Robert Siodmak (1900-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Cathy
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par Cathy »

Merci pour tes compte rendus qui donnent vraiment envie de découvrir les films notamment Someone to remember :) ! Voilà pour ne pas sembler laisser ce topic dans une indifférence générale :fiou: :wink: !
bruce randylan
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

héhé ! :)

Pour la peine je continue ( de toute façon, je ne me serais pas laisser abattre ) avec un bon cru

The whistle at Eaton Falls ( 1951 )

Bon, ce cycle Siodmak ne possède pas que des mauvaises surprises. Celui-ci par exemple je n'en attendais rien et c'était excellent. C'est un drame social étonnement riche et bien construit pour l'époque et qui ne joue que très peu des facilités et des conventions de l'époque.

On y suit les problèmes économiques d'une petite entreprise qui se trouve dans de graves problèmes de liquidités. Seule solution : moderniser l'équipement avec pour conséquence de devoir licencier la moitié des employés. Bien-sûr les syndicalistes refusent de négocier et c'est avec joie qu'ils apprennent que leurs représentant devient le directeur de l'entreprise. Mais le contexte fait vite oublier l'optimiste.

L'intelligence du film est de ne pas prendre parti pour un clan ou l'autre en évitant sciemment tout manichéisme sans nier la réalité : il y a des syndicalistes qui utilisent leur place pour viser le pouvoir, les concurrents sont près à tout, certains patrons ne visent pas que le profit à tous prix etc...
Le film est en fait presque construit comme un thriller avec sa course contre la montre, ses embuches, son héros seul contre tous, les coups du sort etc...
C'est d'autant plus prenant que le film adopte une démarche documentaire logique mais moins stylisé et artificiel que sur les quais par exemple. On sent en tout cas une influence néo-réaliste dès plus plaisante avec un désir d'une approche pédagogique pour expliquer les enjeux, les problématiques avec un excellent travail de synthèse des scénaristes.
Bien-sûr l'obligatoire happy-end final n'est pas très subtil mais il demeure cependant tout à fait crédible.

Bon casting de surcroit avec Lloyd Bridges, Ernest Borgnine ( c'est son 1er rôle au cinéma ), Murray Hamilton...

Pas loin d'être du tout bon. :)
Un film rare à redécouvrir et passionnant à replacer dans la carrière de Siodmak pour cet aspect film noir / thriller.
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bruce randylan
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

Mein schulfreund ( 1960 )

Le retour en Europe du réalisateur ( à partir de 1953 ) me laissait pour le moment dubitatif mais voilà une bonne surprise que je n'attendais pas du tout : c'est une comédie sur un sujet pourtant étonnant et qui laissait craindre le pire : durant la 2nde guerre mondiale, un fonctionnaire envoie une lettre à Goering ( son ami d'enfance ) pour lui demander d'arrêter la guerre.
Je craignais le mélo larmoyant et moralisateur et je me suis retrouvé dans une fable tragi-comique assez proche de l'esprit des comédies italienne.

Le postulat amène à un paradoxe bien ironique où ce naïf fonctionnaire pour avoir dit la vérité que personne ne veut entendre ( l'Allemagne va perdre la guerre donc autant se rendre le plus vite possible ) doit passer pour un fou s'il veut éviter la peine de mort. Il doit donc exagérer sa position et sa démarche ce qui lui fait perdre son travail tant adoré. A la fin de guerre, il est toujours considéré comme fou par l'administration et doit prouver que sa santé mentale est tout ce qu'il y a de plus normal.

Le film n'est pas tordant ni forcément drôle mais il possède un ton assez unique et rare qui fonctionne parfaitement dans sa logique absurde et presque kafkaienne. Les auteurs et Siodmak en font en fait une fable cruelle qui se révèle dans les dernières secondes. C'est étonnement grave et amer.
Celà dit, le film ne manquait pas de passage plus sombre et tragique. Ces moments donnent d'autant plus de relief aux pauvres mésaventures de ce postier joué avec beaucoup de candeur par Heinz Rühmann excellent dans ce rôle de marionnette ballonnée par l'histoire à la vérité toujours en train d'être récrire.

C'est par ailleurs bien réalisé avec des idées de mise en scènes, une photographie classe et un rythme maitrisé. Le film est par exemple toujours émouvant quand la caméra s"éloigne ( ou se rapproche ) pour isoler son acteur dans une solitude poignante et injuste. Il devient alors un anachronisme vivant, une sorte d'aberration mémorielle d'un passé honteux qui ne veut reconnaître ses erreurs ( médecin, militaire, police, nazi )

Un film original à redécouvrir. :D
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

Mister Flow / les amants traqués ( 1936 )

Vraiment pas mal celui-ci.
C'est une comédie policière assez truculente avec un casting en forme de trio gagnant : Fernand Gravey en avocat fauché manipulé, Edwige Feuillère en femme fatale de charme et Louis Jouvet en criminel recherché.
Tout ce beau monde tourne autour d'une histoire de cambriolage avec à la clé des manigances pour détourner les soupçons de la police vers un pauvre innocent naïf. Plan parfait s'il n'y avait l'amour qui venait mettre son grain de sel.
Ambiance décontractée, bons mots de Henri Jeanson ( pas trop non plus ), acteurs immédiatement attachants, scénario volontairement incompréhensible, auto-dérision ("et tout" :lol: ) et voilà un bien sympathique divertissement qui ne subit pas trop de baisse de régime et séduit pour son humeur légère.
On retrouve aussi beaucoup de thèmes du cinéaste : la manipulation, les faux semblants, l'identité, les femmes ambigües, un humour un peu décalé...
Alors bien-sûr, tout ça est en mode mineur ici et ça en fait un film au souvenir périssable mais le plaisir est là durant 100 minutes.

Donc pourquoi pas lui donner sa chance ?


Autour d'une enquête ( 1931 )

Un film très inégal capable d'excellentes séquences comme de moment plats et sans le moindre relief. Le majeur problème vient d'un scénario assez classique avec un meurtre, un coupable tout trouvé mais sûrement innocent et des poncifs bien usés et des personnages plus agaçants qu'émouvants. C'est en partie la faute à ses acteurs dont le jeu à atrocement mal vieilli. Impossible de les prendre en sympathie alors que le canevas entre eux aurait pu donner lieu à une histoire forte. Seul Jean Périer qui joue le juge s'avère être crédible dans son rôle.
Ensuite comme je disais, la mise en scène est dans l'ensemble terne, molle et classique. Elle se réveille curieusement à plusieurs reprises pour des idées incroyablement modernes et efficaces qui savent manier aussi bien la longueur des plans, la photographie, les mouvements de caméra et le son. Le mouvement de grue sur la découverte du cadavre et les aller-retour qu'effectue le procureur pour stresser son suspect sont véritablement de beaux moments de cinéma qui subjuguent et font aussi regretter que le films soit si avare en de telles idées.

Il faut en tout cas noter la prédominance des séquences clés autour des escaliers dans la filmographie de Siodmak : The suspect, Autour d'une enquête, mein schulfreund, someone to remember, the spiral staircase. Il faudra que je fasse une analyse approfondie plus tard ;)

Pour finir sur ce film, il faut tout de même préciser que la fin est plutôt bien amenée et qu'une partie des défauts est peut-être à imputer à la version française. En effet, comme beaucoup de film du début des années 30, ce film a été tourné dans 2 langues : Allemande et française.
Il est tout à fait probable que la version allemande d'origine possède un meilleur casting et que sa réalisation soit moins plan-plan : celle française possède 2 minutes en moins et Henri Chomette chargé de l'adaptation est crédité comme co-réalisateur.
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

The night before the divorce ( 1942 )

Comme la plupart des films de sa début de période américaine, voilà un titre qui vaut mieux que sa réputation sachant une nouvelle fois qu'il n'a pas grand chose qui laisse percevoir la personnalité ou la présence de Siodmak.

Nous avons donc ainsi à faire à une comédie romantique des plus sympathique qui s'avère même par moment réjouissante. L'histoire un simple ( une épouse indépendante et talentueuses tente de reconquérir son mari qui préfère une femme ayant moins de caractère ) mais cet l'argument permet aussi des scènes décalées, des dialogues savoureux et un très bon timing servi par des comédiens qui jouent dans l'auto-parodie pour notre plus grand plaisir pour quelques mimiques bien utilisées

Plusieurs séquences font donc rire à plus d'une reprise : l'introduction avec le cambrioleur ( et le petit-déjeuner qui suit ), la tête du cerf que se dispute le couple, la tête que fait le mari quand il apprend son divorce, la compétition entre les 2 femmes dans le bateau, les séquences au tribunal etc...
Sans être du Lubitsch, du Cukor ni même de la grande comédie, il faut reconnaitre que ça marche pleinement avec un histoire menée sans temps mort ( ça dure à peine plus d'une heure ) et on ressort avec la pêche et le sourire.

Et puis Lynn Bari est vraiment mignonne :oops:


L'homme qui cherche son assassin ( Der Mann, der seinen Mörder sucht - 1931 )

Une très amusante adaptation des tribulations d'un chinois en chine où un homme qui n'a pas le courage de se suicider demande à un cambrioleur de le tuer à sa place. Pas de chance pour lui, il tombe amoureux et retrouve ainsi gout à la vie.

On sent ici la pâte de Billy Wilder au scénariste à un sens de l'humour à la logique un peu absurde et sophistiquée. La rencontre entre "le héros" et le cambrioleur au début est assez délirant où ce dernier appelle son syndicat pour connaître les modalités à suivre dans ce genre de cas. :lol:
C'est la scène la plus drôle du film, le reste étant un peu plus classique mais parfaitement huilée et menée pour un divertissement honnêtement mis en scène par Siodmak qui fait preuve d'une bonne maitrise de l'espace et de la profondeur de champ avec une longue séquence irrésistible où le 2ème assassin n'arrive pas à viser sa cible depuis un toit voisin. On sent d'ailleurs encore l'influence ( légère ) de l'expressionnisme dans la conception des décors.

Une bonne surprise à l'humour noire réjouissant qui préfigure le futur univers (plus) sombre de Siodmak. La narration rondement menée n'est par contre contre peut-être pas celle initiale car le film a été remonté dans de version de 56 minutes au lieu des 96 d'origine ( qui semble disparue ). On ne sent pas les coupes hormis durant la scène du bal très brouillonne où l'infortuné dépressif rencontre la jeune fille qui réveillera son cœur.
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

The strange affair of uncle Harry ( 1945 )

Mouais bof, assez déçu pour celui-là.

Je lui trouve d'abord trop de similitude avec The Supect pour paraître original sans en avoir en plus la sophistication. La mise en scène et le rythme m'ont parut assez plat, terne et convenu.

Il faut tout de même près d'une heure avant que le film commence vraiment... ca fait un peu long comme exposition. Ce n'est pas exécrable mais il ne se passe pas grand chose et comme les personnages demeurent stéréotypés, l'argument psychologique ne tient pas. Toutefois, Siodmak fait preuve d'un romantisme et d'un tact inhabituel chez lui et même Sanders ne joue pas la carte du cynique blasé.
Bref, le film commence au bout d'une heure, mais ça devient excellent quand George Sanders décide d'assassiner sa soeur envahissante pour ne pas dire incestueuse. La réalisation de Siodmak offre alors enfin des enjeux dramatiques dignes de ce nom doublé d'un sens de l'humour noire et d'un bon dosage dans sa progression dramatique en forme de réflexion sur la culpabilité.
On se croirait presque un moment chez Fritz Lang tant le scénario déploie sa cruauté comme une araignée prépare sa toile durant la nuit.

Pas de bol, la morale, la censure et la volonté de plaire au public ont imposé une fin d'une stupidité indigne de la qualité du film à ce moment là. C'est grossier, sans aucune finesse et d'une niaiserie inimaginable. La conclusion fut tourné avec 5 fins possibles et c'est vraiment regrettable que celle-ci fut conservée. Je me demande si les autres existent encore. Ca ferait un sacré bonus à un futur DVD.

Il m'avait fallut un peu de temps à apprécier le film mais il n'aura suffit que de 3 minutes pour le rejeter en bloque.
Je préfère largement des petits films comme Fly by the night à ce genre de classique plus "prestigieux"
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par M le maudit »

Vous avez piqué ma curiosité les amis. Je me suis loué The Killers et The Spiral Staircase. 8)

Je vous en donne mon avis dès que j'ai visionné le tout. (Ok, post un peu inutile, je l'avoue.)
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par M le maudit »

Visionné The Killers.

Comme je l'avais lu, il s'agit bien d'une sorte d'épitome du film noir. Tous les ingrédients y sont, avec certains acteurs phares comme Burt Lancaster et Edmond O'Brien. J'ai ADORÉ la première scène, calquée presque au mot sur la nouvelle d'Hemingway. La tension était incroyable. Chapeau aux deux tueurs qui donnent froid dans le dos. Le scénario est riche et donne le temps aux personnages de "prendre en chair". Je croyais d'abord être ennuyé par la construction en flashbacks mais étonnamment tout est resté fluide.

Mon seul reproche, très mince: une scène finale à la sauce très "studio". J'aurais préféré quelque chose de moins manichéen, à l'image du reste du film (après tout, on ne peut dire du "Swede" qu'il soit un bon garçon). Probablement, une fois de plus, une exigence du Code. Le film reste de toute façon très bien mené; étant un peu plus long que le film noir habituel, il respire peut-être davantage sans jamais s'étaler pour rien. Chapeau à Siodmak!
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par M le maudit »

Pas particulièrement emballé par The Spiral Staircase. La mise en scène est bonne, mais l'ensemble est assez répétitif (combien de fois devrons-nous nous coltiner la mère mourante qui insulte sa garde-malade ou exhorte Helen de quitter la maison...). Je n'ai pas senti de tension ni de grande intrigue. En fait, le dénouement m'a paru assez prévisible. Belle direction photo et bonne mise en scène, mais à mon sens c'est vite oublié.
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

M le maudit a écrit :Pas particulièrement emballé par The Spiral Staircase. La mise en scène est bonne, mais l'ensemble est assez répétitif (combien de fois devrons-nous nous coltiner la mère mourante qui insulte sa garde-malade ou exhorte Helen de quitter la maison...). Je n'ai pas senti de tension ni de grande intrigue. En fait, le dénouement m'a paru assez prévisible. Belle direction photo et bonne mise en scène, mais à mon sens c'est vite oublié.
C'est donc moi qu'il fallait écouter :mrgreen:


Tunnel 28 ( Escape from East Berlin - 1962 )

Un excellent cru de la 2ème période allemande pour un suspens bien mené où une famille vivant à quelques mètres du Mur de Berlin tente de creuser un tunnel pour rejoindre la zone américaine.

En plus d'une mécanique bien huilée, le film trouve son efficacité dans le réalisme de son contexte.
Les personnages sont crédibles, la reconstitution est convaincante et la peinture de l'époque apparaît des plus plausibles : on sent une misère sociale, on sent un système politique étouffant, on sent l'ambiance paranoïaque etc...

Le scénario n'a pas forcément beaucoup besoin d'étoffer l'arrière plan pour faire rapidement monter la tension. L'introduction à ce titre est astucieuse présentant en quelque minutes la situation, les personnages, la géographie ainsi que les attentes, espoirs, dangers et difficultés soulevés dans le projet.
De plus les acteurs ont des rôles attachant ( à quelques facilités près ) et la photographie en noir et blanc possède une valeur ajoutée qui appuie la grisaille du quotidien.

Après dans la partie « creusage » de Tunnel, on a droit à peu près toutes les problèmes que les héros peuvent croiser ; effondrement, ronde policière, travaux, voisins suspicieux etc...
Mais Siodmak s'en sort avec une variété d'embuches qui renouvellent les situations, accentuent le rythme et maintient le sentiment de danger. C'est vraiment bien réalisé et sans tomber dans le thriller, on se prend à l'histoire du le début à la fin.

C'est une excellente relecture du film d'évasion avec un contexte prenant et original qui ne manque pas de suspens. La seule chose qui m'a dérange au début c'est que les personnages parlent anglais avec un accent allemand qui donne parfois l'impression d'une pos-synchronisation maladroite. Mais ça s'oublie vite et on profite du spectacle.
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

My heart belongs to daddy ( 1942 )

Le plus anecdotique des films réalisé en début de période américaine.
Même si l'histoire demeure « mignone » ça ne décolle jamais malgré un démarrage correct.
On y voit un chauffeur de taxi conduire une jeune femme sur le point d'accoucher à l'hôpital. Une tempête de neige les pousse dans la demeure d'un astro-physicien où la naissance se déroule, le taxi étant aussi ancien docteur et même prix Nobel de Physique.

Après cette introduction, l'humour retombe dans le banal, les bons sentiments faciles et les passages obligés de toute comédie romantique avec ses acteurs transparents, ses rebondissements prévisibles et les belles-familles contrariantes.
Heureusement que le personnage du chauffeur de taxi ( joué par Cecil Kellaway ) apporte un peu de fraicheur comme une séquence rigolote où il convint des professeurs des bienfaits "typiquement américain" des numéros de danses nues derrières une bulle géante. :lol:

Sinon, indolore, incolore et plus que rapidement oubliable.


Le corsaire rouge ( The crimson pirate -1952 )

Image

Une délirante et jubilatoire parenthèse burlesque dans sa carrière de Siodmak qui détourna le scénario sérieux pour en tirer cette comédie débridée bourrée d'anachronismes.
Il y a un plaisir à jouer et filmer qui devient tout de suite contagieux. Il faut quelques secondes pour rentrer dans cette récréation colorée ( le premier film en couleur du réalisateur ) et ludique. Burt Lancaster déploie son plus beau sourire et un panache de tous les instants. On pense immédiatement aux meilleurs Douglas Fairbanks et Errol Flynn.
Personne ne se prend au sérieux dans une ambiance Cartoon irrésistible qui offre de nombreux moments réjouissant ou entrainant : la fuite de Lancaster et son comparse qui tourne en bourrique l'armée dans la ville, la séquence de la barque retournée ou encore la bataille finale avec montgolfière, tank, lance-flamme et ses héros déguisés en filles.

Pour son dernier film américain, Siodmak se fait donc un grand plaisir qui tranche avec ses films noirs tragique. Il nous donne un grand film entrainant avec un sens de l'humour ( parfois flegmatique ) qui ne souffre d'aucune longueur ni fausse note. Un des meilleurs films d'aventures quoi ! :D
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par bruce randylan »

Custer of the west ( 1967 )

Image

Ultime réalisation (tardive) américaine de Siodmak aux USA, ce film est aussi le seul western de sa carrière.
Et bien, c'est une bien plaisante incursion dans le genre. Celà dit la qualité ne tient pas tant de la mise en scène que du scénario et de l'interprétation. En effet, la réalisation n'est pas spécialement inspirée mais sa facture visuelle est en revanche soignée avec un 70 mm qui en impose, de belles couleurs pour de jolis images mais qui manque de force et d'implication malgré tout. Le massacre final par exemple ne possède pas la dimension qu'il devrait avoir et Siodmak abuse un peu trop de l'effet immersif du 70 mm pour des séquences de caméras embarquées trop longue à chaque fois ( la charrette ; le train ; le torrent ). Au moins, on ne peut lui reprocher l'aspect spectaculaire.

Les points positifs résident donc dans un scénario bien construit et assez riche sur une figure controversée de l'histoire américaine : le général Custer dont beaucoup de contre-vérité ont existé et existent toujours. Il n'était pas le raciste qu'on a vu en lui durant des années. Au contraire, il a beaucoup critiqué la politique américaine dans son traitement des Indiens et des traités de paix qu'ils n'ont jamais suivis.
Le film aborde donc cet aspect mais aussi sa personnalité même, complexe et ambigüe : arrogant, fidèle, intransigeant, ambitieux, drogué à l'action, respectueux de l'honneur, intègre, autoritaire etc...
C'est écrit sans parti pris malgré des raccourcis ( sur les différentes tribus indiennes ) pas très dommageables à l'ensemble celà dit. C'est en tout cas construit avec intelligence pour un résultat que j'ai trouvé passionnant avec une dimension réaliste qui inscrit le film aussi dans son époque de tournage ( on devine des références à la guerre du Vietman, au capitalisme, aux scandales politiques etc... ).
Les acteurs sont en plus parfaitement à l'aise dans leurs rôles à commencer par le toujours impeccable Robert Shaw. Il compose un personnage difficilement saisissable semblant étranger à plus d'une fois aux sentiments humains les plus classique. L'apparition très émouvante de Robert Ryan dans une parenthèse qui aurait presque pu se retrouver sur la table de montage ( narrativement parlant ) est sans doute le pivot du film, celle qui traduit le mieux le décalage total entre Custer et ses contemporains. Son état d'esprit est en fait plus proche de la violence naturaliste des indiens que du progrès cynique américains.
La portée intimiste du personnage est aussi appuyée par une bien belle musique de Bernardo Segall.

Si ce n'est donc la mise en scène qui manque parfois d'ampleur et de lyrisme, on tient là une excellente biographie doublée d'un western assez moderne dans ses thèmes. Je n'ose imaginer si le projet eut été bien réalisé par Kurosawa comme celà était prévu à la base. :shock:

Le dvd existe aux USA dans deux éditions. La première chez Anchor Bay est aujourd'hui épuisé ( mais trouvable en occas' ) est uniquement en anglais non sous-titré. La seconde chez MGM est VOST-F mais l'image est au format 1.85 au lieu du Anchor Bay qui possède le 2.20 d'origine.
Par contre, les deux éditions sont letterbox

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Voilà, c'est la fin de mes compte-rendus de la cinémathèque ! Ouf ! :D
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par Federico »

Dans la série "une tonne de DVD en retard à visionner", je viens de me repasser Les tueurs (1946). Bon, je vais essayer de ne pas faire doublon avec tout ce qui a pu en être déjà dit ici mais forcément, je vais aussi émettre des banalités en commençant par approuver le fait qu'il est un des modèles du film noir... tout en avouant que je ne le mettrais pas tout en haut du genre.

Les points forts :

- Une photo au cordeau et ce, dès l'inoubliable séquence d'ouverture ;
- Un duo qu'on n'aimerait pas croiser dans une ruelle mal éclairée : William ("Cannon") Conrad et cette haute figure du polar que fut Charles McGraw. Quelque chose comme le clown blanc et l'auguste... with a gun ;

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- Edmond O'Brien qui m'amuse avec son côté Bogart-bis (en plus de leur ressemblance, les deux acteurs ont exactement le même sourire-rictus malin) et le flic Lubinsky interprété de façon très cool par Sam Levene ;
- et bien sûr Lancaster, trentenaire débutant, encore un peu maladroit (ça colle très bien à son personnage d'ex-boxeur fruste) mais qui en impose déjà, sans même avoir besoin d'exhiber son incomparable sourire Gibbs ;
- Deux séquences d'anthologie, au moins aussi remarquables que celle du meurtre du "Suede" : le fantastique plan-séquence du braquage de l'usine et la scène finale dans la boîte de nuit avec ce splendide enchevêtrement entre la musique de Miklós Rózsa et le jazz du piano-bar.

Les points sinon faibles, du moins plus faibles :

- Le scénario un peu alambiqué* et les ficelles un peu faciles amenant les multiples flash-backs (la plus flagrante étant celle de l'aveu de Blinky mourant et qui dans son délire narre comme par hasard pile-poil un événement vieux de six ans) ;

- Ava Gardner est splendide mais pas assez fatale à mon goût. Alors qu'elle avait un peu plus d'expérience à l'écran que son partenaire, je trouve qu'elle n'est pas à la hauteur du sex-appeal brut de Burt Lancaster. Il paraît que Siodmak la terrorisa durant le tournage et ça peut expliquer son jeu très retenu, comme si elle avait peur de mal faire. Paradoxalement, alors qu'elle est censée jouer le rôle classique de la gentille girl next door (la blonde sage en opposition à la brune brûlante), j'aime beaucoup le jeu simple mais plein de naturel et pas nunuche de Virginia Christine. Mais bon, question duo photogénique, Lancaster-Gardner, c'est quand même quelque chose.

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Voilà. Un grand film noir mais dont je préfère le remake par Don Siegel (que je vais me re-mater illico grâce au coffret Carlotta).

(*) Faut dire que, comme d'hab', il y a eu du monde dessus (dont John Huston et Richard Brooks) et qu'il fallait extrapoler de quoi remplir un long-métrage à partir d'une courte (et assez anodine) nouvelle d'Hemingway.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par tenia »

Ayant vu, avec le bipack Carlotta, les 2 versions à la suite, je tend tout de même à préférer l'efficacité du Siegel, même si cette version souffre tout de même d'une plastique TV Filmesque assez limitante.
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Re: Robert Siodmak (1900-1973)

Message par Julien Léonard »

Très intéressant tous ces avis sur Siodmak, ça m'aide à commencer ma connaissance du cinéaste.

Je viens d'acheter Double énigme et Les tueurs, ainsi que Les SS frappent la nuit. Et, comme il est difficile de le trouver avec des sous-titres français (le DVD uk et le DVD us n'en n'ont pas... excepté une vieille édition us épuisée depuis quelques temps), je viens de mettre la main sur une édition japonaise (donc zone 2) du Corsaire rouge (avec sous-titres français). Je l'ai vu étant enfant, il y a bien 16 ou 17 ans, c'est dire... Hâte de le recevoir !
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