Ernst Lubitsch (1892-1947)
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Haute Pègre, Trouble in paradise et Une heure avec toi, One Hour with you (1932)
Il y a les films qui ont une grande réputation et qui vous décoivent et ceux dont vous n'attendez rien et qui vous emballent. C'est exactement ce qui se passe avec Haute Pègre et One hour with you.
Trouble in paradise raconte l'histoire d'un couple d'escrocs, l'homme devient le secrétaire particulier d'une jeune femme riche dont il s'éprend. Le film démarre bien avec cette scène à Venise et cette rencontre entre cette "Comtesse" et ce "médecin", les dialogues font mouche, notamment la scène où Edward Everett Horton raconte l'histoire de son vol, puis la sauce retombe quelque peu, avant de reprendre dans le dernier quart d'heure et dans l'aveu des sentiments. Pourtant Haute Pègre est quand ^même décevant même s'il y a la classe et le charme d'Herbert Marshall comme toujours parfait, l'élégance folle de Kay Francis, Myriam Hopkins complète le trio mais est quelque peu exaspérante. Il y a une mise en scène pleine d'idées, des dialogues à double sens, des allusions sexuelles à foison, on y trouve ce qui fera Lubitsch. On y trouve aussi l'importance de la musique avec la chanson "Trouble in paradise" qui rythme les échanges, mais le film n'en reste pas moins légèrement décevant.
C'est tout le contraire avec One hour with you, c'est une petite comédie à l'histoire totalement futile, un couple, l'amie de la femme qui débarque et qui tente de séduire le mari. Mais cette comédie musicale est un feu d'artifice de tous les instants, une petite opérette à la musique signée Oscar Strauss, avec les interventions des personnages qui s'adressent directement aux spectateurs pour évoquer l'histoire. Nous sommes dans le pur vaudeville, avec ce ton légèrement grivois donné dès le début avec ces agents de police qui doivent faire la chasse aux couples d'amoureux dans les parcs et tombent sur un couple véritablement marié. Les dialogues sont pétillants, sans une certaine mysoginie d'ailleur, les situations osées ce qu'il faut. Maurice Chevalier apporte sa gouaille habituelle au héros tout comme Jeanette McDonald est une charmante épouse à qui on ne fait pas pousser la voix pour une fois, Genevieve Tobin est pétillante en amie briseuse de ménage. One hour with you est vraiment un petit bijou charmant, pétillant qui vous met le sourire aux lèvres et vous le laisse longtemps après !
Il y a les films qui ont une grande réputation et qui vous décoivent et ceux dont vous n'attendez rien et qui vous emballent. C'est exactement ce qui se passe avec Haute Pègre et One hour with you.
Trouble in paradise raconte l'histoire d'un couple d'escrocs, l'homme devient le secrétaire particulier d'une jeune femme riche dont il s'éprend. Le film démarre bien avec cette scène à Venise et cette rencontre entre cette "Comtesse" et ce "médecin", les dialogues font mouche, notamment la scène où Edward Everett Horton raconte l'histoire de son vol, puis la sauce retombe quelque peu, avant de reprendre dans le dernier quart d'heure et dans l'aveu des sentiments. Pourtant Haute Pègre est quand ^même décevant même s'il y a la classe et le charme d'Herbert Marshall comme toujours parfait, l'élégance folle de Kay Francis, Myriam Hopkins complète le trio mais est quelque peu exaspérante. Il y a une mise en scène pleine d'idées, des dialogues à double sens, des allusions sexuelles à foison, on y trouve ce qui fera Lubitsch. On y trouve aussi l'importance de la musique avec la chanson "Trouble in paradise" qui rythme les échanges, mais le film n'en reste pas moins légèrement décevant.
C'est tout le contraire avec One hour with you, c'est une petite comédie à l'histoire totalement futile, un couple, l'amie de la femme qui débarque et qui tente de séduire le mari. Mais cette comédie musicale est un feu d'artifice de tous les instants, une petite opérette à la musique signée Oscar Strauss, avec les interventions des personnages qui s'adressent directement aux spectateurs pour évoquer l'histoire. Nous sommes dans le pur vaudeville, avec ce ton légèrement grivois donné dès le début avec ces agents de police qui doivent faire la chasse aux couples d'amoureux dans les parcs et tombent sur un couple véritablement marié. Les dialogues sont pétillants, sans une certaine mysoginie d'ailleur, les situations osées ce qu'il faut. Maurice Chevalier apporte sa gouaille habituelle au héros tout comme Jeanette McDonald est une charmante épouse à qui on ne fait pas pousser la voix pour une fois, Genevieve Tobin est pétillante en amie briseuse de ménage. One hour with you est vraiment un petit bijou charmant, pétillant qui vous met le sourire aux lèvres et vous le laisse longtemps après !
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
The marriage circle (1924) et One hour with you (1932), son remake !
Par un heureux hasard, alors que Cathy postait sur One hour with you, j'ai vu The marriage circle (1924), première mouture du film.
Hormis les répliques, tous les ingrédients des comédies parlantes sont là : la critique du mariage bourgeois (ici avec deux couples et un collègue pour incarner chacun une figure de la tentation plus ou moins assumée de l'infidélité), les quiproquo, l'action hors champ avec des gros plans sur les objets (un baiser conjugal suggéré par les ombres qui se rapprochent sur l'oeuf dans son coquetier et la tasse de café - quelle merveille), les gags visuels signifiants qui sont autant d'actes manqués (la rose qui tombe du balcon et qui est prise pour une marque d'affection par celui qui n'est pas aimé alors que le mari perd sans y prêter attention les roses cueillies pour lui), le rythme de l'action. La L'touch est là ! Cela donne envie de revoir L'opinion publique dont on dit que Lubitsch a été profondément influencé pour faire ce film (et dans lequel venait de jouer A. Menjou qui interprète ici un mari profondément ennuyé par sa femme et qui cherche à s'en débarrasser - et elle le seconde bien dans son projet !).
Il ne m'en fallait pas plus pour voir également le remake parlant, One hour with you, film que je connais depuis longtemps par sa bande-son, les chansons interprétées avec une complaisance et un accent inimitables par Chevalier. Le remake est très exactement le même film auquel le son et le bagout de Chevalier donnent plus de peps. La trame dramatique est la même, à la seule différence au début, la disparition du collègue du docteur (ce qui nous prive de la scène du cabinet et de celle du balcon), mais le cinquième comparse apparaît au bout d'une demi-heure, dans le costume de Roméo (à défaut de scène du balcon !). Autres différences de taille, la fin de soirée du docteur n'est pas documentée en images, ce qui laisse supposer qu'il n'est pas aussi innocent dans le remake que dans la première mouture (et ce que confirme la chanson qui rapporte la tentation) et la scène de la reconnaissance (pour ainsi dire) est ici spontanée (enfin après avoir reçu l'assignation à assister comme témoin au divorce de Mitzi), ce qui enlève la scène du Bristol avec ses ascenseurs et la confrontation finale entre les deux meilleures amies. Enfin, le châle de Mitzi est remplacé par le noeud papillon qu'on défait,avec toutes les significations imaginables (réactivées entre Mme Bertier et Adolph, son Roméo). Les mêmes gags y sont (le changement de main et de poignée lors de l'entrée du professeur pendant la "consultation" de son épouse par exemple) et jusqu'au jeu des acteurs (dans le scène finale, les expressions faciales de Chevalier sont celles de Monte Blue dans le premier film). Dans les suppléments du dvd Arte de The marriage circle, Eisenschitz et Brion expliquent que Lubitsch se faisait filmer dans les scènes la veille pour donner aux acteurs des modèles de jeu - ici ils ont de manière évidente vu le film précédent.
Un remake plus pimenté, enlevé (le passage de Vienne à Paris ?) un plaisir – aucun des deux films ne me semble souffrir de la comparaison avec l'autre, au contraire.
Par un heureux hasard, alors que Cathy postait sur One hour with you, j'ai vu The marriage circle (1924), première mouture du film.
Hormis les répliques, tous les ingrédients des comédies parlantes sont là : la critique du mariage bourgeois (ici avec deux couples et un collègue pour incarner chacun une figure de la tentation plus ou moins assumée de l'infidélité), les quiproquo, l'action hors champ avec des gros plans sur les objets (un baiser conjugal suggéré par les ombres qui se rapprochent sur l'oeuf dans son coquetier et la tasse de café - quelle merveille), les gags visuels signifiants qui sont autant d'actes manqués (la rose qui tombe du balcon et qui est prise pour une marque d'affection par celui qui n'est pas aimé alors que le mari perd sans y prêter attention les roses cueillies pour lui), le rythme de l'action. La L'touch est là ! Cela donne envie de revoir L'opinion publique dont on dit que Lubitsch a été profondément influencé pour faire ce film (et dans lequel venait de jouer A. Menjou qui interprète ici un mari profondément ennuyé par sa femme et qui cherche à s'en débarrasser - et elle le seconde bien dans son projet !).
Il ne m'en fallait pas plus pour voir également le remake parlant, One hour with you, film que je connais depuis longtemps par sa bande-son, les chansons interprétées avec une complaisance et un accent inimitables par Chevalier. Le remake est très exactement le même film auquel le son et le bagout de Chevalier donnent plus de peps. La trame dramatique est la même, à la seule différence au début, la disparition du collègue du docteur (ce qui nous prive de la scène du cabinet et de celle du balcon), mais le cinquième comparse apparaît au bout d'une demi-heure, dans le costume de Roméo (à défaut de scène du balcon !). Autres différences de taille, la fin de soirée du docteur n'est pas documentée en images, ce qui laisse supposer qu'il n'est pas aussi innocent dans le remake que dans la première mouture (et ce que confirme la chanson qui rapporte la tentation) et la scène de la reconnaissance (pour ainsi dire) est ici spontanée (enfin après avoir reçu l'assignation à assister comme témoin au divorce de Mitzi), ce qui enlève la scène du Bristol avec ses ascenseurs et la confrontation finale entre les deux meilleures amies. Enfin, le châle de Mitzi est remplacé par le noeud papillon qu'on défait,avec toutes les significations imaginables (réactivées entre Mme Bertier et Adolph, son Roméo). Les mêmes gags y sont (le changement de main et de poignée lors de l'entrée du professeur pendant la "consultation" de son épouse par exemple) et jusqu'au jeu des acteurs (dans le scène finale, les expressions faciales de Chevalier sont celles de Monte Blue dans le premier film). Dans les suppléments du dvd Arte de The marriage circle, Eisenschitz et Brion expliquent que Lubitsch se faisait filmer dans les scènes la veille pour donner aux acteurs des modèles de jeu - ici ils ont de manière évidente vu le film précédent.
Un remake plus pimenté, enlevé (le passage de Vienne à Paris ?) un plaisir – aucun des deux films ne me semble souffrir de la comparaison avec l'autre, au contraire.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Sérénade à trois (Design for Living) - 1933
Une jeune femme à l’esprit libre rencontre deux artistes un peu bohêmes dans un train, et vont tomber rapidement amoureux les uns des autres. Refusant de choisir, elle va venir vivre avec eux deux pour jouer le rôle de mentor.
Ernst Lubitsch nous offre une comédie délicieuse, enlevée, d'un humour léger. On se demande comment Sérénade à Trois ait pu passer la censure de l’époque car il y a tous les ingrédients pour énerver ces messieurs les censeurs : ménage à trois, cohabitation avant le mariage, adultère, mais l'honneur est sauf (rien n’est montré). Miriam Hopkins joue avec beaucoup de charme, d'énergie cette jeune femme libérée, face à un duo d'acteurs épatants, les deux compères sont très à l'aise dans le registre de la comédie sans oublier Edward Everett Horton, impeccable, qui complète ce trio d'acteurs formidables.
Sérénade à trois est une comédie moderne, fraiche, subtile, drôle, très plaisante à regarder, que ça fait du bien !
Sérénade à trois est une comédie moderne, fraiche, subtile, drôle, très plaisante à regarder, que ça fait du bien !
Dernière modification par Flavia le 7 mai 12, 20:01, modifié 1 fois.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Flavia a écrit :sans oublier Edward Everett Sloane
I must say I'm deeply shocked... My real name is Edward Everett Horton
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Federico a écrit :Flavia a écrit :sans oublier Edward Everett Sloane
I must say I'm deeply shocked... My real name is Edward Everett Horton
Très belle photo
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Vieux parasite a écrit :Très belle photo
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Flatteur, va... C'était avant d'être opéré des amygdales.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
C'est Noël, Federico
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Il y a beaucoup d'Horton par ici
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Bienvenu, Mr FilibaFiliba a écrit :Il y a beaucoup d'Horton par ici
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Avec Horton et surtout chez Lubitsch, c'est même le Carnaval, la Chandeleur et la Fête à Neu-Neu permanente ! Chuis un inconditionnel de ce génial character actor qui me tord de rire rien qu'avec son air guindé/ahuri et son nez pincé. Imaginez comme j'ai pas traîné pour me procurer dès sa sortie l'extra bouquin de Garnier...Vieux parasite a écrit :C'est Noël, Federico
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
MerciVieux parasite a écrit :Bienvenu, Mr FilibaFiliba a écrit :Il y a beaucoup d'Horton par ici
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Lubitsch est le sujet d'Une vie, une oeuvre aujourd'hui sur France Culture.
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Je suis en train de l'écouter sur le site !
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Re: Ernst Lubitsch (1892-1947)
Moi aussi, forcémentFiliba a écrit :Je suis en train de l'écouter sur le site !