Notez les films naphtas de mai 2015

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Kevin95
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Notez les films naphtas de mai 2015

Message par Kevin95 »

Oui, je déterre le topic des feignants qui ne veulent pas que leurs bafouilles restent dans la postérité. :mrgreen: :oops:

CORPS À CŒUR (Paul Vecchiali, 1979) Découverte

Je crois que je ne suis pas fait pour le cinéma de Vecchiali. Non que Corps à cœur soit un film raté ou nul, au contraire (les comédiens sont bons, l'histoire bien mené, la réalisation virevoltante) mais que la petite musique propre au réalisateur m’ennuie. Ces dialogues surlignés, cette poésie affichée avec outrance, cette artificialité revendiquée me laisse froid pire ça m’exaspère. Point de haine comme chez Rohmer (pas taper) mais une insensibilité. Un cinéma aux coutures apparentes que je laisse aux amateurs.

COMPANY OF KILLERS (Jerry Thorpe, 1971) Découverte

Téléfilm mais costaud. Thorpe (junior) après deux films au cinéma décide de prendre le maquis à la télévision sans pour autant cracher sur ses ambitions. Juste avant de lancer la formidable série (très feng shui) Kung Fu, le rejeton signe ce Company of Killers, thriller d'une efficacité redoutable autours d'une chasse à l'homme et d'un contrat à respecter. Télé oblige, les moyens sont... moyens mais le sens de l'économie de Thorpe (emprunté au papa) l'aide à se sortir du traquenard voir à dépasser le cadre du petit écran. Prologue fulgurant (un homme blessé dans la neige sur le point de mourir), un sens du rythme évident et une violence light (tube cathodique oblige) mais bien présente (une strip-teaseuse se prend une balle dans le ventre, un flic est abattu en deux plans). Bien évidemment, visuellement on est plus proche des séries de l'époque (The Streets of San Francisco ou les épisodes noirs de Starsky and Hutch) que de The French Connection mais on sent que Thorpe a apprit les leçons du maitre Don Siegel (Madigan) et qu'il sait parfaitement filmer les entrailles urbaines et le fonctionnement des forces de l'ordre (et a la bonne idée de squeezer la vie privée pathétique desdits policiers). John Saxon bouffe tout sur son passage (quel gâchis qu'il n'ait pas eu la carrière qu'il mérite... reste les bisseries italiennes) tandis que Van Johnson est comme d'habitude en train de roupiller. A noter que Ray Milland joue un arriviste engageant un tueur pour arriver à ses fins (si ça vous rappelle un film d'Hitchcock c'est voulu).

DOUBLE DYNAMITE (Irving Cummings, 1951) Découverte

Petite chose, pas désagréable mais pas inoubliable non plus. Non monsieur Bromberg la présence de Sinatra et Groucho ne suffit pas à en faire un "film culte". Une histoire de quiproquo pas des plus originales mais menée avec suffisamment de pèche pour faire passer la pilule. On a vu Groucho Marx plus en forme (et plus en verve), or ici il est juste employé pour finir les répliques de Sinatra et pour regarder la caméra du coin de l’œil. Franky lui est maigre comme un coucou mais semble être content d'être là tandis que Jane Russell est à croquer dans un rôle pré-Marylinien d'ingénue. Désolé mais le scénario a un mot du médecin tandis que la réalisation est aussi dynamique qu'un champ-contre champ. Ah si, une séquence magnifique entre Sinatra et Russell dialoguant via une chanson à travers le mur de leurs chambres en commun. Sinon rien de génial mais ça se regarde sans déplaisir.
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Re: Notez les films naphtas de mai 2015

Message par bronski »

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Le Trou (Jacques Becker - 1960)

http://www.imdb.com/title/tt0054407/

Que dire sur ce film qui n'a pas déjà été dit ? Une économie narrative impressionnante, des acteurs émouvants, une finesse de transcription d'une sobriété impeccable pour l’œuvre cinématographique définitive sur l'évasion carcérale. 9/10
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Kevin95
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Re: Notez les films naphtas de mai 2015

Message par Kevin95 »

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RAID ON ROMMEL (Henry Hathaway, 1971) Découverte

Malgré le succès de True Grit (1969), Hathaway se retrouve de corvée sur ce The Dirty Dozen discount. Stock shots à foison, comédien principal (colorisé en blond) qui a du mal à mettre un pied devant l'autre (comptez le nombre de fois où Richard Burton s'accroche à un bout de décors l'air de rien pour ne pas s’affaler) et scénario incompréhensible (le jeune scénariste ne fera qu'un seul film pour le cinéma... celui-ci). Un plantage, mais d'où ressort quelques éléments mémorables : le sex-appeal de Danielle De Metz (ahhh la scène où elle se ventile avec sa robe), le faciès rigolo de Karl-Otto Alberty (le nazi de service vu dans Kelly's Heroes) où la séquence du lance-flamme, morceau de violence aussi brutal qu'imprévu (Hathaway's Touch). A oublier sauf pour les amateurs de films de guerre fauchés suintant la sueur et la poussière (plus souvent appelés film de guerre italien).

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AN AMERICAN DREAM (Robert Gist, 1966) Découverte

Après un premier quart d'heure aussi consternant qu'un épisode de Dynasty (et une scène de ménage ridicule), le film devient plus intéressant sans pour autant être passionnant. Le film de Robert Gist (comédien de son état) zigzague constamment entre une idée intéressante qui aurait mérité approfondissement et une scène embarrassant singeant le cinéma européen pour ne produire qu'une parodie de soap opéra. On en ressort avec la sensation d'avoir assisté à du Tennessee Williams du pauvre (presque c'est du Norman Mailer) et à un film étrange qui fait jonction entre le style figé du pire de la télévision de l'époque et les thématiques "auteurisante" dont s'abreuvera le cinéma américain des années 70. Stuart Whitman est un comédien sympathique mais trop limité pour ne pas être embarrassant tandis que Janet Leigh est maquillée comme un travelo mais chante une jolie chanson. Entre Night and the City et Falcon Crest, pas dégueu mais je n'en mangerais pas tous les jours. A noter une séquence hommage/piquage à On the Waterfront.

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POPSY POP (Jean Herman, 1971) Découverte

Film d'aventure/noir complétement oublié doté pourtant d'un casting vendeur. Le titre laisse présager une comédie exotique manière L'Homme de Rio, mais c'est plus du coté de The Treasure of the Sierra Madre et des westerns italiens qu'il faut chercher les influences d'Herman. La première demi-heure est passionnante, bourrée à craquer de clins d’œil à Leone (l'arrivée de Cardinal, la boite à musique etc...) mais le film perd un peu en intensité une fois le vol de diamants effectué. Pas mal de séquence bizarres (la séquence du prêtre) plus ou moins intéressantes mais une approche sérieuse et originale du genre. Le rythme très lent de la chasse au diamants explique peut-être le bide que connu le film en salles (mettant fin à la carrière en tant que réalisateur de Herman). Les comédiens sont bons, en revanche si l'idée de faire jouer "Papillon" est iconoclaste, le fait est que celui-ci (Henri Charrière donc) est très mauvais acteur et son accent du sud à couper au couteau trop improbable vis à vis du contexte du film. Rien que pour sa première demi-heure étouffante (Herman n'a pas son pareil pour filmer des endroits clos et pesants cf. Adieu l'ami) Popsy Pop mérite le détour.
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Les étrangers

Message par kiemavel »

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Les étrangers de jean-Pierre Desagnat avec Michel Constantin, Senta Berger, Julian Mateos et Hans Meyer.

3 gangsters dévalisent la banque d'une petite ville. Les braqueurs s'emparent d'une sacoche de diamants venant d'une mine voisine puis suppriment tous les témoins du vol mais l'un d'eux est aussi tué par un commerçant avant qu'un second ne le soit par les tirs de la police locale lancée à leur poursuite. Le dernier, traqué et certain d'être pris, dissimule les diamants dans une mine désaffectée avant de tomber inconscient. Il est recueilli par un homme vivant avec sa femme dans une ferme isolée au milieu du désert. Très vite, le mari comprend à qui il a affaire et il tente d'imposer au gangster qu'il partage avec lui son butin car le couple en fuite et recherché par un gang a un grand besoin d'argent pour démarrer une nouvelle vie.../// J'ai été très agréablement surpris par cette co-production (Fr. Esp. All. It.) tournée en Espagne par un français, Jean-Pierre Desagnat (le père du petit génie de D8). Ce film est à la fois un thriller et un film d'aventure dont l'action se déroule dans des paysages de western (tournage dans la région d'Almeria en Espagne). Un film parfois très violent mais aussi bourré d'humour avec des changements d'atmosphère qui peuvent être très brutaux et surprenants. Formidable casting avec un grand Constantin (dans le rôle du mari recherché par la mafia), la sublime Senta Berger (sa femme, qui a des ressources insoupçonnées), Julian Mateos est formidable en braqueur/tueur au comportement imprévisible et proche de la folie. Enfin Hans Meyer compose une figure de flic (encombrant car c'est un ami de la famille) très pince sans rire. Dialogues brillants dus à Pascal jardin (et les dernières lignes de dialogue les plus drôles que j'ai entendu depuis longtemps). Bonne musique de Francois de Roubaix. Surprenant. 7/10
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Dernière modification par kiemavel le 1 févr. 16, 22:59, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphtas de mai 2015

Message par Kevin95 »

Même timorée, ta critique me donne bien envie (maintenant, reste plus qu'à mettre la main dessus).

Avant de rentrer dans la légende pour la réalisation des Charlots contre Dracula, Desagnat a réalisé deux polars à la fin des sixties qui jouissent d'une certaine réputation chez les amateurs. Avant Les Étrangers, son Vertige pour un tueur est très apprécié et tout aussi impossible à trouver. Il a plus de chance que LCJ nous sorte Flics de choc qu'un quelconque éditeur sorte un de ces deux titres.
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Re: Notez les films naphtas de mai 2015

Message par kiemavel »

Kevin95 a écrit :Même timorée, ta critique me donne bien envie (maintenant, reste plus qu'à mettre la main dessus).

Avant de rentrer dans la légende pour la réalisation des Charlots contre Dracula, Desagnat a réalisé deux polars à la fin des sixties qui jouissent d'une certaine réputation chez les amateurs. Avant Les Étrangers, son Vertige pour un tueur est très apprécié et tout aussi impossible à trouver. Il a plus de chance que LCJ nous sorte Flics de choc qu'un quelconque éditeur sorte un de ces deux titres.
C'était la 1ère fois que je me lançais dans le compte rendu rapide et c'est une réussite :twisted: . Je savais que le format "Thaddeus" (mais d'autres sont aussi très bons dans cet exercice là), cad 5 lignes très denses, érudites et puisant dans un vocabulaire d'une grande précision pour saisir en peu de mots l'essentiel d'un film, ce n'était pas pour moi et qu'il me fallait bien mes 50 lignes pour qu'on y comprenne quelque chose mais là tu es dur quand même :D . Plus sérieusement, j'ai beaucoup aimé. Tu as interprété ce que je disais à propos des ruptures de ton pour une réserve mais ça n'en était pas une.

Pour te donner une idée, dans la séquence d'ouverture, celle de l'attaque de la banque, le dialogue très dense entre le braqueur glacial, et qui est tout à fait sérieux, et le guichetier qui est un petit vieux façon Stumpy et qui lui aligne les questions très décalées par rapport à la situation, crée une atmosphère particulière. Nez à nez avec le flingue du braqueur, le vieux interroge : "Dites, c'est bien un 38 special ça ? Y parait que ça fait des trous gros comme des tomates !". Voilà, voilà :mrgreen: (l'hypocrite va me dire que c'est aussi mauvais que du Burt Tranbaree). Malgré ce ton dévalé, le braquage se termine par un carnage d'une grande brutalité filmé de manière très sèche. Par la suite, l'humour est plus subtil ; il passe par les dialogues entre le braqueur interprété par Matteos et le fugitif qui l'est par Constantin qui se jaugent en permanence n'ayant aucune confiance l'un envers l'autre. Hans Meyer est aussi très bien servi par P. Jardin et il est excellent dans le rôle du shérif soupçonneux (...et l'ânesse buveuse de bière est excellente également :D ). Bref, une curiosité mais honnêtement je pense que beaucoup aimerait ce petit polar bien nerveux et bien mouvementé ; dans lequel les 4 comédiens principaux sont tous excellents et qui se déroule dans un cadre naturel superbe et très bien utilisé par le metteur en scène. Je ne comprend d'ailleurs pas pourquoi Desagnat a tourné si peu ; un élément de réponse peut-être après le visionnage de Vertige pour un tueur (que j'ai mais pas encore regardé et sur lequel je ne sais rien...mais tu sembles dire que le film est plutôt réputé. J'en rendrais compte ici plus tard)
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Re: Notez les films naphtas de mai 2015

Message par Kevin95 »

Oula oula, n'en dis pas trop faut me laisser un peu de surprises. :wink:
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