Blow Up (Michelangelo Antonioni - 1966)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

christian
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Message par christian »

marcusbabel a écrit :Je n'y arrive pas. Je suis plutôt réceptif au travail d'Antonioni, mais Blow Up me laisse froid, je n'arrive pas en à saisir le propos. C'est beau, bien filmé, bien cadré et tout et tout, mais rien ne se passe en moi quand je le regarde.
+ 1
christian
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Message par christian »

blaisdell a écrit :la musique de Herbie Hancock, la photo.
ça j'adore par contre... ;-)
JamesCicero
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Message par JamesCicero »

Sergius Karamzin a écrit :Un homme qui vit dans l'artifice le plus complet. Il est photographe et croit donc dépeindre la réalité du monde. Mais il se balade en voiture avec chauffeur quand il ressort d'être allé photographier des mineurs de fond.
Il drague des filles, achète un bel objet inutile (une hélice n'a aucune utilité sauf sur un avion). Il transforme le vrai en faux. La réalité en art, mais ce n'est pas de l'art c'est une représentation surperficielle et branchée des choses vraies qui l'occupe.
Quand il est dans le jardin, il shoote SPOILER le crime. L'a-t-il vu ou non ? S'il l'a vu (dans son viseur) c'était photogénique et il n'a pas secouru la victime, préoccupé par sa photo, son esthétique. S'il ne l'a pas vu c'est qu'il était trop occupé à représenter la réalité qu'à la saisir, la comprendre, la vivre. Et en développant il rêve une réalité, une réalité bigger than life, une réalité photogénique, enfin quelque chose de troublant : un crime. Mais au lieu d'explorer la réalité, de se confronter au crime, il s'enfonce dans le mensonge de sa représentation, il creuse l'artifice. Et au final qu'y trouve-t-il : rien, il s'est juste perdu dans un songe, il a cru effleurer la réalité pour de bon, il n'a trouvé que plus d'artifice dans cette "posture" d'enquêteur.
Il y a un autre opus d'un autre cinéaste qui met en scène un photographe reporter et qui loin de vivre dans l'artifice pur essaie tout bonnement de dépeindre la réalité de son quotidien. Il y est aussi question d'un crime pas fantasmé du tout celui-là, aucunement ludique, bien REEL. Les deux films se ressemblent à plus d'un titre sans pour moi s'égaler le moins du monde. Je veux parler évidemment de Rear Window de sir Alfred Hitchcock, film pour moi un peu plus substantiel que celui de Michelangelo Antonioni, ce Michelange en miniature pour amateurs férus de pop-art.
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Le parallèle est bien vu, mais le crime ayant bien lieu chez Hitchcock, c'est très différent. A ce moment-là on peut aussi Body Double inspiré de Fenêtre sur cour, et Blow Out inspiré de Blow Up (le cinéaste inspiré par Hitchcock fait renaître le film d'Antonioni). La boucle est bouclée par notre ami barbu.

Personnellement je préfère le film d'Antonioni à tous les films cités, et l'incertitude du crime, avant tout fantasmé.
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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Les messages de Blaisdell et Sergius viennent de me convaincre que je devrais retenter...mais pas avant longtemps.
JamesCicero
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Message par JamesCicero »

Sergius Karamzin a écrit :Le parallèle est bien vu, mais le crime ayant bien lieu chez Hitchcock, c'est très différent. A ce moment-là on peut aussi Body Double inspiré de Fenêtre sur cour, et Blow Out inspiré de Blow Up (le cinéaste inspiré par Hitchcock fait renaître le film d'Antonioni). La boucle est bouclée par notre ami barbu.

Personnellement je préfère le film d'Antonioni à tous les films cités, et l'incertitude du crime, avant tout fantasmé.
C'est bien ce qui différencie l'art d'Alfred Hitchcock de celui d'Antonioni que cette acuité particulière à la réalité et à elle seule, sans échappées délibérées vers une quelconque irréalité, vers un autre monde.
Au commencement chez "le maître du suspens" il y a bien eu un crime, REEL, effectif. Un peu comme dans Totem et tabou, l'oeuvre si controversée du subtil et génial Sigmund Freud qui tente de donner une interprétation satisfaisante de l'état actuel de notre civilisation et de sa guerre de tous contre tous (peu fantasmée au demeurant chez le père de la psychanalyse) en en faisant une conséquence directe et inassumée du meurtre du père originel par "la horde sauvage" de ses fils. Il se pourrait bien qu'Antonioni, lui, à la différence de Freud et d'Hitchcock n'y croit pas du tout à cette fondation dans le meurtre originel de notre état civilisationnel paradisiaque. D'où évidemment dans ce film en particulier la constante bougeotte de son personnage principal qui fait tout pour éviter et ne pas VOIR ce que la caméra-scalpel de sir Alfred n'aura eu de cesse de révéler : Il y a bien eu meurtre dans la maison du père.
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Cicero, relis-toi, tu as fumé la moquette. Antonioni ne croit pas à ce meurtre originel ? Quand tu fondes une théorie fumeuse, tu crois jusqu'au bout que c'est la REALITE ? Tu prends tes rêves pour des REALITE(s). Consulte le subtil Sigmund Freud. :wink:
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Guybrush Threepwood
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Message par Guybrush Threepwood »

Philip Marlowe a écrit :Les messages de Blaisdell et Sergius viennent de me convaincre que je devrais retenter...mais pas avant longtemps.
+1

Ce film m'avait completement laissé de marbre quand je l'ai découvert. Pourtant j'adore les films qui traitent plus ou moins de ce thème (Blow Out, Fenêtre sur Cour, le Voyeur).
Rien ne s'est passé.

En même temps la 2ème vision de 2001 ou de vertigo m'avaient fait completement changer mon avis sur ces films, de la déception relative à l'éblouissement.
Donc je désespère pas pour celui-ci, en gardant en tête les analyses lues sur ce topic.
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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

JarJar a écrit : Pourtant j'adore les films qui traitent plus ou moins de ce thème (Blow Out, Fenêtre sur Cour, le Voyeur).
Oui mais ceux-là sont d'un tout autre niveau :mrgreen: :wink:
acidparadouze
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Message par acidparadouze »

Sergius Karamzin a écrit :Cicero, relis-toi, tu as fumé la moquette. Antonioni ne croit pas à ce meurtre originel ? Quand tu fondes une théorie fumeuse, tu crois jusqu'au bout que c'est la REALITE ? Tu prends tes rêves pour des REALITE(s). Consulte le subtil Sigmund Freud. :wink:
:lol:

En effet mr cicero semble divaguer un peu, Hitchcock étant autant cinéaste du réel que Fellini. Je ne vois pas cinéaste autant ludique et joueur qu'Hitchcock, peut-être un des lplus proches du rève qu'apprecie le sus nommé Freud.
moviemax
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Message par moviemax »

Blow up, un film majeur que j ai desesperement tente de faire aimer a mes amis mais qui ont deteste car trop lent, ou autres raisons de ce genre.
Antonioni etant loin d etre un bras casse, contrairement a mes camarades, j ai pense que cette lenteur etait voulue et je l ai acceptee.
Vos analyses de ce film sont passionantes a lire.
Personnelement j ai toujours interprete ce film comme le film ultime sur l art, l artiste, l acte de creation, le rapport entre l artiste et son oeuvre, entre l oeuvre d art et la realite.
Le moteur de ma reflection a ete le pkoi des scenes etranges comme celles des mimes, celle du peintre ami du heros et celle du concert des yarbirds.
Leur point commun : l art.
Toutes les scenes du film ont cet element en commun.
Finalement, l acte de creation est quelque chse de pulsionnel, proche de la pulsion sexuelle. Ce qui importe c est l acte de creer mais surtout ce qu on y voit.
Ainsi dans la tres drole scene du concert, un incident technique et une pulsion de violence du guitariste qui l amene a tout casser sont percus comme un acte fort, qui fait jubiler le public qui n etait pas tres chaud jusque la.
Il y a tjrs une perte de controle dans le fait de creer, une oeuvre d art appartient a tout le monde et possede le sens qu on veut lui donner, qu il soit unique ou federateur et touchant des millions de consciences.
Cette idee est exprimee de la maniere la plus brillante avec la scene finale : l important c est d y croire.
Le film lui meme correspond a cette definition de l art car il necessite une implication du spectateur, il ne livre pas ses clefs gratuitement.

Voyez, chacun a son interpretation et personne n a tort, il faut juste faire un effort intellectuel.
Merci Antonioni, j idolatre votre film.
moviemax
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Message par moviemax »

Pour ceux qui souhaiteraient le revoir ou le decouvrir, Blow up repasse sur arte mercredi 13 juillet a 01h10 du matin, preparez les k7 !
La mouche savante
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Message par La mouche savante »

Vu ce week-end.
Une précédente tentative de vision, il y a de nombreuses années, c'était soldé par un cuisant échec, puisque j'avais appuyé sur la touche arrêt de la TV rapidement.
Cette fois j'ai regarder jusqu'au bout, et j'ai bien aimé. :)
Il est beau.
Même si je ne lui ai rien trouvé de transcendentale.
Vous connaissez quelqu'un qui peut prétendre avoir eu la vie sauve, grâce à "Gorge profonde"?
Anorya
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Message par Anorya »

Vu à l'instant. Beau film même si je lui reproche des plans certes justifiés (surtout après ce que Sergius, David locke et moviemax ont très bien dit) mais qui auraient tendance à parfois prendre un peu trop de place, comme si Antonioni qui fait si bien de montrer la lente déchéance d'un héros dans une époque fuyant le réel en rajoutait parfois de trop. De nombreuses séquences magnifiques pour moi notamment l'agrandissement des photos et bien sûr la scène finale des mimes...
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Où notre photographe est tellement déconnecté qu'il arrive à entendre le bruit des raquettes et de la balle (et nous de même). Comme dit plus haut, il suffit d'y croire... :shock:
Bizarrement la V.F du dvd zone 2 a une espèce de souffle et on a beau monter le son, la musique de Hancock est limite inexistante. En bonus pourtant, on a l'intégralité de la B.O, dans un stéréo parfait là où la V.F fait peine à entendre. Bref merci Warner de se payer une fois de plus notre tronche.... :x
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Warner, quand c'est pas les commentaires audio non sous-titrés ou les boîtes en cartons, grrrrblm.... :? :cry:
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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Un film d'Antonioni posant la question des apparences et de leurs illusions. Le fait que le personnage principal soit un photographe de mode (excellent David Hemmings) participe à cette interrogation. Quoi de plus illusoire qu'une photo de mannequin telle que vue dans un magazine, où tout est propre et lisse ? Les scènes de shooting montrent à quel point il y a loin de la réalité à l'image, entre cette sorte d'accouplement avec un des mannequins allant jusqu'à un quasi orgasme, ou au contraire cette maltraitance et ce mépris affiché à l'encontre des filles posant collectivement. La prise de vue d'un assassinat ne serait donc en quelque sorte qu'un avatar de plus dans ce monde fait d'illusions, au point où le photographe à la fin ne sait plus ce qui est réel ou ce qui ne l'est pas, cela magnifiquement illustré par un match de tennis mimé par des jeunes gens. Le plan final cependant revient au spectateur qui lui aussi doit se poser la question de la réalité ou de l'illusion.
Le fait qu'Antonioni ait choisi le Swinging London renforce son propos, puisque c'est aussi l'époque où l'expérience collective de la drogue crée le délire dans un continuel mouvement psychédélique.
Les plans sont très soignés et la photo (c'est le moins) est superbe.
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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