Lino Brocka (1939-1991)
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Lino Brocka (1939-1991)
Insiang (Lino Brocka - 1976)
Le festival "Toute la mémoire du monde" vient de débuter, et c'est l'heure des découvertes ou de redécouvertes de raretés.
Fraîchement restauré en 4K (la copie était flambant neuve) sous le patronage du projet World Cinema de la Film Foundation, Insiang de Lino Brocka vient défendre les couleurs d'un cinéma philippin méconnu, sinon confidentiel.
Rétrospectivement, il est remarquable que l'année 1976 ait donné deux films aussi étouffants, quant à leur représentation de la vie dans les bidonvilles, que l'Affreux, sales et méchants de Scola et Insiang à l'autre bout du monde. Nulle causticité ici, néanmoins. On est, comme le note Olivier Père suite à la projection Cannes Classics l'an dernier, dans le registre du mélodrame social, auquel Brocka injecte une authenticité semi-documentaire conférant au film une atmosphère moite inimitable (l’équarrissage insoutenable au tout début, les ruelles sales, la vie grouillante, les familles entassées, l'hygiène rudimentaire, les échoppes de bric et de broc, les petits ponts enjambant les canaux, les vêtements bon marché et kitsch...). On a vraiment l'impression d'être dans l'impuissance de la misère de Manille. Mais le misérabilisme n'est pas de mise grâce à la rigueur du réalisateur par rapport à son approche et son histoire. Car la vie d'Insiang, cette belle adolescente aux cheveux d'ébène, ténébreuse comme une jeune Claudia Cardinale, est un enfer dont les points cardinaux sont invariablement une mère tyrannique, son amant concupiscent, les rumeurs de la rue, une case délabrée dont elle ne peut s'extraire, et un manque d'amour qui s'avèrera une véritable bombe à retardement dès que la mèche sera allumée. Sous les atours un peu étriqués du triangle amoureux, se niche le portrait sans fard d'une adolescente voulant simplement s'en sortir et recouvrer sa dignité d'être humain. Une découverte instructive donc, même si l'on peut rester mesuré face à la grande reconnaissance critique dont jouit ce film à l'aune de sa nouvelle vie.
Enfin le mieux, c'est encore que vous vous fassiez votre propre opinion lorsque Carlotta le distribuera dans les prochaines semaines.
Le festival "Toute la mémoire du monde" vient de débuter, et c'est l'heure des découvertes ou de redécouvertes de raretés.
Fraîchement restauré en 4K (la copie était flambant neuve) sous le patronage du projet World Cinema de la Film Foundation, Insiang de Lino Brocka vient défendre les couleurs d'un cinéma philippin méconnu, sinon confidentiel.
Rétrospectivement, il est remarquable que l'année 1976 ait donné deux films aussi étouffants, quant à leur représentation de la vie dans les bidonvilles, que l'Affreux, sales et méchants de Scola et Insiang à l'autre bout du monde. Nulle causticité ici, néanmoins. On est, comme le note Olivier Père suite à la projection Cannes Classics l'an dernier, dans le registre du mélodrame social, auquel Brocka injecte une authenticité semi-documentaire conférant au film une atmosphère moite inimitable (l’équarrissage insoutenable au tout début, les ruelles sales, la vie grouillante, les familles entassées, l'hygiène rudimentaire, les échoppes de bric et de broc, les petits ponts enjambant les canaux, les vêtements bon marché et kitsch...). On a vraiment l'impression d'être dans l'impuissance de la misère de Manille. Mais le misérabilisme n'est pas de mise grâce à la rigueur du réalisateur par rapport à son approche et son histoire. Car la vie d'Insiang, cette belle adolescente aux cheveux d'ébène, ténébreuse comme une jeune Claudia Cardinale, est un enfer dont les points cardinaux sont invariablement une mère tyrannique, son amant concupiscent, les rumeurs de la rue, une case délabrée dont elle ne peut s'extraire, et un manque d'amour qui s'avèrera une véritable bombe à retardement dès que la mèche sera allumée. Sous les atours un peu étriqués du triangle amoureux, se niche le portrait sans fard d'une adolescente voulant simplement s'en sortir et recouvrer sa dignité d'être humain. Une découverte instructive donc, même si l'on peut rester mesuré face à la grande reconnaissance critique dont jouit ce film à l'aune de sa nouvelle vie.
Enfin le mieux, c'est encore que vous vous fassiez votre propre opinion lorsque Carlotta le distribuera dans les prochaines semaines.
- Jack Carter
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
Je l'ai raté au Festival Lumiere pour aller faire la queue lors du Prix Lumiere à Scorsese, et ça a été un crevecoeur.....vivement la sortie salles par Carlotta
Ton avis me conforte dans l'envie de le decouvrir.
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
Je pense que ce topic fera néanmoins un flop.
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
pas grave, on pourra le transformer en topic sur Brocka pour bruce quand la cinematheque fera une retroDemi-Lune a écrit :
Je pense que ce topic fera néanmoins un flop.
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
Si la cinémathèque fait une rétro un jour !
Par contre, j'ai vu le film il y a quelques années (dans "l'histoire permanente du cinéma", en copie d'époque et dans la "salle" Lotte Reiniger !) et j'avais été un poil déçu (ou plutôt décontenancé) car le résumé du programme annonçait ça comme un film de vengeance. Du coup, j'avais trouvé l'exposition un peu longuette
Reste que la peinture sociale fonctionne très bien et l'actrice dégage un vrai magnétisme. Par contre, il y a avait des péripéties que j'avais trouvé plus convenues pour ne pas dire clichées (notamment le regard portée par les autres femmes du voisinage). Et je pense aussi que les critiques vont en faire un peu trop sur le "chef d'œuvre absolu oublié".
Cela dit, j'aimerai bien voir Manille du même Brocka que j'avais raté à une précédente édition de ce festival.
Par contre, j'ai vu le film il y a quelques années (dans "l'histoire permanente du cinéma", en copie d'époque et dans la "salle" Lotte Reiniger !) et j'avais été un poil déçu (ou plutôt décontenancé) car le résumé du programme annonçait ça comme un film de vengeance. Du coup, j'avais trouvé l'exposition un peu longuette
Reste que la peinture sociale fonctionne très bien et l'actrice dégage un vrai magnétisme. Par contre, il y a avait des péripéties que j'avais trouvé plus convenues pour ne pas dire clichées (notamment le regard portée par les autres femmes du voisinage). Et je pense aussi que les critiques vont en faire un peu trop sur le "chef d'œuvre absolu oublié".
Cela dit, j'aimerai bien voir Manille du même Brocka que j'avais raté à une précédente édition de ce festival.
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
Carlotta sortira le film en salles le 22 juin.
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
Bonsoir,
J'ai écrit à Carlotta, qui dans leur réponse m'ont assuré qu'Instang et Manille sortiraient en DVD "courant 2017". J'en suis ravi car j'ai été émerveillé par Insiang , qui m'a rappelé certains des meilleurs films de Fassbinder, mais n'ai pas pu voir Manille, qui n'est pas passé à Lille (où je réside) fin 2016.
J'ai écrit à Carlotta, qui dans leur réponse m'ont assuré qu'Instang et Manille sortiraient en DVD "courant 2017". J'en suis ravi car j'ai été émerveillé par Insiang , qui m'a rappelé certains des meilleurs films de Fassbinder, mais n'ai pas pu voir Manille, qui n'est pas passé à Lille (où je réside) fin 2016.
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
Je ne sais pas si tu l'as vu entretemps, mais c'est franchement d'un autre tonneau qu'Insiang. Il est dispo sur le site d'Arte, au cas où.bruce randylan a écrit :Cela dit, j'aimerai bien voir Manille du même Brocka que j'avais raté à une précédente édition de ce festival.
Très noir, tragique, d'un réalisme documentaire et irrespirable - comme une sorte de mariage entre Pixote et le Scorsese des débuts, dont on comprend que sa fondation ait appuyé la résurrection du film. On peut effectivement y voir un chef-d’œuvre du cinéma mondial même si j'attends, de mon côté, de laisser son souvenir maturer avant de me prononcer définitivement. Mais c'est indéniablement marquant et bouleversant.
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Re: Insiang (Lino Brocka - 1976)
Et pour info Manille et Insiang sont dispo (y compris en Blu-Ray) à 9,99€ et dans l'offre 8 pour 45€ sur Cultura.
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