois faire preuve de bonté (la scène où après avoir giflé Marie, il la raccompagne la main autour de l'épaule comme un vieil ami) sans jamais que celà paraisse calculé de la part du réalisateur comme de son personnage.

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Grand film. Sans doute le plus poignant de Bresson, le plus destabilisant sans doute, affichant une noirceur qui va contaminer toute la suite de son oeuvre (il y a encore de l'espoir dans Pickpocket ou Un condamné à mort s'est échappé. Après Balthazar et sauf pour 4 nuits d'un rêveur, on plonge dans les ténèbres)... 6/6
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Nestor Almendros
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Nestor Almendros »

Posté par Max Schreck le 17 mars 2007

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Un condamné à mort s'est échappé, ou le vent souffle où il veut, Bob Bresson, 1956
Remarquable film de prison situé à Lyon durant l'Occupation, d'après une histoire vraie. Bresson précise dans un carton d'introduction qu'il a absolument tenu à respecter les faits et à nous les livrer avec authenticité, "sans ornements". L'intention n'est pas toujours respectée :la musique de Mozart apporte un vrai lyrisme à certaines scènes et la mise en scène sait à l'occasion passer au premier plan lorsqu'il s'agit de créer du suspense. Du début à la fin, la caméra de Bresson va en fait faire littéralement corps avec le point de vue du protagoniste, incarné avec beaucoup de présence par François Leterrier. Son monologue en voix off fait pleinement partager au spectateur ses craintes et ses espoirs. On ne verra quasiment jamais le visage des Allemands ou de la Police française. De même on saura finalement peu de choses sur son passé. La dimension sociale et historique de cette époque sera surtout reportée sur les prisonniers qui l'entourent (un pasteur, un vieux resigné, un époux trahi, un jeune désorienté). Mais on est vraiment davantage dans l'aventure humaine que dans le requisitoire contre une époque. Très bon.
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par homerwell »

Un condamné à mort s'est échappé (1956)
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Le personnage central de "Un condamné à mort s'est échappé" se retrouve enfermé dans une prison Lyonnaise et Robert Bresson, alliant le fond et la forme, va s'évertuer à nous confiner dans le for intérieur de ce jeune Lieutenant.
En ouverture, une prise de vue subjective nous montre des mains et par ce tour de passe passe, nous pénétrons l'esprit de Fontaine pour dès lors partager tous ses doutes, ses peurs, ses angoisses, et son quotidien dans les moindres détails. Nous ne le quitterons que lorsqu'il retrouvera la liberté, franchissant un pont de chemin de fer dans les vapeurs d'une locomotive.

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Entre ces deux temps forts, tous les détails de son plan d'évasion seront patiemment analysés, les risques pesés. Le lent travail de "grattage" et de "nouage" est décortiqué, démontré dans sa faisabilité, et enfin on assiste à chaque étape de la fuite. Passionnant ! Pourtant, on sait depuis le titre, que son projet va réussir.

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Les relations avec les autres prisonniers sont d'une grande intensité, murmurées, allant toujours à l'essentiel, les paroles de réconfort, d'encouragement, sont soigneusement choisies soulignant la soif de s'échapper et l'empathie qui prévaut entre détenus.
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Un très grand film qui malgré son optimisme et sa sécheresse laisse le spectateur éreinté.
Anorya
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Anorya »

Procès de Jeanne d'Arc (1962).

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Hum, enchaîner le Jeanne d'Arc de Bresson après un film de Robert Rodriguez, ça calme. :mrgreen:
Trève de plaisanteries, j'étais quand même content de pouvoir voir un Bresson non vu même si c'est non seulement le plus court mais aussi à mes yeux le plus austère comme si tout était concentré en 1h05. Les mauvaises langues auront tôt fait de dire qu'au moins si c'est ennuyeux, le calvaire ne durera pas longtemps. Pour ma part, j'ai bien aimé ce film qui m'a paru bien trop court ! Bresson adopte une démarche quasi-documentaire en retranscrivant avec une incroyable minutie tout ce qui fut consigné (actes et dialogues) entre le clergé et Jeanne lors de son procès, peu avant son bûcher. Dialogues passionnants qui montrent une jeune fille très simple mais aussi suffisamment intelligente pour ne pas s'enferrer dans les pièges que lui tendent continuellement ses geoliers. Une joute par dialogue où chacun semble rendre coups pour coups à l'autre même si l'on sent et l'on craint de plus en plus ce qui va se produire. En cela, la menace lentement se dévoile et à une Jeanne qui s'entête on poursuit le procès dans sa cellule, dans son intimité. On entend en voix-off les pires insultes, en français comme en anglais, on l'épie, on lui jette une pierre, des soldats sont dans sa cellule quand elle dort... Avec peu d'effets, un montage et des plans quasi-serrés, le cinéaste traduit parfaitement la sensation d'etouffement d'une jeune fille prête à craquer (formidable tension)... Intelligent, brillant dans son propos comme ses plans (le plan du chien près du bûcher m'a glacé :shock: ) tout en étant très court, sec et austère comme une brindille qui refuse de prendre feu avant de s'enflammer vivement dans une étincelle qui conjugue briéveté et intensité. Même si ce n'est pas mon Bresson préféré, c'est franchement pas mal. :)
4/6.
Dernière modification par Anorya le 30 août 09, 14:54, modifié 2 fois.
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Re: Notez les films naphtalinés - août 2009

Message par Anorya »

Le procès de Jeanne d'Arc (1962).

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Hum, enchaîner le Jeanne d'Arc de Bresson après un film de Robert Rodriguez, ça calme. :mrgreen:
Trève de plaisanteries, j'étais quand même content de pouvoir voir un Bresson non vu même si c'est non seulement le plus court mais aussi à mes yeux le plus austère comme si tout était concentré en 1h05. Les mauvaises langues auront tôt fait de dire qu'au moins si c'est ennuyeux, le calvaire ne durera pas longtemps. Pour ma part, j'ai bien aimé ce film qui m'a paru bien trop court ! Bresson adopte une démarche quasi-documentaire en retranscrivant avec une incroyable minutie tout ce qui fut consigné (actes et dialogues) entre le clergé et Jeanne lors de son procès, peu avant son bûcher. Dialogues passionnants qui montrent une jeune fille très simple mais aussi suffisamment intelligente pour ne pas s'enferrer dans les pièges que lui tendent continuellement ses geoliers. Une joute par dialogue où chacun semble rendre coups pour coups à l'autre même si l'on sent et l'on craint de plus en plus ce qui va se produire. En cela, la menace lentement se dévoile et à une Jeanne qui s'entête on poursuit le procès dans sa cellule, dans son intimité. On entend en voix-off les pires insultes, en français comme en anglais, on l'épie, on lui jette une pierre, des soldats sont dans sa cellule quand elle dort... Avec peu d'effets, un montage et des plans quasi-serrés, le cinéaste traduit parfaitement la sensation d'etouffement d'une jeune fille prête à craquer (formidable tension)... Intelligent, brillant dans son propos comme ses plans (le plan du chien près du bûcher m'a glacé :shock: ) tout en étant très court, sec et austère comme une brindille qui refuse de prendre feu avant de s'enflammer vivement dans une étincelle qui conjugue briéveté et intensité. Même si ce n'est pas mon Bresson préféré, c'est franchement pas mal. :)
4/6.
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Boubakar
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Re: Notez les films naphtalinés - août 2009

Message par Boubakar »

Anorya a écrit :Le procès de Jeanne d'Arc (1962).

Même si ce n'est pas mon Bresson préféré, c'est franchement pas mal. :)
4/6.
Bon, tu me rassures un peu, comme je l'ai acheté il y a quelques jours, j'avais peur qu'un "Bressonite" comme toi ne l'aurait pas aimé ! :lol:
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Re: Notez les films naphtalinés - août 2009

Message par Anorya »

Boubakar a écrit :
Anorya a écrit :Le procès de Jeanne d'Arc (1962).

Même si ce n'est pas mon Bresson préféré, c'est franchement pas mal. :)
4/6.
Bon, tu me rassures un peu, comme je l'ai acheté il y a quelques jours, j'avais peur qu'un "Bressonite" comme toi ne l'aurait pas aimé ! :lol:
C'est quand même son plus austère et le plus sec... :o
Si tu n'es pas habitué au système Bresson, je te conseille de ne pas commencer par celui-ci mais plus "pickpocket". Après, si tu as déjà vu quelques Bresson, tu seras en terrain connu. :D ;)
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Marcus »

Je vais sans doute chipoter, mais concernant Bresson chaque détail est important: le film s'appelle "Procès de Jeanne d'Arc" et non "LE procès de Jeanne d'Arc" :wink: .
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Anorya »

Pour éviter de faire doublon avec Dreyer ? :D
En tout cas, ayé, c'est édité.
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par k-chan »

Anorya a écrit :Pour éviter de faire doublon avec Dreyer ? :D
Le film de Dreyer, en français, c'est plutôt La passion de Jeanne d'Arc. :wink:
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Anorya »

Erf... :lol:
N'empêche je me demande pourquoi Bresson n'a pas mis "le" avant "Procès de Jeanne d'Arc" maintenant...
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Nomorereasons »

Bande d'encule-mouches! Vous n'avez même pas relevé la justesse et la fulgurance de cette expression:
Anorya a écrit : Intelligent, brillant dans son propos comme ses plans (le plan du chien près du bûcher m'a glacé :shock: ) tout en étant très court, sec et austère comme une brindille qui refuse de prendre feu avant de s'enflammer vivement dans une étincelle qui conjugue briéveté et intensité.
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Anorya »

yaplusdsaisons a écrit :Bande d'encule-mouches! Vous n'avez même pas relevé la justesse et la fulgurance de cette expression:
Anorya a écrit : Intelligent, brillant dans son propos comme ses plans (le plan du chien près du bûcher m'a glacé :shock: ) tout en étant très court, sec et austère comme une brindille qui refuse de prendre feu avant de s'enflammer vivement dans une étincelle qui conjugue briéveté et intensité.
Pour une fois que j'écris un truc intelligent... :oops: :mrgreen:
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Boubakar »

Procès de Jeanne d'Arc (1962)

Comme je l'ai déjà dit, il s'agit du premier film de Bresson que je vois, et, pour des forumeurs comme Anorya, il serait le plus difficile à suivre de par son austérité. C'est justement par son apparente froideur que le film m'a totalement convaincu ! :lol:

En voyant ce film, la première chose auquel j'ai pensé, est le cinéma de Bruno Dumont ; dans ses interviews, il se réclame de Bresson, et c'est vrai que ça ressemble beaucoup à ce que je voyais dans Flandres (amateurs, pas de musique, un certain immobilisme dans la mise en scène, un vrai sentiment de vérité). Lors de ma première vision de celui-ci, ces détails-là m'avaient déplu, mais à la revoyure, le cinéma de Tarkovski étant passé par là, je suis devenu inconditionnel de ce style de mise en scène.

Et c'est exactement ce que j'ai vu dans le film de Bresson, qui m'a complètement sidéré par la sècheresse de sa mise en scène, qui rend le film assez rapide à suivre, car l'essentiel du procès, ainsi que la fin de Jeanne d'Arc nous est montré sans fioritures. Et, la durée du film justifiant cela, on est presque sur sa faim quand surgit le générique, et les dernières paroles de la Pucelle ("Dieu", "Dieu"), dont une interrogation subsiste dans le procès pour savoir si elle est réellement vierge.

Et que dire de l'interprétation, si ce n'est qu'elle est formidable ? Florence Delay compose un très beau rôle, mais son apparente froideur lui donne une pureté virginale à laquelle la "comédienne" donne une très belle force, aussi bien dans le caractère que dans sa farouche volonté à s'opposer à ses "bourreaux" (elle restera assez évasive lors de son procès, sur l'apparition des Saints ou sur ses raisons profondes).
Le reste des acteurs n'est pas en reste, mais ils sont clairement éclipsés par cette beauté froide, qui se dirigera vers le bûcher d'un ton ferme afin de rejoindre Dieu.

En quelques mots, voilà pourquoi j'ai adoré ce film, certes obscur pour beaucoup, mais que j'ai trouvé au bout du compte limpide.
Comme ça me donne envie de continuer à voir du Bresson, que(s) film(s) me recommanderiez-vous par la suite ? :)
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Re: Robert Bresson (1901-1999)

Message par Anorya »

Alors là bravo ! Je te souhaite chaleuresement la bienvenue en terres Bressonniennes. :D

Si celui-ci qui est pourtant le plus sec ne t'a aucunement posé problème, je pense que tu n'en rencontreras pas avec tous ses autres films.
Après, chacun des forumeurs Bressoniens doit avoir ses préférences. J'avoue que je n'ai jamais été déçu par ses films et j'ai déjà dit beaucoup de bien plus haut d' "Au hasard Balthazar" qui m'a littéralement terrassé (noir, c'est noir). Je trouve "Un condamné à mort s'est échappé" exemplaire parce que comme pour Jeanne d'Arc, il conjugue un fait historique précis et minutieux (le procès de Jeanne était consigné, Un condamné... se base sur une histoire vraie) avec un sens du suspens fabuleux (et comme pour Jeanne d'Arc, on sait la fin, ça n'empêche pas d'être captivé tout le long). J'aime beaucoup "Pickpocket" car c'est du pur Bresson dans ses plans de mains, mains géniales qui captent et enlèvent tout à leur portée (Bresson a requis l'aide d'un authentique pickpocket : Kassagi, pour le film). Et puis le montage et les cadrages, toujours justes. Jamais une fioriture, jamais de trop, toujours une justesse du moyen. De l'économie oui, mais pour une recherche de la pureté et de l'absolu. :D
L'argent est quasiment une démonstration de la contamination par le flouze et... c'est brillant aussi. Passionnant dans sa première partie qui va de causes en effet jusqu'a sa deuxième partie où l'on voit comment le système broie un innocent afin d'en faire un être inhumain. :shock:
Et sinon dans les Bressons "rares" (et que j'attends toujours desespérement en dvd :cry: ), "4 nuits d'un rêveur" est une petite rêverie douce et mélancolique sur la jeunesse que le père Bresson s'est offert et c'est une des plus belles scènes de baiser d'adieu, personnellement.


voilà, voilà en gros... :o :wink:
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