Seijun Suzuki (1923-2017)
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La victoire est à nous
Vu la durée, j'en attendais pas grand chose, et j'ai été agréablement surpris. En à peine plus d'1 heure Suzuki arrive à bien développer le drame du jokey (tandis que le marin reste plus en retrait) et à nous émouvoir. La forme est dans l'ensemble classique, mais suffisament inspirée pour que de purs moments de grâce traversent le film, comme la scène de la gare ou la rencontre dans le dancing. Je pense par contre que le happy end était dispensable, mais ça reste néanmoins une jolie découverte.
Lettres d'amour
Heureusement que cette sucrerie ne dure pas 41 minutes, 40 c'est déjà trop! Le début est encore potable, mais tout le développement à la montagne est insupportable. Ca fait du surplace, on finit bien vite par deviner le secret du type, c'est répétitif, niais, la direction d'acteurs est catastrophique, et on finit par rire nerveusement (alors que d'habitude je marche à fond dans les mélos ). Le film trouve un peu de grâce dans sa dernière partie, mais il la perd aussi tôt avec un retournement final ridicule qui m'a fait exploser. Une curiosité qu'on ne peut voir qu'à la maison du Japon, pour voir à quoi pouvaient ressembler les bandes mélos tournées à la chaine à l'époque...mais c'est vraiment tout. Ah si le scope aussi est pas désagréable. Mais ça suffit pas malheureusement.
La voix sans ombre
Là, le problème, c'est que ça dure plus de 40 minutes...Le début en forme de thriller hitchcockien est pas mal du tout, mais j'ai pas compris pourquoi Suzuki laissait son intrigue dans l'impasse pour se recentrer sur une enquête policière fouillie où pendant bien un quart d'heure on se demande ce qui est arrivé à l'autre intrigue. On est parti pour s'intéresser à la situation d'une femme prise avec des assassins, puis d'un coup on doit s'intéresser à des magouilles entre yakuza auxquels on ne s'est pas du tout attachés pendant l'exposition. J'ai trouvé ça atrocement confus, et j'ai pas dû être le seul puisque la production s'est sentie obligée de tout réexpliquer à la fin. Et le pire, c'est qu'après cet éclaircissement, j'ai juste trouvé ça sans intérêt. D'ailleurs, à quoi servait la première partie, bien plus intéressante? Et comme à part un plan sur un cadavre dans le bain, je n'ai pas trouvé beaucoup d'inspiration formelle dans ce film, sa réussite tenait pour moi avant tout à son écriture. Et la construction est je trouve une catastrophe. J'y vois donc un vrai ratage, qui après Lettres d'amour, aura terminé de m'achever. J'aurais dû m'arrêter à La victoire est à nous.
Vu la durée, j'en attendais pas grand chose, et j'ai été agréablement surpris. En à peine plus d'1 heure Suzuki arrive à bien développer le drame du jokey (tandis que le marin reste plus en retrait) et à nous émouvoir. La forme est dans l'ensemble classique, mais suffisament inspirée pour que de purs moments de grâce traversent le film, comme la scène de la gare ou la rencontre dans le dancing. Je pense par contre que le happy end était dispensable, mais ça reste néanmoins une jolie découverte.
Lettres d'amour
Heureusement que cette sucrerie ne dure pas 41 minutes, 40 c'est déjà trop! Le début est encore potable, mais tout le développement à la montagne est insupportable. Ca fait du surplace, on finit bien vite par deviner le secret du type, c'est répétitif, niais, la direction d'acteurs est catastrophique, et on finit par rire nerveusement (alors que d'habitude je marche à fond dans les mélos ). Le film trouve un peu de grâce dans sa dernière partie, mais il la perd aussi tôt avec un retournement final ridicule qui m'a fait exploser. Une curiosité qu'on ne peut voir qu'à la maison du Japon, pour voir à quoi pouvaient ressembler les bandes mélos tournées à la chaine à l'époque...mais c'est vraiment tout. Ah si le scope aussi est pas désagréable. Mais ça suffit pas malheureusement.
La voix sans ombre
Là, le problème, c'est que ça dure plus de 40 minutes...Le début en forme de thriller hitchcockien est pas mal du tout, mais j'ai pas compris pourquoi Suzuki laissait son intrigue dans l'impasse pour se recentrer sur une enquête policière fouillie où pendant bien un quart d'heure on se demande ce qui est arrivé à l'autre intrigue. On est parti pour s'intéresser à la situation d'une femme prise avec des assassins, puis d'un coup on doit s'intéresser à des magouilles entre yakuza auxquels on ne s'est pas du tout attachés pendant l'exposition. J'ai trouvé ça atrocement confus, et j'ai pas dû être le seul puisque la production s'est sentie obligée de tout réexpliquer à la fin. Et le pire, c'est qu'après cet éclaircissement, j'ai juste trouvé ça sans intérêt. D'ailleurs, à quoi servait la première partie, bien plus intéressante? Et comme à part un plan sur un cadavre dans le bain, je n'ai pas trouvé beaucoup d'inspiration formelle dans ce film, sa réussite tenait pour moi avant tout à son écriture. Et la construction est je trouve une catastrophe. J'y vois donc un vrai ratage, qui après Lettres d'amour, aura terminé de m'achever. J'aurais dû m'arrêter à La victoire est à nous.
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Guerre de voyous (1960) : petite comédie dramatique sans conséquences qui aligne gags crétins (ou gentiment iconoclastes), bons sentiments artificiels et péripéties inutiles. Les acteurs sont un peu nunuche et les personnages pas bien mieux. Très beaux plans aériens, scope magnifique, sens indéniable du rythme, usage malicieux des couleurs et des filtres, scènes de bagarre rigolotes donnent au tout un air tranquillement sympatoche (mais pas plus.)
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Ca rassure un peu. C'est un de ceux que je ne pourrai pas voir, et je craignais de louper une perle.vic a écrit :Guerre de voyous (1960) : petite comédie dramatique sans conséquences qui aligne gags crétins (ou gentiment iconoclastes), bons sentiments artificiels et péripéties inutiles. Les acteurs sont un peu nunuche et les personnages pas bien mieux. Très beaux plans aériens, scope magnifique, sens indéniable du rythme, usage malicieux des couleurs et des filtres, scènes de bagarre rigolotes donnent au tout un air tranquillement sympatoche (mais pas plus.)
Apparemment c'est pas le cas.
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Ca aurait pu en être une si Suzuki avait un peu taillé dans le script et bénéficié d'un meilleur cast. En l'état on a juste un enième histoire d'ado vaguement rebelle qui finit par se reconcilier avec môman, prétexte à tourner en dérision une bande de bizness-men cupides.
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Le film est sorti dernièrement en dvd sous le titre Fighting Delinquents.2501 a écrit :Ca rassure un peu. C'est un de ceux que je ne pourrai pas voir, et je craignais de louper une perle.vic a écrit :Guerre de voyous (1960)
Apparemment c'est pas le cas.
Ça reste visible et lisible
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Akutaro l'impénitent (1963 - 95 min)
Histoire d'un jeune rebelle (il fume et il a une photo de fille, olala) qui va forcément tomber amoureux d'une jeune fille bien comme il faut, et choquer ses camarades de classe plus prudes que la famille Rotschild.
Absolument aucun signe des futures extravagances du réalisateur. Suzuki s'acquitte de sa tâche sagement. Dans le même contexte il se vengera de ce genre de scénario tout monotone (trop gentillet, et il faut le dire, chiant) avec son sublime Elégie de la bagarre.
Une suite est au programme. Sans moi.
Le Vagabond de Kantô (1963 - 92 min)
J'adore la première demi-heure de ce film avec ces lycéennes plus qu'enjouées quasi-regards caméras dès les tous premiers plans, les couleurs qui pètent, cette fascination pour les yakuzas et les jeux, et le ténébreux Akira Kobayashi et son alter ego comique qui en fait des tonnes.
Malheureusement, la romance qui suit fait faire au film un virage à 180° où rien ne marche entre les 2 acteurs (il faut dire que l'intrigue traîne en longueur après être partie sur les chapeaux de roues). Suzuki expérimente sur 2-3 séquences ses éclairages particuliers (derrière les panneaux de bois, du jaune ou bleu dans le même plan, retranscription de l'humeur des personnages), mais le tout manque d'homogénéité et ça fait encore un peu brouillon.
La Vie d'un tatoué (1965 - 85 min)
Film surtout connu pour son final ayant inspiré Kill Bill vol 1. Cette séquence est effectivement excellente, bien que courte. Le reste est une histoire gentillette limite fleur bleue sauvée par de jolis décors et une belle photo.
A noter que les films les plus connus sont ceux qui ont le plus tourné dans les festivals, logique. Les copies sont donc très mauvaises pour les 2 derniers films, alors que les inédits (souvent plus anciens, et en N&B, sont presque nickels). Le pire c'est une sorte de voile blanc qui affadit les couleurs de temps à autre (le comble pour un Suzuki...) et aussi un format peu respecté (sur La Vie d'un tatoué, quelques têtes coupées...).
Et enfin, les sta font très très "résumé", et sont aussi dans un sale état, quasi-illisibles parfois.
Bref, si on a les coffrets HK Vidéo, mieux vaut s'en contenter.
Je tenterai La Marque du tueur, pour le reste je me concentre sur les inédits.
Histoire d'un jeune rebelle (il fume et il a une photo de fille, olala) qui va forcément tomber amoureux d'une jeune fille bien comme il faut, et choquer ses camarades de classe plus prudes que la famille Rotschild.
Absolument aucun signe des futures extravagances du réalisateur. Suzuki s'acquitte de sa tâche sagement. Dans le même contexte il se vengera de ce genre de scénario tout monotone (trop gentillet, et il faut le dire, chiant) avec son sublime Elégie de la bagarre.
Une suite est au programme. Sans moi.
Le Vagabond de Kantô (1963 - 92 min)
J'adore la première demi-heure de ce film avec ces lycéennes plus qu'enjouées quasi-regards caméras dès les tous premiers plans, les couleurs qui pètent, cette fascination pour les yakuzas et les jeux, et le ténébreux Akira Kobayashi et son alter ego comique qui en fait des tonnes.
Malheureusement, la romance qui suit fait faire au film un virage à 180° où rien ne marche entre les 2 acteurs (il faut dire que l'intrigue traîne en longueur après être partie sur les chapeaux de roues). Suzuki expérimente sur 2-3 séquences ses éclairages particuliers (derrière les panneaux de bois, du jaune ou bleu dans le même plan, retranscription de l'humeur des personnages), mais le tout manque d'homogénéité et ça fait encore un peu brouillon.
La Vie d'un tatoué (1965 - 85 min)
Film surtout connu pour son final ayant inspiré Kill Bill vol 1. Cette séquence est effectivement excellente, bien que courte. Le reste est une histoire gentillette limite fleur bleue sauvée par de jolis décors et une belle photo.
A noter que les films les plus connus sont ceux qui ont le plus tourné dans les festivals, logique. Les copies sont donc très mauvaises pour les 2 derniers films, alors que les inédits (souvent plus anciens, et en N&B, sont presque nickels). Le pire c'est une sorte de voile blanc qui affadit les couleurs de temps à autre (le comble pour un Suzuki...) et aussi un format peu respecté (sur La Vie d'un tatoué, quelques têtes coupées...).
Et enfin, les sta font très très "résumé", et sont aussi dans un sale état, quasi-illisibles parfois.
Bref, si on a les coffrets HK Vidéo, mieux vaut s'en contenter.
Je tenterai La Marque du tueur, pour le reste je me concentre sur les inédits.
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Je suis moins sévère que toi. Si le film est en effet dénué de toutes fulgurances visuelles, le noir et blanc scope est une véritable splendeur parfaitement mis en scène et découpé. Pour l'histoire je la trouvais trés drôle au début avec son héros qui ridiculise ses adversaires en 5 secondes d'autant que le film ne se prend jamais au sérieux.2501 a écrit :Akutaro l'impénitent (1963 - 95 min)
Histoire d'un jeune rebelle (il fume et il a une photo de fille, olala) qui va forcément tomber amoureux d'une jeune fille bien comme il faut, et choquer ses camarades de classe plus prudes que la famille Rotschild.
Absolument aucun signe des futures extravagances du réalisateur. Suzuki s'acquitte de sa tâche sagement. Dans le même contexte il se vengera de ce genre de scénario tout monotone (trop gentillet, et il faut le dire, chiant) avec son sublime Elégie de la bagarre.
Une suite est au programme. Sans moi.
Par contre, c'est vrai que le virage dans l'histoire d'amour plombe le film avec un developpement trés convenu et ennuyant.
Je ne peux cependant m'empêcher d'établir un parallèle entre Akutaro et Suzuki, tous les 2 des anti-conformistes rebelles et cultivés qui seront mis à l'écart de la société à cause de la fermeture d'esprit des gens.
Tout pareil2501 a écrit : Le Vagabond de Kantô (1963 - 92 min)
J'adore la première demi-heure de ce film avec ces lycéennes plus qu'enjouées quasi-regards caméras dès les tous premiers plans, les couleurs qui pètent, cette fascination pour les yakuzas et les jeux, et le ténébreux Akira Kobayashi et son alter ego comique qui en fait des tonnes.
Malheureusement, la romance qui suit fait faire au film un virage à 180° où rien ne marche entre les 2 acteurs (il faut dire que l'intrigue traîne en longueur après être partie sur les chapeaux de roues). Suzuki expérimente sur 2-3 séquences ses éclairages particuliers (derrière les panneaux de bois, du jaune ou bleu dans le même plan, retranscription de l'humeur des personnages), mais le tout manque d'homogénéité et ça fait encore un peu brouillon.
Le début est excellent avec la présentation des trois filles dans un montage brillant puis le passage sur les états d'âmes amoureux ralentissent dangeureusement le film même si quelques unes de ses scènes sont magnifiques aux niveaux de l'éclairage qui évoluent aux court des conversations.
Sur la fin, Suzuki se lache un peu mais on sent qu'il manque de confiance tout de même.
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C'est devenu tellement commun avec lui que je ne le mentionne même plus.bruce randylan a écrit :Je suis moins sévère que toi. Si le film est en effet dénué de toutes fulgurances visuelles, le noir et blanc scope est une véritable splendeur parfaitement mis en scène et découpé.2501 a écrit :Akutaro l'impénitent (1963 - 95 min)
Histoire d'un jeune rebelle (il fume et il a une photo de fille, olala) qui va forcément tomber amoureux d'une jeune fille bien comme il faut, et choquer ses camarades de classe plus prudes que la famille Rotschild.
Absolument aucun signe des futures extravagances du réalisateur. Suzuki s'acquitte de sa tâche sagement. Dans le même contexte il se vengera de ce genre de scénario tout monotone (trop gentillet, et il faut le dire, chiant) avec son sublime Elégie de la bagarre.
Une suite est au programme. Sans moi.
Ca ne m'a pas empêché de m'ennuyer fortement durant la dernière demi-heure (ah la "scène des 100 pas"...).
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La Jeunesse de la bête, 1963
Juste génial. Un polar mené sur un rythme incroyable, particulièrement tortueux tant dans ses péripéties que dans le caractère profondément pervers de tous les personnages. Le joufflu Joe Shishido est monumental en infiltré qui n'a pas froid aux yeux. L'ensemble est vraiment passionnant, violent, excessif, excitant, et en même temps très beau. Un spectacle jubilatoire.
« Vouloir le bonheur, c'est déjà un peu le bonheur. » (Roland Cassard)
Mes films du mois...
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L'Appel du sang (1964 - 97 min)
Réalisé après La Jeunesse de la bête et Detective Bureau 2-3, cet inédit aurait très bien eu sa place dans l'un des coffrets HK Vidéo. Même si l'on ne reconnaît pas vraiment la marque de fabrique visuelle de ses films les plus célèbres, la mise en scène est remarquable en tous points, du plan-séquence inaugural, au moindre panoramique, chaque mouvement fait sens. Il y a néanmoins une séquence particulièrement remarquable, en voiture avec une transparence sur une mer déchaînée (!) qui fait d'abord rire (la pluie est en plus exagérément aspergée, on se croirait dans un bateau), qui étonne par les tableaux que l'eau dessine sur les vitres dans les plans rapprochés, puis qui finit par jouer son rôle tragique. Un passage totalement "autre", qui montre le goût de Suzuki pour l'expérimentation, en même temps que l'application d'une solution économique.
La photo est encore une fois très colorée, mais sans jamais jouer sur les lumières extravagantes façon Vagabond de Tokyo.
L'histoire est celle, classique, du milieu auquel on ne peut échapper. Un parrain à l'agonie demande à sa femme que ses fils ne deviennent jamais gangsters. 18 ans plus tard, ces derniers retrouvent l'assassin de leur père.
Sur un tel canevas, passée la première scène dramatique, on est étonnés par le ton très comique du film. L'un des fils est un glandeur invétéré, et on a même droit à des scènes de boulevard avec sa petite amie que sa mère ne veut pas accepter.
Le film ne suit jamais le récit que l'on pourrait deviner, furetant sans cesse entre les passages obligés, il semble repartir à chaque fois dans le sens contraire, pour le plus grand plaisir du spectateur. Il faudra attendre la partie romance avec le frère "sérieux" pour arriver dans une intrigue plus classique. Le mélange des genres est assez troublant mais est maîtrisé quasiment jusqu'au bout, où la conclusion tragique, qui n'est pas un mystère depuis le début, s'étale un peu trop au point de rendre certains passages involontairement comiques. Malgré tout, cette séquence finale nocturne dans les herbes hautes, où l'humour n'est cependant pas absent, reste impressionante dans la surenchère, par son montage et son long travelling latéral.
L'Appel du sang est donc une très bonne surprise, un excellent film qui surpasse même pour moi certains des films sortis chez HK Vidéo. Je préfère par exemple cette histoire de fratrie tragi-comique à celle plus classique de La Vie d'un tatoué.
Réalisé après La Jeunesse de la bête et Detective Bureau 2-3, cet inédit aurait très bien eu sa place dans l'un des coffrets HK Vidéo. Même si l'on ne reconnaît pas vraiment la marque de fabrique visuelle de ses films les plus célèbres, la mise en scène est remarquable en tous points, du plan-séquence inaugural, au moindre panoramique, chaque mouvement fait sens. Il y a néanmoins une séquence particulièrement remarquable, en voiture avec une transparence sur une mer déchaînée (!) qui fait d'abord rire (la pluie est en plus exagérément aspergée, on se croirait dans un bateau), qui étonne par les tableaux que l'eau dessine sur les vitres dans les plans rapprochés, puis qui finit par jouer son rôle tragique. Un passage totalement "autre", qui montre le goût de Suzuki pour l'expérimentation, en même temps que l'application d'une solution économique.
La photo est encore une fois très colorée, mais sans jamais jouer sur les lumières extravagantes façon Vagabond de Tokyo.
L'histoire est celle, classique, du milieu auquel on ne peut échapper. Un parrain à l'agonie demande à sa femme que ses fils ne deviennent jamais gangsters. 18 ans plus tard, ces derniers retrouvent l'assassin de leur père.
Sur un tel canevas, passée la première scène dramatique, on est étonnés par le ton très comique du film. L'un des fils est un glandeur invétéré, et on a même droit à des scènes de boulevard avec sa petite amie que sa mère ne veut pas accepter.
Le film ne suit jamais le récit que l'on pourrait deviner, furetant sans cesse entre les passages obligés, il semble repartir à chaque fois dans le sens contraire, pour le plus grand plaisir du spectateur. Il faudra attendre la partie romance avec le frère "sérieux" pour arriver dans une intrigue plus classique. Le mélange des genres est assez troublant mais est maîtrisé quasiment jusqu'au bout, où la conclusion tragique, qui n'est pas un mystère depuis le début, s'étale un peu trop au point de rendre certains passages involontairement comiques. Malgré tout, cette séquence finale nocturne dans les herbes hautes, où l'humour n'est cependant pas absent, reste impressionante dans la surenchère, par son montage et son long travelling latéral.
L'Appel du sang est donc une très bonne surprise, un excellent film qui surpasse même pour moi certains des films sortis chez HK Vidéo. Je préfère par exemple cette histoire de fratrie tragi-comique à celle plus classique de La Vie d'un tatoué.
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Carmen de Kawachi (1966 - 89 min)
Film de la période faste, en N&B (pas bien compris pourquoi vu le sujet).
Beau portrait de femme, même si j'ai trouvé le film assez inégal. Une revision sera sans doute nécessaire pour s'habituer, encore une fois, aux changements de registres (du fleur bleue au tragique en passant par le léger loufoque des nuits tokyoïtes de l'époque - encore de longues et réussies scènes de cabaret).
Suzuki cherche donc toujours à échapper à une linéarité de ton et de récit, même si au final, tout paraît clair. Cela donne encore une fois l'occasion d'être surpris, et notamment par quelques éclats formels comme une très belle et étrange scène pré-Millennium Actress.
Film de la période faste, en N&B (pas bien compris pourquoi vu le sujet).
Beau portrait de femme, même si j'ai trouvé le film assez inégal. Une revision sera sans doute nécessaire pour s'habituer, encore une fois, aux changements de registres (du fleur bleue au tragique en passant par le léger loufoque des nuits tokyoïtes de l'époque - encore de longues et réussies scènes de cabaret).
Suzuki cherche donc toujours à échapper à une linéarité de ton et de récit, même si au final, tout paraît clair. Cela donne encore une fois l'occasion d'être surpris, et notamment par quelques éclats formels comme une très belle et étrange scène pré-Millennium Actress.
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L'Appel du sang ( 1964 )
Voilà une excellente surprise qui prend sa place entre la jeunesse de la bête et bureau détective 2-3.
Il s'agit d'un polar qui traine du coté des yakuzas avec si possible une relation tendue entre 2 frères, rien de folichon donc niveau scenario mais Suzuki réalise le film avec un talent, une originalité et surtout un plaisir communicatif.
Le film accumule les mélanges de tonalité parfois dans la même scène avec un équilibre judicieux tandis qu'au niveau de la forme, c'est l'éclate totale. Montage super nerveux ou plan-séquence poseur, scope et couleur qui ravissent l'oeil et plein d'idée typiquement suzukienne comme un incroyable dialogue dans une voiture sous la pluie à base de rétroprojection sur fond d'océan déchainé ( un autre effet de retroprojection faussement raté a clairement influencé Kill Bill ).
Le début est clairement un must : générique virtuose, narration éclaté bourré d'ellipses osés, des seconds rôles hilares, dialogues sprituels, gags bon enfants et découpage des scènes trés original qui se débarasse de toutes notions de champ/contre-champ. On se dit que le film ne tiendra pas la cadence tout du long et c'est effectivement le cas, une petite baisse de régime apparait avant de repartir dans un final jubilatoire et généreux doté d'une réalisation exemplaire.
Longs travelling sur des fusillades exagérés avec des figurants tombant comme des mouches, utilisation génial du décor des hautes herbes et on se permet même un humour auto-parodique trés drôle.
Bref, une merveille s'évérant l'un des films les plus accessible de son auteur et qui mériterait du coup largement une sorti en hexagone.
Carmen de Kawachi (1966 )
Après Histoire d'une prostituée et la Barrière de chair , c'est le dernier film d'une trilogie politique qui se double d'un très beau portrait de femme.
Celui-ci est déjà plus difficile d'accès et il faut un certain temps pour rentrer dans le film ( la direction d'acteur est particulière ; l'histoire ne semble pas où aller ). C'est partir du moment où l'héroïne noue une étrange relation avec un homme agé amoureux d'elle se retrouvant "femme au foyer" que le coeur du film se révèle : une métaphore de l'état du Japon de l'époque plongé dans la corruption, l'absende morale, la perte de repère, la soumission, l'exploitation etc...
Le film devient alors d'une immense richesse thématique et formelle même si certaines idées demeure tout de même obscur et que plusieurs visionnages doivent être necessaire pour en saisir toute les nuances.
En l'état le film est donc une charge trés féroce envers les japonais et certaines instutions ( l'art ; la religion ; le cinéma ; capitalisme ) au détriment de l'aspect émotionnel du film assez decevant dans l'ensemble même si quelques scènes sont trés fortes.
En tout cas, une nouvelle fois les idées fusent fréquement bien que la réalisation demeure inégal : utilisation de reflets ; immenses décors d'une maison à la façade découpée ( comme le sous-marin de la vie aquatique ), décors venant considérablement réduire l'image etc... sans oublier le tradionnel scope noir et blanc
Un film passionnant dans son portrait du japon mais un peu abstrait si on le prend uniquement d'un point narratif et qu'il me tarde donc de redécouvrir.
Voilà une excellente surprise qui prend sa place entre la jeunesse de la bête et bureau détective 2-3.
Il s'agit d'un polar qui traine du coté des yakuzas avec si possible une relation tendue entre 2 frères, rien de folichon donc niveau scenario mais Suzuki réalise le film avec un talent, une originalité et surtout un plaisir communicatif.
Le film accumule les mélanges de tonalité parfois dans la même scène avec un équilibre judicieux tandis qu'au niveau de la forme, c'est l'éclate totale. Montage super nerveux ou plan-séquence poseur, scope et couleur qui ravissent l'oeil et plein d'idée typiquement suzukienne comme un incroyable dialogue dans une voiture sous la pluie à base de rétroprojection sur fond d'océan déchainé ( un autre effet de retroprojection faussement raté a clairement influencé Kill Bill ).
Le début est clairement un must : générique virtuose, narration éclaté bourré d'ellipses osés, des seconds rôles hilares, dialogues sprituels, gags bon enfants et découpage des scènes trés original qui se débarasse de toutes notions de champ/contre-champ. On se dit que le film ne tiendra pas la cadence tout du long et c'est effectivement le cas, une petite baisse de régime apparait avant de repartir dans un final jubilatoire et généreux doté d'une réalisation exemplaire.
Longs travelling sur des fusillades exagérés avec des figurants tombant comme des mouches, utilisation génial du décor des hautes herbes et on se permet même un humour auto-parodique trés drôle.
Bref, une merveille s'évérant l'un des films les plus accessible de son auteur et qui mériterait du coup largement une sorti en hexagone.
Carmen de Kawachi (1966 )
Après Histoire d'une prostituée et la Barrière de chair , c'est le dernier film d'une trilogie politique qui se double d'un très beau portrait de femme.
Celui-ci est déjà plus difficile d'accès et il faut un certain temps pour rentrer dans le film ( la direction d'acteur est particulière ; l'histoire ne semble pas où aller ). C'est partir du moment où l'héroïne noue une étrange relation avec un homme agé amoureux d'elle se retrouvant "femme au foyer" que le coeur du film se révèle : une métaphore de l'état du Japon de l'époque plongé dans la corruption, l'absende morale, la perte de repère, la soumission, l'exploitation etc...
Le film devient alors d'une immense richesse thématique et formelle même si certaines idées demeure tout de même obscur et que plusieurs visionnages doivent être necessaire pour en saisir toute les nuances.
En l'état le film est donc une charge trés féroce envers les japonais et certaines instutions ( l'art ; la religion ; le cinéma ; capitalisme ) au détriment de l'aspect émotionnel du film assez decevant dans l'ensemble même si quelques scènes sont trés fortes.
En tout cas, une nouvelle fois les idées fusent fréquement bien que la réalisation demeure inégal : utilisation de reflets ; immenses décors d'une maison à la façade découpée ( comme le sous-marin de la vie aquatique ), décors venant considérablement réduire l'image etc... sans oublier le tradionnel scope noir et blanc
Un film passionnant dans son portrait du japon mais un peu abstrait si on le prend uniquement d'un point narratif et qu'il me tarde donc de redécouvrir.
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J'ai cru comprendre que c'était la Nikkatsu qui forçait Suzuki à tourner tout ces films en Noir et blanc à partir de Elegie de la bagare en espérant calmer ses délires colorés2501 a écrit :Carmen de Kawachi (1966 - 89 min)
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Merci pour l'info.bruce randylan a écrit :J'ai cru comprendre que c'était la Nikkatsu qui forçait Suzuki à tourner tout ces films en Noir et blanc à partir de Elegie de la bagare en espérant calmer ses délires colorés2501 a écrit :Carmen de Kawachi (1966 - 89 min)
Film de la période faste, en N&B (pas bien compris pourquoi vu le sujet).
Et pour tes avis. Faudra que je revois Carmen dans l'optique "portrait du Japon".