Suite et fin de la rétro pour ma part.
la mauvaise d'étoile d'Akutaro ( 1964 - 97 min )
Comme son nom peut le laissait croire, il s'agit d'une sorte de remake de
Akutaro l'impénitent dont il reprend plusieurs éléments ( initiation amoureuse d'un jeune rebelle à la forte personnalité habitant dans une petite ville à la solde de Yakuzas et d'une brigade de la moralité appartenant à son lycée ).
Suzuki a en revanche la bonne idée de s'affranchir assez rapidement de son propre film en étant un peu moins sentimentaliste et naif ( ce qui est plutot une bonne chose ) tout en étant un peu plus décalé dans son humour ( le paysan ayant suivi une formation au Texas ; les combats contre les Yakuzas à la fin, le travelling sur les couples s'embrassant dans avec un bruitage exagéré ).
Si le film n'est encore une fois pas une réussite majeur, la faute une nouvelle fois à un rythme relaché au milieu, on trouve quelques trés belles scènes tant au niveau esthétique qu'au niveau du fond à l'image de l'amusant passage où une amoureuse d'Akutaro tente de le dévergonder dans un bain public ou celle où ce dernier retrouve sa soupirante dans une forêt de bambous. Ces moments brillants permettent de créer des personnages assez touchants même si on peut regretter que ça ne soit pas le cas de tous les second rôle.
En final on obtient un film une nouvelle fois soignée visuellement mais plutot creux dans ce qu'il aborde heureusement sublimé par quelques séquences originales évitant de sombrer dans un ennui poli.
Million dollar Boys ( 87 min - 1961 )
On s'attend à une succes story sur le monde de la boxe avec un jeune provincial qui débarque à Tokyo pour devenir champion !
Et en fait pas plus que ça le film s'attarddant beaucoup sur des intrigues secondaires plus ou moins captivantes. L'ami du héros et sa copine sont par exemple trés decevant tandis que toutes les scènes entre l'entraineur et sa femme sont trés réussis. Niveau mise en scène, il n'y guère que la première rencontre qui vienne rappeler qui tient la caméra ( un début de combat silencieux avant qu'un solo de batterie vient accompagner les coups portés ), pour le reste pas grand chose de mémorable même si la dernière scène ( le combat et les retrouvaille avec l'entraineur ) parvienne presque à faire oublier l'ennui relatif du visionnage.
Heureusement Suzuki se rattrape avec
Rêve de Ring ( 90 min - 1962 ) autre film sur la boxe avec le même acteur dans un rôle trés similaire ( le toujours trés bon Koji Wada ).
Cette fois, Seijun décide de passer aux choses sérieuses et il s'agit de son 1er film où il expérimente véritablement dans l'utilisation des couleurs et des décors. C'est trés réussi picturalement tandis que le son et la musique sont souvent utilisées avec talents. Le montage n'est pas en reste avec quelques eclatements stupéfiants quand il joue des faux raccords violents dans le placement des personnages pour mieux symboliser la rupture entre deux personnage. A coté de ça, la caméra se montre trés mobile et donne un rythme trés agréable malgré une légère baisse dans le deuxième tiers.
C'est vite oublié devant la perfection de la dernière demi-heure qui doit beaucoup à son scenario intelligent qui place le héros en plein dilemne cruel ( soit gagner match sensé être truqué à l'avance ce qui lui coutera la vie ou bien jouer le jeu des Yakuzas et déshonner et ruiner ses proches et la boxe ). Le suspense est parfaitement installé avec un découpage qui entretien la tension en jonglant entre une dizaine de personnage. On a même droit à un court mais virtuose gunfight où l'un des personnages anticipe le style John Woo avec un flingue dans chaque main.
Plus que recommandable au final.
Mais le mieux est à venir.
La belle de l'underground ( 97 min - 1958 )
Derrière ce titre un peu idiot se cache une série B policière assez incroyable et jubilatoire qui commence trés fort avec un ancien groupe de cambrioleur qui se retrouve après des années pour partager enfin le butin : quelques diamants qu'il espère revendre. Le deal se déroule mal et l'un deux avale les pierres avant de se suicide en se jetant dans le vide...
Le film subit une lègère baisse d'intensité avant de repartir de plus belle quand la soeur de celui qui s'est tué se lie malgré elle à l'un des anciens complices de son frère pour récupérer les bijous ( que son amant avait récupéré lors d'une dissection fugace ).
A partir de la scène où celle-ci cache les diamants dans un mannequin de victime, le film prend un rythme assez incroyable jusqu'à la dernière image. C'est d'une nervosité, d'une virtuosité affolante ( le travail sur les mouvements de caméra ; la photographie N&B sublime ; la cadrage fabuleux ; sens de l'espace à tomber ) qui culmine dans le long et monstrueux final ( prés d'un quart du métrage quand même ) où les 2 héros se retrouvent dans l'antre des méchants face à une armada de mafieux. Quasiment entièrement muette, cette séquence s'inscript dans les plus grandes réussites du film noir internationnal.
Un niveau de réalisation qui égale sans soucis
l'enfer est à lui de Walsh ou
le testament du Dr Mabuse de Lang. Autant dire que c'est du lourd et que la comparaison n'est pas gratuite ou exagérée.
Un véritable chef d'oeuvre oublié qui prouve que Suzuki était déjà un cinéaste extraordinnaire déja avant 1964.
Fuller n'aurait pas fait mieux !
Le dvd existe en Z1 sous le titre
Underworld Beauty, dire qu'il est indispensable est une lapalissade