Jean-Pierre Melville versus José Giovanni

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Melville ou Giovanni ?

Melville
15
88%
Giovanni
2
12%
 
Nombre total de votes : 17

Kurtz

Jean-Pierre Melville versus José Giovanni

Message par Kurtz »

deux grands auteurs du polar à la Française des années 60/70.
deux visions radicalement différentes du genre.
l'un a d'ailleurs travaillé pour l'autre lors du Deuxième souffle.
Tous deux ont colaboré avec les plus grands noms de cinéma français de cette époque.

José Giovanni
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L'un des plus grands scénaristes français de cette période. Son expérience personnelle du crime, de la prison, et même du couloir de la mort a fortement influencé son oeuvre. Rarement, au cinéma, le traitement de la psychologie des malfrats aura été plus juste. Sans diabolisation ni empathie. Simplement une profonde humanité.
On lui doit entre autres les scénarii du Trou (Becker), des Grandes Gueules (Enrico) ou du Deuxième souffle (Melville).
En tant que réalisateur (et souvent scénariste), il a signé Deux hommes dans la ville, La scoumoune ou Le ruffian.

Jean-Pierre Melville (dans le civil, Jean-Pierre Grumbach)
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Contrairement à Giovanni, c'est avant tout un cinéaste, ce qui je le sens d'avance va m'attirer des critiques du style "ouais, autant comparer Steven Seagal à Max Ophuls". Néanmoins, son genre de prédilection est également le polar. Son inspiration, il l'a beaucoup puisé dans le cinéma de genre américain. C'est un cinéaste de l'abstraction, les motivations de ses personnages demeurent souvent obscures. Il se dégage ainsi de ses films une atmosphère éthérée, glaciale.
Films les plus connus: L'armée des ombres, Un flic, Le cercle rouge, Le Samouraï, le Doulos, Léon Morin prêtre.


Quelle approche préférez-vous ?
Celle humaniste de Giovanni ou celle abstraite de Melville ?

En ce qui me concerne, même si je reconnais que Melville est un plus grand formaliste, je préfère nettement les histoires de Giovanni et leurs personnages justes et touchants.
Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Melville bien sûr !
Même s'il a un don Giovanni :roll: :arrow:
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
Solal
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Message par Solal »

Melville sans l'ombre d'une hésitation...
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I would prefer not to
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Jean-Pierre Melville est mon cinéaste français préféré après Becker, il ne sera pas étonnant que je lui accorde largement ma préférence dans cette opposition. J'aime son style épuré qui confine à l'abstraction et ses personnages qui ont valeur d'icônes. Certains y voient de la froideur, moi j'y vois de la noblesse et le refus de la psychologie facile.
Comme je le disais ailleurs, j'admire Giovanni pour ce qu'il a apporté au polar français : son expérience, sa connaissance du milieu, son empathie pour ses personnages et sa mélancolie.
En fait les deux personnages sont sombres. Mais là où Melville décrit des hommes coincés dans leur mode de vie voué à la disparition, et en opposition/retrait de la société qu'ils cotoient, Giovanni montre des hommes tentant de faire partie de cette société mais en vain. Chez Melville, l'univers décrit est un fantasme d'artiste lorgnant vers la pureté, tout en sachant que l'exercice est impossible. Chez Giovanni deux mondes cohabitent mais le lien n'arrive pas à s'effectuer.
Cependant, je ne considère pas Giovanni comme un cinéaste d'envergure même si je suis amateur de ses films. C'est du bon cinoche carré et efficace dans le meilleur des cas, de l'artisanat goûteux et profondément sympathique. Melville, c'est de l'art cinématographique tout simplement.
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O'Malley
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Message par O'Malley »

D'ac avec Roy.

Giovanni est un (très) bon faiseur faisant du cinéma de divertissement fort réussi alors que le cinéma de Melville est plus abouti, plus tourné vers l'oeuvre d'art, avec une identité plus affirmée.

J'aime bcp Deux hommes dans la ville pour l'un (le meilleur Giovanni) et j'ai un petit faible pour La scoumoune et Le Ruffian (très belle musique de Morricone :D ).

Pour Melville, incontestablement L'armée des ombres et surtout Le cercle rouge (son chef d'oeuvre?), un des deux ou trois plus grands polars français.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Melville of course mais Giovanni est un réalisateur très sympathique (malgré quelques ratages sombrant dans le ridicule comme l'insuportable et mièvre Comme un boomerang)

De lui j'aime moi aussi La scoumoune, Le ruffian, Le rapace, dernier domicile connu. Voilà
mifune
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Message par mifune »

Melville comme tout le monde donc...
Néanmoins j'admire Giovanni pour son script du très bon "le trou" qui est un des meilleurs films du genre "évasion". Et puis étant donné qu'il habite à Nice je discute avec lui de temps en temps quand il vient présenter ses livres. Il est toujours surpris que des jeunes regardent encore des films comme "le trou".
Cependant la mise en scène de Melville est bien plus maitrisée que celle de Giovanni qui n'a pas vraiment de style propre.
O'Malley
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Message par O'Malley »

mifune a écrit :Melville comme tout le monde donc...
Néanmoins j'admire Giovanni pour son script du très bon "le trou" qui est un des meilleurs films du genre "évasion". Et puis étant donné qu'il habite à Nice je discute avec lui de temps en temps quand il vient présenter ses livres. Il est toujours surpris que des jeunes regardent encore des films comme "le trou".
Cependant la mise en scène de Melville est bien plus maitrisée que celle de Giovanni qui n'a pas vraiment de style propre.
En effet, Giovanni a un univers propre mais pas de style clairement défini, contrairement à Melville reconnaissable à son univers et à son style...En fait, la comparaison ne s'impose finalement pas: ils ne boxent pas dans la même catégorie... :wink:
Claude Couillec
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Message par Claude Couillec »

Bonjour,

Si, comme il l'a été écrit, il ne boxe pas dans la mêlme catégorie, il semble aussi que pour la majorité, Giovanni ne soit pas pour autant négligeable. Cela nous change des forums binaires.

L'ensemble des contributions montreraient, selon moi, que le cinéma n'est pas tant une question d'histoire (de scénario) que, finalement et fondamentalement, une question de forme. Je fini presque par me dire que les plus grands sont des grands formalistes qui sont les plus grands, qu'ils ont donc principalement fait évoluer le cinéma sur ce plan. Je sais aussi que ce n'est pas si simple et que l'on trouvera des exemples qui contredisent avec justesse ce point de vue. Par ailleur ce point de vue comporte un aspect génant (même si c'est le mien): celui de ranger le cinéma parmi les arts nécessitant une initiation, un apprentissage pour discerner la forme etc ...
Néanmoins la facture formelle me semble très importante, si ce n'est prépondérante ?

Cordialement,
Claude.
Kurtz

Message par Kurtz »

Claude Couillec a écrit :Bonjour,

Si, comme il l'a été écrit, il ne boxe pas dans la mêlme catégorie, il semble aussi que pour la majorité, Giovanni ne soit pas pour autant négligeable. Cela nous change des forums binaires.

L'ensemble des contributions montreraient, selon moi, que le cinéma n'est pas tant une question d'histoire (de scénario) que, finalement et fondamentalement, une question de forme. Je fini presque par me dire que les plus grands sont des grands formalistes qui sont les plus grands, qu'ils ont donc principalement fait évoluer le cinéma sur ce plan. Je sais aussi que ce n'est pas si simple et que l'on trouvera des exemples qui contredisent avec justesse ce point de vue. Par ailleur ce point de vue comporte un aspect génant (même si c'est le mien): celui de ranger le cinéma parmi les arts nécessitant une initiation, un apprentissage pour discerner la forme etc ...
Néanmoins la facture formelle me semble très importante, si ce n'est prépondérante ?

Cordialement,
Claude.
Tu penses comme Star maker.
en ce qui me concerne, je ne suis pas d'accord.
je préfère un film comme Les grandes gueules, un film avec des personnages très attachants, une histoire superbe, bien que mis en scène de façon très classique à n'importe quel Melville dont les personnages et les scénariii sont souvent trop vides ou trop glacés pour que je me passionne pour eux.
Ce, même s'il y a mille fois plus d'originalité dans la mise en scène de Melville, j'en suis parfaitement conscient.
ce qui a d'ailleurs fait que la plupart des cinéphiles du forum ont voté pour lui.
Claude Couillec
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Message par Claude Couillec »

Bonjour,
Tu penses comme Star maker.
je ne sais pas qui est Star maker. Je ne connais personne de ce nom là.

Mais revenons à notre propos. Je souscri aussi au votre car, comme vous ne l'avez peut être pas noté, je pense que mon avis ne tiens pas dans certains cas. Et comme vous le soulignez justement, un scénario fort, des personnages justes, attachants peuvent tout emporter. Et on pourrait penser que c'est là l'essentiel. Et encore une fois celà ne fonctionne pas non plus chaque fois.
Une chose est certaine, pour moi, un dévepoppement du formalisme pour lui seul et c'est l'ennui.
Je peux donc parfois me passionner pour un film pour les mêmes raisons que vous. D'où mon point d'interrogation final.
Une précision complémentaire: pour moi toujours, la forme ne se résume pas à l'originalité ou à la seule mise en scène. Tous les éléments peuvent être l'objet d'un travail formel.

Cordialement,
Claude.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Les personnages de Melville et ses scénarios ne sont pas vides ! :shock:
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see the man
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Message par see the man »

MELVILLE!!!!!!!!!!!!!!!
Jordan White
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Message par Jordan White »

J'aime les deux, mais avec une préférence pour Melville. Quand on a signé un film comme le Samuraï, on a droit au minimum au respect et pour certains à l'admiration ( n'est-ce pas monsieur Woo ?).
Cependant j'ai toujours trouvé que ses films étaient très froids et qu'il était difficile de s'accrocher à ses personnages. Les lèvres pincées, une photo en noir et blanc, des cadrages travaillés me font penser à un perfectionnisme auquel on peut accrocher ou pas, au contraire du ton plus chaleureux de Giovanni, même si certains de ses films sont aussi marqués par le sceau de la tristesse et de l'inéluctabilité. Par exemple j'adore le Ruffian, qui pour moi un très bon film d'artisan des années 80, solide en tous points.
Mais sans doute Melville est plus brillant dans ses mises en scènes.
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John Anderton
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Message par John Anderton »

Melville, sans hésiter... c'est un cinéaste à part entière, tandis que Giovanni, impliquant plus ses idées et ses vues dans ses films, tombe plus facilement dans la critique politique ou sociale de façon plus ou moins heureuse... DEUX HOMMES DANS LA VILLE, par exemple, que j'ai revu récemment, est bien, mais le discours peut parfois sembler limite...
Bref, Melville est, avec Clouzot et Truffaut, dans le trio de tête de mes cinéastes préférés... :wink:
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