George Seaton (1911-1979)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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George Seaton (1911-1979)

Message par Kevin95 »

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THE COUNTERFEIT TRAITOR (George Seaton, 1962) découverte

The Counterfeit Traitor fantasme une fresque à la David Lean mais devra se contenter de George Seaton qui roupille dans le lit. Pas grave, si la réalisateur fera les mots croisés, le scénario lui, en a suffisamment dans le bide pour intéresser, parfois toucher, mais surtout éviter la platitude des productions à Oscars (dans la période tristoune entre Hollywood classique et Nouvel Hollywood) par son récit romanesque. Un commerçant sans couleur politique est recruté par les alliés parce qu'il s'entend bien avec les nazis, doit se faire passer (non sans peines) pour l'un des leurs afin de filer des infos aux anglais avant d'y prendre goût et de bosser comme un super agent. Un personnage à la Oskar Schindler, qui ne savait pas puis qui en sait trop, correctement incarné par le toujours correct William Holden, qui va en baver avant de raccrocher le chapeau mou. On a beau avoir vu ça 15000 fois, le script comme le casting sont suffisamment polies pour ne pas être refoulé à l’entrée. Mention spéciale pour le personnage complexe et ultra touchant de Lilli Palmer qui n'est pas sans rappeler la Simone Signoret de L'Armée des ombres (Jean-Pierre Melville, 1969) ou pour l'apparition toujours nourrissante de Klaus Kinski dans le rôle... d'un juif. Comme quoi, malgré sa rigidité formelle, George Seaton a beaucoup d'humour.
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Jeremy Fox
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Jeremy Fox »

Petite contribution au topic

D'ailleurs j'écrivais aussi ça à propos de Seaton.



George Seaton, un cinéaste tenu en haute estime dans son pays mais au contraire -à tort à mon avis- plutôt considéré comme un tâcheron en France ; en effet, au vu de ce que j’ai pu en voir et apprécié, sa filmographie mériterait vraiment d’être redécouverte. Il commença sa carrière à Hollywood en tant que scénariste co-signant d’emblée deux des meilleurs Marx Brothers de la MGM, Une Nuit à l'opéra (A Night at the Opera) et Un Jour aux courses (A Day at the Races). Puis, rejoignant les rangs de la 20th Century Fox, il écrivit quelques unes des innombrables comédies musicales exotiques du studio avec souvent en têtes d'affiche Carmen Miranda, Alice Faye ou Betty Grable, ainsi que l’un des plus beaux films de Henry King, Le Chant de Bernadette (The Song of Bernadette). Passant derrière la caméra en 1945, il continuera dans la plupart des cas à scénariser lui-même ses films, ce qui était alors très rare dans le cinéma américain des studios. Parmi ses réussites, le sympathique The Shocking of Miss Pilgrim avec Betty Grable, le célèbre Miracle sur la 34ème rue avec John Payne et Maureen O’Hara –un classique de Noël- puis plus tard l’intéressant Une fille de la Province (The Country Girl) avec Grace Kelly et Bing Crosby. Tout le reste est toujours aussi peu connu dans notre contrée si ce n’est un film aujourd’hui lui aussi injustement moqué à cause des ZAZ et leur hilarante parodie -Airplane-, le pourtant toujours très efficace Airport qui obtint un immense succès mondial assez mérité.


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Le Chouchou du professeur (Teacher's Pet)

Réalisation : George Seaton
Avec Doris Day, Clark Gable, Gig Young, Mamie Van Doren
Scénario : Michael & Fay Kanin
Photographie : Haskell B. Boggs (Noir et blanc 1.85)
Musique : Roy Webb
Une production Paramount
USA – 120 mn -1958


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James Gannon (Clark Gable) est rédacteur en chef d’un grand quotidien new-yorkais. C’est un autodidacte qui estime que seule l’expérience compte pour faire un bon reporter et non pas la soi disant efficacité d’une quelconque éducation universitaire. Il a d’ailleurs refusé -par l’intermédiaire d’une lettre cinglante- une invitation du professeur Stone à aller faire part de son expérience dans l’université où ce dernier donne des cours de journalisme. Ayant eu vent de ce refus, le directeur du journal oblige Gannon à se rendre sur place pour s’excuser afin de ne pas déplaire à un membre du conseil d’administration de l’université qui n’est autre que leur éditeur. A contre-cœur Gannon s’exécute ; quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il constate que le professeur Stone est en fait une charmante jeune femme nommée Erica (Doris Day). Seulement il tombe sur celle-ci alors qu’elle est en train de lire sa fameuse lettre à ses élèves pour évoquer la muflerie de certaines ‘reliques du passé’. Étant donné la situation malencontruse où il se trouve et Erica l’ayant pris pour l’un de ses élèves, Gannon ne cherche en aucune manière à rétablir la vérité ; au contraire il décide de profiter de cette méprise pour lui faire comprendre à quel point elle a tort dans ses conceptions sur le journalisme. Évidemment ils vont tomber amoureux malgré la présence d’un rival en la personne d’un séduisant professeur de psychologie, le Dr Pine (Gig Young)…

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1958 : les 'Musicals' n’étant plus trop au goût du jour, c’est dans un autre registre de la comédie que la vedette féminine toujours la mieux payée de l’époque allait commencer à s’épanouir et à en devenir une sorte d’égérie, la ‘Sex-comedy’. Doris Day l’avait déjà testé l’année précédente avec pour partenaire Richard Widmark ; il s’agissait d’un film réalisé par Gene Kelly, The Tunnel of Love (Le Père malgré lui). Paradoxalement, à ce moment de sa carrière, cette première incursion dans ce sous-genre allait s’avérer être son plus mauvais film, une comédie pas très drôle faute surtout à l’indigence de la mise en scène et à un Richard Widmark absolument pas convaincant et semblant très mal à l'aise, ce dont il ne fut d’ailleurs pas dupe, ayant par la suite reconnu son incompétence dans ce domaine. Teacher’s Pet est donc la première très belle réussite parmi les comédies non musicales tournées par Doris Day ; et ça n’allait pas être la dernière, la plupart de celles pour lesquelles elle aura ensuite pour partenaires Rock Hudson, David Niven, Cary Grant ou James Garner allant faire partie des comédies américaines les plus amusantes des années 60. Dans Le Chouchou du professeur, elle donne cette fois la réplique à une autre immense star, non moins que Clark Gable -57 ans, sans avoir encore rien perdu de sa vivacité- avec qui elle forme ici un couple qui fonctionne à merveille et dont on regrette qu’il ne se soit pas réuni à nouveau par la suite.

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Mais revenons-en à Teacher’s Pet, l’une de ses plus jolies réussites -tout du moins au sein de la petite partie immergée de l’iceberg-, comédie établie sur plusieurs bases : un quiproquo reposant sur une méprise de la charmante professeur qui prend pour un 'simple' élève le rédacteur en chef d’un grand quotidien dont elle vient de se moquer en public pour avoir refusé avec virulence de manière épistolaire son invitation à venir faire une conférence dans son université ; la traditionnelle bataille des sexes qui a toujours fait les beaux jours de la comédie américaine -assez proche ici de celles des films mettant en scène le couple Katharine Hepburn/Spencer Tracy ; et pour cause, l’un des scénaristes étant celui ayant écrit l’un de leurs premiers films en commun, le délicieux La Femme de l’année (Woman of the Year)- avec une femme de tête au caractère bien trempé faisant vaciller l’assurance et les certitudes de son futur compagnon ; l’irruption d’un troisième larron à l’origine de quelques nouveaux quiproquos et situations savoureusement croustillantes en la personne d’un psychologue 'beau gosse' interprété avec une grande drôlerie par l’inénarrable Gig Young, rival d’autant plus dangereux du journaliste qu’il s’avère brillant, sachant tout faire mieux que lui (danser le mambo notamment) et qu’il peut soutenir n’importe quels sujets de conversation même sans rien en connaitre ; une petite histoire en marge de l’intrigue principale venant débuter et clore le film, celle de la mère protectrice suppliant le patron de son fils de pousser ce dernier à poursuivre ses études –séquences assez émouvantes- ; enfin de longues discussions prises très au sérieux par les auteurs portant sur l’opposition des deux professionnels quant à leur manière de concevoir le journalisme, sur ce que devrait être un article ou plus globalement un journal.

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C’est surtout grâce à l’ajout de cette réflexion sur le journalisme au travers de passionnantes joutes oratoires que Teachers’ Pet prend de l’ampleur et de la profondeur, rares étant les comédies de l’époque qui, à côté de l’habituel comique de situation basé sur des successions de quiproquos, se préoccupaient de sujets sérieux et abordés comme tels. Car en plus de la différence de conception du journalisme avec d’une part le rédacteur en chef chevronné ne croyant qu’en l’expérience pratique et dédaignant les reporters éduqués –'mépris' peut-être dû à un sentiment d’infériorité comme il s'en confiera plus tard-, de l’autre le professeur prônant l’éducation théorique, quelques thématiques supplémentaires sont abordées en catimini par l’intermédiaire d’une sous intrigue, celle d’un fait divers tragique à l’origine d’un exercice de rédaction. Ses élèves devant rédiger un article sur un crime commis en pleine rue, Doris Day va mettre sur le tapis la question du fond et du journalisme d'investigation en insistant lourdement sur le fait qu’un journal ne devrait pas seulement se contenter d’énoncer des faits le plus efficacement possible mais également chercher à comprendre le pourquoi de l'aboutissement à une telle dramatique situation ; au cours de cette 'enquête', le progressisme des auteurs se fera jour puisque seront évoqués pêle-mêle le racisme ordinaire, la pauvreté, l’éducation, la qualité de vie au sein des grandes villes, les injustices sociales… C’est pour cette raison que certains diront avec justesse qu’il ne s’agit pas de la comédie la plus drôle ni la plus trépidante avec Doris Day mais néanmoins d’une des plus riches. Quoiqu’il en soit, l'actrice s’avère ici parfaite, trouvant le bon compromis entre fantaisie et retenue, Clark Gable et Gig Young lui damant même le pion niveau dynamisme et exubérance. Enfin, pour le plaisir des yeux, Miss Day est subtilement maquillée et somptueusement vêtue par Edith Head. Une chose est certaine : elle était fin prête à poursuivre sur cette voie avec une dizaine d’autres titres à venir, certains encore plus drôles et délurés.

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Une comédie certes candide dans ses réflexions mais cependant plus riche que la moyenne, des dialogues aussi amusants qu’intelligents, pleins de délectables sous-entendus sexuels, de belles performances d'acteurs qui ont tout compris du timing, un très joli noir et blanc avec en bonus une savoureuse Mamie Van Doren dans le rôle d’une chanteuse un peu écervelée se déhanchant sur ‘The Girl Who Invented Rock and Roll’ ainsi qu’une Doris Day interprétant la chanson-titre. En attendant, George Seaton, Clark Gable, Doris Day et Gig Young nous offrent un formidable moment de gaieté et de bonne humeur non dénué de réflexions et d'un louable sens de l’éthique. Une sorte de version légère de Bas les masques (Deadline USA) de Richard Brooks, une Screwball au rythme bien plus apaisée que celui de His Girl Friday (La Dame du vendredi) qui se déroulait également au sein d’une rédaction, une comédie stylée, élégante, drôle et spirituelle... que demander de plus ? A signaler pour ceux qui hésiteraient encore que le film fit partie d’une majorité des tops 10 de fin d’année des grands journaux américains dont le New York Times.
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Jeremy Fox
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Jeremy Fox »

Et puis aussi

Airport : George Seaton 1969

Même si pendant le visionnage, à partir du décollage de l'avion au bout d'une heure de film, on a constamment celui des ZAZ en tête, il faut reconnaitre que ça n'est à presque aucun moment rédhibitoire pour apprécier ce premier Airport, le film qui a en gros relancé la vague des films catastrophe. Tout simplement car il se tient aujourd'hui encore remarquablement bien. Même si la mise en scène n'a rien d'extraordinaire, elle n'a cependant rien de honteux ; le scénario est à ce point efficace que l'on reste captivé tout du long d'autant que, contrairement à la plupart des films à venir du genre, les personnages sont bien écrits et que la catastrophe reste à échelle humaine, presque entièrement crédible. Un casting 4 étoiles (Lancaster, Dean Martin, Jacqueline Bisset très charmante, Jean Seberg, George Kennedy, Van Heflin...) et une musique pleine d'élan d'Alfred Newman finissent de rendre ce film à suspense tout à fait recommandable. Très agréablement surpris.
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Alexandre Angel
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Alexandre Angel »

The Counterfeit Traitor est effectivement une surprise pas désagréable, un film qui se laisse voir. Il pourrait appartenir à ce que j'ai pensé considérer comme une catégorie de films américains des années 60 (période délicate où les grands studios font leur mue, parfois pour le pire) travaillés par une Europe insaisissable, entre Nazisme et guerre froide, propice à des aventures où se côtoient espionnage, infiltration, romance avec cette petite texture "fin de race" typique des sixties. Une illustration célèbre de cette veine pourrait venir du Rideau déchiré, d'Alfred Hitchcock.
Parce que ce genre de films m'a souvent fait craindre le pire (je n'aime pas beaucoup ce Hitchcock), j'ai d'autant plus de plaisir à trouver agréables le George Seaton, ainsi que The Journey, d'Anatole Litvak, par exemple.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Profondo Rosso
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Profondo Rosso »

Je remets ça là

Une fille de province de George Seaton (1954)

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Un metteur en scène de Broadway tente de permettre à un chanteur-acteur, qui a sombré dans l'alcoolisme, de remonter sur scène.

Un beau mélo qui valut à Grace Kelly un Oscar au nez et à la barbe d'une Judy Garland favorite pour Un étoile est née et où l'on ne pourra qu'une fois de plus regretter qu'elle ait abandonné si tôt sa carrière d'actrice. Elle se place en fait à la hauteur de ses partenaires Bing Crosby et William Holden dans cette adaptation de la pièce éponyme de Clifford Odets qui explore avec une force rare les désespoirs et les doutes de l'artiste et son entourage. On plonge ici dans le monde du théâtre où trois personnages vont se déchirer quelques semaines avant la première de la pièce sur laquelle ils travaillent. Bernie Dodd (William Holden) metteur en scène entièrement voué à son travail décide de donner sa chance à la star déchue Frank Elgin (Bing Crosby) mais ce dernier est encore rongé par l'alcoolisme et la perte d'estime personnelle. Ces tourments semblent être alimentés par sa jeune et dominatrice épouse Georgie (Grace Kelly) qui ne cesse de le dévaloriser.

George Seaton pousse loin ce tableau de départ avant de le faire imploser. Grace Kelly surprend ainsi dans un registre dénué de tout glamour, avec ses tenues strictes et ses airs pincés, son phrasé plouc et la dureté de ses traits et attitudes. Seaton la filme même tel un cerbère fantomatique (l'apparition dans la pénombre dans le théâtre) présent pour tourmenter son époux déjà bien mal en point et joué avec une fragilité bouleversante par Bing Crosby. Pourtant chaque artiste amène avec lui ses démons dans son expression et l'accomplissement naît de ce qu'il en fait, s'ils le paralysent ou le stimulent. C'est la problématique de chaque personnage et également d'un remarquable William Holden voyant à travers Grace Kelly le reflet de son ex épouse n'ayant jamais su le comprendre, avant d'admettre qu'elle symbolise la dévotion à laquelle il n'eut jamais droit dans son mariage. Cela est amené avec une grande finesse lors des diverses et intense joutes verbales entre les deux personnages où la haine n'est jamais bien loin d'un désir brûlant.

L'histoire explore ainsi l'équilibre précaire amenant un Bing Crosby a enfin redevenir ce qu'il fut et exprime ainsi l'infantilisation de l'artiste face à son entourage, Grace Kelly jonglant entre maternage et dureté saisissante. Le couple formé avec Bing Crosby (qui ne fut pas que fiction durant le tournage) transpire le vécu et les rancœurs passées, mais aussi une flamme qu'on ne désespère pas de voir renaître. L'amuseur Bing Crosby se met à nu comme jamais, faisant rejaillir par intermittence son génie musical (l'audition d'ouverture) mais sinon malmenant son image en faisant de sa jovialité un masque et un signe de sa lâcheté, le traumatisme d'un drame passé se mêlant à son déclin. Seaton ne fait pas pour autant de The Country Girl une ode au monde du spectacle et malgré de jolies scène de répétitions le rétablissement d'Elgin est escamoté alors que l'on n'avait rien perdu de sa déchéance. Comme le souligne un dialogue, le plus important n'est pas qu'il redevienne l'artiste mais l'homme qu'il fut et dans une magnifique scène final le leitmotiv musical synonyme de séparation devient ici est bel instrument de réunion, et quel regard final débordant d'amour de Grace Kelly... 5/6

et

36 heures avant le débarquement (1965)

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Quelques jours avant D-Day, le Major Pike (James Garner) est envoyé en mission de routine au Portugal, mais il est vite suivi par des espions allemands qui réussissent à la droguer et l'emmener en Allemagne. A son réveil, Pike, se retrouve en 1950, dans un hôpital militaire US dans une Allemagne d'après-guerre occupée par les Allies... C'est en fait une mise en scène monumentale des Nazis pour lui soutirer les détails du Débarquement...

36 Hours est un film d’espionnage des plus original avec une intrigue maligne annonçant autant les épisodes les plus tarabiscotés de la série Mission : Impossible que le cinéma paranoïaque des années 70. Tout ce qui tiens de la manipulation de James Garner est remarquablement amené et crédible, avec un plan d'une envergure impressionnante autant dans les moyens (l'hôpital reconstitué, les faux journaux, les rides artificielles, fausse biographie et rapport médicaux) que dans les méthodes avec un Rod Taylor fin psychologue qui a étudié sa proie dans les moindres détails et lui a préparé une illusion parfaite. Ce dernier interprète le personnage le plus intéressant et complexe du film, contraint de dédier une méthode aux objectifs nobles (soigner le traumatisme du soldat revenu du Front Russe par un retour en douceur à la réalité) à l’autorité militaire qui en fait une redoutable arme de manipulation. L'interprétation est remarquable notamment une émouvante Eva Marie Saint en rescapée des camps obligée de jouer le jeu des nazis, Rod Taylor tout en subtilité donc (pas sa qualité première d’ordinaire) et Werner Peters détestable à souhait en officier SS. On peut regretter que le film abandonne un peu trop vite son génial postulat de départ en faisant découvrir le pot au rose à Garner cela est bien amené. Le tout aurait pu rester captivant en instaurant un certain jeu de faux semblant et de mensonge entre lui et les nazis où il simulerait d'être encore dupe l’intrigue et les enjeux complexes dérivent finalement vers un déroulement plus classique.

L’imposant mais peu subtil James Garner s’avère héros très conventionnel, le côté stratégique et manipulateur venant finalement plus de l'Etat-major anglais que ses actions. La tension potentielle qu'aurait pu provoquer le final tombe un peu à plat, notamment la mort de l'infâme officier SS pas aussi cathartique qu’elle aurait dû. Si on peut regretter un certain potentiel inexploité (pour le coup un remake ne serait pas superflu, à la même période sur un thème voisin et dans un contexte contemporain Un crime dans la tête de Frankenheimer est bien plus réussi) 36 Hours est néanmoins un efficace et plutôt prenant spectacle se concluant sur une belle émotion avec les adieux poignant entre Garner et Eva Marie Saint. Petite curiosité amusante on trouve au casting l’acteur John Banner dans un rôle très proche de celui qui fera sa gloire dans la série Papa Schultz en soldat ahuri.
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Jeremy Fox
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Jeremy Fox »

Tu m'as donné envie de revoir The Country Girl.
bruce randylan
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par bruce randylan »

Alexandre Angel a écrit :The Counterfeit Traitor est effectivement une surprise pas désagréable, un film qui se laisse voir. Il pourrait appartenir à ce que j'ai pensé considérer comme une catégorie de films américains des années 60 (période délicate où les grands studios font leur mue, parfois pour le pire) travaillés par une Europe insaisissable, entre Nazisme et guerre froide, propice à des aventures où se côtoient espionnage, infiltration, romance avec cette petite texture "fin de race" typique des sixties. Une illustration célèbre de cette veine pourrait venir du Rideau déchiré, d'Alfred Hitchcock.
Yep, une bonne surprise ce titre grâce à une excellent scénario assez complet mine de rien et un flegme distancié qui contrebalance le cynisme des coups fourrés.

De Seaton j'avais aussi bien apprécié la rafraîchissante comédie fémino-progressiste L'Extravagante Miss Pilgrim et le sympathique Mon Séducteur de père (un brin éphémère tout de même comme souvenir). Et surtout Miracle sur la 34e rue qui me faisait craindre le pire et qui m'avait vraiment touché.
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Rick Blaine »

En plus du sympathique Airport, j'avais trouvé divertissant son western Duel dans la poussière. Un peu académique sur la forme mais plaisant à regarder, avec de beaux personnages.
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Jeremy Fox
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Jeremy Fox »

Tiens, un Sidonis à me procurer car jamais vu 8)
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Rick Blaine »

Je l'avais très rapidement évoqué à l'époque mais la décennie a du te rebuter. :mrgreen:
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :Je l'avais très rapidement évoqué à l'époque mais la décennie a du te rebuter. :mrgreen:
A tort d'ailleurs. Je suis devenu bien moins intolérant depuis et ai appris à aduler les 70's :mrgreen:
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Jeremy Fox »

Le Chouchou du professeur débute un mini-cycle Doris Day estival.
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par onvaalapub »

Jeremy Fox a écrit :Le Chouchou du professeur débute un mini-cycle Doris Day estival.
Le lien n'aboutit sur rien Jeremy. :wink: Il manque juste "seaton" à la fin de ton lien.
Sinon j'ai beaucoup d'affection pour ce film, merci pour ta chronique !
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Jeremy Fox
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Jeremy Fox »

Corrigé ; merci :wink:
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Re: George Seaton (1911-1979)

Message par Barry Egan »

Miracle sur la 34ème rue

Eh bien je m'attendais à quelque chose de joliment niais et à la place j'ai eu une sorte de conte philosophique sur la foi que placent les hommes dans les bienfaits de leur société. C'est souvent émouvant et ça n'oublie jamais de prendre du recul. C'est parfait et pas seulement pour Noël (d'ailleurs Wiki m'apprend que le film est sorti à l'époque en plein mois de mai...).
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