John Ford (1894-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Frank 'Spig' Wead
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Frank 'Spig' Wead »

Sur un autre topic, au sujet de l'intervention de Bertrand Tavernier dans le supplément de Sur la Piste des Mohawks en blu-ray , j'écrivais ceci :
Par ailleurs, dans son commentaire inclus dans le BR, Bertrand Tavernier raconte une anecdote rapportée par Robert Parrish, plus de 30 ans après le tournage.
Selon lui, Ford, pour ne pas s'encombrer d'une scène de bataille (à l'évidence pour que l'action se concentre à l'intérieur de la petite communauté), aurait tourné le plan où Fonda la raconte à Colbert, en lui posant une série de questions. Fonda connaissant bien le scénario, aurait répondu spontanément à Ford, en faisant un récit de la bataille à la manière d'un témoin, en une seule prise. Ensuite le réalisateur aurait tourné des plans de coupe, pour supprimer les questions.
Si on regarde ce fameux plan, on constate qu'il n'est coupé qu'une seule fois. Le montage alterne avec un plan d'opération dans la pièce voisine. On revient ensuite sur Fonda... Il a le regard dans le vide et poursuit sa description de la bataille d'un seul bloc, d'un seul tenant. Difficile de croire à une improvisation, le monologue est à l'évidence écrit.
Ford, en tout cas, n'aurait pas eu l'occasion de poser plus de deux questions. À aucun moment Fonda ne semble préciser une pensée, il décrit simplement une série d'événements et d'impressions... que le spectateur perçoit assez confusément.
Selon Tavernier, qui rapporte une autre anecdote, John Carradine porterait dans ce film le célèbre bandeau noir de John Ford.
Seul problème, Ford ne portait pas encore de bandeau en 1939. Le voici ici lors du tournage de la Chevauchée fantastique, à côté de l'opérateur Bert Glennon.
Il n'en portait pas non plus sur le tournage de My Darling Clementine... la perte de son œil a été progressive.

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Jeff Bailey
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeff Bailey »

bruce randylan a écrit :Au fait : il y aura bien un complément à cette rétrospective avec 3 films (rarissimes) que la cinémathèque a pu faire venir : on pourra donc voir pendant une petite semaine The kentucky pride ; salute et the brat. :D
On doit donc vraiment pas être loin de l'intégrale cette fois.
D'après la filmographie à la fin du livre collectif de Yellow Now, qui signale les films perdus, il manque dans la rétro les films suivants, justement non perdus (en principe !) :

The Rustlers (1917)
Under Sentence (1919)
Hitchin' Posts (1919)
The Fightin' Heart (1925)

(Je n'ai pas recoupé avec d'autres sources)
Frank 'Spig' Wead
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Frank 'Spig' Wead »

Jeff Bailey a écrit :
bruce randylan a écrit :Au fait : il y aura bien un complément à cette rétrospective avec 3 films (rarissimes) que la cinémathèque a pu faire venir : on pourra donc voir pendant une petite semaine The kentucky pride ; salute et the brat. :D
On doit donc vraiment pas être loin de l'intégrale cette fois.
D'après la filmographie à la fin du livre collectif de Yellow Now, qui signale les films perdus, il manque dans la rétro les films suivants, justement non perdus (en principe !) :

The Rustlers (1917)
Under Sentence (1919)
Hitchin' Posts (1919)
The Fightin' Heart (1925)

(Je n'ai pas recoupé avec d'autres sources)
Upstream (1927) n'est pas non plus programmé.
Jeff Bailey
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeff Bailey »

Frank 'Spig' Wead a écrit : Upstream (1927) n'est pas non plus programmé.
Si, il est passé dimanche (et repasse demain). Il y a quelques trucs sympathiques, mais l'ensemble n'est pas transcendant.

http://www.cinematheque.fr/fr/dans-sall ... 17418.html
Frank 'Spig' Wead
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Frank 'Spig' Wead »

Jeff Bailey a écrit :Si, il est passé dimanche (et repasse demain). Il y a quelques trucs sympathiques, mais l'ensemble n'est pas transcendant.

http://www.cinematheque.fr/fr/dans-sall ... 17418.html
En effet, il était passé au Cinéma de minuit, et la fin m'avait paru un peu faible. En revanche l'ambiance dans la pension d'acteurs était plutôt sympathique.
bruce randylan
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

Jeff Bailey a écrit :
The Rustlers (1917)
Under Sentence (1919)
Hitchin' Posts (1919)
The Fightin' Heart (1925)

(Je n'ai pas recoupé avec d'autres sources)
Intrigant ça ! Je vais questionner JF Rauger... peut-être que ce sont des copies privées ?
En tout cas, sur imdb, ils ont des notes excécrables. Curieux.
Par contre, Under Sentence semble être seulement écrit par Ford.

Sinon, vite fait, parce que les films sont plus connu.
J'ai beaucoup aimé l'homme tranquille qui est une excellente et trépidante comédie mené tambour battant par un trio d'acteurs en grande forme. L'humour n'est franchement pas subtil (et encore moins féministe :mrgreen: ) mais on se marre souvent. De plus le tournage en technicolor en Irlande ne manque vraiment pas de charme.
Et puis, grosse surprise de découvrir d'où vient un thème musical de 1941 (on entendait quelques notes déjà dans Mother Machree)

Sur la piste des mohawks rejoint malheureusement le cercle des classiques qui me laisse sur ma faim. Je trouve le scénario trop léger avec des méchants affligeants sans la moindre caractérisation (autant ne pas les montrer dans ce cas), un Henry Fonda trop guindé (enfin plus que d'habitude et trop pour moi dans ce cas) et des gros problèmes d'unité. On peut passer d'une scène sublime (la fameuse description de la bataille par Fonda) a des moments de comédie totalement hors-sujet qui casse l'émotion (la séquence avec Edna May Oliver sur son lit et les indiens :| ).
De manière générale, je n'ai jamais vraiment cru à l'histoire (et encore moins à la poursuite à pied que j'ai trouvé grotesque et irréaliste) qui se limite à une succession d'épisodes
Reste quelques (très) jolis plans, mais moins que d'habitude pour du Ford.

Steamboat around the boat est en revanche en petit bijou, merveilleusement mieux dosé dans son mélange humour/drame/pittoresque avec des personnages attachants porté par une nonchalance irrésistible du Ford/Rogers qui fait pourtant preuve régulièrement d'une concision et d'une invention incroyable, notamment le génial travelling qui montre le tribunal vide avant qu'un ultime mouvement de caméra ne recadre sur Rogers et sa belle-fille, dévoilant que le procès s'est déjà conclu sur une note pessimiste. Une ellipse simple et élégante mais tellement forte.
Tous les acteurs livrent des numéro truculents (dont un hilarante cession de peinture par Francis Ford) pour un humour qui dit beaucoup de choses sur le racisme/conservatisme du sud.
A l'image de la course finale en battant, c'est un film sans surprise dans son intrigue mais la manière dont les choses se déroulent en font l'une des œuvres les plus tendres et chaleureuses de son auteur. Ce qui n'est pas peu dire.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeff Bailey »

bruce randylan a écrit :
Jeff Bailey a écrit :
The Rustlers (1917)
Under Sentence (1919)
Hitchin' Posts (1919)
The Fightin' Heart (1925)

(Je n'ai pas recoupé avec d'autres sources)
Intrigant ça ! Je vais questionner JF Rauger... peut-être que ce sont des copies privées ?
En tout cas, sur imdb, ils ont des notes excécrables. Curieux.
Par contre, Under Sentence semble être seulement écrit par Ford.
Exact pour Under Sentence !

Ouais, j'aurais dû recouper, effectivement... Pourtant, la filmo avait l'air fiable.

D'après le site Silent Era (http://www.silentera.com/), que j'ai peu fréquenté mais qui a l'air sérieux (et sourcé), Hitchin' Posts et The Rustlers sont perdus. Donc bon, il ne manque sans doute pas grand-chose.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

Fighting Heart aussi est considéré comme perdu (d'après wikipedia qui cite silent Era). Donc, ouais, à priori, c'est bien l'intégrale disponible que la cinémathèque diffuse.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Alba »

Gros problème de cadrage sur la copie, pourtant belle, du sergent noir, vu cet après midi à la cinémathèque. On a eu droit à une sorte de 1.37 étrangement recadré, avec des pertes très visibles sur certains plans. (il me semble qu'il manquait une bonne partie du haut et de la gauche de l'écran) :?
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

La rétrospective Ford à la Cinémathèque arrive à son terme. A l'occasion, Franck Viale nous parle de La Conquête de l'Ouest dont un des segments est signé par Ford. Retour également sur le Bluray français.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par bruce randylan »

3 téléfilms de John Ford :)

The bamboo cross (1955)

Un général communiste tente de faire avouer à deux nonnes chrétiennes qu'elles ont volontairement tuer les enfants qu'elles soignaient dans leur dispensaire.

Sans doute l'oeuvre la plus mauvaise de John Ford. Et de loin.
L'histoire est tout aussi affligeante que consternante, se vautrant dans les pires clichés et lourdeur des films de propagande anti-coco avec l'officier chinois hystérique, suintant la haine, dégoulinant le mépris, grimaçant, hurlant, soulevant ses sourcils pourtant déjà dessinés en remontant.
Comme si tout cela n'était pas assez insupportable, tout le film (25 minutes) se déroulent dans un seul décor que Ford ne filmera que (platement) d'un seul axe.
Honteux, je ne vois pas d'autre mots. :evil:
Seul intérêt (relatif) : celui de retrouver un brouillon à Frontière chinoise.

The Colter Craven story (1960)

Une caravane qui traverse les Etats-unis recueille un couple dont le chariot vient de perdre une roue. Le mari, Colter Craven, est un médecin alcoolique terrorisé par l'idée de mener une opération chirurgicale.

Tourné pour la série Wagon Trail, John Ford ré-utilise (habilement) plusieurs plusieurs plans de son Wagon master comme stock shots, ce qui tombe bien puisque Ward Bond y jour le rôle principal.
Je ne connais pas le reste de la série mais c'est un joli épisode que voilà. L'histoire est très surprenante avec beaucoup de fausses pistes. On pense par exemple que John Carradine va jouer un rôle crucial mais il lancera seulement l'intrigue dans une autre direction qui sera elle aussi un leurre.
Comme le titre indique, c'est donc Colter Craven qui est au cœur du récit. Ou plutôt son traumatisme qui donne une seconde moitié assez forte émotionnellement parlant avec une évocation orale des champs de bataille presque aussi puissante que celle de sur la piste des Mohawks. Ward Bond y apparaît d'une justesse vraiment émouvante. Son anecdote sur « Sam » est tout aussi curieuse (encore une sous-intrigue) mais sa conclusion est très belle. D'autant plus belle qu'elle déboule sur un caméo de John Wayne qui n’apparaît qu'en silhouette et n'aura qu'une ou deux lignes de dialogues.
Mais ces successions d'histoires dans l'histoire n'ont qu'un but : décrire l'Histoire.

Flashing spikes (1962)

Une ancienne vedette du base-ball, bannie des stades pour un scandal de corruption est réduit à jouer dans des exhibitions sportives où le public lui exprime son mépris avec violence. Il croise un jeune espoir et deviennent amis. Mais un journaliste cynique est à la recherche d'un nouveau scoop sensationnel.

Après Rookie of the year (assez moyen avec son intrigue qui ne repose sur pas grand chose au finale et ses flash-backs balancés n'importe comment), John Ford renoue avec le base ball dans ce téléfilm de 50 minutes qui s'avère une bonne surprise.
L'histoire, comme la structure, est simple mais bien écrite et surtout bien construite avec des retours en arrière autrement mieux gérés. Surtout, on sent une implication plus évidente d'autant qu'on trouve un James Stewart toujours aussi impeccable et charismatique. Il apporte l'humanité et la dignité à un homme certes brisé par la vie mais qui refuse de pleurer sur son sort. La caméra de Ford est à l'unisson avec son acteur et tous deux ne manquent pas de nous toucher avec une sobriété tout en retenue. Il est cependant regrettable que la figure du journaliste soit trop caricaturale et que la conclusion lève le voile sur l'erreur de jeunesse de Stewart pour un happy-end trop plaqué.
Le nouveau caméo de John Wayne (non crédité) est très réjouissante et on le voit plus que Colter Craven story.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jack Carter »

ces deux derniers titres avaient été diffusés au CDM il y a une bonne vingtaine d'années.
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par John Holden »

Jack Carter a écrit :ces deux derniers titres avaient été diffusés au CDM il y a une bonne vingtaine d'années.
Oui il me semble d'ailleurs qu'ils avaient été diffusés en vf si mes souvenirs sont bons.
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Jeff Bailey
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeff Bailey »

Annonce de la Cinémathèque (notamment sur les réseaux sociaux) : le documentaire prévu ce soir à 21h, sur John Wayne et John Ford, ne peut pas être projeté et est remplacé par le film de Bogdanovich.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Geoffrey Carter »

Salute ne pourra pas être projeté :( et sera donc remplacé les 26 février et 1er mars respectivement par La Prisonnière du Désert et Sur la piste des Mohawks.
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