Psychose (Alfred Hitchcock - 1960)

[jacques 2]

Je ne comprends pas bien le sens que tu donnes à cette réflexion ...

Hitchcock était un maître en raison de la manière dont il racontait les histoires, et non en raison des histoires elles-mêmes.

Psychose, ce n'est pas Sixième sens de Shyamalan, il y a une mise en scène.

Nous sommes donc bien d'accord ...

[julien]

Maintenant, la partie que je préfère, c'est bizarrement la première moitié, jusqu'à l'arrivée au Bates Motel et le moment le plus angoissant et cinématographiquement nickel, la fuite de Marion Crane en bagnole et son interpellation par un motard, avec ce noir et blanc filtré droit sortie d'un épisode de la Twilight Zone

Une angoisse également soulignée par l'utilisation oppressante de la musique, aussi tendue qu'un quatuor de Chostakovitch. Dans un documentaire sur Herrmann, d'ailleurs c'est intéressant car on montre cette séquence privée de musique et finalement on se rend compte que l'angoisse fonctionne nettement moins bien. On a juste l'impression de voir une femme qui rentre chez elle après avoir fait ses courses au supermarché. Il n'y a plus ce sentiment de tourment que l'on retrouve sur la scène, une fois la musique intégrée.

[someone1600]

Les partitions de Herrmann pour Hitchcock sont souvent comme cela. C'est en fait ce que j'apprécie le plus au cinema, quand la musique du film créer si bien une atmosphere, qu'elle véhicule par elle-meme les émotions du personnage.

[julien]

D'où la brouille stupide qu'Hitchcock avait eu avec Herrmann sur Le Rideau Déchiré. A un moment il a dû se dire qu'Herrmann faisait tout le boulot a sa place. Par la suite, il a d'ailleurs engagé des compositeurs qui ont fait une musique plus illustrative et moins émotionnelle.

[someone1600]

En effet...

[julien]

"Bernard et moi c'est avant tout une grande histoire d'amitié et de reconnaissance mutuelle. J'adore en particulier la musique qu'il a composé pour mon film Les Oiseaux".

[jacques 2]

la partition de hermann pour "le rideau déchiré" a fait l'objet d'une édition cd : le moins que l'on puisse en dire, c'est que cette musique aurait aidé à revoir le film à la hausse ...

[julien]

- "Bernard, pour changer un peu, je voudrais que tu écrives de la pop musique sur le générique du Rideau Déchiré."
- "Mais bien sûr Alfred. Tu peux compter sur moi. Tu sais bien que c'est ma grande passion la musique pop."

[Federico]

la partition de hermann pour "le rideau déchiré" a fait l'objet d'une édition cd : le moins que l'on puisse en dire, c'est que cette musique aurait aidé à revoir le film à la hausse ...

Je ne connais pas la musique composée par Herrmann pour Torn Curtain et ai très envie de la découvrir mais John Addison n'était pas un manchot non plus. Ce musicien assez méconnu avait lui aussi un style très personnel et reconnaissable et j'aime beaucoup ce qu'il a composé pour ce film d'Hitchcock qui, sans appartenir au meilleur de sir Alfred, est pour moi son dernier film potable.

[jacques 2]

la partition de hermann pour "le rideau déchiré" a fait l'objet d'une édition cd : le moins que l'on puisse en dire, c'est que cette musique aurait aidé à revoir le film à la hausse ...

Je ne connais pas la musique composée par Herrmann pour Torn Curtain et ai très envie de la découvrir mais John Addison n'était pas un manchot non plus. Ce musicien assez méconnu avait lui aussi un style très personnel et reconnaissable et j'aime beaucoup ce qu'il a composé pour ce film d'Hitchcock qui, sans appartenir au meilleur de sir Alfred, est pour moi son dernier film potable.

La partition d'Hermann pour "le rideau déchiré" est vraiment très puissante : je t'invite à la découvrir à l'occasion.

Sinon, tu oublies quand même - à mon sens - le "Frenzy" de 1972 : un très bon Hitchcock aussi (même si pas un de ses sommets) mais différent car plus "moderne" et très cru par moments (le premier meurtre y est montré de façon extrêmement sordide et donc générateur d'un vrai malaise)

Mais nous versons dans le HS ...

[Federico]

Je ne connais pas la musique composée par Herrmann pour Torn Curtain et ai très envie de la découvrir mais John Addison n'était pas un manchot non plus. Ce musicien assez méconnu avait lui aussi un style très personnel et reconnaissable et j'aime beaucoup ce qu'il a composé pour ce film d'Hitchcock qui, sans appartenir au meilleur de sir Alfred, est pour moi son dernier film potable.

La partition d'Hermann pour "le rideau déchiré" est vraiment très puissante : je t'invite à la découvrir à l'occasion.

Sinon, tu oublies quand même - à mon sens - le "Frenzy" de 1972 : un très bon Hitchcock aussi (même si pas un de ses sommets) mais différent car plus "moderne" et très cru par moments (le premier meurtre y est montré de façon extrêmement sordide et donc générateur d'un vrai malaise)

Mais nous versons dans le HS ...

Je suis en train d'écouter des extraits de Bernard Herrmann - Alfred Hitchcock's Torn Curtain : The Unused Score. Très beau score, effectivement. Trouvé une consonance amusante entre les accords entendus au début du morceau intitulé Discovery et... ceux d'un des thèmes composés plus bien plus tard par Claude Bolling pour Les brigades du Tigre . Je ne suis pas musicien mais c'est un truc qui m'a sauté aux feuilles (bon, en même temps, j'aurais aussi bien pu mettre que ça ressemblait au thème de Pierrot le fou...)
Plus amusant encore, le titre d'un autre morceau d'Herrmann, The Cab Driver

Quant à Frenzy, euh... je l'ai toujours trouvé lourd et assez vulgaire (je n'en garde que le running-gag des expérimentations culinaires de l'épouse du commissaire).

Mais là je suis au fond du ravin du HS ...

[Nestor Almendros]

Revu hier dans le beau (mais perfectible) blu-ray sorti en fin d'année.
Comme souvent dans ces circonstances, avec des conditions de visionnage très hautes, je redécouvre le film. Sensation très agréable qui n'occulte malheureusement pas le souvenir de visionnages passés. J'ai vraiment regretté de ne pas avoir oublié les ressorts de l'intrigue! Malgré tout, bien que je sache ce qui allait arriver à Janet Leigh ou qui était son tueur, j'ai été pris par le film et par de très nombreuses scènes.

SPOILERS
Comme on le souligne depuis 50 ans, PYSCHOSE est un thriller audacieux sur plusieurs points. Le plus visible, celui qui a bousculé le public de l'époque, le meurtre de la star au bout de 50mn, est effectivement un twist rarement égalé. Il a certainement perdu de son impact aujourd'hui (Leigh est un peu perdue dans le souvenir de toutes ces célébrités) mais reste efficace. J'ai particulièrement apprecié ces 50 premières minutes, le temps accordé à une fausse piste qu'Hitchcock ici très sournois, s'applique à remplir de tout son talent: il a souvent montré un certain plaisir à manipuler son audience, la faire aller dans des terrains inhabituels, et c'est encore le cas dans PSYCHOSE. Il fait d'une voleuse l'héroïne de son film. Et mieux: il fait partager au spectateur les angoisses de la fugitive. Ainsi la morale du public et prise à parti, on en vient à trembler pour une hors-la-loi. Ce petit jeu inspire Hitchcock dans de nombreuses scènes, dont celles avec le policier. Mais j'ai surtout beaucoup aimé le passage chez le vendeur de voitures: une tension se crée par le seul jeu des regards et des points de vue. Tout en suggestion, le réalisateur transmet l'inquiétude de la jeune femme, ses maladresses et sa panique face à ces obstacles potentiels (réactions du vendeur, apparition du policier).

La scène qui suit le meurtre de la douche, où Norman Bates nettoie les preuves, m'a rappelé ce qu'Hitchcock fera dans LE RIDEAU DECHIRE en 1966. Il y a dans cette minutie des actes, cette description précise et en temps réel, la même intention qu'il aura 6 ans plus tard de décrire un meurtre froid et difficile à effectuer. Dans PSYCHOSE également, le crime est montré comme une sorte de labeur difficile à accomplir: et s'il ne s'agit pas du meurtre en lui-même c'est un acte complice. Ces deux exemples sont très liés.

Hitchcock s'est déjà aventuré dans l'observation d'un tueur, d'un criminel, comme dans L'OMBRE D'UN DOUTE: pas de psychologie appuyée mais avec une apparence tranquille qui pouvait susciter la réflexion par rapport au Mal. Dans LA MAISON DU DR EDWARDES le réalisateur avait profité d'un phénomène nouveau (le traitement de la psychiatrie) pour aller aussi dans ce sens. Mais avec PSYCHOSE c'est la première fois qu'il a l'occasion (je crois) de traiter le sujet avec un personnages aux complexités psychologiques aussi fortes. C'est peut-être l'un des premiers cas au cinéma, pas forcément sur l'aspect serial killer avant l'heure, mais plutôt sur la schizophrénie d'un personnage à l'apparence très sage, presque juvénile, qui cache un fou dangereux. Rarement, je pense, on avait vu un tel personnage développé avec un tel réalisme: un danger invisible tel qu'on pourrait en croiser dans la rue. Un Mal encore plus dangreux que celui incarné par Cotten qui, lui, était quelque peu réfléchi. Norman Bates est incontrôlable et je dois dire que le choix d'Anthony Perkins est vraiment bon: l'acteur passe d'un registre à l'autre avec une réelle efficacité, un trouble menaçant et dérangeant.
Je ne suis pas spécialiste de l'acteur ou de ce genre de choses mais j'ai vraiment trouvé qu'Hitchcock traitait le jeu des comédiens avec une grande modernité. L'exemple le plus flagrant, bien au-delà de la figure du déséquilibré qu'il va inscrire dans l'imaginaire collectif et qui servira probablement de mètre-étalon au genre, c'est la conversation entre Norman Bates et Marion Crane dans le petit salon. Cette scène est très réussie: par la conversation on passe d'un état à l'autre, on observe Bates et ses changements subtils et brusques de comportement, on tremble pour la jeune femme qui converse tranquillement en cachant son jeu et qui perçoit une gêne, un trouble, dans les réponses de Bates - troubles qui sont transmis au public. Dans cette scène, le jeu de Perkins est subtil et crédible (pas du tout surjoué), celui de Janet Leigh est introverti, retenu mais précis. On est dans un réalisme palpable qui utilise au mieux les tensions de l'intrigue et des personnages dans un rendu qui évite la dramatisation "à l'ancienne", insistante.

Hitchcock film ici un quotidien très noir, une Amérique à la violence contenue, avec un scénario à la trame finalement très simple mais à la construction très habile. Il rend très bien l'oppression de la maison, par les rares scènes d'intérieur, et marque son film d'une violence extrême, brève, qui éclate aux yeux des spectateurs. Comme j'aurais voulu être à leur place à l'époque, savourer cette peur qui a dû être traumatisante!

Très bonne redécouverte.

[Lord Henry]

Le plus visible, celui qui a bousculé le public de l'époque, le meurtre de la star au bout de 50mn, est effectivement un twist rarement égalé.

A noter que la même année, le scénario d'une petite production d'épouvante britannique, The City of The Dead reposait sur la même construction que le film d'Hitchcock.

Avec en prime, un plan final qui figure aussi dans Psychose.

[Demi-Lune]

Avec en prime, un plan final qui figure aussi dans Psychose.

Celui-ci ?

Spoiler (cliquez pour afficher)

[riqueuniee]

De qui et avec qio, ce film british ?
edit Il s'agit d'un film de John Llewellyn Moxey avec Christopher Lee .