Lumière 2019

[Thaddeus]

Si l'un de vous a la chance de voir Coppola, qu'il prenne son courage à deux mains et lui demande où en est son projet Megalopolis, qui n'en finit pas de revenir sur le devant de la scène depuis vingt ans au moins. Il y a quelques mois, on nous apprenait que l'entreprise était vraiment sur les rails, le tournage imminent. Mais j'ai un gros doute, et j'aimerais tant le voir levé.

[Boba Fett 69]

Le film d'ouverture sera La belle époque, de Nicolas Bedos.
Les gens venus voir du naphta vont en avoir pour leur argent.

Une nouvelle preuve que le festival est en train de se "Cannes-iser" dangereusement depuis deux ou trois ans.

Autopaluchage, montée de l'entre-soi, invités inconnus du grand public, programmation (trop) pointue et élitiste, remise du prix Lumière de plus en plus inaccessible au public (nombre de places VIP en croissance constante), etc...

[damdouss]

C'est pas faux : je pense que Frémaux est victime du succès et ça commence à lui échapper : lui qui voulait faire un festival du temple de la cinéphilie et rendre l'ensemble populaire, il se fait déborder par un côté people et "the place to be" qui peut effectivement agacer. C'est parfois le lieu idéal pour certaines célébrités qui n'ont rien à vendre mais qui veulent se montrer (et qui sont loin d'être toujours cinéphiles : se faire présenter un film par Aure Attika, je veux bien mais bon je préférerai et de loin un Michel Ciment, des Tavernier, Thoret ou Leherpeur...). Par contre "programmation trop pointue ou eltiste" c'est un peu ce que le public recherche (des raretés !) et puis il y a "Astérix et Cleopatre" de chabat de l'autre ou faire la nuit "Seigneur des anneaux" l'an dernier : de ce côté il y en a quand même pour tout le monde.
Quand au film de la cérémonie d'ouverture, j'avais pas fait gaffe mais c'est limite flippant vu le type de festival (de patrimoine )

[tenia]

L'ouverture des années passées, c'était La mort aux trousses, Butch Cassidy et le Kid et Itinéraire d'un enfant gâté. Et en 2015, c'était La fin du jour, ce qui avait fait hurler au scandale le public (précisément) qui s'attendait tout simplement à un Scorsese genre Les infiltrés ou Casino. J'ai connu plus Cannes-isé.
C'est surtout qu'un film qui sort le mois prochain en ouverture d'un festival de patrimoine, c'est un peu Retour vers le futur.

Les invités, c'est sûr que t'as un paquet de chances de tomber sur Philippe Le Guay, Christian Carion et Jean-Paul Salomé, 52 présentations à eux 3 (j'espère qu'ils ont bien réviser et préparer des amphets ) (Wargnier aussi va aller au charbon pour 15 présentations à lui seul). C'est plutôt que je trouve qu'ils manquent cette année de rayonnement international. Je ne vois pas beaucoup de personnalités prestigieuses comme j'en avais vues en 2015 avec Costa Gavras, Géraldine Chaplin, Dario Argento etc.

La programmation, avec les Coppola (dont une nuit Le parrain), les grands classiques du N&B, les grandes projos, Ken Loach, Altman, Romero (la trilogie des zombies, évidemment), Noé (avec son film le plus connu), Bong Joon-ho, McDormand,
Auteuil, Sutherland, Bernal (à chaque fois à travers des sélections plutôt très connues), la nuit Chabat avec Mission Cléopatre... Elle n'a probablement jamais été aussi accessible.

Quant à la remise du prix Lumière, c'est une grand messe évidemment ultra people qui attire toujours plus, mais y a des centaines de séances à côté. Cela étant, oui, le festival me semblait déjà bien "gonflé" en 2015 (j'avais jamais vu un festival où même les places pour PMR étaient plus que largement épuisées ), j'imagine que ça ne va pas du tout en s'améliorant. Cela étant dit, les exploitants doivent être ravis de faire salle comble plusieurs fois par jour, tous les jours, pendant 9 jours. Je doute notamment que les séances de 11h en semaine au Pathé Bellecour remplissent habituellement autant leurs sièges...

[Boba Fett 69]

Par contre "programmation trop pointue ou eltiste" c'est un peu ce que le public recherche (des raretés !) et puis il y a "Astérix et Cleopatre" de chabat de l'autre ou faire la nuit "Seigneur des anneaux" l'an dernier : de ce côté il y en a quand même pour tout le monde.
Quand au film de la cérémonie d'ouverture, j'avais pas fait gaffe mais c'est limite flippant vu le type de festival (de patrimoine )

Le but d'origine de ce festival est de permettre au grand public de voir ou revoir des films ''anciens'' sur grand écran, et dans les meilleures conditions techniques possibles. Sans compétition, ni brouhaha médiatico-people. En tout cas à la base c'était ça, simple et sans chichis.
L'accroche des premières éditions, c'était "Un festival de cinéma pour tous". Elle a disparu des affiches depuis un moment.

Je reconnais que la programmation a souvent été de qualité, variée et balayant le spectre de toutes les cinéphilies.
Cela étant, on va dire que depuis deux ou trois ans, les films grand public ont tout doucement laissé la place à des films obscurs, arty, intellos ou à l'audience limitée. Un peu comme à Cannes finalement, qui est un festival artistiquement totalement déconnecté de la masse (je n'ai pas dit à la masse hein ).
Le pire ayant été atteint l'an dernier, où la programmation a touché le fond, et où je n'ai pas réussi à trouver plus de deux films qui m'intéressaient. Certes beaucoup de gens ont probablement été satisfaits, et les séances étaient toujours aussi remplies, mais je ne suis pas sûr que le festival arrive à attirer le public de multiplexes de cette manière.

La barre semble avoir été redressée cette année, avec une programmation bien plus équilibrée, entre films pointus et grands classiques populaires.

[tenia]

Tu peux pas faire de Clint Eastwood la tête d'affiche dès la 1ere édition (avec en invité Claudia Cardinale, les frères Dardenne, Kusturica, et d'autres) et t'étonner de rameuter un max de people et de journalistes en tout genre.

L'accroche "Un festival de cinéma pour tous !" est la 1ere phrase du programme 2019. Elle était présente de 2009 à 2012. En 2013, c'était Vive le cinéma, de 2014 à 2016 c'est devenu un simple Bienvenue à [Prix Lumière de l'année] et en 2018 "Le rendez-vous mondial du cinéma classique". Après, une tagline reste une tagline. Elle peut rester là tandis que le contenu change quand même.

Cela étant, on va dire que depuis deux ou trois ans, les films grand public ont tout doucement laissé la place à des films obscurs, arty, intellos ou à l'audience limitée.

Le pire ayant été atteint l'an dernier, où la programmation a touché le fond, et où je n'ai pas réussi à trouver plus de deux films qui m'intéressaient.

Forcément, ceci explique cela. Sans trop forcer, je trouve 35 films dans la programmation 2018 que j'aurais pu aller voir, et beaucoup d'entre eux me parlent au premier coup d'oeil parce qu'ils sont tout sauf arty ou obscurs : des films avec Henry Fonda, du King Hu, des Decoin, Buster Keaton, Bogdanovich, Claire Denis, Renoir, The Other Side of the Wind (évidemment), etc.

Alors c'est sûr que Muriel Box, Richard Thorpe, Peter Solan ou Zoltán Fábri, c'est pas super grand public, mais en 2018, les gens pouvaient aussi aller voir NY 1997, Le voleur de bicyclette, Certains l'aiment chaud, La Dame de Shanghai, Le Hussard sur le toit, Les fils de l'homme et Gravity, No Country for Old Men, Itinéraire d'un enfant gâté, du Chaplin et du Keaton, Razzia sur la chnouf ou La Vérité sur Bébé Donge, Douze hommes en colère, Le Faux coupable ou Les Raisins de la colère. Et je n'ai cité aucune grande projection (Les Chaussons rouges, Il était une fois dans l'Ouest, La Horde sauvage, Greystoke, la légende de Tarzan et Tigre et dragon par ex).

Le festival est clairement schizophrénique mais parce qu'il a pour vocation de brasser très large. Après tout, des films très populaires sont aussi restaurés à grands frais : si on ne les montre pas ici, ce serait un peu ballot. Mais je trouve tout de même ce procès d'intention assez surprenant compte tenu, dans les faits, des programmations concernées et qui sont tellement vastes et variées que ça montre bien qu'on peut leur faire dire tout ou son contraire.
En 2017, WKW côtoyait Del Toro et des westerns très classiques, et en 2016, Deneuve (et une sélection très abordable) était accompagnée d'Universal Monsters et Park Chan-wook.
Il y a de tout, exactement comme cette année, et j'ai moi-même du faire des choix improbables entre une rareté slovaque ou Okja, un Coppola ou un Juraj Herz.

Je ne sais pas si tu as déjà regardé les programmes de Toute la mémoire du monde ou Il Cinema Ritrovato, mais c'est exactement le même constat. Et c'est logique : à partir du moment où Warner restaure Le magicien d'Oz et qu'en parallèle, Refn fait restaurer The Maidens of Fetish Street, les festivals concernés feront forcément le grand écart entre les deux.

Certes beaucoup de gens ont probablement été satisfaits, et les séances étaient toujours aussi remplies, mais je ne suis pas sûr que le festival arrive à attirer le public de multiplexes de cette manière.

Je ne crois pas que le festival n'ait jamais attiré beaucoup d'autres spectateurs que des gens déjà conquis (hormis, je suppose, l'année de Tarantino qui a du brasser plus large) et qui profitent surtout de voir ces films en salles, avec en plus parfois des invités plus ou moins prestigieux. Je l'imagine mal décloisonner quoique ce soit.

[John Holden]

L'accroche des premières éditions, c'était "Un festival de cinéma pour tous". Elle a disparu des affiches depuis un moment.

Ah ? Je pourrais te parler de certaines séances matinales ou début d'après midi, notamment d'obscures films muets italiens ou hongrois, dans la salle du hangar, c'était il y a bien 6 ou 7 ans. La salle était quand même remplie au moins de moitié, ce qui tu en conviendras, pour une salle de cette capacité, est considérable vu l'heure et le contenu de la séance. Donc non, le festival a toujours laissé une place assez exhaustive à une programmation que je qualifierais plutôt de sensible, curieuse, que "pointue".

Cela étant, on va dire que depuis deux ou trois ans, les films grand public ont tout doucement laissé la place à des films obscurs, arty, intellos ou à l'audience limitée.

Encore une fois, je le répète, ces films que tu catalogues de façon aussi péremptoire, était déjà bien présents dès les premières éditions. Et pourquoi faudrait il forcément opposer des films dits "grands publics" à des films qui ne seraient censés s'adresser qu'à une minorité d'élus, snobs, suffisants ?
Dans ma collection de films classiques, il y a des comédies bien rugueuses, des mélos dégoulinants de bons sentiments, comme des films plus intimistes, formalistes. Et pourtant je ne prétends pas vraiment tendre à l'exhaustivité et être particulièrement "grand public".

Le pire ayant été atteint l'an dernier, où la programmation a touché le fond, et où je n'ai pas réussi à trouver plus de deux films qui m'intéressaient. Certes beaucoup de gens ont probablement été satisfaits, et les séances étaient toujours aussi remplies, mais je ne suis pas sûr que le festival arrive à attirer le public de multiplexes de cette manière.

Si j'avais pu faire davantage que 5 jours et environ une grosse vingtaine de films, j'aurais trouvé sans problème, une dizaine de films supplémentaires à aller voir !
Je serais curieux que tu nous expliques quel est le profil type du public de multiplexes. Pour avoir été à plusieurs reprises projectionniste au festival d'Annonay, qui lui pour le coup, présentait une programmation qu'on pourrait qualifier d'''exigeante" (festival international du 1er film avec exclusivement des vost, films ukrainiens, thaïlandais, mexicains...), je peux te dire que les salles étaient remplies, qu'aujourd'hui ce festival compte près de 30 000 entrées, ce qui est admirable pour une petite ville de 16000 habitants qui constituaient l'essentiel des spectateurs. Peut être aussi parce qu'on ne prétendait pas penser à leur place qu'ils n'étaient censés aller voir que des films grands publics dans des multiplexes...
Après je ne ne suis pas dupe, je suis bien conscient que naturellement, une majorité de spectateurs privilégiera d'abord les films de pur divertissement, mais je reste persuadé qu'un exploitant, une équipe de festival qui font bien leur travail, saura rendre ces personnes davantage curieuses en les impliquant d'une façon ou d'une autre. Ce n'est pas une fatalité en soi que les spectateurs de blockbusters passent leur vie entière à ne jamais s'intéresser à un autre cinéma. Enfin je l'espère naïvement.

[LeRationaliste]

Si l'un de vous a la chance de voir Coppola, qu'il prenne son courage à deux mains et lui demande où en est son projet Megalopolis, qui n'en finit pas de revenir sur le devant de la scène depuis vingt ans au moins. Il y a quelques mois, on nous apprenait que l'entreprise était vraiment sur les rails, le tournage imminent. Mais j'ai un gros doute, et j'aimerais tant le voir levé.

Pas besoin d'attendre :

https://hiphopcorner.fr/megalopolis-pro ... r-le-jour/

Voilà.

L.R

[Bastien69]

Le film d'ouverture sera La belle époque, de Nicolas Bedos.
Les gens venus voir du naphta vont en avoir pour leur argent.

Une nouvelle preuve que le festival est en train de se "Cannes-iser" dangereusement depuis deux ou trois ans.

Autopaluchage, montée de l'entre-soi, invités inconnus du grand public, programmation (trop) pointue et élitiste, remise du prix Lumière de plus en plus inaccessible au public (nombre de places VIP en croissance constante), etc...

Arrêtes un peu de dire de la merde. Car les films de Bong Joon Ho, la nuit du parrain ect c’est pas ce qu’on peut appeler des événements élitistes. Je trouve pour ma part cette programmation formidable et que des personnes ronchonneuses dans ton genre n’y aillent pas c’est le top.

[John Holden]

Quelqu'un a t'il eu l'occasion de jeter un oeil à l'entretien Tavernier/Fremaux paru tout récemment ?
Et si oui, y a t'il es choses ajoutées à celui figurant dans la réédition d'Amis américains ?
Merci

[tenia]

De ce que j'ai compris, la conversation Fremaux / Tavernier est identique dans le livre et dans son édition à part. En tout cas, c'est comme ça que c'est vendu. Je suppose qu'ils ont estimé qu'elle pouvait notamment intéresser ceux qui avaient l'ancienne édition d'Amis américains.

J'ai aussi feuilleté le livre de Garnier sur Sterling Hayden. 300 pages, environ 200 de texte, 30€. Feuilleté quelques passages, ça a l'air pas mal du tout. Les photos m'ont paru être beaucoup tirées d'archives etc (càd pas beaucoup de "captures" de film).

[John Holden]

Merci. Oui bien intéressé par le bouquin de Philippe Garnier !

[lechatquifume]

Si on comprend bien on va devoir se farcir Tenia au Festival Lumière ?? Nos seuls moments de bonheur professionnel durant l'année. Et il sera là ... Il va nous gâcher les petits fours exquis offerts tous les jours

[tenia]

Cherche pas, t'es foutu, et en plus, je boufferai tous les petits fours.
Ce qui me fait d'ailleurs penser :

[lechatquifume]

Ah alors tu vas voir nos prochaines sorties demain ? Les grosses annonces !! Les restaurations de dingues de 2020 ? On va demander à ce que tu sois bloqué à l'entrée...