La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

Message par bruce randylan »

Aussi intitulée "Nemuri Kyoshiro", du nom du héros, cette saga trouve son origine dans une série de romans signés Renzaburō Shibata au milieu des années 50's et qui connut de nombreuses adaptations au cinéma et à la télé.
La plus connue et célébrée est donc Sleepy eyes of death produit par la Daiei pour 12 films avec Raizo Ichikawa entre 1963 et 1969, interrompue par la mort de la vedette. Matsukata Hiroki tenta de le remplacer mais étant donné la mauvaise réception du public, seuls deux films furent mis en boîte.

Aux USA, le label Animeigo a sorti les 12 Raizo Ichikawa en 3 coffrets de 4 films, toujours disponibles.
Je vais essayer de m'en faire un par semaine :)

Sleepy Eyes of Death 1: The Chinese Jade (Tokuzo Tanaka - 1963) est une parfaite mise en bouche.

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Nemuri Kyoshiro est déjà un personnage surprenant, un ronin cynique pour ne pas dire nihiliste. Il porte sur le monde un regard sombre et désabusé, ne possédant pas d’idéaux. Ce qui lui permet d'échapper à pas mal de traquenard ou manipulations étant toujours dans une analyse froide et clinique des situations ou des individus s'adressant à lui ; souvent pour lui demander d'accepter une mission. Dans ce premier épisode, beaucoup de personnes cherchent d'ailleurs à s'offrir ses services. Nemuri passe ainsi, un peu à la manière d'un Yolimbo, d'un clan à un autre, surtout par curiosité davantage que par intérêt.
Celà dit, l'influence la plus évidente semble être les films noirs américains (ou les romans les inspirant). Dans ce premier épisode, le scénario tourne autour d'un statuette à retrouver, variation du Faucon Maltais. Femme cachant son jeu, scénario à tiroirs et intriguants mystérieux viennent compléter ce tableau revu et corrigé à la sauce Jidei-geki avec ninja, shogun et prêtre bouddhique spécialiste des arts-martiaux chinois.
Le scénario est bien ficelé et l'histoire se suit avec intérêt même si les dialogues sont assez denses. De plus la mise en scène de Tokuzo Tanaka est beaucoup plus inspiré que d'habitude et ce dernier livre l'une de ses meilleures réalisations (pour ce que je connais de sa carrière). Le découpage est variée et le montage assez soutenu, aidant à créer une tension et à installer un climat permanent de suspicion à renfort de contre-plongée, décadrages et une habile utilisation de l'architecture des décors. Que ce soit en intérieur ou en extérieur, le scope est vraiment bien exploité, soutenue par une chouette photo, parfois très graphique comme une pièce baignant dans une lumière entièrement verte.

Les combats sont assez nombreux et plutôt bien fichu mais n'ont pas non plus l'intensité qu'on atteindra quelques années plus tard. Ca reste un film de 1963. Reste que les acteurs s'y investissent avec sérieux et on se prend bien au jeu. Le casting est à ce titre excellent avec un Raizo Ichikawa toujours aussi classe, épaulé par Tomisaburô Wakayama qui fait un adversaire charismatique appelé à revenir dans la saga.

Pas grand chose à redire sur les DVDs qui propose même différents sous-titres (un poil gros) : jaunes ou blancs et avec même la possibilité d'afficher quelques informations historico-culturelles supplémentaires (mais illisible vu le temps d'affichage). Les master sont propres, bien compressés à part quelques rares effets de ghosting dans les passages les plus sombres lors de mouvement rapides.
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Re: La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

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Sleepy eyes of death 2 : sword of Adventure (Kenji Misumi - 1964)

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En aidant un orphelin, Nemuri Kyoshiro s'attire la sympathie d'un fonctionnaire des finances qui s'oppose à la politique actuelle, écrasant la population d'impôts. Apprenant que ses prises de positions dérangent, Nemuri décide de le protéger de ses futurs assassins.

Après avoir souvent collaboré avec Raizo Ichikawa, Misumi reprend les rênes de la série, ce qui peut se percevoir dans l'orientation plus engagée de ce second volume. Une fois de plus Misumi place son héros du côté des "faibles" face à un pouvoir corrompu, usant sans scrupule de complots. C'est même parfois complexe à suivre puisque reposant sur des faits historiques assez précis.
Ca permet surtout d'offrir un nouveau visage à son (anti)héros qui dévoile un visage plus humain, surtout moins unilatéral, comme pour corriger sa dimension froide du premier épisode. Sa bienveillance s'exprimera ainsi indirectement quand il met en place un petit stratagème pour soutenir l'orphelin au début du film, quand il surveille les déplacements du fonctionnaire et il se mettra même à sourire face à une serveuse, pleine de spontanéité, amoureuse de lui.
Pour autant, il se montre toujours aussi déterminé et implacable face aux événements, rejetant des possibilités de bonheur et de stabilité qu'il devine impossible. Il y a presque comme un fatalisme qui pèse sur son caractère, évoqué par ses sautes d'humeur quasi quotidienne, dépendantes de sa contrainte d'avoir du tuer un homme ou non.
Les personnages gagnent en épaisseur, y compris ceux féminins qui sont à ce titre un peu plus intéressants, surtout la rivale de Nemuri.

Le contexte socio-historique prend parfois le pas sur le divertissement et n'évite pas longueurs très dialogués ou quelques problèmes de structures avec la disparition de certains personnages (comme l'orphelin qui sera évacué au bout de 30 minutes). Pas de tunnel non plus, grâce à ses comédiens, à l'alternance des scènes légères et plus graves. La tension est souvent présente aussi et donne lieu à une efficace scène de suspens avec un duel au sabre truqué. S'il y a peu d'action, le final est excellent, assez long et exploite parfaitement le décor naturel, mettant Nemuri Kyoshiro face à de nombreux adversaires.
La réalisation de Misumi fait preuve d'une belle assurance dans sa narration et l'approche de ces personnages, injectant une certaine sensibilité. C'est un peu plus traditionnel que le premier volet mais c'est d'un classicisme à toute épreuve, avec des plans d'une élégance remarquable.

Et on sent que pas mal d'éléments sont en train de se mettre en place pour la suite de la série (surtout le passé du Nemuri).
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Sleepy eyes of death 3 : Full Circle Killing (Kimiyoshi Yasuda - 1964)

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Je craignais le pire vu la présence de Kimiyoshi Yasuda et finalement ce troisième volet ne passe pas trop mal même si on sent qu'il manque la présence d'un vrai cinéaste aux commandes. Yasuda est un petit artisan passe-partout qui ne sort jamais des rails(*). Son style est pour le moins invisible, dénué d'audace, d'idée voire même d'efficacité, sans être pour autant un tâcheron. Il semble pour ainsi dire presque dépassé par le potentiel du scénario et préfère se reposer sur quelques plans chocs avec décapitation, main coupée et un méchant utilisant des cartes à jouer pour trancher la gorge de ses victimes. Dommage car le scénario est plutôt de qualité et qui donne le ton dès l'ouverture assez glaçante où un aristocrate s'amuse à essayer la qualité de son nouveau sabre en tuant froidement un habitant d'un bidon-ville. Comme le précédent opus, le fond est assez critique avec une peinture sociale engagé, assez sombre, sur fond de complot politique où une mère arriviste n'hésite pas à faire assassiner les proches du shogun pour que la place échoue à son fiston, le cynique testeur de sabre.

Beaucoup de bonnes choses auxquelles il manque un regard et une personnalité investi par cette histoire. Les personnages restent ainsi souvent en surface sans réussir à toujours exister à l'écran comme les parias vivant en périphérie de la ville et qui sont interchangeables. L'homme qui kidnappe la fille d'un riche est ainsi totalement artificiel et semble se contredire souvent. C'est encore plus gênant quand ces errements de caractérisation affecte Kyoshiro Nemuri qu'on a du mal à cerner, notamment son rapport avec la gente féminine, assez douteux dans cette épisode. Les adversaire sont souvent les plus intéressant bien qu'un peu redondant par rapport aux précédents films : le mystérieux et charismatique ennemi qui cherche à affronter la fameuse technique de Nemuri, qui n'a pas forcément envie d'occire un combattant de qualité et à l'éthique respectueuse.
Yasuda est donc plus à l'aise dans les quelques séquences d'action, divertissantes, mais qu'il n'arrive pas transcender et rendre aussi spectaculaire et intense qu'elles pourraient l'être, à savoir Nemuri prisonnier d'un donjon et devant faire face à des assaillants munis de lance et surtout un final sur un pont en flamme où Raizo Ichikawa est pris en étau entre sabreurs et archers. Ne soyons pas trop dur non plus car, ses scènes restent impressionnantes et nerveuses.

Un épisode plus conventionnel dans la forme, dans ses entournures narratives et dans la (non)évolution de son héros, mais suffisamment rythmé et ficelé pour éviter des bâillements intempestifs. 80 minutes, ça aide.

(*) Ca me fait penser que j'avais vu il y a deux ans sa variation féminine de Tange Sazen, Lady Sazen and the Drenched Shallow Sword (1969), assez médiocre dans l'ensemble avec une actrice loin d'avoir les épaules suffisantes pour le rôle.
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Sleepy eyes of death 4 : Sword of Seduction (Kazuo Ikehiro - 1964)
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Kyoshiro Nemuri croise le chemin de catholiques persécutés dont l'un d'eux lui explique qu'une sainte pourrait lui révéler son passé et qu'elle partage du sang commun avec lui. Sur la route, il croise aussi une despote qui pratique un trafic de jeunes femmes

Pour une raison un peu étrange, la cinémathèque possède une copie de cet épisode qui tournait de temps en temps dans "L'histoire permanente du cinéma". C'est là où je l'avais découvert il y a 7-8 ans (sans connaître la série alors). Sa révision est fidèle au souvenir que j'en avais gardé : c'est un excellent film. Sans doute le meilleur de la saga pour le moment grâce autant à sa réalisation qu'à son scénario qui renoue avec la noirceur du premier épisode, son héros trouble avec en plus une dimension historique et politique très forte, encore audacieuse pour le cinéma japonais un peu frileux sur ces thèmes. En quelques séquences, ce Sword of seduction dépasse d'ailleurs quasiment la densité et les dilemmes de Silence ! C'est adroitement mêlé à l'origine de Kyoshiro Nemuri, ce qui était déjà sous-entendu dans le premier épisode, et qui est approfondi avec intelligence. Ca fait donc plaisir de retrouver le tempérament si atypique de son héros qui n'a définitivement rien de romantique ou de noble... et donc prévisible dans ses actes ou réactions. Le final est stupéfiant à ce titre quand il retrouve la "sainte".
La richesse du scénario en font une œuvre complexe et assez intense dans sa dramaturgie parfaitement mis en valeur par Kazuo Ikehiro, un artisan souvent cantonné dans des séries à succès (Zatoichi, Sleepy eyes of death, Shinobi no mono...) et qui méritait semble doute plus. Sa réalisation ici est maîtrisé avec précision notamment un sens du cadre admirable pour des plans parfaitement composés qui savent tirer un maximum de ses paysages et les intégrer à la dynamique du récit : une arrière cour avec des herbes hautes, un long ponton, les cales d'un navire, un sentier en campagne entouré d'une végétation touffue... Il trouve souvent la valeur de plan et l'axe de caméra qui permettra de dépasser les conventions ou les passages obligées de certaines séquences (duel en face à face ; moments d'attente ; séquences dénudées).
Un travail d’orfèvre au service d'une histoire passionnante.

Ca met la pression pour l'épisode suivant !
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Sleepy eyes of death 5 : Sword of Fire (Kenji Mismi - 1965)

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Kyoshiro Nemuri croise un homme en train d'agresser une femme se défendant tant bien que mal. Il accepte de l'aider en échange d'une nuit et sabre son agresseur qui a le temps de le mettre en garde contre sa protégée avant de mourir. En effet, cette dernière fait rapidement preuve d'un art pour la manipulation dans les sphères politiques. En parallèle, Nemuri rencontre aussi d'anciens pirates persécutés.

Après un précédent épisode éblouissant, la saga semble se reposer sur sa formule et exploite sans vergogne le caractère de son héros, le privant de plusieurs touches d'humanité qui contre-balançaient son cynisme. Cette fois, et plus que jamais, il apparait comme un héros individualiste et égoïste, laissant des individus en détresse sans réagir ni même questionner leur culpabilité. Un tempérament qui parait un brin artificiel et qui semble contaminer son cinéaste qui se met en mode mercenaire, sans chercher à tirer vers le haut son matériel.
Le scénario ne propose ainsi rien de nouveau par rapport aux épisodes précédent avec de nouveau un vaste complot, des corrompus et un grand nombre de femmes fatales (c'est peut-être l'épisode le plus ouvertement misogyne) pour résultat brouillon, loin d'être très claire dans ses différentes sous-intrigues qui finissent inévitablement à se recouper dans le dernier acte.
La dimension monolithique de Raizo Ichikawa lasse également un peu sans que le film, heureusement, ne provoque l'ennui. Car si Misumi ne fait pas trop d'effort sur ses personnages et la limpidité de son histoire, sa réalisation est toujours aussi savoureuse avec une élégance, emprunt de classicisme, qui sait faire preuve quand il faut d'un esthétisme moins consensuel avec un sens du cadre qui malmène ceux présents à l'écran, compose une palette colorimétrique dénuée de quasiment toute touche de couleurs et organise un scope toujours autant impeccable.
C'est peut-être aussi l'épisode le plus musclé et le plus rythmé en terme de combats. Le final qui se déroule autour des différents pavillons d'un temple est fabuleux avec des compositions de plans très graphiques qui tirent un excellent parti de l'architecture et l'organisation des bâtiments.

On perd en originalité ce qu'on gagne en efficacité.
Dernière modification par bruce randylan le 27 juin 18, 09:09, modifié 2 fois.
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Sleepy eyes of death 6 : Devilish Sword (Kimiyoshi Yasuda - 1965)

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Refusant de passer la nuit avec une femme issue de la noblesse, Kyoshiro Nemuri apprend le lendemain que celle-ci s'est suicidée et lui a confié la responsabilité de son enfant, un garçon qui doit hérité de la direction d'un clan. Évidement, un clan adversaire cherche rapidement à s'emparer de l'enfant qui aspire lui à une vie plus calme et rejette le monde des samurais. En parallèle, la sœur d'un homme tué par Nemuri le prévient qu'elle ne tardera pas à se venger.

Ce 6ème épisode confirme le virage du précédent vers un recentrage plus commercial tant de la série que du personnage. On perd donc fortement en caractère... pour ne pas gagner grand chose en retour...
On a presque l'impression que les scénaristes se sentent obligés de rajouter une sous-intrigue sur une secte catholique pour conserver une certaine unité avec le début de la saga mais c'est sans trop y croire pour 2-3 séquences très mal amenées et qui recyclent même sans vergogne un décor de l'épisode 4. Au moins ça permet d'avoir une scène hors-sujet mais plutôt originale avec une cérémonie à la limite de la messe noire où Yasuda tente une réalisation plus graphique et stylisé que d'habitude. En tout cas, il confirme dans l'ensemble qu'il s'avère un cinéaste sans personnalité ni talent. Un mercenaire qui fait de son mieux sans pouvoir certainement rivaliser avec Misumi ou Ikehiro pour une mise en scène bien trop anonyme et formatée.
Ses scènes d'actions sont tout de même un peu mieux troussées que dans le 3ème volet et le passage avec les archers est plutôt sympathique à défaut d'être forcément très efficace. Et on trouve un combat en partie en vue subjective qui est plutôt réussi par contre ! :)
A côté de ça, le scénario est grandement simplifié, et moins politisé, par rapport aux précédents opus, ce qui se traduit par des lignes narratives plus claires et une durée d'à peine 75 minutes, forcément bien remplie sans temps mort avec tout de même des personnages attachants même si on regrette les aspérités de son héros, désormais essentiellement individualiste ; plus vraiment nihiliste.

Même si ça se suit encore sans déplaisir, ça serait bien que la série revienne à ses fondamentaux. Ou mette à sa tête des vrais cinéastes pour mieux habiller un univers plus uniformisé.
Dernière modification par bruce randylan le 6 juin 18, 22:53, modifié 1 fois.
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Sleepy Eyes of Death 7: The Mask of the Princess (Akira Inoue - 1966)

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Kyoshiro Nemuri recroise la route de la princesse défigurée, mêlée à un trafic de femmes, et bien décidée à se venger.

Une très bonne surprise venant d'un cinéaste que je connaissais pas (toujours pas vu son épisode de Zatoichi) et qui m'a vraiment épaté avec sa réalisation très soignée avec beaucoup de plans inspirés, parfaitement composés. Il utilise beaucoup la largeur du scope pour multiplier les cadrages jouant sur les lignes verticales et horizontales, créant ainsi de nombreux cadres dans le cadres venant enfermer, ou isoler, les personnages : paravent, longue muraille, douve, toiture, plongée verticale sur une ruelle, coupe d'une ombrelle, sentier. rectiligne se confondant avec l'horizon... Par moment c'est un peu artificiel mais ça évite tout de même le formaliste démonstratif. Et surtout, on reste rivé à l'écran avec le plaisir d'apprécier les superbes compositions en plans larges avec un emploi réussi des grandes lignes géométriques et des espaces vides. Il y a même une séquence filmée (au télé-objectif) depuis une colline sur où l'action se déroule en contre-bas.

Cette réalisation est salvatrice face à un scénario qui est cependant assez décevant. Cette fois, c'est certain, rien ne vient différencier Kyoshiro Nemuri de n'importe quelle autre série. L'intrigue n'a rien d'original non seulement dans la saga mais dans le genre chambara lui-même.
En revanche, le rythme est bien présent, les combats sont toujours bien réglés (encore que le final aurait pu avoir plus d'ampleur) et les personnages relativement attachant.


Sleepy Eyes of Death 8 : Sword of Villainy (Kenji Misumi - 1966)

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Troisième et dernier épisode signé Misumi pour l'un des épisodes les plus décevants de la série. Le défaut majeur provient d'un scénario (écrit par Daisuke Ito !!) qui ne parvient jamais à passionner. Il y a avait pourtant du potentiel dans ce duel entre Nemuri et un double encore plus froid et cynique que lui. Ce dernier lui vole sa fameuse technique de sabre et est prêt à tout pour se venger d'un pouvoir corrompu, y compris à sacrifier des innocents. Pourtant Misumi n'en fait strictement rien comme s'il se désintéressé totalement du matériel et des personnages. D'ailleurs Raizô Ichikawa est presque totalement absent des 20 premières minutes (soit un quart du film). Dans l'ensemble, les personnages sont totalement creux, aux motivations floues pour une intrigue brouillonne qui ne cherche pas à poser des enjeux dignes de ce nom.
De plus la mise en scène de Misumi est très faible avec un style académique peu stimulant qui se réveille principalement lors des scènes de duels comme un combat sur un pont. Mais on sent qu'il n'est pas investi et se contente du minimum. Il bâcle ainsi la scène où Nemuri observe cet inconnu qui imite sa technique et découvre, révulsé, la violence qu'elle provoque. C'est expédié en 3-4 plans qui s'enchaînent assez mal et qui n’approfondissent pas le malaise du moment. A se demander si le studio n'a pas massacré la scène au montage pour l'aseptiser.

Heureusement le très beau final vient un peu relever le niveau avec un superbe face à face sur un toit. Sans ça, le film n'aurait même pas la moyenne je pense.
Dernière modification par bruce randylan le 6 juin 18, 22:54, modifié 1 fois.
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Sleepy Eyes of Death 9 : A Trail of Traps (Kazuo Ikehiro - 1967)

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Kyoshiro Nemuri aide à transporter une statue en or de la vierge Marie alors qu'une secte essaie de mettre la main dessus

Kazuo Ikehiro avait signé le meilleur épisode de la série jusqu'ici et son retour permet de revenir à l'esprit initial après plusieurs épisodes quasiment hors-sujet. On renoue ainsi avec quelques évocations du passé du personnage, les intrigues basées sur une secte chrétienne et un ton de nouveau acerbe et cynique. Kyoshiro Nemuri redevient cet anti-héros individualiste, froid, éloigné de tout esprit chevaleresque et sacrément machiste, ce qui permet ironiquement d'être un peu moins misogyne que plusieurs des derniers opus (en rendant Nemuri plus présentables, les personnages féminins étaient réduites à de la figurations ou restaient très superficielles). On y trouve même les dialogues les plus athées de toute la saga.
Ca fait donc plaisir de voir un épisode avec un peu plus de caractère. Cependant Ikehiro ne parvient pas à être à la hauteur de son travail sur l'épisode 4 en terme de réalisation en étant un peu conventionnel et moins inspiré. Tout en demeurant supérieur à la moyenne des épisodes précédents avec quelques plans très graphiques qui tirent un excellent parti des décors en studios.
Par contre, une fois que les enjeux sont exposés, le ton est plutôt atypique dans sa seconde moitié avec un flegme qui contamine sa narration et sa mise en scène. Le scénario y devient très basique : Nemuri doit rejoindre à pied Kyoto et tombe sur une série de pièges et de traquenards qu'il combat stoïquement avant de reprendre sa route comme si rien ne s'était passé. J'ai presque eu l'impression de me retrouver dans Baby Cart II qui possède le même genre de mécanique. Ikehiro expérimente beaucoup moins que Misumu mais possède un sens du cadre et du montage assez savoureux avec quelques idées originales comme le guet-apens avec les bambous (bien que ça ne soit pas crédible une seconde) ou des ellipses bien utilisés qui n'ont pas besoin de détailler comment Nemuri s'échappe d'une situation une fois qu'il a compris comment s'en sortir.
En tout cas, les différents combats sont impeccables et le final est vraiment excellent en se déroulement à côté d'une teinturerie. Et l'ultime face-à-face est peut-être celui qui capte le mieux la fameuse technique " Full Moon Cut". Ce qui n'est pas une surprise puisque c'est déja Ikehiro qui avait mis en scène l'idée de la "trainée" lors du mouvement circulaire du ronin.
Par contre, on évite pas la répétition avec quelques péripéties déjà croisés préalablement comme les ennemis cachés sous les nattes de pailles ou les trappes dérobées.
Dernière modification par bruce randylan le 27 juin 18, 09:08, modifié 2 fois.
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Re: La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

Message par bruce randylan »

Sleepy eyes of death 10 : Hell is a woman (Tokuzo Tanaka - 1968)

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Une princesse demande l'aide de Kyoshiro Nemuri pour l'accompagner dans son fief où deux lieutenants anticipent la mort de son père et donc sa succession.

On n'avait pas eu de nouvelles de Tanaka depuis le premier épisode de la saga. Son retour aux manettes signe une nouvelle régression avec un opus "loner" qui pourrait être totalement déconnecté de la série. Ca serait même presque une bonne chose car certains effets commencent presque à virer aux runnings gags involontaires : les tentatives de séduction sur Kyoshiro impassible (ou Kyoshiro jouant de sa position privilégiée pour tester la vertu d'une damoiselle en détresse), les lances surgissant des tatamis, les adversaires qui passent leurs temps à dire qu'ils repoussent leur confrontation pour la fin du film... sans oublier la fameuse technique du "Full-moon-cut" que Ikehiro avait eu la bonne idée de réduire au maximun pour éviter la lassitude.
Plus que jamais, l'impression que l'équipe suit le cahier des charges sans imagination avec de plus un scénario d'une immense platitude qui n'a rien à raconter. Le sentiment de surplace est renforcé par certains décors qu'on a l'impression d'avoir vu à 3-4 reprises au gré des précédents numéros.

Une fois qu'on a dit ça, il faut heureusement reconnaître que le film possède plusieurs qualités qui redressent le bilan. Tanaka prouve qu'il peut parfois surprendre agréablement. Dans cet épisode, on trouve une stupéfiante séquence graphique, presque psychédélique, avec une aveugle qui attaque Nemuri en troublant sa vision. La scène est donc entièrement plongée dans le noir à part une lueur colorée oscillante irréelle.
En dehors de cette séquence, c'est davantage du classicisme d'un honnête niveau avec quelques cadrages réussis et régulièrement une bonne atmosphère qui repose sur des formules déjà vues des dizaines de fois ailleurs mais bien exploitées : le combat dans la forêt embrumée ou le final sous la neige qui dégagent toujours leur petit effet.

Ce qui fait surtout la qualité de ce Sleepy eyes of death est la création de deux tueurs à gages pour dessoude Kyoshiro Nemuri, chacun étant embauché par l'un des lieutenants. Ces deux adversaires sont campés par deux acteurs charismatiques et sont d'un niveau égale à ce dernier dans le maniement des sabres. Les combats qui les opposent au héros sont ainsi peut-être les plus chorégraphiés et intenses puisqu'ils ne reposent pas sur une seule passe d'armes.
La seconde moitié s'en trouve grandement valorisée et ces deux adversaires donnent une belle dimension tragique et noble à l'approche du dénouement.

Démarrant sous des auspices alarmant, ce dixième volet s'avère finalement encore tout à fait plaisant. :)
Dernière modification par bruce randylan le 6 juin 18, 22:55, modifié 1 fois.
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Re: La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

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Sleepy eyes of death 11 : In the spider's lair (Kimiyoshi Yasuda - 1968)

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Kyoshiro Nemuri croise la route de deux enfants du Shogun, un frère et une soeur, qui se sont fait passer comme mort pour continuer leurs jeux sadiques envers la population.

Après un début intriguant qui laisse à croire qu'on va approfondir le personnage central en l'accompagnant d'un alter-ego plus jeune (lui aussi né du viol d'un japonaise par la secte occidentale), cet avant dernier épisode officiel retourne rapidement dans les rails confortables des recettes des précédents épisodes : riches nobles pervers, méchante en pâmoison devant notre sabreur cynique, séquence de séduction qui se finit par un traquenard dans une chambre fermée (scènes en double dans cet opus !).
C'est face à ce genre d'épisodes que je suis content d'avoir opté pour un épisode tous les 15 jours, et non plus un toutes les semaine, pour éviter la lassitude qui est inévitable ici, même si quelques bons éléments sont à relever. On trouve peut-être la musique la plus connotée "western italien" avec de bons thèmes à la clé, les actrices ne manquent pas de charme, le rythme tient la route, les séquences mettant en scène la secte "black mass" sont encore très graphiques (on pense à Teruo Ishii) et les combats sont toujours autant soignés. Surtout le final, assez long et plus onéreux que la moyenne avec château en flamme.
Par contre, Yasuda ne parvient pas à sublimer tout ça et sa mise en scène ne décolle jamais. Il recycle même son combat en caméra subjective de l'épisode 6. Une fois de plus, c'est propre mais très académique, avec moins de personnalité à l'image d'une photographie et d'un travail sur les couleurs passe-partout. Et on a l'impression qu'il se moque du scénario qui a l'air d'avancé à l’œil en cochant les cases des séquences à respecter pour concevoir un "bon" Kyoshiro Nemuri. Comment ne pas regretter par exemple que le jeune garçon présenté au début soit à se point rapidement sacrifié alors qu'on aurait pu établir une relation touchante avec Nemuri.

Répétitif et assez creux si on le replace dans la série mais un chambara honnête et divertissant si on le prend indépendamment.
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Re: La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

Message par bruce randylan »

Sleepy eyes of death 12 : castle menagerie (Kazuo Ikehiro - 1969)

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Un homme commettant viols et assassinats signe ses méfaits du nom du Kyoshiro Nemuri. Devant faire face à ces accusation, le vrai Nemuri tombe aussi sur un complot cherchant à empêcher les maîtresses du Shogun d'avoir un héritier.

Magnifique conclusion à la saga... Et aussi l'un des épisodes les plus troublants et même poignants pour des raisons non cinématographiques. :(
A cette époque, Raizo Ichikawa était déjà très malade mais tourna encore cet épisode après sa sortie de l’hôpital. Je ne sais pas si Ichikawa ou l'équipe était conscient que les jours du comédien étaient désormais comptés mais on trouve quelques séquences qui semblent établir un parallèle douloureux... et annonce même un fin prémonitoire. La dernière réplique du film, prononcé par Kyoshiro Nemuri, est quelques chose comme "ça m'étonnerait qu'un Dieu existe mais je suis prêt à aller en enfer pour vérifier".
Et auparavant, il y a une stupéfiante et incroyable longue séquence d'une dizaine de minutes entre le rêve et la réalité, où des sortes de spectres blancs et noirs apparaissent alors que Nemuri dort pour danser autour de lui. Cela va conduire à un combat onirique où il va affronter des masques de théâtre flottants. Il s'échappe pour traquer un adversaire dans un temple et croise son vrai double, un reflet inquiétant d'un miroir qu'il va trancher pour atteindre sa proie cacher derrière. Le tout est filmé magistralement, dans une pénombre totale où seul apparaisse les comédiens, le décor étant entièrement noir.
Une autre séquence bénéficie d'une ambiance élégiaque prenant place dans une cimetière illuminée de centaines de bougie. Et que dire de ce double maléfique, portant un masque pâle et figé, comme si son visage était déjà mort.

Il se dégage donc de ce douzième épisode une atmosphère unique, qui doit sans doute plus à la situation du comédien qu'au scénario même. Même sans connaître son état de santé, on sent bien un ton plus funeste et introspectif. Le scénario malmène et renouvelle ainsi certaine des figures obligées comme les incontournables séquences de séduction féminine autour d'une natte qui cache un piège mortel; la seconde étant assez dérangeante. Et tant pis, si on oublie souvent en cours de route l'intrigue général à base d'enlèvement et de clinique d'avortement.

Responsable des meilleurs épisodes de la série, Kazuo Ikehiro a l'air comme investi d'une oraison funéraire et livre une succession de séquences toutes plus inspirées les unes que les autres, renversantes de beauté. Outre les magnifiques séquences évoquées préalablement, on peut rajouter les différentes parties de l'ouverture : l'assassinat d'un innocent, le viol dans les herbes (ce ralenti sur le kimono jeté en l'air !) et le raid contre Nemuri. Les différents combats sont aussi très réussis, avec de belles chorégraphies dynamiques et amples.

Il faut peut-être donc mieux être au courant du décès prématuré de Raizo Ichikawa à 37 ans pour pleinement "apprécier" cet épisode à part que j'ai adoré et qui m'a véritablement ému.
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bruce randylan
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Re: La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

Message par bruce randylan »

Sleepy eyes of death 13 : The Full Moon Swordsman (Kazuo Mori - 1969)

Image

L'héritier du Shogun est au cœur d'un complot et se fait kidnapper puis remplacer par son frère jumeau.

Malgré le décès de Raizo Ichikawa, la Daei ne veut pas lâcher sa série et embauche Hiroki Matsukata (un fidèle de Fukasaku) pour reprendre le rôle.
Ca ne sera qu'une des nombreuses mauvaises décisions de cet épisode. Non seulement vouloir remplacer Ichikawa est déjà cynique mais il aurait sans doute mieux valu opter pour un acteur du même niveau. On en est très loin et Matsukata n'est vraiment pas à l'aise dans le personnage (conscient du poids reposant sur ses épaules ?) et ne parvient pas à retranscrire les traits de caractères du Nemuri. Sans parler d'un manque évident de charisme. Le pauvre n'est pas aidé par une coiffure mal adaptée à son visage et qui ressemble à un dessous-de-plat.
Pour ne rien arranger le cinéaste Kazuo Mori joue le jeu des producteurs et se limite à enchaîner les passages obligés de la série sans jamais chercher à les renouveler ou les dépasser : froideur de Nemuri devant les tentatives de séductions de femmes cherchant à s'offrir ses services, la "full moon" technique du sabre utilisé jusqu'à l’écœurement et bien-sûr l'éternel complot politique qui ne présente aucun enjeu digne de ce nom. Même le méchant est décevant. En creusant un peu, on peut seulement relever l'aveu de faiblesse (involontaire ?) sur l'obligation de recourir à un substitut avec le jumeau qui pourrait être Matsukata face à Ichikawa.
La mise en scène, comme la direction artistique, sont bien pauvres et l'on peine vraiment à retenir ne serait-ce qu'une séquence sortant du lot. Au moins, les combats sont en nombres conséquents et restent honnêtes dans leur exécution.
Je croise les doigts pour que le 14ème, et dernier, signé Kazuo Ikehiro redresse la barre.

Cette médiocrité explique sans doute pourquoi les deux opus avec Matsukata n'ont pas intégré officiellement les 12 précédents dans la collection DVD en zone 1. Pour le voir, il faut donc se tourner vers les bootlegs (qui ne bénéficie pas de la même qualité avec une image qui m'a paru un peu trop sombre).
Dernière modification par bruce randylan le 23 juil. 18, 00:51, modifié 1 fois.
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Re: La saga des "Sleepy eyes of death" (1963-1969)

Message par bruce randylan »

Sleepy eyes of death 14 : Fylfot Swordplay (Kazuo Ikehiro - 1969)

En sauvant une femme kidnappée, Kyoshiro Nemuri se trouver mêler à un conflit entre deux clans où il croise un métisse comme lui, en plus d'être confronté à des espions et une histoire de poupées offertes par le Shogun qui créeraient un scandale si elles étaient endommagées...

Pour ce deuxième volet avec Hiroki Matsukata, la Daei fait appel à Kazuo Ikehiro qui redresse un peu la barre avec une direction artistique plus aboutie en optant pour une photographie très sombre qui s'éclaircie au fur et à mesure. La première demi heure est pratiquement entièrement plongée dans les ténèbres où seul le profil ou la silhouette des comédiens se détachent. Une bonne ambiance visuelle, soutenue toujours pas le classicisme de la mise en scène de Ikehiro qui livre régulièrement de beaux plans et quelques séquence inspirées, notamment les combats dont deux sortent du lot : celui sur des escaliers en pierre en forêt (malgré deux furtifs plans gores qui dénotent assez) et le finale avec une demi-douzaine d'adversaire en file indienne.
Autre bon point : Hiroki Matsukata a gagné un peu en assurance et s'en sort mieux que dans le précédent film. C'est pas encore Ichikawa mais il est plus crédible, sans doute grâce à l'atmosphère sombre qui lui confère plus de caractère et d'aura.
Par contre, on devine que la production a voulu produire le film trop rapidement (le troisième sorti en 1969 !) et cela se ressent une nouvelle fois dans une scénario aussi obscure que la photographie. Le script avance sans réelle logique en enchaînant les scènes obligées dont les pièges autour des tentatives de séduction qui lassent irrémédiablement. Même le personnage de Nemuri est bâclé et les tentatives d’approfondir son personnage se contredisent d'une scène à l'autre ou tombent à l'eau : sa haine du christianisme le poussant à violer une fidèle, un début d'histoire d'amour et sa relation avec le métisse. Tout à fait regrettable car un peu moins de précipitation aurait sans doute amélioré sa structure et les rapports entre les personnages.
Le joli final permet de finir sur une bonne impression même si un arrière de gâchis est bel et bien présent.

La série s'arrêtera donc après cet opus dont les recettes au box-office furent décevante. Le personnage reviendra par la suite sur le petit écran pour 26 épisodes entre 1972 et 1973 avec Tamura Masakazu dans le rôle titre (et qui reprit du service pour 4 téléfilms durant les années 90). Je serai curieux d'y jeter un oeil.
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