Seijun Suzuki (1923-2017)
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La Belle de l'underground (Underworld Beauty) (1958 - 87 min)
Avec "La Belle de l’underground", Suzuki donne dans le film noir classique. Réalisation élégante, beau noir & blanc très contrasté, il maîtrise déjà en 1958, 2 ans après son premier film, tous les codes et la mise en scène du genre. Il excelle même, dans les cadrages et les mouvements de caméra toujours pertinents et réglés au millimètre.
Au niveau de l’histoire c’est plus mitigé.
La belle est grande gueule mais un peu passive et pleurnicharde. Et cette course au diamants est un peu mollassonne, avant un final particulièrement réussi façon gunfight entre mafieux.
Avec "La Belle de l’underground", Suzuki donne dans le film noir classique. Réalisation élégante, beau noir & blanc très contrasté, il maîtrise déjà en 1958, 2 ans après son premier film, tous les codes et la mise en scène du genre. Il excelle même, dans les cadrages et les mouvements de caméra toujours pertinents et réglés au millimètre.
Au niveau de l’histoire c’est plus mitigé.
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Re: Seijun Suzuki : vos avis
La vie d'un Tatoué
Si les 3/4 du film restent plutôt classique venant de Suzuki (mais se suivent quand même avec intérêt), le dernier quart d'heure est vraiment somptueux. Une rupture de style radicale où le baroque et la flamboyance habituelle du réalisateur reprennent le dessus.
Sans doute pas un des films majeurs de son auteur mais pour ce quart d'heure d'anthologie, le film est un must.
Si les 3/4 du film restent plutôt classique venant de Suzuki (mais se suivent quand même avec intérêt), le dernier quart d'heure est vraiment somptueux. Une rupture de style radicale où le baroque et la flamboyance habituelle du réalisateur reprennent le dessus.
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Re: Seijun Suzuki
Le Vagabond de Tokyo
Considéré comme une des oeuvres majeures de Suzuki, c'est, il faut l'avouer, un bien bel objet formel mais c'est aussi définitivement un objet de son temps (66) quasi psychédélique et vous qui entrez dans ce film, oubliez toute compréhension de l'histoire (d'ailleurs, ça n'a aucune importance)!
On sent fortement l'influence du cinéma européen dans ces expérimentations formelles sur le montage ou l'image (ces caches sur une partie de l'image!). Ce film, c'est un peu l'enfant illégitime des Tontons Flingueurs, de Minnelli et de Godard. Il y a même un intermède western dans un saloon (ne me demandez pas pourquoi il y a un saloon!) avec une bagarre digne de celle de Dodge City.
Alors on n'y comprend pas grand chose mais on en prend plein les yeux tellement c'est sublime visuellement, un vrai déluge de couleur: du jaune (le night-club), du rouge (le mur qui devient progressivement rouge sang), du bleu (la veste du héros), le blanc (la neige, le final en noir puis en blanc).
Décidément Suzuki est un cinéaste comme aucun autre et c'est ce qui fait la force de son cinéma mais parfois j'aimerais pouvoir me rattacher un peu à l'histoire qu'il me raconte. Le film n'est pas aussi incompréhensible que la tordue Marque du Tueur mais on n'en est pas très loin. Si les films précédents de Suzuki sont un peu moins travaillés formellement, j'ai tendance à préférer leur côté un poil plus linéaire.
Allez, encore 3 à voir dans les coffrets HK: Elégie de la Bagarre, Hsitoire d'une Prostituée et Les Fleurs et Les Vagues. Encore de bien beaux moments en perspective.
Considéré comme une des oeuvres majeures de Suzuki, c'est, il faut l'avouer, un bien bel objet formel mais c'est aussi définitivement un objet de son temps (66) quasi psychédélique et vous qui entrez dans ce film, oubliez toute compréhension de l'histoire (d'ailleurs, ça n'a aucune importance)!
On sent fortement l'influence du cinéma européen dans ces expérimentations formelles sur le montage ou l'image (ces caches sur une partie de l'image!). Ce film, c'est un peu l'enfant illégitime des Tontons Flingueurs, de Minnelli et de Godard. Il y a même un intermède western dans un saloon (ne me demandez pas pourquoi il y a un saloon!) avec une bagarre digne de celle de Dodge City.
Alors on n'y comprend pas grand chose mais on en prend plein les yeux tellement c'est sublime visuellement, un vrai déluge de couleur: du jaune (le night-club), du rouge (le mur qui devient progressivement rouge sang), du bleu (la veste du héros), le blanc (la neige, le final en noir puis en blanc).
Décidément Suzuki est un cinéaste comme aucun autre et c'est ce qui fait la force de son cinéma mais parfois j'aimerais pouvoir me rattacher un peu à l'histoire qu'il me raconte. Le film n'est pas aussi incompréhensible que la tordue Marque du Tueur mais on n'en est pas très loin. Si les films précédents de Suzuki sont un peu moins travaillés formellement, j'ai tendance à préférer leur côté un poil plus linéaire.
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Re: Seijun Suzuki
Je sens que je vais passer pour un rabat-joie...
Koroshi no rakuin (La marque du tueur) (Seijun Suzuki, 1967) :
http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... akuin.html
_______________
Non, désolé, mais c'est un non massif. Au bout de 10 minutes de film, je n'avais toujours rien compris à cette histoire écrite de façon très étrange avec de nombreuses ellipses, trop nombreuses pour le petit bourgeois que je suis devenu. C'est mon premier Suzuki et je crains que la douche soit froide. J'y regarderais à deux fois dorénavant. J'essaie tant bien que mal de me convaincre que je suis tombé avec cette "marque du tueur" sur un film plus coriace, une entrée en matière violente.
Bien entendu que peu à peu on commence, sinon à s'habituer au découpage vagabond des scènes, au moins à en démêler le bizarroïde écheveau. Mais que d'effors pour pas grand chose. Parce qu'avouez que le film n'offre pas matière à s'extasier, merde!
C'est un film noir, qui se voudrait nouvelle vague que ça ne m'étonnerait pas. Et puis pléthore d'effets de caméras, de cadrages inédits et complexes à la signification sans doute évaporée qui échappe à l'entendement de ma petite personne.
Surtout c'est l'incohérence irritante des personnages et des dialogues qui a très vite fini par me rompre méchamment les gonades. Heureusement, coup de chatte, je l'ai vu avec ma femme. A deux, on peut toujours se lancer dans une partie de ping-pong moqueur pour faire passer la pilule. Que j'avais hâte qu'ils meurent, qu'ils s'entretuent plutôt que d'entendre tout leur salmigondis inepte. Scusez le pléonasme, j'avais tellement les deux termes dans la tête pour décrire cette connerie. Le moment le plus dur à subir fut les dernières scènes de l'épouse traitresse Mariko Ogawa : que de gesticulations, de grimaces! Vite qu'elle meure! Tue la vite steplait! Quand l'acteur à bajoues, Jo Shishido, l'hamster même pas jovial a enfin réduit au silence son insupportable épouse, on pensait en avoir teminé avec le supplice. Que nenni! Encore une vingtaine de minutes d'absurdités, de longueurs, de plans inconsistants et rasoirs. J'ai supporté il y a peu un certain Antonioni, mais j'avais au moins le sentiment que l'ennui produit était voulu, désiré, construit, écrit et pensé. Or, ici, c'est plus le scénario mal foutu, décousu et l'imbécilité caractérisée des situations qui provoquent l'emmerdement. L'action réveille de temps en temps mais l'on s'enterre à nouveau très vite. Quelques jolis plans jouant sur les canons du noir retiennent l'attention. Le film va-t-il gagner pour autant en épaisseur? Point du tout!
Un film pénible qui ravira Tarantino et ses adeptes.
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Non, désolé, mais c'est un non massif. Au bout de 10 minutes de film, je n'avais toujours rien compris à cette histoire écrite de façon très étrange avec de nombreuses ellipses, trop nombreuses pour le petit bourgeois que je suis devenu. C'est mon premier Suzuki et je crains que la douche soit froide. J'y regarderais à deux fois dorénavant. J'essaie tant bien que mal de me convaincre que je suis tombé avec cette "marque du tueur" sur un film plus coriace, une entrée en matière violente.
Bien entendu que peu à peu on commence, sinon à s'habituer au découpage vagabond des scènes, au moins à en démêler le bizarroïde écheveau. Mais que d'effors pour pas grand chose. Parce qu'avouez que le film n'offre pas matière à s'extasier, merde!
C'est un film noir, qui se voudrait nouvelle vague que ça ne m'étonnerait pas. Et puis pléthore d'effets de caméras, de cadrages inédits et complexes à la signification sans doute évaporée qui échappe à l'entendement de ma petite personne.
Surtout c'est l'incohérence irritante des personnages et des dialogues qui a très vite fini par me rompre méchamment les gonades. Heureusement, coup de chatte, je l'ai vu avec ma femme. A deux, on peut toujours se lancer dans une partie de ping-pong moqueur pour faire passer la pilule. Que j'avais hâte qu'ils meurent, qu'ils s'entretuent plutôt que d'entendre tout leur salmigondis inepte. Scusez le pléonasme, j'avais tellement les deux termes dans la tête pour décrire cette connerie. Le moment le plus dur à subir fut les dernières scènes de l'épouse traitresse Mariko Ogawa : que de gesticulations, de grimaces! Vite qu'elle meure! Tue la vite steplait! Quand l'acteur à bajoues, Jo Shishido, l'hamster même pas jovial a enfin réduit au silence son insupportable épouse, on pensait en avoir teminé avec le supplice. Que nenni! Encore une vingtaine de minutes d'absurdités, de longueurs, de plans inconsistants et rasoirs. J'ai supporté il y a peu un certain Antonioni, mais j'avais au moins le sentiment que l'ennui produit était voulu, désiré, construit, écrit et pensé. Or, ici, c'est plus le scénario mal foutu, décousu et l'imbécilité caractérisée des situations qui provoquent l'emmerdement. L'action réveille de temps en temps mais l'on s'enterre à nouveau très vite. Quelques jolis plans jouant sur les canons du noir retiennent l'attention. Le film va-t-il gagner pour autant en épaisseur? Point du tout!
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Re: Seijun Suzuki
Alligator a écrit :Quand l'acteur à bajoues, Jo Shishido, l'hamster même pas jovial a enfin réduit au silence son insupportable épouse, on pensait en avoir teminé avec le supplice.
Wikipedia a écrit :Shishido underwent cheek augmentation surgery in 1957, increasing their size. Some have described his new look as "ruggedly handsome"[1] and others equated it as being distinctly chipmunk-like.
on faisait queue devant la porte des WC comme au ciné lors du passage de l'Atlantide à l'écran. Jean Ray, Hôtel de Famille, 1922
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Re: Seijun Suzuki
C'est le film le plus extrême de sa carrière, celui qui lui a fermé les portes de la Nikkatsu.Alligator a écrit :Je sens que je vais passer pour un rabat-joie...
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Non, désolé, mais c'est un non massif. Au bout de 10 minutes de film, je n'avais toujours rien compris à cette histoire écrite de façon très étrange avec de nombreuses ellipses, trop nombreuses pour le petit bourgeois que je suis devenu. C'est mon premier Suzuki et je crains que la douche soit froide. J'y regarderais à deux fois dorénavant. J'essaie tant bien que mal de me convaincre que je suis tombé avec cette "marque du tueur" sur un film plus coriace, une entrée en matière violente.
Bien entendu que peu à peu on commence, sinon à s'habituer au découpage vagabond des scènes, au moins à en démêler le bizarroïde écheveau. Mais que d'effors pour pas grand chose. Parce qu'avouez que le film n'offre pas matière à s'extasier, merde!
C'est un film noir, qui se voudrait nouvelle vague que ça ne m'étonnerait pas. Et puis pléthore d'effets de caméras, de cadrages inédits et complexes à la signification sans doute évaporée qui échappe à l'entendement de ma petite personne.
Surtout c'est l'incohérence irritante des personnages et des dialogues qui a très vite fini par me rompre méchamment les gonades. Heureusement, coup de chatte, je l'ai vu avec ma femme. A deux, on peut toujours se lancer dans une partie de ping-pong moqueur pour faire passer la pilule. Que j'avais hâte qu'ils meurent, qu'ils s'entretuent plutôt que d'entendre tout leur salmigondis inepte. Scusez le pléonasme, j'avais tellement les deux termes dans la tête pour décrire cette connerie. Le moment le plus dur à subir fut les dernières scènes de l'épouse traitresse Mariko Ogawa : que de gesticulations, de grimaces! Vite qu'elle meure! Tue la vite steplait! Quand l'acteur à bajoues, Jo Shishido, l'hamster même pas jovial a enfin réduit au silence son insupportable épouse, on pensait en avoir teminé avec le supplice. Que nenni! Encore une vingtaine de minutes d'absurdités, de longueurs, de plans inconsistants et rasoirs. J'ai supporté il y a peu un certain Antonioni, mais j'avais au moins le sentiment que l'ennui produit était voulu, désiré, construit, écrit et pensé. Or, ici, c'est plus le scénario mal foutu, décousu et l'imbécilité caractérisée des situations qui provoquent l'emmerdement. L'action réveille de temps en temps mais l'on s'enterre à nouveau très vite. Quelques jolis plans jouant sur les canons du noir retiennent l'attention. Le film va-t-il gagner pour autant en épaisseur? Point du tout!
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Je ne suis pas sûr que tu aimeras le reste (il y a suffisamment de choses brillantes formellement dans La Marque) mais tu ne t'es pas facilité la tâche en commençant par celui-là.
Essaie plutôt Détective Bureau 2-3 ou sa suite, La Jeunesse de la Bête. Bon, c'est sûr, il y a ton hamster préféré dedans, pas sûr que ça te rassure
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Re: Seijun Suzuki
La marque du tueur est un film barré. La première fois que je l'ai vu, et c'était également mon premier Suzuki, j'ai eu la même réaction que toi, Alligator. J'ai ensuite fait le tour de la collection HK Vidéo, pour ensuite revoir ce film culte. Aujourd'hui, je sur-adore. Pour moi, c'est clairement le moins accessible parmi ceux édités chez nous. Je te conseille de ne pas lâcher l'affaire. Essaye de voir le beaucoup plus classique (enfin pas complètement) et non moins sublime La vie d'un tatoué. Ensuite le diptyque conseillé par AtCloserange : Détective Bureau 2-3 et La jeunesse de la bête. J'ai une préférence pour le premier (magnifique et drôle), mais les 2 sont géniaux. Puis je te conseillerais ensuite cet ordre (à peu près) : Les fleurs et les vagues > La barrière de chair > Histoire d'une prostituée > L'élégie de la bagarre > Le vagabond de Tokyo, puis reviens à La marque du tueur.
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Re: Seijun Suzuki
Oh mais je me connais assez pour savoir que je suis aussi tétu qu'une mule dès lors qu'un réalisateur me résiste. Un échec ne sera pas suffisant pour me faire reculer. Je recommencerai. Detective bureau 1-3 et La jeunesse de la bête, c'est noté.
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Re: Seijun Suzuki
C'est surtout un film très godardienAlligator a écrit :Un film pénible qui ravira Tarantino et ses adeptes.
Le jour où tu le reverras pour l'apprécier (espérons), tu n'oublieras pas de te faire sa fausse suite "Pistol Opera" dans la foulée
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Re: Seijun Suzuki
Detective Bureau c'est l'inverse de La marque du tueur, très accessible avec une certaine ironie dans le ton (le summum étant le numéro chanté et dansé de Shishido avec sa copine meneuse de revue) et une distance qui remettent en cause tous les clichés du film noir.Alligator a écrit :Oh mais je me connais assez pour savoir que je suis aussi tétu qu'une mule dès lors qu'un réalisateur me résiste. Un échec ne sera pas suffisant pour me faire reculer. Je recommencerai. Detective bureau 1-3 et La jeunesse de la bête, c'est noté.
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Re: Seijun Suzuki
Je n'ai que très modérément apprécié la Jeunesse de la bête. Une entrée en matière sympathoche, qui se poursuit dans une guerre de gangs assez bateau qui ne m'a pas plus intéressé que ça.
Par contre La Marque du tueur m'a envouté comme ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Je l'ai vu sans sous-titres aussi, donc s'il y avait des dialogues rasoirs à la Yoshida j'ai pas pu m'en rendre compte Mais du coup je me suis laissé porter par les images, la photo, le montage, et me suis retrouvé dans un labyrinthe onirique mystérieux et angoissant, qui évoque parfois David Lynch au sommet de sa forme. On peut interpréter ce film comme le rêve d'un tueur à gages, la projection de ses angoisses et de ses fantasmes. Parfois dans la parodie du film de genre, ce film a en effet tout pour plaire aux adeptes de Tarantino mais aussi de Lynch ou de Wong Kar-wai: il reprend des clichés inhérents à un genre précis, des figures vues et revues, mais en ayant conscience de leur nature de clichés. Il les aborde sous un angle différent pour leur donner une nouvelle vie. Chez Tarantino, les tueurs et mafieux racontent des ragots et nettoient une voiture ensanglantée par erreur, chez Wong, les flics passent plus de temps à glander dans les rues de Hong Kong en repensant au passé qu'à poursuivre des criminels, et chez Lynch ou Suzuki, les tueurs rêvent et cauchemardent.
Le premier Suzuki à vraiment m'enthousiasmer.
Par contre La Marque du tueur m'a envouté comme ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Je l'ai vu sans sous-titres aussi, donc s'il y avait des dialogues rasoirs à la Yoshida j'ai pas pu m'en rendre compte Mais du coup je me suis laissé porter par les images, la photo, le montage, et me suis retrouvé dans un labyrinthe onirique mystérieux et angoissant, qui évoque parfois David Lynch au sommet de sa forme. On peut interpréter ce film comme le rêve d'un tueur à gages, la projection de ses angoisses et de ses fantasmes. Parfois dans la parodie du film de genre, ce film a en effet tout pour plaire aux adeptes de Tarantino mais aussi de Lynch ou de Wong Kar-wai: il reprend des clichés inhérents à un genre précis, des figures vues et revues, mais en ayant conscience de leur nature de clichés. Il les aborde sous un angle différent pour leur donner une nouvelle vie. Chez Tarantino, les tueurs et mafieux racontent des ragots et nettoient une voiture ensanglantée par erreur, chez Wong, les flics passent plus de temps à glander dans les rues de Hong Kong en repensant au passé qu'à poursuivre des criminels, et chez Lynch ou Suzuki, les tueurs rêvent et cauchemardent.
Le premier Suzuki à vraiment m'enthousiasmer.
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Re: Seijun Suzuki
Everything Goes Wrong/The Madness of Youth (1960)
Je en connais que les films des 3 coffrets HK mais si celui-ci n'est pas aussi baroque, il reste très bon.
Ce portrait d'une jeunesse désabusée/en colère, également portrait du Japon d'après-guerre (la position des femmes, les conséquences de cette même guerre moralement et économiquement) est captivant. On sent dans la liberté et la vitalité de l'ensemble le même souffle que celui de la Nouvelle Vague naissante et le film est très chiadé visuellement avec une caméra particulièrement mobile et gracieuse.
Une réussite et quand je vois la productivité de Suzuki à l'époque (4 autres films cette même année), il doit y avoir encore quelques perles non disponibles en DVD.
Je en connais que les films des 3 coffrets HK mais si celui-ci n'est pas aussi baroque, il reste très bon.
Ce portrait d'une jeunesse désabusée/en colère, également portrait du Japon d'après-guerre (la position des femmes, les conséquences de cette même guerre moralement et économiquement) est captivant. On sent dans la liberté et la vitalité de l'ensemble le même souffle que celui de la Nouvelle Vague naissante et le film est très chiadé visuellement avec une caméra particulièrement mobile et gracieuse.
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Re: Seijun Suzuki
Derrière ce titre jordanwhitien, se cache un film troublant sur la servitude, et d'une maîtrise formelle forçant le respect. C'est ma première approche avec le cinéma de Suzuki et apparemment, ce dernier est plus connu pour ses polars mi-godardiens mi-kitsch. Avec Histoire d'une prostituée, Suzuki signe un film éloigné de toute expérimentation, si ce n'est le temps de quelques plans épars (comme ce plan assez mémorable, 30 ans avant L'antre de la folie, où un personnage est déchiré en live façon feuille de papier). Par contre, les plans sont toujours impeccablement cadrés, la photographie est splendide, l'utilisation de l'écran large me laisse une nouvelle fois penser que les Japonais sont loin d'être des manches en la matière, la musique lancinante est efficace (mélange de voix plaintives et de saxophone) et l'atmosphère prenante. Certaines fulgurances sont à signaler, comme ce travelling latéral suivant l'héroïne courant au milieu d'un champ de bataille lacéré de déflagrations, comme un ballet de rayons laser. Le film se garde, à raison à mon avis, d'être trop érotique, mais il se dégage de certains plans une beauté sensuelle assez remarquable.
L'interprétation me laisse en revanche partagé : la conviction de Nogawa Yumiko, dans le rôle principal, est appréciable mais elle vire parfois à l'hystérie pénible (et c'est à ce moment-là que Suzuki se lâche dans des ralentis, désynchronisés niveau son pour faire plus "expérimental"). Pas grand-chose à dire sur les deux interprètes masculins, si ce n'est qu'ils incarnent des personnages sans grandes nuances à la base (commandant sadique pour l'un, soldat timide et borné pour l'autre).
Le finale désespéré, quoique mélodramatiquement faiblard pour moi, consacre l'amertume de ce film contestataire, certes pas exempt de défauts, mais d'une élégance formelle folle.
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Re: Seijun Suzuki
La barrière de la chair (1964)
Si Histoire d'une prostituée était enthousiasmant, là ça m'est complètement passé par-dessus la tête. La mise en scène de Suzuki n'est pas à mettre en cause, le bougre sait tenir une caméra. Et puis il a toujours l'art de te sortir l'idée visuelle de derrière les fagots aux endroits les moins attendus. Mais à l'instar de Godard à qui on le compare parfois pour ses expérimentations pop sans le côté autiste, ici ça tourne à vide. La déliquescence générale de l'après-guerre a été déjà traitée avec beaucoup plus de force et donne ici surtout le sentiment d'être un paravent à des élans de cinéma de genre voire bis (la sensualité des prostituées, la fascination pour les corps mis à nu et fouettés, l'exécution et l'éviscération de la vache - clairement pas ma came). Le scénario, ramené au bout du compte à une lutte sensuelle entre les quatre putes et Joe Shishido, l'homme aux joues de Catherine Frot, intéresse plus dans ses interstices (la pute "noble" qui essaie de s'en sortir) que dans sa ligne directrice, fade et ennuyeuse. L'interprétation globalement déficiente, des prostituées hystériques au père noir qui essaie d'en ramener une dans le droit chemin, affaiblit encore plus le film. Bref, pas du tout rentré dedans malgré une exécution et des décors singuliers.
Si Histoire d'une prostituée était enthousiasmant, là ça m'est complètement passé par-dessus la tête. La mise en scène de Suzuki n'est pas à mettre en cause, le bougre sait tenir une caméra. Et puis il a toujours l'art de te sortir l'idée visuelle de derrière les fagots aux endroits les moins attendus. Mais à l'instar de Godard à qui on le compare parfois pour ses expérimentations pop sans le côté autiste, ici ça tourne à vide. La déliquescence générale de l'après-guerre a été déjà traitée avec beaucoup plus de force et donne ici surtout le sentiment d'être un paravent à des élans de cinéma de genre voire bis (la sensualité des prostituées, la fascination pour les corps mis à nu et fouettés, l'exécution et l'éviscération de la vache - clairement pas ma came). Le scénario, ramené au bout du compte à une lutte sensuelle entre les quatre putes et Joe Shishido, l'homme aux joues de Catherine Frot, intéresse plus dans ses interstices (la pute "noble" qui essaie de s'en sortir) que dans sa ligne directrice, fade et ennuyeuse. L'interprétation globalement déficiente, des prostituées hystériques au père noir qui essaie d'en ramener une dans le droit chemin, affaiblit encore plus le film. Bref, pas du tout rentré dedans malgré une exécution et des décors singuliers.