Samuel Fuller (1912-1997)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Jack Carter »

Test du blu Olive de Dead Pigeon on Beethoven Street : http://www.dvdbeaver.com/film5/blu-ray_ ... lu-ray.htm
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bruce randylan
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par bruce randylan »

C'est nouveau les sous-titres anglais chez Olive ? :)
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Jack Carter
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Jack Carter »

Je rapatrie l'avis d'Alexandre Angel sur The Crimson Kimono, posté sur un autre topic
Alexandre Angel a écrit : Tiens, pour me faire patienter avant White Dog, je couche ces quelques lignes sur un Fuller que je n'avais jamais vu : The Crimson Kimono, qui date de 1959.
Cette enquête policière dans le quartier japonais de Los Angeles, menée par deux jeunes inspecteurs un peu gamins, l'un blanc, l'autre d'origine japonaise, est le prétexte à une sorte de rêverie fullerienne autour de l'amour interracial, de l'amitié mise à mal et de l'immersion inédite dans un microcosme nippo-américain tout à fait rarissime dans le cinéma américain. C'est formidablement frais, original, étonnant. Fuller ne m'a jamais semblé plus libre que dans ce film noir affranchi de toutes les contingences habituelles, débridé (sans mauvais jeu de mot) au possible dans sa façon de télescoper les plans et les séquences dans un mouvement et une énergie de pur désir de cinéma. On comprend à la vision de The Crimson Kimono la "jalousie" de Truffaut vis à vis de Fuller et l'admiration de Scorsese qui louait des plans ayant l'expressivité d'un story-board. Fuller semble filmer ce qu'il veut quand il veut, un peu comme si son humeur rejaillissait sur celle d'une caméra qui se montre souvent douce, caressante puis soudainement frénétique, agressive, balançant d'imprévisibles plans qui prennent de cours et qui contiennent tous une idée stimulante. En découvrant hier soir ce film en apesanteur et les amours de James Shigeta et de la charmante Victoria Shaw, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'autre couple interracial de cette même année 59, et parfait reflet de celui-ci, dont la sensualité irrigue un célèbre film d'Alain Resnais.
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Alexandre Angel
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Alexandre Angel »

Merci Jack : j'ai éliminé le doublon :wink: .
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Profondo Rosso »

Le Kimono Rouge (1959)

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Une strip-teaseuse est assassinée dans le quartier japonais de Los Angeles. Deux détectives, l'un américain, l'autre japonais, amis de longue date, qui se sont connus pendant la guerre, sont chargés de l'affaire. Mais, durant l'enquête, la rencontre d'une artiste-peintre va briser leur amitié, puis leur faire prendre conscience d'une autre conception de la vie.

Samuel Fuller avait déjà exploré la culture japonaise et notamment évoqué une romance mixte dans le formidable La Maison de bambou (1959), un des premiers films américain tournés au Japon. Quatre ans plus tard aborde à nouveau le sujet en plaçant cette fois le cadre de l’intrigue aux Etats-Unis, dans le Little Tokyo de Los Angeles. La trame policière autour du meurtre d’une strip-teaseuse (qui donne lieu à une ouverture saisissante avec cette femme en sous-vêtements courant apeurée en plein rue avec d’être froidement abattue) est un quasi prétexte pour aborder ces questionnements raciaux à travers l’enquête du duo de flic Charlie Bancroft (Glenn Corbett) et Joe Kojaku (James Shigeta). Quand on a le souvenir de l’évocation féroce du racisme dans un film contemporain comme Un homme est passé de John Sturges (1959), le début du film surprend par l’harmonie et l’acceptation de la culture japonaise dans cette ville de LA. Cela passe d’abord par l’amitié et la complicité entre Charlie et Joe, quelques dialogues et situations suffisant à saisir le lien profond qui les unit, né de leur expérience durant la Guerre de Corée. Fuller prolonge cela par sa description de ce Little Tokyo avec le filmage de lieux, de rites (le tournoi de kendo à la police), costumes traditionnels typiquement japonais qu’on avait alors rarement l’occasion de voir et où comme dans La Maison de bambou il montre son profond respect de cette culture. L’effort est significatif, Le Kimono Pourpre étant un des rares films de l’époque où loin du tout-anglais hollywoodien on peut avoir des scènes entières dialoguées en japonais, notamment les interrogatoires de Joe auprès des migrants. Le conflit interviendra paradoxalement au moment où cette mixité d’ensemble pourrait pleinement s’épanouir à travers une romance interraciale entre Joe et l’artiste peintre Chris (Victoria Shaw), témoin de l’affaire.

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Fuller nous aura préparés en amont à cet écueil par la caractérisation des personnages. L’amitié fusionnelle de Joe et Charlie, qui vivent ensemble, repose notamment sur une volonté de célibat indéfectible. Quand chez Charlie cela relève d’un aspect relativement machiste et rouleur de mécanique (qui se ressentira dans sa séduction balourde quand il s’amourachera de Chris), cela semble relever d’un mal plus profond chez Joe. Un dialogue évoquera une relation avortée avec une nippo-américaine dont seul l’origine constituait un point commun entre eux, et Joe semble s’impliquer dans son job de policier avec une conviction qui semble presque justifier pour lui une identité américaine dont il doute. Dès lors la scène de séduction avec Chris se montre d’une grande subtilité pour exprimer ces sentiments contradictoires. Samuel Fuller joue subtilement d’un effet de rapprochement/éloignement par l’image à travers la gestuelle, le positionnement dans l’espace mais aussi le contenu de la conversation des personnages pour révéler ce rapprochement amoureux. Le dialogue amène cette complicité et sensibilité artistique commune par la vulnérabilité attachante que révèle Joe (loin de la balourdise de son acolyte) et le charme de cette découverte par Chris qu’on sent tomber amoureuse de lui. Le réalisateur filme cette proximité naissante tout en nous frustrant de l’enlacement et baiser attendu, le lien se nouant paradoxalement lorsque Joe se lève du canapé pour jouer du piano. La composition de plan concrétise cette romance avec Joe au premier plan jouant tandis que l’on distingue une Chris admirative et aimante en arrière-plan.

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La multi culturalité s’ajoute à la séquence puisque Joe joue une ritournelle japonaise au piano, sur lequel trône néanmoins un buste de Beethoven. Pourtant au moment des aveux de sentiments supposés conclure ce magnifique moment, Joe a un mouvement de recul qu’on attribue à une culpabilité envers Charlie, mais le mal est plus profond. Toute la question de racisme jusque-là totalement évitée refait surface, pas par l’entremise du monde extérieur (qu’il soit japonais ou américain) mais par le seul doute de Joe pas encore accompli dans son assimilation et qui interprète la supposée intolérance des autres, malgré la bienveillance de son entourage. La trame policière est donc un catalyseur qui se greffe parfois grossièrement à l’ensemble, notamment le final où une coïncidence et un dialogue trop explicatif du coupable permet de résoudre l’affaire. De même on sent pour Fuller l’obligation de greffer un peu artificiellement des scènes d’actions (la double confrontation avec un colosse coréen) ou des figures pittoresques ((la peintre excentrique jouée par Anna Lee qui rappelle en moins intéressant la Thelma Ritter du Port de la drogue (1953)) quand l’intérêt est clairement ailleurs, dans cette romance contrariée et l’atmosphère si particulière du film. Néanmoins les prestations subtiles (le couple Victoria Shaw/James Shigeta aussi charismatique qu’attachant) et l’absence de manichéisme (le final loin des conventions où l’amour ne résoudra pas tout) font de ce Kimono Pourpre un spectacle remarquable et captivant. 5/6

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Jack Carter
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Jack Carter »

Pas moins de trois livres sortiront ces prochaines semaines ou mois consacrés au realisateur Samuel Fuller

-Un livre de Holden (Franck Lafond) aux editions Rouge Profond
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le 7 decembre

-Un Livre de Jean Narboni, aux editions Capricci
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le 2 decembre

-Un Livre de Jean-François Rauger et Jacques Deniel, intitulé Samuel Fuller : le choc et la caresse, aux editions Yellow Now, qui coincidera avec la retro de la Cinematheque française.
le 17 janvier
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Rick Blaine »

Intéressant tout ça ! :D
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Jeremy Fox
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par bruce randylan »

Pour ceux qui voudraient profiter de la rétrospective qui a commencé mercredi à la Cinémathèque, Samantha Fuller qui était présente à l'ouverture a dit qu'elle présenterait tous les films :o
Un copain était présent à Park Row : 20 minutes d'anecdotes !
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par bruce randylan »

Les voleurs de la nuit (1984)

Un violoncelliste au chômage fait la rencontre d'une jeune femme turbulente et impulsive qui ne supporte plus le mépris des conseillers pôle-emploi. Tombant bientôt amoureux, tous deux désirent prendre revanche sur ceux qui les ont humiliés.

Désormais totalement invisible (le seul long-métrage de Fuller inédit en DVD-blu-ray et jamais programmé à la télé il me semble), ce film français souffle le chaud et le froid de scènes en scènes, parfois en même temps.
Voir le cinéaste contraint de s'exiler dans un pays étranger pour tourner après le polémique Dresser pour tuer n'était pas sans faire naître plusieurs craintes mais la première séquence rassure : le cinéaste a toujours du style, un sens visuel percutant et des personnages écrits avec un désir de nuances. On y suit un homme, de dos, se faufiler dans une salle de spectacle pour se terrer dans les recoins sombres. Avec sa photo aux couleurs rouges saturées, on s'attend à une scène de casse plein d'éclat et on découvre en réalité un mélomane venu écouter en cachette un concert classique, s'imaginant jouer au milieu des musiciens. Il sera rapidement jeté dehors sous le regard compatissant d'un policier, habitué aux frasques de ce dernier.
Fuller fait d'ailleurs preuve de beaucoup de tendresses et de chaleur pour ce couple de marginaux et pour plusieurs de leur connaissances, au point parfois d'être trop fabriqué. Si Andréas Voutsinas est excellent en père de remplacement, compréhensif même face aux erreurs de jeunesse de ses protégés (qu'il a commis lui-même), la fille d'un des conseiller pôle emploi n'est jamais crédible même si on voit où Fuller veut en venir : une sorte de solidarité générationnelle instantanée face à une horde de cyniques libidineux et suintant la haine par tous les pores.
Ces "ennemis" sont tellement poussés dans la satire que ça devient une auto parodie grotesque un peu comme le roman du cinéaste La grande mêlée où l'humour décalé passait assez mal. C'est encore le cas ici avec notamment Claude Chabrol dans un rôle de voyeur obsédé, grimaçant et ridicule.

On a parfois l'impression que Fuller profite du tournage en France pour appeler ses copains. D'où un festival de caméo : Chabrol donc, mais aussi Victor Lanoux (très bon) Stéphane Audran, Micheline Presle, Marthe Villalonga, Humbert Balsan ou encore Fuller lui-même, son épouse et sa fille. Celle-ci confirmait que le mot d'ordre du cinéaste était "Let's have some fun".
Ca explique une narration assez relâchée, avec pas mal de facilitée et qui ne progresse réellement que tardivement et encore de manière presque laconique par moment. Genre une blessure par balle qui n'a pour ainsi dire aucune conséquence.
Il se rattrape dans le dénouement qui trouve une joli résonance ironico-tragique, mais qui témoigne des limites de son duo de comédiens principal : Véronique Jannot et Bobby Di Cicco qui manquent un peu d'alchimie, sans doute handicapée par la barrière de la langue.

Certains spectateurs ont l'air d'avoir ricané pas mal, estimant même être devant un nanar. Avis un peu expéditif qui fait l'impasse sur plusieurs qualités du film, bien que profondément bancal. Et on retrouve quoiqu'il en soit le style de Fuller à de nombreuses reprises : les contre-plongées avec de courtes focales, de nombreux très gros plans, une manière de suivre ses personnages, quelques plans arrachés à la rue...
Bref, le genre de petit film mineur pour qui j'ai de l'affection, sans non plus vouloir le défendre bec et ongle.
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par Jeremy Fox »

bruce randylan a écrit :Les voleurs de la nuit (1984)



Certains spectateurs ont l'air d'avoir ricané pas mal, estimant même être devant un nanar.
Il fut déjà considéré comme tel à sa sortie par la majorité des critiques.
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Message par mannhunter »

bruce randylan a écrit :Les voleurs de la nuit (1984)

Un violoncelliste au chômage fait la rencontre d'une jeune femme turbulente et impulsive qui ne supporte plus le mépris des conseillers pôle-emploi. Tombant bientôt amoureux, tous deux désirent prendre revanche sur ceux qui les ont humiliés.

Désormais totalement invisible (le seul long-métrage de Fuller inédit en DVD-blu-ray et jamais programmé à la télé il me semble), ce film français souffle le chaud et le froid de scènes en scènes, parfois en même temps.
Je serais très curieux de le revoir, j'en garde le souvenir d'un film très bancal en effet mais malgré tout avec quelques restes de la patte Fuller...comme l'autre film décrié qui suivra, "sans espoir de retour".

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Jeremy Fox a écrit :
bruce randylan a écrit :Les voleurs de la nuit (1984)



Certains spectateurs ont l'air d'avoir ricané pas mal, estimant même être devant un nanar.
Il fut déjà considéré comme tel à sa sortie par la majorité des critiques.
Je me souviens notamment d'un papier nuancé (indulgent?) de Noël Simsolo dans la défunte et excellente "revue du cinéma"..
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Re: Samuel Fuller (1912-1997)

Message par bruce randylan »

Jeremy Fox a écrit :
bruce randylan a écrit :Les voleurs de la nuit (1984)
Certains spectateurs ont l'air d'avoir ricané pas mal, estimant même être devant un nanar.
Il fut déjà considéré comme tel à sa sortie par la majorité des critiques.
Je n'en doute pas !
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Message par Commissaire Juve »

bruce randylan a écrit :Les voleurs de la nuit (1984)

... qui ne supporte plus le mépris des conseillers pôle-emploi...
De l'ANPE ! Nuance !
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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