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Le Dictateur (Charles Chaplin - 1940)

Publié : 5 août 03, 00:19
par Johnny Doe
The Great Dictator

I'm sorry but I don't want to be an emperor. That's not my business. I don't want to rule or conquer anyone. I should like to help everyone if possible; Jew, Gentile, black men, white. We all want to help one another. Human beings are like that. We want to live by each others' happiness, not by each other's misery. We don't want to hate and despise one another. In this world there is room for everyone. And the good earth is rich and can provide for everyone. The way of life can be free and beautiful, but we have lost the way. Greed has poisoned men's souls; has barricaded the world with hate; has goose-stepped us into misery and bloodshed. We have developed speed, but we have shut ourselves in. Machinery that gives abundance has left us in want. Our knowledge as made us cynical; our cleverness, hard and unkind. We think too much and feel too little. More than machinery we need humanity. More than cleverness, we need kindness and gentleness. Without these qualities, life will be violent and all will be lost. The aeroplane and the radio have brought us closer together. The very nature of these things cries out for the goodness in man; cries out for universal brotherhood; for the unity of us all. Even now my voice is reaching millions throughout the world, millions of despairing men, women, and little children, victims of a system that makes men torture and imprison innocent people. To those who can hear me, I say "Do not despair." The misery that has come upon us is but the passing of greed, the bitterness of men who fear the way of human progress. The hate of men will pass, and dictators die, and the power they took from the people will return to the people. And so long as men die, liberty will never perish. Soldiers! Don't give yourselves to these brutes who despise you, enslave you; who regiment your lives, tell you what to do, what to think and what to feel! Who drill you, diet you, treat you like cattle and use you as cannon fodder. Don't give yourselves to these unnatural men---machine men with machine minds and machine hearts! You are not machines! You are men! With the love of humanity in your hearts! Don't hate! Only the unloved hate; the unloved and the unnatural. Soldiers! Don't fight for slavery! Fight for liberty! In the seventeenth chapter of St. Luke, it is written that the kingdom of God is within man, not one man nor a group of men, but in all men! In you! You, the people, have the power, the power to create machines, the power to create happiness! You, the people, have the power to make this life free and beautiful, to make this life a wonderful adventure. Then in the name of democracy, let us use that power. Let us all unite. Let us fight for a new world, a decent world that will give men a chance to work, that will give youth a future and old age a security. By the promise of these things, brutes have risen to power. But they lie! They do not fulfil that promise. They never will! Dictators free themselves but they enslave the people. Now let us fight to free the world! To do away with national barriers! To do away with greed, with hate and intolerance! Let us fight for a world of reason, a world where science and progress will lead to the happiness of us all. Soldiers, in the name of democracy, let us unite! Hannah, can you hear me? Wherever you are, look up! Look up, Hannah! The clouds are lifting! The sun is breaking through! We are coming out of the darkness into the light! We are coming into a new world; a kindlier world, where men will rise above their greed, their hate and their brutality. Look up, Hannah! The soul of man has been given wings and at last he is beginning to fly. He is flying into the rainbow! Into the light of hope! Look up, Hannah! Listen!

:cry:

Publié : 5 août 03, 05:43
par P'tit gars
johndoe_df a écrit :The Great Dictator

:cry:
Peut être le plus grand Chaplin !? En tout cas une vrai leçon d'humanisme, un message de paix, un hymne à la tolérance. Le discours final résonne encore dans toute les mêmoires, tant sa beauté nous ouvre les yeux sur le monde et montre tout l'art et la virtuosité de Chaplin. :wink:

Publié : 5 août 03, 13:39
par Cinetudes
Peut être le plus grand Chaplin !? En tout cas une vrai leçon d'humanisme, un message de paix, un hymne à la tolérance. Le discours final résonne encore dans toute les mêmoires, tant sa beauté nous ouvre les yeux sur le monde et montre tout l'art et la virtuosité de Chaplin.
Encore une fois je ne peux qu'être d'accord et vous redonner mon avis plus détaillé:

The Great Dictator (1940) est donc le premier film parlant officiel de Chaplin et le moins que l'on puisse dire c'est que, si à nouveau les plus belles séquences du film sont muettes, il a réussi de fort belle façon son passage au film dialogué. On y suit l'histoire parallèle de deux personnages principaux, Adenoid Hynkel (Charlie Chaplin) et A Jewish Barber (Charlie Chaplin) dont les destins croisés vont alimenter le film. Hynkel est le dictateur tyrannique et irrascible de Tomania, pastiche d'Hitler, et va se retrouver en compétition avec Napaloni (Jack Oakie) l'également pathétique dictateur de Bacteria, afin de savoir qui envahira en premier le pays voisin, Osterlich. De son coté le barbier juif, amnésique suite à des blessures contractées lors de la première guerre mondiale, sort finalement de l'hopital des années plus tard, persuadé d'avoir quitté son salon depuis quelques semaines seulement. Hors Hynkel a enfermé toute la communauté juive de Tomania dans un ghetto et leur a également retiré une grosse partie de leurs droits. Le barbier osera relever la tête et resister à sa façon, ce qui lui vaudra l'admiration de Hannah (Paulette Godard).

Pour ne serait-ce qu'oser prévoir la mise en chantier d'une comédie attaquant aussi directement et brillamment le personnage le plus dangereux que notre planète ait connue, il fallait au moins s'appeler Charlie Chaplin et être mondialement adulé et respecté. Il rencontra beaucoup d'opposition envers son projet mais tint bon et passa plus de 500 jours à peaufiner son bébé qui lui tenait tant à coeur. Hitler lui avait non seulement volé sa célèbre moustache (et allait tristement la rendre encore plus célèbre !!) mais en le considérant comme un Juif (alors qu'il n'en était pas un), lui avait également ouvertement signifié son mépris. Notre courageux artiste décida donc de se venger. Il le ridiculisa de la façon la plus marquante qui soit grâce à cette imparable comédie, se plaçant à la distance exacte de la réalité pour être efficace au niveau comique, mais en prenant soin de garder les nombreux coups de canons qu'il délivre bien braqués sur sa cible.

Aucune autre charge n'aurait su être aussi juste, efficace et surtout n'aurait pu avoir autant de poids que la sienne.

Le film fut vu et discuté partout à travers le monde, alors même que tous les gouvernements prenaient bien soin d'éviter d'offenser le terrifiant dictateur. A ce titre, nous pouvons véritablement parler de match au sommet entre deux adversaires à la renommée internationale, au charisme intense et aux armes redoutables. Chaplin ne gagna malheureusement pas la bataille dans la divulgation de la réalité du régime Nazi et de son dirigeant, son film arrivant malheureusement trop tard pour pouvoir éveiller véritablement les consciences face à ce danger. Nénamoins, les deux hommes sont maintenant indissociables car si Hitler est bien amèrement resté le plus célèbre, son unique et génial pastiche qui ne manque jamais d'être cité l'est presque tout autant et c'est tant mieux.

La ressemblance physique entre Chaplin et Hitler est déja étonnante, mais en extraordinaire imitateur à l'univers personnel qu'il était, il copia à la perfection sa gestuelle, ses grimaces, ses mimiques, allant même jusqu'à inventer un language proche des sons gutturaux allemands de façon à sonner également comme lui. Il compose ainsi ses scènes de discours comme des scènes muettes car son language y est incrompréhensible littéralement et c'est grace à sa science du burlesque et à son sens de l'universalité que n'importe qui est plus ou moins à même de comprendre ce qu'il dit. Cela souligne également le fait que les discours d'Hitler étaient souvent qusi incompréhensibles tant ils étaient véhéments et passionnés, et que c'est plus avec sa gestuelle et son attitude qu'il arrivait autant à captiver les foules.

Le plus important n'était pas le discours qu'il tenait mais sa mise en scène, son contrôle total des réactions du public. Le fait d'être le seul à avoir la parole et à être écouté est plus important que le contenu réel du discours.

Ce sont à nouveau les situations burlesques, si étudiées et travaillées que leur puissance comique n'est en rien entamée par la force de la critique et de la charge, qui permettent à Chaplin de réussir un film à deux niveaux (comme Modern Times) aussi efficaces l'un que l'autre. En face de lui, il eut l'excellente idée de confier le rôle de Napaloni à Jack Oakie qui compose un Mussolini époustouflant, plus vrai que nature et de façon aussi efficace que Chaplin, a qui il vole presque la vedette grâce à la stupidité énergique et débonnaire de son personnage. Son travail sur l'Anglais parlé à l'italienne est exceptionnel. En face, le barbier juif n'est plus vraiment Charlot mais s'en rapproche tout de même par bien des aspects. Son personnage tragi-comique offre un contrepoint idéal à celui de Hynkel.

Le film est à nouveau construit comme une succession de scènes dont chacune est chargée d'exposer un certain type d'attitude. Ainsi la poésie est à nouveau au rendez-vous et vient aérer le film de temps à autre grace à de magnifiques scènes en apesanteur (Hynkel et son globe, la séance de rasage) et simultanément lourdes de sens. Chaplin passa longtemps à peaufiner le montage de son film, n'hesitant pas à retourner les scènes qu'il ne jugeait pas bonnes (il finança lui-même l'entreprise), de façon à livrer cette oeuvre au timing impeccable et à la perfection insolente dans l'observation. Mais The Great Dictator prend une tournure plus sombre qu'à l'accoutumé par le biais de scènes tristes et violentes (l'exil des amis juifs du barbier, la fin du film) qui dénotent de ses habitudes.

Dans le même esprit, la toute fin du film est un moment d'une ambition et d'une perfection rares. Toute la progression de l'oeuvre tend vers ce climax qui à nouveau démontre l'ambition sans faille de Chaplin. Il adresse un discours didactique d'une cohérence intense, vantant la paix et l'amour entre les êtres humains. A l'époque ce texte qui pouvait paraître naïf, avait été taxé de pro-communisme alors que bien au contraire il n'en est rien. Chaplin nous montre comment même avec un message a priori positif on peut se laisser entrainer sur la pente du fanatisme et surtout, fait rare dans le cinéma, il prend progressivement et discrètement la place de son personnage pour s'adresser directement à son public.

Son discours prend alors une force sans équivalent et achève définitivement de placer Chaplin parmi les géants de cet art et les grands hommes de ce siècle, en ce sens qu'il dépasse largement le cadre du cinéma pour atteindre à la véritable universalité. Une oeuvre qui arrive donc par des moyens différents aux mêmes objectifs que Modern Times, ce qui bien évidemment devrait rendre son salutaire visionnage totalement obligatoire.

Stefan

Le dictateur (Charles Chaplin, 1940)

Publié : 1 déc. 03, 08:44
par Alex Blackwell
J'ai vu le Dictateur hier soir et je n'arrive pas à trouver la critique sur le site :x Qulequ'un peut-il me montrer le chemin? :oops: :oops:

Publié : 1 déc. 03, 09:36
par Margo
Salut

Le metteur en ligne (votre serviteur) ayant été un chouia débordé ce dernier mois, il manque pas mal de liens sur la page des index. Je m'en excuse auprès des lecteurs et des rédacteurs de ces critiques... :wink: Je m'occupe ce soir soir de tout cela, dans l'attente voici le lien du Dictateur de Chaplin :

http://www.dvdclassik.com/Critiques/dvd_dictat.htm

A pluch

Marg'

Publié : 1 déc. 03, 11:02
par Alex Blackwell
Merci :)

Les forumeurs connaissant l'effet des discours de Sigmund sur moi peuvent imaginer le temps qu'il me faudra pour me remettre des deux discours de Hinkel, le second craché par les hauts-parleurs dans le ghetto étant peut-être encore plus tordant.

Je note en particulier le refus de la contemplation chez Chaplin dont l'art a toujours été ailleurs: le barbier sur le toit avec Paulette Godard évoquant la beauté du ciel et le regard plein d'espoir que jette la même vers le ciel à la fin du film. Dans les deux cas, le ciel, on ne le voit pas.

Publié : 1 déc. 03, 12:03
par Majordome
Star Maker a écrit :Merci :)

Les forumeurs connaissant l'effet des discours de Sigmund sur moi peuvent imaginer le temps qu'il me faudra pour me remettre des deux discours de Hinkel, le second craché par les hauts-parleurs dans le ghetto étant peut-être encore plus tordant.

Je note en particulier le refus de la contemplation chez Chaplin dont l'art a toujours été ailleurs: le barbier sur le toit avec Paulette Godard évoquant la beauté du ciel et le regard plein d'espoir que jette la même vers le ciel à la fin du film. Dans les deux cas, le ciel, on ne le voit pas.
Oui, l'Humain reste toujours au premier plan pour lui...

Publié : 1 déc. 03, 15:11
par Joshua Baskin
Il est pas mal ce film...

Publié : 1 déc. 03, 23:48
par Majordome
Joshua Baskin a écrit :Il est pas mal ce film...
Laconique mais bien résumé :lol:

Publié : 1 déc. 03, 23:52
par John Anderton
Ce n'est pas mon Chaplin préféré, mais le film reste très fort, et quand on pense à ce qu'il représentait au moment de sa sortie, je reste béat devant le courage et la force de cette oeuvre de Chaplin... :wink:

Publié : 2 déc. 03, 10:03
par Hank Quinlan
John Anderton a écrit :Ce n'est pas mon Chaplin préféré, mais le film reste très fort, et quand on pense à ce qu'il représentait au moment de sa sortie, je reste béat devant le courage et la force de cette oeuvre de Chaplin... :wink:
Tout pareil : je préfère Mr Verdoux et Les Temps modernes, mais quelle audace ! En plus, il y a la scène qui me fait le plus rire dans tout le cinéma de Chaplin (celle où Hynkel dicte une lettre à sa secrétaire).

Publié : 2 déc. 03, 10:04
par Dave Garver
J'adore le dictateur, mais je trouve plus de force dans le to be or not to be de Lubitsch

Publié : 2 déc. 03, 10:06
par Fatalitas
Dave Garver a écrit :J'adore le dictateur, mais je trouve plus de force dans le to be or not to be de Lubitsch
Idem 8)

Publié : 2 déc. 03, 10:07
par Fatalitas
à noter que des Chaplin seront diffusés pour les fetes de fin d'année sur Arte avec notamment Le Dictateur et Les Feux de la rampe

Publié : 2 déc. 03, 10:07
par Dave Garver
fatalitas a écrit :
Dave Garver a écrit :J'adore le dictateur, mais je trouve plus de force dans le to be or not to be de Lubitsch
Idem 8)
tu m'étonnes 8)

à ce propos je renvoie à ton excellente critique :D

http://www.dvdclassik.com/Critiques/dvd_tobeornot.htm