Andrew Marton (1904-1992)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Andrew Marton (1904-1992)

Message par Kevin95 »

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CRACK IN THE WORLD - Andrew Marton (1965) découverte

S.F. timorée par papy Andrew Marton, qui a toujours eu peur de rythmer ses films craignant l’arrêt cardiaque de son audience. Si Crack in the World digère tranquillement la moitié des 60's, il est en revanche plus intéressant d'un point de vue métaphorique puisque tout tourne autour de l'impuissance de son héros et (forcément) de la frustration de sa jeune et nunuche assistante. Dana Andrews, vieux sciatique un tantinet antipathique, emmerde son monde pour mettre à bien son projet... de pénétrer la terre avec une grosse fusée phallique. On a beau lui dire que c'est dangereux non, monsieur n'en fait qu'à sa tête et pourrit la vie de son entourage. Sa femme tricote, ne le voit pas souvent au lit et lui préfère son partenaire, beau et musclé. Une telle symbolique dans un film ultra sérieux a de quoi réjouir, surtout que Dana Andrews (dans sa période "le bar est ouvert ?") sert les dents sans interruptions. Ça ne fait pas de Crack in the World un must du genre, mais ça le rend plus sympathique.
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Jeremy Fox
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Re: Andrew Marton (1904-1992)

Message par Jeremy Fox »

Kevin95 a écrit :papy Andrew Marton, qui a toujours eu peur de rythmer ses films craignant l’arrêt cardiaque de son audience.

Pas faux :mrgreen:

D'ailleurs, histoire de participer un peu :lol:
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Au Pays de la peur (The Wild North, 1952) de Andrew Marton
MGM



Nous ne sommes pas déçu, au vu du résultat catastrophique, que The Wild North soit la seule incursion dans le western du pourtant intéressant Andrew Marton. D’origine hongroise, c’est Ernst Lubitsch qui le poussa à aller tenter sa chance à Hollywood. Il retourna en Europe, passant successivement d’Allemagne (qu’il quitta dès l’arrivée de Hitler au pouvoir) en Suisse, de Hongrie en Angleterre où il travailla aux côtés de Alexander Korda. Dès le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, il émigra aux USA et on le retrouve à Hollywood en tant qu’assistant réalisateur. C’est l’excellent Les Mines du Roi Salomon (King Salomon's Mines) coréalisé en 1950 avec Compton Bennett qui le fit émerger. Mais ce sera ensuite en tant que réalisateur de seconde équipe qu’il se fera le plus remarquer, ses propres films en solo s’avérant la plupart du temps médiocres. C’est lui qui entre autres tourna la fabuleuse séquence de chars dans le Ben-Hur de William Wyler, la scène la plus mémorable de La Chute de l’Empire romain (The Fall of the Roman Empire) d’Anthony Mann (la poursuite entre Commode et Livius) et qui s’occupa de la partie américaine du Jour le plus long (The Longest Day). Au Pays de la peur est le film qui suit immédiatement Les Mines du roi Salomon. A croire que sur ce film d'aventure en Afrique, c’est Compton Bennett qui menait la barque tellement la différence de qualité niveau mise en scène avec The Wild North est flagrante. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas souvent que le western s’avançait si au Nord et c’est d’autant plus dommage de ne pas avoir profité de cette opportunité pour nous dépayser avec talent.

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Au début du 20ème siècle, au Canada. Une jeune indienne Chippewa (Cyd Charisse) est désireuse de regagner sa tribu. Elle était venue en ville pour gagner sa vie mais son activité de chanteuse de saloon et la promiscuité d'hommes rustres et constamment ivres ne lui plaisent guère. Jules Vincent (Stewart Granger), un trappeur français, lui promet de la raccompagner en pirogue jusque chez elle, dans le Grand-Nord. Se joint à eux Max, un homme qui se fait tuer par accident par Jules lors de la descente des rapides. Un homme de la police montée canadienne, Pedley (Wendell Corey), est chargé de l'arrêter afin qu'il soit jugé ; en effet, la veille les deux hommes s'étaient violemment battues pour les beaux yeux de la jeune indienne et les autorités ont du mal à croire que Max n'ait pas été abattu froidement par son rival. Accusé de meurtre, Jules doit s'enfuir mais est rapidement rattrapé par le policier qui lui passe les menottes. Il va falloir désormais rentrer alors que le froid est intense et que le chemin du retour est truffé de pièges naturels et humains : avalanches, tempêtes de neige, bandits et loups affamés. Les deux hommes ne sont pas au bout de leur peine mais les difficiles épreuves qu'ils auront à endurer cote à cote vont les rapprocher...

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D'un coté, un officier de la police montée canadienne, opiniâtre et peu loquace ; de l'autre un aventurier pittoresque et frondeur, charmeur et rigolard. Au pays de la peur, qui tire plus sur le film d'aventure que sur le western, se concentrera surtout sur les relations qui s'établissent entre les deux hommes durant un voyage au cours duquel l'un doit ramener l'autre en ville pour y être jugé ; un jeu du chat et de la souris entre un homme de loi et son prisonnier qui doivent dans le même temps affronter toutes sortes de danger et en premier lieu, le froid. Des conditions climatiques dont le trappeur est habitué et qui vont permettre à ce dernier, sans que son adversaire ne s'en rende compte, de mener la barque à son gré. Au cours de leurs périples, ils vont tomber nez à nez avec de dangereux hors-la-loi prêts à les tuer pour s'emparer de leurs montures et de leurs vivres, devoir se protéger d'une avalanche, lutter contre le froid extrême, descendre des rapides en pirogue, et pour finir, mener un combat sans merci contre une meute de loups affamés. A priori, une intéressante description psychologique, le touchant portrait d'une amitié naissante entre deux ennemis, de grandioses paysages, de l'action à revendre ; tout était en place pour le dépaysement et le divertissement assuré !

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Bronislau Kaper donnait le ton avec une partition faisant énormément penser à du Miklos Rosza, l'ample et énergique thème principal préfigurant étrangement ceux que le célèbre compositeur écrira pour les plus célèbres péplums hollywoodiens. Superbe générique donc qui se termine par une image de toute beauté, celle d'un canoë remontant une rivière enchâssée entre de somptueuses montagnes, l'embarcation finissant par accoster dans un endroit paradisiaque. Le film nous plongeait d'emblée dans la grande et belle aventure. Et puis Stewart Granger commence à ouvrir la bouche et c'en est fini de cette belle envolée lyrique et bucolique ; une vraie torture pour les oreilles commence et nous ne lâchera plus. Quelle idée de l'avoir fait jouer tout le film avec cet abominable accent français ; c'est un détail mais qui en dit long sur les fautes de goût du réalisateur qui malheureusement ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Bref, le comédien en devient tout simplement insupportable et ridicule tout du long, son personnage de vantard et de benêt n'étant pas là pour arranger les choses ; ses partenaires ne sont guère plus gâtés ni par la direction d'acteur pour Wendell Corey (terne les 3/4 durant puis, ayant subi un traumatisme psychologique, grotesque en homme hagard le regard perdu dans le vague durant le reste du film) ni par l'importance du rôle accordée pour Cyd Charisse qui ne fait office ici que de charmant mobilier.

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Les dialogues étant risibles (la séquence de la mort du prêtre vaut son pesant de cacahuètes), la psychologie simplette et le scénario lassant et répétitif, les comédiens n'auraient d'ailleurs guère pu sauver grand chose. Le rire de Stewart Granger est tellement pénible, les expressions qu'on lui met dans la bouche si agaçantes (il appelle tout du long son adversaire par le diminutif de 'Baby' ; sous titrée français, ça donne 'mon poulet') que Wendell Corey lui donne à un moment un coup bien mérité ; à se demander s'il ne l'a pas fait réellement pour le faire taire ! Et Frank Fenton, le scénariste, de nous faire se succéder sans aucun sens du rythme une marche dans la neige, un feu de camp, une marche dans la neige, un feu de camp, une marche dans la neige, un feu de camp... le tout sans une seule étincelle d'émotion, sans aucune idée de mise en scène. Mais si la réalisation s'était contentée d'être à court d'idées ; elle s'avère en plus de ça totalement désastreuse et hideuse ; c'est un festival de faux raccords, de cadrages calamiteux, de gros plans disgracieux, le tout au sein d'un montage épouvantable et d'inharmonieux mouvements d'appareils. Les incessants passages des décors naturels aux décors de studio ne sont pas non plus franchement réussis, c'est le moins que l'on puisse dire. Avec les moyens qu'avait le MGM à l'époque, ç'en est presque incompréhensible.

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Rageant de voir autant d'éléments prometteurs se transformer en un film sans rythme et aussi laid d'autant que le réalisateur est incapable d'exploiter ne serait-ce qu'un minimum les fabuleux paysages qu'il a à sa disposition (paysages qui sont ceux de l'Idaho et non du Canada où l'équipe n'a pas été tourner) ; les séquences de marche dans la neige sont une succession de plans plus platement filmés les uns que les autres. A sauver néanmoins dans ce qui se révèle être le premier film en Ansco Color (procédé qui, comme le Warner Color peu de semaines auparavant, n'aura guère révolutionné quoique ce soit), une impressionnante séquence d'avalanche, la scène finale dans les rapides et surtout celle de l'arrivée des loups en pleine nuit : l'apparition du premier animal les yeux brillants est effectivement assez effrayante. Le prologue était alléchant mais le souffle de l'aventure est plombé quelques minutes après qu'il se soit terminé ; le film ne se relèvera pas de la grossièreté de la mise en scène ni du cabotinage de Stewart Granger. Vraiment dommage !!!
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Re: Andrew Marton (1904-1992)

Message par Watkinssien »

Le titre de gloire d'Andrew Marton restera toujours Le jour le plus long, mais il n'était pas tout seul. J'ai de la sympathie pour Les mines du Roi Salomon, The Thin Red Line ou encore le curieux Quand la terre s'entrouvra évoqué plus haut...
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Jeremy Fox
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Re: Andrew Marton (1904-1992)

Message par Jeremy Fox »

Watkinssien a écrit :Le titre de gloire d'Andrew Marton restera toujours Le jour le plus long, mais il n'était pas tout seul. J'ai de la sympathie pour Les mines du Roi Salomon, The Thin Red Line ou encore le curieux Quand la terre s'entrouvra évoqué plus haut...
Oui Les Mines était vraiment très sympathique en revanche. L'un des meilleurs films d'aventure de l'époque.
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Re: Andrew Marton (1904-1992)

Message par Rick Blaine »

Jeremy Fox a écrit :
Watkinssien a écrit :Le titre de gloire d'Andrew Marton restera toujours Le jour le plus long, mais il n'était pas tout seul. J'ai de la sympathie pour Les mines du Roi Salomon, The Thin Red Line ou encore le curieux Quand la terre s'entrouvra évoqué plus haut...
Oui Les Mines était vraiment très sympathique en revanche. L'un des meilleurs films d'aventure de l'époque.
Je le trouve particulièrement poussif pour ma part, rien de plus qu'un joli diaporama. :oops:

Le jour le plus long est superbe, mais il n'a peut-être pas fait grand chose là dedans.
Il faut que je vois The Thin Red Line par contre.
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Jeremy Fox
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Re: Andrew Marton (1904-1992)

Message par Jeremy Fox »

Je plussoie évidemment pour l'excellent le Jour le plus long dans lequel il a à priori dirigé les acteurs américains.
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Re: Andrew Marton (1904-1992)

Message par Jeremy Fox »

Notre western du WE : Au pays de la peur.
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