Lewis Gilbert (1920-2018)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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hellrick
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Re: Lewis Gilbert

Message par hellrick »

bruce randylan a écrit :Pour ma part, je garde un excellent souvenir des mutinés du Téméraire (H.M.S. Defiant) avec il est vrai un casting de choix (Dick Bogarde et Alec Guinness) et d'un scénario bien ficelé.
Mais c'est un peu tout ce que je connais de lui (avec les James Bond)
Je l'ai enregistré justement, il tourne sur Action en ce moment pour les amateurs :wink:
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Rick Blaine
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Re: Lewis Gilbert

Message par Rick Blaine »

J'en ai un excellent souvenir également.
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Kevin95
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Re: Lewis Gilbert

Message par Kevin95 »

7swans a écrit :Et même pas un petit mot sur l'acteur dans ta chronique. :twisted:
C'est qu'il n'a pas forcément LE rôle principal puisqu'il a autant de présence que les autres membres du commando. Il y a un désir chez Gilbert de ne privilégier personne en particulier mais le groupe, dans sa totalité. Après, Timothy Bottoms est effectivement bon dans le film. :wink:
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Re: Lewis Gilbert

Message par blaisdell »

Kevin95 a écrit :
7swans a écrit :Et même pas un petit mot sur l'acteur dans ta chronique. :twisted:
C'est qu'il n'a pas forcément LE rôle principal puisqu'il a autant de présence que les autres membres du commando. Il y a un désir chez Gilbert de ne privilégier personne en particulier mais le groupe, dans sa totalité. Après, Timothy Bottoms est effectivement bon dans le film. :wink:
Tout à fait. Anthony Andrews dans le rôle de son acolyte est tout aussi bon. Leur scène commune dans la chapelle à la fin du film est très forte !
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Re: Lewis Gilbert

Message par bruce randylan »

L'Assassin s'était trompé (Cast a Dark Shadow - 1955)

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Un homme beaucoup plus jeune que son épouse apprend que celle-ci prévoit de ré-écrire son testament. Craignant de lui voir échapper sa fortune au profit de sa belle-soeur, il l'assassine en maquillant son méfait en accident... avant d'apprendre que le nouvel héritage aurait dû lui être plus bénéfique. Il décide alors de trouver une nouvelle femme à la situation confortable

Même si on devine rapidement l'origine théâtral du matériel, il est difficile de faire la fine bouche devant ce savoureux thriller, en huit-clos pour sa majeure partie servi, par des comédiens géniaux, un scénario parfaitement huilée et des dialogues croustillants. Sans être toujours au top, la réalisation de Gilbert se réveille pleinement durant les séquences clés (l'assassinat de la première épouse, les nombreux rebondissements et de manière général tout le dernier acte). Dans ces moments là, le noir et blanc contrasté se fait ciselé, le cadrage est plus volontiers expressionniste et la gestion de l'espace assez inventif.
Toutefois, l'intensité s'acquiert vraiment grâce les acteurs, tous excellents : Kathleen Harrison dans le rôle de la servante un peu simplette et distraite, Mona Washbourne en amoureuse rêveuse, Dick Bogarde dans le rôle principal à la fois cynique, calculateur froid et manipulateur mais également un névrosé sociopathe et fragile au travers de l'attachement à sa première épouse qui se révèle plus ambiguë (voire sincère) que prévue. Il parvient à rendre son personnage beaucoup plus riche que le simple arriviste, chasseur de veuve. Mais c'est Margaret Lockwood qui remporte la mise avec cette nouvelle riche, moderne, vive, au franc parlé irrésistible qui ne se laisse pas impressionner par qui compte, tout en étant elle aussi moins unilatérale que les personnages féminins du genre avec un amour réel envers son nouveau mari (tout en étant conscient de ses motivations premières).

Tous ces éléments font de L'assassin s'était trompé un divertissement sans temps mort, rythmé, caustique, assez original dans la psychologie des personnages qui arrivent à s'émanciper des stéréotypes. De plus l'intrigue, à part quelques passages obligés au début et à la toute fin, est assez peu prévisible. Vraiment une très bonne surprise. :D
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Re: Lewis Gilbert

Message par Brancaleone »

J"ai revu il y a peu Alfie , film assurement assez daté , mais qui à mon avis vaut mieux que sa réputation , avec un grand Michael Caine et un sujet assez en avance pour l"époque

De loin le meileeur film de Gilbert en ce qui me concerne
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Profondo Rosso
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Re: Lewis Gilbert

Message par Profondo Rosso »

The Admirable Crichton (1957)

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Après un naufrage, le majordome d'une famille de la haute société londonienne, veut prendre le commandement du groupe réfugié sur une île déserte.

The Admirable Crichton est la quatrième adaptation cinéma de la pièce de J. M. Barrie notamment après celles hollywoodiennes de Cecil B. DeMille en 1919 avec Gloria Swanson et We're Not Dressing de Norman Taurog (1934) avec Bing Crosby et Carole Lombard. La pièce de Barrie fut écrite en 1902, fin de l'ère Victorienne et période où le clivage de classe régissant l'Angleterre était son comble. Un film comme Noblesse Oblige de Robert Hamer (1949) situé à cette époque avait su en capturer avec un humour noir savoureux les injustices et les comportements extrêmes qu'elle entraînait. The Admirable Crichton sur une même thématique apporte un regard plus tendre mais lucide sur la question.

C'est d'abord le piquant de la farce qui domine dans la description du quotidien de la demeure de Lord Loam (Cecil Parker), riche aristocrate vivant avec ses trois filles Mary (Sally Ann Howes), Catherine (Mercy Haystead) et Agatha (Miranda Connell). La stricte séparation entre maîtres et domestiques y est montrée de façon comique, tant dans la prévenance et l'extrême obséquiosité du majordome en chef Crichton que de la dépendance ainsi que le dédain de Lord Loam et ses filles. Même lorsque Lord Loam dans un élan de générosité organise un repas où l'équité doit dominer, la véhémence contre l'initiative est aussi grande chez les domestiques (entre gêne et réelle indignation) que chez les maîtres, en particulier Mary, la plus hautaine de toutes. Néanmoins la séquence laisse entrevoir des liens amicaux voir sentimentaux qui ne sont cependant pas supposés avoir de suite. Ce qui empêche ce rapprochement c'est le regard des autres, ce clivage de classe étant une pure invention de la civilisation moderne.

C'est donc l'isolement qui fera voler en éclats ces oppositions, lorsqu'un le naufrage coince Crichton, les Loam, leur fiancés et la femme de chambre Eliza (Diane Cilento) sur une île déserte. Le modèle social se poursuit dans un premier temps, les mêmes moments ridiculement maniérés se poursuivant dans les attitudes et la caractérisation étant toujours aussi grossière (Eliza en gentille soubrette idiote à la grammaire incertaine). Cependant si la supériorité des nantis apparaît comme une évidence implicite dans la civilisation, sur l'île Crichton a manifestement toutes les aptitudes physiques, intellectuelle et de débrouillardise pour assurer la survie de ses compagnons. La bascule se fait progressivement et à la énième séquence de soumission absurde (un service de table à assurer en pleine faune) notre majordome rend son tablier et laisse bientôt ses riches empotés à la famine. Sous l'humour le processus est habilement dépeint, l'effort de se soumettre à l'autorité du subalterne étant une vraie souffrance notamment Mary. Après une ellipse le constant sera cinglant, tous les clivages auront cédés au nom de la collectivité même si Lewis Gilbert glisse quelques moments loufoques. Ainsi la scène d'ouverture est reproduite à l'identique dans les situations, la mise en scène et le découpage mais en inversant les rôles : sous les tropiques c'est Lord Loam qui est aux petits soins de Crichton au réveil. Cette équité libère les attirances étouffées avec une romance inattendue entre Mary et Crichton, mais également les brides intellectuelles où Liza traité d'égal à égal s'exprime désormais avec aisance. On comprend mieux la caricature du début du film qui ne visait pas à prendre les "inférieurs" de haut, mais à montrer qu'adressés et stimulés comme tout autre ils pouvaient tout autant s'épanouir. A l'inverse la mollesse empotée des riches s'estompe aussi, notamment par Mary devenant une véritable amazone bronzée et athlétique.

C'est en grande partie les prestations des acteurs qui amènent une vraie profondeur au postulat assez schématique. Si Kenneth More est comme souvent très bon en leader flegmatique et séduisant, ce sont vraiment les deux actrices qui emportent le morceau. Sally Ann Howes (qui a de faux airs de Grace Kelly dans le film) passe du stéréotype de la jeune aristocrate à l'amoureuse éperdue avec brio, tout comme Diane Cilento quittant ses airs ahuris pour une présence apaisée. La quasi utopie veut que tous s'accomplissent dans cette situation mais bien évidemment la civilisation va les rattraper. Là encore les efforts de caractérisation et mise en place Lewis Gilbert paient car lorsque tous les codes du monde moderne reprennent leurs droits, c'est un déchirement plus qu'un gag. Le réalisateur appuie formellement cela par la réapparition brutale de l'uniforme de majordome, et dramatiquement par la raideur d'attitude retrouvée, par les dialogues renouant avec la froideur formelle qui prévaut. On a même une superbe trouvaille dans une des dernières scènes où Crichton et Mary éloignés dans une même pièce le sont aussi par la gamme chromatique (le petit espace où se trouve Mary étant en noir et blanc) comme pour signifier le fossé infranchissables qui les séparent de nouveau. Une conclusion douce-amère donc qui pour un même constat suscitera néanmoins un sentiment plus mélancolique que le génial cynisme de Noblesse Oblige. Sinon pour une relecture plus latine, féroce et romantique, il existe aussi le génial Vers une destinée insolite, sur les flots bleus de l'été réalisé beaucoup plus tard par Lina Wertmüller (qui a peut être lu J.M. Barrie). 4,5/6
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Re: Lewis Gilbert

Message par villag »

Ajoutons que ce très beau film est très rare à la télé ( je me demande même si déjà passé une fois ) ....!
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Profondo Rosso
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Re: Lewis Gilbert

Message par Profondo Rosso »

Les Mutinés du Téméraire (1962)

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En 1797, le « Téméraire » est envoyé rejoindre la flotte britannique en Méditerranée. À son bord, le lieutenant Scott-Padget est un homme cruel qui s'acharne sur l'équipage au moindre prétexte. Conscient de la révolte qui gronde, le capitaine Crawford tente de reprendre en mains le navire en attaquant un navire français au large de la Corse.

Lewis Gilbert signe un de ses meilleurs films avec ce H.M.S. Defiant qui semble proposer une variante anglaise des Révoltés du Bounty et ses multiples versions. Adapté du roman Mutiny de Frank Tilsley (paru en 1958), le film inscrit son postulat familier dans un contexte plus spécifiquement anglais en donnant une vision filmée d'une réalité historique. En mars 1797, la Royal Navy dû en effet faire face à la Mutinerie de Spithead soit la rébellion concertée des marins de onze navires contestant les conditions de vie épouvantable en soldes misérables, discipline intraitable et recrutement forcé. Après une rude négociation, les marins auront gain de cause et reprendront le service sans subir de sanction le 15 mai 1797.

Pour plus de tension, l'intrigue du film intègre ce contexte aux Guerres Napoléoniennes même si cela s'avère historiquement inexact puisque tout en respectant la date des évènements on anticipe un conflit dont les prémisses se situent plutôt en 1799. La brutalité inhérente à la Royal Navy s'illustre avant même que le récit ait gagné la mer avec la violente séquence de The Press soit le recrutement forcé de quidam arraché avec violence à leur quotidien. Les deux personnalités amenées à s'opposer sont présentées en parallèle dans cette ouverture. On voit le Capitaine Crawford (Alec Guinness) prendre ses ordres de mission auprès de ses supérieurs dans un dialogue où on le devine compatissant pour les conditions misérables de son équipage quand dans le même temps son second le lieutenant Scott-Padget (Dirk Bogarde) est le meneur prenant plaisir à enrôler des malheureux contre leur gré. Une fois en mer, les jeux de pouvoirs associés à la gronde sociale latente va faire monter graduellement la tension. On voit ainsi les minutieux préparatifs de la fameuse mutinerie dont la volonté augmente ou s'amenuise selon la domination à bord entre l'humaniste Crawford et le sadique Scott-Padget soumettant les matelots au fouet au moindre embryon d'incartade. Dirk Bogarde est excellent dans ce rôle détestable, il faut le voir littéralement jouir du claquement de fouet sur le dos de ses malheureuse victimes ou de savourer la crainte qu'il génère au sein de l'équipage glacé par un simple regard. L'acteur se montre très subtil, sa cruauté jouant à la fois de la conscience de supériorité de classe, sadisme pur et simple et volonté de domination - il est sous-entendu que son attitude a précédemment poussés ses précédents capitaines à la cour martiale.

Lewis Gilbert filme avec brio le quotidien du navire, de la colère grondant dans les cales au duel psychologique sur le pont entre les officiers et réussit avec fluidité à caractériser habilement un grand nombre de protagonistes (Anthony Quayle est excellent en meneur pacifiste et réfléchi de la fronde). Les enjeux sont intelligemment relancés à travers un conflit feutré et retors qui laisse voir les failles de ces codes militaires maritimes - Crawford impuissant face aux maltraitances de son jeune fils aspirant sur le navire - et l'ascendance sociale devenir un instrument de pouvoir pour Dirk Bogarde. Parallèlement Gilbert nous offre un vrai grand film d'aventure spectaculaire avec des affrontements épiques et variés. On aura droit à du duel frontal entre navires français et anglais où le réalisateur témoigne d'une belle ampleur (les plans d'ensemble des deux navires face à face), d'un sens de la destruction certains et d'une violence sanglante lors des abordages. A d'autre moment cela jouera sur la pure stratégie avec un navire de guerre camouflé en bateau de commerce et le superbe final joue la carte de l'émotion avec un choix cornélien entre la cause sociale et la patrie, là aussi dans une impressionnante péripétie. Une très belle réussite portée par un grand trio d'acteur Alec Guinness/Dirk Bogarde/Anthony Quayle. 5/6
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Re: Lewis Gilbert

Message par Profondo Rosso »

Un up posthume quand même il avait son topic !
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Re: Lewis Gilbert

Message par AtCloseRange »

Il a fait l'excellent Alfie et le meilleur Bond :mrgreen: c'est déjà pas si mal!
Pas trop de souvenirs de l'Education de Rita mais je crois que c'était correct.
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Re: Lewis Gilbert

Message par odelay »

RIP Lewis Gilbert... (97 ans quand même)

:(
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Re: Lewis Gilbert (1920-2018)

Message par Rick Blaine »

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Re: Lewis Gilbert (1920-2018)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Lewis Gilbert (1920-2018)

Message par Jeremy Fox »

Agent Secret S.Z., c'est le Justin British du vendredi
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