Jean Eustache (1938-1981)

[Jeremy Fox]

Écoute... je viens d'éteindre la télé. Cette diffusion aura au moins servi à ça.

En même temps, Eustache, c'est comme Godard : je comprends tout à fait qu'on puisse y être allergique

[beb]

...

[Tommy Udo]

Là, sur ARTE, la maman et la putain...

Et merde, j'ai raté l'enregistrement.
Est-ce que par hasard Arte le rediffuse dans la semaine ?

Non, c'est apparemment une diffusion unique

[Federico]

Là, sur ARTE, la maman et la putain...

Oh la vache, le championnat du monde de "parler faux" ! Dire que cet aprèm j'ai encore défendu Jean-Pierre Léaud, en affirmant que "non, il ne parle pas forcément "faux" !" Oué ben, là, c'est raté.

Disons qu'il parle... le léaud, phrasé exercé par un seul Terrien (si tant est qu'il en soit un). C'est parfois extrêmement pénible, notamment dans sa période d'homme mûr mais là, comme dans la plupart de ses films des années 60-70...

Cela dit, la jeune nana qui joue avec lui (Françoise Lebrun ?) est encore plus forte ! C'est vraiment le plus beau plaidoyer pour le cinéma muet !

Vraiment dommage que tu n'aies pas accroché car elle a pourtant parmi les plus bouleversants monologues de ce film à part.

[pak]

Écoute... je viens d'éteindre la télé. Cette diffusion aura au moins servi à ça.

En même temps, Eustache, c'est comme Godard : je comprends tout à fait qu'on puisse y être allergique

Ah m... ça va pas le faire pour moi non plus, alors... En plus, 3h40 de Léaud... Cela va faire un peu trop pour mes petits neurones...

[riqueuniee]

D'habitude, j'aime bien le jeu, disons décalé de Léaud. Et retrouver l'ambiance de l'époque (y compris pour la teneur idéologique des débats) n'était pas pour me déplaire, a priori. Mais, là, non, désolée, ça ne passe pas.

[El Dadal]

Je l'ai découvert ce soir. Emballé dans les grandes largeurs, mais je ne suis pas un connaisseur de l'œuvre d'Eustache, donc je m'abstiendrai de débiter des âneries. Toutefois, Alexandre dans le film prononce ce qui me semble être une déclaration d'intention à l'encontre de ceux qui se plaignent du jouer-faux: "Le faux, c'est l'au-delà". Notion que je trouve finalement très juste. Comme avec tout artifice, un effort préalable est requis. J'ai moi-même mis 15 bonnes minutes à rentrer dans le jeu, mais c'était pour ne plus le quitter, totalement hypnotisé. Les hypnotiseurs ne s'expriment-ils pas sur ce ton monocorde et ultra-articulé d'ailleurs?

[bruce randylan]

J'en sors aussi.

Il m'a fallut du temps pour rentrer dedans à cause de ce côté interprétation "Nouvelle Vague" avec JP Léaud (que j'aime bien en générale) en auto-caricature assez gonflant au début. Ca se calme pas la suite.
Après, y-a des choses très bien, d'autres anecdotiques, d'autres sublimes, d'autres brillantes de lucidité, d'autres trop littéraires, d'autres trop dans la citation gratuite, d'autres amusantes, d'autres à côté de la plaque ... Mais 3h30... Pfiou, la dernière heure est un peu longuette même si l'histoire se relance pourtant. Mais les personnages m'ont un peu fatigués à ce moment. J'ai arrêté d'y croire pour décrocher à quelques reprises. Reste que le monologue quasi finale de Françoise Lebrun sur la baise et les sentiments est proprement bouleversant (sacrée performance d'actrice pour le coup).

Par contre savoir que le film est fortement influencé par la relation auto-biographique d'Eustache avec sa costumière (conversions enregistrées à l'insu de celle-ci et reprises mots pour mots dans le film, tournage dans son propre appartement...) et que ça a poussée son ancienne maîtresse à se suicider après la projection du film, j'avoue que ça ne me donne pas envie d'être très tendre avec le cinéaste (même si elle reconnaissait que le film était magnifique et important). Et puis bon, je trouve quand même que la réalisation est dans l'ensemble vraiment terne et sans imagination.... Pour ne pas utiliser de terme plus méchant... Et comme de surcroît j'ai toujours eu du mal mal avec la narration "fondu au noir"

Mais content de l'avoir enfin découvert.

[Thaddeus]

ça me donne envie d'être très tendre avec le cinéaste

Si je te comprends bien, il manque une négation dans la syntaxe de ta phrase, non ?

J'ai découvert le film il y a quelques années et ne l'ai pas revu ce soir, mais il me reste bien en mémoire - ce n'est pas le genre d'expérience qui s'oublie. Ce qui frappe en premier lieu, c'est l'impudeur inouïe de l'entprise, cette impression viscérale de voir un artiste et ses collaborateurs (les acteurs, en premier lieu) mettre leurs tripes sur la table, longuement, crûment, sans ne rien cacher. C'est un film granitique, charbonneux, incroyablement dur et âpre, traversé pourtant par des moments de tendresse absolue. On parle souvent, et à juste titre, du monologue final de Françoise Lebrun, mais Léaud se livre aussi, à deux reprises si je me souviens bien, à des loghorrées face caméra qui vomissent et exorcisent une amertume, une détresse, une colère rares.

Grand film incontestablement, mais trop peu aimable, trop inconfortable, trop radical pour me toucher intimement. Il fait partie de ces "monuments" dont je perçois la portée et l'importance, dont je comprends tout à fait en quoi il peuvent bouleverser, mais qui m'impressionnent et m'intimident davantage qu'ils ne me parlent, en fait.

[bruce randylan]

ça me donne envie d'être très tendre avec le cinéaste

Si je te comprends bien, il manque une négation dans la syntaxe de ta phrase, non ?

Ah oui, en effet. C'est corrigé ! Merci

[monfilm]

Putain de chef d'oeuvre que ce film, avec son lot de répliques cultes. Pas de miracle pour la copie, c'est celle qui tourne sous le manteau depuis des années.
Alors oui il faut passer le cap du ton particulier du début, comme pour un Bresson mais alors ensuite...

Merci Arte c'est dans la boite et bientôt sur un DVD.

Dispo sur Arte+7 pour quelques jours donc:

http://videos.arte.tv/fr/videos/la-mama ... 07996.html

[Alisou Two]

est-ce quel'histoire de "la maman et la putain" est tiré d'un épisode de la vie de Jean Eustache qui était très tendu sur le tournage?

[Ignatius]

Moi non plus, je n'ai pas réussi à rentrer dans ce film et j'ai dû lutter pour ne pas m'endormir (véridique).
Et pourtant, j'aime bien Léaud dans les Truffaut, mais là, son jeu est trop ampoulé pour moi. Et son personnage est limite tête à claques, il faut bien le dire. On dirait une caricature du cinéma français intello : le marivaudage bavard d'un lettré de St-Germain-des-Prés.
J'ai vraiment du mal avec les dialogues, beaucoup trop écrits, et malgré quelques fulgurances, j'ai trouvé ça lourdingue pour un film de 3h40. Eustache aurait mieux fait de faire un livre de son expérience.
La mise en scène très plate ne m'a pas du tout emballé, non plus (ou l'absence de mise en scène, plutôt).
Autant Cassavetes, avec un même budget rikiki et un même désir de parler aux tripes, arrive à me toucher au coeur, autant Eustache m'ennuie profondément.

Désolé.

[Commissaire Juve]

On retiendra la bonne blague sur la différence qu'il y a entre la myxomatose et la blennoragie.

[Amarcord]

est-ce quel'histoire de "la maman et la putain" est tiré d'un épisode de la vie de Jean Eustache qui était très tendu sur le tournage?

C'est un film effectivement largement autobiographique.
Sur le site d'Arte, on peut lire ceci :

Le film s’inspire de la propre vie de Jean Eustache, de sa rupture avec Françoise Lebrun (Véronika dans le film), de sa vie avec Catherine Garnier (interprétée par Bernadette Lafont) et de son amour pour Marinka Matuszewski.
Catherine Garnier est également costumière et assistante sur le film, et plusieurs scènes sont tournées dans son appartement et sa boutique. Elle assiste à la reconstitution, mot pour mot, de ses propres disputes ou confidences avec le cinéaste, que ce dernier avait parfois enregistrées à son insu. Point d’orgue d’une œuvre essentiellement autobiographique, l’intime et le romanesque se mêlent de manière extrêmement troublante au point que Catherine Garnier se suicidera après avoir vu La Maman et la Putain lors de sa première projection privée, en laissant ce mot « le film est sublime, laissez-le comme il est. »
Jean Eustache se suicidera lui aussi le 5 novembre 1981 d’une balle dans le cœur, après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique et quelques beaux films, courts et longs (mais jamais aussi beaux et longs que La Maman et la Putain) comme Mes petites amoureuses ou Une sale histoire.
Au sujet de La Maman et la Putain, Jean Eustache écrivait en 1972, avant même la sortie du film, son cortège de drames, de scandales et la vénération qu’il inspirera au fil du temps à plusieurs générations de spectateurs dans le monde entier : « C’est le seul de mes films que je haïsse, car il me renvoie trop à moi-même, à un moi-même trop actuel. Le passé des autres films me protège. »

>>> http://www.arte.tv/sites/fr/olivierpere ... -eustache/