John Ford (1894-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

Jeff Bailey a écrit :
bruce randylan a écrit : Des amies y étaient, copie espagnole (avec sous-titres espagnols incrustés) et assez abîmée :wink:
Heu... Elles sont étranges, tes amies : il y avait certes des sous-titres sur la copie, mais plutôt dans une langue d'Europe du Nord (danois ou norvégien).
Des amies japonaises...
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

Jeff Bailey
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeff Bailey »

Frank 'Spig' Wead a écrit :Eh bien! Espagnols ou scandinaves... Heureusement que je n'ai pas fait le voyage :|
Il y avait aussi des sous-titres français (électroniques) sous la copie, tout de même.
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

Jeff Bailey a écrit :
Frank 'Spig' Wead a écrit :Eh bien! Espagnols ou scandinaves... Heureusement que je n'ai pas fait le voyage :|
Il y avait aussi des sous-titres français (électroniques) sous la copie, tout de même.
Pour moi ce serait totalement rédhibitoire de voir un film avec deux pistes de sous titres en même temps.
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Jack Carter
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jack Carter »

Jeremy Fox a écrit :
Jeff Bailey a écrit : Il y avait aussi des sous-titres français (électroniques) sous la copie, tout de même.
Pour moi ce serait totalement rédhibitoire de voir un film avec deux pistes de sous titres en même temps.
perso, ça m'est deja arrivé à l'institut ou au festival lumiere, avec le sous titrage electronique, çe ne me gene pas plus qu'avec un seul st, meme si ça demande un effort de concentration supplementaire pour suivre le sous-titrage qui nous interesse et ce qui se passe sur l'ecran. Je prefere voir un film avec (peut-etre) une (unique) copie (existante) st incrustés et autre st dans la langue que pas du tout

Jeremy, les deux sous-titrages ne sont pas superposés dans des cas comme ça : il y a un sous-titres incrustés dans l'image et un sous-titrage electronique qui se place sous l'image pas "dans" :wink:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit :
Jeremy Fox a écrit : Pour moi ce serait totalement rédhibitoire de voir un film avec deux pistes de sous titres en même temps.
perso, ça m'est deja arrivé à l'institut ou au festival lumiere, avec le sous titrage electronique, çe ne me gene pas plus qu'avec un seul st, meme si ça demande un effort de concentration supplementaire pour suivre le sous-titrage qui nous interesse et ce qui se passe sur l'ecran. Je prefere voir un film avec (peut-etre) une (unique) copie (existante) st incrustés et autre st dans la langue que pas du tout
Moi le contraire. Déjà qu'il m'en faut très peu pour me déconcentrer ; alors là c'est clair que je resterais totalement extérieur au film. Je préfèrerais m'en passer :oops:
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cinephage
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par cinephage »

C'est pourtant très fréquent en festival, où il y a généralement des sous-titres français et des sous-titres anglais pour le jury ou public international... De même, en Belgique, qui est bilingue, le BIFFF propose toujours ses films (sauf les francophones ou les films en wallon) avec deux pistes de sous-titre.
Ca arrive aussi, plus rarement, à la Cinémathèque, quand c'est une copie prêtée par une autre cinémathèque, et que les sous-titres ont été gravés.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

cinephage a écrit :C'est pourtant très fréquent en festival
Probablement mais je ne suis jamais allé en festival et c'est vraiment le genre de choses qui ferait que je ne me rendrais pas à la projection. Je n'arrive déjà pas à regarder un film français avec sous titres non débrayables...
bruce randylan
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

En fait, c'est comme regarder un film avec des sous-titres quand on n'a pas l'habitude : c'est perturbant au début et après on n'y fait plus attention.
Par contre, c'est plus gênant quand les deuxième sous-titres sont dans une langue que je connais aussi (en anglais quoi :oops: ) car j'ai tendance à vouloir comparer. Pour certains films japonais, il y a même de gros contre-sens d'un sous-titres à l'autre. :|
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jack Griffin »

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Deux détenus (Spencer Tracy et Warren Hymer) s'échappent et rentrent à leur guise. Un codétenu amoureux (Humphrey Bogart) va avoir besoin de leur aide…

Erreur de calendrier. J'étais parti voir Mogambo et suis tombé à la place sur ce Ford pre-code un peu oublié/ méconnu, réunissant pourtant deux grosses têtes d'affiche. Bogart est à ses tout début et c'est un peu étrange de le voir en jeune premier bien que son jeu se durcisse au cours du film (il ya peut être deux trois scènes où se révèle déjà son charisme)
A ce que j'ai pu lire après la projection, le projet originale était plus un drame avant que l'aspect comédie (porté par le couple Tracy/ Hymer) se fasse plus envahissant.
Le scénario plus que bancal a du mal à rendre évident le mélange des genre et de ses deux intrigues, d'un côté la romance entre Bogart et Claire Luce, de l'autre l'enchainement de scènettes comiques. Toutefois on y trouve un plaisir dans ces visions de foules en liesse, de réunions dans la joie et la camaraderie des gens de peu, de petits théâtres populaires qui vont totalement à l'encontre de l'image crédible d'un pénitencier d'état.
On arrive même à se retrouver avec l'image idyllique, non justifié par l'histoire, de défilé d'immenses chars à foins ou se retrouve les deux détenus et la haute bourgeoisie américaine.
Il y a pas mal de petits moments de poésie mignonne comme lorsque ce détenu qui, mine de déchirer avec énervement un bout de feuille, état en fait en train de fabriquer un petit napperon en papier.
Geoffrey Carter
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Geoffrey Carter »

Gagnant quand même 1925

Sympathique histoire de chevaux de course magnifiquement photographiée qui commence dans la campagne irlandaise et se poursuit en Amérique avec l'héroïne interprétée par Janet Gaynor, sa précieuse jument et son entraîneur, l'inévitable J. Farrell MacDonald. Mélangeant les genres (comédie, romance, film de sport), le film met en scène un jeune palefrenier, importé comme jockey aux États-Unis avec les chevaux d'un hobereau irlandais désargenté, qui va évidemment tomber amoureux de la fille de ce dernier. Bien qu’handicapé par un précédent accident, le jeune homme va gagner une grande course. Comme à son habitude, Ford ne peut se résoudre à traiter un tel sujet avec une gravité univoque. Le cinéaste exacerbe son tempérament comique à travers les personnages secondaires. Mais outre les scènes burlesques classiques, qui allègent l'intrigue, Ford s'amuse à jouer avec les contraintes spécifiques du muet en donnant de l'humour aux intertitres. Lors de la course finale à laquelle participe notre héros blessé, l'un de ses amis, jockey juif resté sur la touche, lui crie des encouragements énergiques : ceux-ci s'inscrivent en hébreu sur le carton !
Avec une rupture de ton étonnante, Ford à un moment du film un climat onirique proche du fantastique. Un Noir fait partie d'une délégation venue réconforter le héros à l'hôpital, mais il se trompe de porte et tombe sur les visages menaçants de chirurgien masqués. Effrayé, il fuit, mais comme dans un rêve, il avance au ralenti. Ford se singularise en privilégiant, au-delà des intrigues classiques, les interférences cocasses de la vie au sein du romanesque. Le caractère picaresque qui en résulte se retrouve dans plusieurs films du cinéaste, surtout au début de sa carrière.

Doctor Bull 1933

C'est dans les trois films que Ford tourna avec Will Rogers, œuvres sympathiques et sans prétention, qu'apparaît la maturité artistique du cinéaste : un mélange de comédie et de drame, le passé comme un rêve qui éclipse le présent, le traitement décalé et pittoresques du dialogue et de l'interprétation, le plaisir des détails sans rapport apparent avec l'intrigue et présentés comme plus importants qu'elle. Et surtout, à travers Rogers, le cinéaste trouvait un protagoniste dont le sens moral s'harmonisait au sien. Sage, tolérant, plein d'humour et de malice, mais également solitaire et mélancolique, l'acteur est, dans les films de Ford, un homme modeste et effacé que les circonstances amènent à combattre l'injustice et les inégalités sociales, qu'il soit médecin, juge ou homme de spectacle. Simultanément nostalgique et progressiste, Rogers fait le médiateur entre différents caractères de la vie américaine, un lien humain entre passé et présent, et réussit deux choses diamétralement opposées : maintenir vivante une certaine tradition tout en reconnaissant le besoin d'un changement social. Vus avec les yeux du spectateur d'aujourd'hui, ces films ont remarquablement bien vieilli, et loin d'être des œuvres mineures, elles ont influencé durablement le cinéaste pour le reste de sa carrière.

Doctor Bull est donc le premier de ces trois films. Rogers y interprète un Yankee du Connecticut, médecin de campagne à l'ancienne combattant autant les épidémies que les esprits trop puritains. Ford prend son temps pour mettre en place la situation avant d'adopter un ton plus dramatique : la caractérisation d'un homme ordinaire dans sa fonction, qui implique soins physiques et secours moral, et l'installation du décor, du lieu, qui inscrit obligatoirement un lien social. Au bout de trois quarts d'heure, le récit tombe brusquement sur le personnage et le film, tel un couperet, éclaire rétrospectivement un puzzle narratif jusqu'alors opaque. Une épidémie de typhoïde que le docteur ne peut enrayer sert de prétexte aux notables pour lancer une cabale contre le médecin qu'ils estiment incompétent. Malheureusement (et c'est ce que Ford peut pointer du doigt) ils ne le jugent pas sur ses actes mais sur son comportement et sa manière d'être, de la même façon que la communauté blanche et puritaine de Seven Women regardera Anne Bancroft d'un mauvais oeil. Ford tourne alors le dos à un faux impressionnisme (petites vies, petites touches) et nous décrit le fonctionnement d'un processus d'exclusion assumé par le collectif. On ne peut s'empêcher d'arriver, par le grégaire, à un lynchage (comme chez Lang). Le Docteur Bull, qui fait évidemment figure de bouc émissaire, va être sauvé non parce qu'il y a une justice et une loi mais par l'exercice singulier de son métier, en soignant tour à tour les humains et les animaux. Cette morale du métier, antiségrégationniste est typiquement fordienne et tout à fait admirable. Sur un plan purement technique, on ne peut s'empêcher de regretter que les séquences d'extérieur soient filmées aussi platement, quant à la mise en scène, elle rate plusieurs occasions de réellement transcender le tout.

La Maison du bourreau 1928

Dernier film muet de Ford, il suit immédiatement Four Sons et est également marqué par l'influence de Murnau. L'oeuvre adapte la manière sombre du cinéaste allemand à un décor irlandais mais avec plus de retenue (et moins de travellings !) que dans le précédent. Cette histoire lugubre et complexe d'un homme de l'IRA en fuite, interprété inévitablement par Victor McLaglen, qui revient pour tuer la canaille responsable de la mort de sa soeur est finalement plus germanique qu'irlandaise si l'on tient compte du fatalisme qui l'enserre. Mais loin du romantisme sans conséquence de Gagnant quand même et de l'irréalisme de Maman de mon coeur, l'atmosphère sinistre et les brouillards de La Maison du bourreau permettent à Ford de découvrir des choses nouvelles dans sa vision poético-mythique de l'Irlande. Le citoyen Hogan (McLaglen) est un hors-la-loi sans avenir dans une société dévastée par les maux du colonialisme, la tragédie de la guerre civile et la présence envahissante de la délation. Ce long-métrage marque également une importante évolution dans la manière qu'a Ford de représenter les Irlandais à l'écran : il ne les caricature pas mais n'essaie pas non plus de les flatter, deux attitudes qui avaient sans doute beaucoup contribué à l'époque à justifier les objections des Irlandais à leur représentation sur la scène et à l'écran.
Dans le dernier plan du film, quand l'union d'un jeune couple est devenue possible, on les regarde s'éloigner avec une certaine envie et nous comprenons alors que le personnage d'Hogan était secrètement amoureux de l'aristocratique Connaught O'Brien (June Collyer). Cet instant d'émotion est une totale surprise. Aurait-il eu plus ou moins de force si Ford nous avait préparé à cette révélation ? C'est discutable. Toutefois, la fin de La Maison du Bourreau présente un mystère semblable au célèbre plan final de La Prisonnière du Désert, dans lequel John Wayne, de façon inattendue mais inévitable, quitte la famille qu'il a réunie. La Maison du Bourreau est loin d'être inoubliable mais on retiendra la magnifique composition de certains plans, louée par la critique de l'époque, et quelques séquences mémorables : une superbe course de chevaux au milieu du film, et le dénouement assez hitchcockien où le méchant périra dans l'incendie de la « maison du bourreau » du titre. Historiquement le film est aussi important puisqu'il marque le premier rôle de John Wayne, alors Marion Morrison, dans un film de Ford après deux apparitions en tant que figurant. Ici, le jeune acteur, non crédité au générique, joue d'abord le rôle d'un homme sur le point d'être pendu dans une séquence fantasmagorique, puis un spectateur de la course qui détruit une barrière dans son excitation.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Frank 'Spig' Wead »

La rétrospective comme si on y était... ou presque :(
Merci de vos compte-rendus, excellents!
Tout ça me rappelle que j'ai encore beaucoup de Ford à découvrir :D : Sa nièce de Paris, Gagnant quand même, La maison du bourreau, Cameo Kirby, Arrowsmith, Les quatre fils, Du sang dans la prairie, Le pionner de la baie d'Hudson, Salute, Up the river... Reste à savoir comment les voir :|
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par kiemavel »

Frank 'Spig' Wead a écrit :La rétrospective comme si on y était... ou presque :(
Merci de vos compte-rendus, excellents!
Tout ça me rappelle que j'ai encore beaucoup de Ford à découvrir :D : Sa nièce de Paris, Gagnant quand même, La maison du bourreau, Cameo Kirby, Arrowsmith, Les quatre fils, Du sang dans la prairie, Le pionner de la baie d'Hudson, Salute, Up the river... Reste à savoir comment les voir :|
Je suppose que tu dois le savoir mais plusieurs titres notamment Four Sons, Hangman's House, Up The River…sont sortis en zone 1 avec vost ; soit dans le gros coffret Ford at Fox ou bien dans l'une ou l'autre de ses déclinaisons (Silent Epics, American Comedies, etc…). Quant à Arrowsmith, il est lui aussi sorti en zone 1. Deux éditions : Warner Archive (vo) ou MGM (vost)
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par kiemavel »

Geoffrey Carter a écrit : Doctor Bull 1933
Au sujet du seul film que je connais, ton texte est encore une fois remarquable, ajoutant cette fois la concision au brio et à la simplicité habituels. Avec une poignée d'autres auteurs, le top de ce que l'on peut lire sur classik…mais attention, faut pas se relâcher car c'est avec ceux là qu'on peut vite devenir les plus vaches :mrgreen:
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Geoffrey Carter »

kiemavel a écrit :
Geoffrey Carter a écrit : Doctor Bull 1933
Au sujet du seul film que je connais, ton texte est encore une fois remarquable, ajoutant cette fois la concision au brio et à la simplicité habituels. Avec une poignée d'autres auteurs, le top de ce que l'on peut lire sur classik…mais attention, faut pas se relâcher car c'est avec ceux là qu'on peut vite devenir les plus vaches :mrgreen:
Merci :)
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