Le Gaucher (Arthur Penn - 1958)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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O'Malley
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Le Gaucher (Arthur Penn - 1958)

Message par O'Malley »

quitte à me faire taper dessus AJ8, j'y vais:

Le gaucher; bien que bien mené et prenant du début à la fin,ce western m'a déçu, n'arrivant à m'interesser au personnage principal dont les motivations m'ont échappé la plupart du temps: faut-il une conversation de 2 mn pour se trouver un père de substitution? Le Kid n'aurait-il pas attendu la fin du mariage de Pat Garret pour éliminer le tueur?
de plus, P.Newman a un jeu trop chargé (Actor Studio dans son sens péjoratif) et John Denher est bien fade... le perso le plus interessant est le colporteur joué par Hurd Hartfield, véritable ange noir du destin, à l'admiration trouble vis à vis du Kid....

par contre, la photo NB est très joli et les décors, le village mexicain en particulier, trés réussi...
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Moi ce film me passionne toujours de bout en bout, de par l'interprétation de chaque acteur mais avant tout et surtout par la formidable modernité de la mise en scène de Arthur Penn.

Pas revu depuis au moins 5 ans donc difficile d'en dire plus.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Comme Jeremy, j'aime bien ce film et Atrthur Penn a vraiment apporté du sang neuf à la vision du vieil Ouest (dans la veine psychologique aussi mais j'entends déjà arriver les ennemis du "sur-western" :lol: ).
Par ailleurs, je n'ai jamais eu de problème avec le jeu d'acteur type Actor's Studio.
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O'Malley
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Message par O'Malley »

Roy Neary a écrit :Comme Jeremy, j'aime bien ce film et Atrthur Penn a vraiment apporté du sang neuf à la vision du vieil Ouest (dans la veine psychologique aussi mais j'entends déjà arriver les ennemis du "sur-western" :lol: ).
Par ailleurs, je n'ai jamais eu de problème avec le jeu d'acteur type Actor's Studio.
certes, je n'ai rien contre les sur-western, au contraire, ni sur la veine psychologique... mais dans ce même style, je préfère, de loin, Réglements de comptes à Ok Corral ou L'homme aux colts d'or, dont les personnages sont peut-être plus lisibles...
dans Le gaucher, Le Kid est si imprévisible que sa dimension psychologique finit par disparaître,; j'ai fini par perdre pied sur ses motivations.
par contre, Arthur Penn a un excellent sens du cadre et du rythme...
james
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Message par james »

amis o'malley je rejoint tes propos concernant ce western que je trouve assez desapointant ne trouvant a mon sens aucun rhytme,et en plus un jeu d'acteur bien en dessous de paul newman que je n'aime pas.Par contre j'apprecie assez john dehnner qui nous donne une autre vision du sheriff "pat garret" vu et corriger mainte fois au cinémas,la première photographie du films me plait beaucoup "voyant paul newman arrivant la scelle en echarpe" mais le reste bof....
vala,james :wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
O'Malley
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Message par O'Malley »

james a écrit :amis o'malley je rejoint tes propos concernant ce western que je trouve assez desapointant ne trouvant a mon sens aucun rhytme,et en plus un jeu d'acteur bien en dessous de paul newman que je n'aime pas.Par contre j'apprecie assez john dehnner qui nous donne une autre vision du sheriff "pat garret" vu et corriger mainte fois au cinémas,la première photographie du films me plait beaucoup "voyant paul newman arrivant la scelle en echarpe" mais le reste bof....
vala,james :wink:
l'ouverture du film est je trouve très belle en effet avec une jolie ballade...
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Le Gaucher (The Left Handed Gun - 1958) de Arthur Penn
WARNER


Avec Paul Newman, John Dehner, James Best, Lita Milan, Hurd Hatfield
Scénario : Leslie Stevens d'après une pièce de Gore Vidal
Musique : Alexander Courage
Photographie : J. Peverell Marley Noir et blanc 1.85)
Un film produit par Fred Coe pour la Warner


Sortie USA : 07 mai 1958


Vers la fin des années 1870, le jeune William Bonney (Paul Newman) parcourt seul les grandes étendues herbeuses de Lincoln County au Nouveau Mexique. Rencontrant un groupe de cow-boys convoyant leur bétail vers la ville, il se fait embaucher par leur chef, l’éleveur d’origine britannique, Tunstall. Ce dernier, cultivé et ayant en horreur les armes à feu, apprend par un de ses hommes qui l’a reconnu qu’il s’agit du surnommé Billy le Kid, connu pour avoir tué à l’âge de 11 ans un homme qui insultait sa mère. Quoiqu’il en soit, il décide de le prendre sous son aile. Mais peu après, lors d’une embuscade, Tunstall se fait assassiner par quatre hommes dont le shérif de Lincoln County, les notables et ranchers de la cité voyant d’un très mauvais œil la concurrence qu’il allait représenter. La perte de son père de substitution est douloureuse pour Billy qui décide de se venger avec l’aide de deux autres cowboys du convoi, Tom Folliard (James Best) et Charlie Boudre (James Congdon). Réussissant à abattre deux des quatre meurtriers de son employeur, Billy se réfugie dans la maison de McSween (John Dierkes), le meilleur ami de Tunstall. Pour le déloger, les autorités n’hésitent pas à assiéger l’habitation et à tuer tous ceux qui s’y trouvaient. Billy passe désormais pour mort mais il a néanmoins réussi à s’échapper ; il est recueilli par Tom qui le conduit à sa demande à Madeiro où il est soigné par Saval, un armurier chez qui il avait vécu quelques temps. Ici vit aussi Pat Garrett (John Dehner) de qui il se prend d’amitié. Ses deux amis l’ayant rejoint, ils sont soulagés d’apprendre que le gouverneur Wallace a décrété une amnistie générale pour tous ceux qui ont pris part à la sanglante Lincoln County War. Malheureusement, Billy a toujours en tête de tuer les deux autres meurtriers de son patron…

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"Le Gaucher, c'est Oedipe dans l'Ouest. Il y a dans le western, des conventions, un rituel, une simplicité mythique qui en font un merveilleux moule tragique" dira Arthur Penn à propos de son premier long métrage de cinéma. Après, parmi tant d’autres, les versions de King Vidor (Billy le Kid), David Miller (Le Réfractaire), Howard Hughes (Le Banni) et Kurt Neumann (Le Kid du Texas), c’est au tour d’Arthur Penn de donner sa vision des choses quant à cette figure légendaire du Far-West qu’était Billy le Kid. Bien évidemment aucun rapport stylistique entre tous ces films très classiques et la vision plus moderne d’Arthur Penn et Gore Vidal, les interprétations de Wallace Beery, Robert Taylor, Jack Buetel et Audie Murphy étant également sacrément éloignées de celle déconcertante et un peu maniérée, très marquée Actors Studio -et pour cause- de Paul Newman. Pour son premier essai, Arthur Penn revisite donc le mythe du célèbre hors-la-loi avec l'intention de débarrasser ce dernier de son aura romantique et d'introduire dans le genre une dimension non seulement psychologique mais également psychanalytique (déjà pourtant présente dans des westerns tels Pursued de Raoul Walsh). Surtout réputé pour cet apport, Le Gaucher est pourtant justement pas mal handicapé par cet aspect qui a bien vieilli aujourd’hui et qui rend ce western non exempt de lourdeurs à l’image du discours à partir de 'Through a glass darkly’ tiré de l’épitre de St Paul aux Corinthiens, qui revient à de nombreuses reprises, sans donc jamais que ça n’allège le propos, tout au contraire. Mais nous reviendrons au film après avoir tracé un très rapide portrait du cinéaste qui faisait donc à cette occasion son entrée dans le 7ème art en tant que metteur en scène. Après avoir étudié l'horlogerie puis le théâtre, il intégra la troupe de Joshua Logan juste après la Seconde Guerre Mondiale tout en continuant des études littéraires et en suivant des cours d’art dramatique à la branche Actors Studio de Los Angeles. En 1952, il débuta dans la réalisation télévisée et six ans après nous délivra ce western très mal accueilli à sa sortie, aussi bien par le public et la critique, devenu depuis un des grands classiques du genre.

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The Left-Handed Gun est l’adaptation cinématographique d’une pièce télévisée écrite par Gore Vidal pour la série The Philco Playhouse Production (pour les amateurs de précision, il s’agit exactement de l’épisode 23 de la saison 7) intitulée ‘The Death of Billy the Kid’. Robert Mulligan était derrière la caméra de ce téléfilm d’une heure avec déjà Paul Newman dans le rôle de Billy the Kid. Le premier nom qui vint à l’esprit des producteurs pour la transposition de cette histoire pour le grand écran fut James Dean qui avait à peu près l’âge du héros l’année où se déroule le film (ce qui n’était pas le cas de Paul Newman bien plus âgé d’une dizaine d’années). Le Billy the Kid de Vidal étant une sorte de ‘Rebel without a cause’, on comprend aisément ce choix initial tombé à l’eau suite à la mort prématurée du comédien. Mais Paul Newman s’étant avéré un bien meilleur comédien que cette jeune idole morte bien trop tôt, on ne regrettera rien, l’acteur déjà remarqué dans Marqué par la haine (Somebody Up There Likes Me) de Robert Wise ou Les Feux de l’été (The Long, Hot Summer) de Martin Ritt s’avérant un choix très intéressant, composant avec conviction un Billy The Kid instable et complexe, trublion tourmenté à la fois fragile et exubérant, étonnant de rage, de séduction animale et d’immaturité, ne trouvant d’exutoire à sa rage de vivre que dans la violence, la bravade et la bouffonnerie : en quelque sorte un chien fou malheureux et en manque de repères. Ce que certains voudront savoir est si le film est respectueux de la vérité historique ; pas nécessairement plus que les précédentes versions, à l’image de son titre : on sait désormais que le célèbre outlaw n’était pas gaucher mais que cette méprise était due à une photographie inversée. A vrai dire le cinéaste s’en fichait un peu, justifiant l’appropriation de cette erreur de la sorte : "We believe that, spiritually and psychologically, he was left-handed." L’erreur servant à exprimer la ‘différence’ du personnage, son instabilité, on décida de la maintenir ; ce qui prouve avec intelligence que le cinéma n’a pas nécessairement pour fonction première de se coller impérativement à la réalité.

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Si le portrait que font les auteurs de William Bonney est attachant de par son absence de manichéisme et de romantisme (et même si celui qu’en avait fait Robert Taylor intégrant au contraire ces deux éléments l’était tout autant), et si en revanche l’aspect psychanalytique (cependant très restreint malgré ce qu’on en a dit) est ce qui a le plus mal vieilli, l’entreprise de démystification de la légende et la réflexion sur son statut de héros sont probablement les éléments les plus intéressants du film d’Arthur Penn, surtout lorsqu’elles s’opèrent par le regard d’un personnage aussi fascinant que celui interprété par Hurd Hatfield (le Dorian Gray de Albert Lewin) dont le jeu préfigure un peu celui de Brad Dourif et ses personnages tourmentés/inquiétants. Il s’agit de Moultrie, un homme obscur aux vêtements de croque-mort qui se trouve constamment sur le chemin du hors-la-loi, étrangement fasciné par ce dernier, faisant preuve d’idolâtrie à son égard au point de collectionner toutes les histoires écrites sur son ‘héros’. Comprenant en fin de compte l’avoir idéalisé, alors qu’il découvre en lui un simple gamin instable ayant besoin de réconfort et d’un père de substitution au lieu d’un bandit ‘Bigger than Life’, il en est si douloureusement peiné et dépité qu’il va imméditament le trahir en dévoilant sa cachette au shérif Pat Garrett : "What is it? What's wrong? You all right? You're not like the books! You don't wear silver studs! You don't stand up to glory! You're not him!". Car oui le Billy le Kid de Penn et Vidal n’a rien d’un héros ou même d’un antihéros ; ce n’est qu’un adolescent immature et naïf se comportant comme un enfant, au point de provoquer sa propre mort par son comportement suicidaire et égoïste : "I don’t run. I don’t hide. I go where I want. I do what I want." Mais à son actif, c’est aussi son désenchantement face au manque de droiture de la justice et de la loi qui le feront se comporter de la sorte, estimant légitime de faire sa propre justice vu que les meurtriers de son patron furent des notables dont le shérif en personne. Ne pouvant faire confiance à quiconque et surtout pas à une justice corrompue, il décide de prendre le taureau par les cornes et d’aller punir lui-même les assassins. Ce qui provoquera sa perte dans un Ouest qui a évolué et qui n’accepte désormais heureusement plus la loi du talion.

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Pourquoi Billy est-il à ce point obnubilé par la mort d’un homme qu’il a à peine connu une journée ou deux ? Car, comme dans de nombreux des films à venir du cinéaste, Billy est à la perpétuelle recherche d’une figure paternelle qu’il n’a jamais eu. Tunstall était le premier homme à lui porter attention, à vouloir le prendre sous sa protection en lui inculquant des valeurs saines et louables. A peine Billy eut-il le temps de l’apprécier que ce parangon de vertu s’est sauvagement fait assassiné, qui plus est par des représentants de la loi. Comme il avait voulu venger l’affront fait à sa mère, il n’aura plus désormais que cette même idée en tête, sa confiance en les autorités démocratiquement mises en place s’étant totalement effondrée. Un constat d’ailleurs implacable des auteurs envers la loi et la justice de l’époque par l’intermédiaire également de cette autre séquence, celle du siège de la maison dans laquelle s’est réfugié le jeune meurtrier après avoir accompli le début de sa vengeance. Pour appréhender Billy, les notables n’y vont pas par quatre chemins et, sans se soucier de qui se trouve à l’intérieur de l’habitation, la brûlent. Le propriétaire des lieux périra dans l’incendie et sa veuve, folle de colère et de douleur s’en prendra violemment aux autorités en criant à tue-tête "Where is the Law ?" La danse démoniaque des citoyens ravageant tout ce qui appartient au propriétaire renforcera cet amer constat d’une société gangrenée par la haine et la violence, violence d'ailleurs ici souvent filmée avec sécheresse et cruauté. Pour en revenir à Billy et ses pères de substitution, le jeune homme en trouvera un autre en la personne de Pat Garrett ; mais ne suivant pas ses conseils amicaux et pleins de bons sens, il le perdra à nouveau et, comme tout le monde le sait, finira même par se faire tuer par lui lors d’une belle séquence finale qui se termine néanmoins par un plan très conventionnel imposé par les producteurs (le shérif et sa compagne repartant bras-dessus bras-dessous) alors que la fin prévue par Arthur Penn aurait été très différente, assez poétique d’après sa description, ce que regrettera toujours le cinéaste. L’excellent John Dehner nous délivre à nouveau une belle performance dans le rôle du Marshall Pat Garrett, et son amitié avec Billy the Kid est l’un des éléments les plus touchants du film.

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On a souvent loué le film de Penn pour la modernité de sa mise en scène et par le fait qu’il revenait au noir et blanc ; c’est quand même lui faire trop d’honneurs pas spécialement mérités, probablement due à une connaissance alors fragmentaire du genre, car non seulement de nombreux westerns continuaient à être tournés en noir et blanc à la même époque, et que des films comme par exemple The Ride Back (La Chevauchée du retour), lui aussi en noir et blanc, étaient tout aussi modernes dans leurs réalisations, leurs utilisations audacieuses du gros plan, leurs libertés de ton… Le western de Allen H. Miner et celui de Arthur Penn ont d’ailleurs un autre point commun, leur actrice principale, Lita Milan, un des éléments faiblards de The Left handed Gun, la comédienne n’étant pas spécialement talentueuse. Bref, même s’il est vrai que la réalisation de Penn est d'une réjouissante liberté et que les nombreuses ruptures de ton sont assez novatrices, elles ne sont néanmoins pas nécessairement précurseurs. Une fois les pendules remises à l’heure, on trouve effectivement de nombreuses idées de mise en scène vraiment superbes au sein du western de Penn, comme par exemple celle où, Billy dessinant à ses complices un futur plan d’attaque sur une vitre embuée, on voit se dérouler dans le même temps l’action décrite comme en surimpression en arrière plan. Les ruptures de ton sont également assez singulières ; immédiatement après quelques scènes parmi les plus dramatiques ou sérieuses, le cinéaste fait s’ensuivre d’autres qui confèrent quasiment à la bouffonnerie (ce sera d’ailleurs une marque de fabrique du cinéaste ; rappelez vous de Bonnie and Clyde, son utilisation de la musique…) Le lendemain de l’enterrement de Tunstall, on voit Billy faire le zouave, dansant comme un fou sur l’hymne de l’Union joué à tue tête par un instrument de musique mécanique ; dès l’amnistie annoncée, Billy et ses deux amis prennent à partie les soldats venus la proclamer jusqu’à ce que le conflit se transforme en une véritable séquence de splastick, tout le monde ressortant enfariné de ce pugilat burlesque… Si le premier exemple affermit l’empathie ressentie pour ce personnage immature, le second vient renforcer son côté impulsif et irréfléchi qui culminera lors du mariage de Pat Garrett au cours duquel Billy vient bêtement briser l’amnistie en abattant un troisième larron malgré les recommandations du Marshall qui voit ainsi très mal se terminer 'le plus beau jour de sa vie' et qui, pour cette raison, décidera de mettre fin aux 'idioties' de son ami en l’arrêtant lui-même.

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Une vision toute à fait intéressante du mythe de Billy le Kid, bien interprété (malgré une tentation à l’introspection parfois un peu exagérée de la part de Paul Newman), et bien réalisé (avec notamment un superbe sens du cadrage), que l’on suit jusqu’au bout sans ennui grâce aussi à une iconographie assez novatrice notamment au travers des costumes (les chapeaux portés par les différents personnages sont pour le moins inhabituels), une belle photographie et une musique de Alexander Courage pleine de fantaisie, de panache et de lyrisme. Les conditions de tournage pour le moins originales sont probablement à l’origine de ce ton assez unique : "Tous les interprètes y compris Newman se sont intéressés à ce film comme une expérience inusitée. Ils ont insisté pour répéter longuement, et sans cachet, avant le début du tournage. Ces répétitions avaient lieu chez moi, chez les uns et les autres. Comme c'était contraire aux lois syndicales, il fallait se cacher" racontait le cinéaste. Il manque néanmoins de la rigueur à l’écriture, due probablement à la rivalité qui eut lieu entre Gore Vidal et Arthur Penn et qui rend le film souvent boiteux, parfois bavard et pesant : "Mon scénario était très audacieux et moins stupide que celui du film : je savais ce que je faisais. Arthur Penn ne le savait pas, il était un très mauvais choix. Il était très ambitieux ; c'était son premier film, il voulait être un 'auteur' de cinéma', il ne voulait pas faire le film de Gore Vidal. Comme j'étais plus célèbre que lui, il a fallu qu'il se débarrasse de moi afin de passer pour l'auteur réel du film…" L’origine théâtrale de l’histoire se fait également parfois trop ressentir, certains passages s’avérant moyennement convaincants par ce patchwork pas toujours heureux entre recherche de réalisme et jeu d’acteur antinaturaliste. Ceci étant dit, avec un budget réduit au point de tourner dans les décors du Juarez de William Dieterle, le western d’Arthur Penn demeure satisfaisant et agréable à défaut d’être parfait, le lyrisme éclaté de sa mise en scène conférant de temps en temps au fouillis ; malgré tout, tel détail ou telle image devraient vous rester en tête comme la cabane remplie de coupures de journaux ou le rire de la petite fille voyant le cadavre ayant perdu sa botte en mourant. A ne pas négliger même si le film, un peu trop brouillon à mon goût, a bien descendu dans mon estime au fil des visionnage.

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O'Malley
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Message par O'Malley »

la mort de Paul Newman est trop emphatique je trouve :wink:
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

Je rejoins assez l'avis de l'ami O'Malley.

J'ai ressenti à la fois un grand intérêt pour l'histoire mais j'ai remarqué plusieurs défauts qui m'ont un peu gêné.
Je connais très mal la mythologie américaine, je n'ai pas en tête le film de Peckinpah par exemple, pour comparer, mais j'apprécie ce réalisme psychologique qui fait descendre de son piedestal le fameux Billy The Kid. C'est un personnage au sang chaud, dont on nous explique qu'il a assassiné quelqu'un pour la première fois à l'âge de 11 ans. Une simple réplique suffit ici à justifier une partie de son comportement. C'est peut-être un peu juste. Le même genre d'"erreur" arrive quelques minutes plus tard avec ce propriétaire anglais auquel Newman se prend d'affection. A croire que personne avant lui n'avait offert de Bible ou un travail. Là aussi je trouve que c'est un peu expedié.
Par contre on voit aussi que Billy The Kid est une sorte de victime d'un système qui laisse les marginaux dans leurs problèmes, avec pour seule solution la pendaison. Newman déteste l'autorité (les shérif) depuis que son anglais s'est fait descendre par le shérif véreux du coin. Il va se construire face à lui un monde hostile car c'est aussi un animal: il tire pour préserver sa vie. Mais en même temps il a un grain, parce qu'il provoque ce face à face.

L'interprétation est parfois très poussée, exagérée. Ca m'a plus d'une fois destabilisé. Il y a l'interprétation, mais je trouve aussi que la source théatrale se fait beaucoup sentir dans certains passages. je repense par exemple à la fin, quand la mexicaine adultère avoue sa faute à son mari. Une mise en situation peu délicate et trop évidente.

Reste que ça se laisse suivre sans trop d'ennui, le principal.
Je continue de fouiller le coffret Métal Warner avec ce beau master, quasi immaculé (certains point blancs/taches/lignes verticales - une seule fois- ne sont pas rares) et à la définition impressionnante. A part un commentaire audio non sous-titré et une bande-annonce: 0 bonus.
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Message par NotBillyTheKid »

Bon. Je ne ne pouvais pas ignorer plus longtemps ce topic.

Mais je sèche tant j'aurais à dire.

Le Billy de Penn est un Billy très tragique. Une vraie tragédie chrétienne, à la Racine.

Le destin est tracé, et Billy ne peut l'éviter.
Le film met en scène des points important de Billy dont le journaliste de la gazette, très important dans la légende de Billy the Kid.

Il est très bien joué par Newman pour son aspect juvénile, crétin, immature. Kristofferson chez Peckinpah est immense, mais il joue un Billy devenu adulte, et rattrappé par son passé. Newman doit jouer les deux et donc aussi le chien fou.

Le côté homo de Billy, souvent souligné dans ce film, est bien plus discret que la critique l'affirme (et à côté du Billy d'Howard Hughes, le banni, qui est plus qu'insistant et super lourd sur cet aspect, chez Penn, c'est invisible !)

Mais je suis crevé ce soir, et si je me lance à parler de Billy the Kid, j'en ai pour 4 ans...
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Message par AlexRow »

NotBillyTheKid a écrit :Mais je suis crevé ce soir, et si je me lance à parler de Billy the Kid, j'en ai pour 4 ans...
Ben alors n'en parle pas, note Billy the Kid ! :o
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Message par NotBillyTheKid »

AlexRow a écrit :
NotBillyTheKid a écrit :Mais je suis crevé ce soir, et si je me lance à parler de Billy the Kid, j'en ai pour 4 ans...
Ben alors n'en parle pas, note Billy the Kid ! :o
C'est pourquoi je m'arrete, Garrett !
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Message par AlexRow »

NotBillyTheKid a écrit :C'est pourquoi je m'arrete, Garett !
Tu m'épates :o
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Message par NotBillyTheKid »

AlexRow a écrit :
NotBillyTheKid a écrit :C'est pourquoi je m'arrete, Garett !
Tu m'épates :o
à la carbonara :fiou: le Garrett
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Message par NotBillyTheKid »

Ohhhhhhhhhhhhhh ! J'ai un rang ! :D :D
(et en plus il me plaît... Je suis droitier)
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