Audie Murphy (1924-1971)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

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Les Sept chemins du couchant (Seven Ways from Sundown - 1960) de Harry Keller
UNIVERSAL


Avec Audie Murphy, Barry Sullivan, John McIntire, Kenneth Tobey, Venetia Stevenson
Scénario : Clayr Huffaker
Musique : Irving Gertz & William Lava
Photographie : Ellis W. Carter (Eastmancolor 1.37)
Un film produit par Gordon Kay pour la Universal


Sortie USA : 25 septembre 1960


Jim Flood (Barry Sullivan) sort d’un saloon une arme à la main : il vient de tuer ses partenaires au poker et s’enfuit à vive allure après avoir mis le feu à l’établissement. Le lendemain, les habitants s’en prennent au jeune Seven Jones (Audie Murphy) qui passait par là, nouvellement engagé dans les Texas Rangers ; il lui font porter le chapeau quant à l’absence d’hommes de loi lorsqu'on a le plus urgemment besoin d’eux. Jones réussit néanmoins à se tirer de cette fâcheuse posture et à se rendre à Buckley où il vient prendre son affectation. Le Lieutenant Herly (Kenneth Tobey), chef des Texas Rangers de la région, lui confie sa première mission : appréhender Jim Flood avec l’aide du plus expérimenté Sergent Hennessey (John McIntire). Ce que Herly ne révèle pas à Jones de peur qu’il en fasse une vengeance personnelle, c’est que Flood est l’assassin de son frère qui l’avait précédé à ce même poste. Avant de se lancer à la poursuite du hors-la-loi, la jeune recrue fait la connaissance de la jolie Joy Karrington (Venetia Stevenson) dont il n’est pas insensible au charme. La traque débute et Jones se rend compte au fur et à mesure qu’il s’en approche que le bandit est très populaire, grandement apprécié par la plupart de ceux dont il croise la route. Jones et son associé réussissent à le rejoindre et à le capturer mais Hennessey y laisse la vie. Jones doit désormais seul ramener Flood à Buckley où l'on prépare sa pendaison. En cours de route, affrontant ensemble plusieurs dangers (indiens, chasseurs de prime…), une estime réciproque va se faire jour entre l’homme de loi et son prisonnier…

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Avant toute chose, il est bon de savoir que le titre français assez poétique du film, même s’il semble être une traduction littérale du titre original, opère un gros contresens par le simple fait d’avoir ajouté l’article défini ‘Les’. En effet, ‘Seven Ways from Sundown’, aussi étrange que cela puisse paraître, est en fait le prénom du personnage joué par Audie Murphy. Son père n’ayant pas eu envie de chercher des patronymes à ses enfants a préféré les nommer par des chiffres en fonction de leur ordre de venue au monde, la mère ayant néanmoins souhaité tout aussi incongrument apposer une touche de poésie (ou non : ‘One for the Money’ pour l’aîné, ‘Two for the Road’ pour le suivant…) à ces prénoms chiffrés. Idée assez saugrenue mais qui correspond finalement assez bien à ce western au ton insolite, sorte de mélange pittoresque entre deux précédents westerns avec Audie Murphy, Chevauchée avec le diable (Ride Clear of Diablo) de Jesse Hibbs et Qui est le traître ? (Tumbleweed) de Nathan Juran, le scénariste Clayr Huffaker et le cinéaste Harry Keller reprenant la situation principale du premier et le ton du second. Le résultat, s’il n’atteint pas le niveau de ses deux ‘modèles’, ne s'avère pas moins plutôt distrayant. Après avoir été un monteur prolifique durant les années 40 (notamment sur le très beau L'Ange et le mauvais garçon - Angel and the Badman avec John Wayne), Harry Keller travailla à de nombreuses reprises pour le genre, mettant en scène une dizaine d’obscurs westerns de série B (voire Z) pour la Républic, qui ne sont d’ailleurs jamais sortis dans notre contrée. Quantez fut le premier d’une série de quatre westerns à budgets plus importants réalisés pour la Universal ; les deux derniers, les plus connus, ont tous deux Audie Murphy pour acteur principal, le premier étant ce Seven Ways from Sundown, le second Six chevaux dans la plaine (Six Black Horses) en 1962. Fred MacMurray joue en revanche dans les deux autres, Quantez ainsi que La Journée des violents (Day of the Badman).

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De Chevauchée avec le diable, le western d’Harry Keller reprend la situation principale qui est celle de faire se côtoyer pendant une bonne moitié du film un prisonnier et l’homme de loi venu l’appréhender, les deux apprenant à s’estimer au fur et à mesure de leur périple et des dangers qu’ils doivent affronter ensemble, et malgré le fait que la destination finale pour le hors-la-loi soit fort probablement la potence. Dans le premier film signé Jesse Hibbs, le bandit était interprété par un Dan Duryea qui s’en donnait à cœur joie (et pour notre plus grand plaisir) dans le cabotinage éhonté. Ici, c’est Barry Sullivan (l’acteur principal du 40 tueurs – Forty Guns de Samuel Fuller) qui incarne le ‘Bad Guy’ recherché par les Texas Rangers ; l’acteur a trouvé ici, comme bien souvent, le parfait équilibre entre sobriété et exubérance. Flood est un dandy épicurien et insouciant qui ne tue que par nécessité et qui préfèrerait être pendu plutôt que d’être privé des plaisirs simples de la vie que sont avant tout pour lui un cigare, une tasse de café, des femmes, du whisky ou encore un bon steak. Un homme qui clame haut et fort son désir de liberté et qui s’avère au final éminemment attachant et sympathique, capable, sans se forcer (et à vrai dire sans même chercher à le faire), de charmer aussi bien les enfants (très jolie séquence au bord d’une rivière, hommage bienvenue à la futilité et à l’insouciance, avec un jeune garçon dont l’interprète n’est autre que le fils de Mickey Rooney) que les adultes : Seven Jones, malgré sa droiture, va vite lui porter une très grande estime ; estime qui deviendra rapidement réciproque, Flood étant de son côté impressionné par la ténacité inébranlable de son geôlier ainsi que par son immense probité, n’acceptant par exemple d’être ‘acheté’ à aucun prix et refusant sans avoir eu à réfléchir sa proposition d’association pour écumer la région. Paradoxalement, toute cette deuxième moitié du film dépeignant les relations qui s’instaurent entre les deux hommes, sur le papier la partie la plus intéressante, s’avère finalement la moins réussie à l’écran, faute à un budget minime qui fait se dérouler toutes les séquences de nuit au sein de décors de studio trop étriqués et au manque de génie du réalisateur qui se contente de filmer le tout assez platement sans arriver à se mettre au niveau de son scénario.

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Attention, rien de rédhibitoire non plus : le film reste presque constamment plaisant d’autant que les dialogues sont très bien écrits et les situations parfaitement mises en place et agencées par Clair Huffaker qui signait à l’occasion son premier scénario avant d’être au générique de beaucoup d’autres films durant les vingt années suivantes (dans le domaine du western il écrira pour Michael Curtiz, Gordon Douglas, Andrew V. McLaglen pour ne citer que les plus connus). Avant donc d’en arriver à la partie qui décrit le retour au Texas des deux hommes, nous avons eu le temps durant une bonne demi-heure de faire connaissance avec les différents personnages de l'intrigue, d’une manière très nonchalante et légère apportant ce ton si particulier au film. Après un pré-générique détonant qui voyait Barry Sullivan sortir du saloon l’arme à la main après avoir tué ses partenaires aux cartes, la séquence suivante faisait immédiatement entrer en scène son futur rival, la nouvelle recrue des Texas Rangers interprétée par un Audie Murphy dont on dirait qu’il n’a pas vieilli depuis le début de sa carrière. Alors que cette même année 1960 il semblait très fatigué dans Le Diable dans la peau (Hell Bent for Leather) de George Sherman (réalisateur qui avait d’ailleurs été pressenti pour tourner Seven Ways from Sundown) ou beaucoup plus âgé avec sa moustache dans Le Vent de la plaine (The Unforgiven) de John Huston, le comédien revient pour une troisième fois dans un western, étonnement rajeuni en comparaison de ses prestations dans les deux titres précédents. Il s’avère très convaincant dans le rôle de ce jeune Texas Ranger gauche, crédule, inexpérimenté mais d’une honnêteté à toute épreuve, protagoniste auquel il n’est pas difficile de s’identifier, le comédien n’en faisant jamais trop dans l’héroïsme. Avant que la traque ne se mette en place, les auteurs prennent donc leur temps pour nous décrire la petite ville dans laquelle vient officier Seven Jones avec aussi la peinture d'autres protagonistes très intéressants comme ceux interprétés par le toujours aussi talentueux John McIntire, le très bon Kenneth Tobey ou la jeune et jolie Venetia Stevenson, fille du cinéaste Robert Stevenson qui tombera amoureuse de son partenaire au cours du tournage, raison probable pour laquelle les rares scènes qu’ils partagent sont aussi irrésistibles, Audie Murphy n’étant de plus presque jamais meilleur que lorsqu’il doit jouer la maladresse et la timidité auprès des femmes.

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C’est également durant cette première partie que l’on apprend d’emblée tous les enjeux du film, les secrets de famille comme celui de la provenance de ces patronymes aussi pittoresques que ceux de la famille Jones, ou encore le fait que le ranger novice va devoir sans le savoir poursuivre l’assassin de son frère. Une partie qui dans son style visuel (décors, maquillages, costumes et photographie), par le ton adopté et les personnages du petit garçon et de la jeune femme, fait parfois plus penser à une comédie familiale qu'à un western sans que ce ne soit gênant, tout au contraire, le film ne devenant en revanche jamais ni lourd de menaces ni tendu comme l’intrigue nous le faisait envisager. Ceci est à la fois la force et la faiblesse de ce western : un ton insolite qui perdure durant la partie censée être plus dramatique et qui par ce fait empêche le film d’être plus émouvant, ce qu’était en revanche arrivé à mener à bien Nathan Juran au travers de son excellent Qui est le traître ? (Tumbleweed). S’ensuit donc après une charmante première partie le début de la traque se déroulant au milieux de paysages divers et variés, tous filmés avec professionnalisme à défaut d’ampleur. Une portion du film très courte surtout destinée à nous faire entrapercevoir le côté équivoque du bandit : s’il semble impitoyable et dangereux aux yeux de la justice et de la loi, il s’avère d’une grande générosité aux yeux de la plupart de ceux dont il croise la route. Étant donné que nous ne l’avons pour l’instant vu que quelques secondes en début de film, on ne sait plus trop à quoi s’attendre de sa part et l’impatience se fait grandissante de pouvoir enfin faire sa connaissance. Puis arrive la troisième partie du film consacrée au retour de l’homme de loi avec son prisonnier, succession de scènes dialoguées et de scènes d’action (dont l’excellente séquence des chasseurs de primes, la plus sombre du film). Et c’est là que le duo Murphy/Sullivan fait montre de tout son talent même si on aurait préféré un autre metteur en scène derrière la caméra pour réhausser le tout. Comme nous le disions ci-avant, le film parait alors vouloir être plus dramatique sans réellement y parvenir, la belle séquence finale (qui n'est pas surprenante puisque le conflit semble inévitable depuis le début) n’arrivant pas à nous toucher autant que nous l'aurions souhaité. C’est donc bien là le principal défaut du film ; le cinéaste est bien trop sage pour arriver à faire plus que plaisamment nous divertir : ce qui n’est certes déjà pas si mal.

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Des situations classiques légèrement modernisées par la manière qu’a le scénariste de les prendre à la légère (un peu trop parfois ; voire l’attaque indienne qui pour nos deux héros ressemble un peu trop à du tir aux pigeons) mais une mise en scène qui manque de rythme et n’arrive pas à tirer partie de toutes les possibilités du scénario, de superbes paysages naturels (notamment Red Rock Canyon dans le Nevada) mais des décors de studio parfois très cheap, une agréable bande originale mais une photographie assez quelconque, des comédiens parfaitement dirigés pour un western plaisant mais sans assez de tension lors des moments dramatiques. Cependant au final, un film tout aussi sympathique qu’insolite, laissant un arrière goût amer dans la bouche tout comme dans celle du personnage joué par Audie Murphy lorsqu’il se rend compte que de ne pas dévier de sa ligne de conduite et de son sens de l’éthique, et donc dans son cas appliquer la justice à la lettre, n’est pas toujours très agréable ; on imagine ce qu'aurait pu tirer de cette thématique un cinéaste plus chevronné. Mais somme toute, néanmoins une bonne série B !

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Les Cavaliers de l'enfer (Posse from Hell - 1961) de Herbert Coleman
UNIVERSAL


Avec Audie Murphy, John Saxon, Zohra Lampert, Vic Morrow, Robert Keith
Scénario : Clay Huffaker d'après son roman
Musique : sous la direction de Joseph Gershenson
Photographie : Clifford Stine (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Gordon Kay pour la Universal



Sortie USA : 01 mai 1961


Quatre hors-la-loi évadés de prison arrivent de nuit dans la tranquille petite bourgade de Paradise, Arizona. Ils sont commandés par l’impitoyable Crip (Vic Morrow) qui n’hésite pas à assassiner les habitants de sang froid afin d’instaurer la terreur, espérant ainsi se faire obéir au doigt et à l’oeil. Après quatre assassinats dont celui du shérif, les dangereux bandits prennent la fuite non sans avoir dévalisé la banque et pris en otage Helen Caldwell (Zohra Lampert), jeune femme qu’ils violent et laissent pour morte dans un coin désertique. Les notables de la ville font appel à un ex-associé de l’homme de loi décédé, le tireur d’élite Banner Cole (Audie Murphy), pour organiser une expédition punitive et récupérer la jeune femme ainsi que l’argent de la banque. Mais la cruauté inaccoutumée des hors-la-loi fait que peu sont prêts à prendre de tels risques. Banner ne trouvera que six citoyens pour le suivre dont Seymour Kern (John Saxon), jeune employé de banque qui ne supporte pas la violence de l’Ouest, l’ex-soldat Jeremiah Brown (Robert Keith), la tête brûlée Jock Wiley (Paul Carr) ou l’honnête indien Johnny Caddo (Rodolfo Acosta). Ils retrouvent rapidement Helen, traumatisée par le viol ; mais le chemin est encore long et semé d’embûche. Peu en sortiront indemnes…

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Avec ce premier film signé Herbert Coleman, voici déjà quatre westerns au compteur pour Audie Murphy depuis le début de la décennie, dont Les Sept chemins du couchant (Seven Ways from Sundown) réalisé par Harry Keller. Comme pour ce dernier, c’est le scénariste Clair Huffaker qui adapte une fois encore son propre roman et le résultat s’avère à nouveau tout à fait honorable à défaut d’être mémorable. Après avoir signé le script de Les Rôdeurs de la plaine (Flaming Star) de Don Siegel, le romancier-scénariste travaillera encore par la suite pour de grands noms tels Michael Curtiz (Les Comancheros) ou Gordon Douglas (Rio Conchos). Quant à Herbert Coleman, il ne réitèrera qu’une seule autre fois l'expérience de se trouver derrière la caméra : ce sera un film de guerre tourné la même année avec toujours avec Audie Murphy en tête d’affiche, Battle at Bloody Beach, tout aussi méconnu que le western précédent. Avant de mettre en scène ces deux uniques films, Coleman aura surtout été un assistant-réalisateur de premier ordre aux côtés de John Farrow (Terre damnée – Copper Canyon), William Wyler (Vacances romaines – Roman Holiday) et surtout Alfred Hitchcock sur la plupart de ses meilleurs film de la deuxième moitié des années 50 pour lesquels il fut dans le même temps producteur associé (Mais qui a tué Harry, Sueurs froides, L’Homme qui en savait trop…) Pour son premier essai en tant que réalisateur, sans rien transcender, il fournit néanmoins le travail d’un bon professionnel.

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Le film narre la traque de quatre dangereux malfrats par un ‘posse’ qui, au fur et à mesure de son avancée, va connaitre des départs, des morts, des hommes se révélant des héros, d'autres des couards... On a auparavant vu ça des dizaines et des dizaines de fois (même déjà dans certains films avec Audie Murphy), mais la nouveauté du western d’Herbert Coleman est qu’il est bien ancré dans son époque, ce début des sixties où l’on constate la montée d’un cran de la violence à l’écran et une manière plus crue et plus franche d’aborder des sujets tabous (ici le viol), y compris, la preuve en est, dans la production de série B. A ce propos, les dix premières minutes de Posse from Hell sont magistrales (le reste, en comparaison, ne pourra que décevoir d’où probablement la réputation assez moyenne du film) ! Le film débute de nuit avec l’arrivé de quatre cavaliers sur une musique syncopée dont la mélodie est principalement rythmique et qui met immédiatement mal à l’aise, instaurant une tension assez forte et une atmosphère très lourde grâce notamment à des percussions inquiétantes. Les hommes, des brutes sanguinaires, pénètrent dans le saloon et sèment immédiatement la terreur, tuant de sang froid sans s’enfuir pour autant mais restant au contraire en terrain conquis : "We own this town" dira d’emblée le chef de bande interprété par Vic Morrow (l’inoubliable adolescent chahuteur dans le superbe Graine de violence – Blackboard Jungle de Richard Brooks). On peut affirmer sans grande crainte de se tromper, qu’à cette date, Crip était alors peut-être le 'Bad Guy' le plus sadique vu jusqu’à présent dans un western ; un salaud intégral que le comédien interprète avec conviction. La principale erreur du scénariste aura été de nous faire côtoyer les bandits uniquement durant ces dix premières minutes ; pensant probablement (à juste titre) que de les avoir présentés de la sorte nous aura fait comprendre à quel point leur poursuite allait s’avérer dangereuse, il a néanmoins oublié qu’il allait ainsi créer un effet d’attente chez le spectateur qui au final n’allait pas être récompensé, ne croisant plus ensuite les hors-la-loi que quelques secondes en ombres chinoises ou derrière des fenêtres, rochers ou autres cachettes naturelles. Créer d’aussi ahurissants méchants pour ne plus nous les montrer par la suite peut très clairement faire naitre une cruelle déception ; la preuve !

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En plus des surprenants éclairs de violence dues en grande partie à ces malfrats plus durs qu'à l'accoutumée (le meurtre du shérif ou des otages, toujours durant ce fabuleux prologue), l'époque permet également à ce que la jeune femme dise clairement et sans détours qu’elle a été violée par quatre hommes à tour de rôle, ce qui n’était évidemment encore pas courant au sein de la production hollywoodienne. Non seulement on le dit mais on discute crûment de la manière de pouvoir s’en sortir psychologiquement après un tel traumatisme ; la victime tentera d’ailleurs de se suicider avant bien plus tard de vouloir se donner bestialement à son sauveur, estimant qu’elle n’a désormais plus rien à attendre de beau de la vie !! L’actrice Zohra Lampert, à l’instar de Vic Morrow, est sortie de l’Actors Studio et, ainsi que son partenaire, s’avère tout à fait convaincante malgré son faible temps de présence à l’écran. Une autre curiosité de ce western est son épilogue d’au moins dix minutes après la mort du dernier bandit (là où habituellement le film se serait terminé) ; sauf que pour le coup, c’est pour finir le film sur un ton moralisateur et sirupeux qui ne cadre pas très bien avec tout ce qui a précédé. Enfin, pour en terminer avec les ‘originalités’ destinées à montrer un plus grand vérisme, repensons à cette séquence au cours de laquelle Audie Murphy demande à John Saxon de se déculotter afin qu’il lui applique de la pommade sur les fesses ‘abîmées’ par des ampoules dues à son manque d’habitude à chevaucher. John Saxon (le Johnny Portugal de The Unforgiven – le Vent de la plaine de John Huston) interprète avec talent le Tenderfoot (pied-tendre) de l’expédition punitive, un homme qui ne cache pas détester l’Ouest américain et sa violence, ne rêvant que de revenir à New York pour participer aux cocktails organisés au sein de la maison-mère de la plus modeste agence bancaire située à Paradise où il a atterri malgré lui. Il s’agit du personnage le plus intéressant du film, un homme qui s’avèrera le plus digne de confiance de tous, sans la moindre forfanterie, assumant ses goûts et mode de vie, ses limites en tant que cavalier, sans se soucier de ce qu’on pourrait en penser.

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Parmi les autres membres du groupe de poursuivants, un indien foncièrement honnête qui décide d’apporter son aide par pur altruisme, "because it's the right thing to do" (Rodolfo Acosta dans un de ses rares rôles sympathique), un vieux soldat va-t-en-guerre qui n’en a cure de faire échouer l’expédition si c'est pour prouver son courage et retrouver l’ivresse du combat (Robert Keith), ou encore un jeune fou de la gâchette qui perdra tous ses moyens au moment de devoir réellement se défendre (Paul Carr). L’homme qui a été choisi pour les diriger, c’est Audie Murphy une fois de plus très convaincant dans un rôle plutôt complexe, celui d’un ex-homme de loi qui semblerait avoir eu des problèmes à cause de son comportement un peu trop violent et qui serait entre temps devenu, probablement blessé moralement, un aventurier pas forcément recommandable mais surtout amer et désabusé. Quant le shérif mourant le sollicite pour rattraper les coupables, il lui demande bien de ne pas s'en occuper par vengeance mais pour faire revenir la paix à sa ville dont les citoyens ont souffert suite au passage des violents hors-la-loi : "Ne le fais pas pour moi, pas par vengeance, mais pour aider les gens de cette ville". Le moribond espère ainsi que cette mission redonnera à son ami pistolero l’estime de lui-même qu’il semble avoir perdu ainsi qu'une meilleure impression sur la nature humaine. Et en effet, on le verra s’humaniser au fur et à mesure de son parcours, et même retrouver un certain optimisme quant à ses semblables (même si ceci n'ira pas sans lourdeurs, naïvetés et mièvrerie dans le discours durant ce final peu gratifiant). Du côté des 'Bad Guys', outre un Vic Morrow mémorable, on note la présence de Lee Van Cleef qui déclarera très injustement dans une interview que ce fut le plus mauvais film de sa carrière. Enfin, parmi les citoyens de Paradise, on reconnait aussi l’excellent Ray Teal dans le rôle du banquier ou encore Royal Dano dans celui de l’oncle d’Helen. Une bien belle brochette de comédiens habitués du genre et que l'on prend plaisir à rencontrer de nouveau.

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Un western de série B assez fauché (les décors des intérieurs sont minimalistes et toutes les séquences de nuit ont été tournées en studio), non dépourvu de stéréotypes et à la mise en scène ultra-classique mais sinon plutôt efficace (malgré une impression de déjà-vu dominante) et attachant notamment par le fait de nous rendre témoins de la naissance d'une amitié entre deux personnages aux caractères antagonistes (ceux joués par Audie Murphy et John saxon) et de leur intéressante évolution au fur et à mesure de leur parcours. Hormis un final au ton moralisateur assez pénible, un film à la tonalité plutôt sombre, agréable à suivre pour sa belle brochette de comédiens, ses superbes décors naturels de Lone Pine et des Alabama Hills et sa très belle photographie. Un western de série B assez conventionnel mais loin d'être désagréable ; un de plus dans la filmographie de très belle tenue du comédien Audie Murphy.

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Jeremy Fox
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Jeremy Fox »

Le western du WE : Sierra de Alfred E. Green qui vient de sortir en DVD chez Universal
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Commissaire Juve »

Remarque en passant : Audie Murphy a visiblement participé à un tas de westerns, il a dû passer un tas de fois à la télé dans les années 70, et pourtant, à mes yeux il reste un complet "mister somebody" ! Je suis complètement passé à côté. :?

Mais c'est peut-être parce qu'il a surtout participé à des westerns au format "carré" (???). :mrgreen:

EDIT : je viens de jeter un coup d'œil à quelques chroniques... il y a pourtant des films en scope... ça doit être un problème de charisme alors.
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Jeremy Fox
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Jeremy Fox »

Il ne joue pas du tout sur un quelconque charisme mais la plupart du temps très sobrement ; il est ainsi souvent assez facile de s'identifier à lui. Il joue rarement les héros d'ailleurs. Non vraiment, une très bonne carrière dans le genre, mémorable dans les films de Huston notamment mais aussi dans ceux de Nathan Juran
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Frank 'Spig' Wead »

Jeremy Fox a écrit :Avant toute chose, il est bon de savoir que le titre français assez poétique du film, même s’il semble être une traduction littérale du titre original, opère un gros contresens par le simple fait d’avoir ajouté l’article défini ‘Les’. En effet, ‘Seven Ways from Sundown’, aussi étrange que cela puisse paraître, est en fait le prénom du personnage joué par Audie Murphy.
Certains privilégiés ont eu l'occasion de lire la chronique en avant-première, tard cette nuit (une petite erreur de programmation ?!).
Et pour ma part j'aime vraiment beaucoup cette anecdote. Pour une fois que les distributeurs ont fait l'effort de respecter le titre original, c'est loupé :mrgreen:
On a pourtant échappé aux titres qu'ils avaient en stock : L'homme du Texas, Une balle dans le désert, La Traque infernale, Fureur dans le canyon...
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Jeremy Fox
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Jeremy Fox »

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Six Chevaux dans la plaine (Six Black Horses - 1962) de Harry Keller
UNIVERSAL


Avec Audie Murphy, Dan Duryea, Joan O’Brien, George Wallace
Scénario : Burt Kennedy
Musique : sous la direction de Joseph Gershenson
Photographie : Maury Gerstman (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Gordon Kay pour la Universal



Sortie USA : 24 avril 1962


Ayant perdu sa monture, Ben Lane (Audie Murphy) erre à pied dans une région désertique. Par chance, il tombe sur un groupe de mustangs sauvages. Il arrive à en capturer un mais malheureusement il s’avère que les bêtes avaient un propriétaire ; lui et ses hommes de main décident de le lyncher pour vol de chevaux. Ben est sauvé in-extremis par Frank Jesse (Dan Duryea), un tueur à gages qui, caché, a tout entendu et croit en son innocence. Malgré des caractères antinomiques (un cowboy taciturne et probe face à un Gunslinger extraverti et sans scrupules), les deux hommes se prennent d’amitié et font alors route ensemble jusqu’à Perdido. En sortant de la cantina où ils se sont rassasiés, ils sont pris sous le feu nourri de deux agresseurs inconnus qui finissent par mordre la poussière. Peu après avoir échappé à ce guet-apens qu’ils ne comprennent pas, une belle blonde, Kelly (Joan O’Brien), les embauche ; elle souhaite se faire escorter afin de rejoindre son mari à Del Cobre. Les deux hommes hésitent puisque le parcours de quatre jours de cheval n’est pas sans danger, leur chemin devant traverser les territoires des redoutables et sanguinaires indiens Coyoteros alors sur le sentier de la guerre. Au vu de la récompense promise (1000 dollars chacun) et du charme de leur ‘employeur’, ils décident néanmoins de se lancer à l’aventure. Un périple qui ne sera évidemment pas de tout repos…

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Après avoir été un monteur prolifique durant les années 40 - notamment sur le très attachant L'Ange et le mauvais garçon (Angel and the Badman) de James Edward Grant avec John Wayne et Gail Russell - Harry Keller continua à oeuvrer à de nombreuses reprises pour le genre, mettant en scène une dizaine d’obscurs westerns de série B (voire Z) pour la Republic, films de courte durée (souvent moins d’une heure) qui ne sont d’ailleurs jamais sortis dans notre contrée. Quantez fut le premier d’une série de quatre westerns à budgets plus importants réalisés pour la compagnie Universal. Les deux derniers, les plus connus, ont tous deux Audie Murphy pour acteur principal, le premier étant Les sept Chemins du couchant (Seven Ways from Sundown) avec Barry Sullivan, le second (et ultime long métrage du cinéaste) ce Six chevaux dans la plaine (Six Black Horses) en 1962. Fred MacMurray joue en revanche dans les deux autres, Quantez ainsi que La Journée des violents (Day of the Badman). Alors qu’aux États-Unis, ils demeurent plus ou moins cantonnés dans les fonds de tiroir, les deux films d’Harry Keller avec Audie Murphy bénéficient au contraire d’une belle cote d’amour auprès des aficionados français du genre. Que ce soit d’un côté comme de l’autre, il y a à mon avis exagération. S’ils ne méritent pas d’être ostracisés puisque tout à faits plaisants, il serait tout aussi faux, malgré à l’écriture des scénaristes aussi réputés que Clair Huffaker et surtout Burt Kennedy, d’en faire des westerns aussi importants et réussis que ceux de Budd Boetticher auxquels ils ressemblent néanmoins étrangement, plus encore celui qui nous intéresse ici.

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La réunion de trois personnages aux caractères opposés et aux motivations mystérieuses qui se déplacent dans un paysage désertique et une région dangereuse, poursuivis par quelques autres groupes faméliques ; des indiens souhaitant échanger un de leurs chevaux contre une femme blonde ; une attaque indienne dans une habitation désaffectée en plein milieu du désert... On croirait évoquer ici La Chevauchée de la vengeance (Ride Lonesome), le chef d'œuvre de Budd Boetticher, d'autant plus que l'actrice de Six Black Horses arbore la même tenue que Karen Steele. Du chef d’œuvre de Budd Boetticher Six chevaux dans la plaine reprend en effet non seulement la situation favorite de Burt Kennedy -à savoir un groupe de protagonistes réunis par la force des choses qui parcourt des étendues quasi désertiques à la recherche de tierces personnes, le tout se déroulant presque exclusivement en extérieurs au sein de paysages rocheux- mais également certaines réparties strictement identiques ainsi que des séquences entières comme celle de l’échange femme/cheval qui doit avoir lieu avec les indiens. Il faut dire qu’au départ Six Black Horses devait être le huitième film de la collaboration entre Budd Boetticher et son acteur fétiche Randolph Scott. Une fois le projet atterri entre les mains d’Harry Keller, Burt Kennedy pensa même à Richard Widmark pour faire face à Dan Duryea avant qu’Audie Murphy ne soit de la partie, s’étant très bien entendu avec son metteur en scène sur Seven Ways from Sundown. J’ai beau avoir dit tout le bien que je pensais en tant qu’acteur du plus grand héros de la Seconde Guerre Mondiale, voir se confronter au sein d’un western écrit par Burt Kennedy ces immenses comédiens que sont Richard Widmark et Dan Duryea m’aurait grandement plu même si le film aurait probablement eu un tout autre ton, l’intérêt du tandem ici en présence étant leur différence de tempérament, faisant s’opposer un homme taciturne d’une grande probité à un exubérant tueur à gages sans scrupules mais qui force néanmoins la sympathie par sa gouaille et sa roublardise. Les deux comédiens s’étaient d’ailleurs déjà affrontés avec efficacité dans les très plaisants Chevauchée avec le diable (Ride Clear of Diablo) de Jesse Hibbs ainsi que, aux côtés de James Stewart, dans Le Survivant des monts lointains (Night Passage) de James Neilson.

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Puisque nous évoquons ci-dessus Audie Murphy et Jesse Hibbs, l’un de ses réalisateurs fétiches, je viens de tomber sur un avis sur le comédien et ses réalisateurs de prédilection signé Pierre Domeyne dans un ouvrage sur le western paru dans la collection 10/18 éditée par Gallimard. Une notule d’une hargne qui n’a d’égale que sa bêtise. Il est néanmoins intéressant de la remettre en avant pour faire voir à quel point la critique française avait pu se tromper, ou tout du moins avait pu être impitoyable à l’encontre d’un acteur qui, sans évidemment égaler les plus grands, n’en demeure pas moins immensément sympathique et attachant, et surtout extrêmement à l’aise dans le genre. Bertrand Tavernier qui avait lui aussi participé à cet ouvrage a depuis grandement révalué le comédien et nombreux de ses films. Mais voilà l'objet du délit : "Un minus aux yeux glauques et aux joues pendantes, qui nous inflige depuis 15 ans des interprétations lymphatiques […] Il a écumé d'innombrables westerns, sans grande valeur, signés par ses cireurs de bottes favoris, Jesse Hibbs, Nathan Juran, George Marshall […] depuis l’on attend que la balle signée X atteigne enfin son but et nous débarrasse de cet ersatz de la dévirilisation du héros de western." Comme le dit l’expression un peu retouchée, mieux vaut lire ça qu’être aveugle ; ceci étant dit, ce petit texte prouve bien l’emportement imbécile de certains qui n’ont décidément pas aidé à ce qu’Audie Murphy soit mieux considéré déjà à l’époque. Cette parenthèse effectuée, revenons-en à ces Six Chevaux dans la plaine et son titre traduit une fois encore avec une grande fantaisie, en total contre sens par rapport à l’original ; en effet les six chevaux noirs du titre américain n’étaient absolument pas ceux que Ben Lane rencontre au début du film et à cause de qui il va passer à deux doigts de finir la corde au cou mais, bien plus poétiquement, ceux dont le personnage interprété par Dan Duryea rêve qu’ils tirent son corbillard une fois qu’il sera passé de vie à trépas.

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Sinon, parmi les autres ressemblances avec les films Budd Boetticher, souvenons nous que Ben Lane fut le nom du personnage interprété par Randolph Scott dans Comanche Station et que le début du western de Harry Keller fait énormément penser à celui de L’homme de l’Arizona (The Tall T), les protagonistes principaux des deux films sillonnant en marchant des paysages désertiques avec leur selle sur le dos, s’arrêtant pour se déchausser afin de soulager leurs pieds endoloris… Sans évidemment atteindre les sommets cités ci-dessus, Six Chevaux dans la plaine, tout comme Les Sept chemins du couchant précédemment, n’en est pas moins une belle réussite de la série B. Alors que Quantez se révélait sur le fond artificiel, pompeux et pénible par trop de redites, ce n’est pas le cas de l’ultime western de Harry Keller notamment grâce à un scénario très bien écrit par Burt Kennedy. En revanche le cinéaste s’en sortait déjà plutôt bien dans sa mise en scène durant les quelques séquences mouvementés des dernières minutes et c’est encore le cas ici ; les scènes d’action s’avèrent à nouveau bien filmées, bien montées, correctement réalisées, et pour tout dire assez efficaces ; tout comme celle à suspense où Audie Murphy 'joue à cache-cache' avec les indiens parmi des escarpements rocheux. [Attention Spoiler à partir de maintenant] Et tout comme son western précédent avec Audie Murphy, il s’agit d’un film tout autant sympathique qu’insolite, laissant même un arrière-goût amer dans la bouche tout comme dans celle du personnage joué par le comédien au visage poupin lorsqu’il se rend compte à la fin que ne pas dévier de sa ligne de conduite et de son sens de l’éthique n’est pas toujours très agréable. En effet, Ben Lane, c’est le cowboy naïf et droit dans ses bottes qui croyait fortement en l’amitié ; devoir mettre fin aux jours de Frank, quoique nécessaire, lui aura été assez pénible. S'il a accepté la mission, c'était à condition qu’elle n'aille pas à l'encontre de ses valeurs morales ; devoir tuer ne le laissera probablement pas intact. Les autres agréables surprises scénaristiques du film proviennent des véritables motivations de la femme quant à la mission confiée aux deux hommes ainsi que des relations qui se tissent entre les trois principaux protagonistes suite à ces louvoiements.

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Jugez plutôt de la malice du scénario (à condition d’avoir vu le film si vous aimez les surprises) ! Déjà, le guet-apens dont Ben et Frank furent les cibles n’avait pas été ‘revendiqué’ et, comme nos deux ‘héros’, le spectateur se posait des questions quant à savoir qui avait bien pu vouloir tuer ce tandem s’étant constitué juste quelques heures auparavant puisque les deux tueurs ne faisaient pas partie du groupe de lyncheurs rencontré au début. On apprendra donc seulement à mi-parcours, sans que nous n'ayons jamais mis en doute sa bonne foi au départ, que Kelly en était à l’origine. Effectivement Frank est le tueur à gages auteur du ‘contrat’ sur son époux et la jeune femme (qui s’est prostituée pour se constituer le magot destiné à la récompense octroyée pour venger son mari) espère le faire tuer à son tour durant le périple ; pour se faire elle tente de faire miroiter l’intégralité de la prime à Ben mais, malheureusement pour elle, la probité de ce dernier fera obstacle à ses dessins machiavéliques au point plus tard d’essayer elle-même de commettre le meurtre pour lequel elle avait ourdi tout ce plan. Si le scénario de Burt Kennedy tient parfaitement bien la route et qu’il ménage un joli suspense, il n’est cependant pas aussi riche que ceux qu'il a auparavant écrits pour Boetticher, le personnage de Ben par exemple étant bien plus lisse et bien moins ambigu que ceux interprétés par Randolph Scott. L'ensemble manque donc un peu d’éclat et de culot surtout au vu d'une intrigue dont on attendait plus d’étincelles et qui aurait mérité d’être plus développée. Le duo Murphy/Duryea fonctionne en revanche à merveille. On s’attache même encore plus à Frank Jesse (nom au passif très chargé puisque sont accolés les prénoms des frères James ; comme ces légendes de l’Ouest, Frank suscite malgré ses mauvais côtés compassion et admiration) qui s’humanise et qui n’hésite pas à plusieurs reprises à faire un bilan très lucide sur sa sombre vie, expliquant ses motivations pas franchement très morales avec une grande franchise ("I got myself a policy : never do an honest days work unless it's absolutely necessary.") Le duel final le gêne car ce serait la première fois qu’il tuerait une connaissance, qui plus est un ami. Dernier revirement surprenant : les soi-disant sanguinaires Coyoteros traquaient en fait des chasseurs de scalps bien plus monstrueux et qui décimaient leur tribu depuis un certain temps. Audie Murphy, mine de rien, aura contribué à maintes reprises à la réhabilitation des Indiens dans le western.

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En définitive, un bien plaisant spectacle : la réalisation est plus qu’honnête à défaut d’être brillante, le scénario, malgré son minimalisme, n’en est pour autant pas avare de surprises ni de péripéties, les cascadeurs sont chevronnés (la production n'a pas jugé bon d'utiliser de transparences), Joseph Gershenson a parfaitement bien supervisé un ensemble musical très agréable, Dan Duryea crève l’écran, Joan O’Brien est craquante et Audie Murphy est égal à lui-même, non dépourvu d'un certain charisme qui lui est propre. Pour un western réalisé en à peine un mois dans la région de Las Vegas au sein de très beaux paysages naturels, le résultat est probant ; une solide série B sortie du studio maître en la matière, la Universal.

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Glyn McLyntock
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Glyn McLyntock »

Audie Murphy ; un très bon acteur, même si j'avoue que je connais assez mal ses westerns. Ses meilleurs rôles sont d'après moi dans La Charge victorieuse de John Huston et Un américain bien tranquille de Mankiewicz.
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Jeremy Fox
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

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La Fureur des Apaches (1964) de William Witney
20TH CENTURY FOX


Avec Audie Murphy, L.Q. Jones, Michael Dante, Linda Lawson
Scénario : Charles B. Smith
Musique : Richard LaSalle
Photographie : Archie R. Dalzell (Eastmancolor 1.85)
Un film produit par Grant Whytock pour la Admiral Pictures


Sortie USA : 26 novembre 1964


Arizona 1879. Les Apaches Mescaleros ont de nouveau quitté leur réserve de San Carlos, estimant que le traité qu’ils avaient signé n’avait pas été respecté ; en effet des chercheurs d’or se sont installés sur leurs terres, convoitant leurs richesses. La mission du Capitaine Stanton (Audie Murphy) est de traquer et de ramener les indiens, peuple à qui il voue une profonde haine. Il capture le chef Victorio (Joseph Vitale) et son fils Red Hawk (Michael Dante) ; ceux-ci acceptent que la tribu le suive à condition que les mineurs soient chassés de leur territoire, auquel cas contraire ils préfèrent se faire tuer. Devant une telle détermination, Stanton leur promet que leur demande sera prise en compte. Effectivement, sa troupe se rend sans plus tarder déloger les chercheurs d’or qui rentrent penauds en ville. Un nouvel agent aux affaires indiennes arrive dans la région mais il est tué par deux blancs sans scrupules de manière à faire croire que les coupables sont les Indiens ; l’idée – lancée par l’épicier Crawford Owens (Charles Watts) qui prône la non-obéissance aux autorités militaires- est de relancer le conflit afin que les Indiens soient exterminés et que les prospecteurs puissent ainsi retourner tranquillement s’occuper de leurs gisements d’or. Stanton, qui a été remplacé au commandement par l’impitoyable Perry (John Archer), part de nouveau à la poursuite des Apaches mais avec beaucoup moins de conviction depuis qu’il a rencontré la missionnaire Dawn Gillis (Linda Lawson) qui l’a presque convaincu du bon droit des Natives, et qu’il a été informé des massacres perpétrés par les mineurs sur les familles indiennes…

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En cette année 1964, Admiral Pictures, petite compagnie indépendante soutenue par la 20th Century Fox, met en chantier avec Apache Rifles un ‘remake’ de Indian Uprising (Les Derniers jours de la nation Apache), western signé Ray Nazarro datant de 1952. On confie la mise en scène au très prolifique William Witney, un réalisateur qui fit surtout les beaux jours du serial, ayant notamment mis en scène en 1939 l’un des plus réputés auprès des aficionados, Zorro's Fighting Legion, mais également des aventures des célèbres Dick Tracy, Fu Manchu ou encore du docteur Satan. Il réalisa aussi bon nombre de série B ou Z avant de terminer sa carrière toute aussi féconde à la télévision avec de nombreux épisodes de Bonanza, Chaparral, Tarzan, Le Virginien… Pour La Fureur des Apaches, les auteurs reprennent non seulement l’intrigue du film original de Ray Nazarro (ce qui me semble logique étant donné qu’elle s’appuie sur le scénario écrit à l’époque par Kenneth Gamet et Richard Schayer) mais, faute à un budget minimal, y puisent également de nombreux stock-shots, exclusivement pour les séquences de combat. Le rendu est par ce fait assez inharmonieux, la colorimétrie des séquences puisées dans le film de 1952 n’ayant pas grand-chose à voir avec celle des scènes tournées en 1964, les lieux de tournage étant également différents, les paysages ne se trouvant ainsi pas très raccords. Tout ceci n’est pas très grave et nous pouvons tout à fait l’accepter vu les moyens ridicules alloués par la production, mais cette ‘incohérence plastique’ explique en partie la faiblesse des scènes mouvementées ainsi beaucoup moins crédibles.

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Sorti peu après Rio Conchos de Gordon Douglas, le western de William Witney a dû paraitre anachronique à de nombreux spectateurs ; en effet La Fureur des Apaches ressemble beaucoup plus à un western du début des années 50 qu’à un de ceux de l'époque du tournage. Les premiers opus de Sam Peckinpah et Sergio Leone allaient très peu de temps après définitivement lui faire prendre un coup de vieux. Ceci étant dit, si on fait abstraction de sa date de sortie, on pourra prendre du plaisir face à ce sympathique western classique et fortement pro-indien et anti-raciste. Audie Murphy interprète un officier de l'US Army n’éprouvant que mépris pour les indiens après que son père ait été renvoyé de l’armée pour leur avoir fait ‘trop confiance’. Dans son esprit, son père a eu tort et il décide de laver son nom en s’occupant de gérer le conflit entre indiens et prospecteurs, en essayant de freiner les velléités de révoltes des tribus Apaches. Durant sa mission (qu’il se voit d’ailleurs retiré pour avoir écouté un peu trop attentivement les ‘revendications’ des indiens), il tombe sous le charme d’une missionnaire qui vit au sein de la tribu. Que ce soit la jeune femme ou le médecin de l’armée, ils tenteront tous deux (et avec succès) de lui inculquer la tolérance tout en lui faisant toucher du doigt la légitimité de la colère des Apaches. Les scénaristes appréhendent assez bien et en douceur le revirement qui va s’opérer chez ce militaire, au départ assez borné, au contact de personnes censées et nobles. L’amitié (ou tout du moins le respect mutuel) qui va naitre entre lui et le fils du chef Apache n’en est que plus touchante.

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Tout aussi intéressant, le scénariste Charles B. Smith (dont ce sera le seul travail pour le cinéma) met aussi en avant le fait que les vils chercheurs d’or étaient soutenus par le gouvernement américain quant à leur accession aux terres convoitées et ‘volés’ aux Indiens. Même si ce n’est pas nouveau et qu’un nombre considérable de westerns avaient déjà abordé le sujet, le western pro-indien étant un peu tombé en désuétude durant les années 60, une sincère piqure de rappel n’était pas de trop même si John Ford, sur un sujet à peu près similaire, l’avait martelé lui aussi quelques semaines auparavant dans Cheyenne Autumn (Les Cheyennes). Soit dit en passant et même si ça risque de faire grincer des dents, il n’est d’ailleurs pas interdit de préférer la petite série B de William Witney au prestigieux film de Ford, le noble message arrivant à passer avec au moins autant de puissance puisque moins insistant et moins sentencieux. Et puis la séquence de massacre par L.Q. Jones de civils indiens, femmes et enfants, filmée frontalement, s’avère d’une puissance à laquelle on ne s’attendait pas au sein d’un tel film de série qui reste sinon dans l’ensemble très convenu. Car si l’on aura effectivement quelques difficultés à s’extasier sur la mise en scène ou sur le scénario, il faut cependant se rendre à l’évidence : Witney nous offre tout du long un western rythmé et plaisant grâce aussi à de bonnes performances d’un Audie Murphy cependant un peu fatigué mais aussi de la jolie Linda Lawson dans le rôle de la missionnaire métisse, de Michael Dante, loin d’être ridicule dans celui du guerrier Apache ayant eu une éducation européenne, de L.Q. Jones que l’on aime en l'occurrence haïr, de John Archer dans la peau d’un officier à la Owen Thursday de Fort Apache (recherchant avant tout la gloriole au risque de faire massacrer ses hommes) ou encore de J. Pat O’Malley dans celui du docteur. Un casting parfaitement bien choisi !

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On peut relever encore quelques réjouissantes idées de scénario faisant de l’officier interprété par Audie Murphy un homme aux méthodes parfois peu orthodoxes : il enivre un prospecteur pour lui obtenir des aveux, il place un homme au milieu d’une dangereuse échauffourée pour lui faire peur… [Attention spoiler] Dommage en revanche que Charles B. Smith n’ait pas pu aller au bout de son idée pour le final (enfin c’est ce qu’il nous semble), celle de faire mourir son héros, le spectateur y croyant durant quelques minutes après l’avoir vu se prendre une lance en pleine poitrine. Les producteurs ont du penser que c’était un peu violent pour le personnage principal de l’histoire, d'autant plus interprété par Audie Murphy [Fin de spoiler]. Autrement, le réalisateur et son chef opérateur utilisent plutôt bien les beaux extérieurs mis à leur disposition, ceux de Bronson Canyon et des Alabama Hills, et le compositeur Richard LaSalle s’en tire plutôt bien, quelques phrases musicales arrivant aisément à nous rester en tête. L’ensemble est certes inégal, un peu vieillot, souffrant d’un manque d’inventivité et de tension mais se situe néanmoins dans la bonne moyenne des séries B westerniennes.

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Pour essayer de résumer, nous nous trouvons devant une série B certes mineure, prévisible, un peu trop sage et quelque peu en décalage si l’on prend en compte l’évolution du genre à l'époque du tournage, mais cependant décemment construite, correctement réalisée (si l’on veut bien faire abstraction de l’utilisation abusive de stock-shots) et constamment agréable à suivre d’autant qu’elle aura eu également le mérite de nous reparler de cette réalité historique, celle des difficiles relations en Arizona entre blancs et indiens alors même que les traités de paix avaient été signés, l’or demeurant encore et toujours le ferment des conflits. Même si Audie Murphy avait eu l’occasion de jouer dans de bien meilleurs westerns lorsqu’il était à l’Universal, La Fureur des Apaches est un film de fin de carrière tout à fait honorable.
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Jeremy Fox »

Le western du Week-End est à nouveau un film avec Audie Murphy, un western humoristique, L'étoile brisée.
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Jeremy Fox »

Le western du WE : Les cavaliers de l'enfer de Herbert Coleman.
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Bullet for a Badman

Message par Jeremy Fox »

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La Patrouille de la violence (Bullet for a Badman - 1964) de R.G. Springsteen
UNIVERSAL


Avec Audie Murphy, Darren McGavin, Ruta Lee, Skip Homeier
Scénario : Mary & William W. Willingham
Musique : Frank Skinner
Photographie : Joseph F. Biroc (Eastmancolor 1.78)
Un film produit par Gordon Kay pour la Universal


Sortie USA : 01 septembre 1964


Griffin, une petite ville du Texas où Logan Keliher (Audie Murphy), ancien Texas Ranger, coule désormais des jours paisibles en tant que fermier auprès de sa jeune femme Susan (Beverley Owen) et de son fils d’une dizaine d’années. Jusqu’au jour où il se trouve pris dans une fusillade qui a lieu alors que Sam Ward (Darren McGavin) cambriole la banque avec sa bande. Tous les membres de cette dernière sont décimés sauf son chef qui, blessé à l'épaule, arrive néanmoins à fuir avec le magot. Sam se réfugie chez Susan dont on apprend qu’elle fut son épouse avant qu’il ne devienne un criminel et soit conduit en prison. Avant de mal tourner, il fit également partie des Texas Rangers aux côtés de Logan. S’il a attaqué la banque de Griffin, c’était pour en profiter pour le tuer, jaloux de ce qu’il lui ait "pris" sa femme et son enfant. En s’enfuyant à nouveau après que Susan lui ait dit que c’était définitivement fini entre eux, il jure d’assassiner Logan. Sachant désormais ses jours en danger, ce dernier organise une milice pour le rattraper et l’empêcher définitivement de nuire. Seulement, tous les volontaires de la patrouille n’ont qu’une idée en tête : s’accaparer le butin, prêt à s’entretuer pour y arriver. Les Apaches belliqueux ne vont pas faciliter la tâche de Logan déjà bien compromise…

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Pour la décennie qui nous concerne ici, La Patrouille de la violence est déjà le sixième western interprété par Audie Murphy. Autant dire que même si les années 50 furent les plus prolifiques pour ‘le comédien au visage poupin’ (ce constat pouvant d’ailleurs également s’appliquer au western en général dont ce fut l’âge d’or), les suivantes ne laissèrent pas reprendre son souffle au 'plus grand héros de la Seconde Guerre Mondiale'. Contrairement à ce que l'on aurait pu craindre, la qualité de ce corpus 60's demeura presque tout aussi honorable que le précédent malgré évidemment quelques petits ratés (Le Diable dans la peau - Hell Bent for Leather de George Sherman). Le western de R.G. Springsteen, malgré la faible réputation de son réalisateur et sans posséder les qualités de ceux signés par Harry Keller, s’en sort relativement bien même s’il demeure dans l’ensemble assez moyen. Springsteen allant être souvent associé au producteur A.C. Lyles durant ces années, il allait de soi que son nom au générique pouvait faire craindre le pire au regard de ces productions non seulement fauchées mais de plus extrêmement mauvaises. Les principales qualités de Bullet for a Badman pourraient alors provenir non seulement des magnifiques décors naturels mis à disposition de l’équipe de tournage mais également du roman à l’origine du scénario, écrit par Marvin H. Albert. Il fut déjà l'auteur du livre que John Sturges adaptera pour son psychologiquement très efficace Le Trésor du pendu (The Law and Jake Wade) ainsi que de ceux mettant en scène le détective le plus ‘cool’ de la littérature policière, le fameux Tony Rome que campera à l’écran avec une délicieuse désinvolture Frank Sinatra dans deux films au moins tout aussi réjouissants réalisés par Gordon Douglas.

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En effet, si le scénario n’a pas le temps en à peine 75 minutes de fouiller plus avant la psychologie de ses personnages, il bénéficie tout du moins des situations assez originales du roman qu’il adapte. Jugez plutôt ce postulat de départ qui aurait facilement pû faire de ce film un très émouvant western mélodramatique (à défaut de l’être, La patrouille de la violence se suit néanmoins sans trop d’ennui). Attention aux spoilers désormais ! Audie Murphy interprète un ancien Texas Ranger s’étant marié avec l’épouse d’un de ses ‘collègues’ après que celui-ci soit passé du mauvais côté de la loi au point de se faire appréhender et jeter en prison. Mère d’un petit garçon à l’époque, la jeune femme s’était retrouvée seule du jour au lendemain ; le brave Logan s’était alors senti dans l’obligation de prendre soin d’elle et de l’aider à élever son fils sans que celui-ci ne soit jamais mis au courant de l’existence de son véritable père. Quelques années étant passées, le vil Sam ayant réussi à s’évader, il va essayer de récupérer ceux qu’il pense encore lui appartenir, ayant décidé dans le même temps d’assassiner celui ayant pris sa place au sein de son foyer. La milice qui se constitue pour le poursuivre après qu’il ait cambriolé une banque ne sera composé (hormis l’angélique Audie Murphy) que de canailles bien plus préoccupées du butin provenant du hold-up que de l’homme à ramener. Ils sont tous prêts à s’entretuer pour s’accaparer l’argent alors que le petit groupe est acculé par des Apaches sur le sentier de la guerre… On imagine bien qu’avec tous ces éléments, les situations mélodramatiques développées, les énormes possibilités de séquences d'action, les retournements de situations et les motivations de chacun, le film aurait pu être grandiose, à la manière d’un film de Budd Boetticher ou d’Anthony Mann ! Comme nous le disions en début de paragraphe, il ne se révèlera cependant que plaisant ; mais c’est déjà ça de gagné !

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Car non seulement le couple de scénaristes, loin d’égaler les Burt Kennedy ou Borden Chase, n’a pas leur talent ni le temps d’approfondir les caractères ou les situations, mais l’interprétation s’avère très inégale. Si Audie Murphy est impeccable, tout aussi crédible en père de famille avec ses soucis ordinaires qu’en impitoyable tireur d’élite, Darren McGavin a du mal à nous convaincre dans la peau de ce salopard qui, dès la première séquence, afin de ne pas laisser de témoins, abat de sang froid celui qui leur avait fourni les plans de la banque. Tenant le rôle souvent dévolu à Dan Duryea, il ne lui arrive évidemment pas à la cheville, ce qui rend bancales les relations entre les deux ex-amis ayant chacun bifurqués vers des chemins différents voire totalement opposés. Ceci dit, la première séquence qui, à mi-film, nous rend le film enfin plus intéressant (les 40 premières minutes s’avérant assez laborieuses) est celle réunissant de nuit les deux hommes et nous permettant de comprendre les éléments de leur passé qui les ont amenés à cette inextricable situation. Dès ce moment, tout ce qui suivra, même si plus classique que ce qui a précédé, deviendra aussi bien meilleur, le spectateur ayant désormais toutes les cartes en main, ayant entre temps appris les captivants tenants et aboutissants de l’intrigue. Paradoxalement, McGavin arrivera à nous émouvoir lors de la très belle séquence de rédemption finale, plus convaincant en retrouvant un peu d’âme que dans son personnage de Bad Guy sans scrupules. Pour le reste du casting, si l’on est content de retrouver parmi les seconds rôles masculins ( même si sous-employés), les trognes de Alan Hale Jr, Edward Platt, Skip Homeier ou encore George Tobias en Old Timer d’un cynisme sans fond, les deux actrices laissent sacrément à désirer, que ce soit la terne Beverley Owen dans le rôle de l’épouse ou la pénible Ruta Lee, l’une des 7 femmes de Barberousse de Stanley Donen, totalement déplacée ici dans le rôle de la femme dévoyée allant essayer elle aussi de récupérer le magot.

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Malgré un sacré potentiel de départ avec notamment une intrigue pleine de bruit et de fureur, un western de série B à budget très restreint au final sans réelles surprises hormis donc celles octroyées par l’histoire originale ; un film qui se suit néanmoins avec un certain plaisir grâce à Audie Murphy et aux magnifiques décors naturels du Parc National de Zion situé dans le Sud-Ouest de l’Utah, superbement photographiés par Joseph F. Biroc. De la part du cinéaste (qui filma également pour le petit écran de nombreux épisodes de Au nom de la loi ou Gunsmoke), on est même étonné du rythme donné à certaines séquences d’action comme celle filmée à l’aide de superbes et longs travellings de la milice poursuivie à cheval par les indiens. Routinier, sans épaisseur ni ampleur, mais néanmoins suffisamment décent pour pouvoir satisfaire les aficionados du genre le temps d’un après midi pluvieux. A signaler enfin que l’efficace musique de Frank Skinner n’a pas été écrite spécialement pour le film mais qu’elle provient d’autres de ses précédents compositions à commencer par le très beau thème principal que l’on entend au générique.

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Re: Audie Murphy (1924-1971)

Message par Jeremy Fox »

La Patrouille de la violence de R.G. Sprinsteeen est notre western du WE.
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Re: Audie Murphy (1925-1971)

Message par Jeremy Fox »

hellrick a écrit :LA FUREUR DES APACHES

J'ai vu la note du Sheriff (1,5/10 :| ) mais pour ma part je suis beaucoup plus indulgent et j'ai passé un bon moment devant ce western de série (tous les clichés sont là!) mais rythmé, plaisant et franchement pro-Indiens (même si le début laisse penser le contraire). Certaines scènes sont un peu "grosses" mais pour ma part pas déplaisantes (Audie Murphy qui saoule un cowboy pour lui soutirer des aveux ou qui jette un traitre dans la ligne de mire des Indiens) et le tout fonctionne bien.

Et puis Audie aurait pu jouer un très bon Tintin au naturel quand on voit sa bonne bouille

Allez zou 6,5/10
Non mais en fait c'est toi qui as raison et tu faisais bien d'être indulgent :wink: . J'avais probablement du me focaliser sur la médiocre copie du DVD la première fois et ne voir plus que ça. A la deuxième vision, je suis totalement d'accord avec ton avis ; sans surprises mais très bien écrit et plaisant. D'ailleurs durant ce parcours, les rares films que j'ai réévalué sont ceux avec Audie Murphy, acteur dont la filmo westernienne est vraiment plus qu'honorable.
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Re: Audie Murphy (1924-1971)

Message par Rick Blaine »

Tiens du coup je ne l'avais même pas pris celui-là, le nom de Witney associé à ta note avait du me dissuader.
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Re: Audie Murphy (1924-1971)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :Tiens du coup je ne l'avais même pas pris celui-là, le nom de Witney associé à ta note avait du me dissuader.

Oui sorry. En revoyant la liste des Sidonis, les seuls autres que j'avais grandement réévalué lors de leur deuxième vision "chronologique" avaient été des Audie Murphy uniquement dont L'homme de San Carlos et Six chevaux dans la plaine. Attention cependant, il ne s'agit pas d'un grand western ; loin de là.
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