Notez les films naphtas de juin 2015

[Kevin95]

E DIO DISSE A CAINO... (Antonio Margheriti, 1970) Révision

L’enthousiasme de la présentation de Jean-François Rauger lors de la projection du film à la Cinémathèque la semaine dernière est totalement justifié, le film de Margheriti est une véritable perle (du western italien mais pas seulement). L'idée simple d'une vengeance est sublimée par ce docurum fantomatique (comme dans Django), par ce vent violent qui détériore l'image et rythme la bande son, par la thématique de la décadence (viscontien comme le note Rauger) qui gangrène une riche famille. Si le mélange entre le western et le cinéma gothique était encore maladroit dans Joko invoca Dio... e muori (Avec Django, la mort est là, 1968), ici ledit mélange est payant. Des apparitions fantomatique et biblique de Klaus Kinski aux effets visuels baroques (l'emprunt à The Lady from Shanghai de son final), E Dio disse a Caino... (Et le vent apporta la violence) est sans aucun doute le (ou l'un) plus beau film de son auteur.



LES ARISTOCRATES (Denys de La Patellière, 1955) Découverte

Attention à la date de péremption. Sous couvert de mettre en scène la déchéance d'une noble famille française, Denys de La Patellière ne fait que sublimer et mythifier cette noblesse d'un autre temps. Balayant La Règle du jeu du revers de la main, le réalisateur joue la carte d'une aristocratie paternaliste et gardienne d'une morale (symbolisé par Pierre Fresnay) face à une jeunesse inconsciente et à un populo simplet qui ne demande qu'un maitre pour gérer les affaires du village. Fort heureusement, Fresnay comme l'humour du scénario (la scène de la série noire est savoureuse) aident à faire passer la pilule mais on imagine sans effort, les jeunes turcs de la Nouvelle Vague fulminer devant un tel film comme devant sa vision poussiéreuse de la France de toujours (comprendre avant 1789). Vidé de son idéologie conservatrice, Les Aristocrates peut être vu comme un bon divertissement (et il l'est) mais pris comme objet socio-culturel la digestion risque d'être difficile (syndrome Les Tricheurs). Le BR n'est pas de trop tant la copie du DVD rouge est très fatiguée.

[Kevin95]

AFTER THE THIN MAN (W. S. Van Dyke, 1936) Découverte

On prend les même et on recommence.

Suite direct (enfin je crois, c'est assez nébuleux) du sympatoche The Thin Man (1934), After reprend absolument tout ce qui faisait le charme et les limites du premier. D'un coté un couple Powell / Loy d'une classe et d'une drôlerie ravageuses et de l'autre une intrigue policière incompréhensible faite de retournements de situations, de cadavres à la pelle et d'obscures indices. Qu'on se rassure, on se fout rapidement des rouages de ladite intrigue (comme dans le précédent là encore) juste pour savourer les punch-lines des deux interprètes et leurs apartés nettement plus savoureuses que l’enquête elle-même.

Puis arrive le dernier quart d'heure où l'on désigne le coupable, on se dit "mais bien sur" tout en étant incapable d'expliquer le pourquoi de sa culpabilité. Gag final. Générique. On aurait presque envie d'enchainer avec le troisième.

[moonfleet]

d'Amando de Ossorio

A fuir !!

Je m'attendais (au moins) à une série Z avec une ambiance horreur retro espagnole, rien de tout cela, les quatre films sont plats et ennuyeux et fauchés, les effets spéciaux répétitifs (la main décharnée qui sort du cercueil) il y a la même introduction/rappel sur trois films (genre: y'a rien d'autre à montrer !), à savoir un vierge sur le point d'être sacrifiée par les templiers; il n'y a pas d'histoire, aucun rythme, les morts-vivants apparaissent sans raison au bout de3/4 d'heure (j'ai ensuite 'visionné' X32 pour les voir ), le réalisateur les filme au cimetière, à cheval sur la plage, même le 3e (sur le gallion) qui avait la meilleure réputation est lamentable.
Mauvaise pioche donc, je ferais mieux la prochaine fois.

[Kevin95]

IL DESERTO ROSSO (Michelangelo Antonioni, 1964) Révision

Ça passe mieux avec le temps et les visions mais ça reste d'une aridité dingue. Antonioni comme fatigué de l'Italie (de Vitti ?) et de son territoire, pousse ses expérimentations jusqu'au point de non retour tout en faisant joujou avec la couleur (une première). On a donc d'un coté une forme d'une beauté désarmante (Vitti ?) et de l'autre une errance opaque, dépressive et sans une once de lumière. Le personnage principal s'emmerde, tourne en rond dans cette ville fantastique rythmé du bruit d'usines carnassières et se voit trahit, méprisé et torturé (l'enfant) par tous les personnages de son environnement. Seul reste la déambulation et la vision de bateaux s’éloignant au loin.

Une porte verrouillée dans la maison Antonioni mais la pièce mérite véritablement qu'on s'y attarde. 7/10

[Edouard]

Critiques rapides de deux films magnifiques:

Découverte dans le cadre du Festival des Champs-Elysées d'un sérieux prétendant très difficile à battre ce mois-ci, noté 19/20:

Ca c'est du cinéma ! Les décors, les costumes, les acteurs... On ne sait plus où donner de la tête.
Elizabeth Taylor est, en plus d'être magnifique, parfaite et Rock Hudson est excellent. Je suis plus nuancé sur James Dean dont le jeu ne m'a jamais convaincu complètement (ici, je le préfère dans la partie en vieux magnat, ce qui m'a fait penser qu'il aurait été excellent dans le rôle d'Howard Hughes, mais c'est autre chose).
Le scénario est ultra-maîtrisé: en près de 3h20, c'est 50 ans d'histoire du Texas qui sont balayés. On ne s'ennuie pas (une ou deux petites longueurs de quelques minutes).
Enfin, On remarquera une chose amusante en cette année 2015 après le discours féministe de Patricia Arquette aux Oscars: le premier acteur au générique est Elizabeth Taylor... Que s'est-il passé entre-temps ? Moins de talents ? Peut être. Moins de poigne ? Sans doute.

Sinon, toujours dans le cadre du Festival des Champs-Elysées, une fantastique (jeu de mots quand tu nous tiens) découverte:

C'est une réussite à tout point de vu. Les acteurs sont tous parfaits et la réalisation est d'une modernité pour l'époque très impressionnante.
Evidemment, comme beaucoup, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à The Haunting.
J'ai énormément apprécié la fin ouverte car moi-même, en visionnant le film, j'oscillais entre deux interprétations. Néanmoins, je pense que Clayton nous donne son avis:

Spoiler (cliquez pour afficher)

pour lui, il n'y a rien de fantastique dans l'histoire; le personnage de Deborah Kerr est complètement folle en témoigne son dernier geste et surtout ses dernières paroles

Chef d'œuvre direct : 20/20 !
Giant vient d'être détrôné mais de très peu.

[Sybille]

AFTER THE THIN MAN (W. S. Van Dyke, 1936) Découverte

Puis arrive le dernier quart d'heure où l'on désigne le coupable, on se dit "mais bien sur" tout en étant incapable d'expliquer le pourquoi de sa culpabilité. Gag final. Générique. On aurait presque envie d'enchainer avec le troisième.

Une série de films plutôt sympathique en effet, même si les épisodes sont inégaux. Je crois que les deux premiers sont justement les meilleurs. Heureusement qu'il y a Loy et Powell !

Enfin, On remarquera une chose amusante en cette année 2015 après le discours féministe de Patricia Arquette aux Oscars: le premier acteur au générique est Elizabeth Taylor... Que s'est-il passé entre-temps ? Moins de talents ? Peut être. Moins de poigne ? Sans doute.

C'est fréquent de voir l'actrice en première place du générique dans les films de ces années-là, non ? (et avant, dans les années 30, 40...). Que veux-tu dire par "poigne" ?

Sinon, toujours dans le cadre du Festival des Champs-Elysées, une fantastique (jeu de mots quand tu nous tiens) découverte:

C'est une réussite à tout point de vu. Les acteurs sont tous parfaits et la réalisation est d'une modernité pour l'époque très impressionnante.
Evidemment, comme beaucoup, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à The Haunting.
J'ai énormément apprécié la fin ouverte car moi-même, en visionnant le film, j'oscillais entre deux interprétations. Néanmoins, je pense que Clayton nous donne son avis:

Spoiler (cliquez pour afficher)

pour lui, il n'y a rien de fantastique dans l'histoire; le personnage de Deborah Kerr est complètement folle en témoigne son dernier geste et surtout ses dernières paroles

Excellent film d'atmosphère psychologique. La mise en scène est en effet très belle, mais je ne sais pas si elle est vraiment novatrice par rapport à son époque. Enfin ça fait quelques temps depuis que j'ai découvert le film...

[Edouard]

Enfin, On remarquera une chose amusante en cette année 2015 après le discours féministe de Patricia Arquette aux Oscars: le premier acteur au générique est Elizabeth Taylor... Que s'est-il passé entre-temps ? Moins de talents ? Peut être. Moins de poigne ? Sans doute.

C'est fréquent de voir l'actrice en première place du générique dans les films de ces années-là, non ? (et avant, dans les années 30, 40...). Que veux-tu dire par "poigne" ?

Les actrices de cette époque me semblaient plus puissantes. Elles étaient plus promptes à imposer leur volonté: elles avaient plus de caractère. C'est fini cette époque où une actrice quittait un plateau sur un coup de vent ou imposait un autre réalisateur en cours de tournage.

Sinon, toujours dans le cadre du Festival des Champs-Elysées, une fantastique (jeu de mots quand tu nous tiens) découverte:

C'est une réussite à tout point de vu. Les acteurs sont tous parfaits et la réalisation est d'une modernité pour l'époque très impressionnante.
Evidemment, comme beaucoup, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à The Haunting.
J'ai énormément apprécié la fin ouverte car moi-même, en visionnant le film, j'oscillais entre deux interprétations. Néanmoins, je pense que Clayton nous donne son avis:

Spoiler (cliquez pour afficher)

pour lui, il n'y a rien de fantastique dans l'histoire; le personnage de Deborah Kerr est complètement folle en témoigne son dernier geste et surtout ses dernières paroles

Excellent film d'atmosphère psychologique. La mise en scène est en effet très belle, mais je ne sais pas si elle est vraiment novatrice par rapport à son époque. Enfin ça fait quelques temps depuis que j'ai découvert le film...

Je l'ai trouvé moderne pour son époque. Peut-être n'est-ce qu'un ressenti mais je trouve que le film n'a pas vieilli et tient encore parfaitement la route.
Pour un film de 1961, je l'ai trouvé audacieux: travail sonore particulier, superposition d'images...

[Kevin95]

L'ECLISSE (Michelangelo Antonioni, 1962) Révision

Troisième et dernier chapitre de la trilogie autours du thème de l’incommunicabilité (copyright Antonioni), L'eclisse est peut être l'opus le plus lumineux des trois, du moins le plus optimiste. Est-ce parce que La notte donne envie de se foutre en l'air que le réalisateur réorienta son film vers un sentiment plus romantique (grosse guillemets, on est chez Antonioni) ? En tout cas c'est tant mieux, le métrage est aussi beau formellement qu’émotionnellement et le couple Vitti / Delon brule la pellicule dès leur première rencontre. Je suis moins convaincu devant les cinq dernières minutes trop abscons et hors de propos pour être honnêtes (en début de film je n'aurai rien dit mais là...), gène bien trop anodine pour éclipser (ah ah ah) le bonheur (oui oui) que génère un tel film. Dans mon top 3 Antonionien. 9,5/10