John Sturges (1910-1992)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Dave Garver
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John Sturges (1910-1992)

Message par Dave Garver »

J'inaugure un cycle hommage dédié aux réalisateurs de talent qui n'ont pourtant jamais été qualifiés de Géants du cinéma, mais plutôt comme d'habiles artisans du 7e art.

Sturges est surtout connu pour ses Gunfight at the OK corral, Great escape, Fort bravo et magnificent seven, des succès interplanétaires, d'excellentes séries B à la technique époustouflante. Sturges était classé comme un des Yes man du cinéma, un homme que les studios venaient trouver afin de lui proposer un script sur mesure, jamais il n'a poussé lui-même de film, c'est d'ailleurs un reproche que l'on peut lui faire.

Il a tourné avec les plus grands : Tracy, Monroe, McQueen, ... et a connu les dinosaures de l'âge d'or d'Hollywood (Cohn, Zanuck, ...), un univers qu'il a volontairement quitté fin des années 70 car il ne se reconnaissait plus dans les nouveaux patrons de studios, ces businessmen sans culture ciné, intéressés par les seuls chiffres du box-office...

Au final, l'homme est surtout connu pour ses succès au box office et moins pour des premières oeuvres qui mériteraient pourtant d'être redécouvertes.
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Jeremy Fox
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Re: Série hommage : aujourd'hui John Sturges

Message par Jeremy Fox »

Dave Garver a écrit :
Au final, l'homme est surtout connu pour ses succès au box office et moins pour des premières oeuvres qui mériteraient pourtant d'être redécouvertes.
Oh que oui, ces films des années 50 sont bien meilleurs que ce qu'il tournera après Les 7 mercenaires esthétiquement parlant. Deux exceptions : le toujours très bon Great escape et une espèce de suite à Règlements de compte à OK Corral possédant un ton tout particulier et un rythme lent bienvenu, le très beau 7 secondes en enfer. Sa fin de carrière est malheureusement assez déplorable, souvenons nous plutôt de ses westerns, polars et drames des années 50.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Règlements de comptes à OK Corral (Gunfight at the Ok Corral - 1957)
de John Sturges
PARAMOUNT


Avec Burt Lancaster, Kirk Douglas, Rhonda Fleming, Jo van Fleet, John Ireland, Lyle Bettger
Scénario : Leon Uris
Musique : Dimitri Tiomkin
Photographie : Charles Lang (Technicolor 1.85)
Un film produit par Hal B. Wallis pour la Paramount


Sortie USA : 29 Mai 1957


Il est de ces westerns qui marquèrent mon enfance et qui par le fait firent énormément pour la passion que j’éprouve depuis pour le genre. Ce fut tout d’abord, très jeune, le cas de Le Réfractaire (Billy the Kid) de David Miller avec un Robert Taylor tout de noir vêtu dont la fin tragique m’aura bouleversé (ainsi que la plupart des garçons de mon âge qui s’étaient aisément identifiés à cet assassin malgré lui, classieux en diable) ; puis La Dernière caravane (The Last Wagon) de Delmer Daves dont Richard Widmark attaché à sa roue de chariot fut probablement l’image la plus durablement marquante de toute mon iconographie westernienne ; ou encore Rio Bravo qui entérina définitivement mon amour pour le western américain en même temps qu’un deuxième film qui n’est autre justement que Règlement de comptes à OK Corral. Un western de prestige à gros budget qui, l’année de sa sortie, en 1957, devint le plus gros succès dans le genre avant d’être détrôné quelques années plus tard par Les Sept mercenaires (The Magnificent Seven) du même réalisateur. Son sérieux, son dramatisme exacerbé, sa minutie dans les détails, la richesse et les ambigüités des relations entre les personnages, firent que je pus me rendre compte avec plaisir (et soulagement vis à vis du regard des autres) que le western pouvait être aussi adulte et intelligent que n’importe quel autre genre, et n’avait donc aucune raison d’être traité avec condescendance comme étant uniquement un simple divertissement du samedi soir. Malheureusement, le cliché existe encore mais les connaisseurs savent qu’il n’en est rien. Tout ça pour dire que malgré les multiples visionnages, sans que ce ne soit lié à une quelconque nostalgie malgré le fait qu’il ait été un des principaux déclencheurs de ma passion pour le western, je considère toujours ce film de John Sturges comme un sommet du genre.

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Trois hommes débarquent à Fort Griffin pour venger la mort du frère de l’un d’entre eux tué par Doc Holliday (Kirk Douglas). Célèbre joueur de poker, fameux aussi pour son habileté dans maniement des armes, ce dernier est en ville auprès de sa compagne Kate Fisher (Jo Van Fleet) ; les relations entre eux deux sont très tendues. Wyatt Earp (Burt Lancaster), le shérif de Dodge City, arrive à son tour en ville pour appréhender Ike Clanton (Lyke Bettger) ; mais l’homme de loi de Fort Griffin, plus très motivé par son dangereux métier, préférant désormais frayer avec les bandits plutôt que de se retrouver une balle dans la peau, l’a laissé fuir. Wyatt tente alors d’en savoir plus auprès de Doc Holliday qui l’éconduit, ayant une dent contre son frère Morgan (DeForrest Kelley) qui l’a autrefois banni de Deadwood. Peu après, Doc tue en état de légitime défense Ed Bailey, l’homme venu pour se venger de lui. Les habitants, excédés par les troubles que Doc provoque en ville, l’accusent de meurtre et sont sur le point de le lyncher ; il est sauvé in-extremis par Wyatt qui, peu enclin à le secourir, l’aide néanmoins à s’échapper. Le célèbre shérif s’en retourne ensuite à Dodge City, bientôt rejoint par Doc à qui il avait pourtant demandé à ce qu’il ne pénètre jamais dans 'sa ville'. Arrive également la pulpeuse Laura Denbow (Rhonda Fleming), joueuse professionnelle dont Wyatt s’éprend après l’avoir emprisonnée. Alors que tous ses adjoints sont partis pour une chasse à l’homme, Wyatt se retrouve démuni lorsqu’une banque de la ville est dévalisée, son caissier assassiné : il décide de faire de Doc son adjoint le temps de rattraper les brigands ; ayant une dette envers lui, Holliday accepte pour ensuite ne plus rien lui devoir. De retour à Dodge City après avoir descendu les trois bandits, Doc apprend que Kate a quitté la ville en compagnie de Johnny Ringo (John Ireland), l’un des hommes de Clanton, ce dernier semblant mettre à mal la ville de Tombstone ; en effet, son frère Virgil (John Hudson) vient d’appeler Wyatt à la rescousse. Doc et Wyatt se rendent donc dans cette bourgade de l’Arizona où va se dérouler le fameux règlement de comptes à OK Corral opposant les clans Earp et Clanton…

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Alors justement que le western était à cette époque plus largement représenté au travers de la série B, Règlement de comptes à OK Corral, par son impressionnante réussite au box-office mondial, relança le western de prestige tandis que la psychologie assez poussée de ses personnages fit que les spectateurs pas nécessairement clients du genre purent aussi apprécier ce film, le bouche à oreille faisant s’amplifier les files d’attentes comme rarement, et notamment en France. Rien que pour cette raison, on peut lui être redevable d’avoir fait perdurer quelques années encore la prolifération des productions westerniennes de série A au sein des importantes compagnies. Il fut très longtemps de bon ton de critiquer les westerns de John Sturges à l’exception d’un film un peu à la marge, l’excellent Un Homme est passé (Bad Day at Black Rock) avec un Spencer Tracy inoubliable en manchot venant semer la zizanie dans une petite bourgade des USA au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ; en cherchant bien dans les ouvrages consacrés au genre, il n’y eut d’ailleurs en France que très peu de longues critiques ou analyses à leur propos et c’est bien dommage, tout du moins concernant le splendide corpus de ses cinq westerns des fifties qui s'étend de Fort Bravo au Dernier train de Gun Hill, Gunfight at the OK Corral se situant en son centre. On trouve néanmoins à l'époque de la sortie de ce dernier de belles dithyrambes à son propos et notamment une assez conséquente par Ado Kyrou dans le Positif N°28, qui se moque dans le même temps (avec raison) des journalistes ayant absolument voulu comparer le film de Sturges avec celui de John Ford, trouvant cette approche sans intérêt et avouant quant à lui adorer les deux westerns: "La haine de la tuerie et l'amitié sont les thèmes essentiels de cet extraordinaire film de John Sturges […] L’imagerie du western traditionnel s’est transformé en un brasier ardent […] Sturges passe avec une aisance déconcertante de la ballade derrière les pierres tombales (son leitmotiv), toute en demi-teintes, au réalisme des scènes intimistes entre Doc Holliday et sa maitresse et au lyrisme grandiose des scènes d'action. […] Le western prouve par de tels films qu'il est encore en pleine évolution [...] et qu'il est plus que jamais le cinéma que nous aimons."

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Avant : Frontier Marshall d’Allan Dwan, La Poursuite infernale (My Darling Clementine) de John Ford. Après : Sept secondes en enfer (Hour of the Gun) de John Sturges, Tombstone de George Pan Cosmatos, Wyatt Earp de Lawrence Kasdan : où l’on peut constater que le fait historique constitué par le fameux ‘Gunfight’ a été une grande source d’inspiration pour les réalisateurs de westerns ! Beaucoup d’éléments font même penser que l’iconoclaste et étonnant Forty Guns (Quarante tueurs) de Samuel Fuller (qui sortira quelques semaines après le film de Sturges) ait voulu aussi évoquer la bataille rangée entre les Earp et les Clanton. Wyatt Earp et Doc Holliday furent aussi les personnages principaux d’une dizaine d’autres films tels que le superbe Un Jeu risqué (Wichita) de Jacques Tourneur, l’iconoclaste Le Banni (The Outlaw) de Howard Hughes ou le Doc Holliday de Frank Perry, et firent des apparitions savoureuses (ou agaçantes selon les goûts) dans Les Cheyennes (Cheyenne Autumn) de John Ford. Autant dire que les amateurs devraient être en terrain connu avec l’histoire et les protagonistes de Règlement de comptes à OK Corral ; ceux au contraire que le genre aurait tendance à rebuter ont également de grandes chances d’apprécier ce western dramatique de prestige et de qualité. Après nous avoir promené au début de son film du Texas (Fort Griffin) au Kansas (Dodge City), John Sturges nous conte dans son western les quelques jours d’attente et de tensions qui ont précédé à Tombstone, Arizona le fameux règlement de comptes. Il en profite pour nous livrer une belle méditation sur la mort, la puissance de l’argent, la loi et l’amitié (entre deux hommes que tout oppose mais qui se respectent infiniment, Earp, le shérif incorruptible et Holliday, l’aristocrate déchu à la vie dissolue) sur un scénario d’une très grande richesse psychologique écrit par l’auteur d’Exodus (roman adapté en 1960 par Otto Preminger), Leon Uris.

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Oublions les versions qui ont suivi puisque nous ne sommes encore qu’en 1957, et ne tombons pas non plus dans le travers de la comparaison avec celle de John Ford car le style et le ton des deux films sont tellement différents que l’intérêt de les mettre en concurrence ne serait pas très probant d'autant qu'il n’est pas plus interdit de préférer la version ‘fordienne’, plus chaude et poétique, que la version ‘sturgienne’ plus tendue et mélodramatique ; en effet, à mon humble avis, les deux westerns peuvent se targuer de boxer dans la même catégorie, seules les affinités avec tel ou tel univers pouvant faire pencher la balance vers l’un ou l’autre. Et pourtant, contrairement au public qui lui fit une ovation, la critique (tout du moins française) n’a jamais été bien tendre envers la version de Sturges. Essayons donc de redorer son blason, estimant pour ma part qu’il s’agit d’un modèle du genre. Le réalisateur n’en était pas à sa première réussite dans le western ; il nous avait déjà offert en 1953 le formidable Fort Bravo (Escape from Fort Bravo) avec William Holden, film parfaitement rythmé, d’une redoutable efficacité, d'une fluidité étonnante dans l'écriture, d'une rigueur parfaite dans la narration et rempli de trouvailles scénaristiques originales. S’ensuivit en 1956 le très intéressant Coup de fouet en retour (Backlash) avec Richard Widmark, western de série trépidant et aux nombreuses péripéties, bien interprété et très correctement mis en scène, mais qui pêchait un peu par un scénario morcelé, une écriture parfois répétitive et téléphonée. Règlement de comptes à OK Corral bénéficie d’un budget bien plus conséquent que les précédents et du coup le casting apparait aujourd’hui comme très impressionnant ; on y trouve non seulement le duo Kirk Douglas/Burt Lancaster mais aussi non moins que la sculpturale rousse Rhonda Fleming (inoubliable dans Tennessee’s Partner d’Allan Dwan), John Ireland (l’assassin de Jesse James chez Samuel Fuller), Jo Van Fleet (la mère de James Dean dans Est of Eden de Kazan), Lyle Bettger (le dompteur dans Sous le plus grand chapiteau du monde de DeMille), DeForrest Kelley (le futur docteur de la première série Star Trek), Earl Holliman (le cuisinier de Planète interdite de Fred McWilcox), Olive Carey (Mrs Jorgensen dans La Prisonnière du désert de John Ford), Whit Bissell (le docteur de L’Etrange créature du lac noir de Jack Arnold) et encore, sans que nous n’ayons besoin de les présenter Ted De Corsia, Dennis Hopper (alors tout jeunot), John Hudson, Jack Elam, etc., des noms (ou tout du moins des visages) qui parleront très probablement aux habitués du cinéma hollywoodien.

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En 1956, le producteur Hal Wallis décide mettre en chantier un film narrant les relations entre deux légendes de l’Ouest, Wyatt Earp et Doc Holliday ; John Ford l’avait déjà fait voilà onze ans en arrière mais Wallis veut se servir pour le scénario de cette nouvelle version d’un article de George Scullin, ‘The Killer’. Il réussit à en obtenir les droits et a immédiatement dans l’idée de faire interpréter les deux hommes respectivement par Burt Lancaster et Humphrey Bogart. Ce sera finalement Kirk Douglas qui sera retenue pour le rôle de l’ex-dentiste devenu joueur professionnel, alcoolique, tuberculeux et fou de la gâchette ; lessivé par le tournage de La Vie passionnée de Van Gogh (Lust for Life) de Vincente Minnelli, il accepte immédiatement au vu de son sujet qu’il trouve plus ‘léger’ (sic !). Quant à Burt Lancaster, il est plus exigeant : il n’accepte qu’à condition qu’il puisse être également en tête d’affiche d’un film qu’il prend alors plus au sérieux Le Faiseur de pluie (The Rainmaker) de Joseph Antony avec pour partenaire Katharine Hepburn. Le western de John Sturges sera la deuxième rencontre entre les deux stars masculines (après qu'ils se soient déjà croisés sur le tournage de L’homme aux abois – I Walk Alone de Byron Haskin) et le début d’une très longue amitié. L’auteur Leon Uris décide de s’affranchir de toute vérité historique pour mieux pouvoir se recentrer principalement sur le portrait des deux hommes, ayant même dans l’idée au départ de suggérer de l’homosexualité dans leur relation. C’est d’ailleurs pour cette raison que Wallis décide de mettre son grain de sel dans le scénario en écrivant lui-même la romance entre Wyatt Earp et Laura Denbow afin que le public soit rassuré quant à la virilité de l’homme de loi. Il s’en charge donc avec en tête, pour le personnage féminin, Barbara Stanwyck. Durant le tournage, John Sturges eut fort à faire pour diriger les fortes têtes qu’étaient ses deux vedettes principales d’autant que Burt Lancaster ayant déjà réalisé son propre film, voulait sans arrêt se mêler de la mise en scène. Au final, tout se sera plutôt bien déroulé et la direction d’acteur du cinéaste aura fait des miracles notamment avec ce duo d’acteurs devenu mythique. Il en résulta deux nominations aux Oscars dont un pour le montage de Warren Low (qui aurait mérité la récompense suprême pour, entre autres, de merveilleux fondus-enchainés), des files d’attentes monstrueuses sur les trottoirs suite à un bouche à oreille délirant, et enfin un succès qui ne s’est jamais démenti. Ce western est devenu également un champion des rediffusions télévisuelles.

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Dès le générique (qui pourrait être un hommage à celui de High Noon - Le train sifflera trois fois), on est immédiatement happé par un film qui s’annonce comme plein de panache et de lyrisme (ce qui sera d’ailleurs confirmé par la suite). Sur une chanson de Ned Washington interprétée par le ‘troubadour’ Frankie Laine (et sa diction très particulière qui pourra en agacer plus d’un notamment lorsqu’il prononce son ‘OK Corral’), John Sturges, aidé en cela par la splendeur visuelle de l’alchimie Vistavision/Technicolor et d’un Charles Lang en pleine possession de ses moyens en tant que chef-opérateur, nous offre de somptueuses images de trois cavaliers chevauchant ventre à terre, prêts à en découdre, au sein d’extérieurs grandioses magnifiés par la caméra qui capte toute leur immensité. Le génie de Sturges quant au placement de ses personnages dans le cadre ainsi que la limpidité de ses mouvements de caméra s’expriment déjà pleinement et se poursuivront tout du long ; tous les plans de vastes paysages séparant chaque ‘acte’ seront tout aussi majestueux que ceux de cette première séquence. Si je parle d’acte, c’est que la construction du film est expressément assez théâtrale tout comme le ton excessivement dramatique, la chanson-titre venant faire la transition entre chaque partie, explicitant des faits pas nécessairement vus dans le courant de l’intrigue comme pouvaient le faire les choeurs antiques dans la tragédie grecque. La musique de Dimitri Tiomkin, qui annonce en mineur ses quelques chefs-d’œuvre à venir, pourrait donc presque être comptée comme un des personnages de l’intrigue, superbe réussite, pas si envahissante qu’on a bien voulu le dire : même si son importance est considérable, elle sait se faire discrète ou absente à de très nombreuses reprises et notamment aux cours des séquences les plus tendues comme le fameux Gunfight. Celui-ci fait fi de la réalité (l’authentique fusillade n’a duré qu’à peine 30 secondes contre plus de 5 minutes dans le film) pour pouvoir nous procurer (pour notre plus grand plaisir) un fulgurant morceau de bravoure au timing parfait, chorégraphié avec génie ; et pour cause, son tournage s’est déroulé sur non moins que quatre jours à raison de 12 heures par jour : une véritable leçon de cinéma concernant le montage, le rythme et la mise en scène. Hormis cette longue séquence, le film ne comportera finalement qu'assez peu d'action, mais quand elle se manifestera, ce sera, comme dans cet exemple, avec une redoutable efficacité.

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Nous ne reviendrons pas en détail sur la réalisation de John Sturges puisqu’on aura beau chercher, elle ne pourra être prise en défaut à aucun moment, le monteur faisant lui aussi des merveilles, toutes les séquences étant parfaitement découpées et l’ensemble paraissant ainsi d’une fluidité qui confine à l’évidence. Le décorateur et le costumier ne sont pas en reste, le film s’avérant en conséquence d’une très grande beauté plastique d’autant que Charles Lang avait pour consigne de faire retrouver à sa photographie les tons chauds des tableaux de Remington (ce qu'il a parfaitement réussi), les intérieurs (et plus particulièrement les saloons) ayant rarement été aussi richement et minutieusement décorés. L’imposant budget se ressent aussi rapport justement à ces décors quant à leur immensité ; nous avions en effet rarement vu autant de figurants dans un saloon que lors de la formidable séquence mouvementée du saccage de l’établissement par les cow-boys excités, menés par Ted de Corsia, les chevaux étant même de la partie, traversant la pièce sans aucun problème. Et puis, les quelques extérieurs nocturnes en studio sont, tout comme l’étaient ceux de Fort Bravo, parmi les mieux éclairés jamais rencontrés dans un western. Si donc sur la forme, le western de Sturges est un parfait modèle de classicisme, le fond ne démérite pas grâce au superbe travail d’écriture de Leon Uris, notamment dans la description et les relations entre des personnages complexes et (ou) torturés. C’est Doc Holliday qui entre le premier en scène ; d’emblée on tombe sur un personnage fortement perturbé : alcoolique, malade, suicidaire et violent ; les troubles et sulfureuses relations qu’il entretient avec Kate Fisher (impressionnante Jo Van Fleet qui rejoint son partenaire dans la démesure cependant jamais outrancière) frôlent même le sadomasochisme. Il s’agit d’un homme qui s’autodétruit, pensant n’en avoir plus pour longtemps à vivre et ne s’en étant de toute manière jamais remis de son passé qu’il estime gâché : “I never lose. You see, poker's played by desperate men who cherish money. I don't lose because I have nothing to lose, including my life.” Il retrouvera une certaine estime de soi grace à l’amitié qui le lie désormais au Marshall de Tombstone qu’il n’avoue néanmoins qu’à la toute fin du film, juste avant le Gunfight, en se décidant, tant qu'à mourir, à aller se battre au côté "du seul ami qu’il n'ait jamais eu". Superbe et pathétique personnage que ce joueur n’attirant qu’antipathie à son égard et superbe évolution d’une amitié tout en retenue et en pudeur que nous décrit Leon Uris.

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Si Kirk Douglas est impérial dans son rôle de Doc Holliday, Burt Lancaster ne l’est pas moins dans celui de son ami Wyatt Earp, parfaite incarnation d’une justice rigide et implacable. Et justement, la force de son personnage vient également de ce qu’il n’est pas décrit comme un héros d’un seul bloc, pas même forcément aimable, et que certaines de ses qualités comme la fierté peuvent se transformer en défaut surtout aux yeux des autres, et en l’occurrence pour la femme de son frère Virgil qui pense que les frères Earp devraient s’occuper avant tout de la sécurité et du bien-être de leurs concitoyens plutôt que de se battre par orgueil mal placé au risque de se faire tuer et de laisser la ville sans défense. Wyatt est également indécis et sa trop raide intégrité fait qu’il devient facilement un moralisateur prêchant la ‘bonne parole’ dès qu’il en a l’occasion (on le nomme à plusieurs reprises ‘Preacher’ ou ‘Mister Virtue’). Pour résumer, un homme probe et digne mais parfois agaçant par le fait d’être trop prude et de ne jamais douter de son bon droit. Le voir se fissurer au contact d’un homme pour lequel il aurait juré n’éprouver jamais aucun sentiment est vraiment touchant. Assez émouvantes également ses relations avec le plus jeune des frères Clanton, Billy, interprété par Dennis Hopper, qui se bat lui aussi aux côtés de ses frères non par conviction mais pour suivre le code d’honneur familial : belle leçon que lui donnera Wyatt sans que ça ne suffise à le faire changer d’avis vu qu’il sera même obligé de le tuer. Devant tant de sang versé et de violence inutile, Wyatt finira par jeter son insigne pour aller retrouver Laura, espérant qu’elle l’aura attendu tout ce temps (Leon Uris nous laissant avec intelligence dans l'expectative, nous privant d'un véritable happy-end). Laura, c’est la magnifique Rhonda Fleming (splendide dans sa robe verte) qui amène une belle touche de romantisme au film et qu’on regrette de perdre de vue si vite, à peu près à mi-film. La romance qu’elle entretenait avec Burt Lancaster n’était pas forcément nécessaire mais s’avérait très attachante. Autre personnage très intéressant, celui du shérif corrompu joué par Frank Faylen, autrefois intègre mais qui en vieillissant, de peur de perdre la vie, s’est acoquiné avec les clans ayant la mainmise sur la région. Quant aux Bad Guys, moins richement écrits, ils n’en demeurent pas moins tout aussi inoubliables grâce avant tout à leurs interprètes et notamment Lee Van Cleef (dont la mort dans les premières minutes est fulgurante), Lyle Bettger, John Ireland ou Ted de Corsia : une bien belle brochette de vilains !

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Pour résumer, John Sturges mène son film mythique d’une main de maître avec sa science habituelle du cadrage et sa parfaite direction d’acteurs, tout aussi à l’aise dans l’action (rare mais toujours fulgurante) que dans les longues séquences dialoguées. L’équipe technique de la Paramount engagée par Hal Wallis fait des merveilles et la chanson-thème que Dimitri Tiomkin a composée pour l’occasion devient très vite entêtante, ayant eu un impact certain sur une majorité de spectateurs. Devant l’énorme succès (amplement mérité) remporté par le film, le western retrouva une nouvelle légitimité auprès des non amateurs du genre et les producteurs décidèrent de mettre en chantier plus de westerns à gros budget dont, avec la même équipe, Le Dernier train de Gun Hill (Last train from Gun Hill)qui atteindra presque le même niveau de réussite. Gunfight at the OK Corral et son splendide classicisme, et même si la vérité historique est un peu malmenée, constitue l’un des plus beaux fleurons qui soit dans le domaine du western ; peut-être même le chef-d’œuvre de ce que certains journalistes ont nommé le ‘sur-western’ (westerns à forte tendance psycholgisante). Même si l’on aurait parfois souhaité un peu moins d’emphase, Règlement de comptes à OK Corral représente pour moi une sorte d’aboutissement d’un certain classicisme hollywoodien dans le domaine du western. Un film d'un imperturbable sérieux (ce qui ne fait parfois pas de mal), à la fois très classique et ‘bigger than life’ à l’image de sa séquence d’anthologie, celle du légendaire Gunfight au cours de laquelle, avec notamment l’avancée des quatre frères Earp filmée par un travelling en contre-plongée, on croit retourner en enfance, les héros à l’écran devenant aussi fabuleux que dans nos rêves d’alors. Un grand classique incontournable !

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Dave Garver
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Re: Série hommage : aujourd'hui John Sturges

Message par Dave Garver »

Jeremy Fox a écrit :
Dave Garver a écrit :
Au final, l'homme est surtout connu pour ses succès au box office et moins pour des premières oeuvres qui mériteraient pourtant d'être redécouvertes.
Oh que oui, ces films des années 50 sont bien meilleurs que ce qu'il tournera après Les 7 mercenaires esthétiquement parlant. Deux exceptions : le toujours très bon Great escape et une espèce de suite à Règlements de compte à OK Corral possédant un ton tout particulier et un rythme lent bienvenu, le très beau 7 secondes en enfer. Sa fin de carrière est malheureusement assez déplorable, souvenons nous plutôt de ses westerns, polars et drames des années 50.
ça fait un bout de temps que je voudrais voir ce 7 secondes en enfer dont j'ai entendu le plus grand bien.
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Message par Dave Garver »

Jeremy Fox a écrit :J'allais oublier son dernier film qui lui rattrape les quelques navets précédents, l'original L'aigle s'est envolé
un derneir envol, film important qui lui a offert la possibilité de tourner avec la nouvelle vague d'acteurs en vogue de l'époque : caine, duvall, sutherland... Du sturges pur jus.
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Beule
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Re: Série hommage : aujourd'hui John Sturges

Message par Beule »

Dave Garver a écrit :J'inaugure un cycle hommage dédié aux réalisateurs de talent qui n'ont pourtant jamais été qualifiés de Géants du cinéma, mais plutôt comme d'habiles artisans du 7e art.
Bref il a la reconnaissance qu'il mérite...
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O'Malley
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Message par O'Malley »

Pas si artisan que ça: je trouve que ses westerns des années 50 se ressemblent tous esthétiquement qu'il s'agisse de Jack Wade ou Gun Hill en passant par Les sept mercenaires ou OK Corral.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Sur la piste de la grande caravane (The Hallelujah Trail - 1965) de John Sturges
UNITED ARTISTS


Avec Burt Lancaster, Lee Remick, Brian Keith, Jim Hutton
Scénario : John Gay d’après un roman de William Gulick
Musique : Elmer Bernstein
Photographie : Robert Surtees (Technicolor 2.20)
Un film produit par John Sturges pour la United Artists


Sortie USA : 23 juin 1965


Hiver 1867. A Denver dans le Colorado, les habitants sont désespérés ; une catastrophe imminente est sur le point de se produire : alors que le barman voit descendre dangereusement sa provision d’alcool, l’oracle (Donald Pleasance) annonce un hiver plus rigoureux que jamais qui pourrait empêcher tout approvisionnement dans les mois à venir et notamment la venue de 40 fourgons conduits par ‘le bon républicain’ Frank Wallingham (Brian Keith) contenant six cent barils de bière et de whisky. Mais s’il n’y avait que la future neige pour faire barrage au convoi sur la piste Hallelujah ! C’est sans compter sur les indiens qui aimeraient bien s’approprier de l’eau de feu à moindre coût, sur les convoyeurs irlandais qui ne pensent qu’à faire grève et… pire encore… sur les dames de la ligue de tempérance -avec à leur tête la charmante Cora Templeton Massingale (Lee Remick)- qui entendent s’opposer avec force à la livraison de l’alcool ! Un imbroglio inextricable pour les détachements de cavalerie commandés par le Colonel Gearhart (Burt Lancaster) et le Capitaine Slater (Tim Hutton) censés protéger le convoi et les femmes. D’autant que -attention il faut suivre- le Capitaine s’est amouraché de la fille du Colonel (Pamela Tiffin), laquelle s’est ralliée à la chef des féministes. Tempêtes de sable et sables mouvants vont se mettre également de la partie. De quoi définitivement vous couper l'envie de boire !

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Même s’il fut longtemps mésestimé, John Sturges fut l’un des réalisateurs de westerns les plus passionnants des années 50 avec notamment à la clé les chefs-d’œuvre que sont Fort Bravo (Escape from Fort Bravo), Règlements de comptes à OK Corral (Gunfight at OK Corral) ou Le Dernier train de Gun Hill (Last train from Gun Hill). Après en 1960 un Magnificent Seven (Les 7 mercenaires) qui devient un classique instantané -notamment auprès du grand public-, la plupart de ses westerns suivants furent au contraire vilipendé avec violence ; le retour de bâton d’un trop grand succès mal digéré par la critique ? Et pourtant, dans le domaine du western humoristique, 3 Sergeants n’était clairement pas le navet annoncé et ne méritait pas un tel lynchage. Il en va de même pour cette pantalonnade qu’est Sur la piste de la grande caravane certes très moyenne mais cependant loin d’être honteuse. Car non seulement là encore le spectacle est plaisant mais, en toute subjectivité, il n’est même pas interdit de le préférer à cette grosse machine sans âme qu’est justement Les Sept mercenaires. Comme j’ai pu le lire sur la toile et qui résume effectivement assez bien à la fois ses défauts et ses qualités, sa semi-réussite paradoxale, The Hallelujah Trail est un "western parodique agréablement idiot" ; on aurait déjà pu l’écrire à propos de Le Grand McLintock de Andrew V. McLaglen par exemple, néanmoins plus harmonieux et réussi. Deux films frivoles, improbables patchwork d'action et d'humour, bien divertissants à défaut d'autre chose.

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William Gulick, l’auteur du roman dont est tiré le scénario, a également écrit le livre qui a servi de base au chef-d’œuvre le plus pur d’Anthony Mann, Les Affameurs (Bend of the River). Quant au scénariste, John Gay, il n’était pas dénué de talent non plus, ayant auparavant signé entre autres pour Vincente Minnelli cette petite merveille de sensibilité et d’humour qu’est Il faut marier papa (The Courtship of Eddie’s Father) ainsi que, toujours pour le même cinéaste, le scénario formidablement dense des Quatre cavaliers de l’Apocalypse (The Four Horsemen of the Apocalypse). Comme on peut le constater, l’écriture de cette comédie westernienne n’a pas été confiée à des tâcherons ; c’est donc avant tout à John Sturges que ce semi-ratage en incombe d’autant qu’il en est aussi le producteur. Et c’est bien le réalisateur lui-même qui semble le plus mal à l’aise avec l’humour débridé du scénario, paraissant peu doué pour le timing dans la gestion des gags, pas plus pour gérer la durée excessive de son film (plusieurs versions se sont succédé, de 134 à 165 minutes) alors qu’à partir d'un pitch aussi dépouillé d'enjeux dramatiques, une heure de moins n’aurait probablement pas nui à l’ensemble, bien au contraire. Des Tuniques Bleues dérangées dans leur quotidien, une ligue féminine de tempérance sacrément vindicative, des guerriers sioux attirés par l’alcool, des mineurs déprimés d’en être privé, des irlandais revendicatifs, une milice menée par un oracle dont la clairvoyance naît de son ingestion d’alcool, un ‘bon républicain’ qui ne pense qu’à ce que sa cargaison va lui rapporter… Tout ce petit monde va brasser beaucoup de vent au milieu des paysages désertiques du Colorado autour d’un convoi transportant 600 tonneaux de bière, de whisky et de champagne… Si la mise en place de l’intrigue et la présentation de ces différents groupes s’avère cocasse et amusante, la seconde partie qui suit l’entracte est par contre vraiment non seulement lourde à digérer à force de répétition mais laborieuse dans son avancée qui ressemble bien plus à du sur-place.

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Le film de Sturges se veut un pastiche loufoque des grosses productions épiques de ce début des années 60 narrant l’épopée de l’Ouest, avec en première ligne bien évidemment La Conquête de l’Ouest (How the West was Won!) sorti deux ans plus tôt, témoin cette accroche parodique sur l’affiche américaine, ‘See How the West was Fun!’, cette voix-off un peu sentencieuse mais totalement décalée, ce même style de plans ouvrant le film, ceux de paysages majestueux… Alors que le principal défaut du premier était de traiter d’un vaste sujet en à peine 150 minutes, celui du film de Sturges est donc au contraire d’étirer sur la même durée une intrigue qui tient sur un post-it. Le film dispose certes d’une imposante logistique, d’une magnifique photo de Robert Surtees, de comédiens talentueux, utilise des cascadeurs chevronnés (il y a un plan absolument étonnant lors de la débandade des chariots des indiens arrivant face caméra ; ça ne m’étonnerait pas qu’un des Stunt Man ait été blessé à l'occasion), est filmé au sein de paysages grandioses, mis en musique par un Elmer Bernstein inspiré... il n’en est pas moins au final assez décevant d’autant plus qu’il s’essouffle au fur et à mesure de son avancée, la dernière heure s’éternisant à n'en plus finir. En attendant que ça se passe, nous aurons eu quand même de nombreuses occasions de nous réjouir grâce avant tout aux acteurs : on ne se lasse pas de l’hilarant stoïcisme de Burt Lancaster face au tumulte ambiant, de ses priorités (il dit en substance à son capitaine qu’il peut bécoter sa fille tant qu’il veut à condition de ne pas le faire sur sa peau de bête !), du charme de Lee Remick, de l’aplomb de Brian Keith ne cessant de répéter qu’il est un bon républicain, et enfin des interprétations déjantées de Donald Pleasance et d'un Martin Landau difficilement reconnaissable grimé en chef sioux. Certaines situations auront également réussi à nous dérider comme cette homérique bataille au milieu d’une tempête de sable au cours de laquelle tous les groupes se croisent sans se voir et qui n’occasionnera aucun mort.

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Sans violence aucune, une pochade westernienne dépaysante et totalement extravagante au cours du tournage de laquelle les participants semblent s’être amusés comme des petits fous au point d’en avoir oublié de nous captiver (le film fut d'ailleurs un bide monumental) : bien dommage que le scénario ne soit pas tombé entre les mains de Blake Edwards ! En l’état, on peut néanmoins arriver à se divertir, à condition de ne pas attendre monts et merveilles de cette grosse farce un peu laborieuse. John Sturges se rattrapera brillamment pour son film suivant, le très sombre Sept secondes en enfer (Hour of the Gun), sorte de suite non officielle à son Gunfight at OK Corral.

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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Un conseil : ne jamais écouter Beule quand il parle de Sturges. :twisted:
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O'Malley
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Message par O'Malley »

Roy Neary a écrit :Un conseil : ne jamais écouter Beule quand il parle de Sturges. :twisted:
Je l'avias compris :wink:
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Beule
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Message par Beule »

O'Malley a écrit :Pas si artisan que ça: je trouve que ses westerns des années 50 se ressemblent tous esthétiquement qu'il s'agisse de Jack Wade ou Gun Hill en passant par Les sept mercenaires ou OK Corral.
Ouais ouais, c'était le look des productions westerniennes Hal Wallis à la Paramount. :mrgreen:

Plus sérieusement, je préfère certains solides artisans à bien des auteurs. Pour moi ce n'est pas absolument péjoratif et je compte quatre des westerns de Sturges comme de vraies réussites: Fort Bravo et Le trésor du pendu surtout, mais aussi OK Coral et Coup de fouet en retour. Ils dégagent une vraie énergie, savent tirer partie d'un décor mais restent malgré tout un peu superficiels et codifiés. Et j''ai parfois l'impression que Sturges ne dirige pas ses acteurs. Je vois à l'écran le mythe de Douglas (d'ailleurs géant en Doc Holliday), de Widmark, de Taylor, d'Holden ou de Lancaster pas des personnages de chair et de sang qu'ils auraient créés.

Mais bon à côté de ces quatre là, il n'y a guère que le très décrié Duel d'espions dont je garde un souvenir ému.
Le reste m'indiffère totalement. Au mieux :mrgreen:
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Beule a écrit :Je vois à l'écran le mythe de Douglas (d'ailleurs géant en Doc Holliday), de Widmark, de Taylor, d'Holden ou de Lancaster pas des personnages de chair et de sang qu'ils auraient créés.
Et alors ? C'est une façon de traiter le sujet. Insister sur la mythologie des personnages au travers de celle des stars hollywoodiennes.
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O'Malley
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Message par O'Malley »

Beule a écrit :Ouais ouais, c'était le look des productions westerniennes Hal Wallis à la Paramount. :mrgreen:

Et j''ai parfois l'impression que Sturges ne dirige pas ses acteurs. Je vois à l'écran le mythe de Douglas (d'ailleurs géant en Doc Holliday), de Widmark, de Taylor, d'Holden ou de Lancaster pas des personnages de chair et de sang qu'ils auraient créés.
1. Les sept mercenaires et Le tresor du pendu ne sont pas des prod Hal Wallis de chez Paramount.

2. Je trouve que Douglas est un doc Holiday de chair et de sang dont le jeu est presque Actor Studio.
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Beule
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Message par Beule »

Roy Neary a écrit :
Beule a écrit :Je vois à l'écran le mythe de Douglas (d'ailleurs géant en Doc Holliday), de Widmark, de Taylor, d'Holden ou de Lancaster pas des personnages de chair et de sang qu'ils auraient créés.
Et alors ? C'est une façon de traiter le sujet. Insister sur la mythologie des personnages au travers de celle des stars hollywoodiennes.
Surement :D mais elle ne me sied pas
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O'Malley
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Message par O'Malley »

OK Coral superficiel et codifié????? :shock:
c'est un des westerns les plus profonds qui aient été fait. Que l'on ne touche surtout pas à cet admirable western ou je mords !!! :evil: :evil:
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