Le cygne noir (Henry King - 1942)
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- Joshua Baskin
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Vu hier soir.
J'ai plutôt apprécié le film, même si comme Jeremy, j'émettrais quelques réserves, notamment au niveau du scénario. Par contre, il faut reconnaitre que les scènes de batailles sont menées tambour battant.
Et comme Jeremy, j'etais assez décu de voir finalement assez peu George Sanders.
J'ai plutôt apprécié le film, même si comme Jeremy, j'émettrais quelques réserves, notamment au niveau du scénario. Par contre, il faut reconnaitre que les scènes de batailles sont menées tambour battant.
Et comme Jeremy, j'etais assez décu de voir finalement assez peu George Sanders.
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Jeremy Fox a écrit :Alors que ma fille m'a avoué hier soir, le sourire aux lèvres, que ce n'était plus Les aventures de Robin des bois son film préféré mais ce Cygne noir : Hein qu'il est trop trop beau Tyrone Power papa ?
Sinon pour le film, je l'ai réenregistré mais encore revu. J'en ai un excellent souvenir. J'espère être encore séduit par ce splendide film d'aventures. Et le fait que tu me rappelles que l'action y est omniprésente me ravit plutôt moi.
- Beule
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A priori, ta fille et moi avons toujours des goûts identiquesJeremy Fox a écrit : Alors que ma fille m'a avoué hier soir, le sourire aux lèvres, que ce n'était plus Les aventures de Robin des bois son film préféré mais ce Cygne noir : Hein qu'il est trop trop beau Tyrone Power papa ?
Pourtant, à l'exception notable d'Ivanhoe, qu'ils vieillissent mal les Thorpe. Chaque révision en révèle les conventions, la platitude pour ne pas dire la laideur visuelle, l'absence d'invention et pire de rythme et de panache. Je n'ai pas pu aller jusqu'au bout du DVD des Chevaliers de la Table Ronde, récemment. Comment avais-je pu apprécier cette fresque au rabais dans un temps pas si éloigné?...et bien je dois dire que je n'ai pas pu encore une fois aller dans son sens mais je dois avoir quelques problèmes avec les éléments principaux constitutifs de ce genre de films hollywoodiens : Ce rythme échevelé, cette truculence à outrance me fatiguent un peu je dois dire Je préfère les films plus posés et moins bondissants de Richard Thorpe par exemple.
Assez en accord sur le côté envahissant et un peu pompier du score de Newman, ce que je n'avais pas remarqué lors des premières visions bizarrement, alors que ce même défaut ma handicapait un peu la vision d'une autre très belle réussite du film d'aventures avec Tyrone Power et Sanders -et Gene Tierney en sublime indigène des îles - Le chevalier de la vengeance (j'ai la VHS pour ta fille si tu veux ).Là, malgré un technicolor superbe et une Maureen O'Hara belle à damner un saint, j'ai décroché très vite n'aimant pas trop le scénario 'screwball' épuisant de Ben Hecht. Et puis Alfred Newman a fait un score envahissant et pesant loin de ses grandes réussites ou des scores de Max Steiner ou Korngold vers lesquels il louche souvent. Et puis que vient faire ce film dans un cycle George Sanders qui n'a ici qu'un second rôle je ne l'ai pas trouvé très convaincant dans la truculence du méchant. Je le préfère cynique ou dandy.
Mais le rythme délibérément accéléré (qui me fait tant apprécier Freda par exemple) du film qui le font loucher vers le Serial, bref, vers l'essence même du cinéma d'aventures populaire, sa densité et ses dialogues vifs, incisifs, mordants et gouailleurs me réjouissent personnellement comme aucun autre fleuron du genre. Tous les affrontements verbaux entre Power et Maureen, t particulièrement ceux du jatdin, sont d'une verdeur, d'une insolence et d'une modernité que je trouve absolument réjouissante. Je n'ai d'ailleurs jamais trouvé Power (souvent un peu falot à mon goût) aussi bon que dans cet emploi d'une virilité très appuyée. Quant à toi Jeremy j'imagine que tes préférences te porteraient plus volontiers vers un King aventureux plus intimiste et méandreux comme cet autre sommet plastique, Capitaine de Castille.
Quant à Sanders, qui maquille jusqu'aux intonations de sa voix pour personnaliser cette idée de pirate, je le trouve tout simplement prodigieux: ah ce regard en dessous, lubrique et pervers, tandis qu'il soulève le drap dans la séquence de la chambre des jeunes mariés, monumental
Et la bataille finale de Maracaïbo m'apparaît toujours comme le clou du genre. Maquettes peut être mais quelle exhubérance dynamique et plastique
Bref ce Cygne Noir cotoie sans problème Le chant de Bernadette, La colline de l'adieu, Un homme de fer et La cible humaine dans mon Top5 Henry King
- Jeremy Fox
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Oui, superbe top 5, c'est pouquoi je me prendrais le temps de le revoir à tête reposée. En effet, je préfère à priori le rythme de Capitaine de Castille moins trépidant mais ancien souvenir quand même.Beule a écrit :
Bref ce Cygne Noir cotoie sans problème Le chant de Bernadette, La colline de l'adieu, Un homme de fer et La cible humaine dans mon Top5 Henry King
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Ca y est, je l'ai revu hier soir et j'ai bien apprécié, je trouve que le film vieilli bien, car je suis assez souvent déçu quand je revois des films que j'ai vu gosse et que j'avais adoré à l'époque... Je trouve que Tyrone Power à vraiment un charisme extraordinaire et qu'il y est pour beaucoup dans mon appréciation du film...je me demande si je ne l'apprécie pas plus (avec mon age qui avance) qu'à Errol Flynn son grand rival de l'époque...
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Très bonne surprise venant d'un film à la fois mineur et parfait.
Mineur car le propos est clairement de distraire et non d'instruire, parfait car la volonté du réalisateur et de ses assistants parvient sans défaillance à conduire la cahier des charges requis au préalable.
Stylistiquement le film étonne par sa splendeur par moments quasi-pastorale faisant même songer à l'Homme tranquille, pour prendrre en exemple un autre film dans lequel Maureen O'Hara évolue en technicolor. Mais c'est avec une toute aussi rare élégance que la narration d'ensemble est assurée, à travers un découpage et un montage extrêmement heureux dans sa fluidité. Ainsi présentée, l'action se déroule sans les crispations académiques d'un Thorpe, les personnages et les péripéties apparaissant aussi heureusement qu'au détour d'une page de la plus belle écriture. J'ose dire qu'une étoffe stevensonienne constitue nombre de moments de ce Cygne noir...que je n'ai malheureusement pu voir en entier en raison d'une défaillance de mon magnétoscope. La suite lors de la sortie dvd
Mineur car le propos est clairement de distraire et non d'instruire, parfait car la volonté du réalisateur et de ses assistants parvient sans défaillance à conduire la cahier des charges requis au préalable.
Stylistiquement le film étonne par sa splendeur par moments quasi-pastorale faisant même songer à l'Homme tranquille, pour prendrre en exemple un autre film dans lequel Maureen O'Hara évolue en technicolor. Mais c'est avec une toute aussi rare élégance que la narration d'ensemble est assurée, à travers un découpage et un montage extrêmement heureux dans sa fluidité. Ainsi présentée, l'action se déroule sans les crispations académiques d'un Thorpe, les personnages et les péripéties apparaissant aussi heureusement qu'au détour d'une page de la plus belle écriture. J'ose dire qu'une étoffe stevensonienne constitue nombre de moments de ce Cygne noir...que je n'ai malheureusement pu voir en entier en raison d'une défaillance de mon magnétoscope. La suite lors de la sortie dvd
Night of the hunter forever
Caramba, encore raté.
Mon avis:
C´était pas mal. Le film de studio dans toute sa splendeur. Rythme effrenné, héros fougueux ( mais je préfère Errol Flynn), photo flamboyante mais surtout scénario impeccable qui multiplie les les rebondissements à partir d´une situation de départ originale ( le chef des flibustiers est nommé gouverneur de la Jamaïque).
L´ensemble a quand même un peu vieilli mais ça reste un très bon film d´aventures.
4,5/6
Sinon, Fox, ta fille a bon goût. Bien sûr que Robin des Bois est le meilleur film d'aventures de l'âge d'or hollywoodien. Elle oubliera vite le Cygne Noir pour revenir à ses valeurs sûres à mon avis.
C´était pas mal. Le film de studio dans toute sa splendeur. Rythme effrenné, héros fougueux ( mais je préfère Errol Flynn), photo flamboyante mais surtout scénario impeccable qui multiplie les les rebondissements à partir d´une situation de départ originale ( le chef des flibustiers est nommé gouverneur de la Jamaïque).
L´ensemble a quand même un peu vieilli mais ça reste un très bon film d´aventures.
4,5/6
Sinon, Fox, ta fille a bon goût. Bien sûr que Robin des Bois est le meilleur film d'aventures de l'âge d'or hollywoodien. Elle oubliera vite le Cygne Noir pour revenir à ses valeurs sûres à mon avis.
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- Déçu
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Vu hier soir (diffusion d'un cycle George Sanders au Cinéma de Minuit).
Si les films de pirate ne m'emballent pas plus que ça en général, j'ai trouvé celui-ci particulièrement enlevé, avec un panache certain, et un scénario dans sa première heure assez sympathique. Je regrette seulement que le récit se termine d'une façon très abrégée (le traitre de la cour ne craindra aucune punition, Maurren ne reconnaissant pas le sbire du pirate qu'elle avait vu au palais). Drôle aussi de voir George Sanders déguisé de la sorte: il a dû certainement beaucoup s'amuser (ça devait lui changer, ce type de rôle).
Encore un bon film du duo King/Power. Très sympa.
Si les films de pirate ne m'emballent pas plus que ça en général, j'ai trouvé celui-ci particulièrement enlevé, avec un panache certain, et un scénario dans sa première heure assez sympathique. Je regrette seulement que le récit se termine d'une façon très abrégée (le traitre de la cour ne craindra aucune punition, Maurren ne reconnaissant pas le sbire du pirate qu'elle avait vu au palais). Drôle aussi de voir George Sanders déguisé de la sorte: il a dû certainement beaucoup s'amuser (ça devait lui changer, ce type de rôle).
Encore un bon film du duo King/Power. Très sympa.
- Ann Harding
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En fait, il avait déjà joué un rôle de pirate en 1937.... Citation de ses mémoires:Nestor Almendros a écrit : Drôle aussi de voir George Sanders déguisé de la sorte: il a dû certainement beaucoup s'amuser (ça devait lui changer, ce type de rôle).
"One of my earlier successes was a film called Lancer Spy in which I played a double role. In one of these roles, as a Nazi officer, I wore a monocle to some effect. As a result of this, when my next role came along, that of a pirate in a thing called Slave Ship, I was again called upon to wear a monocle. It was useless for me to protest that at the time of this particular story monocles had not been invented. Such pedantry made little impression on the film's producer, and I duly became history's first monocled pirate."
- Ouf Je Respire
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Déjà en 2003!Fatalitas a écrit :Moi, malheureusement j'ai oublié de programmer mon scope donc pas de Cygne noir en ce qui me concerne-Kaonashi Yota- a écrit :Rhaaa j'espère que mon enregistrement a bien fonctionné, parce qu'à vous lire, j'ai encore plus envie de voir le film !!!
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J'ai été légèrement déçu par ma première vision du Cygne noir lorsqu'il est passé sur France 3 en début d'année.
Le rythme est trépidant, les dialogues sont virevoltants et incisifs, portés par un Tyrone Power plus que convaincant et une espiègle Maureen O'Hara, mais l'ensemble me parait bancal, comme s'il ne s'agissait que d'une ébauche. Les enjeux sont condensés à l'extrême, ce qui laisse un petit goût d'inachevé, puisque plusieurs scènes me semblent vite expédiés, et les coups de théâtre se suivent sans relâche jusqu'à un certain épuisement (d'ou une fin un peu rapide et décevante).
L'aspect divertissant du film de pirates est largement respecté, mais je ressens un manque d'ampleur et de souffle qui empêche ce Cygne noir de figurer parmi mes réussites préférées du genre.
C'est dommage, tant le duo King/Power est à l'aise, formant une belle alchimie entre le dynamisme de la mise en scène et fougue de l'acteur. Mais les piques de dialogue entre Power et O'Hara, cultivant un certain excès, finissent par devenir trop systématiques et prévisibles.
Le rythme est trépidant, les dialogues sont virevoltants et incisifs, portés par un Tyrone Power plus que convaincant et une espiègle Maureen O'Hara, mais l'ensemble me parait bancal, comme s'il ne s'agissait que d'une ébauche. Les enjeux sont condensés à l'extrême, ce qui laisse un petit goût d'inachevé, puisque plusieurs scènes me semblent vite expédiés, et les coups de théâtre se suivent sans relâche jusqu'à un certain épuisement (d'ou une fin un peu rapide et décevante).
L'aspect divertissant du film de pirates est largement respecté, mais je ressens un manque d'ampleur et de souffle qui empêche ce Cygne noir de figurer parmi mes réussites préférées du genre.
C'est dommage, tant le duo King/Power est à l'aise, formant une belle alchimie entre le dynamisme de la mise en scène et fougue de l'acteur. Mais les piques de dialogue entre Power et O'Hara, cultivant un certain excès, finissent par devenir trop systématiques et prévisibles.
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Re: Le cygne noir (Henry King, 1942)
http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... -swan.html
Le film de pirates par excellence : tous les ingrédients sont là. De la bataille navale au drapeau noir en passant par l'île de Tortuga. Pleins de couleurs chatoyantes à l'oeil grâce à un superbe technicolor, le film est d'abord un petit bijou visuel. Certains plans se révèlent de toute beauté, notamment quand les scènes se déroulent au coucher du soleil. C'est donc à un merveilleux voyage dans le vent des Caraïbes, dans des jardins coloniaux pleins de fleurs ou bien au milieu d'une engeance hirsute et beurrée par la bière et le vin qui coulent à flot dans les tavernes frustes que ce film nous invite.
L'histoire d'amour entre la lady et le tramp, fieffé pirate, est une aimable ritournelle. Elle rime avec éternelle bien sûr et de songer alors à ces films ô combien denses, rythmés et exotiques que Curtiz, entre autres, nous avait concocté avec Flynn et Havilland en duettistes de l'amour.
Ici Tyrone Power et Maureen O'Hara nous offrent la même performance. Le regard tendu, apeuré et colérique de la belle O'Hara fonctionne à merveille dans le miroir presque enfantin que représente Power. Il faut le voir d'abord la laissant choir de ses épaules comme un sac de patates quand il aperçoit son chef qu'il pensait disparu au début du film et la lente et subtile transformation qui s'opère en lui jusqu'à rougir ses yeux d'une flamme sans équivoque que l'irritation d'être pris dans les filets d'une idylle attise de plus en plus.
Le jeune capitaine devient homme, s'affranchit peu à peu de son aveugle fidélité, prend des initiatives personnelles, donne un sens à sa vie. J'ai bien apprécié comment le scénario a su développé cette révolution avec justesse et éclat, dans un rythme tout à fait naturel et juste. Power me fait une belle impression : sa fougue ne fait jamais passer son personnage pour un pantin bondissant. Voilà un péril que je ne cesse de craindre sur ce genre de films. A tort sans aucun doute. Les pantalonnades de Depp le servent tellement qu'on se prendrait presque à regretter que le fade Orlando Bloom n'en ait fait le quart. Ici Power reste plutôt sobre. On se délectera aussi des personnages secondaires (Laird Cregar et Georges Sanders qu'on reconnait à peine). sont un peu trop modestes pour marquer mon esprit d'une quelconque trace indélébile.
Donc un grand film d'aventures maritimes avec surtout les alizés dans la grand-voile et dans les yeux. Vivant, mais un peu encore empli d'une certaine naïveté dont s'est repu avec avidité le cinéma spectaculaire hollywoodien et dont les scènes d'action et de bataille se déroulant en studio sont comme des symptômes désormais d'un autre temps, le film s'inscrit dans une cinématographie de l'enfance (on dirait que je suis le pirate et que tu voudrais me prendre ma belle, d'accord?) du rêve transcendant la peur de grandir, bref ce que l'exotisme apporte d'adoucissant à un récit déjà très agréable à suivre et une esthétique colorée très cajoleante. Bonbon ou sorbet aux fruits de la passion avec granules de coco.
Le film de pirates par excellence : tous les ingrédients sont là. De la bataille navale au drapeau noir en passant par l'île de Tortuga. Pleins de couleurs chatoyantes à l'oeil grâce à un superbe technicolor, le film est d'abord un petit bijou visuel. Certains plans se révèlent de toute beauté, notamment quand les scènes se déroulent au coucher du soleil. C'est donc à un merveilleux voyage dans le vent des Caraïbes, dans des jardins coloniaux pleins de fleurs ou bien au milieu d'une engeance hirsute et beurrée par la bière et le vin qui coulent à flot dans les tavernes frustes que ce film nous invite.
L'histoire d'amour entre la lady et le tramp, fieffé pirate, est une aimable ritournelle. Elle rime avec éternelle bien sûr et de songer alors à ces films ô combien denses, rythmés et exotiques que Curtiz, entre autres, nous avait concocté avec Flynn et Havilland en duettistes de l'amour.
Ici Tyrone Power et Maureen O'Hara nous offrent la même performance. Le regard tendu, apeuré et colérique de la belle O'Hara fonctionne à merveille dans le miroir presque enfantin que représente Power. Il faut le voir d'abord la laissant choir de ses épaules comme un sac de patates quand il aperçoit son chef qu'il pensait disparu au début du film et la lente et subtile transformation qui s'opère en lui jusqu'à rougir ses yeux d'une flamme sans équivoque que l'irritation d'être pris dans les filets d'une idylle attise de plus en plus.
Le jeune capitaine devient homme, s'affranchit peu à peu de son aveugle fidélité, prend des initiatives personnelles, donne un sens à sa vie. J'ai bien apprécié comment le scénario a su développé cette révolution avec justesse et éclat, dans un rythme tout à fait naturel et juste. Power me fait une belle impression : sa fougue ne fait jamais passer son personnage pour un pantin bondissant. Voilà un péril que je ne cesse de craindre sur ce genre de films. A tort sans aucun doute. Les pantalonnades de Depp le servent tellement qu'on se prendrait presque à regretter que le fade Orlando Bloom n'en ait fait le quart. Ici Power reste plutôt sobre. On se délectera aussi des personnages secondaires (Laird Cregar et Georges Sanders qu'on reconnait à peine). sont un peu trop modestes pour marquer mon esprit d'une quelconque trace indélébile.
Donc un grand film d'aventures maritimes avec surtout les alizés dans la grand-voile et dans les yeux. Vivant, mais un peu encore empli d'une certaine naïveté dont s'est repu avec avidité le cinéma spectaculaire hollywoodien et dont les scènes d'action et de bataille se déroulant en studio sont comme des symptômes désormais d'un autre temps, le film s'inscrit dans une cinématographie de l'enfance (on dirait que je suis le pirate et que tu voudrais me prendre ma belle, d'accord?) du rêve transcendant la peur de grandir, bref ce que l'exotisme apporte d'adoucissant à un récit déjà très agréable à suivre et une esthétique colorée très cajoleante. Bonbon ou sorbet aux fruits de la passion avec granules de coco.