Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Major Dundee
Producteur Exécutif
Messages : 7098
Inscription : 15 mai 06, 13:32
Localisation : Bord de la piscine de "Private Property"

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Major Dundee »

Père Jules a écrit :Le deuxième souffle (1966)

Une revoyure qui m'a confirmé tout le bien que j'en pensais, et bien plus encore. Le dernier film en noir et blanc de Melville s'impose comme l'un des sommets du film de gangster à la française (je schématise), tout en haut de mon panthéon personnel aux côtés de Du rififi chez les hommes de Dassin et de... deux autres films de Melville, Le samouraï et Le cercle rouge. Un cinéma chirurgical, diablement bien écrit et dialogué (José Giovanni est passé par là), d'une impressionnante maîtrise technique et porté par des acteurs comme on en fait plus. Il faut voir Paul Meurisse débarquer dans le restaurant du "Notaire" après son assassinat, c'est un récital d'humour noir; il faut voir l'impressionnante présence de Michel Constantin, l'un de nos seconds rôles les plus remarquables; il faut voir encore Lino Ventura, cet acteur tellement formidable, honni par les pédants de la Nouvelle Vague (et spécialement par Truffaut je crois), incarner Gu Minda avec une telle conviction, une telle implication, qu'il ne compose même plus, il est littéralement son personnage. Un des grands chefs-d'œuvre du cinéma français des années 60.
Presque tout à fait d'accord avec toi. Je dis presque parce que tu oublies de citer "Touchez pas au grisbi" qui est à mon avis de la même trempe que les films précités. C'est pas bien Père Jules :wink:
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
xave44
Machino
Messages : 1087
Inscription : 20 nov. 11, 22:07

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par xave44 »

Ton commentaire me donne furieusement envie de revoir ce film. J'ai un déficit certain concernant la période pré-Samouraï. J'avais vu à la tv Bob le flambeur et Leon Morin qui avaient tous 2 été de grandes déceptions. J'attendais sans doute de retrouver le style caractéristique des derniers films.
Je me suis toujours posé la question de savoir comment Melville avait pu subitement trouver son style justement alors que rien pourtant ne semblait l'annoncer. J'ai peut-être tort de dire ça d'ailleurs...
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Federico »

onvaalapub a écrit :
Père Jules a écrit : D'après ce que semblait suggérer Giovanni dans ledit bonus, la rancune de Ventura à l'endroit de Melville semblait vraiment tenace. Après, accepter de jouer dans L'Armée des ombres c'était surtout en mesurer la grande qualité plus qu'une question humaine. Je le vois bien ne jamais adresser la parole au réalisateur de tout le tournage moi :D
Mais les propos de Giovanni sont peut-être à mesurer, puisque lui non plus ne pouvait pas supporter Melville.
Il me semble que dans le documentaire "Lino" qui passe en ce moment sur ciné classic, Clelia Ventura confirme que Ventura n'a pas adressé ou presque la parole à Melville sur le tournage de l'armée des ombres.
Ventura (acteur prodigieux que je mets moi aussi tout en haut) avait la fâcherie - et le coup de poing - facile et s'est brouillé avec plus d'un cinéaste avec lequel il aura plusieurs fois tourné.
Je n'ose même pas imaginer ce que cela aurait donné si il avait tourné avec Pialat (chez qui il aurait aussi pu être fantastique)...:roll:
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Federico
Producteur
Messages : 9462
Inscription : 9 mai 09, 12:14
Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Federico »

L'INA a mis en ligne plusieurs documents sur Melville (qui se trouvent peut-être en bonus de certains DVD) dont l'épisode de Cinéastes, de notre temps Jean-Pierre Melville (portrait en 9 poses) tourné en 1971 et un Portrait de JPM réalisé pour l'émission L'invité du dimanche en 1969, au moment de la sortie de L'Armée des ombres.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Jeremy Fox »

julien
Oustachi partout
Messages : 9039
Inscription : 8 mai 06, 23:41

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par julien »

L'intérêt n'est pas dans cette intrigue, mais dans la façon dont Melville met en scène ses personnages et place le film sous le signe de la fatalité.
Comment ça l'intérêt n'est pas dans l'intrigue ? Allons allons... Au contraire, l'intrigue et la manière dont s'entrecroise le destin des personnages est habilement traitée. On ne souligne pas assez la contribution fondamentale de José Giovanni sur Le Deuxième souffle. Il a même d'ailleurs participé activement au casting du film.
Image
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24560
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Commissaire Juve »

Hier soir, je le suis refait une partie de Bob le flambeur (1956)...

... je me demandais ce qu'était devenue cette coquine de Isabel(le) Corey... eh bien, elle est décédée en février 2011 (72 ans). Quant à Daniel Cauchy -- 83 piges -- toujours bon pied bon oeil.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Major Dundee
Producteur Exécutif
Messages : 7098
Inscription : 15 mai 06, 13:32
Localisation : Bord de la piscine de "Private Property"

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Major Dundee »

Commissaire Juve a écrit :Hier soir, je le suis refait une partie de Bob le flambeur (1956)...

... je me demandais ce qu'était devenue cette coquine de Isabel(le) Corey... eh bien, elle est décédée en février 2011 (72 ans). Quant à Daniel Cauchy -- 83 piges -- toujours bon pied bon oeil.
Content de voir que Daniel Cauchy est toujours parmi nous. J'ai toujours bien aimé cet acteur.
Longue vie donc.... en bonne santé bien sûr 8)
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
Avatar de l’utilisateur
Commissaire Juve
Charles Foster Kane
Messages : 24560
Inscription : 13 avr. 03, 13:27
Localisation : Aux trousses de Fantômas !
Contact :

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Commissaire Juve »

Je viens de tomber sur son site perso : http://danielcauchy.com/index.html Marrants, les trombinoscopes ! (faut cliquer sur la petite flèche en bas à droite... ou sur les dates :oops: ) :mrgreen:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
Avatar de l’utilisateur
Major Dundee
Producteur Exécutif
Messages : 7098
Inscription : 15 mai 06, 13:32
Localisation : Bord de la piscine de "Private Property"

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Major Dundee »

Commissaire Juve a écrit :Je viens de tomber sur son site perso : http://danielcauchy.com/index.html Marrants, les trombinoscopes ! (faut cliquer sur la petite flèche en bas à droite... ou sur les dates :oops: ) :mrgreen:
Ah ben merci, je ne connaissais pas. M'a l'air sympa son site.
Charles Boyer (faisant la cour) à Michèle Morgan dans Maxime.

- Ah, si j'avais trente ans de moins !
- J'aurais cinq ans... Ce serait du joli !


Henri Jeanson
Gustave
Doublure lumière
Messages : 468
Inscription : 29 août 12, 23:21
Localisation : Lyon
Contact :

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Gustave »

Cycle Melville à l'Institut Lumière de Lyon en janvier-février : http://institut-lumiere.org/jean-pierre-melville.html

Je vais enfin découvrir Le Samouraï, et dans de sacrées conditions !!!
Arion
Assistant(e) machine à café
Messages : 212
Inscription : 16 nov. 13, 12:12
Localisation : Monument Valley, AZ
Contact :

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Arion »

Gustave a écrit : Je vais enfin découvrir Le Samouraï, et dans de sacrées conditions !!!
Chef d'oeuvre, et la version restaurée est superbe !
Interviewer : "What Brought you to Hollywood?"
John Ford : "A train".
Clap! Mag - Le Magazine Ciné 2.0
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14972
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Demi-Lune »

Un flic (1972)

Je ne vois pas comment appeler ça autrement qu'un crash. Jean-Pierre, merde, comment t'as pu rater à ce point ?
Rien ne prépare d'ailleurs à cet échec avec ce début inspiré, où le déchaînement des éléments et l'ancrage fantomatique de cette banque donne de suite une belle ambiance. L'image où la voiture de Delon traverse les Champs-Élysées qui s'allument sur son passage est pas mal aussi. Mais alors pour le reste, c'est simple, il faut avoir bien de l'indulgence pour ne pas voir en Un flic une parodie du style melvillien. Le minimalisme de l'écriture, qui sublimait jadis par sa force morale et son émotion latente l'histoire, tend ici purement à la caricature avec ces personnages raides comme des pantins et incompréhensibles (comment avoir de l'empathie pour un Delon manifestement las lorsque tout lorgne vers l'abstraction ? qu'est-ce que vient foutre Deneuve là-dedans ?), ces non-dits qui deviennent involontairement comiques (la scène au bar où Delon, Deneuve et Crenna se regardent tous à tour de rôle sans rien dire en buvant leur verre) ou ces aphorismes sortis de nulle part ("Dans le fond, les deux seuls sentiments que l'homme aie jamais été capable d'inspirer à un policier sont l'ambiguïté et la dérision"). Pour un cinéaste aussi rigoureux que Melville, un tel renoncement est inexplicable. Le pompon avec cette séquence nanardesque en diable des maquettes de train et d'hélico.
Avatar de l’utilisateur
nobody smith
Directeur photo
Messages : 5165
Inscription : 13 déc. 07, 19:24
Contact :

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par nobody smith »

Demi-Lune a écrit :Un flic (1972)

Je ne vois pas comment appeler ça autrement qu'un crash. Jean-Pierre, merde, comment t'as pu rater à ce point ?
Rien ne prépare d'ailleurs à cet échec avec ce début inspiré, où le déchaînement des éléments et l'ancrage fantomatique de cette banque donne de suite une belle ambiance. L'image où la voiture de Delon traverse les Champs-Élysées qui s'allument sur son passage est pas mal aussi. Mais alors pour le reste, c'est simple, il faut avoir bien de l'indulgence pour ne pas voir en Un flic une parodie du style melvillien. Le minimalisme de l'écriture, qui sublimait jadis par sa force morale et son émotion latente l'histoire, tend ici purement à la caricature avec ces personnages raides comme des pantins et incompréhensibles (comment avoir de l'empathie pour un Delon manifestement las lorsque tout lorgne vers l'abstraction ? qu'est-ce que vient foutre Deneuve là-dedans ?), ces non-dits qui deviennent involontairement comiques (la scène au bar où Delon, Deneuve et Crenna se regardent tous à tour de rôle sans rien dire en buvant leur verre) ou ces aphorismes sortis de nulle part ("Dans le fond, les deux seuls sentiments que l'homme aie jamais été capable d'inspirer à un policier sont l'ambiguïté et la dérision"). Pour un cinéaste aussi rigoureux que Melville, un tel renoncement est inexplicable. Le pompon avec cette séquence nanardesque en diable des maquettes de train et d'hélico.
Découvert également hier soir et je souscrit mot pour mot. L'ouverture prometteuse, Melville devenant une caricature de lui-même, les personnages en forme de pantin dénué du moindre intérêt (effectivement à quoi sert Catherine Deneuve ?), de l'involontairement drôle (j'aime bien la façon qu'a Delon de mener ses interrogatoires en collant un bourre-pif au suspect), une fabrication déficiente (en plus des maquettes, je noterais l'absolument ignoble matte painting de la scène du musée)... C'est pas la première fois que Melville me déçoit mais de cette manière, c'est bien la première fois.
"Les contes et les rêves sont les vérités fantômes qui dureront, quand les simples faits, poussière et cendre, seront oubliés" Neil Gaiman
Image
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14972
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Message par Demi-Lune »

nobody smith a écrit :j'aime bien la façon qu'a Delon de mener ses interrogatoires en collant un bourre-pif au suspect
Je n'ai pas pu m'empêcher de me marrer d'ailleurs lorsqu'il réitère ça sur le travelo, et qu'avec sa petite voix de fausset, tout zen, le travelo étalé au sol lui sort: "mais enfin, qu'est-ce que j'ai fait ?" :lol:
Répondre