John Ford (1894-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rashomon
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Rashomon »

cinephage a écrit :Tout en étant d'accord sur l'importance du récit chez Ford, on peut lui reconnaître un gout, mais aussi et surtout un grand talent pour les digressions narratives. Qu'on pense par exemple à Wagon Master, un des films qu'il préférait, qui peine à se concentrer sur son intrigue principale... Plus largement une bonne partie des films de Ford possède une structure épisodique, dans laquelle diverses rencontres, pauses, ou moments festifs ponctuent le déroulé de l'intrigue, qu'on pourrait aborder sur un mode plus direct.
D'autres cinéastes sont plus concentrés sur la trame de leur récit, sans s'embarrasser de ces pauses et détours narratifs, qui constituent chez Ford une partie importante de l'histoire elle-même. C'est peut-être en ce sens que Rashomon trouve que ses films "n'ont pas de véritable intrigue".
Voilà. C'est bien d'avoir un interprète à portée de main pour traduire mes borborygmes dans un français compréhensible. :mrgreen:
The Eye Of Doom
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Ca fait bien trop longtemps que je n'ai vu de film de Ford pour amener des éléments solides à la discussion. Les deux films que je préfère et dont je garde un souvenir clair sont Wagon Master et My darling Clémentine.
Sur le 1er, le coté "épisode" est inhérent à la structure du récit : un périple. Donc n'est pas conclusif. Le second est plus intéressant car si on compare la version finale avec la version "de travail" qui nous reste, on voit que les grandes qualités de cette deuxième sont d'une part l'absence de musique qui dramatise artificiellement le récit dans la version finale, et d'autre part justement ces "pauses" ou disgressions évoquées ci dessus qui sont rallongées ( je pense en particuliers au festivité villageoises) et qui donnent tout le rythme, le charme et la beauté de ce film. Toute considération sur la magnifique photo,la qualité de l'interprétation et la perfection de la mise en scène mis à part bien sûr.
villag
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par villag »

A propos de MY DARLING ....je préfère moi aussi la version montage Ford que celle choisie par Zanuck ,moins de musique ( la scène décrivant l'arrivée en ville de Clémentine Carter est complètement absente de musique sauf lorsque cette dernière pénètre dans la chambre du toubib , ce qui justement met mieux en valeur cette très jolie partition ), et d'autres exemples dans ce film ou les bruits de rue sont seuls accompagnements de l'action ....
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Rashomon
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Rashomon »

Où peut-on trouver cette version "alternative" de My Darling Clementine? Je l'ai revu justement hier - je suis d'humeur fordienne en ce moment - et la relative rigueur du film m'avait surpris, connaissant le penchant du borgne pour la "roue libre". (Chef-d'oeuvre absolu sinon: Zanuck avait le nez creux)
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Alexandre Angel
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Alexandre Angel »

Rashomon a écrit :je suis d'humeur fordienne en ce moment
Nous le sommes toujours un peu. Il suffit d'un rien : c'était un génie (et je jure que j'utilise ce terme avec beaucoup de parcimonie).
Je viens de revoir le très beau Sergent Noir (le meilleur de la dernière ligne droite juste après Liberty Valance) et ai découvert Trois Sublimes Canailles, qui est sensationnel.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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AtCloseRange
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par AtCloseRange »

Découvert Rio Grande récemment et je me suis bien emmerdé.
Passé une bonne introduction, je ne sauve pas grand chose de ce film qui enchaîne les scènes de couples peu engageantes (entre O'hara et Wayne) et les chansons (mon dieu, pourquoi?).
Si on ajoute à ça que même au niveau visuel, on est très très loin de ce que Ford a pu produire de mieux (plastiquement peu de plans ou scène ressortent à part une marche de Wayne au bord du Rio Grande), la récolte est maigre (je sauve l'assaut final et le retour des blessés faisant écho à la première scène).
Oups, j'allais oublier l'insupportable McLaglen...
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Strum »

AtCloseRange a écrit :Découvert Rio Grande récemment et je me suis bien emmerdé.
Passé une bonne introduction, je ne sauve pas grand chose de ce film qui enchaîne les scènes de couples peu engageantes (entre O'hara et Wayne) et les chansons (mon dieu, pourquoi?).
Si on ajoute à ça que même au niveau visuel, on est très très loin de ce que Ford a pu produire de mieux (plastiquement peu de plans ou scène ressortent à part une marche de Wayne au bord du Rio Grande), la récolte est maigre (je sauve l'assaut final et le retour des blessés faisant écho à la première scène).
Oups, j'allais oublier l'insupportable McLaglen...
J'utiliserais d'autres termes, mais je ne suis pas très amateur non plus de Rio Grande, qui me parait très inférieur aux deux autres films de la trilogie de la cavalerie de Ford.
The Eye Of Doom
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Rashomon a écrit :Où peut-on trouver cette version "alternative" de My Darling Clementine? Je l'ai revu justement hier - je suis d'humeur fordienne en ce moment - et la relative rigueur du film m'avait surpris, connaissant le penchant du borgne pour la "roue libre". (Chef-d'oeuvre absolu sinon: Zanuck avait le nez creux)
J'ai un DVD zone UsA 20th Fox qui contient les deux versions. Il me semble qu'il en était de meme pour l'édition française mais pas verifiée
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Jeremy Fox
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Jeremy Fox »

The Eye Of Doom a écrit :
Rashomon a écrit :Où peut-on trouver cette version "alternative" de My Darling Clementine? Je l'ai revu justement hier - je suis d'humeur fordienne en ce moment - et la relative rigueur du film m'avait surpris, connaissant le penchant du borgne pour la "roue libre". (Chef-d'oeuvre absolu sinon: Zanuck avait le nez creux)
J'ai un DVD zone UsA 20th Fox qui contient les deux versions. Il me semble qu'il en était de meme pour l'édition française mais pas verifiée
Non
The Eye Of Doom
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par The Eye Of Doom »

Jeremy Fox a écrit :
The Eye Of Doom a écrit : J'ai un DVD zone UsA 20th Fox qui contient les deux versions. Il me semble qu'il en était de meme pour l'édition française mais pas verifiée
Non
Bad Luck
C'est quand même incroyable que le Blu-ray français n'est pas les deux versions.
Je précise que Le DVD us a des STF sur les deux versions et sur les bonus il me semble.
villag
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par villag »

Sur Amazone on a actuellement un dvd de ce film, nombre de disques 2 , version collector....c'est ici que j'ai du acheter le mien voilà plus de 10 ans ....
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Rashomon »

Revu Wagon Master pour la ixième fois et que dire? Découpage, cadrage, composition, direction d'acteurs... Tout approche la perfection, et l'atteint peut-être. Plus je vois ce film plus je me demande si nous n'avons pas là la quintessence de l'art fordien, et peut-être son chef-d'oeuvre dans le genre western (jamais été fan de The Searchers sans doute parce que j'en attendais trop au départ) Ford en tout cas considérait ce film comme l'un de ses meilleurs, et il avait raison.
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Ouf Je Respire »

Thaddeus a écrit : Le convoi des braves
Un convoi mormon, dirigé par un ombrageux pasteur, engage deux vendeurs de chevaux pour les guider vers l’Ouest : John Ford actualise le vieux thème du groupe en marche vers la Terre promise, en l’ancrant dans une réalité quotidienne qui insuffle plus de vérité et de souffle encore à sa dimension mythique – soixante ans plus tard, Kelly Reichardt en fera un quasi-remake minimaliste avec La Dernière Piste. Une nouvelle fois, c’est la valeur des rites familiaux, de la solidarité et de la générosité désintéressée qui intéresse l’artiste : on danse des quadrilles endiablées dans la nuit du désert, on recueille des saltimbanques perdus, on chante l’espérance au coin du feu de camp. Le tout filmé avec ce sens de l’épure, cette nonchalance tranquille qui sont l’apanage des maîtres imposant leur talent sans le forcer. 5/6
Je viens de voir ce film. Je n'aurais pas mieux dit. 8/10
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par Roilo Pintu »

Sur la piste des Mohawks (1939)
La naissance de la nation américaine sublimée par le Technicolor et la mise en scène de Ford et en guise de final une poursuite – à pied - efficace et magnifique entre Henry Fonda et des indiens. Une bonne séance :D
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El Dadal
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Re: John Ford (1894-1973)

Message par El Dadal »

Seule résolution acceptable en cette nouvelle année : donner une chance aux auteurs classiques dont les films dorment sans (trop de) honte sur mes étagères depuis des années. En explorant les filmographies comme en essayant de ne pas trop tenir compte des déceptions (le cinéphile peut avoir la rancune tenace). Dans le cas présent, John Ford, auquel je n'ai jamais vraiment goûté, à 2-3 exceptions près. Pour se mettre dans le bain et tenter une approche différente, j'ai choisi une œuvre peu célébrée du cinéaste, si ce n'est visiblement par lui-même : Dieu est mort (The Fugitive, 1947). Sous-titre : Silence au Mexique.
Henry Fonda y est ce prêtre en plein questionnement, balloté entre les affres de la grande histoire et les nécessités d'un rôle qui par sa nature même dépasse sa simple condition de mortel : croire, c'est être. Les persécutions de cet état dictatorial envers les catholiques rendent tout attachement, toute parole spirituellement orientée potentiellement dangereux. Une des forces de Ford est ainsi de rendre ce climat constamment anxiogène. À la campagne, en ville, de jour comme de nuit... il n'y a pas de repos pour les braves, et le prêtre Fonda en est un, même s'il s'ignore, doute ou cherche à se convaincre du contraire. Une atmosphère étouffante et politisée, qui n'est finalement pas très éloignée de ce que Buñuel fera quelques années plus tard (sans l'anti-cléricalisme évidemment), même si plus expressionniste (voire parfois grand-guignolesque, le défaut principal du film résidant dans sa symbolisation à la serpe). Il est incroyable pour un cinéphile en 2019 d'avoir ce luxe de tisser des liens entre films, cinéastes et époques. On sait que Ford a compté pour Scorsese, mais si j'avais su que son chemin de croix nippon avait pour grand-père ce peu amène voyage à dos de mulet... Des bénéfices d'avoir plus de 100 ans d'œuvres dans les pattes. Le film de Ford, quoi qu’inégal, est fiévreux et inspiré. Je vais essayer de m'en dégoter d'autres dans le genre.
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