Fred Astaire (1899-1987)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22179
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Supfiction »

Supfiction a écrit :J’ai revu Carioca suite à l’avis de Jeremy plus haut. Je ne serai pas aussi élogieux. Si Dolores Rio a un certain charme, on s’ennuie devant une non intrigue sans intérêt à l’exception d’une ou deux scènes de quiproquos et de séduction. Fred Astaire est bien le seul à susciter l’intérêt. Il est frappant de constater que pour son quasi premier rôle, son personnage est déjà pratiquement là : énergique, malin, charmeur, fiable, volontaire et cherchant toujours à s’élever dans la société quitte à ruser quelque peu pour faire fi des obstacles.
On ne retrouve pas encore la Ginger Rogers mutine et quelque peu vindicative qui fera son succès et pour cause, comme l’a signalé Jeremy, une autre actrice était prévue pour le rôle. On sera donc étonné de la voir aussi conciliante, gentille, limite un peu simplette. Elle est évidemment charmante et très belle à 22 ans à peine. Mais ça manque : jamais Astaire et Rogers n’ont ici l’occasion de se chamailler.

Le film n’est pas vraiment une comédie musicale tel qu’on l’entend aujourd’hui. Il n’y a presque pas de scènes chantées (à l’exception de Rio chanté par Astaire à la toute fin pendant que Ginger fait des acrobaties avec ses copines dénudées sur l’aile d’un bi-plan) et les chorégraphies sont, Astaire mis à part, plus proches des films de Busby Berkeley que des futures grandes comédies musicales qui succèderont et qui s'appuieront sur des intrigues plus évoluées. Aussi Flying down to Rio constitue un passage de témoin entre deux époques de la comédie musicale. Comme si Astaire lui-même avait piraté le film, le faisant rentrer dans la modernité à son insu. Le dernier plan du film est un fondu au noir sur le couple riant, comme une promesse de nombreux films à venir.



Youpiiiii....


Jeremy Fox a écrit :Et du coup ton zone 1 était toujours vaillant. Ca m'a rassuré aussi en le testant hier.
Non mon zone 1 est bel et bien foutu, rien à faire (et pourtant c’est un dvd que j’ai du voir une seule fois je pense). Je me suis débrouillé autrement.
Je retesterai les autres au rythme de tes chroniques..
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Jeremy Fox »

Supfiction a écrit :.
Je retesterai les autres au rythme de tes chroniques..
Faudra quand même être patient ; quand je parle d'été ça pourrait être à partir du 20 septembre :mrgreen:
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22179
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Supfiction »

Image

Désolé Jeremy, j'ai pris un peu d'avance en enchaînant la re-vision de The gay divorcee/La Joyeuse Divorcée après Flying down to Rio il y a deux semaines. Il s'agit donc du premier véritable Astaire/Rogers après "l'épisode" précédent qui constituait en quelque-sorte la rencontre au second plan du plus célèbre couple de l'histoire d'Hollywood.
Cette fois-ci, il y a une vrai intrigue et une ébauche de formule type de la comédie romantique se met en place, rencontre sur de mauvaises bases (Fred déchire la robe de Ginger alors qu'il voulait l'aider à la décoincer d'une malle de voyage) et nombreux quiproquos à l'appui. Elle s'avère un peu mince pour tenir le film de bout en bout et le morceau phare du film (mais de loin pas le meilleur), "The continentale" sera étiré démesurément (plus de 17 minutes) avec le renfort de nombreux danseurs et danseuses pour atteindre la durée du film souhaitée. Evidemment, le vrai grand moment du film n'est pas celui-ci, même s'il est sans aucun doute le plus cher, mais le numéro sur Night and Day de Cole Porter avec lequel Fred emballe Ginger ou presque puisqu'il ne sait jamais vraiment conclure. Ce sera d'ailleurs une constante : Fred n'embrasse pas (ou presque). Le sexe est tabou et pourtant il y a une blague particulièrement osée lorsque Fred demande à Alice Brady qui joue l'amie/chaperonne de Ginger de pouvoir être seul avec cette dernière parce que pour faire ce qu'il doit faire on doit être deux et pas plus. Elle répond alors: "c'est ce que vous croyez".

Ginger Rogers est totalement craquante et pourtant elle n'a pas été gâtée par le réalisateur Mark Sandrich qui ne la voyait que comme un faire-valoir pour Astaire et non un élément indispensable du duo. Aussi, l'essentiel de l'humour sera assuré par les seconds rôles Edward Everett Horton, Alice Brady (totalement déjantée) et Eric Blore (qu'on retrouvera régulièrement dans les films de Ginger et Fred). Un gigolo italien assure ce rôle aussi mais plutôt à son insu.

Pour moi, un très bon (second) démarrage donc avec un morceau d'anthologie (Night and day) et quelques scènes amusantes et une Ginger Rogers totalement charmante en dépit de sa déception (qui semble visible par moments) face au manque d'intérêt de son réalisateur qui n'a d'yeux que pour Fred.

Image
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22179
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Supfiction »

Jeremy Fox a écrit : The Belle of New York (1952) de Charles Walters.


Une intrigue légère au possible mais au final une véritable bulle de champagne de 80 minutes grâce au métier de Charles Walters et de nos deux acteurs-danseurs qui nous offrent une kyrielle de numéros tous plus plaisants les uns que les autres. La danse millimétrée autour du tramway ('Oops'), celle au milieu des tableaux ('A Bride's Wedding Day Song'), celle où Fred Astaire danse sur du sable jeté sur la scène ('I Wanna Be a Dancin' Man') et celle au cours de laquelle Vera-Ellen s'habille pour se faire passer pour une 'cocotte' ('Naughty but Nice') sont délicieuses (pour ne citer que les 4 plus marquantes car tout le reste mérite de retenir aussi l'attention). A l'image de cette idée d'une belle naïveté comme quoi quant on est amoureux, on s'envole, Charles Walters le prend au pied de la lettre et nous enchante tout du long avec une histoire tenant sur un bout de papier. Curieux de voir comment aussi bien le réalisateur que Charles Walters ont détesté ce film !
Je n'aime pas non plus ce film qui comme tu l'as suggéré n'a pratiquement aucun scénario et surtout qui est une succession de numéros avec une portion de comédie réduite au stricte minimum (et plus le film avance moins il y en a d'ailleurs, les morceaux finissant par s’enchaîner les uns aux autres sans transition). Je distingue deux sortes de comédies musicales : les comédies romantiques-musicales et les comédies musicales musicales dans lesquelles l'intrigue est proche de zéro et uniquement prétexte à lancer les numéros musicaux. Celle-ci fait clairement partie du second type.
En outre, Vera-Ellen est plutôt bonne danseuse mais est totalement dénuée de tout sex-appeal. Le comique de situation est totalement absent. Pour moi, c'est l'ennui total malgré un ou deux bons numéros de Fred Astaire qui cherchait l'innovation technique comme dans Mariage Royal à défaut de scénario.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22179
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Supfiction »

Image

Roberta (1935) de William A. Seiter

Un ancien joueur de football, John Kent, rencontre Huck Haines et son jazz band, les Wabash Indianians, et ils voyagent ensemble. Ensemble, ils rendent visite à la tante de John, Roberta. Celle-ci tient un magasin de mode avec sa vendeuse Stéphanie dont John tombe amoureux. Après le décès de sa tante, c'est lui et ses compagnons de route qui reprennent le magasin.

Ce film constitue la troisième collaboration Astaire-Rogers mais étonnement, après La Joyeuse Divorcée en 1934 qui voyait le duo passer au statut de vedette pour la première fois, les voici de nouveau relégués au second plan de l'intrigue. Car ce sont Randolph Scott et Irene Dunne qui sont bel et bien au premier plan alors que Astaire et Rogers assurent le comique de situation et les intermèdes de danse évidemment. Smoke gets in your eyes et I Won't Dance sont les deux tubes de Jerome Kern écrits pour l'opérette Roberta de 1933 et qui fut adaptée au cinéma deux ans plus tard. Le premier morceau échoie à Irene Dunne qui l’interprète semble t-il elle-même alors que "I Won't Dance" sera interprété par Fred Astaire et dansé avec sa partenaire. Irene Dunne est une nouvelle fois parfaite dans la comédie. Elle me fait beaucoup penser à Barbara Stanwyck d'ailleurs dans ce registre.
En revanche, je n'ai pas trouvé que ce fut une bonne idée de la faire chanter tant elle est figée et peu à l'aise. Ce n'est pas une chanteuse et ça se sent :ça manque de swing et de modernité. Bref c'est très vieillot alors que Astaire sans avoir une grande voix reste toujours agréable à écouter grâce à son sens du rythme. C'était un jazzman et il a l'occasion de le montrer au piano quelques instants.

Randolph Scott s'en sort tout juste en leading role romantique. On a du mal à l'imaginer romantique et crevant d'amour comme l’interprétait si bien Fred Astaire. En revanche, son aspect guindé s'avère finalement plutôt drôle (lorsqu'il est coincé dans l'ascenseur par exemple). Il y a avait quelque-chose à creuser de ce côté là.
Ginger semble, elle, s'amuser beaucoup car elle a peut-être pour la première fois l'occasion de tenir un personnage purement comique et pas seulement un faire-valoir romantique. Elle prend ainsi un accent russe plutôt surprenant mais son rôle et ridicule mais cela s'inscrit dans le cahier des charges du supporting role purement comique et sans aucune importance dans le scénario.

Roberta s'avère au final davantage une comédie, manquant un peu de rythme d'ailleurs et de légèreté aussi, qu'une véritable comédie musicale à l'exception des deux morceaux (et quels morceaux!) de Jerome Kern. On parlera donc abusivement de film de Fred Astaire et Ginger Rogers, le film réjouira les admirateurs des 4 stars réunis à l'écran. Les autres n'y trouveront pas leur compte.

Image
Image
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2413
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Barry Egan »

Shall We Dance

Émerveillement. Il se passe pas grand-chose, encore une fois, mais c'est le bonheur, quand il ne se passe pas grand-chose. Je suis fan de la séquence dans la soute du bateau, quelle modernité musicale ! Et cette fin toute sublime... J'aime le fait que les moments de séduction entre Astaire et Rogers passent tous par la musique et la danse, alors que les moments dialogués sont tout le contraire. Ça s'appelle du cinéma parlant ! :wink:
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99608
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Jeremy Fox »

Allez c'est parti ; je me refais l'intégrale des Fred Astaire que j'ai en DVD/BR. Je file commencer par Flying Down to Rio
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2413
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Barry Egan »

:D

Pour moi ce soir c'est "La Belle de Moscou" parce que Cyd Charisse... et parce qu' "I must go to Must-Go" :uhuh:
Image
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2413
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Barry Egan »

Le Danseur du dessus

Moins imaginatif que "Shall We Dance", une simple histoire à propos d'un homme qui tombe amoureux d'une femme et danse avec elle jusqu'à ce que les inévitables quiproquos soient résolus. Je comprends pourquoi la scène de "Cheek to Cheek" est aussi iconique (c'est beau). Ginger Rogers est super expressive encore une fois, c'est un bonheur de la voir réagir. Sinon, c'est moi ou y a une pluie de sous-entendus homosexuels dans les deux films ? Y a comme quelque chose entre Eric Blore et Edward Horton, faire-valoir comiques au couple hétéro principal. C'était voulu et visible par le public de l'époque ou c'est juste moi ?
Image
Avatar de l’utilisateur
Jean-Pierre Festina
Electro
Messages : 999
Inscription : 13 nov. 07, 12:55

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Jean-Pierre Festina »

Supfiction a écrit : 29 mai 19, 17:16 Image
Mordez un peu la coupe absolument parfaite (les manches en particulier) d'un costume de soirée pensé pour la chorégraphie...
LU SUR FORUM A MONTRES : "(...) maintenant c'est clair que Festina c'est plus ce que c'était(...)"


Non mais ALLOOOO quoi
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22179
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Supfiction »

Dirk Diggler a écrit : 18 oct. 20, 17:01 Sinon, c'est moi ou y a une pluie de sous-entendus homosexuels dans les deux films ? Y a comme quelque chose entre Eric Blore et Edward Horton, faire-valoir comiques au couple hétéro principal. C'était voulu et visible par le public de l'époque ou c'est juste moi ?
Tu parles de ça ?
Je ne vois rien. Que ce soit aujourd’hui ou à l’époque, les gens voient ce qu’ils veulent voir. :)



Je ne suis pas fan non plus du scénario de Top hat. Je lui préfère de très loin Swing Time.
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2413
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Barry Egan »

Je sais pas, quelque chose dans le maniérisme...

Et un de plus sur la liste !!
Image
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14052
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Alexandre Angel »

La quintessence de l'art de Fred Astaire est en replay sur TCM dans des copies meilleures, ce me semble, que celle des éditions Montparnasse (RKO).

Redécouvrons The Gay Divorcee, Top Hat, Carioca, Swing Time, En suivant la flotte...

Fred marche, esquisse et quand il se met à tricoter ses pas élégants et jaillissants, c'est juste sublime.

Remboursement Sécurité Sociale garanti.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22179
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Supfiction »

Alexandre Angel a écrit : 16 août 21, 20:59 La quintessence de l'art de Fred Astaire est en replay sur TCM dans des copies meilleures, ce me semble, que celle des éditions Montparnasse (RKO).

Redécouvrons The Gay Divorcee, Top Hat, Carioca, Swing Time, En suivant la flotte...

Fred marche, esquisse et quand il se met à tricoter ses pas élégants et jaillissants, c'est juste sublime.

Remboursement Sécurité Sociale garanti.
Je les avais repérés justement et projetait de me passer La joyeuse divorcée. Pendant qu’on y est, son seul concurrent est lui sur OCS dans Escale à Hollywood.

Image

Tiens ce serait pas un gag repris dans Home Alone ?
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14052
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Fred Astaire (1899-1987)

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit : 16 août 21, 22:26 Image
Tiens ce serait pas un gag repris dans Home Alone ?
C'est un gag qu'on a l'impression d'avoir vu des dizaines de fois.
Qui du premier ? Bien incapable de répondre.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Répondre