La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
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La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
Après lecture du brillant article de John Anderton consacré à HG Clouzot, je suis quand même assez consterné de lire un avis aussi tranché sur "La prisonnière", présenté comme un film mineur, bâclé, peu rigoureux, mais original.
Ce n'est pas du tout mon avis, puisque à mes yeux le film dispute la première marche des films de Clouzot avec "Le corbeau". C'est dire si je lui trouve peu de défauts.
Je trouve le film d'une richesse et d'une complexité incroyable, oscillant entre perversité glaciale et sensualité bouillante, entre pulsions morbides et feu dévorant, classicisme formel et modernité psychédélique, ombre et lumière, couleurs naturelles et saturées, etc.
Un bijou, qui plus est terriblement troublant pour le spectateur, éprouvant aussi, et plein de trouvailles visuelles.
Ceux qui l'ont vu ont-ils un avis ?
Ce n'est pas du tout mon avis, puisque à mes yeux le film dispute la première marche des films de Clouzot avec "Le corbeau". C'est dire si je lui trouve peu de défauts.
Je trouve le film d'une richesse et d'une complexité incroyable, oscillant entre perversité glaciale et sensualité bouillante, entre pulsions morbides et feu dévorant, classicisme formel et modernité psychédélique, ombre et lumière, couleurs naturelles et saturées, etc.
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- Vic Vega
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C'est-à-dire que La prisonnière est un film à problèmes. Déjà, comme il apparaît, c'est un film assez confus et proche de l'expérimental. Il n'est pas étonnant qu'il laisse bon nombre de spectateurs sur le carreau. Mais il faut savoir que ce film tire sa singularité visuelle des expérimentations de Clouzot sur L'enfer, projet qu'il n'a pu mener à son terme à cause de graves problèmes de santé (il en reste quelques magnifiques essais lumières avec Romy Schneider ).
Bref, La prisonnière est un peu un film batard. Et sa mauvaise réputation vient aussi du fait que le cinéaste a surpris son monde et que les amateurs ne reconnaissaient pas Clouzot dans ce film, alors que c'était pourtant un cheminement artistique parfaitement assumé.
Bref, La prisonnière est un peu un film batard. Et sa mauvaise réputation vient aussi du fait que le cinéaste a surpris son monde et que les amateurs ne reconnaissaient pas Clouzot dans ce film, alors que c'était pourtant un cheminement artistique parfaitement assumé.
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Même si je ne l'aime pas trop, je trouve le film très intéressant car quasiment constamment surprenant. Le côté voyage initiatique des héros, l'aspect visuel et la question du voyeurisme sont les ploints forts de ce film qui manque néanmoins à mon goût de rigueur.
Clouzot ne semble pas savoir gérer toutes ces idées d'où son manque d'unité.
Clouzot ne semble pas savoir gérer toutes ces idées d'où son manque d'unité.
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Re: La prisonnière (Henri-Georges Clouzot, 1968)
Malade, le film l'est, incontestablement. Tous les défauts pointés ci-dessus sont valides.
La prisonnière manque de rigueur et de finition, et c'est d'autant plus visible dans la seconde partie du film, très fragile voire manquée à cause de la difficulté de Clouzot à exprimer de manière convaincante la dualité de la relation Josée/Stanislas après ses prémices. A la manière des personnages dont la relation est de l'ordre de l'attraction et de la répulsion, le film devient tiraillé et irrésolu, passant cahin-caha d'une scène embarrassante à un moment autrement plus inspiré, du chaud au froid, de la perversité à la passion.
Cette forme schizophrène, qui n'était sans doute pas désirée par Clouzot, contribue paradoxalement à la fascination tant elle détonne par ses partis-pris dans le paysage français. Les aspérités du film renforcent le malaise qu'il continue de dégager, surtout dans la première partie (le générique donne le ton). La découverte du vice défendu chez l'héroïne est admirablement orchestré. Le trouble nous gagne grâce au traitement clinique et aux déformations psychédéliques dans lesquelles évoluent les personnages - la scène de la séance photo voyeuriste avec Dany Carrel en est l'acmé (voir la combinaison de travellings ascendants entre l'appareil photo, Élisabeth Wiener, le déshabillage du modèle, et sa transe érotique).
Au final, très imparfait mais plus obsédant que Le voyeur sur des thématiques similaires, notamment grâce à l'exécution unique en son genre. Si seulement Clouzot avait achevé L'enfer... le film de ouf que ça aurait donné.
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Re: La prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
Je rejoins globalement l'avis de Demi-Lune.
C'est un film qui m'irrite plus qu'il ne me fascine, mais quand il y parvient, cela me procure une sacrée émotion.
C'est un film qui m'irrite plus qu'il ne me fascine, mais quand il y parvient, cela me procure une sacrée émotion.
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Re: La prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
Et hop!
AtCloseRange a écrit :J'ai enfin découvert La Prisonnière.
J'attendais en fait un film à la Peeping Tom mais en fait pas du tout.
C'est assez différent de ce que je connais de Clouzot. C'est un film complètement de son époque (68), un objet essentiellement pop où les couleurs et les textures jouent un grand rôle.
Je ne dis pas que la soumission n'est pas le sujet mais j'ai presque le sentiment que c'est plus un prétexte qu'autre chose.
D'ailleurs, la transition de la phase de domination à une histoire d'amour est pour le moins abrupte.
Je n'ai pas vu L'Enfer mais il me semble qu'il y a déjà ici une partie du travail formel qu'on y retrouve (notamment pendant le passage très psychédélique final).
Pas forcément complètement convaincu mais ça reste un objet assez passionnant que ce soit pour ce qu'il montre de son époque ou comme dernier Clouzot.
A noter Pierre Richard dans un petit rôle ou les caméos de Piccoli, Vanel, Piéplu, Henri Garcin, Jackie Sardou - il y a même Joanna Shimkus que je n'ai pas reconnu.
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Re: La prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
Je n'ai pas parlé de la scène sur les rochers mais Terzieff et Wiener ont bien dû "s'amuser"
Sincèrement une mauvaise vague et ça aurait pu mal se terminer cette histoire...
Je ne sais pas si Clouzot pensait à Vertigo mais il y a un peu de ça.
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Re: La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
Je viens de découvrir cette Prisonnière de Clouzot et le film, s'il est loin d'être parfait, est un sacré morceau de cinéma. Passionnante de bout en bout, cette description d'un amour passionné qui se noue autour d'une relation/jeu de soumission-domination est à la fois un brillant exercice de style et une réflexion malaisée sur la sexualité féminine, le couple et le fantasme.
Et ce film montre une fois de plus comment l'univers et les thèmes/obsessions de Clouzot sont proche d'Hitchcock : le projet Kaleidoscope (projet abandonné par Hitchcock au même moment où Clouzot commence le tournage de ce film) ressemble à s'y méprendre à cette Prisonnière, même jusqu'aux recherches visuelles.
Mais aussi, et je le découvre avec ce film, avec l'univers de Stanley Kubrick qui la même année, clôt son 2001 de la même manière que Clouzot sa Prisonnière (en y intégrant les mêmes sortes d'expérimentations) et bien sûr Eyes Wide Shut: Clouzot et Kubrick auront tous les deux terminés leur carrière sur deux films qui interroge le continent noir de Freud.
Il partage aussi avec Kubrick le fait d'avoir, pour ce que j'ai découvert jusqu'alors, une filmographie quasi-exemplaire. Entre Le salaire de la peur, La Vérité, Le corbeau, Les diaboliques et L'assassin habite au 21, je n'ai vu que des grands films (ce qui veut dire aussi aucun film moyen).
Prochaine découverte en vue: Les espions.
Et ce film montre une fois de plus comment l'univers et les thèmes/obsessions de Clouzot sont proche d'Hitchcock : le projet Kaleidoscope (projet abandonné par Hitchcock au même moment où Clouzot commence le tournage de ce film) ressemble à s'y méprendre à cette Prisonnière, même jusqu'aux recherches visuelles.
Mais aussi, et je le découvre avec ce film, avec l'univers de Stanley Kubrick qui la même année, clôt son 2001 de la même manière que Clouzot sa Prisonnière (en y intégrant les mêmes sortes d'expérimentations) et bien sûr Eyes Wide Shut: Clouzot et Kubrick auront tous les deux terminés leur carrière sur deux films qui interroge le continent noir de Freud.
Il partage aussi avec Kubrick le fait d'avoir, pour ce que j'ai découvert jusqu'alors, une filmographie quasi-exemplaire. Entre Le salaire de la peur, La Vérité, Le corbeau, Les diaboliques et L'assassin habite au 21, je n'ai vu que des grands films (ce qui veut dire aussi aucun film moyen).
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- Supfiction
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Re: La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
Pour ceux qui ont Ciné+, le film sort du catalogue d’ici quelques jours.
Esthétiquement c’est très beau et bourré de trouvailles de montage et de mise en scène. Et joliment émoustillant en montrant pourtant très peu.
C’est assez dingue de se dire que c’est le réalisateur du Corbeau qui est aux commandes.
Il est évident que Kubrick a vu et adoré ce film. Peut-être même Cronenberg qui sait (cf. la scène de l’accident est magnifique).
Esthétiquement c’est très beau et bourré de trouvailles de montage et de mise en scène. Et joliment émoustillant en montrant pourtant très peu.
C’est assez dingue de se dire que c’est le réalisateur du Corbeau qui est aux commandes.
Il est évident que Kubrick a vu et adoré ce film. Peut-être même Cronenberg qui sait (cf. la scène de l’accident est magnifique).
- Flol
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Re: La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
C'était donc le 31/07. Et je n'ai bien sûr pas eu le temps de le voir avant.Supfiction a écrit : ↑30 juil. 22, 18:19 Pour ceux qui ont Ciné+, le film sort du catalogue d’ici quelques jours.
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Re: La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
C’est revenu.Flol a écrit : ↑1 août 22, 12:22C'était donc le 31/07. Et je n'ai bien sûr pas eu le temps de le voir avant.Supfiction a écrit : ↑30 juil. 22, 18:19 Pour ceux qui ont Ciné+, le film sort du catalogue d’ici quelques jours.
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Re: La Prisonnière (Henri-Georges Clouzot - 1968)
Ah merci !
Je ne comprends décidément rien à tous ces allers-retours.
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