Les Rapaces (Erich Von Stroheim - 1924)

[Ann Harding]

Il n'existe pas encore en DVD[/url]

Eh bien si, justement! En Espagne. Je l'attends, sans me faire d'illusion.

...Même pas une grande illusion!

C'est assez bizarre cette explosion en Espagne d'éditions plus ou moins pirates de films jamais édités en DVD. On trouve aussi Le Vent, La Foule et La Grande Parade dans des éditions sans aucune mention du studio d'origine. Peut-être y-a-t-il un vide juridique qui aide les pirates

[Demi-Lune]

J'avoue que, du coup, je serais curieux de voir le montage intégral, tant dans cette version "courte" (mais qui est celle qu'on a vu pendant des décennies et qui a fait entrer le film dans la légende) je trouve une fluidité de récit qui rend chaque étape du parcours nécessaire et logique en même temps. Je craindrais qu'à trop s'étendre, on bascule de ce récit de montée en puissance dans la noirceur à quelque chose de plus chaotique, plus chargé en péripéties et moins tenu par une ligne de force.

Il se trouve que j'ai pu découvrir la version de 4 heures de ce mois-ci, sans passer par la case version "courte". La reconstitution des scènes manquantes grâces aux photographies permet de mieux saisir l'ampleur de la fresque, qui lorgne vers le roman-feuilleton à la Zola. Beaucoup de scènes reconstituées permettent de s'attarder sur l'emprise du contexte social (l'alcoolisme fatal du père de McTeague qui déteindra ironiquement sur son fils des années plus tard, la formation de dentiste de McTeague Junior, une parade dans les rues de San Francisco, les difficultés quotidiennes, la relation McTeague/Marcus, etc) et le fait que Von Stroheim ait tout tourné en décors réels dans la Californie des années 20 confère une valeur documentaire encore plus fascinante.
La version reconstituée est donc indispensable, évidemment parce qu'elle se rapproche de la vision de Von Stroheim, mais aussi parce qu'elle enrichit dramatiquement les scènes filmées en construisant tout un réseau de connexions et un discours social beaucoup plus marqué. Par exemple, la version reconstituée développe toute une sous-intrigue concernant Maria, la femme de ménage de McTeague qui a vendu à Trina le ticket de loterie gagnant. Maria vit dans un taudis avec un vieux et, sous le coup de l'amertume des 5000 dollars gagnés par Trina, lui fait part un jour d'une histoire de trésor enfoui quelque part. Le vieux, qui s'auto-persuade que Maria sait où se trouve ce trésor, devient complètement obsédé par cette histoire et régulièrement, le film alterne la progression de la relation sentimentale McTeague/Trina avec la psychose agressive de ce vieux qui menace Maria de lui avouer où le trésor est enfoui. En créant cet effet de miroir alterné entre les deux couples, Von Stroheim propose une anticipation cynique de l'avarice et de l'avidité qui corrompra Trina comme McTeague. En maître de l'ironie, il fera d'ailleurs assassiner Maria par ce vieux devenu fou par l’appât du gain, et découvrir le cadavre de Maria par... Trina, ce qui est une prophétisation de son propre destin.
Mais mais mais... toute indispensable qu'elle soit, cette version reconstituée reste quand même fastidieuse à regarder. Le principe de la reconstruction narrative par des photos est un pis-aller, elle n'est pas très agréable à regarder. Elle casse la dynamique des scènes filmées. On passe plus de temps à lire des cartons qu'à apprécier les images et au bout d'un moment, c'est quand même assez ennuyeux comme procédé. Cinéphage, tu parlais de fluidité dans la version courte : c'est bien ce qui fait défaut à la version de 4 heures. L'incorporation de cartons explicatifs et de photos est à double tranchant : c'est un travail d'archiviste exceptionnel mais qui fatalement morcelle le tout.
C'est la raison pour laquelle j'aimerais bien découvrir un jour la version de 2h15. Il est possible qu'elle soit frustrante aussi, précisément parce qu'elle sera évidée de toutes les richesses du scénario. Mais au moins ce sera un film à proprement parler et pas un mi-film/mi-document.
Dans tous les cas, c'est probablement un chef-d’œuvre mais qui restera toujours difficile à apprécier pleinement.
Le plus grand film de Von Stroheim reste à mon sens La symphonie nuptiale où il porte sa cruauté sentimentale à des cimes dont Kubrick saura se souvenir avec Barry Lyndon.

[allen john]

Eh bien si, justement! En Espagne. Je l'attends, sans me faire d'illusion.

...Même pas une grande illusion!

C'est assez bizarre cette explosion en Espagne d'éditions plus ou moins pirates de films jamais édités en DVD. On trouve aussi Le Vent, La Foule et La Grande Parade dans des éditions sans aucune mention du studio d'origine. Peut-être y-a-t-il un vide juridique qui aide les pirates

Je pense que c'est le cas, d'ailleurs c'est la même chose avec les enregistrements phonographiques: des parutions officielles, engrandes pompes, de disques de jazz des années 50 et 60,ont déjà été effectuées de façon légale sur le teritoire espagnol, sans aucun espoir de recours des labels originaux (Blue Note, Columbia...) qui n'ont plus que les yeux pour pleurer... devant des disques qu'eux-mêmes n'éditaient pas!

Le "domaine public" a sans doute le dos bien plus large en Espagne que chez nous.
http://www.amazon.es/Avaricia-DVD-Zasu- ... s=stroheim

[feb]

Le plus grand film de Von Stroheim reste à mon sens La symphonie nuptiale...

Il est vraiment in love le Demi-Lune J'ai quand même une très légère préférence pour Queen Kelly...par contre Fay ou Gloria, 1 partout balle au centre

[Ann Harding]

C'est la raison pour laquelle j'aimerais bien découvrir un jour la version de 2h15. Il est possible qu'elle soit frustrante aussi, précisément parce qu'elle sera évidée de toutes les richesses du scénario. Mais au moins ce sera un film à proprement parler et pas un mi-film/mi-document.

Je crois que tu as raison. Malgré ses limites, la version de 2h15 est un film alors que la version de 4h est plus un documentaire sur ce qui aurait pu être. J'avoue m'être ennuyée face à la version de 4h à cause du volume d'images fixes.

[Anorya]

C'est la raison pour laquelle j'aimerais bien découvrir un jour la version de 2h15. Il est possible qu'elle soit frustrante aussi, précisément parce qu'elle sera évidée de toutes les richesses du scénario. Mais au moins ce sera un film à proprement parler et pas un mi-film/mi-document.

Dans mon souvenir, la version de 2h15 tenait assez bien la route, ce qui m'avait surpris aux dires de tout ce que j'avais lu et entendu sur le film. Je l'avais vu en fac de ciné, pas sûr que ça existe en DVD du coup mais recommandé, oui.

[Jeremy Fox]

C'est la raison pour laquelle j'aimerais bien découvrir un jour la version de 2h15. Il est possible qu'elle soit frustrante aussi, précisément parce qu'elle sera évidée de toutes les richesses du scénario. Mais au moins ce sera un film à proprement parler et pas un mi-film/mi-document.

Dans mon souvenir, la version de 2h15 tenait assez bien la route, ce qui m'avait surpris aux dires de tout ce que j'avais lu et entendu sur le film. Je l'avais vu en fac de ciné, pas sûr que ça existe en DVD du coup mais recommandé, oui.

Je garde donc mon enregistrement du cinéma de minuit bien au chaud. Elle ne m'a jamais paru frustrante

[allen john]

au moins ce sera un film à proprement parler et pas un mi-film/mi-document.

la version de 2h15 tenait assez bien la route.

ma conclusion aussi.

[allen john]

Eh bien si, justement! En Espagne. Je l'attends, sans me faire d'illusion.

...Même pas une grande illusion!

C'est assez bizarre cette explosion en Espagne d'éditions plus ou moins pirates de films jamais édités en DVD. On trouve aussi Le Vent, La Foule et La Grande Parade dans des éditions sans aucune mention du studio d'origine. Peut-être y-a-t-il un vide juridique qui aide les pirates

Ca y est, je l'ai reçu... et tout se confirme: Aucune mention de Warner, de TCM ou de Turner ou quoi que ce soit qui rende la copie officielle. Le master utilise sans vergogne l'indispensable musique de Carl Davis, mais le film est plus court: sur la copie Turner, la longueur est de 130 mn, ici le film ne va que jusqu'à 125 mn, probablement une affaire de vitesse de défilement; le transfert est boueux, mais regardable, et c'est un DVD, pas un DVD-R; on a une satisfaction: lorsque mes deux copies sauvegardées sur DVD-R auront rendu l'âme, ce DVD sera toujours debout, puisqu'il y a fort à parier qu'on en sera encore à attendre que Warner bouge son imposant et auguste derrière pour nous sortir le film en DVD, Blu-ray ou quelque format qui primera à ce moment-là...

Un motif de satisfaction aussi, c'est la version de 1924, dont je dis et je redis ailleurs (http://www.dvdclassik.com/critique/les- ... n-stroheim) qu'elle ne doit pas être oubliée au profit de la reconstruction de Schmidlin.

[Jeremy Fox]

Le test du DVD Bach Films


Au vu de ce test qui remet parfaitement les choses à leurs places, je me dis que j'ai bien fait de m'abstenir. J'attendrais pour ma part que l'on s'occupe correctement de ce superbe film.

[Abronsius]

Le test du DVD Bach Films

Test lucide et mesuré, j'aime beaucoup !

[allen john]

Le test du DVD Bach Films

Test lucide et mesuré, j'aime beaucoup !

Moi aussi, dont la tentation de faire du frisbee avec les deux galettes (J'ai déjà couvert le CD de mayonnaise et de ketchup, il est désormais hors concours), tend en contraste à me rendre admiratif devant une critique aussi constructive, mesurée en effet, et pour tout dire parfaitement dosée.

[Sybille]

J'ai ENFIN découvert ce film et c'est vrai qu'il est pour le moins marquant. Il ne m'a pas d'emblée éblouie comme ont pu le faire certains muets - par ex j'ai trouvé la mise en scène un peu "sage" malgré des plans magnifiques - mais le film s'imprègne peu à peu en vous de manière tenace, formant au final quelque chose de fascinant. Je me suis franchement sentie mal à l'aise quand il s'est achevé. Vu d'aujourd'hui, l'histoire peut paraître simpliste, les personnages brossés à trop gros traits, mais cependant ou justement à cause de cela, il émet une vérité brute, sans apprêt, profondément dérangeante. Puis bien sûr la force des images, qui ne nous épargne rien ou presque dans l'horreur tant physique que psychologique renforce ce sentiment d'attirance mêlé de répulsion. En soi, l'expérience de visionnage n'a pas été "plaisante" pour moi, mais c'est indéniablement un très grand film.