John Ford (1894-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

Je serais tenté de dire désormais qu'Atcloserange a raison.

Sinon, vous voulez des contremarques pour la rétrospective John Ford ?

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Watkinssien
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Watkinssien »

AtCloseRange a écrit :
Watkinssien a écrit :J'ai toujours lu cette anecdote concernant Ward Bond, en tout cas rien qui a dit le contraire.
Watkinssien mange les petits enfants. La preuve, je n'ai lu le contraire nulle part :mrgreen:
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Un vrai Sherlock, cet AtCloseRange !
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit : Sinon, vous voulez des contremarques pour la rétrospective John Ford ?

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C'est terminé. Bravo aux gagnants !
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

bruce randylan
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

Et voilà, c'est parti ! :)

Sa nièce de Paris (Lightnin' - 1925)

Un viel homme bien porté sur la bouteille tient avec femme un hôtel qui a la particularité d'être construit à cheval sur la frontière de la Californie et du Nevada. Une société propose de racheter leur terrain mais une précédente victime d'une vente du même genre tente de prévenir le couple de l'arnaque à venir (tout en essayant de séduire leur fille adoptive).

John Ford ne semble pas apprécier des distributeurs français à juger de leur choix saugrenu de titre. Ainsi dans ce film qui porte le surnom de notre assoiffé titubant, on n'y trouve aucun personnage féminin (ou masculin) venant de Paris et même aucune nièce ! :idea:

Pour parler du film même, c'est une très bonne comédie (dramatique) dont la première moitié est vraiment excellente, remplie de gags inspirés et de personnages attachants et imparfaits. Il y a donc un duo d'alcoolique, le chien dressé à rapporté les bouteilles de whisky cachées par le maître, une vamp cherchant le divorce auprès d'un juge naïf, le soupirant pourchassé par la police qui trouve refuge dans cet établissement fort pratique puisqu'il suffit d'un pas pour changer de frontière et donc échapper à un shérif pas trop malin.
L'humour alterne les runnings gags simples et efficaces (le chien, la frontière) et d'autres plus subtils adroitement mis en scène qui évoque parfois Lubitsch (notamment l'histoire d'amour comme la scène autour de la porte ou quand les amoureux se tiennent toujours la main alors que l'homme veut saluer la mère).
C'est de l'humour chaleureux, décontracté et bonne enfant qui bénéficie en plus d'une mise en discrète et pourtant stylisée comme certain éclairage vraiment élaboré, même dans des moments légers (la lumière sur la "frontière" en pleine nuit est très belle sans jamais pour autant attirer l'attention).

Par contre j'ai moins accroché à la seconde moitié quand l'histoire devient plus (mélo)dramatique et que le vieux couple se sépare. Il y ici, le John Ford sentimental qui me laisse de marbre avec cette manière toujours trop appuyée de jouer sur le pathos avec ces personnages aux yeux humides, le chiens qui vient se blottir à leurs pieds et un montage alterné qui forcent les émotions. On trouve celà dit une courte scène très étonnante où Bill Lightenin' va rejoindre un groupe d'anciens combattants qu'on devine miséreux. Une fugace évocation sociale qui ne manque de force (sa silhouette évoque d'ailleurs Charlot).
Toutefois, Ford désamorce toute même régulier ce sérieux avec une conséquente scène de procès où il injecte de nouveau plusieurs touches d'humour savoureuses (les traces de rouges à lèvres sur le front :mrgreen: ).
Malgré donc ces petites réserves (qui ne doivent déranger que moi j'imagine), c'est titre vraiment recommandable qui mériterait d'être plus visible.


L'aigle bleu (The blue eagle - 1926)

Deux hommes qui convoitent la même femme se déteste farouchement. Même la guerre ne parvient à les réunir. Alors quand la paix revient, les tensions deviennent explosives.

Un peu comme le précédent titre, la première moitié est dans l'ensemble réjouissante mais la deuxième est beaucoup plus bancale (pour d'autres raisons).
Le début fait donc bonne impression avec une séquence se déroulant dans la salle des machines d'un navire de guerre où les hommes sont tous muscles dehors, torse nue et ruisselant d'une sueur souillée mais étincelante. La rivalité est à son comble et les contrastes de la photographie met particulièrement bien en valeur la virilité du duo prêt à en découdre. Les séquences suivantes se révèlent plus légères avec une scène de bal qui possède quelques gags potaches mais irrésistibles (l’entonnoir dans le pantalon, le soldat chétif caché derrière une femme corpulente ou la cohue pour accéder au buffet).
Après ces bons moments, le film devient plus décousu et saute régulièrement du coq à l'âne pour des situations improbables qui semblent commander par le gouvernement qui demande un manifeste de propagande contre la drogue. C'est quand même pas tous les jours que les trafiquants de drogue possède un sous-marin ! :o
Cette partie est vraiment la plus décevante. La dimension sociale est à peine esquisser et demeure frustrante. Quant à la traque même des criminels, ça reste assez grotesque et sans enjeux au final. De plus le personnage féminin de Janet Gaynor est totalement sacrifiée et disparaît plusieurs dizaines de minutes pour ne revenir que tardivement. Dans l'ensemble, son rôle est assez anodin pour ne pas dire inutile. Son duo avec George O'Brien est loin d'avoir la beauté de L'aurore.
La fin renoue avec la bonne humeur dans un duel de boxe qui donne quelques bons moments (les conseils des coachs) même si le combat demeure bien trop long.

Beaucoup de lacunes donc qui peuvent peut-être s'expliquer par une durée incomplète (pourtant restaurer à partir des 3 dernières copies survivantes). Cela dit, il semble que la vraie séquence manquante soit une scène de bataille navale au début du film.
En tout cas dans le genre, on peut préférer les Walsh de la même période (même si on retrouve plusieurs thèmes récurrents de Ford)
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Ann Harding
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Ann Harding »

bruce randylan a écrit : Sa nièce de Paris (Lightnin' - 1925)

John Ford ne semble pas apprécier des distributeurs français à juger de leur choix saugrenu de titre. Ainsi dans ce film qui porte le surnom de notre assoiffé titubant, on n'y trouve aucun personnage féminin (ou masculin) venant de Paris et même aucune nièce ! :idea:
En fait, c'est tout simplement une erreur du programme de la cinémathèque pioché dans une filmo erronée. Il y en a à la pelle dans les titres français de muets américains. Lightnin' est sorti en France en 1926 sous le titre: Extra Dry !
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John Holden
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par John Holden »

bruce randylan a écrit :Et voilà, c'est parti ! :)
Spoiler (cliquez pour afficher)
Sa nièce de Paris (Lightnin' - 1925)

Un viel homme bien porté sur la bouteille tient avec femme un hôtel qui a la particularité d'être construit à cheval sur la frontière de la Californie et du Nevada. Une société propose de racheter leur terrain mais une précédente victime d'une vente du même genre tente de prévenir le couple de l'arnaque à venir (tout en essayant de séduire leur fille adoptive).

John Ford ne semble pas apprécier des distributeurs français à juger de leur choix saugrenu de titre. Ainsi dans ce film qui porte le surnom de notre assoiffé titubant, on n'y trouve aucun personnage féminin (ou masculin) venant de Paris et même aucune nièce ! :idea:

Pour parler du film même, c'est une très bonne comédie (dramatique) dont la première moitié est vraiment excellente, remplie de gags inspirés et de personnages attachants et imparfaits. Il y a donc un duo d'alcoolique, le chien dressé à rapporté les bouteilles de whisky cachées par le maître, une vamp cherchant le divorce auprès d'un juge naïf, le soupirant pourchassé par la police qui trouve refuge dans cet établissement fort pratique puisqu'il suffit d'un pas pour changer de frontière et donc échapper à un shérif pas trop malin.
L'humour alterne les runnings gags simples et efficaces (le chien, la frontière) et d'autres plus subtils adroitement mis en scène qui évoque parfois Lubitsch (notamment l'histoire d'amour comme la scène autour de la porte ou quand les amoureux se tiennent toujours la main alors que l'homme veut saluer la mère).
C'est de l'humour chaleureux, décontracté et bonne enfant qui bénéficie en plus d'une mise en discrète et pourtant stylisée comme certain éclairage vraiment élaboré, même dans des moments légers (la lumière sur la "frontière" en pleine nuit est très belle sans jamais pour autant attirer l'attention).

Par contre j'ai moins accroché à la seconde moitié quand l'histoire devient plus (mélo)dramatique et que le vieux couple se sépare. Il y ici, le John Ford sentimental qui me laisse de marbre avec cette manière toujours trop appuyée de jouer sur le pathos avec ces personnages aux yeux humides, le chiens qui vient se blottir à leurs pieds et un montage alterné qui forcent les émotions. On trouve celà dit une courte scène très étonnante où Bill Lightenin' va rejoindre un groupe d'anciens combattants qu'on devine miséreux. Une fugace évocation sociale qui ne manque de force (sa silhouette évoque d'ailleurs Charlot).
Toutefois, Ford désamorce toute même régulier ce sérieux avec une conséquente scène de procès où il injecte de nouveau plusieurs touches d'humour savoureuses (les traces de rouges à lèvres sur le front :mrgreen: ).
Malgré donc ces petites réserves (qui ne doivent déranger que moi j'imagine), c'est titre vraiment recommandable qui mériterait d'être plus visible.
L'aigle bleu (The blue eagle - 1926)

Deux hommes qui convoitent la même femme se déteste farouchement. Même la guerre ne parvient à les réunir. Alors quand la paix revient, les tensions deviennent explosives.

Un peu comme le précédent titre, la première moitié est dans l'ensemble réjouissante mais la deuxième est beaucoup plus bancale (pour d'autres raisons).
Le début fait donc bonne impression avec une séquence se déroulant dans la salle des machines d'un navire de guerre où les hommes sont tous muscles dehors, torse nue et ruisselant d'une sueur souillée mais étincelante. La rivalité est à son comble et les contrastes de la photographie met particulièrement bien en valeur la virilité du duo prêt à en découdre. Les séquences suivantes se révèlent plus légères avec une scène de bal qui possède quelques gags potaches mais irrésistibles (l’entonnoir dans le pantalon, le soldat chétif caché derrière une femme corpulente ou la cohue pour accéder au buffet).
Après ces bons moments, le film devient plus décousu et saute régulièrement du coq à l'âne pour des situations improbables qui semblent commander par le gouvernement qui demande un manifeste de propagande contre la drogue. C'est quand même pas tous les jours que les trafiquants de drogue possède un sous-marin ! :o
Cette partie est vraiment la plus décevante. La dimension sociale est à peine esquisser et demeure frustrante. Quant à la traque même des criminels, ça reste assez grotesque et sans enjeux au final. De plus le personnage féminin de Janet Gaynor est totalement sacrifiée et disparaît plusieurs dizaines de minutes pour ne revenir que tardivement. Dans l'ensemble, son rôle est assez anodin pour ne pas dire inutile. Son duo avec George O'Brien est loin d'avoir la beauté de L'aurore.
La fin renoue avec la bonne humeur dans un duel de boxe qui donne quelques bons moments (les conseils des coachs) même si le combat demeure bien trop long.

Beaucoup de lacunes donc qui peuvent peut-être s'expliquer par une durée incomplète (pourtant restaurer à partir des 3 dernières copies survivantes). Cela dit, il semble que la vraie séquence manquante soit une scène de bataille navale au début du film.
En tout cas dans le genre, on peut préférer les Walsh de la même période (même si on retrouve plusieurs thèmes récurrents de Ford)
Tout à fait d'accord avec Bruce, un Ford mineur que même les scènes manquantes n'excusent pas.
Il y a néanmoins quelque chose qui m'a stupéfait dans ce Ford de 1926, c'est cette force d'expression narrative de la mise en scène par cette science innée du réalisateur pour le montage, alternant de façon très souple les plans d'ensemble et les gros plans, démontrant aussi qu'il était un grand directeur d'acteur. Sachant que la caméra ne bouge jamais d'un poil, c'est un sacré tour de force je trouve. :o
La copie est abîmée, presque cramée par endroits et curieusement très correcte à d'autres instants. Au total un film pour les complétistes.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Breezy »

Quelle bonne surprise ce Lightnin', d'autant que contrairement à Bruce, je suis très sensible au sentimentalisme de la dernière partie.
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bruce randylan
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

On continue dans le muet ! :)

Straight shootin (1917)

Un groupe de propriétaires sans scrupules ne reculent devant rien pour s’approprier des terres tenues par des fermiers. Parmi leurs hommes de mains se trouve un brigand qui ne se rend pas compte des actes de ses patrons.

Le plus vieux long-métrage conservé de John Ford est aussi son premier long-métrage. Il s'agit déjà un western parfaitement maîtrisé au niveau de la forme avec un sens du cadre vraiment inspiré bien qu'exploitant souvent les mêmes compositions avec la caméras placée derrière une porte ouverte donnant sur l'extérieurs.
Celà dit, ces cadrages n'ont rien d'un simple gimmick, c'est même l'idée principal du film : la perte des grand espaces avec l'arrivée des propriétaires terrains et de leurs clôtures. Beaucoup de scènes se déroulent d'ailleurs sur le palier ou dans l’entrebâillement de porte, comme si les protagonistes étaient coincés entre deux mondes, à une époque où le progrès industriel est sur le point d'exploser. Le propos pourrait donc passer pour réactionnaire mais ce qui intéresse Ford demeure ses personnages et leurs tourments. Là, aussi sa sensibilité est déjà bien en place avec notamment une très belle scène où l'héroïne embrasse puis range une assiette qui devient désormais inutile puisqu'un membre de la famille vient d'être assassiné. Un beau moment sans mièvrerie, à la fois beau et tragique.
Malgré une interprétation parfois théâtrale, on sent que le cinéaste aime à la fois ses acteurs et ses personnages. On trouve d'ailleurs de magnifiques gros plans de visages tant dans les moments dramatiques que dans ceux de tension. Comme un face-à-face qui semble poser déjà toutes les bases du duel (y compris du western spaghetti) avec ce plan large qui montrent les deux ennemis avancer l'un vers l'autre dans une ville déserte, entrecoupée de cadrages de plus en plus serrés sur leurs visages.

En revanche, le film est beaucoup plus faible quand il s'agit de la pure narration qui demeure régulièrement bancale ou maladroite, y compris dans la psychologie des personnages (le sursaut humaniste d'Harry Carrey est un peu précipité). Après, ces problèmes peuvent aussi provenir d'un copie incomplète car certaines séquences appairassent comme décousues, précipitées voire incompréhensibles.

Pour un début, c'est en tout cas vraiment "encourageant", il y a du style, du caractère voire de l'ambition mais c'est vrai que ce n'est pas évident de juger par rapport à ce qui se faisait à l'époque (ça reste en tout cas inférieur à la moyenne des Allan Dwan ou de William S. Hart que j'ai pu voir).


The last oultaw (1919)
De ce film d'une vingtaine de minutes, il n'en reste que la moitié (centrale on dirait). C'est vraiment en dessous de Straight shootin avec cette fois un penchant réactionnaire bien plus marqué avec une nouvelle fois un cowboy qui refuse le monde actuel et ses valeurs. C'est bien moins inspirée formellement et plastiquement : la photographie manque de relief, le cadrage est plus "relâchée" même si quelques plans sont bien trouvés et joue habilement du hors champ (les voitures déboulant à un carrefour). Difficile de se faire une opinion malgré tout.

Tête brûlée (A gun fightin' gentleman - 1919)
Lui aussi incomplet, ce moyen métrage ne dure désormais plus qu'une demi-heure (il manque les 2 dernières bobines). C'est très proche encore des 2 titres précédents avec la confrontation d'un monde contemporain cynique et celui plus rustre mais plus noble des hommes de l'ouest. On est heureusement plus proche de Straight shootin avec l'accent mis sur les relations entre les personnages, tous bien interprétés (Harry Carrey en tête). Ford alterne les moments dramatiques et d'autres à l'humour plus léger qui font échos à de précédentes scènes (notamment le repas avec les couteaux). La forme est plus sage mais la fluidité du découpage et du montage en font une oeuvre plus cohérente, au risque d'y perdre un peu d'originalité.


North of Hudson bay (1923)

Lors d'un voyage vers le canada, un homme abrite un fugitif qui s'avère être le meurtrier de son frère qu'il devait justement rejoindre à l'issu de son périple.

D'un durée un peu inférieure à une heure, voilà un western qui propose un peu de nouveauté dans la soirée en se déplaçant dans le grand nord et sa neige, tout en lorgnant du côté du sérial.
Les 20 premières minutes (soit tout de même un bon tiers du film) laissent craindre le pire avec son interminable exposition qui nous présentent différents personnages sans que les liens entre eux soient toujours clairs. Les différents arcs narratifs sont floues et tardent à se réunir d'autant qu'on s'attarde sur des scénettes inutiles qui n'apportent pour ainsi dire rien (encore des passages avec la vieille maman avec son châle, ses lunettes et ses yeux humides). De plus, la mise en scène n'est pas toujours très limpide et on ne comprend pas par exemple d'où vient le coup de feu qui abat le frère du héros. Ce qui est plutôt gênant vu son importance dans l'histoire.
En revanche, une fois que Tom Mix découvre l'identité de celui qu'il vient d'aider, le film devient beaucoup plus prenant avec un esprit proche du sérial comme je disais. Il y ainsi une scène réjouissante où le méchant place un fusil près d'une fenêtre pour que le soleil, qui passe au travers d'une bouteille (effet loupe), chauffe la mèche de l'arme qui permettra de faire feu sur la future victime, assise tranquillement sans se douter de rien. L'idée est amusante bien que totalement idiote puisque le méchant est seul dans la pièce avec lui et de surcroît armé ! On se demande pourquoi il ne lui tire pas tout simplement directement dessus ! :mrgreen: . Au moins, ça donne une séquence de suspense habilement découpée, jouant à merveille de l'espace et des valeurs de plans. La suite est une course-poursuite où rien ne manque : un combat contre des loups, des grandes étendues enneigés et une femme prisonnière d'un canoë se dirigeant vers des rapides tumultueux !
Par crédible pour un sous, mais efficace, rythmé et parfois spectaculaire dans ses plans (ceux avec les loups en tête)

Avec une meilleure mise en scène, ça aurait vraiment pu donner un film rondement mené. Mais la deuxième moitié vaut largement le coup d'oeil.
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Ann Harding
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Ann Harding »

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Straight Shooting (1917, John Ford) avec Harry Carey, Molly Malone, George Berrell, Hoot Gibson et Vester Pegg

Thunder Flint (Duke R. Lee), à la tête du clan des éleveurs de bétail, souhaite chasser de ses terres le fermier Sweet Water Sims (G. Berrell). Il engage un tueur du nom de Cheyenne Harry (H. Carey) dont la tête est mise à prix...

En 1917, John Ford commence à réaliser des westerns de deux bobines pour la Universal avec son complice l'acteur Harry Carey. Après seulement quelques mois d'apprentissage, il réalise un premier long métrage de 5 bobines, la longueur habituelle de ces années-là. Straight Shooting n'offre pas un scénario d'une grande originalité, c'est l'habituel conflit éleveur-fermier qui y est développé. Ford se concentre moins sur la psychologie des personnages que sur la méchanique de l'action westernienne. Il faut replacer le film dans son contexte. En 1917, il y a une figure qui domine le genre du western de la tête et des épaules, c'est William S. Hart. Ses films sont des modèles dramatiques et visuels offrant des personnages complexes de mauvais garçons qui acceptent de se réformer souvent pour l'amour d'une femme. Le personnage de Cheyenne Harry joué par Harry Carey est un peu similaire en ce qu'il est un tueur recherché qui va changer de camp pour les beaux yeux de Joan (Molly Malone). Cependant, Carey n'a pas du tout le charisme de Hart et ressemble plus à un fermier sympathique (ce qu'il était dans la vie) qu'à un tueur de sang froid. Au fond, il correspond bien aux personnages romantiques et sentimentaux qu'affectionnait Ford, là où Hart était plus noir et plus torturé. En fait, pour schématiser, on pourrait dire que Carey est l'ancêtre de John Wayne quand Hart annonçait déjà Clint Eastwood. A sa sortie, la presse professionnelle a fait un très bon accueil au jeune réalisateur. On peut lire ainsi: "Il faut féliciter l'auteur et le réalisateur pour avoir sélectionné des scénes et des situations fascinantes pour le film. Le panorama westernien est présenté avec une photo claire et attrayante et les épisodes de chevauchées et de bagarre sont jouées avec élan et enthousiasme." C'est donc bien le rythme rapide du film avec son montage inspiré de Griffith qui a attiré l'attention. La scène du duel entre Harry et Fremont est de ce point de vue représentative du montage de Ford avec une succession de plans courts et de gros plans des visages des protagonistes. Un western tout à fait intéressant.
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Re: John Ford (1894-1973)

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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

Toujours dans le muet

Du sang dans la prairie (Hell Bent - 1918)

Ca y est premier signe d'une sur-chage de séances, qui plus est de la même période, voire du même genre, et je commence à m'embrouiller les pinceaux entre les différents films.
Celui-ci est donc un autre western avec Harry Carrey jouant une nouvelle fois un héros pas trop méchant qui se cherche une nouvelle conduite après avoir connu l'amour. La première moitié ne m'a absolument pas marqué (la fatigue n'a pas aidé à me concentrer :oops: ), on y retrouve l'aspect picaresque de l'ouest avec les beuveries, gags, les amitiés entre personnages troubles, les bars (ou bordels).
En revanche, une fois que le personnage féminin arrive dans l'intrigue, le film trouve vraiment un deuxième souffle et devient très bon et bien plus marquant. On y trouve beaucoup de péripéties qui tiennent là encore du sérial. On pourrait presque dire que la seconde moitié est presque une grande séquence de poursuite non-stop, parsemée de moments forts dont une spectaculaire chute de diligence sur une route escarpée filmée en une seule prise où l'on voit le véhicule basculer dans le film lors d'un virage serré pour basculer avant de s'écraser en contre bas, juste quelques secondes avant que son attelage de chevaux ne passe devant en trombe. Sans doute le plan le plus inspiré et puissant de ce film, voire de cette première décennie de réalisation pour Ford (enfin pour les quelques films ayant survécu)
La fin ne manque pas non plus de puissance avec les 2 rivaux blessés lors d'un duel qui doivent traverser un désert avant de se retrouver coincer dans une tempête de sable. Le choix des cadrages, entre icone et symbolisme, captent très bien la beauté mortels des lieux et la force qui s'émanent des deux adversaires qui s'apprécient et se respectent mutuellement.

Entre ces deux moments, il y plein d'autres rebondissements pour une narration dynamique qui semblent compenser le sur-place de la première partie : kidnapping, poursuites à cheval, Harry Carrey s'échappant par un canyon etc...

Malgré le début peu encourageant (qui vient sans doute aussi de ma fatigue), je ne suis pas mécontent d'avoir découvert ce western très rare (une unique copie subsiste dans les archives tchèques), surtout pour les dernières minutes qui évoquent la fin dans le désert de la mort des Rapaces d'Erich Von Stroheim
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

Arrowsmith (1931)

Un jeune chercheur en médecine devient docteur par amour mais la routine l'ennui rapidement. Il rejoint l'équipe de son ancien professeur pour rejoindre un laboratoire qui travaille sur les bactéries. Quand une épidémie de peste éclate en Asie, il se rend sur place pour mettre en application ses recherches.

Contrairement à Ann Harding qui a signé la critique du DVD/film sur le site, je suis loin d'être enthousiaste pour ce film très, très mal structuré.
Mes resserves concernent aussi l'aspect "progressistes" du film même avec ce rôle donner un acteur noir traité sans le moindre paternalisme. C'est certes vrais mais son personnages demeure sans réel intérêt et j'avais comme la désagréable impression de voir un maquillage atténuer sa couleur de peau, de plus tous les autres acteurs/figurants possèdent tous les clichés habituels.

Comme beaucoup de films pré-code, la narration va vite, très vite. Trop vite. On pourrait presque dire que les plans de transition d'une séquence à l'autre sont presque aussi longs que la séquence à venir. Et malheureusement la mise en scène (comme le montage) de Ford est loin de porter l’énergie suffisante pour donner une quelconque vitalité à l'ensemble. La narration se limite ainsi à une succession de scènes maladroitement enchaînées les unes aux autres sans réussir à créer un sentiment d'attachement et tout simplement de vie ; la scène à venir balayant immédiatement celle ayant eu lieue (comme la mort d'un enfant qui précède une scène romantique et légère :? ).
Malgré quelques idées (malheureusement souvent théoriques comme l'introduction ne présentant le visage du héros de face qu'une fois qu'il est médecin), j'ai été très extérieur du drame à venir.
L’interprétation n'aide pas non plus puisqu'elle manque cruellement de souplesse.

La deuxième partie (le départ vers la peste) est plus intéressante, présentant des enjeux dramatiques plus conséquents mais il faut attendre le dernier tiers pour le film trouve enfin son style, son unité et son histoire. L'atmosphère se fait plus expressionniste et angoissante pour une belle photographie soignée et très graphique pour une très émouvante séquence.
Spoiler (cliquez pour afficher)
la découverte du corps sans vie d'Helen Hayes, filmé avec tact et pudeur par Ford
Durant ce dernier acte, le ton et le propos sont loin de toute glorification ou d’optimisme. Un combat a été remporté contre une maladie (et avec des dégâts collatéraux) mais d'autres maladies n'ont pas encore de remède.

Ces 20-30 minutes rattrapent un peu les nombreux défauts présents jusque là. Tous ne sont pas la faute du cinéaste car il y a de lourdes coupes de la censure (comme le personnage de Myrna Loy fortement réduit au montage dont on devine pourtant une liaison avec Ronald Colman au détour d'un regard lourd de remord). Celà dit avec déjà 2 heures au compteurs, je n'ose imaginer la durée initiale !
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Ann Harding
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Ann Harding »

Dommage que la Cinémathèque n'ait pas cherché une copie complète du film, qui pourtant existe toujours. Malheureusement, les DVD publiés sont également issus de copies censurées 99 min au lieu des 108 initiales. C'est effectivement Myrna Loy qui en fait les frais.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

Ann Harding a écrit :Dommage que la Cinémathèque n'ait pas cherché une copie complète du film, qui pourtant existe toujours. Malheureusement, les DVD publiés sont également issus de copies censurées 99 min au lieu des 108 initiales. C'est effectivement Myrna Loy qui en fait les frais.
108 minutes, c'est pourtant la durée indiquée sur le programme (je n'ai pas regardé chronométré la séance en revanche)
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