Jean Renoir : Période américaine
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
Jean Renoir : Période américaine
Suite au peaufinage d'un papier à venir pour le site, j'en appelle aux fans de Renoir pour qu'ils me touchent un mot de la période XX° Century Fox de Jean Renoir entre 1941 et 1946. Considérée un peu partout comme l'une des plus faibles du grand réalisateur français, cette période m'intrigue quand même, d'autant que je n'ai eu la chance de voir qu'un seul des films de cette période (Vivre Libre, critique à venir dans les jours à venir).
Qui peut m'en dire plus ?
Thanx
Qui peut m'en dire plus ?
Thanx
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99625
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Moi personnellement je ne trouve pas sa période américaine plus faible car, que ce soit dans les années 30 ou en fin de carrière, Renoir a réalisé à mon avis de beaucoup moins bons films : Sa période américaine comprend des films vraiment très plaisants comme L'homme du Sud ou Le journal d'une femme de chambre.
J'ai beau avoir apprécié ces deux films, je ne peux rien dire de plus dessus car mes souvenirs sont trop anciens. Idem en ce qui concerne La femme sur la plage ou L'étang tragique mais il faudra encore que je découvre Vivre libre
Je ne pense pas avoir été d'une grande aide, je ferais mieux la prochaine fois.[/b]
J'ai beau avoir apprécié ces deux films, je ne peux rien dire de plus dessus car mes souvenirs sont trop anciens. Idem en ce qui concerne La femme sur la plage ou L'étang tragique mais il faudra encore que je découvre Vivre libre
Je ne pense pas avoir été d'une grande aide, je ferais mieux la prochaine fois.[/b]
- Geoffrey Firmin
- Howard Hughes
- Messages : 16879
- Inscription : 20 mai 03, 19:08
- Localisation : au fond de la Barranca
Je n'ai vu aucun Renoir période américaine, mais il y a beaucoup d'informations intéressantes sur cette période(difficile) dans son autobiographie "Jean Renoir ma vie , mes films", on y aprend notement que Zanuck a viré Renoir avant la fin du tournage de l'étang tragique parcequ'il était trop lent.
Je peux te preter ce livre si ça t'interesse.
Je ne pense pas que les films américains de Renoir puissent etre plus mauvais que cet effroyable nanard qu'est "on purge bébé".
Je peux te preter ce livre si ça t'interesse.
Je ne pense pas que les films américains de Renoir puissent etre plus mauvais que cet effroyable nanard qu'est "on purge bébé".
-
- Charles Foster Kane
- Messages : 22026
- Inscription : 13 avr. 03, 10:10
- Localisation : into the sky, into the moon
-
- Assistant(e) machine à café
- Messages : 274
- Inscription : 23 avr. 03, 09:00
- Localisation : Paris
-
- Invité
- Messages : 5977
- Inscription : 14 avr. 03, 11:54
-
- Mogul
- Messages : 11658
- Inscription : 21 sept. 04, 16:57
- Localisation : lost in time and lost in space
Vivre Libre
Soit un film trés bancal dont le coté occupation tombe assez à plat avec son ambiance film noir, ses "méchants" nazis cultivés et raffinés qui semblent sortis d'une roman du 19ème siècle. Et puis niveau casting, c'est assez decevant, le pourtant immense Charles Laughton met beaucoup de temps à être crédible dans son rôle de trouillard lâche couvé par sa maman. En parlant de sa maman, le personnage de celui-ci ( mais aussi l'actrice et la psychologie ) est INSUPORTABLE parvenant à l'exploit de pourrir le moindre photogramme où elle apparait.
Si on rajoute à ça une mise en scène un peu lourde ( la colombe relaché ), on est pas forcement gaté.
Mais c'est sans compter sur l'humanité de Renoir qui offre une dernière demi-heure trés émouvante ( quoique certainement pas réaliste ).
Film en parti raté mais tout de même attachant.
Soit un film trés bancal dont le coté occupation tombe assez à plat avec son ambiance film noir, ses "méchants" nazis cultivés et raffinés qui semblent sortis d'une roman du 19ème siècle. Et puis niveau casting, c'est assez decevant, le pourtant immense Charles Laughton met beaucoup de temps à être crédible dans son rôle de trouillard lâche couvé par sa maman. En parlant de sa maman, le personnage de celui-ci ( mais aussi l'actrice et la psychologie ) est INSUPORTABLE parvenant à l'exploit de pourrir le moindre photogramme où elle apparait.
Si on rajoute à ça une mise en scène un peu lourde ( la colombe relaché ), on est pas forcement gaté.
Mais c'est sans compter sur l'humanité de Renoir qui offre une dernière demi-heure trés émouvante ( quoique certainement pas réaliste ).
Film en parti raté mais tout de même attachant.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
-
- Déçu
- Messages : 24387
- Inscription : 12 oct. 04, 00:42
- Localisation : dans les archives de Classik
L'ETANG TRAGIQUE
LEGERS SPOILERS
Une plongée dans une sorte d'Americana poisseuse (ce n'est pas aussi lisse que Tom Sawyer) avec une communauté unie mais qui cache quand même des éléments perturbateurs. Ainsi on a un accusé à tort, des voleurs de porcs, des personnages confrontés à des difficultés relationnelles et qui y font face de façon discutable (moralement). On a aussi le spectre de la communauté/masse aveugle dans sa haine et qui n'éhsite pas à se lancer dans un début de lynchage (pour faire parler Dana Andrews ils n'hésitent pas à lui plonger la tête sous l'eau).
On reste malgré tout dans un récit très simpliste, sans grande originalité (sauf par l'environnement géographique) mais cela reste très plaisant. En fait, je m'attendais à bien pire, c'est probablement pour cela que ma surprise est toute relative. J'ai aussi été assez surpris par la qualité du casting (plein de têtes connues, dont certaines perceront quelques années plus tard) en ajoutant tout de même que certains passages sont un peu surjoués ou théatraux...
Master Fox honnête (contrasté et propre) mais un peu trop flou pour moi (le master date de 1969 quand même).
LEGERS SPOILERS
Une plongée dans une sorte d'Americana poisseuse (ce n'est pas aussi lisse que Tom Sawyer) avec une communauté unie mais qui cache quand même des éléments perturbateurs. Ainsi on a un accusé à tort, des voleurs de porcs, des personnages confrontés à des difficultés relationnelles et qui y font face de façon discutable (moralement). On a aussi le spectre de la communauté/masse aveugle dans sa haine et qui n'éhsite pas à se lancer dans un début de lynchage (pour faire parler Dana Andrews ils n'hésitent pas à lui plonger la tête sous l'eau).
On reste malgré tout dans un récit très simpliste, sans grande originalité (sauf par l'environnement géographique) mais cela reste très plaisant. En fait, je m'attendais à bien pire, c'est probablement pour cela que ma surprise est toute relative. J'ai aussi été assez surpris par la qualité du casting (plein de têtes connues, dont certaines perceront quelques années plus tard) en ajoutant tout de même que certains passages sont un peu surjoués ou théatraux...
Master Fox honnête (contrasté et propre) mais un peu trop flou pour moi (le master date de 1969 quand même).
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17117
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
-
- Stagiaire
- Messages : 65
- Inscription : 31 août 05, 16:16
Renoir, la plage et le fleuve ?Watkinssien a écrit :Peut-on considérer Le fleuve de Renoir comme un film américain ?
« La femme sur la plage » est le dernier des 6 films que Jean Renoir a réalisé à Hollywood (en 1947), et « Le fleuve » (chez Montparnasse) est son film suivant (1950), réalisé en Inde, son premier film en couleurs.
Je dois dire que je n’ai rien reconnu de Renoir dans « La femme sur la plage ». L’histoire est celle d’un amour fou, quasiment onirique, qu’un garde-côte un peu simple (Robert Ryan) porte à une femme fatale (Joan Bennett), mariée à un peintre aveugle (on apprendra que c’est elle qui l’a rendu aveugle) … cette situation tragique, voire hystérique, devait faire le part belle à Joan Bennett, star de la RKO, censée être l’incarnation de la sensualité, brune brûlante … etc…
Je crois que Renoir, qui durant les 7 ans qu’il a passé aux US, a constamment été gêné par les méthodes de production hollywoodiennes (contrairement à René Clair, par exemple !), a VRAIMENT essayé de s’y conformer dans ce film.
Raté ! … Complètement raté.
Renoir n’y est plus Renoir. Et Hollywood ne s’y est pas retrouvé non plus. Il ne reste plus qu’un exercice de style, certes superbe, mais vide.
Le résultat : la RKO a racheté le 7ème film que Renoir devait faire pour eux. Renoir a dit oui. Et il est parti.
« Le fleuve », c’est tout à fait autre chose.
L’histoire racontée est très simple, juste une petite tranche de vie d’une famille Anglaise au Bengale, sur les berges du Gange.
Mais, là, on y retrouve l'humanisme désenchanté mais toujours généreux de Renoir.
Renoir a avoué avoir découvert l’Inde comme simple touriste. Mais un touriste humble, les sens grands ouverts, admettant ne pas tout comprendre de l’Inde, et par-là même, commençant à comprendre.
Dans ses mémoires il fait le commentaire suivant, très symptomatique, il me semble (de mémoire) : « ce que j’ai appris de plus important en tournant ce film, c’est la raison pour laquelle les Indiens se sont rebellés contre les Anglais. Ce n’est pas pour les avoir conquis, c’est de les ignorer. Les Anglais traitent les Indiens comme s’ils étaient transparents, alors que les Indiens sont avides de contact humain ».
C’est un film magnifique. Une fable de sage (J-C. Carrière n'est pas loin). Le travail sur la couleur est extraordinaire.
L’année suivante il tournera « Le carrosse d’or ».
Une page venait de se tourner…
...donc Le fleuve est plutôt un film "français" pour moi !
"Do, or do not. There is no try."
- Watkinssien
- Etanche
- Messages : 17117
- Inscription : 6 mai 06, 12:53
- Localisation : Xanadu
J'aime ce film, pour la splendeur des images, la superbe photographie, la fascination que nous fait ressentir Renoir, avec grand talent et beaucoup de goût. Satyajit Ray a énormément appris sur le tournage, pour pouvoir mettre en chantier sa superbissime trilogie d'Apu.L'Gé a écrit :Renoir, la plage et le fleuve ?Watkinssien a écrit :Peut-on considérer Le fleuve de Renoir comme un film américain ?
« La femme sur la plage » est le dernier des 6 films que Jean Renoir a réalisé à Hollywood (en 1947), et « Le fleuve » (chez Montparnasse) est son film suivant (1950), réalisé en Inde, son premier film en couleurs.
Je dois dire que je n’ai rien reconnu de Renoir dans « La femme sur la plage ». L’histoire est celle d’un amour fou, quasiment onirique, qu’un garde-côte un peu simple (Robert Ryan) porte à une femme fatale (Joan Bennett), mariée à un peintre aveugle (on apprendra que c’est elle qui l’a rendu aveugle) … cette situation tragique, voire hystérique, devait faire le part belle à Joan Bennett, star de la RKO, censée être l’incarnation de la sensualité, brune brûlante … etc…
Je crois que Renoir, qui durant les 7 ans qu’il a passé aux US, a constamment été gêné par les méthodes de production hollywoodiennes (contrairement à René Clair, par exemple !), a VRAIMENT essayé de s’y conformer dans ce film.
Raté ! … Complètement raté.
Renoir n’y est plus Renoir. Et Hollywood ne s’y est pas retrouvé non plus. Il ne reste plus qu’un exercice de style, certes superbe, mais vide.
Le résultat : la RKO a racheté le 7ème film que Renoir devait faire pour eux. Renoir a dit oui. Et il est parti.
« Le fleuve », c’est tout à fait autre chose.
L’histoire racontée est très simple, juste une petite tranche de vie d’une famille Anglaise au Bengale, sur les berges du Gange.
Mais, là, on y retrouve l'humanisme désenchanté mais toujours généreux de Renoir.
Renoir a avoué avoir découvert l’Inde comme simple touriste. Mais un touriste humble, les sens grands ouverts, admettant ne pas tout comprendre de l’Inde, et par-là même, commençant à comprendre.
Dans ses mémoires il fait le commentaire suivant, très symptomatique, il me semble (de mémoire) : « ce que j’ai appris de plus important en tournant ce film, c’est la raison pour laquelle les Indiens se sont rebellés contre les Anglais. Ce n’est pas pour les avoir conquis, c’est de les ignorer. Les Anglais traitent les Indiens comme s’ils étaient transparents, alors que les Indiens sont avides de contact humain ».
C’est un film magnifique. Une fable de sage (J-C. Carrière n'est pas loin). Le travail sur la couleur est extraordinaire.
L’année suivante il tournera « Le carrosse d’or ».
Une page venait de se tourner…
...donc Le fleuve est plutôt un film "français" pour moi !
Mother, I miss you
-
- Doublure lumière
- Messages : 328
- Inscription : 17 déc. 04, 22:07
- Contact :
"Le journal d'une femme de chambre", c'est avec Paulette Goddard, pas Joan Fontaine. C'est un de ses meilleurs rôles, avec "Kitty" de Leisen.John T. Chance a écrit :j'ai vu l'homme du sud ( très bon) et la femme sur la plage ( pas terrible). j'attends avec impatience de voir swamp water que Tavernier adore, et le journal d'une femme de chambre avec Joan Fontaine.
J'avais redécouvert la "femme sur la plage" avec sa sortie en DVD Montparnasse et mieux apprécié la 2ème fois. En fait, la 1ère fois, j'avais espéré que le film ne tienne que sur la cécité du mari ou pas, et donc question résolue à la fin, mais en fait ce n'est pas le thème primordial.
-
- Laughing Ring
- Messages : 11846
- Inscription : 24 juin 06, 02:21
- Localisation : LV426
Yep !L'Gé a écrit :Watkinssien a écrit :Peut-on considérer Le fleuve de Renoir comme un film américain ?
« Le fleuve », c’est tout à fait autre chose.
L’histoire racontée est très simple, juste une petite tranche de vie d’une famille Anglaise au Bengale, sur les berges du Gange.
Mais, là, on y retrouve l'humanisme désenchanté mais toujours généreux de Renoir.
Renoir a avoué avoir découvert l’Inde comme simple touriste. Mais un touriste humble, les sens grands ouverts, admettant ne pas tout comprendre de l’Inde, et par-là même, commençant à comprendre.
Dans ses mémoires il fait le commentaire suivant, très symptomatique, il me semble (de mémoire) : « ce que j’ai appris de plus important en tournant ce film, c’est la raison pour laquelle les Indiens se sont rebellés contre les Anglais. Ce n’est pas pour les avoir conquis, c’est de les ignorer. Les Anglais traitent les Indiens comme s’ils étaient transparents, alors que les Indiens sont avides de contact humain ».
C’est un film magnifique. Une fable de sage (J-C. Carrière n'est pas loin). Le travail sur la couleur est extraordinaire.
(...)
...donc Le fleuve est plutôt un film "français" pour moi !
Je me suis vu "le Fleuve" dans une copie execrable à la cinémathèque de ma fac (ils feraient mieux d'acheter des copies neuves plutôt que de garder les mêmes... ) mais celà ne change en rien que c'est un grand film.
Ce qui m'a surpris est la générosité des personnages, même l'américain, "capitaine john" qu'on pourrait au premier abord juger trop détaché et qui est pourtant bouffé par son ressenti de mutilé. Certains passages sont émouvants (je pense au petit Bogey...) et le film en plus d'être une simili fiction, nous propose de nous faire découvrir l'Inde par la voix-off mais aussi les traditions millénaires que Renoir filme avec grande simplicité, conférant au film une certaine valeur de documentaire.
Bref un beau film.
- Sybille
- Assistant opérateur
- Messages : 2148
- Inscription : 23 juin 05, 14:06
Re: Période américaine de Renoir
The Southerner / L'homme du Sud
Jean Renoir (1945) :
"The Southerner" décrit la vie d'une famille de planteurs de coton partie exploiter leur propre morceau de terre. Espérant par ce moyen gagner leur indépendance financière, ils affrontent avec beaucoup de courage, de volonté, mais aussi d'insouciance, les multiples obstacles (inondation, voisins malveillants...) qui se dressent en travers de leur chemin.
La famille dépeinte à un rythme paisible par le réalisateur ne se révèle ni entièrement positive ni entièrement négative. L'acharnement qu'ils déploient à faire fructifier leur terre les rend bien entendu digne d'admiration, mais pas particulièrement aimables pour autant. Le couple en particulier n'hésite jamais à faire preuve d'une dureté pourtant entièrement compréhensible : l'enjeu est en effet trop grand pour se laisser aller à la fatigue, l'anxiété ou l'énervement. La grand-mère est quant à elle interprétée avec une bonne dose de truculence, offrant ainsi un personnage caractériel et plein de mauvaise foi. Une personnalité vive, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds par les membres de sa famille, mais qui ne parvient pas pour autant à dissimuler une tristesse causée par le choc du déracinement. A travers d'une part les personnages des parents et de leurs deux enfants, puis en même temps de la grand-mère, Renoir réunit passé, présent et futur, entremêle réminiscences d'autrefois et projets d'avenir, le tout non sans heurts mais finalement toujours avec beaucoup d'amour. La mise en scène aux aspects naturalistes (presque uniquement des extérieurs) met parfaitement en valeur la simplicité harmonieuse qui émane de l'existence difficile, mais gratifiante de cette famille. Un film qui demande à être apprivoisé, mais qui finit par déployer beaucoup de richesse et de profondeur. 6/10