2001 : l'odyssée de l'espace (Stanley Kubrick - 1968)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Leopold Saroyan
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Message par Leopold Saroyan »

Jordan White a écrit :L'oeuvre continue de mûrir pour moi, j'essaie de le revoir en DVD quand je peux, car il me reste encore quelques zones d'ombre et des scènes auxquelles je n'accroche pas à 100%
J'ai beau avoir vu le film environ quinze fois, j'ai la sensation de le découvrir quasiment à chaque nouvelle vision. "Dominer" le film, en connaître tous les rouages et ressorts est à mon avis impossible. Ses richesses intellectuelles et sensorielles sont inépuisables...
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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Jordan White a écrit : Même si Barry Lyndon est l'achèvement du style Kubrick dans la perfection des décors et de la photo, 2001 va plus loin encore en termes d'intemporalité. A aucun moment du film je ne me dis qu'il a été réalisé en 1968.
C'est tout à fait ça.

J'ai été soufflé par la perfection visuelle. Il y a peu d'images qui font "datées" si ce n'est les quelques travellings aériens de la séquence finale par dessus des montages, lacs, rivières, etc... avec cet effet "solarisé".

Mais ce film a été un véritable choc. Je pense le revoir d'ici quelques semaines.
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George Bailey
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Message par George Bailey »

La première fois que je l'ai vu était un soir de semaine de noel sur france 3.
Je devais avoir 12-13 ans et en zappant, je suis tombé sur les scènes de singe. Au départ, je pensais à un documentaire mais le manque de dialogue m'intriguait. Petit tour du côté du programme télé "2001 l'odyssée de l'espace", je ne comprenais rien, ce que je voyais n'avait rien à voir avec la sf.
Voilà mes premiers rapports avec un film que j'adore. Depuis, je l'ai revu au ciné, en dvd et pleins de fois.
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Leopold Saroyan
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Message par Leopold Saroyan »

George Bailey a écrit :La première fois que je l'ai vu était un soir de semaine de noel sur france 3.
Je m'en souviens également. Je me rappelle aussi de la critique et de la photo qui y figurait dans Tele 7 jours! :) C'était à la fin 80's-début 90's.
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George Bailey
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Message par George Bailey »

Leopold Saroyan a écrit :
George Bailey a écrit :La première fois que je l'ai vu était un soir de semaine de noel sur france 3.
C'était à la fin 80's-début 90's.
Certainement. J'avais 14 ans à l'époque :wink: Bonne mémoire :wink:
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Boubakar
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Message par Boubakar »

2001 ; j'ai beau ne pas avoir tout compris, notamment la fin, j'ai adoré l'ambiance qui se dégage de ce métrage, avec cette musique grandiloquente et fabuleuse, et qui donne une force inouïe aux images.
Et que dire des effets spéciaux ; on était bien en 1968 ? Leur qualité est sidérante...et si actuels, sans compter les petits "trucs" dont je n'arrive pas à comprendre comment ils ont été faits (le jogging du cosmonaute autour de sa pièce, défiant les lois de la gravité).

Est-ce le meilleur film de Kubrick ? Possible
Est-ce le meilleur film du mois ? Je ne sais pas
Marque-t-il les esprits ? Tel ce monolithe noir et la voix de HAL, les sensations éprouvées durant ce film en font un véritable OVNI cinématographique, loin de tout jugement, où l'action se substitue à la beauté et à la réflexion !!
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Boubakar a écrit :2001
et si actuels, sans compter les petits "trucs" dont je n'arrive pas à comprendre comment ils ont été faits (le jogging du cosmonaute autour de sa pièce, défiant les lois de la gravité).
par rapport au sol, le décor et la caméra subissent une rotation, l'acteur fait du surplace.
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Jack Griffin a écrit :par rapport au sol, le décor et la caméra subissent une rotation, l'acteur fait du surplace.
Je te crois sur parole, mais c'est vraiment du prodige, car on a l'impression que l'acteur court.
Cependant, existe-t-il un livre sur les secrets de tournage ou les théories sur le film ? J'avoue que tout ça me rend curieux (je n'ai que le livre édité par Taschen, mais n'est pas que sur 2001)
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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Boubakar a écrit :
Jack Griffin a écrit :par rapport au sol, le décor et la caméra subissent une rotation, l'acteur fait du surplace.
Je te crois sur parole, mais c'est vraiment du prodige, car on a l'impression que l'acteur court.
Cependant, existe-t-il un livre sur les secrets de tournage ou les théories sur le film ? J'avoue que tout ça me rend curieux (je n'ai que le livre édité par Taschen, mais n'est pas que sur 2001)
celui ci est très interessant

Image
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Jack Griffin
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Message par Jack Griffin »

Boubakar a écrit :
Jack Griffin a écrit :par rapport au sol, le décor et la caméra subissent une rotation, l'acteur fait du surplace.
Je te crois sur parole, mais c'est vraiment du prodige, car on a l'impression que l'acteur court.
Cependant, existe-t-il un livre sur les secrets de tournage ou les théories sur le film ? J'avoue que tout ça me rend curieux (je n'ai que le livre édité par Taschen, mais n'est pas que sur 2001)
tu parles de quel livre édité par Taschen ?

celui là

Image
très complet...je pense que si tu veux savoir des trucs sur le tournage de 2001, c'est là dedans que tu en trouveras

ou celui là ?

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Sinon pour trouver une interprétation du film, tu peux lire le bouquin d'Arthur C. Clarke, plus "explicite" que son adaptation ciné.
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Boubakar
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Message par Boubakar »

Jack Griffin a écrit :Image
Oui, je parlais de celui-ci (l'autre très grand livre est vraiment magnifique, mais hros de prix, malheureusement...)
Jack Griffin a écrit :Sinon pour trouver une interprétation du film, tu peux lire le bouquin d'Arthur C. Clarke, plus "explicite" que son adaptation ciné.
Ca, c'est pas tombé dans l'orteil d'un sourd ; je vais me le prendre, mais je suis étonné que le livre soit aussi petit (environ 200 pages) par rapport au film.

EDIT ; la critique qu'avait fait Mr Fox (et que je viens de voir à l'instant) a l'air bien fourni, je vais y jeter un oeil, ça pourrait m'aider.
http://www.dvdclassik.com/Critiques/dvd_2001.htm
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Brody
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Message par Brody »

2001, a space odyssey
Après plusieurs tentatives infructueuses de le voir en entier étant plus jeune, qui ont toutes échouées pour diverses raisons, je m'étais juré de regarder ce film dans de bonnes conditions.
Chose faite, séance de 22heures, seul dans ma petite salle, et que dire...

Bon bah voila c'est bien la claque attendue, tout ou presque a déjà été écrit et discuté, donc je ne donnerai que des impressions car c'est avant tout un film qui se ressent plus qu'il ne comprend.
Porté du début à la fin par l'accord incroyablement audacieux des images et de la musique, la beauté des plans (voila un film difficile à mettre dans le jeu des captures tant chaque plan est marquant :wink: , oui je sais faut que je me calme avec ça), l'onirisme et le déboussolement des sauts temporels, l'humanité profonde qui se dégage de HAL (la séquence de sa "mort" :shock: )... Ce film me hante depuis sa vision voila 6 jours.

Le plus étonnant est finalement la facilité de vision, je m'en faisais une montagne (m'étant profondément ennuyé lors de la première tentative, mais à 16 ans sur une petite TV quand on s'attend à voir un film de S.F. "classique, ça fait bizarre). Marlgré un petit coup de barre dans la 2ème heure, pas une seconde "d'ennui poli", j'ai fait un très beau voyage.
Merci M. Kubrick.

évidemment 10/10.
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MJ
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Message par MJ »

Brody a écrit :Porté du début à la fin par l'accord incroyablement audacieux des images et de la musique, la beauté des plans
Ce film m'a révélé à quel point l'oeuvre de Kubrick est avant tout musicale. Chaque instant de ce film tient du symphonique et comme tu le dis il se ressent plus qu'il ne se pense. Le grand Stanley y dépasse complétement l'idée de "vouloir dire" pour aller au coeur du cinématographe.
On est jamais allé aussi près de la perfection, à mon humble avis.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
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Coxwell
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Message par Coxwell »

2001, l'odyssée de l'espace

Une oeuvre, au sens noble du terme, qui implique un auteur, une empreinte,une vision. C'est un monument de perfection où la notion même de mise en scène prend toute sa mesure.
Qu'est ce que l'humanité et son son rapport avec le temps ? Avec une musique de Richard Strauss intitulée Ainsi parlait Zarathoustra et un prélude sur l'origine de l'humanité, il est difficile de ne pas penser à Frédéric Nietzsche. Le film pourrait être la démonstaration cinématographique d'un vieux débat philosophique à savoir : l'homme n'est t-il que la transition entre le singe et le surhomme ?

Mais c'est surtout un film sur l'infini et le vide. Celui qui se fait à l'intérieur de l'esprit humain, et celui qui étouffe l'existence et rend l'esprit humain/artificiel dépressif, malade, meurtrier. Le vide est terriblement angoissant chez Kubrick. Un homme qui est condamné à errer à tout jamais dans l'espace, qui ne pourra jamais s'approprier un lieu de vie et de mort. Est-ce que l'espace, dans son sens d'étendue de surface aux limites indéfinies est-il différent du vide, dès lors que l'homme ne se l'ait pas aménagé, accomodé ? Le vide aurait quelque chose de plus que l'espace alors qu'il est moins dans sa définition physique : pathogène ?

Avec un sens de l'épure et de la géométrie qui lui est propre, Kubrick invente une atmopshère qui repose justement sur ce vide. Il compose des plans photographiques, avec règle des tiers et travail des couleurs qui confèrent au film une beauté qui est contemplative et fascinante.

Un pur chef-d'oeuvre qui comporte une infinité de questions dont il est difficile de cercler à première vue, mais qui, au delà du film intellectuel, est un joyau à l'image d'un kaléidoscope : une multitude de facettes et de jeux de lumière, mais une seule et même fascination.
Jipi
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Re: 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE

Message par Jipi »

Comment manipuler un tel Chef d’œuvre ? Iconiser la plus belle vision empirique d’un monde inviolé par l'exécutoire de théories scientifiques uniquement retranscrites dans toutes leurs splendeurs abstraites et artistiques par ce magnifique opus en avance sur des savants contraints aux supputations hypothétiques.

« 2001 Odyssée de l’espace » se lâche en dévoilant un avenir compressé dans un présent interminable au même titre que la toile de fond scintillante lui servant de tapisserie.

Chaque geste s’accapare la gestion du temps à volonté sans dissoudre le moindre minutage nécessaire à tout ce qui doit s’exécuter dans la logique de sa procédure.

Le temps mort si étranger au mouvement d'un septième art irrespectueux de l'immobilisme prend ici des couleurs resplendissantes d’énergies.

La technologie spatiale se berce de valses intégrales dans des cercles ininterrompus. Aucune précipitation n’a de mise dans ses hauteurs ou un stylo languissant en apesanteur s’exprime à la place du scientifique endormi.

Dave Bowman aux manettes bloqué devant le sas du Discovery exige presque l’éternité avant de révéler une angoisse imperceptible canalisée par une maîtrise retrouvée.

Franck Poole impassible devant un message d’anniversaire en différé alimente la définition d’un espace distribuant silences, indifférences et lenteurs le long d’un périple tous feux éteints menant vers un soleil raté.

L’œuvre est reposante, lancinante, intensément interminable. Une eau de jouvence , un long sommeil battant à l’unisson d’un requiem de György Ligeti propulsant lentement sans espoir de retour deux privilégiés scrutés par un complexe électronique en manque de reconnaissance.

Un concept évolutif inconnu activé par une éclipse traversant le temps rapproche le primate de l’homme du ciel. L’os devenu machine à tuer envoie dans les airs les rudiments d’un instinct fragile que l’homme devra transformer d’époques en époques en raison tout en faisant évoluer un outil de recherche le plongeant vers la quête de ses origines.

Une intelligence supérieure invisible entretient degré par degré nos perceptions instinctives devenues sens vers une finalité semblant se répéter, une panoplie destructrice dont la machine s’inspire de plus en plus.

Quel est notre destin ? Ne serions-nous que des cobayes de laboratoires expérimentaux contingents, cloués au sol, testant l’intégralité d’une combinatoire sans fin.

Une meute scénarisée comme du bétail dans un roman nommé histoire en attendant qu’un privilégié découvre la porte des étoiles et nous livre enfin une identité.

« 2001 Odyssée de l'espace» est un majestueux saut de puce dans l'espace et le temps, un impact temporel scientifique en plein devenir offrant à l’aube d’un troisième millénaire la perspective de quelques verstes parcourues rapprochant l'homme de son géniteur universel.
Chaque individu a le devoir de se réaliser par l'esprit dans le contexte historique de son époque.
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