Vos découvertes naphtas 2017

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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The Eye Of Doom
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par The Eye Of Doom »

Quelques naphta essentiels découverts ou redécouverts en 2017:

La chute de la Maison Usher et Le miroir à 3 faces" de Jean Epstein
Enthousiasmé par ces deux œuvres de ce cinéaste singulier mais peu par les autres vues à la même période. Je lui redonnerai probablement une nouvelle chance avec Le tempestaire et Cœur Fidele.

David Golder, La tête d'un homme, Poil de carotte, Allo Paris ici Berlin de Julien Duvivier. Cycle d'excellents Duvivier a l'époque où celui ci est au sommet de son art avec une mise en scène nerveuse et très personnelle : la caméra rode autour dès personnages tel une panthère aux aguets.

Monté Carlo et The Smilling Lieutenant de Ernst Lubitsch : comment faire des films ayant le désir et l'acte sexuels comme seuls sujets dans l'Hollywood du début des années 30 ? Avec des films chantants, charmeurs, émoustillants, superflus donc indispensables,...
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par bruce randylan »

J'arrive, j'arrive, minute ! :D

De retour donc pour une année assez riche avec cependant environ (et "seulement") 660 films (et programmes de court-métrages) :fiou:

Trois cinéastes (grâce à la cinémathèque) sortent du lot :

Frank Capra avec L'homme de la rue (1941), Bessie à Broadway (1928), La grande muraille (1932) et Long Pants (1927)

Mauritz Stiller avec principalement Johan (1921), Le chant de la fleur écarlate (1917), Hotel impérial (1927) et Erotikon – vers le bonheur (1920)
Vittorio Cottafavi pour Maria Zef (1981), Femme libre (1954), Fille d'amour (1953) et Milady et les mousquetaires (1953)

Sinon, j'ai pu faire plus ample connaissance avec Segundo de Chomon via la Fondation Pathé qui a su dépasser Méliès (qu'il plagiait sans vergogne à ses débuts) avec des trucages encore plus stupéfiant et un univers mieux renouvelés.

La fantastique rétrospective consacré au cinéma soviétique 1917-1945 n'a pas non plus été avare en révélation
Attends-moi (Boris Ivanov & Aleksandr Stolper - 1943)
Mashenka (Yuli Raizman - 1942)
Débris d'empire (Fridrikh Ermler - 1929)
Don Diego and pelagie (Iakov Protazanov - 1928)
Les souliers percés (Margarita Barskaïa - 1933)
La mélodie du vieux marché (Pavel Petrov-Bytov - 1930)
Vous ne pouvez pas vus passez de moi (Viktor Shestakov - 1932)
Ma grand-mère / le piston (Konstantin Mikaberidze - 1929)
Hors du chemin / Khabarda! (Mikhail Tchiaoureli - 1931)
Auquel je rajoute le très beau film d'animation La fleur écarlate (Lev Atamanov – 1952) et le sublime muet pré-1917 After death (Yevgeni Bauer - 1915)

Sinon une fois de plus le Japon fut bien à l'honneur avec :
Jail Breakers (Kosaku Yamashita - 1976)
Red diamond (Michio Konishi – 1964)
Chikamatsu's love in Osaka (Tomu Uchida – 1959)
Take aim at the police van (Seijun Suzuki – 1960)
Don't tell your wife about it (Minoru Shibuya – 1936)
L'ange rouge (Yasuzo Masumura – 1966)
chasseurs de ténèbres (Hideo gosha – 1979)
Un horizon étincellant (Michiyoshi Doi – 1961)
La saison de la terreur (Koji Wakamatsu – 1969)
La rivière Fuefuki (Keisuke Kinoshita – 1960)
A flame at the pier / tears in th lion's den (Masahiro Shinoda - 1962)

Et pêle-mêle :
Elvira Madigan (Bo Widerberg - 1967)
La rivière du hibou (Robert Enrico)
Le monde de Suzie Wong (Richard Quine - 1960)
Le rôle (Shyam Benegal – 1977)
La plus belles soirées de ma vie (Ettore Scola)
Mafioso (Alberto Lattuada - 1962)
Oliver ! (Carol Reed - 1968)
Break up (Marco Ferreri – 1965)
Wang Yu fait rougir le flauve jaune (Ting Shan-Hsi – 1973)
Swordsmen and enchantress (Chu Yuan – 1978)
Cops and robbers (Alex Cheung - 1979)
The Movie Orgy (Joe Dante - 1968)
Daisy Miller (Peter Bogdanovich - 1974)
Jigsaw (Val Guest - 1962)
Serpico (Sidney Lumet - 1973)
The italian (Reginald Barker - 1915)
Mémoires du sous-développement (Tomás Gutiérrez Alea - 1968)
Le passager (Abbas Kiarostami - 1974)
Le maître nageur (Jean-Louis Trintignant - 1979)
Night journey (Kim Su-yong – 1977)
L'assassin s'était trompé (Lewis Gilbert - 1955)
The onion field (Harold Becker - 1979)
L'adversaire (Satyajit Ray - 1970)
L'intermédiaire (Satyajit Ray - 1976)
L'obsession de Madame Craig (Dorothy Arzner - 1936)
Moi, un noir (Jean Rouch - 1958)
la punition (Jean Rouch - 1962)
Zombie (Georges Romero - 1978)
Rue de l'estrapade (Jacques Becker - 1953)
Le trou (Jacques Becker - 1960)
Phase IV (Soul Bass - 1974)
Fiaker N°13 (Michael Curtiz - 1926)
Zardoz (John Boorman - 1974)
Duel dans le pacifique (John Boorman - 1968)
La planète sauvage (René Laloux - 1973)
Les innocents charmeurs (Andrzej Wajda - 1960)
Bobby Deerfield (Sidney Pollack - 1977)
Dr Jack (Fred C. Newmeyer - 1922)
Le montreur d'ombres (Arthur Robison - 1923)
Les copains d'Eddie Coyle (Peter Yates)
Du courage pour chaque jour (Evald Schorm - 1967)
Watership down (Martin Rosen - 1978)
Serpico (Sidney Lumet - 1973)
Superflics (Gordon Parks - 1974)
Prime cut (Michael Ritchie - 1972)
Les filles de la concierge (Jacques Tourneur - 1934)
canyon passage (Jacques Tourneur - 1946)
Romeo and Juliette in darkness (Jirí Weiss - 1960)
Three cases of murders (Pour le segment de Wendy Toye)
too late the hero (Robert Aldrich - 1970)
Mademoiselle la présidente (Pietro Germi - 1952)
Tititcut folies (Frederick Wiseman - 1969)
Law & order (Frederick Wiseman – 1967)
Canal Zone (Frederick Wiseman - 1977)
L'innocent (Luchino Visconti - 1976)
The lady eve (Preston Sturges - 1941)
Ecrit sur le vent (Douglas Sirk - 1956)
La veuve Couderc (Pierre Granier-Deferre - 1971)
Grand Li, Petit Li, vieux Li (Xie Jin - 1962)
Le diable souffle (Edmond T. Greville - 1947)
Samryong le muet (Shin Sang-ok - 1964)
Les choses de la vie (Claude Sautet – 1970)
Pursued (Raoul Walsh - 1947)

Et deux nanars pour finir :
Tarkan Vs viking (Mehmet Aslan - 1971)
Chaud les teutons (Siggi Götz - 1973), "délicieuse" comédie grivoise bavaroise, assez absurde par moment, découverte grâce à mon ami collectionneur de 35mm mais dont la copie était incomplète avec au moins les 20 dernières minutes manquantes. :cry:
Dernière modification par bruce randylan le 1 janv. 18, 15:34, modifié 1 fois.
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par cinephage »

1 Comme un torrent, de Vincente Minnelli (1958) 10/10
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Pour moi peut-être le film le plus bouleversant de Minnelli, cette adaptation enlevée d’un roman complexe, riche, qui allie différences sociales, rivalités familiales, et amours contrariées dans une petite bourgade américaine est la quintessance de ce que le cinéma de cette époque faisait de mieux. Des acteurs à l’alchimie parfaite, une BO somptueuse du grand Elmer Bernstein, une photographie en technicolor à tomber par terre, et un récit qui allie légèreté de tragique dans un entrelac virtuose. Clairement mon film préféré de l’année.

2 Muriel, ou le temps d'un retour, de Alain Resnais (1963) 10/10
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Chez Resnais, la forme est toujours travaillée, profonde, elle nourrit son sujet. Ici Muriel est confrontée à un amour passé, tout ressurgit, les pensées s’emballent, mais il y a la vie, aussi, et il faut bien conjuguer les deux. Dans ce magnifique portrait de femme, le réalisateur nous offre aussi une reflexion sur le passage du temps et son effet sur les esprits, un de ses thèmes majeur. J'ai désormais vu toute la filmo de ce grand monsieur, il ne me reste plus qu'à me plonger dans des révisions.

3 The Tin Star / Du sang dans le désert, d'Anthony Mann (1957) 10/10
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Comme toujours chez Mann, le western est le cadre d'enjeux moraux, pas lesquels les hommes se révèlent ou se déchirent. A la fois récit initiatique, archétype du western avec son récit d'instauration de la loi, et film d'une profonde humanité, notamment dans son portrait de ceux qui sont hors de la société, parias ou marginaux, ce western est un festival de moments de bravours, de séquences fabuleuses et de personnages savoureux. Un immense coup de coeur pour moi.

4 Trois pages d'un journal, de G.W.Pabst (1929) 10/10
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Si les registres des historiens du cinéma sont unanimes sur le role de Pabst dans la carrière de Louise Brooks, ils n'insistent pas suffisamment à mon gout sur son caractère moraliste, humaniste, et son approche de la femme dans la société sur laquelle il porte un regard triste qui m'évoque Dickens. C'est d'autant plus le cas ici, dans les séquences du pensionnat pour jeunes filles saisissantes de cruautés. Le sens du cadrage, le timing de son montage, font de Pabst un cinéaste passionnant, que je découvre tardivement mais avec bonheur.

5 The Swimmer, de Frank Perry (1968) 9/10
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Difficile de parler de ce film étrange sans trop en dire. Pourtant, c'est un film qui donne envie de parler, d'analyser, de réfléchir, de combler le vide qu'occasionne son visionnage si l'on ne sait pas à quoi s'attendre. Lancaster est ici inoubliable, il est de tous les plans, et son personnage n'a pas fini de troubler les exégètes. Pour ma part, le film qui m'a le plus décontenancé de l'année, tellement les pistes de lecture en sont riches.

6 Mes petites amoureuses, de Jean Eustache (1974) 9/10
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Il y a toujours un coté autobiographique dans le cinéma d'Eustache. Ici, il nous parle de son enfance, avec tantôt de l'attendrissement, tantôt une certaine cruauté, mais toujours avec émotion et tendresse. La plume, les dialogues, sont ici encore d'une merveilleuse justesse, et l'on rit souvent, même si cette enfance qui nous est conté est loin d'être totalement heureuse. Merci à la Cinémathèque de m'avoir permis de découvrir ce film sur grand écran, ça aura été un des meilleurs moments cinéphiles de mon année.

7 L'arbre aux sabots, d'Ermanno Olmi (1978) 9/10
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La chronique rurale est pour ainsi dire un sous-genre à part entière, qui comprend un certain nombre de grands films. Parmi eux, l'arbre aux sabots figure au sommet, tant la beauté picturale du film, la bienveillance avec laquelle il aborde ses personnages, la façon dont le passage du temps et les rites paysans sont décrits, sont autant de preuves d'une maitrise de la mise en scène, et attestent du talent d'Olmi. Un film qui avait obtenu la palme d'or, et que, pour le coup, je regrette de ne pas avoir découvert sur grand écran. Ce n'est pas la faute de la Cinémathèque, qui avait lancé un cycle Olmi il n'y a pas si longtemps...


8 Shura / Démons, de Toshio Matsumoto (1971) 9/10
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Toshio Matsumoto est un formaliste, son inventivité et son style virtuose lui font une place à part au sein de la nouvelle vague japonaise (disons qu'on est plus proche de Shinoda que d'Oshima, pour simplifier). Aussi on attend avec impatience le bluray de Funeral parade of roses, qui contiendra une série de ses court-métrages, qu'on a hâte de découvrir. Mais j'espère surtout qu'on aura moyen de voir sur un bon support ce récit horrifique, et ultra-stylisé, d'un couple criminel hanté pour l'infamie de ses actions passées et condamné à une véritable descente aux enfers...

9 Fires were started, de Humphrey Jennings (1943) 9/10
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Edités en bluray par la BFI, les documentaires de Humphrey Jennings sont de merveilleuses fenêtres sur l'Angleterre juste avant, puis pendant, la seconde guerre mondiale. S'ils ont toujours une vocation éducative ou de propagande, ils sont aussi d'une grande richesse par leur clarté, leur didactisme, et la beauté de leurs images. Dans Fires were started, nous sommes à Londres, sous les bombes, aux cotés d'une brigade de pompier. Une forme d'héroïsme en temps de guerre qui trouve ici une de ses plus belles illustrations, dans un récit édifiant et poignant tout à la fois. Un film qu'on n'oublie pas.

10 Long weekend, de Colin Eggleston (1978) 9/10
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Ma découverte majeure en naphta fantastique. Ce film fait, d'une certaine façon, le pendant de Pique-nique à Hanging Rock, sous un angle plus proche de l'exploitation. Mais le travail fait sur l'ambiance, sur l'atmosphère vénéneuse de ce film, est absolument remarquable, et garde une force noire encore très puissante pour un film aussi ancien.

Juste derrière ce top 10, 9 films qui se distinguent également pour leur excellence.

11 Schalcken the Painter, de Leslie Megahey (1979) 8,5/10
12 Taking off, de Milos Forman (1971) 8,5/10
13 Je la connaissais bien, de Antonio Pietrangeli (1965) 8,5/10
14 Les hauts de Hurlevent, de William Wyler (1939) 8,5/10
15 Chasse au gang, de Andre de Toth (1953) 8,5/10
16 Rolling Thunder, de John Flynn (1977) 8,5/10
17 Pharaon, de Jerzy Kawalerowicz (1966) 8,5/10
18 Les loups, de Hideo Gosha (1971) 8,5/10
19 Le monde lui appartient, de Raoul Walsh (1952) 8,5/10

Et puis encore, par complétisme, la liste des 42 autres films d'avant 1981 que j'ai noté à 8/10 (soit, dans mon système de notation, un film qui se distingue vraiment du tout-venant par sa qualité ou par certains atouts qui font que le film est marquant et vraiment appréciable).
Spoiler (cliquez pour afficher)
20 Deep End, de Jerzy Skolimonski (1970) 8/10
Killer of Sheep, de Charles Burnett (1978) 8/10
Quand une femme monte l'escalier, de Mikio Naruse (1960) 8/10
Le grondement de la montagne, de Mikio Naruse (1954) 8/10
Le dernier jour de la colère, de Tonino Valerii (1967) 8/10
Kuroneko, de Kaneto Shindo (1968) 8/10
Vivre libre, de Jean Renoir (1943) 8/10
Bhumika / le rôle, de Shyam Benegal (1977) 8/10
Jour de colère, de Carl Theodor Dreyer (1943) 8/10
Amour, de Karoly Makk (1971) 8/10
Nuages épars, de Mikio Naruse (1967) 8/10
La couleur de la grenade, de Sergei Paradjanov (1969) 8/10
Vampire Circus / Le cirque des vampires, de Robert Young (1972) 8/10
The New Land, de Jan Troell (1972) 8/10
Toni, de Jean Renoir (1935) 8/10
L'évangile selon Saint-Mathieu, de Pier Paolo Pasolini (1964) 8/10
Profession reporter, de Michelangelo Antonioni (1975) 8/10
Desperate Journey, de Raoul Walsh (1942) 8/10
Certificat de naissance / Swiadectwo urodzenia, de Stanislaw Rózewicz (1961) 8/10
India Song, de Marguerite Duras (1975) 8/10
Way down East, de D.W.Griffith (1920) 8/10
Smile, de Michael Ritchie (1975) 8/10
Insiang, de Lino Brocka (1976) 8/10
Harlan County U.S.A. de Barbara Kopple (1976) 8/10
La colline des hommes perdus, de Sidney Lumet (1965) 8/10
Samourai, de Kihachi Okamoto (1965) 8/10
La grande ville, de Satyajit Ray (1963) 8/10
Anata kaimasu / I will buy you, de Masaki Kobayashi (1956) 8/10
Shree 420, de Raj Kapoor (1955) 8/10
Gimme Shelter, de David & Albert Maysles (1970) 8/10
White Shadows on the Souths Seas, de W.S.Van Dyke (1928) 8/10
L'argent, de Marcel L'Herbier (1928) 8/10
Frankenstein et le monstre de l'Enfer, de Terrence Fisher (1974) 8/10
Mossafer, de Abbas Kiarostami (1974) 8/10
Le masque arraché, de David Miller (1952) 8/10
Le monstre, de Val Guest (1955) 8/10
Fellini - Satyricon, de Federico Fellini (1969) 8/10
Je ne regrette pas ma jeunesse, d'Akira Kurosawa (1946) 8/10
Les tricheurs, de Marcel Carné (1958) 8/10
Picnic, de Joshua Logan (1955) 8/10
Les évadés de la nuit, de Roberto Rossellini (1960) 8/10
Les nouveaux combats sans code d'honneur 1, de Kinji Fukasaku (1974) 8/10
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Joshua Baskin
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Joshua Baskin »

Flol a écrit :Comme Jack Carter n'en pouvait plus d'attendre, voilà mes tops découvertes naphtas de 2017, dominé par Richard Fleischer et des italiens.
À signaler tout de même que j'aurais vu beaucoup moins de films pré-1980 cette année que les années précédentes. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien moi-même. :|

Une journée particulière - Ettore Scola
Le Fanfaron - Dino Risi
See No Evil - Richard Fleischer
Giu la Testa - Sergio Leone
Falbalas - Jacques Becker
The Bloodstained Butterfly - Duccio Tessari
Man in the Wilderness - Richard C. Sarafian
La fin du jour - Julien Duvivier
Le pays du silence et de l'obscurité - Werner Herzog
Compartiments tueurs - Costa Gavras
Starting Over - Alan J. Pakula
The Spikes Gang - Richard Fleischer
Private Property - Leslie Stevens
Compulsion - Richard Fleischer
Malatesta's Carnival of Blood - Christopher Speeth
Le petit garçon - Nagisa Oshima
Il me semble que t'as oublié les Monstres de Dino Risi. :idea:
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par origan42 »

NAPHTA DE L'ANNÉE
Image
SCUM (Alan Clarke, 1979) *****
Je me suis arrêté à 1984. Voici les 5 et les 4 étoiles de l'année sans ordre particulier :

*****
Starman (John Carpenter, 1984)

****
Je la connaissais bien... (Antonio Pietrangeli, 1965)
Spéciale première (Billy Wilder, 1974)
Baby Boy Frankie / Blast of Silence (Allen Baron, 1961)
Trois dans un sous-sol / Les trois de la Rue Michenskaïa / Ménage à trois (Abram Room, 1927)
Le fantôme qui ne revient pas (Abram Room, 1930)
On s'fait la valise, docteur ! (Peter Bogdanovich, 1972)
Breza (Ante Babaja, 1967)
Alexandre Nevski (Sergueï M. Eisenstein, 1938)
Les jeux de l'amour (Philippe de Broca, 1960)
Mariage (Claude Lelouch, 1974)
Pierre et Jean (André Cayatte, 1943)
Charlot à la banque / Charlot garçon de banque (Charles Chaplin, 1915, c.m.)
Le bouffon du roi (Melvin Frank / Norman Panama, 1955)
Les naufragés de l'espace (John Sturges, 1969)
Ariane (Billy Wilder, 1957)
Le marquis s'amuse (Mario Monicelli, 1981)
Un homme marche dans la ville (Marcello Pagliero, 1950)
Menaces (Edmond T. Gréville, 1940)
Le grondement de la montagne (Mikio Naruse, 1954)
L'interrogatoire (Ryszard Bugajski, 1982)
Une histoire simple (Claude Sautet, 1978)
Les grands espaces (William Wyler, 1958)
Amour (Károly Makk, 1970)
Le désert des Tartares (Valerio Zurlini, 1976)
Une pauvre petite fille riche (Maurice Tourneur, 1917)
Sa sœur de Paris / Her Sister From Paris (Sidney Franklin, 1925)
Le début (Gleb Panfilov, 1970)
Les quatre fils (John Ford, 1928)
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Flol »

Joshua Baskin a écrit :
Flol a écrit :Comme Jack Carter n'en pouvait plus d'attendre, voilà mes tops découvertes naphtas de 2017, dominé par Richard Fleischer et des italiens.
À signaler tout de même que j'aurais vu beaucoup moins de films pré-1980 cette année que les années précédentes. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien moi-même. :|

Une journée particulière - Ettore Scola
Le Fanfaron - Dino Risi
See No Evil - Richard Fleischer
Giu la Testa - Sergio Leone
Falbalas - Jacques Becker
The Bloodstained Butterfly - Duccio Tessari
Man in the Wilderness - Richard C. Sarafian
La fin du jour - Julien Duvivier
Le pays du silence et de l'obscurité - Werner Herzog
Compartiments tueurs - Costa Gavras
Starting Over - Alan J. Pakula
The Spikes Gang - Richard Fleischer
Private Property - Leslie Stevens
Compulsion - Richard Fleischer
Malatesta's Carnival of Blood - Christopher Speeth
Le petit garçon - Nagisa Oshima
Il me semble que t'as oublié les Monstres de Dino Risi. :idea:
C'est le top ici, pas le flop.
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Commissaire Juve
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Commissaire Juve »

bruce randylan a écrit : Chaud les teutons (Siggi Götz - 1973) ... découverte grâce à mon ami collectionneur de 35mm mais dont la copie était incomplète avec au moins les 20 dernières minutes manquantes. :cry:
Comme j'ai découvert ton message en commençant par le bas, j'ai cru un instant à une plaisanterie de notre copain Pauley ! :mrgreen:

Incidemment : ce film est passé dans mon ciné d'enfance le 5 avril 1975 ! :lol: Le 29 mars, ils avaient passé Tiens ta bougie droite ! / Bohr weiter, Kumpel (1974), du même réal ! (au passage, le gars se faisait aussi appeler Sigi Rothemund)
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par AtCloseRange »

Commissaire Juve a écrit :
bruce randylan a écrit : Chaud les teutons (Siggi Götz - 1973) ... découverte grâce à mon ami collectionneur de 35mm mais dont la copie était incomplète avec au moins les 20 dernières minutes manquantes. :cry:
Comme j'ai découvert ton message en commençant par le bas, j'ai cru un instant à une plaisanterie de notre copain Pauley ! :mrgreen:

Incidemment : ce film est passé dans mon ciné d'enfance le 5 avril 1975 ! :lol: Le 29 mars, ils avaient passé Tiens ta bougie droite ! / Bohr weiter, Kumpel (1974), du même réal ! (au passage, le gars se faisait aussi appeler Sigi Rothemund)
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Ben Castellano »

Pour n'en retenir que 10, dans l'ordre

Nuages Flottants de Mikio Naruse
Un merveilleux dimanche d'Akira Kurosawa
La femme insecte de Shoei Immamura
La forteresse cachée d'Akira Kurosawa
Génération 45 de Jürgen Böttcher
Vacances à Venise de David Lean
Nuages d'été de Mikio Naruse
Cape et Poignard de Fritz Lang
Martin de George A. Romero
Judex de Georges Franju
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Thaddeus »

Mes 20 plus belles découvertes naphtas, dans l'ordre chronologique.

L’enfer blanc du Piz Palü (G.W. Pabst & Arnlold Fanck, 1929)
Entrepris comme un film d’aventures au succès quasi assuré, cette haletante et prodigieuse équipée chauffe jusqu’à incandescence le lyrisme tellurique du romantisme allemand. Le traumatisme originel y est comme greffé sur la majesté terrible des sites naturels, et la force visuelle de la mise en scène atteint un degré hystérique de figuration spatiale qui pousse tous les curseurs de pureté à leur point limite. Blancheur immaculée d’une glace figeant les visages en masques mortuaires, violence tellurique des éléments déchaînés, forêts de stalactites en fusion, masses écrasantes de brumes nuageuses, lueurs surréalisantes des torches éclairant les abysses de la montagne en pleine nuit composent une symphonie plastique où se joue toute la grandeur de la survie, de l’abnégation et de l’exploit humain.
Les conquérants (Michael Curtiz, 1939)
Simplicité de l’argument et clarté de l’action, perfection du rythme et homogénéité du style. Tout le brio du cinéaste s’exerce dans ce western exemplaire, qui revisite librement la légende de Wyatt Earp et illustre, près d’un quart de siècle avant Ford et son Liberty Valance, l’instauration d’une société civilisée sous l’égide de la loi, de la démocratie et de la presse. Une fois encore, difficile d’expliquer la plénitude d’un tel cinéma, qui relève d’un équilibre harmonieux entre l’élément romanesque et la fulgurance du geste (avec une homérique bataille de saloon en point d’orgue), entre la vivacité de l’esprit et la limpidité du propos, entre le sobre charisme de l’interprétation (Flynn, Havilland, Cabot, Travers) et l’achèvement technique d’une mise en scène brillant des mille feux du Technicolor. Un bonheur.
La fin du jour (Julien Duvivier, 1939)
La vieillesse est un naufrage, mais Duvivier a le tact d’en exprimer le pathétisme avec une truculence qui n’en altère jamais la gravité. Remarquable portraitiste de groupes et de communautés, il excelle à dépeindre le quotidien d’une maison de retraite où une bande de cabots rivalisent d’aigreurs et de bassesses, où les rivalités attisent les jalousies et où les alliances se font et se défont pour le meilleur et pour le pire. Le monde qu’il décrit est bel et bien rattrapé par le crépuscule, les regrets douloureux des pensionnaires exsudant le souvenir d’un temps révolu qui file entre les doigts, d’amours fanées qui jamais plus ne refleuriront. Les dialogues de Charles Spaak, associés aux flamboyants numéros de Jouvet, Simon et Francen, parachèvent la douce-amertume de cette œuvre aussi cocasse que désespérée.
L’étrange incident (William A. Wellman, 1943)
Inhérent au folklore du genre, le lynchage a été le fait d’hommes trop enclins à considérer la force et la justice expéditive comme des panacées. Mais les réticences de certains exécutants involontaires ont rarement pu s’exprimer avec tant de sincérité que de ce western qui tient de la gageure : attacher le spectateur au récit d’une traque et d’une exécution sans grandiloquence, où sont mis en relief quelques échantillons d’une humanité peu séduisante. Isolant du reste du monde les tristes héros d’un drame sans couleur, à l’image des régions mornes et rudes où l’on oublie progressivement tout appel du cœur, Wellman stigmatise avec une précision d’avocat général les tares d’un Ouest en proie aux troubles de croissance qui le singularisent. Un réquisitoire implacable, tout de rigueur et de probité.
Les cloches de Sainte-Marie (Leo McCarey, 1945)
Parce que McCarey était un catholique fervent et que ce film ne fait aucun effort pour échapper à une imagerie que l’ont pourrait qualifier de sulpicienne, il serait facile pour certains esprits forts d’en brocarder les bons sentiments surannés. C’est méconnaître une manière profondément américaine d’aborder l’affectif, qui n’implique le recours ni à la distance ni à la caricature et qui est le signe franc et sans apprêt d’une approche se distinguant par son absence de préjugés et de fausse pudeur. Avec cette œuvre aussi drôle qu’émouvante, le cinéaste atteint par l’intrusion du profane à une sorte de mysticisme et décline à travers la relation du prêtre et de la nonne le motif de l’amour terrestre frustré et de sa sublimation. Le rayonnement solaire d’Ingrid Bergman en figure l’intensité comme nul autre.
Rendez-vous de juillet (Jacques Becker, 1949)
La jeunesse d’après-guerre telle que la dépeint le réalisateur est celle de toutes les aspirations, de tous les espoirs, d’une disposition d’humeur et d’esprit qui favorise ce style enjoué, si inhérent à sa perception des êtres et des choses. Son cinéma ne se veut pas représentation d’un scénario préétabli mais captation d’une présence, d’une complexité, d’une diversité auxquelles la fluidité des transitions, la légèreté du détail, la truculence des dialogues, l’évidence exemplaire des mises en situation et de leur développement apportent une incroyable fraîcheur. Servi par une troupe d’acteurs irradiant de charme, de gouaille et de tonus, il signe un tableau de mœurs virevoltant, toujours chaleureux, parfois mélancolique, qui vibre de cette proximité vivante, tangible et spontanée dont il est le grand alchimiste.
Le banni des îles (Carol Reed, 1951)
Des romans de Conrad, le plus précieux à fixer sur la pellicule est son climat, son mode narratif et non le détail de ses fictions. Le cinéaste l’a parfaitement assimilé et en restitue à merveille l’atmosphère équivoque, insolite, mystérieuse, la captivante ambigüité qui caractérise ses personnages et la structure de ses récits. Il dresse le portrait d’un paria ni bon ni mauvais, se débattant contre un destin désespérant qui le dépasse, vivant une aventure étrange avec la jeune fille silencieuse d’un chef de tribu et se laissant consumer par ses tentations jusqu’à trahir l’amitié du bienfaiteur capitaine qui lui avait accordé sa confiance. Nul manichéisme, aucune faute de goût ne vient écorner la force dramatique de sa déchéance, dont l’amertume et la folie douce semblent couler d’un même désarroi existentiel.
Désirs humains (Fritz Lang, 1954)
Pour la deuxième fois de sa carrière après La Rue Rouge, Lang adapte un roman que Renoir avait déjà porté à l’écran. Mais contrairement à ce dernier, qui fonde son écriture sur le jeu subtil du hasard et de la nécessité, la présence des détails les plus anodins ne peut chez lui jamais se justifier à travers des causes fortuites. D’où la puissance dramatique et le caractère inéluctable d’une étude de caractères dont les personnages présentent tous les symptômes de l’autodestruction, du conditionnement atavique, du désir social de propriété. Pathétique, cruel, vaguement sulfureux, mené avec une rigueur sans défaut, le film se refuse à tout jugement péremptoire pour mieux affirmer l’ambivalence d’une humanité victime de son aliénation – à l’image de Gloria Grahame, good bad girl des plus complexes.
Thé et sympathie (Vincente Minnelli, 1956)
L’histoire d’une différence. Si la censure de l’époque ne lui permet d’expliciter un sujet qui apparaît cependant parfaitement clair, rarement le cinéaste a tenu un discours aussi transparent : pour lui l’artiste se situe toujours en marge de la société, de la foule, de la norme. On ne rêve pas impunément. La persistance et l’acuité de son regard montrent le point précis où les passions ne peuvent plus se dérober à elles-mêmes, où l’on est obligé de remettre sa vie en jeu. Et la douceur de sa mise en scène ne fait que rendre plus sensibles les moments d’abandon, de désespoir et de courage des personnages – jusqu’à l’ultime rencontre dans la clairière automnale d’une nature édénique qui témoigne, plus que l’arrière-saison, de la découverte éblouie de la beauté du monde. Subtilité et délicatesse au zénith.
Une femme dans la tourmente (Mikio Naruse, 1964)
Une scène de la dernière partie résume à merveille les brisures irrémédiables et les intenses moments de joie qui parcourent le film : un voyage à travers le Japon régulièrement scandé par des plans du train en marche, et pendant lequel Naruse recompose toute une mise en scène de l’amour naissant. Des sourires timides, des regards à la dérobée, des gestes complices, et les yeux embués de larmes indiquant enfin que cette relation est condamnée. En racontant comment les sentiments d’un jeune homme pour sa belle-sœur veuve se heurtent au bonheur impossible de l’après-guerre, le cinéaste exprime avec une économie exemplaire la mutation économique d’un pays, l’irruption de la jeunesse, l’omniprésence de la mort, le jeu infime des choses non relevées mais qui disent l’essentiel. Poignant.
Cyclone à la Jamaïque (Alexander Mackendrick, 1965)
Dans les pas du Fritz Lang de Moonfleet, la réalisateur bâtit un film de gestes et de regards, un film-chronique à la respiration régulière, un film où l’on sent l’air marin, où l’on voit l’activité fébrile d’un pont de schooner et les voiles se gonfler sous le vent, un film clair, avare d’effets, qui joue le jeu du genre tout en faisant oublier ses atouts biseautés. Si l’enfance reste une énigme qu’elle ne cherche pas à percer, l’œuvre n’en dévoile pas moins l’amoralité foncière de cette période, sa liberté presque mortifère, et la saisit dans toute son ambigüité : ni innocente ni coupable, pas plus empreinte de pureté originelle que de dévoiement social. Lumineux mais cruel, limpide mais atypique, secoué par d’éclatantes ruptures de ton, ce conte stevensonien brille d’une émanation mystérieuse et tout à fait singulière.
Profond désir des dieux (Shōhei Imamura, 1968)
L’île de Kurage, au sud du Japon. Cet espace clos, au climat rude comme les mœurs, les caractères et les superstitions, est bouleversé par l’arrivée d’un ingénieur apportant l’industrialisation. Le cinéaste décline en une lente litanie les affects qui entourent les pratiques sacrées de la communauté, multiplie jusqu’à l’étouffement ses rites malthusiens. Au gré d’images fascinantes, baroques, superbement composées, tout le vivant est convoqué, tout ce qui se meut s’anime sous le désir des dieux, sans cesse les animaux rejouent la fable des hommes ou leur propose des récits possibles. Le soleil, la mer, le vent, la sécheresse, la pluie participent d’un même tellurisme, d’une même approche tautologique du monde, accordant l’analyse sociale de la fresque au souffle âpre d’une tragédie élémentaire.
Casanova, un adolescent à Venise (Luigi Comencini, 1969)
Des sacristies aux alcôves, de la vocation ecclésiastique à sa joyeuse défroque, le cinéaste raconte la jeunesse du célèbre libertin, son apprentissage à la pauvreté, aux pouvoirs du paraître, de la séduction et du langage. Rien ne vient jamais trahir la crédibilité de ce XVIIème minutieusement reconstitué, de cette Venise déchiffrée avec la même direction qu’une toile de Guardi, de Tiepolo ou qu’un chapitre des mémorialistes du temps. Aucune image n’est gratuite dans cette chronique allègre et truculente où les expériences humaines sont évoquées sans que le problème de l’existence n’y soit soulevé, et dont chaque instant révèle une intelligence sensible à la beauté dans ce qu’elle a de périssable, au désir dans ce qu’il révèle du rapport à la vie, à la vérité des masques, du spectacle et de l’illusion.
Promenade avec l’amour et la mort (John Huston, 1969)
1358, la Guerre de cent ans. Dans une Normandie livrée aux exactions de mercenaires anarchiques, l’effondrement de la féodalité marque la découverte des impostures de la civilisation occidentale. La noblesse protectrice est devenue affameuse, l’Église s’est enlisée dans l’horreur moyenâgeuse de la chair, donnant naissance à toutes les hérésies. Si elles échouent dans la plus sanglante des répressions, les premières jacqueries n’en annoncent pas moins de grands bouleversements. Soldats, chevaliers, manants, pèlerins, bateleurs, troubadours peuplent cette célébration poétique des idées généreuses, du libre arbitre et de l’amour terrestre, cette ballade courtoise dont le raffinement et le style empanaché exaltent des héros progressistes dotés de traits qui ne trompent pas, et observés de toute première main.
Raphaël ou le débauché (Michel Deville, 1971)
C’est la rencontre du vice et de la vertu, l’amour impossible entre un don juan libertin, fatigué de vivre, et une belle veuve pure prise par le vertige de la sensualité. Pour apprécier la rigueur avec laquelle l’histoire s’ajuste au moule de la passion romantique, Deville capte le pouls d’une époque où la notion de fatalité s’est emparée de tous les esprits. Derrière la beauté des formes se devine le déchirement de la texture : sous-bois harmonistes, étangs brumeux, prairies égayées de jeunes filles en chemises, déjeuners de retour de bal, chevauchées au clair de lune forment le contre-point d’une tragédie désespérée, à laquelle Françoise Fabian, superbe jusque dans la déchéance, et Maurice Ronet, Perdican foudroyé par la femme qu’il rejette pour ne pas la maculer, apportent une poignante incarnation.
L’argent de la vieille (Luigi Comencini, 1972)
À gauche, les italiens Alberto Sordi et Silvana Mangano, couple populaire issu des faubourgs les plus défavorisés de la capitale. À droite, les américains Bette Davis et Joseph Cotten, elle milliardaire onctueuse, lui chauffeur sadisé et soumis. Dans le champ clos d’une villa romaine, les deux camps entament une partie interminable dont l’orchestration atteint les dimensions immenses d’un problème de société. Jeu de cartes mais surtout jeu de pouvoir économique et politique, où la mise se fait à quitte ou double et dont le gagnant, loin d’être le plus fort, le plus intelligent, le plus courageux, est celui qui, parce qu’il possède, peut le prolonger à l’infini. Derrière la cocasserie hilarante des situations, la tension permanente de la dramaturgie, toute la férocité d’un constat cinglant sur l’inégalité de la lutte des classes.
La bonne année (Claude Lelouch, 1973)
On pourrait tirer de ce titre polysémique une réflexion d’astrologue : lorsque toutes les planètes sont bien alignées et que Lelouch s’en donne vraiment la peine, alors il pratique un cinéma absolument magique. Entre la rigueur d’une structure qui se joue des attentes et l’indolence d’une expression s’autorisant les apartés, les à-côtés, les aphorismes les plus exquis, entre le nerf vif d’un polar réglé au millimètre, ponctué de gageures formelles (le plan sidérant qui suit l’itinéraire chronométré des futurs braqueurs), et le feu doux d’une histoire d’amour ne cessant de prendre toujours plus d’ascendant sur le programme, le film impose un miracle permanent de surprise et de fraîcheur, d’élégance et de profondeur, de légèreté et d’émotion. Lino Ventura et Françoise Fabian, proprement alchimiques, sont à son image.
À la recherche de Mr Goodbar (Richard Brooks, 1977)
À un monde (l’Amérique de 1977, captée tel un instantané sociologique) qui n’est plus permissif mais juste indifférent, le cinéaste oppose une héroïne en révolte contre les carcans puritains où l’on tente de l’étouffer et dont l’éducation catholique demeure le symbole originel. Pourtant cette jeune femme est double, et ce qui la fait courir de bar en boîte de nuit, de sex-shop en partouze, c’est la recherche confuse de l’autodestruction, la quête d’un plaisir sans tabou qui se définit par la disparition progressive de la lumière et s’achève dans un noir et blanc stroboscopique. D’une amertume sans recours, d’une lucidité anxieuse qui évite l’humanisme crédule comme le psychologisme moralisant, le film est une odyssée crue, angoissée, donnant à voir de surcroît tout le talent d’une très grande actrice, Diane Keaton.
La ballade de Bruno (Werner Herzog, 1977)
Parce que, chez Herzog, la solution se trouve dans la fuite, le trajet, le déplacement, c’est l’heure du départ pour Bruno S., son âme-sœur et le vieux marginal qui complète leur trio désenchanté. Direction ce Nouveau-Monde rêvé sur un atlas, paradis perdu où le couple réprouvé est censé retrouver son éden. Mais la terre des promesses est un faux Eldorado : New York, le Wisconsin, l’Indien qui y travaille ne sont que les visages divers d’un même lieu, celui du réel. Trouvant l’équilibre parfait entre la cocasserie chaleureuse d’un regard résolument empathique et la cruauté d’un parcours qui se dérègle dans un absurde toujours plus désespéré, le cinéaste déconstruit le mythe américain à travers une chronique dérisoire qui consigne la vanité de toute révolte et semble s’achever sur la mort de Candide.
Fedora (Billy Wilder, 1978)
Wilder sait bien qu’après minuit la plus belle des pantoufles de vair peut tomber en poussière. Fedora, la star qui se retire à Corfou après l’échec d’un film inachevé, dresse le portrait d’une société du rêve qui ne cesse de se heurter au mur de la réalité. Retrouvant le registre noir et mélodramatique de Sunset Boulevard, ce puzzle cruel et désenchanté se construit en plusieurs strates autour du cinéma dans ce qu’il a de plus destructeur, mais aussi de la mort, du mirage de l’éternelle jeunesse, de la quête d’identité et de la force des souvenirs. Il offre une admirable méditation sur le néant de l’existence et le néant du spectacle affrontés puis renvoyés en match nul, sur la mise en scène également telle que la pratique son auteur – toile de mensonge et d’artifice dont le dévoilement progressif amène à la vérité.


Pour quelques films de plus :

Poil de carotte (Duvivier)
L'île nue (Shindo)
Capitaine sans peur (Walsh)
La mort en ce jardin (Buñuel)
La maison des étrangers (Mankiewicz)
La fille à la valise (Zurlini)
Norma Rae (Ritt)
Ce plaisir qu'on dit charnel (Nichols).


Et pour me faire pardonner de ne pas avoir accompagné ces films de photos, en voici une qui pourrait incarner la Beauté telle que le cinéma naphta me l'a fait découvrir cette année :
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Jack Carter »

Tu es pardonné.
:oops:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Alexandre Angel
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Alexandre Angel »

Jack Carter a écrit :Tu es pardonné.
:oops:
Je l'ai revue dans le beau Cartouche hier soir, et ben c'est sur Marina Vlady que j'ai flashé.
Spoiler (cliquez pour afficher)
:oops:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Flol »

Thaddeus a écrit :
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Claudia chez Zurlini :oops:
J'ai une ex qui lui ressemblait beaucoup.
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Jeremy Fox »

Thaddeus a écrit :Mes 20 plus belles découvertes naphtas, dans l'ordre chronologique.


Promenade avec l’amour et la mort (John Huston, 1969)
1358, la Guerre de cent ans. Dans une Normandie livrée aux exactions de mercenaires anarchiques, l’effondrement de la féodalité marque la découverte des impostures de la civilisation occidentale. La noblesse protectrice est devenue affameuse, l’Église s’est enlisée dans l’horreur moyenâgeuse de la chair, donnant naissance à toutes les hérésies. Si elles échouent dans la plus sanglante des répressions, les premières jacqueries n’en annoncent pas moins de grands bouleversements. Soldats, chevaliers, manants, pèlerins, bateleurs, troubadours peuplent cette célébration poétique des idées généreuses, du libre arbitre et de l’amour terrestre, cette ballade courtoise dont le raffinement et le style empanaché exaltent des héros progressistes dotés de traits qui ne trompent pas, et observés de toute première main.

Encore du très grand Huston 8)
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Alexandre Angel
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Re: Vos découvertes naphtas 2017

Message par Alexandre Angel »

Thaddeus a écrit :À la recherche de Mr Goodbar (Richard Brooks, 1977)À un monde (l’Amérique de 1977, captée tel un instantané sociologique) qui n’est plus permissif mais juste indifférent, le cinéaste oppose une héroïne en révolte contre les carcans puritains où l’on tente de l’étouffer et dont l’éducation catholique demeure le symbole originel. Pourtant cette jeune femme est double, et ce qui la fait courir de bar en boîte de nuit, de sex-shop en partouze, c’est la recherche confuse de l’autodestruction, la quête d’un plaisir sans tabou qui se définit par la disparition progressive de la lumière et s’achève dans un noir et blanc stroboscopique. D’une amertume sans recours, d’une lucidité anxieuse qui évite l’humanisme crédule comme le psychologisme moralisant, le film est une odyssée crue, angoissée, donnant à voir de surcroît tout le talent d’une très grande actrice, Diane Keaton.
...mais évite-t-il une forme de puritanisme sacrificiel?
C'est juste une question mais je me la suis toujours posée.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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