Serguei Eisenstein (1898-1948)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par bruce randylan »

Ne pas oublier le sublime blu-ray Kino du Cuirassé potemkine :wink:

http://www.dvdbeaver.com/film/dvdcompar ... ship-p.htm
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Kevin95
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par Kevin95 »

-Kaonashi Yupa- a écrit :à part Le Cuirassé Potemkine qui est aussi chez MK2 (vu l'éditeur, j'ai envie de croire que la copie est différente et meilleure).
Oui et c'est la seule copie (française) qui respecte le "drapeau rouge" colorié.
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wontolla
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par wontolla »

Merci à tous pour les informations. :-)
-Kaonashi Yupa- a écrit : Très envie de voir le film de Greenaway. Avec lui au moins on est sûr d'être surpris (en bien ou moins bien), et j'adore la (courte) filmo d'Eisenstein.
L'acteur principal a une étonnante ressemblance avec Eisenstein.
NB: question surprise, il y a plusieurs (longs) plans de nudité frontale et une longue et torride scène de relation homosexuelle semi explicite.
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-Kaonashi-
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par -Kaonashi- »

bruce randylan a écrit :Ne pas oublier le sublime blu-ray Kino du Cuirassé potemkine :wink:

http://www.dvdbeaver.com/film/dvdcompar ... ship-p.htm
Mais pas de sous-titres français (cf. demande de wontolla), c'est pour ça que je n'avais pas pris en compte les éditions autres que françaises. :!:
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wontolla
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par wontolla »

-Kaonashi Yupa- a écrit :
bruce randylan a écrit :Ne pas oublier le sublime blu-ray Kino du Cuirassé potemkine :wink:

http://www.dvdbeaver.com/film/dvdcompar ... ship-p.htm
Mais pas de sous-titres français (cf. demande de wontolla), c'est pour ça que je n'avais pas pris en compte les éditions autres que françaises. :!:
Oui, merci Kaonashi Yupa et de fait j'avais laissé tomber cette édition BR !
bruce randylan
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par bruce randylan »

:oops:
(bon, celà dit, c'est des intertitres, c'est moins dur à suivre :P )
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Jeremy Fox
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par Jeremy Fox »

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Thaddeus
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par Thaddeus »

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La grève
Seul film effectivement réalisé d’une série de sept prévus, intitulée Vers la dictature, le premier ouvrage d’Eisenstein met d’emblée en pratique sa théorie des attractions (le royaume des gueux, le travail des indicateurs par la police, le pillage du dépôt d’alcool, l’attaque par les cosaques de la cité ouvrière) et lâche la bride à son sens de la métaphore, à son goût de la caricature : la psychologie est sacrifiée au profit du cliché idéologique, qu’il s’agisse des patrons obèses ou des mouchards du lumpenprolétariat. Déjà le sens naît moins de la fable que de la forme, qui s’épanouit en des associations visuelles visant à identifier la réaction du spectateur avec un pur effet réflexe, et en des images d’une frénésie juvénile, d’une violence crue, qui atteignent leur pic lors de la fameuse et sanglante boucherie finale. 4/6

Le cuirassé Potemkine
À 27 ans, le cinéaste produit un impact sans précédent, bouleverse le public dans des conditions similaires à l’exécution d’une partition musicale in vivo. Si le film demeure l’un des plus célèbres du septième art, c’est par la puissance d’enthousiasme de son écriture, la brutalité expressive de ses images, sa science métrique de la succession des plans, sa conception d’un récit qui refuse l’élaboration traditionnelle du personnage au profit d’un type social et politique. Chaque détail y est utilisé dans un but de densification dramatique et plastique à laquelle concourt une formidable dynamique visuelle, tandis que le souffle révolutionnaire animant cette chorégraphie d’éclats, de ruptures et de leitmotivs reste inséparable de l’intensité émotionnelle, du facteur humain. Ainsi s’ouvrent les temps modernes du cinéma. 5/6

Octobre
Dixième anniversaire de la révolution d’octobre ; l’État commande à Eisenstein une évocation commémorative et lui alloue d’énorme moyens. L’occasion pour lui d’expérimenter toujours plus avant son constructivisme esthétique, de pousser plus loin sa recherche d’un cinéma fonctionnant par mises en symétrie, montages parallèles, musicalité des plans. D’une main il jouxte la féroce satire des ennemis du bolchévisme à l’exaltation fervente du nouveau régime, de l’autre il analyse une réalité vivante et non figée, découvre les contradictions internes et les mécanismes moteurs de l’évènement et de l’Histoire. Malgré ses fulgurances rendant parfaitement compte des dix jours qui ébranlèrent le monde, le film n’excède jamais vraiment sa cérébralité théorique et intellectuelle, et souffre de grosses longueurs. 3/6

La ligne générale
Écrit comme un instrument de propagande à la faveur de la ligne générale adoptée par le Congrès du parti, cette ode à la collectivisation des terres et à la mécanisation des moyens de production permet à Eisenstein de poursuivre la construction de ses propres idéogrammes, gagnés ici par une énergie sexuelle, délirante, bouffonne et extatique à la fois. L’inertie bureaucratique est tournée en ridicule par les ardeurs de la coopérative, les moutons salivent hagards devant les gesticulations impuissantes des popes, tandis que les jets éjaculatoires de l’écrémeuse font jaillir des torrents de vie multipliant fleurs et poussins, cochonnets et veaux, en autant de louanges païennes à la fécondité et aux épousailles glorieuses de la ville et de la campagne, de l’industrie et du champ, de l’homme et de la machine. 4/6

Que viva Mexico !
Comme les troncs de colonnes jonchant le sol autour d’un temple ruiné font rêver à la splendeur altière de la futaie de marbre, les soixante mille mètres de négatif impressionnés par l’artiste portent en eux l’amer regret d’une œuvre qui n’a pu voir le jour. De cette majestueuse fresque avortée émanent pourtant un vivant brouillon, un torrent d’images magnifiques où la parole se traduit en acte, un poème païen et tellurique au paganisme fou qui fait de l’excès, du surcroit, du déferlement autant d’arguments esthétiques. La forme est inachevée, mais seule compte la puissance lyrique dégagée par ces plans de rites funèbres et de péons suppliciés, la ferveur de cette célébration de la culture et du peuple mexicains, du triomphe de la vie sur la mort, de l’union de la pierre et des visages, de dieu et des hommes. 5/6

Alexandre Nevski
À un moment où les purges staliniennes commençaient leur œuvre de mort, il devenait indispensable qu’Eisenstein fît un film susceptible de satisfaire le régime. Ce sera cette imposante épopée hagiographique, qui illustre la victoire du prince Nevski et du peuple russe contre les chevaliers teutoniques et constitue un avertissement clair face à la menace hitlérienne. L’auteur y conçoit découpage et musique en étroite collaboration, fait jouer à la partition de Prokofiev un rôle d’adjuvant rythmique très précis du dynamisme du montage sans que pour autant elle se borne à paraphraser l’image, organise des oppositions signifiantes entre le noir et le blanc, le désordre de la nature et l’ordre des armées allemandes, et perfectionne un principe formel "explosif" qui culmine dans l’énorme bataille finale sur le lac gelé. 4/6

Ivan le terrible
Le premier (et dernier) long-métrage en couleurs de l’artiste est une vaste fresque-opéra de la Russie impériale en gestation, une allégorie politique sur laquelle se penchent les figures de Marx et de Freud, une tragédie riche en trahisons et complots, qui donne lieu à nombre d’apartés dans les couloirs, de guets dans les galeries, de silhouettes frôlant les murs ou s’enfonçant dans les recoins. Chaque plan y est conçu comme un tableau, dans un constant souci de composition dynamique, et conjugue les prestiges picturaux de la peinture avec les vertus dramatiques du théâtre. Animé d’un souffle shakespearien, le diptyque dresse le portrait d’un tyran consumé par la mystique de la monarchie, le culte de la personnalité, les excès du pouvoir, pervertissant ainsi la portée idéologique à laquelle il était destiné. 4/6
Top 10 Année 1944


Mon top :

1. Que viva Mexico ! (1932)
2. Le cuirassé Potemkine (1925)
3. La ligne générale (1929)
4. Ivan le terrible (1945-1958)
5. Alexandre Nevski (1938)

Père fondateur du septième art, théoricien de la forme, de l’esthétique, du langage cinématographiques, artiste de la révolution soviétique et de la croyance en la vivacité infinie du peuple, Eisenstein a conquis et conserve une place centrale dans le cinéma universel.
Dernière modification par Thaddeus le 29 janv. 23, 15:25, modifié 2 fois.
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Watkinssien
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Re: Serguei Eisenstein (1898-1948)

Message par Watkinssien »

Thaddeus a écrit : Le cuirassé Potemkine
À 27 ans, le cinéaste produit un impact sans précédent, bouleverse le public dans des conditions similaires à l’exécution d’une partition musicale in vivo.
C'est étrange que tu écrives cela, je me souviens déjà avoir lu cette métaphore musicale quelque part, qui m'avait interpellé par sa justesse dans l'image trouvée.
Thaddeus a écrit :Ivan le terrible
Le premier (et dernier) long-métrage en couleurs de l’artiste
Pas tout à fait, il n'y a que la toute dernière partie du film (fragment de ce qu'il n'a pas eu le temps de tourner) qui soit en couleurs.

Sinon, toujours ravi de lire tes séries d'avis sur des réalisateurs aussi divers que variés. :)
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Mother, I miss you :(
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